Que se passe-t-il en Grèce?

février 16, 2012 on 9:58 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Le plan de secours à la Grèce, de 130 milliards d’euros, n’en finit pas de ne pas être mis en place. Il a été annoncé de multiples fois, ainsi que de multiples plans d’austérité grecs, requis par les prêteurs pour que le pays failli « y ait droit ».

Mais les conditions des plans d’austérité ne sont jamais vraiment remplies, et les fonds ne sont jamais débloqués non plus, et la date où la Grèce ne pourra plus payer s’approche, puisque c’est dans un mois.

En même temps, tous les signes d’une intense souffrance du peuple grec sont visibles, avec une baisse du salaire minimum de 22%,des manifestations monstres, violentes, et d’innombrables exemples de gens honnêtes et honorables précipité dans la tourmente, avec perte d’emploi et de logement.

Alors, qu’en est-il vraiment? Qui fait sa part du travail, et qui ne la fait pas?

 

Quelques faits, d’abord. Si la Grèce en est là, c’est qu’elle s’est livrée à une véritable orgie jusqu’ici que n’auraient pas désavouée ses dieux et rois de l’Antiquité. 22% de baisse du salaire minimum, c’est dur, très  dur. Mais sait-on qu’il était 30% et 20% plus élevé que ceux d’Espagne et du Portugal, pays autrement développés et productifs? Sait-on qu’il avait doublé en 10 ans, quand il ne progressait que de 35% dans le reste de l’Union Européenne? Comment s’étonner, alors de l’effondrement de la compétitivité grecque, pays qui n’a plus eu d’autre ressource que l’emprunt, un mont Olympe d’emprunt?

Alors, pourquoi ces mesures ne suffisent-elles pas aux prêteurs pour qu’ils libèrent les fonds? C’est qu’il y a la classe politique grecque, dont le vainqueur attendu pour les élections anticipées de mars a d’ores et déjà annoncé qu’il renégociera sitôt élu. C’est-à-dire qu’il dit, avant même d’avoir reçu les fonds: « la Grèce ne paiera pas » le remboursement des 130 milliards. Et que les préteurs se sont rendu compte, après enquête, que les fonds structurels européens mis à la disposition de la Grèce ont été fort mal employés, plus souvent distribués aux copains qu’aux projets porteurs d’avenir. Ambiance…

Et les réformes promises sont toutes mises en œuvre, toutes, sauf celles qui toucheraient la classe politique et leur clientèle. Les parlementaires grecs votent les plans d’austérité, mais pas pour eux-mêmes, pourtant mieux payés que leurs homologues italiens ou espagnols. La chasse à la fraude fiscale est, au mieux, bien timide. Ce qui peut se comprendre quand on sait les liens qui unissent les politiques et les notables grecs, et le peu d’entrain à les pourchasser de fonctionnaires dont les effectifs et les  salaires ont été amputés à la hache.

Ce qui conduit les prêteurs à ne pas avoir confiance, c’est le moins qu’on puisse dire. Et pendant ce temps, chaque semaine qui passe augmente le trou à combler, aggravant le risque que le plan, calibré il y a déjà plusieurs mois, soit, finalement, trop peu et trop tard.

 

Toute la question est maintenant de savoir ce que les Grecs ont retenu de leur prodigieux passé? La pensée de Socrate, Platon et Aristote, et la sagesse de Solon d’Athènes? Ou les tragédies d’Eschyle, Sophocle et Euripide?

 

Quant à la France, dont JusMurmurandi a déjà dit à quel point elle est à l’antichambre de la Grèce, le choix qu’elle va devoir faire est simple, car en France aussi, les dépenses ont augmenté beaucoup plus vite que chez nos voisins. Un candidat dit qu’il est temps de faire le ménage avant qu’il ne soit trop tard, et l’autre, qu’il suffit de taxer les riches et de supprimer les niches fiscales, ce qui est la même chose, pour pouvoir continuer comme ils ont toujours fait, la distribution d’un argent emprunté parce que pas gagné…

No Comments yet

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.