Hollande nous refait le coup des 35 heures

mars 4, 2012 on 10:29 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Les 35 heures, vous vous souvenez? Cette fantastique avancée française, tellement formidable que, non seulement aucun pays ne nous a suivi, mais beaucoup d’entre eux sont allés en sens inverse pour augmenter leur compétitivité quand nous avions si obligeamment réduit la nôtre.

Tout montre que François Hollande n’a pas compris et veut nous refaire le même coup, simplement packagé un peu autrement.

Car le fondement des 35 heures, c’est de considérer que la quantité de travail disponible est fixe, et que le législateur a imposé de répartir cette quantité fixe en plus de parts plus petites, pour que, chacun travaillant moins, il y ait plus de gens au travail, pour arriver à un bilan à somme nulle.  C’eût été à la limite imaginable en imposant une réduction de salaire avec la réduction d’horaire, sauf que la démagogie socialiste a imposé les 35 heures sans réduction de salaire.

Le résultat ne s’est pas fait attendre: la compétitivité française a plongé, notamment contre ses concurrents de la zone Euro, et l’Allemagne en particulier, où tous les acteurs économiques et sociaux considèrent la compétitivité nationale comme la prunelle de leurs yeux. Et ne comprennent pas comment les Français, des gens qui se croient très intelligents, ont pu faire le choix inverse pour leur offrir leurs emplois sur un plateau.

Or qu’annonce François Hollande? De nouvelles tranches d’impôts, à 45% et 75%. La suppression de nombreuses niches fiscales, comme le quotient familial, ou la détaxation de l’assurance-vie, ou la détaxation des heures supplémentaires, le rétablissement de la pleine rigueur de l’ISF. Ce qui représente, in fine, une énorme augmentation d’impôts. Ceci est imaginable si l’on veut s’occuper pour de bon de réduire le déficit des finances publiques. Il n’y manque que de freiner les dépenses en dérapage non contrôlé des collectivités locales et des régimes sociaux, et voilà une politique fiscale efficace.

Sauf que ce n’est pas du tout ce que veut faire François Hollande. Il veut collecter beaucoup plus pour pouvoir redistribuer plus, et ceci sous l’appellation de « justice ». Il redistribue en augmentant le nombre de professeurs, en créant des emplois subventionnés pour les jeunes, des contrats d’association entre seniors et jeunes. En d’autres termes, rien pour la compétitivité. Aucune mesure pour freiner les collectivités locales, dont il faut dire qu’elles sont gérées majoritairement par ses amis. Le département dont le Conseil Général est présidé par Hollande lui-même étant d’ailleurs le pus endetté de France. Rien pour les régimes sociaux, dont les déficits devront bien trouver une réponse un jour.

Donc Hollande a renoncé, comme Jospin, DSK et Aubry avant lui, à travailler sur la taille du gâteau, c’est-à-dire à générer de la croissance. Elle ne se décrète manifestement pas, d’après eux, ce qui ne les empêche pas de reprocher à Sarkozy de ne pas en avoir trouvé assez. Tout ce qu’il peut faire, c’est prendre à Pierre pour distribuer à Paul, ce qui est « juste ».

Sauf que c’est une énormité économique. La compétitivité d’une économie, cela existe. Avant l’euro, on dévaluait pour restaurer la sienne, ce que Mitterrand avait fait trois fois en trois ans, et ce dont les Grecs sont aujourd’hui empêchés, de même que Hollande demain, sauf à appliquer ce qui est le programme de Marine Le Pen, ce qui serait quand même un comble pour un socialiste.

En fait la quantité de richesse n’est pas fixe du tout. Ainsi le libre-échange augmente-t-il la quantité de richesse globale, alors que le protectionnisme la diminue. Voilà une chose que Pascal Lamy pourrait expliquer à son ami Hollande, lui qui a été pendant des années le patron de l’Organisation Mondiale du Commerce et a tenté sans succès de boucler un nouveau round planétaire de libéralisation des échanges, qui eût enrichi la planète.

Mais, pour cela, encore faudrait-il que François Hollande entendît les leçons de l’Histoire, ou les conseils qui lui sont prodigués. Mais, tout à son ivresse de prendre demain, il le croit déjà, sa revanche de sa carrière de médiocre de la politique, il n »écoute plus personne et ne prévient même pas ses propres lieutenants des annonces qu’il s’apprête à faire à grand tapage à la télévision. Ce qui rappelle à JusMurmurandi très exactement le comportement de Ségolène Royal en 2007. Pas vraiment étonnant quand on sait qu’ils ont vécu si longtemps ensemble. Et quand les chefs de gouvernement des grands pays européens lui font passer des messages défiance à l’égard d’un programme si manifestement voué à nous précipiter dans le mur, il se lance dans des effets de manche sur l’indépendance de la France.

Il ferait mieux de se souvenir que, si son rêve est de ressembler à son modèle, l’idole socialiste de 1981, il ne faudrait pas pousser la ressemblance trop loin, sinon lui aussi devra, toute honte et humiliation bues, manger son chapeau comme Mitterrand dès 1983.

Ce n’est pas l’approche proposée par Hollande qui est juste, c’est sa compétence qui est vraiment trop juste…

 

No Comments yet

Désolé, les commentaires sont fermés pour le moment.