El Dorado chinois

novembre 18, 2007 on 1:06 | In Economie, France, International | Commentaires fermés

Quand les Espagnols ont conquis l’Amérique centrale et une part de l’Amérique du Sud, ils cherchaient avant tout l’El Dorado. Un pays de légende, où tout aurait été doré. Une fabuleuse richesse pour ces conquistadors. Et s’ils n’ont pas véritablement trouvé l’El Dorado, ils n’en ont pas moins transféré assez d’or en Espagne pour faire de celle-ci la plus grande puissance européenne pendant un siècle, qu’on appelle justement « le siècle d’or ».

Quand la Chine annonce que, pour la seule ville de Shanghai, elle va ouvrir 10 nouvelles lignes de métro d’ici 2012, soit 2 lignes par an pendant 5 ans, pour un coût de 200 milliards de yuans, soit 20 milliards d’euros, c’est la mesure du nouvel eldorado chinois. De quoi donner une véritable leçon à Bertrand Delanoë en matière de gestion urbaine et d’écologie, lui dont le seul bilan en 6 ans a été d’inaugurer le tramway lancé par son prédécesseur et de bétonner les boulevards et avenues de Paris.
20 milliards d’euros en 5 ans pour le seul métro d’une seule ville, fût-elle la capitale économique de l’Empire du Milieu, cela donne la mesure de l’El Dorado que cela représente. Sans oublier les travaux pharaoniques de Beijing pour les Jeux de 2008, les 4 centrales nucléaires pour Areva, les locomotives pour Alsthom, les Airbus qui seront bientôt assemblés à Tianjin, etc…

En même temps que l’annonce très publique du métro, le dissident Guo Feixiong a été discrètement condamné à 5 ans de prison et 40.000 yuans d’amende pour « activité économique illégale ». En fait pour avoir publié illégalement (ce qui, en Chine, veut dire sans autorisation ) un livre à Shenyang qui relate un scandale local, livre qui embarrasse les édiles municipaux mis en cause.

Déjà à l’époque des conquistadors, l’or qu’ils rapportaient d’Amérique latine avait la couleur du sang Indigène qui avait coulé pour le conquérir et l’extraire. La même couleur que celle du sang des milliers de mineurs chinois qui meurent chaque année dans des mines de charbon condamnées à fermer pour graves manquements aux règles de sécurité, mais maintenues en fonctionnement grâce à la complicité d’officiels corrompus. Ou la couleur du sang de Guo Feixiong.

Vous les voyez de quelles couleur, vos rames de métro, vos locomotives, vos centrales nucléaires? De la couleur de l’or? De la couleur du sang? Des deux à la fois?

Beijing 2008, le stade olympique

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