Au revoir et merci pour tout!

mai 7, 2012 on 6:27 | In Elections présidentielles 2012, France | Commentaires fermés

C’est fait, il a perdu, et son discours à ses partisans à la Mutualité a été d’une exceptionnelle dignité. A tel point qu’on peut se demander, s’il avait trouvé ce ton simple, vrai, émouvant, pendant la campagne, si cela n’aurait pas, à soi seul, suffit à inverser le résultat, tant le Président sortant battu était grand à ce moment là. Assumant tout, remerciant pour tout, et faisant une déclaration d’amour de la France et à la France.

Quelle différence avec Lionel Jospin en 2002, qui ne parlait que de lui-même, avec deux phrases factuelles, sèches et dures.

Il restera un Président atypique sur presque tous les plans. D’une activité hors norme, assumant jusqu’à l’excès, faisant toujours face, que ce soit à une crise qui a balayé toutes les prévisions et ravagé l’économie, ou au lynchage permanent de l’opposition et de la quasi-totalité de la presse. Que n’a-ton dit de lui: Sarkoléon, le voyou, Madoff, et tout récemment, Pétain… Sans bien sûr, qu’à aucun moment François Hollande, le « juste » n’élève la moindre protestation à l’encontre de ses partisans outranciers quand ils insultaient tant l’homme que la fonction. Au contraire de Sarkozy qui a publiquement regretté un calembour cruel à l’encontre de la compagne du nouveau Président.

Mais son bilan est d’une ampleur considérable, et François Hollande aura bien du mal à exister à sa suite. Car Nicolas Sarkozy, l’OmniPrésident, ou l’HyperPrésident au dires de ses adversaires, a véritablement présidé, contrairement à ses deux prédécesseurs avachis. Un exemple entre mille: aucun autre Président avant lui ne s’est fait un devoir de recevoir lui-même les familles de victimes, que ce soit d’un crime, ou d’une mort au service de la France. Parce que, même si cela ne répare pas l’irréparable, l’attention du Président peut donner un peu de sens à l’insensé, et du réconfort à ceux que la mort a privé d’un des leurs.

Pour le reste, il y en a tant à citer: les nouveaux droits du Parlement, l’ouverture, l’autonomie des universités, la réforme des cartes militaire, judiciaire et sanitaire, la fusion des deux directions des Finances, ou celle des RG avec la DST, ou celle de l’ANPE avec Pôle-Emploi, ou le rapprochement police-gendarmerie. Et, bien sûr la réforme des retraites, et, plus généralement la seule tentative de baisser les dépenses de fonctionnement de l’État, notamment en diminuant le nombre des fonctionnaires.

Un bilan considérable, pour lequel il n’est pas besoin d’attendre le jugement de l’Histoire pour dire « Merci! »

Quant aux socialistes, tout à la joie -légitime- de l’élection de leur candidat

, ils n’ont eu de cesse de rappeler à quel point le quinquennat qu’ils ont tant détesté et combattu a « sali », « abîmé », « dégradé » la France? Sans se rendre compte qu’à trop le dire, ils créaient une attente d’améliorations quasi-miraculeuses chez les Français, à qui on a tant dit que tout le mal venait d’un seul homme. Car, si on a beaucoup rappelé le 10 mai 1981 hier, qui a aussi en mémoire que les folles promesses ont conduit aux espoirs cruellement déçus, à la rigueur de 1983 et au désastre électoral de 1986?

C’est pourquoi, voyant les dizaines de milliers de Français en liesse dans les rues, qui acclamaient sa victoire, JusMurmurandi se demande si François Hollande, qui, lui, on l’espère, on l’imagine, sait ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, et qui, lui, a vécu et 1981 et 1983, a eu la lucidité de son prédécesseur -toutes proportions gardées- Edouard Daladier, qui, revenant de Munich, où la capitulation franco-britannique devant les exigences exorbitantes de Hitler avait été maquillé en accord de paix honorable, accueilli par un million de Français en liesse au Bourget qui voulaient croire à la paix, et acclamaient celui à qui ils en faisaient crédit, siffla entre ses dents, devant l’écart entre les attentes qu’il avait suscité ou conforté, et ce qu’il savait être la vérité, un cynique mais réaliste: « les cons!, s’ils savaient! »

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