Pourquoi fuir l’ADN ?

novembre 27, 2007 on 1:32 | In France | 1 Comment

JusMurmurandi s’étonne du débat qu’a suscité la possibilité pour les volontaires de prouver par des tests ADN rapides et non par des examens très longs de documents sa filiation aux fins de regroupement familial. Que faut-il voir dans ce refus ?

Une façon de ne pas se sentir repéré et fiché? Il est clair que l’ADN ne ment pas, et permet de repérer fraudeurs et criminels. Cela a été son premier usage « grand public ». L’ADN serait-elle donc contaminée à jamais par ce premier usage, comme l’atome a été à jamais étiqueté « mortel » par la bombe de Hiroshima ?
Ce serait oublier que, de même que l’atome sauve tous les jours des vies, notamment des cancéreux guéris par la radiothérapie, de même l’ADN sert tous les jours à innocenter des suspects, en prouvant qu’ils n’ont pas commis le délit ou le crime en question. Ainsi déjà 206 condamnés aux Etats-Unis, dont 53 condamnés à mort ont été innocentés, et on n’est qu’au début des révisions déchirantes de ces centaines, voire milliers d’injustices majeures.
Plus largement, l’ADN eût permis, par exemple, de ridiculiser toute théorie sur une quelconque « race juive », fiction sorti des cerveaux malades de Rosenberg et autres nazis, mais sans aucun fondement génétique. Comme la théorie toute aussi criminellement imbécile de « l’homo soviéticus » de Lyssenko.
Encore plus largement, n’est-ce pas parce que notre ADN est notre « signature génétique » que nous n’avons pas trop envie qu’elle soit connue, vu que maintenant l’influence des gênes sur de nombreux aspects de notre vie est démontrée, et que nous n’avons donc pas forcément envie de voir le fait que nous porterions éventuellement le gène de l’obésité, du cancer ou de l’homosexualité stocké pour pouvoir être utilisé?

Ainsi il pourrait montrer que si 20% des jeunes entrant au collège ne savent pas bien lire et écrire, ce n’est pas parce que leurs gènes sont défectueux, mais plutôt le travail de l’Education Nationale. Ainsi il pourrait montrer que l’ADN des fonctionnaires ne porte aucune trace d’un quelconque « gêne de la paresse ». Pas plus qu’il n’y pas de gène du droit à l’assistanat, ou à la retraite à 50 ans, ou aux 35 heures, ou de gène de la grève.
Bref, l’ADN, en révélant que nous ne sommes pas des groupes génétiques aussi déterminés que les classes sociales de Marx, condamnés de manière prédestinée à la lutte des dites classes, fait de chacun de nous des individus responsables, et non pas des membres passifs d’un quelconque groupe social.

Et c’est là que JusMurmurandi voit que, d’évidence, l’ADN est de droite.

Un commentaire

  1. La contamination « du premier usage », c’est très bien vu !

    Commentaire by dom — 28 novembre 2007 #

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