Requiem pour un Riche

juin 6, 2012 on 8:47 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, Insolite, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Il a été longtemps considéré comme le banquier d’affaires le plus influent de Paris, sinon d’Europe. Il faudrait plus d’un article pour retracer la carrière d’Antoine Bernheim, qui est mort hier à 87 ans. Qu’il suffise de dire que, sans lui, ni LVMH et Bernard Arnault, ni Vincent Bolloré et le groupe qui portent son nom ne seraient ce qu’ils sont aujourd’hui. Il a été tout aussi influent en Italie, avec, notamment la présidence de Generali, le géant de l’assurance, ou la vice-présidence de Mediobanca, la banque d’affaires qui a fait et défait tout ce qui fut important dans la péninsule depuis la guerre.

Vous me direz: pourquoi un article sur la mort d’un vieillard retiré des affaires, qui n’a quand même pas été Steve Jobs? C’est parce qu’Antoine Bernheim a été tout ce que François Hollande n’aime pas, à savoir un concentré de distillat d’essence  de riche. Riche par son propre succès dans l’immobilier, avant de devenir banquier d’affaires. Riche par son succès comme associé de la très riche Banque Lazard, avant que celle-ci ne confie les rênes à Mathieu Pigasse, qui doit faire un grand écart intéressant entre ses clients, qui ne doivent pas exactement partager ses opinions, et ses idées affichées à gauche. Riche par sa clientèle, puisqu’il a été le pivot de l’émergence de deux des plus grandes fortunes capitalistes françaises, Arnault et Bolloré. Deux fortunes qui, soit dit en passant, ont immensément démultiplié les richesses dont la France profite, par les impôts qu’ils payent, par les  milliers d’emplois qu’ils y ont créé, par les commandes qu’ils passent à des sous-traitants français.

Voilà pourquoi JusMurmurandi trouve lamentable la phobie de François Hollande à l’égard des créateurs de richesses tels Arnault et Bolloré. Bien sûr, il est possible que ceci ne soit que du cinéma, comme celui que nous a servi avec un grand talent son maître François Mitterrand, qui aimait tant les beaux livres hors de prix, et ses amis riches Bergé, Pelat ou Rousselet.

Mais il est aujourd’hui impossible de parler à un Belge du milieu des affaires sans entendre sa joie à ce que son pays bénéficie de l’argent de ceux qui sont devenus mal vus en France. Et la joie des banquiers suisses. Et les délices des agents immobiliers des quartiers chics de Londres.

Deux indices glaçants pour illustrer ce propos. L’un, que, avant qu’ils ne deviennent des pays émergents, les pays en voie de développement étaient jugé ainsi avant tout sur un critère essentiel: la fuite de leurs élites, qui, leur compétence en poche, allaient mettre leur talent en valeur ailleurs. Une similitude qui fait froid dans le dos. L’autre, que la Révolution française guillotina le très grand savant français Lavoisier, assassiné d’un aussi péremptoire qu’imbécile « la République n’a pas besoin de savants! »

Alors, respect à Antoine Bernheim, un grand et riche capitaine du capitalisme français et européen, espèce menacée de disparition.

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