Election maudite en 2007, bénite en 2012 ?

juin 18, 2012 on 10:45 | In Economie, Elections législatives 2012, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Voilà, c’est fait, les trois gagnants du premier tour de la Présidentielle de 2007 ont mordu la poussière en 2012. Leur éminence de 2007 ne leur a pas porté chance dans la durée.

Royal a été incroyablement humiliée à La Rochelle, n’atteignant même pas 40% des voix, malgré le soutien appuyé du Président, du Premier Ministre, du Premier Secrétaire du PS. Elle a été battue par une combinaison de facteurs. D’abord ses propres suffisance et arrogance. Comment pouvait-elle imaginer réussir un parachutage quand elle, qui avait fait campagne sur la « démocratie participative », et qui avait dû d’être la candidate PS à sa victoire aux primaires de 2006, exigeait, la seule de France, d’ être investie en refusant le vote des militants? Évidemment, le fait d’être l’ex, et pourchassée par l’actuelle d’une stupéfiante vindicte, n’a pas aidé…

Bayrou aussi s’est fait piétiner par les électeurs de son fief béarnais de Pau. Ayant voté Hollande par grief personnel contre Sarkozy, comme nombre de Français, il a vu avant les autres ce que vaut la gratitude du PS: la porte!

Perdants aussi, ceux qui n’ont pas osé y aller, de peur de perdre. Notamment Christiane Taubira, et Najat Vallaud-Belkacem, qui ont perdu une belle occasion d’aller au charbon et de faire confiance à la « vaque rose » pour les porter.

Autres perdants de ces Législatives: Mélenchon et Marine Le Pen, après s’être vus l’un et l’autre pendant un temps élus à Hénin-Beaumont, ont été battus par un « local » (comme Royal, comme Lang, comme Guéant, décidément beaucoup de parachutes ont du être mal pliés, car ils ne se sont pas ouverts). Tous deux vont devoir faire ce que Royal et Bayrou n’ont pas fait depuis 2007: admettre leur défaite, au lieu de penser que les voix obtenues dans le passé, mais sans siège, leur garantit un rôle pour l’avenir.

C’est aussi ce que va devoir faire l’UMP, qui a perdu les deux bastions qu’elle tenait encore début 2012: l’Élysée et l’Assemblée, tous les autres étant déjà aux mains de la gauche. Mais cette défaite porte en elle des promesses: à chaque fois que la droite a perdu contre la gauche, en 1981, en 1988, en 1997, elle a rebondi plus fort aux élections suivantes: la vague bleue de 1986, celle de 1993, la victoire de Chirac contre Le Pen en 2002.

Car la gauche a maintenant tous les leviers du pouvoir en mains. La Présidence, l’Assemblée, le Sénat, les régions les départements, les grandes villes. C’est sans précédent sous la Ve République.  Elle a aussi un plan de marche, puisqu’elle a annoncé sa stratégie: trouver de la croissance par la relance tout en augmentant les impôts pour financer les nouvelles dépenses et résorber les déficits colossaux de l’économie française. Elle arrive au pouvoir en pleine tourmente, mais elle ne pourra pas dire ce que Sarkozy n’a pas réussi à présenter comme défense, à savoir que la crise, arrivée en 2008 mais imprévue pendant la campagne de 2007, avait bouleversé la donne. Le PS sait tout ce qu’il y a à savoir: la Grèce, Merkel, l’Espagne, l’euro, les banques, la stagnation, les déficits…

C’en est à tel point que JusMurmurandi se demande comment et pourquoi, face à une telle conjoncture, la gauche n’a pas choisi de perdre plutôt que de s’atteler à une tâche aussi herculéenne et impopulaire. Il faut croire que l’appétit du pouvoir a des raisons que la raison ne connaît pas…

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