Le marteau-pilon!

juin 21, 2012 on 5:47 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

JusMurmurandi se souvient de 1981. François Mitterrand devenait le premier Président de gauche sous la Ve République, élu sur la base d’un programme commun avec le Parti Communiste Français. Lequel programme contenait des mesures révolutionnaires, comme la nationalisation de toutes les banques sauf les plus petites, des 11 plus grandes entre prises françaises, etc… Le tout exécuté par un Gouvernement qui comprenait 4 ministres communistes.

L’élection n’était pas tant due à un regain de popularité de Mitterrand, candidat vieillissant et fatigué par sa défaite de 1974, ni au programme, qui n’était qu’un raccommodage opportuniste de la plate-forme de 1974, qu’à une lutte interne à la droite, avec des chiraquiens plus avides d’éliminer Giscard d’Estaing qu’intéressés par quoique ce soit d’autre. Et qui pensaient qu’ils pourraient gagner les législatives qui suivraient l’élection présidentielle. Mais que, même si la droite les perdait, « ce ne serait pas si grave que cela », parce que Mitterrand, de toute façon, n’appliquerait pas son programme, qui était manifestement inapplicable, dangereux, grotesque, uniquement calculé pour être élu….

JusMurmurandi se souvient du choc de ces beaux esprits qui avaient choisi avant tout de faire choir un Président quitte à voter contre leur camp, quand leurs adversaires se mirent à exécuter leur programme, un chapitre après l’autre. Choc devant les ministres communistes, en pleine guerre froide. Choc devant la nationalisation de toutes les banques et de 11 groupes industriels. Choc devant l’impôt sur les grandes fortunes. Et ainsi de suite.

2012 sera pareil. Beaucoup ont voulu écarter Nicolas Sarkozy, un Président qui a déplu. Le résultat est que la France, politiquement à droite, s’est donnée un Président à gauche, qui dispose de tous les relais du pouvoir à la fois. Il va appliquer son programme, et, pour commencer, le chapitre des recettes. Ce sera le coup de massue fiscal. Nous y aurons tous droit. Entreprises, particuliers, familles, riches (beaucoup), classes moyennes, classes ouvrières, nous passerons à la casserole.

Comment expliquer en effet que le PS ne veut taxer que les riches mais supprimera les exonérations sur les heures supplémentaires? Sont-ce des riches qui touchent des heures sup’? Le calcul socialiste dit que cela rapportera 4 milliards à l’État, mais, comme toujours, ce calcul est faux, parce qu’il suppose que les acteurs économique ne changeront pas de comportement. Qui peut croire que les entreprises continueront à donner autant de travail en heures supplémentaires quand leur coût aura augmenté de 30, 40 ou 50%? Bien sûr que non. Certaines commandes ne seront plus rentables, donc plus acceptées. Certains ouvriers ne voudront plus faire cet effort en plus quand il rapportera moins, et, là encore, l’entreprise réduira la voilure.

Ce sera la même chose avec les riches. Quand ils devront payer plus d’impôts, certains partiront, accueillis « sur tapis rouge » par nos voisins anglais (dixit le Premier Ministre David Cameron). D’autres réduiront leur revenu, parce que payer 83%, c’est grotesque (75% plus la CSG et autres). D’autres réduiront leur consommation, parce qu’on ne peut pas à la fois payer plus d’impôts et dépenser autant sur le reste.

Et évidemment, tout ceci réduira l’activité économique et les recettes fiscales (TVA, impôt sur les sociétés, impôt sur le revenu) et les objectifs d’augmentation de recettes ne seront pas atteints. C’est le syndrome « à la grecque »: plus on impose, moins ça rapporte. Quand à la croissance, censément l’objectif de ce Président et de son Gouvernement, autant rêver. Ceci d’autant plus que les mesures de relance des investissements et de soutien à la recherche, la création de la Banque d’État, et autre prendront beaucoup de temps à mettre en œuvre, tandis que le coup de massue fiscal et son effet sur la consommation, qui est le seul moteur de notre économie maintenant que les exportations sont minées par la perte de compétitivité de l’économie française, sera instantané.

Eh oui, chers Français, vous avez voulu vous débarrasser de votre Président pour en élire un qui soit « normal », cela paraissait plus important que de regarder ce qu’il proposait. Vous vous êtes offert cette satisfaction superficielle et affective. Maintenant, il va falloir payer l’addition…

Pour le reste, le Figaro vient de dévoiler que les plans des socialistes, conformes à la promesse du Président, de ne pas augmenter le nombre de fonctionnaires, tout en créant des postes notamment de professeurs, va se traduire par des coupes sombres dans les effectifs des autres ministères. Alors que Sarkozy était vilipendé pour avoir institué le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, avec l’approche Hollande, ce seront deux fonctionnaires sur trois qui ne seraient pas remplacés. Les syndicats, dont la fonction publique est le seule fonds de commerce restant,  sont pétrifiés, vent debout, devant cette politique, où leur champion se révèle plus « hard » que leur ennemi mortel…

Les déçus du hollandisme, c’est maintenant!

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