Justice, quelle justice?

septembre 9, 2012 on 7:26 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Justice, François Hollande n’a que ce mot-là à la bouche. Ce qui lui a permis de charger Nicolas Sarkozy, le « Président des riches » du péché d’être injuste. Imposer davantage les riches, leur demander toujours plus, voilà qui est intrinsèquement juste dans la logos socialiste.

Est-ce si vrai que cela?

Regardons les faits simplement. Le pacte social que signent implicitement les citoyens avec leur Etat est clair. En échange de leurs contributions diverses (impôts, droits, taxes, contributions sociales), chaque citoyen reçoit de cet Etat des services: défense, justice, police, administration, infrastructure,  éducation, etc.. Auxquels on peut ajouter les services sociaux: santé, retraite, chômage.

Prenons deux Français dont l’un, riche, paie dix fois plus d’impôts que l’autre. Ils reçoivent pourtant les mêmes défense, justice, police, administration, infrastructure, éducation. Pourtant elles « coûtent » dix fois plus cher à l’un qu’à l’autre. Est-ce cela qui est juste? Ce même Français riche paie beaucoup plus à la Sécurité Sociale pour sa santé que le pauvre, pourtant ils reçoivent tous deux la même prestation. Est-ce cela qui est juste?

N’imaginons pas que ce soit le cas dans tous les pays. En Angleterre, par exemple, qui n’est pas une terre ignoble d’injustice, le principe est différent. Le service public de la santé, appelé NHS, dispense une sorte de service minimum qui correspond à ce que tous doivent être assurés de recevoir, et libre aux riches de payer plus pour recevoir plus ou mieux. De même le service d’éducation est meilleur pour les  riches qui sont libres de payer pour le supplément de qualité qu’ils veulent voir dispenser à leurs enfants.

JusMurmurandi ne souhaite pas avec cet exemple plaider pour une médecine ou un service éducatif « à la carte », ou « à deux vitesses ». Simplement, il est nécessaire face au hold-up sémantique auquel se livre froidement notre Président, de montrer que la Justice n’est pas forcément dans le camp qui dit qu’il en est l’unique dépositaire.

Imaginons qu’un constructeur automobile fasse payer ses voitures plus cheres à certains qu’à d’autres. Il serait immédiatement sanctionné par la législation française aussi bien que par Bruxelles pour « conditions discriminatoires ». C’est pourtant très exactement ce à quoi correspond la totalité de notre système fiscal et social. Discriminer entre les riches et les pauvres, pour redistribuer.

Et le Président, qui va semble-t-il annoncer une vague sans précédent de hausse d’impôts et de taxes, va sans doute se gargariser du mot justice pour couvrir ces mesures d’un manteau de respectabilité. Il ne devrait pas oublier cependant que sur le fronton de tous les bâtiments publics de la République française, ce n’est pas le mot « justice » qui figure au milieu, mais celui d’ »égalité ».

Donc, au moment où la lutte contre les discriminations est si à la mode, discriminons un peu moins entre riches et pauvres, reconnaissons la contribution vitale des riches à la Nation au lieu de les chasser en Belgique, et contentons-nous d’appeler « redistribution » l’effet du système fiscal.

Ça fait moins moral de parler de redistribution que de justice. Mais c’est beaucoup plus honnête.

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