La folie des fermiers généraux

novembre 19, 2012 on 6:06 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections municipales 2014, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Qui se souvient des fermiers généraux, ces figures parmi les plus détestées par les Français, et que la Révolution a éliminés sans pitié? Leur crime? Lever l’impôt sans mesure, comme ils en avaient le droit, l’ayant acheté au Roi. Et accumulé à ce titre de vastes fortunes en levant plus d’impôts que ce que leur charge leur avait coûté.

Vous me direz: la guillotine et la République sont passées par là, il n’y a plus de fermiers généraux depuis 1789. Erreur! L’actualité nous en donne deux exemples. Comme dans les années pré-révolutionnaires, ils sont totalement déconnectés de la crise qui frappe les contribuables, et lèvent l’impôt comme d’autres mangent des friandises: avec avidité et gloutonnerie.

Premier exemple: la Commission Européenne, qui négocie en ce moment même le budget de l’UE pour les années 2014-2020. Aucun compte n’est tenu de la crise, des politiques d’austérité. Tous les programmes sont maintenus, et les budgets enflent. Il est à noter que l’UE n’a pas de ressources propres importantes. Son budget est donc largement le produit des impôts nationaux. Tout idée d’équilibre de ce budget est donc impossible. Ce dont profite visiblement la Commission pour faire un projet aussi grotesque

L’affaire a une suite. David Cameron, qui préside l’un des gouvernements qui a imposé à son pays les efforts les plus drastiques pour réduire son déficit ne veut pas même imaginer que des pays à la diète extrême doivent financer une UE qui continuerait à festoyer. On le comprend. Et ce projet est rejeté par 7 pays, et donc retravaillé à la baisse. Soit dit en passant, si les Français comprenaient ce à quoi sont soumis les Britanniques, les Espagnols ou les Portugais, sans parler des Grecs, qui sont un cas à part, ils comprendraient ce que leurs plaintes perpétuelles peuvent avoir d’indécent par rapport à leurs voisins européens, tant ils souffrent moins.

Ce qui est « drôle », c’est que ces économies imposées réduisent les retombées que ces mêmes pays vont recevoir de l’UE, soit au titre de la PAC, soit des fonds de soutien et de cohésion aux régions les moins riches de l’UE. Lesquels pays bénéficiaires veulent des coupes budgétaires, mais pas recevoir moins de subventions. C’est le cas de la France notamment, qui ne veut pas qu’on touche à un seul Euro de la coûteuse PAC. Logique, non?

Deuxième exemple: la CFE, ou Contribution Foncière des Entreprises. Elle est levée par les municipalités, et constitue l’un des deux volets de la Contribution Economique Territoriale, qui remplace la Taxe Professionnelle. Eh bien cette CFE, levée par les communes, augmente froidement de 50%, 60%, voire 300% d’une année sur l’autre! Le record est atteint à Montpellier, ville PS soit-disant « exemplaire » dont le maire à longtemps été le controversé Georges Frèche. Là la hausse est de 800%. Un exemple dont vous imaginez l’impact sur des artisans et petits patrons qui rament tous les jours pour ne pas déposer leur bilan.

Encore quand Hollande et Ayrault lèvent l’impôt pour 2013, promettent-ils de réduire fortement le déficit budgétaire. Et de faire, même s’ils trouvent l’exercice exécrable, des réductions de dépenses publiques. Mais là, qui a entendu quelque maire que ce soit parler de faire des économies? Au contraire, 2013 sera une année pré-électorale, il faut que les citoyens voient et touchent du doigt les nouvelles réalisations de l’équipe municipale qui veut être réélue. D’où une fringale d’impôts pour financer cette orgie de dépenses.

On a envie de dire que, quand un patron de PME dit à son maire qu’il n’a plus d’argent pour du pain, le maire lui répond tranquillement: eh bien, mangez de la brioche!

On sait comment cela a fini….

 

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