Mittal et Free, même combat?

novembre 30, 2012 on 8:43 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Quel rapport peut-il y avoir entre un vieux site d’une « vieille industrie »  et ce « joyau » des nouvelles technologies et du marketing moderne?

Faut-il nationaliser Mittal à Florange? La question est brûlante. Certes, Mittal n’a tenu aucune des promesses qu’il a faites quand il a été autorisé à racheter Arcelor. Certes des licenciements partout quand lui et sa famille vivent comme d’incroyables satrapes (il a racheté la propriété la plus chère jamais vendue à Londres, et l’a redécorée avec du marbre d’Inde, ce qui fait qu’on appelle maintenant cette maison le Taj Mittal), cela fait tache.

Mais un Gouvernement ne doit agir ni sous la pression de l’opinion publique, ni par détestation d’un chef d’entreprise peu recommandable. Or il y a un « détail » dont personne ne parle dans le dossier Florange. Les deux haut-fourneaux sont arrêtés, mais pas la filière froide, qui produit des tôles d’acier de haut de gamme pour l’industrie automobile allemande. Partie froide, que Mittal en veut pas vendre.

Mais, si la partie chaude est arrêtée, mais pas la partie froide, cela veut dire que Mittal approvisionne Florange à partir d’autres hauts-fourneaux. En l’occurrence, ceux de Dunkerque, mieux placés et donc moins chers.

Ce qui veut dire que si l’Etat nationalise Florange pour redémarrer les hauts-fourneaux et réalimenter à partir de là la partie froide, même à supposer que tout se passe bien, et que le fameux repreneur de Montebourg arrive avec ses 400 millions, c’est Dunkerque qui va perdre un débouché. Parce qu’au bout du bout, il se vend moins de voitures en Europe, et il y a donc besoin de moins d’acier, et de hauts-fourneaux…

Redémarrer des hauts-fourneaux dans un métier en surcapacité, est-ce donc une bonne idée? Et que dira-t-on aux futurs licenciés de Dunkerque? Qu’on va nationaliser aussi leur aciérie?

La même chose s’est passée dans la téléphonie mobile. Free a eu une 4e licence. Joie des pouvoirs publics quand Free embauche. Joie des consommateurs quand les prix baissent. Joie de Free quand leur marketing ultra-agressif leur rapporte plus de 4 millions de clients.

Et que dire des 856 emplois nets supprimés chez SFR?  Qu’il faut nationaliser SFR?

Et Pétroplus, dont personne ne veut, parce que c’est une machine à perdre de l’argent, mais pas plus que le hauts-fourneaux de Florange, faut-il la nationaliser aussi?

Que dira-t-on aux cheminots quand l’ouverture de la concurrence ferroviaire fera perdre des parts de marché à la SNCF, qui en a aujourd’hui le monopole, ce qui entraînera des pertes d’emploi? Qu’il faut nationaliser la SNCF? Ah non, ce n’est pas possible. Elle l’est déjà.

La question de la nationalisation de Mittal est donc très simple, et n’a rien à voir avec de la politique. Tant que les européens ne rachèteront pas davantage de voitures, ce dont M. Delanoë et Mme Duflot font tout pour les décourager, la demande d’acier ne repartira pas, et les hauts-fourneaux les moins compétitifs resteront à l’arrêt. Et toute idée de les redémarrer est à peu près aussi intelligente que d’accorder une 5e licence de téléphonie mobile…

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