Eckert contre Depardieu, ou comment les socialistes n’ont décidément rien appris de Karl Marx

janvier 6, 2013 on 11:03 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

La Russie, n’en déplaise à Gérard Depardieu, n’est pas une grande démocratie. Il suffit de consulter, entre mille, l’affaire Magnitsky pour en être convaincu. Le fait qu’il ait des amitiés douteuses dans l’ex U.R.S.S. ne fait pas de Depardieu un moins immense acteur, ni aussi une P.M.E. à lui tout seul. Et n’enlève rien à son droit d’aller en Belgique ou en Russie si bon lui semble d’exercer sa liberté. Droit, qui on le rappelle, est le premier des trois mots inscrits sur chaque bâtiment de l’Etat français, donc mot qui devrait être chéri par ceux qui sont payés pour le servir et prétendent le faire.

En face, Christian Eckert, rapporteur général (PS) de la Commission des Finances. C’est un poste important qui a été confié à ce professeur agrégé de mathématiques. Il s’est déjà signalé à l’attention de JusMurmurandi en voulant taxer les objets d’art et de collection à l’ISF, insensible aux ravages que cela causerait aux collections détenues en France, qui font partie de notre patrimoine artistique. La froideur et le détachement avec lesquels il en a parlé à l’époque de sa tentative infructueuse rappelait un certain « la République n’a pas besoin de savants » qui a précipité l’immense Lavoisier à la guillotine de la Révolution.

Cette fois-ci, non content de brocarder l’acteur émigré avec une violence jacobine, il livre sa pensée sur la fameuse taxe à 75%, dont il dit, pour expliquer qu’elle était importante alors même qu’elle n’allait presque rien rapporter, que « ce n’était pas une taxe tant qu’une amende ». C’est impressionnant de candeur de voir un homme parvenu  à ce niveau de responsabilités et de pouvoir raconter n’importe quoi sans en être conscient ni que son entourage ne le protège de ses propres inepties.

Pour M. Eckert, donc, élu de la République, et donc membre d’une Assemblée qui vote les lois, un petit cours de droit. Qu’est-ce qu’une amende, en droit français? « Une amende est une condamnation à payer une somme d’argent fixée par la loi ou le règlement à l’administration. Le paiement d’une amende s’effectue auprès du comptable du Trésor public. »

Le mot qui frappe, c’est le cas de le dire, c’est qu’une amende est une condamnation. Cette condamnation provient d’une contravention, d’une infraction ou d’un délit, voire d’un crime. Or, que dit Christian Eckert? Que gagner plus d’un million par an entraîne automatiquement amende, donc que c’est une infraction. Infraction à quoi? A quel article de quel code de droit? A aucun bien sûr, sauf aux désirs du député jacobin, qui les prend pour des articles de droit français.

M. Eckert s’arroge donc le droit, avec ses confrères socialistes de créer des condamnations et amendes pour des faits parfaitement légaux. C’est si monstrueux que la Russie chère à Gérard Depardieu en deviendrait, si on le prenait un tant soit peu au sérieux, par comparaison, exemplaire. Constatons simplement que M. Eckert, professeur de mathématiques, n’est très doué ni pour le français ni pour le droit, et laissons-le à ses vaticinations pleines d’aigreur et de rancoeur.

Car le blog de M. Eckert est éclairant. Sa pensée politique est aussi profonde que sa compréhension du droit. Que dit-il en somme? Que comme les pauvres sont pour lui les plus nombreux, se préoccuper des pauvres c’est se préoccuper du plus grand nombre, et donc intrinsèquement juste et noble.

Sauf que M. Eckert aurait du lire Marx. Et notamment Das Kapital. Evidemment c’est un auteur qui gène plus qu’un peu les socialistes  vu qu’ils ont soutenu pendant des décennies les idées politique qui s’en réclamaient, alors qu’elles n’ont produit que 50 millions de morts au lieu du bonheur promis à l’humanité. Mais ce n’est pas parce que le Parti Socialiste a hâte de faire oublier son passé politique marxiste qu’il faut oublier ce que disait Marx en termes économiques. Et notamment cette définition que personne ne conteste, à savoir que la valeur ajoutée, et donc la richesse, en économie, est la combinaison du capital et du travail.

Sauf que, si M. Eckert est un défenseur passionné des droits des pauvres, il se rend bien compte que la fuite du capital met à mal la création de valeur ajoutée. Et pour un Depardieu, un Bernard Arnault, un Yannick Noah, un Alain Afflelou, un Christian Clavier qui s’en vont, c’est autant de capital en moins, autant d’emplois en moins, autant de revenu fiscal en moins. Bref, autant de moins à redistribuer pour les chers pauvres de M. Eckert, qui en est tout simplement aussi contrarié que furieux. Depardieu emploie, à aujourd’hui, à lui seul, 80 personnes en France. Il a, dit-il payé 145 millions d’euros d’impôts cumulés. Comment faire croire que perdre cette vache à lait économique est une bonne nouvelle pour la France et son « redressement productif »? Et comment faire croire que frapper les gens d’amendes alors qu’ils n’ont rien fait d’autre que de déplaire par leur trop grande réussite ne les fait pas partir?

Même Christian Eckert devrait pouvoir comprendre ces faits simples. Et comprendre que, pour redistribuer aux pauvres et acheter ainsi son élection, il faut avoir encore quelques riches sous la main.

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