Comment on faisait avant? Et si l’Euro avait été une erreur?

mars 6, 2013 on 7:30 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Il y a quelque chose de très particulier à la crise actuelle. Une espèce de sentiment que, maintenant, c’est fini, il faut payer pour les folies du passé, et qu’on va en avoir pour des décennies, si même on y arrive un jour. Car, à regarder les Grecs, il est clair qu’ils n’y arriveront jamais malgré la réduction de dettes qui leur a déjà été consentie. Ils sont dans une spirale où l’augmentation des impôts et la baisse des dépenses d’Etat fait baisser l’activité économique, ce qui empêche, malgré les efforts, toute réduction du déficit.

Pourtant, les folies budgétaires grecques ne datent pas d’hier, pas plus que les folies françaises, d’ailleurs. Alors comment on faisait avant pour s’en sortir, et pourquoi ça ne marche plus?

C’est simple, avant, il y avait la dévaluation. La dévaluation de la monnaie permettait de relancer les exportations et de diminuer les importations. Donc de combattre le déficit du commerce extérieur, et de stabiliser le cours de change. Et, si un pays « réussissait » sa dévaluation, la relance par les exportations, relance vertueuse, atténuait le déficit budgétaire.

En plus, la dévaluation appauvrissait d’office tous ceux qui  détenaient des actifs, et qui touchaient désormais des revenus en monnaie dévaluée. Une austérité immédiate, brutale, généralisée. Qui permettait de repousser les échéances, de gagner du temps, et de continuer les folies, à mesure que l’inflation initiée par la dévaluation en mangeait graduellement les bénéfices.

Mais maintenant il y a l’Euro. Et un Euro maintenu à un cours élevé par les performances et la rigueur allemande. Et donc les Grecs ne peuvent plus dévaluer, pas plus que les Français, les Italiens, les Espagnols ou les Portugais, tous grands amateurs de cet exercice avant la monnaie unique.

Et, du coup, les Allemands ne se retrouvent pas réévalués, comme ils l’ont eux été si souvent, ce qui les enrichissait mais mettait un frein à leur succès économique. D’où l’écart cru et cruel entre performances allemandes et non-performance française. Car, si nous sommes englués dans une sinistrose généralisée, il ne faut pas oublier qu’il suffit d’aller de l’autre côté du Rhin pour constater un climat radicalement différent, de quasi-plein emploi, de finances saines, et où les inquiétudes majeures viennent de… la France!

Alors, si tel est le cas, fallait-il faire l’Euro? Clairement, un Euro dans lequel la volonté politique a été d’inclure le plus grand nombre possible de pays, au seul motif qu’ils étaient membres de l’Union Européenne, et qu’une monnaie unique était une avancée vers davantage d’intégration européenne a été une erreur. Adopter un Euro monétaire sans instrument efficace de convergence économique en était une autre.

Le résultat est que les pays qui avaient un classe politique lâche, qui concédaient des avantages avant de tout reprendre sous la forme d’une dévaluation dont ils pouvaient attribuer la « faute » aux marché extérieurs n’ont plus cette ressource.

Et que, maintenant, il leur faut devenir « responsables ».

Coïncidence malheureuse pour la France et pour lui, c’est François Hollande qui est au pouvoir en ce moment, lui dont on se demande bien de quoi il a été « responsable » jusqu’ici, lui dont au contraire le louvoiement et l’évitement sont les deux mamelles.

N’en reste pas moins que, dans l’état actuel des choses, pour toute l’Europe du sud, l’Euro semble avoir été une colossale erreur.

Et, pour que JusMurmurandi, européen archi-convaincu, en arrive à cette conclusion, il faut vraiment que la situation soit sans espoir.

Sauf à imaginer bien sûr que la classe politique sud-européenne devienne subitement vertueuse, mais là on est dans le domaine du rêve, si on regarde les résultats des élections italiennes. Mario Monti a été accueilli en sauveur, et a mis en oeuvre un programme de réforme « à l’allemande ». Le résultat? Silvio Berlusconi fait chuter son gouvernement, et les électeurs lui donnent peu de voix. Beaucoup mois qu’à un nommé Beppe Grillo, homme de télévision, dont le seul programme est d’être contre tout.

Comment mieux dire que le courage ne paye pas quand les peuples ne veulent pas faire face à la réalité mais préfèrent croire au Père Noël?

Alors, évidemment, François Hollande est un Père Noël très crédible, parce qu’on sait que le Père Noël n’existe que dans la crédulité des enfants et ne distribue que des cadeaux payés par les autres…

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