Quand la justice condamne ceux qui travaillent le dimanche et stimulent la concurrence

décembre 17, 2007 on 6:00 | In C'est ça, Paris?, Economie, Elections municipales 2008, France, Incongruités | 4 Comments

JusMurmurandi est épris de concurrence, et par conséquent tout à fait favorable au commerce électronique.

Celui ci permet en effet bien souvent de permettre aux consommateurs de faire mieux marcher la concurrence, donc d’avoir des prix plus compétitifs ou un service amélioré; la livraison à domicile pour le même prix n’est elle pas un atout de poids lorsque l’on voit certains édiles empêcher la libre circulation automobile comme Bertrand Delanoë, chantre de l’autophobie à laquelle il consacre centaines de millions d’Euro ?

Qui plus est, le commerce électronique permet de faire ses achats à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, dimanche et jours fériés compris, sans que qui que ce soit y trouve à redire.

Qui que ce soit ? Hélas c’était jusqu’à hier.

Le syndicat de la librairie française vient de gagner une deuxième fois contre un site marchand au motif que ce dernier propose la gratuité du port, ce qui serait en contravention avec la loi Lang de 1981 sur la remise maximale possible sur les oeuvres culturelles (5%).

Après avoir gagné contre Alapage.com filiale de France Télécom, le syndicat vient de gagner son procès intenté à Amazon.fr, premier site internet marchand de livres en France.

Ainsi, on voit successivement qu’un grand magasin comme la FNAC ne pratique plus les 5% de remise maximum autorisée et que les sites internet ne sont plus autorisés à offrir le port.

Est-ce donc bon pour le bilan carbone, pour le pouvoir d’achat des consommateurs que nous sommes ??

Qui aurait pensé que Jack Lang, pressenti ministre à plus d’une reprise lors d’un éventuel remaniement ministériel, viendrait ainsi, 26 ans après, se poser en contradicteur direct du crédo présidentiel ?

4 commentaires

  1. La condamnation d’Amazon est juste. Offrir le port viole de façon évidente la loi sur le prix unique du livre et constitue de surcroît une concurrence déloyale.

    L’immense majorité des sites de commerce électronique, qu’ils soient français ou d’une autre nationalité, et quel que soit le type de marchandise vendue, font payer des frais de port à leurs clients. Ce sont des coûts réels, et souvent significatifs par rapport à la valeur du bien vendu.

    On se demande bien pourquoi seuls les livres en seraient exemptés.

    D’ailleurs, chez elle, aux Etats-Unis, Amazon ne pratique pas la gratuité des frais de port pour les livres, alors même que les entreprises américaines — et Amazon comme les autres — sont beaucoup plus agressives en matière de prix et de promotions que les entreprises françaises.

    En France, Amazon offre les frais de port en dessus d’un certain montant d’achat, pour toutes les marchandises. Mais pour les livres, le port est gratuit quel que soit le montant de l’achat! Ce surprenant cadeau n’existe qu’en France, pays de la loi sur le prix unique du livre.

    Il est donc absolument clair que cette promotion est une façon de pousser les concurrents hors du marché, de façon déloyale et illégale.

    Commentaire by Robert Marchenoir — 17 décembre 2007 #

  2. Merci de votre commentaire.
    Pris au pied de la lettre, il est vrai que la démarche d’Amazon ne respecte pas la loi.
    Mais le but de l’article est justement de montrer que cette loi est contraire à l’intérêt du plus grand nombre. Chose que vous n’abordez pas dans votre commentaire.
    Car lorsque le consommateur sait ce qu’il veut acheter, quel confort de se faire livrer directement à domicile, en passant la commande directement chez soi. Et si cela coute le même prix, c’est encore mieux.
    JusMurmurandi serait surpris que vous ne soyez d’accord. A moins que vous ne soyez libraire, bien entendu…
    Bonne journée.

    Commentaire by JM1 — 17 décembre 2007 #

  3. Jus, votre remarque finale me soupçonnant d’être libraire est curieuse. Elle sous-entend que les intérêts du vendeur sont forcément antagonistes avec ceux de l’acheteur. Cela a un parfum de lutte de classes que je récuse totalement. Mon intérêt est que mes libraires survivent. Pas qu’ils me fassent 2 € de réduction aujourd’hui et qu’ils ferment demain.

    Je suis client de libraires, physiques et en ligne. Je suis naturellement bien content de pouvoir acheter des livres chez Amazon sans payer de frais de port.

    Mais je fais une différence entre « être bien content » et « voter pour ». Entre mon intérêt personnel immédiat et l’intérêt général, sans parler de mon intérêt personnel à long terme.

    L’intérêt général, et mon intérêt à long terme, sont qu’il existe en France une librairie de qualité et prospère. La loi sur le prix unique du livre est, très clairement, ce qui permet à un réseau de librairies de qualité de survivre en France. Et c’est cela qui, à son tour, permet la survie d’une édition au-delà des best-sellers. Je crois que c’est cela, l’intérêt du plus grand nombre.

    Se faire livrer chez soi est parfaitement possible en payant des frais de port. C’est un service supplémentaire. Il est normal qu’il soit payant.

    Payer moins cher est parfaitement possible en allant dans une librairie. Ne rien payer du tout est parfaitement possible en se rendant dans l’une des nombreuses bibliothèques municipales subventionnées.

    Encore une fois, je ne comprends pas que personne n’ait blogué de grande indignation politique parce que les Nike Air ou les iPod ne sont pas achetables en ligne sans frais de port (sauf sur Amazon, justement…).

    La rapacité ne peut pas tenir lieu de politique.

    Croyez bien que si Amazon arrivait à tuer la librairie française avec le port gratuit, il recommencerait assez vite à faire payer le port…

    Commentaire by Robert Marchenoir — 19 décembre 2007 #

  4. Le fait qu’Amazon vende Nike, iPod et livres sans frais de port montre qu’il n’y pas de volonté de leur part de traiter le livre « à part ». Si la loi Lang était supprimée, Amazon devrait pour autant compter avec la concurrence des grandes surfaces qui sont beaucoup plus dangereuses pour les libraires qu’Amazon. Lequel Amazon propose un éventail de livres d’une ampleur digne d’éloges et pas seulement le dernier best-seller à l’eau de rose.
    La question que pose votre excellent commentaire est la suivante: la baisse du prix des livres ne permettrait-elle pas d’en augmenter la diffusion? Peut-être plus celle de Marc Lévy que de Bernard-Henry Lévy, mais ne serait-ce pas quand même un avantage pour une France qui lit si peu?

    Commentaire by JM2 — 20 décembre 2007 #

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