Le choc de compétitivité

avril 19, 2013 on 6:50 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

François Hollande avait promis un « choc de compétitivité ». C’était d’ailleurs le premier des trois « chocs » qu’l a annoncés, puisque depuis nous avons appris que nous aurons droit au « choc de simplification » et au « choc de moralisation ».

Pour ce choc de compétitivité, l’arme absolue devait être le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE).

Les premiers chiffres viennent de tomber. Outre que le CICE n’est pas encore assez utilisé, puisqu’il n’a généré que 400 millions d’euros de crédit, ce qui n’est même pas une goutte d’eau en termes de restauration des marges des entre prises pour leur permettre d’embaucher et d’investir.

Mais ces premiers chiffres montrent quelles sont les entreprises qui vont bénéficier le plus du CICE socialiste pour sauver une économie et surtout une industrie française très mal en point.

N°1: La Poste, avec 400 millions de crédit d’impôt à elle seule!

N°2 EDF

Suivent, les grandes banques, la SNCF, etc….

Pas une entreprise industrielle, une présence massive des grands monopoles et quasi-monopoles d’Etat, par définition non soumis à la concurrence internationale, et donc peu susceptibles de faire autre chose que se lécher les babines de ce cadeau que leur fait l’Etat, qui va aller droit dans leurs coffres sans aucun bénéfice pour le pays à mettre en face du coût. Bref, tout ce qu’il ne faut pas faire.

Même Christian Eckert, le rapporteur général socialiste de la Commission des Finances avoue que son blog que « Les meilleurs outils du monde ne servent à rien si personne ne s’en saisit ! Il est vrai que la confiance fait défaut, et qu’elle est aussi indispensable pour réussir. » Ce qui va dans le même sens que la déclaration de Jean-Marc Ayrault dans Les Echos: Les entreprises et ceux qui prennent des risques pour la croissance et l’emploi doivent se sentir entièrement soutenus.

Il n’est pas sans intérêt de voir ce que le même Christian Eckert, l’un des plus furieux contre les entrepreneurs au moment de l’affaires dite des « pigeons », écrivait sur le même blog: « Des jeunes patrons habiles en communication et ayant des carnets d’adresses bien fournis ont réussi à se faire passer comme des pauvres victimes. » et aussi « Une dizaine d’énormes manifestations de salariés contre la réforme des retraites ont été organisées. Elles n’ont eu aucun effet. En quelques heures, un bon slogan, une excellente communication et de nombreux relais, ont permis à un escadron d’habiles entrepreneurs d’accréditer l’idée que l’esprit d’entreprendre, l’investissement de leur argent, la pertinence de leurs idées, donnaient à ces gens le droit de payer moins d’impôts sur la revente de leurs modestes paquets d’actions, que les salariés qui ont valorisé le prix de ces mêmes actions… »

Comment ne pas être consterné? Le pouvoir socialiste commence par assommer les entreprises par les hausses d’impôts massives, et les entrepreneurs par une fiscalité unique au monde qui aligne la fiscalité du capital sur celle du travail. S’y ajoute une rhétorique dont celle de M. Eckert est représentative, issue directement des déclarations de François Hollande, qui « n’aime pas les riches » et qui ne manque pas une occasion de qualifier les impôts nouveaux ou rabotages de niches fiscales, ou de réduction des avantages de toutes natures, comme tout récemment les allocations familiales, de « question de justice ».

Ensuite, constatant que les marges des entreprises sont à un plus bas historique, et que, sans marges, il n’y a ni investissements ni embauches ni rentrées fiscales ni croissance, le pouvoir socialiste met en place le CICE. Coût prévu: 20 milliards d’euros. Sauf que, comme il convient dans une administration bureaucratique dirigée par des technocrates de l’ENA, c’est tellement compliqué que peu d’entreprises s’en servent, et celles qui le font n’en ont aucun besoin ni n’en généreront aucune retombée.

Résultat: la compétitivité par l’augmentation du bénéfice de La Poste et de EDF…

Comme l’a dit Eddy Mitchell dans le film culte « la vie est un long fleuve tranquille: « ça (tant de bêtise) me troue le cul »

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