Le Mur des Cons

mai 1, 2013 on 9:29 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Le Syndicat de la Magistrature s’est fait prendre la main dans le sac. Alors que les juges sont censés être strictement impartiaux, ils affichent sans la moindre vergogne un trombinoscope de leurs « ennemis », comme par hasard presque tous de droite, avec des commentaires presque tous insultants. Comme, pour Brice Hortefeux, « l’homme de Vichy ». Plus insupportable encore, figure sur ce tableau un homme dont le « tort » est d’avoir eu sa fille, Anne-Lorraine Schmidt, massacrée dans la fleur de la jeunesse par un homme en état de récidive, et qui a dit que, si cet homme n’avait pas été libéré, sa fille serait toujours vivante. Libéré par un juge, s’entend.

Le plus impressionnant de cette histoire est que Christiane Taubira, qu’on ne peut pas vraiment accuser d’être de droite, ou anti-juges, parce qu’elle a osé, en tant que Garde des Sceaux, demander une enquête administrative sur ce qui ressemble furieusement à un étalage d’une partialité politique qui n’a pas sa place dans l’administration de la Justice, a reçu de la part de la présidente, Françoise Martres, une lettre ouverte furieuse dont les derniers paragraphes sont trop incroyables pour ne pas être publiés tels quels:

Mais, au-delà des circonstances de l’espèce, et en raison de l’amalgame qui
est fait entre expression privée et action syndicale, c’est bien l’expression
publique syndicale et, par conséquent, le fait syndical dans la magistrature
que vous remettez en question par votre saisine consternante du Conseil
supérieur de la magistrature. Nous attendions plutôt de vous, Madame la
ministre, que vous défendiez vous-même cette liberté syndicale.
En plus de 40 années de combats pour les droits des magistrats et les
libertés publiques, le Syndicat de la magistrature a dû faire face à de multiples
tentatives visant à l’empêcher de s’exprimer.
Vous venez de vous inscrire dans cette longue tradition, nous le regrettons
vivement.

En d’autres termes, quoi que nous fassions, nous, Syndicat de la Magistrature, toute personne qui ose même s’interroger sur nos actions est notre ennemi, l’ennemi des magistrats, l’ennemi du droit syndical.

Comme Taubira n’a fait que « demander une enquête », et que le SM vit cela comme une agression, cela veut-il dire que le justiciable aura le droit de se sentir agressé quand une enquête sera ouverte à son encontre par un magistrat?

Comme si souvent, ce n’est pas le fait lui-même qui pose le plus grave problème, mais le refus de toute admission qu’il y a eu une erreur, ou une faute, et la tentative de le masquer.

Ainsi Nixon a été chassé non pas tant parce que ses troupes avaient essayé de poser des micros chez les Démocrates, mais pour avoir participé à une tentative de couverture de ce délit. Ainsi Clinton a failli se faire à son tout chasser non pas tant parce que Monica Lewinsky lui a fait quelques fellations que pour avoir déclaré urbi et orbi que « I didn’t have sex with that woman! »

Si le Syndicat de la Magistrature avait reconnu que ce Mur des Cons était de mauvais goût et qu’il comprenant que les personnes affichées le prennent mal, l’affaire serait d’ores et déjà terminée. En menant une croisade pour défendre l’indéfendable, croisade contre le journaliste qui a pris les images, croisade soutenue par le SNJ des journalistes, et par Mélenchon, le SM donne raison à tous ceux qui pensent qu’ils se veulent irresponsables.

A propos, si le Syndicat de la Magistrature pense qu’il est très grave que ces images de l’intérieur d’un local syndical aient été diffusées dans la presse, que pense-t-il donc quand les procès-verbaux d’audition, couverts par le secret de l’instruction, sont quasi-instantanément diffusés dans la presse?

Oooups, c’est la deuxième fois dans cet article que je proteste contre un « deux poids, deux mesures » que les magistrats réclament. Ça montre que je n’ai rien compris au statut des magistrats, n’est-ce pas?

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