Les fausses affaires et le Mur des Cons
juin 16, 2013 on 7:05 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermésIl est intéressant de voir comment certaines affaires de droit « dérapent » et prennent un sens, qui, justement n’est pas le bon sens. Sauf à parler politique, bien évidemment.
Premier exemple: « l’affaire Karachi ». Si l’on en croit la presse, elle se déroule de la façon suivante. La France vend des sous-marins au Pakistan. Non seulement il y a des commissions payées à des intermédiaires qui doivent être versées à des Pakistanais, mais une partie doit revenir en France au profit de partis politiques (des rétro-commissions). Les premières sont une affaire qui en concernent que les Pakistanais. Les secondes sont interdites par la loi française. Ces rétro-commissions passent par le canal d’intermédiaires imposés par l’équipe Balladur, dont elles financent la campagne présidentielle de 1995. Chirac, une fois élu, veut asphyxier les finances de son ex-ami devenu félon, Balladur, et stoppe le paiement des commissions pour arrêter les rétro-commissions. Mécontents de ne pas toucher les commissions promises, les Pakistanais se vengent en faisant exploser un autobus, ce qui tue des Français au Pakistan pour aider à la production locale des sous-marins. Tout ceci est, grosso modo, la thèse de l’accusation, thèse que les personnes visées récusent.
Pourquoi JusMurmurandi dit-il que ceci est une « fausse affaire »? Parce que l’affaire porte porte sur l’assassinat de Français. Qui les a tués, et pourquoi? Si l’on en croit la thèse de l’accusation, ce sont des Pakistanais, pour obtenir des paiements promis par la France dont Chirac devenu Président n’honore pas la signature. Ce serait donc le tandem Chirac-Villepin qu’il semble logique de rechercher comme coupables, non? Au lieu de quoi, ce sont tous ceux qui auraient été impliqués dans le circuit des rétro-commissions qui sont poursuivis. Ce qui n’est pas une erreur, vu qu’elles sont illégales. Mais elles constituent un délit, bien moins grave que l’assassinat de sang-froid, de Français. Alors? Peut-être faut-il y voir l’embarras du pouvoir devant une bombe qui met en cause les services secrets pakistanais, alors que le circuit financier, lui, permet d’espérer « accrocher » Sarkozy. Et Chirac n’a jamais donné de motif d’être épinglé au Mur des Cons, alors que Sarkozy, oui, et comment!
Autre affaire devenue fausse: « l’affaire Tapie ». Ce financier sulfureux a perçu plus de 400 millions d’euros de l’Etat pour avoir été escroqué par le Crédit Lyonnais sur la revente de son affaire Adidas. Ce montant lui a été attribué par trois arbitres réunis en cour arbitrale, MM Estoup, Mazeaud et Bredin. Le montant choque, d’autant que les décisions de justice précédentes sur cette affaire n’avaient pas toutes été favorables à Tapie, et même celles qui l’avaient été, jamais à ce point. Il semble évident que, si arnaque il y a, il faut comprendre quel(s) juge(s) ont trahi leur obligation et jugé avec partialité en faveur de Tapie. Au lieu de quoi on cherche qui a orienté l’affaire vers un arbitrage.
Les choses sont pourtant simples. S’il y a une justice dans ce pays, elle doit être la même qu’elle sorte d’un tribunal civil ou d’un tribunal arbitral. Ce n’est donc pas le choix d’une justice publique ou privée qui fait la différence entre un coupable et une victime. Ce sont les juges, le cas échéant. Alors que ceux qui ont choisi la procédure arbitrale et nommé les arbitres, comment savoir s’ils savaient que l’arbitrage serait si excessivement généreux? Comme il y avait trois juges, pour que l’arbitrage soit truqué, il fallait nécessairement qu’au moins deux juges soient impliqués, et le troisième au moins silencieux sur ce scandale. Alors pourquoi rechercher avec frénésie les Lagarde et autres Richard, plutôt que les Mazeaud et autres Bredin? Parce que derrière ces derniers, il n’y a qu’eux-mêmes, alors que derrière les premiers, il y a l’espoir d’ »accrocher » Sarkozy. Encore!
Et les autres. L’affaire Bettencourt, où les abus de faiblesse contre la vieille dame se chiffrent en centaines de millions avérés, et Sarkozy (encore!) est mis en examen pour cinquante mille euros que personne n’a jamais vus, mais qui auraient peut-être été distribués.
Pendant ce temps-là, DSK va vers son non-lieu à Lille, et Martine Aubry l’a déjà eu à dans le domaine de l’amiante. Il faut dire que ni l’un ni l’autre n’ont été épinglés au Mur des Cons.
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