Pourquoi Nicolas Sarkozy est un crabe

janvier 26, 2008 on 8:51 | In Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Non, ce n’est pas un « vieux crabe ». Ca, c’aurait plutôt été le genre Chirac ou Mitterrand.

On ne peut pas non plus dire du Président qu’il « avance en crabe » , c’est à dire de biais. Il a énoncé un programme, et indiqué qu’il faudrait le juger sur sa mise en oeuvre. Pas plus, pas moins. Donc, pas de place pour la marche en crabe.

Nicolas Sarkozy n’est pas non plus un python, qui enserre sa proie dans ses anneaux, de façon à l’étouffer avant de l’engloutir.

Nicolas Sarkozy est un crabe parce que le crabe a deux pinces. Il vient de démontrer deux fois avec maestria comment employer ces appendices.

Première illustration: juger les ministres. Dès avant son élection, Nicolas Sarkozy avait indiqué que l’irresponsabilité des dirigeants politiques ne lui convenait pas. De même qu’il se disait prêt à être jugé sur ses réalisations, il veut que ses subordonnés, ministres et secrétaires d’Etat (oui, je sais, ce n’est pas très constitutionnel, mais relativement réaliste de l’écrire ainsi), le soient aussi. Il commence par lancer un ballon d’essai, disant qu’ils seront évalués par un cabinet de conseil privé et anglo-saxon. Devant la levée de boucliers, qui était totalement prévisible, il change son fusil d’épaule. Et son fusil, il l’appuie sur son épaule gauche, c’est Eric Besson.

Souvenez-vous, Besson, c’est ce socialiste déçu du Royalisme qui a rejoint la campagne de Sarkozy puis le gouvernement de Fillon. Pourquoi assigner ce rôle à Besson? Justement parce que cela prend ses adversaires et alliés en tenaille. En pince de crabe, si vous préférez. Parce que Besson, issu du PS et non de l’UMP, pourra juger des ministres UMP sans trahir des amitiés ou se fermer des portes pour l’avenir. Et inversement, il sera extrêmement utile d’aligner un PS pour argumenter contre les critiques des autres membres du PS, qui ne manqueront pas de tomber à bras raccourcis sur cette mesure.

Deuxième illustration: les propositions de modernisation. En choisissant Jacques Attali pour présider la Commission pour la libération de la Croissance, la pince de crabe est en place. Si on objecte aux mesures libérales que contient le rapport, ce que ne manqueront pas de faire les socialistes, il sera facile de leur opposer que ces conclusions sont produites par l’un des leurs. Si l’on objecte que cela ne va pas assez loin, NS pourra metttre en avant que c’est le programme le plus ambitieux depuis le rapport Rueff-Armand de 1960.

Si vous préférez faire de Nicolas Sarkozy un homard plutôt qu’un crabe, sachez que cette pince-là marche aussi. De même d’ailleurs une écorce et un arbre, un marteau et une enclume, ou un étau, ou une tenaille.

Mais si vous préférez les sushi, JusMurmurmurandi ne peut rien pour vous.

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