Des économies, mais pour quoi faire?

janvier 30, 2008 on 5:20 | In Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

La Commission Attali pour la libération de la croissance française préconise la suppression des départements. Cette proposition, plus que toutes les autres, fait l’unanimité contre elle. Ce sujet semble à JusMurmurandi cristalliser beaucoup des questions qui agitent la société française.

D’abord parce que, quand le président Sarkozy parle du « grand Paris « , subitement tous, de Bertrand Delanoë à Marielle de Sarnez, en passant par Jean-Paul Huchon font de ce « grand Paris » un pôle central de tout ce qui va, à l’avenir, se passer à Paris.

Un exemple, parmi d’autres: Vélib’. Pour avoir conçu Vélib’ en circuit fermé parisiano-parisien, le dispositif n’atteint pas sa pleine efficacité. Celle-ci nécessiterait que Vélib’ soit aussi implanté dans les communes de la première couronne. Mais le faire « après coup » n’est ni simple administrativement ni optimal.

Un autre exemple, les transports en commun, et le tramway parisien en particulier. Celui-ci relie Paris à Paris. Et là encore, le bénéfice serait beaucoup plus évident s’il était, au moins, interconnecté avec les réseaux qui relient la banlieue à Paris. La même chose est vraie pour la circulation des voitures: le projet de Bertrand Delanoë veut réserver aux cars, bus et taxis une file sur les voies autoroutières qui relient Paris à ses aéroports. Il peut toujours l’afficher. Comme il n’en a pas le pouvoir administratif, cela ne risque pas de porter à conséquence.
Ce qui interpelle JusMurmurandi, c’est que, dans ce débat, un échelon a disparu. On voit bien la commune parisienne. Les communes de banlieue. La nécessaire intercommunalité. La région Ile-de-France.

Mais, dans ce débat, où est donc passé le département de la Seine? Ah, oui, il a été supprimé en 1968… Aujourd’hui, il y a un département de Paris. Qui a entendu sa voix? A quelle réalité correspond-il? Quelle est son action?
Dans ce débat, il est frappant de voir que la suppression des départements n’a pas, même au sein de la Commission Attali, de vertu d’économie de l’argent public. Pourtant, supprimer 95 administrations et en redistribuer les tâches à des administrations existantes au niveau communal ou régional serait partout ailleurs au monde, une extraordinaire source d’économie. Mais pas en France, où on mesure le pouvoir à l’argent dépensé et non aux résultats obtenus, et où productivité et efficacité économique sont autant de gros mots.

Quand les régions ont été créées, et ont reçu pour mission des tâches préalablement dévolues soit à l’Etat central soit aux départements, ni l’Etat ni les départements n’ont réduit d’un centime ou d’un fonctionnaire leur envergure. De même que, quand la TVA sur les importations est passée d’un calcul importation par importation à un calcul entreprise par entreprise du fait du grand marché unique européen, les entreprises françaises ont fait l’économie de 80.000 emplois non productifs de richesse chez les transitaires, et l’Etat de 0 douaniers. Ils ont été « redéployés ».

En outre, recentraliser vers l’Etat et la région ce qui est aujourd’hui départementalisé est a priori une idée curieuse. Sauf pour qui se souvient que Jacques Attali est le pur produit de l’Administration française et de son Ecole Nationale d’Administration.

Il est cependant amusant de constater que le même Jacques Attali, à titre personnel, a créé PlanetFinance, qui veut, par le micro-crédit donner à chacun sa chance. C’est tout l’inverse de la centralisation administrative.

Et si on créait la microadministration?

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