Les conséquences économiques de M. Bouton

février 1, 2008 on 2:12 | In Economie, Incongruités | Commentaires fermés

Les lecteurs de JusMurmurandi auront reconnu dans ce titre un emprunt au livre du célèbre économiste britannique John Maynard Keynes fustigeant la politique économique de Winston Churchill en 1925 (The economic consequences of M. Churchill).

Car M. Bouton soutient (c’est le mot qui convient) mordicus que la Société Générale est fondamentalement intacte après l’affaire Kerviel, perte mise à part. Et que donc, sitôt l’augmentation de capital menée à bien, il ne restera plus de traces du désastre, dont toutes les conséquences auront été réparées.

Il est à noter que la capacité de Daniel Bouton de boucler une augmentation de capital en quelques jours, et de la faire garantir par les banques américaines Morgan Stanley et JP Morgan a été mis à son crédit, et que cette performance, considérée comme exceptionnelle, a du probablement peser dans la décision des administrateurs de le maintenir à son poste.

Sauf qu’aujourd’hui on sait comment Bouton a fait. Il a fait payer les actionnaires. Les nouvelles actions sont émises à 47,5€. A rapprocher avec 150€, cours le plus haut de 2007, il y a seulement 9 mois (!). Avec près de 50% de décote par rapport au plus haut atteint post-Kerviel. Avec 40% de décote sur le cours du jour (75€).

C’est une énorme décote, très inhabituelle pour une telle opération. Alors évidemment, cela explique que la Société Générale n’ait pas eu de mal à trouver preneur, vu le prix ultra-bas.

Cela montre où est la « vraie » valeur de la Société Générale quand il s’agit non de publier des communiqués de presse qui tentent de transformer une claque retentissante en victoire, mais bien de trouver des gens d’accord pour sortir de l’argent frais et de le risquer sur la Société Générale, si bien gérée par M. Bouton et son équipe.

La conséquence est simple. Plus bas est le prix d’émission des nouvelles actions, plus il faut en émettre pour atteindre les 5,5 milliards à émettre. Et donc plus les actionnaires existants sont dilués.

En empruntant à une publicité bien connue, JusMurmurandi pense que « M. Bouton, les actionnaires ne lui disent pas merci! » Et qu’il est tentant de se demander si on parle de prix d’émission ou de prix de démission.

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