L’impopularité de Nicolas Sarkozy

février 21, 2008 on 12:30 | In France | Commentaires fermés

Article sur article sur sa chute de popularité. Après l’avoir porté au zénith, il tombe dans l’enfer des média. Après les thuriféraires et autres zélateurs, le temps des charognards. JusMurmurandi pourrait multiplier ainsi les citations.

Au passage, que sont devenues les affirmations de ceux qui traitaient Sarkozy au mieux de Berlusconi et au pire de Poutine et de Mussolini pour son contrôle, réputé absolu, des média?

Et de même, comme si la popularité était le chose du monde la plus importante, les comparaisons se font maintenant avec des hommes politiques au motif qu’ils étaient, comme lui, impopulaires.

JusMurmurandi voudrait rappeler quelques faits simples. Parmi les dirigeants politiques ayant tenu les rênes d’un grand pays d’Europe pendant une longue période (Thatcher, Blair, Schröder, Chirac pour la période récente), aucun n’a fini populaire, et tous ont connu des trous d’air importants. Tous aussi ont connu une réélection sur une base « spéciale », comme Thatcher sur la vague des Malouines, Schröder sur la vague des inondations, Chirac sur la vague anti-Le Pen.

L’impopularité étant de la sorte, sinon inévitable, au moins inévitée, elle n’est pas un facteur primordial dont le Président doive tenir compte.

Avant Thatcher, la Grande-Bretagne était l’homme malade de l’Europe. Après elle et Tony Blair, une femme de droite et un homme de gauche, elle a non seulement comblé son retard en matière de pouvoir d’achat, mais est en état de donner pas mal de leçons. Ce qui n’empêche pas les mêmes qui vilipendent le Président pour son absence de résultats en matière de pouvoir d’achat de récuser le modèle anglais en poussant des cris d’horreur.

Avant Schröder, l’Allemagne était empêtrée dans le coût pharaonique d’une réunification que tous les Allemands applaudirent sans que qui que ce soit ne veuille en porter le poids financier. Aujourd’hui son solde du commerce extérieur en fait baver plus d’un. Mais les mêmes qui critiquent le Président pour ses mesures prétendument régressives sur le plan social oublient que l’Allemagne de gauche a fait infiniment plus dur avec le plan Harz IV que le modeste alignement des régimes spéciaux.

C’est pourquoi, allant jusqu’au bout de cette logique, avec tous ceux qui souhaitent que ce soit le tour de la France de remonter au classement des pays développés tant en matière de pouvoir d’achat que d’emploi (tiens, la France vient de boucler une année exceptionnelle sur ce plan, et presque personne n’en parle. Est-ce que les trains qui arrivent à l’heure manqueraient d’intérêt?), il semble que l’impopularité soit la véritable clef de la réussite. Et que, pour couronner le tout, il n’est rien de tel que d’être poignardé puis poussé dehors par ses amis. Après tout, De Gaulle a bien été désavoué par les Français, Thatcher et Blair éjectés par leurs propres amis.

Vive donc l’impopularité de Sarkozy, gage de sa grandeur future. Et vienne le temps des trahisons assassines, qui fasse en grand le tapage de Neuilly en petit.

Cela donnera au moins à d’aucuns le droit de dire que le leader de droite massacré politiquement par ses propres amis était bien liberticide, puisqu’il se donne la fin de Jules César…

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