Les primaires, une machine à perdre?

mars 1, 2008 on 11:01 | In Elections municipales 2008, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Ce temps d’élections primaires aux USA rappelle à JusMurmurandi que cette pratique, quoique non systématique et formalisée comme chez eux, n’est pas inconnue en France.

Ainsi, notamment les désignations par primaires de Françoise de Panafieu comme candidate UMP à la Mairie de Paris, de Ségolène Royal comme candidate PS à la Présidence de la République.

Et, plus loin dans le passé, les « premiers tours » des élections présidentielles de 1988 étaient de fait une primaire à droite entre Jacques Chirac et Raymond Barre, comme l’avait été celui de 1981 entre Giscard et Chirac, et celui de 1974 entre Giscard et Chaban, et plus tard, celui de 1995 entre Chirac et Balladur.

Ce qui fascine JusMurmurandi dans ce processus de primaires, c’est la distortion entre l’intention et son résultat. L’intention est de laisser aux futurs électeurs le choix de leur futur candidat. Intention en apparence louable, démocratique, transparente. Sauf que rien ne dit que ceci soit aussi efficace.

Car les primaires s’adressent à un sous-ensemble très restreint -et orienté plus que représentatif- du groupe d’électeurs que devra rassembler un candidat pour l’emporter. Il suffit pour s’en convaincre de considérer la différence entre un sondage, censé, lui, préfigurer à un temps T un résultat électoral, et une primaire. Comme si Ipsos n’interrogeait que des militants UMP pour savoir qui de Claude Goasguen ou de Françoise de Panafieu sera le Maire de Paris.

De même aux USA, Clinton et Obama dépensent énormément de temps, d’énergie et d’argent à se traiter de noms d’oiseaux pour tenter de gagner leur primaire, pendant que John Mc Cain, lui, se prépare à l’élection elle-même. Lequels noms d’oiseaux sont autant d’offrandes au candidat adverse quand le temps sera venu de l’affontement camp contre camp. Et cette étape créé souvent des tensions internes qui freinent l’union de tous derrière le candidat du parti qui a fini par gagner la primaire. On se souvient du très relatif niveau d’énergie mis par les fabiusiens et strauss-kahniens à soutenir la candidature de Ségolène Royal. Quand il ne l’ont pas carrément soutenue comme la corde soutient le pendu.

Et il arrive que la primaire désigne un candidat dont on sait par avance qu’il n’est pas le meilleur pour la victoire finale. Ainsi Chirac a battu Barre en 1988 pour aller un tour après de faire étendre proprement par Mitterrand, alors que les sondages donnaient Barre comme bien meilleur que Chirac, voire même gagnant, contre le Président sortant. Et aucun sondage n’a donné Françoise de Panafieu gagnante contre Bertrand Delanoë.

Bien sûr, il est arrivé aussi aux primaires de « sortir » un candidat inconnu en lui offrant un forum qui lui a permis de démontrer ses qualités et d’enclencher une dynamique qui l’a porté jusqu’à la victoire finale. John Kennedy en 1960, Jimmy Carter en 1976, Bill Clinton en 1992 en sont 3 exemples démocrates, séparés par 16 ans. Une extension de la même logique veut que, encore 16 ans après, un candidat démocrate peu connu jusqu’alors, Barack Obama, soit le prochain président des Etats-Unis. Mais ceci ne dit rien à propos du prochain Maire de Paris..

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