Tintin et Hergé deviennent réalité!

mars 2, 2008 on 1:24 | In France | Commentaires fermés

Les albums de Tintin faisaient intervenir de façon récurrente le personnage fantasque, mi-bouffon, mi-odieux du général Alcazar, caricature de dictateur latino-américain, en lutte perpétuelle contre son ennemi acharné, le général Tapioca. Ils se succédaient au pouvoir dans un ballet ininterrompu de coups d’Etat, de reversements de situations, chausse-trappes et autres guet-apens. Le tout pour la plus grande joie des marchands d’armes occidentaux.

Il semble que l’Histoire veuille donner vie à des personnages au moins aussi picaresques, s’ils n’étaient tragiques.

Qu’apprend-on? Que Hugo Chavez, Président du Venezuela, finance massivement les FARC (300 millions de dollars!), terroristes colombiens ayant élevé le narco trafic et l’enlèvement au rang d’industrie nationale. Le même Hugo Chavez a décrété une minute de silence à la mémoire de Raul Reyes, N° 2 des FARC tué par l’armée colombienne, et massé ses troupes à la frontière colombienne, pays avec lequel il vient de rompre ses relations diplomatiques.

Parallèlement, Rafael Correa, Président de l’Equateur, pays limitrophe lui aussi de la Colombie, et ami politique de Chavez, se plaint que l’action colombienne qui a tué Reyes se soit déroulé sur sol équatorien, ce qui revient ni plus ni moins à un acte de guerre. L’Equateur aussi masse ses chars à la frontière colombienne. Correa ajoute que cette action a rendu impossible la libération d’Ingrid Betancourt, qui était imminente, et ce de la faute d’Uribe. Comme par hasard. Et rompt, lui aussi, les relations diplomatiques de son pays avec la Colombie.

Pendant ce temps-là, Alvaro Uribe, le Président colombien, prend argument de la lutte à mort qu’il mène contre les FARC pour obtenir ce qu’il veut de la puissance tutélaire américaine et faire oublier les aspects noirs de son régime (assassinats paramilitaires, culture de la coca tolérée). C’est d’ailleurs sur un renseignement américain qu’il aurait su où frapper les FARC en Equateur et tuer Reyes.

Pour pimenter le tout, une information non confirmée (mais elles le sont toutes, dans ce foyer de désinformation permanente) met en avant que Chavez aurait vendu des quantités importantes d’uranium aux FARC, lesquelles auraient été au bord de se lancer dans le terrorisme international. Rien de moins!

Une guerre est-elle possible? Personne n’aurait à y gagner. Chavez a les moyens de battre l’armée colombienne, mais offrirait une occasion en or aux américains, qui en rêvent, d’intervenir et lui régler son compte. Les Colombiens peuvent-ils battre les FARC? Ils font certes des progrès, mais, au fond, la situation actuelle n’arrange-telle pas la droite colombienne en invalidant la gauche et en justifiant ses débordements?

Coincée entre ces généraux Alcazar et Tapioca, qui, déjà dans Tintin, n’ont jamais réussi à se départager définitivement, le sort d’Ingrid Betancourt ne semble pas prêt de se débloquer. Sauf que, froidement, cyniquement, elle n’est qu’un pion dans une guerre qui en compte des milliers. Un pion tragique et émouvant, à n’en pas douter. Mais pas plus qu’un pion.

général Tapioca

général Alcazar

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