A l’insu de ma bonne foi

mars 19, 2008 on 3:33 | In Best of, France | Commentaires fermés

Le coureur cycliste Richard Virenque est passé à la postérité. Non pour avoir gagné le Tour de France, ce qu’il n’a pas fait, ni pour s’être dopé, ce qu’il a fait, mais pour avoir dit que ce dopage s’était accompli « à l’insu de son plein gré ». La formule a fait florès, et fait maintenant partie du florilège de la lingua politica française.

Airy Routier semble devoir assumer la paternité d’un néologisme très semblable. En effet, après avoir écrit sur le site internet du Nouvel Observateur que Nicolas Sarkozy avait envoyé à son ex-femme le SMS que l’on sait, il a été poursuivi au pénal, novation dont la férocité a du le surprendre.

Toujours est-il que de SMS il ne semble pas y avoir trace, et que Routier, fort embêté, a envoyé une lettre à Carla Bruni-Sarkozy pour s’excuser du chagrin qu’il lui a causé. Tout ceci est d’une « sincérité » qui ne convainc pas JusMurmurandi, car Routier devait bien savoir, comme n’importe qui d’ailleurs, le chagrin que peut causer une publication aussi offensante.

Routier ne se grandit pas non plus en trouvant « inélégant » l’usage que fait l’épouse du chef de l’Etat en publiant cette lettre. Si JusMurmurandi suit bien la pensée de Routier, lui a le droit de publier sans preuves, et pour des millions de lecteurs, des éléments gravement attentatoires au bonheur conjugal de la jeune mariée, et d’en garder furieusement privée la source, et elle, offensée, n’aurait pas le droit de laver son honneur et son bonheur en dévoilant les regrets du malotru ?

Enfin, et c’est là que Routier entre dans la légende de la langue française, le Nouvel Observateur conteste que la lettre à Carla soit une lettre d’excuses, et maintient mordicus la bonne foi de Routier. Peu importe que, comme le montre CBS dans une tribune libre publiée au journal Le Monde, tribune du Monde foulé aux pieds de nombreux articles de la charte déontologique de son propre journal. Peu importe que ce qu’Airy Routier a affirmé soit vrai ou non, et, dans ce cas d’espèce, plutôt non. Ce qui seul compterait donc, ce serait la bonne foi du journaliste. Et une fausse information ne serait donc qu’une erreur de bonne foi.

Airy Routier s’est donc trompé à l’insu de sa bonne foi. Mais en plus, contrairement à Richard Virenque, l’a-t-il fait de son plein gré. CQFD.

Le Nouvel Observateur

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