Georges-Marc le Magnifique et l’autogestion du 4e pouvoir

mars 24, 2008 on 9:06 | In France, Incongruités, Insolite | 1 Comment

La rumeur veut que Georges-Marc Benamou soit bientôt nommé à la tête de l’Académie de France à Rome, la prestigieuse et élégantissime Villa Medicis quand il aura quitté son poste de conseiller du président Nicolas Sarkozy.

Une pétition circule, signée par de nombreux « artistes » et « intellectuels », s’insurge contre cette nomination dans les termes si vifs qu’ils auraient pu s’appliquer à une condamnation de la répression chinoise au Tibet.

Par-delà le bien-fondé -ou non- de cette nomination, qui, JusMurmurandi le rappelle, n’est pas encore intervenue, l’attention se porte sur le droit que s’arrogent certaines professions de s’auto-gérer. Manifestement les artistes et autres intellectuels considèrent que la Villa Medicis est une place qui revient de droit à l’un des leurs. Et qui décide qui est l’un des leurs, sinon eux-mêmes? Comme c’est pratique!
JusMurmurandi observe que le domaine de la culture au sens large est en train d’évoluer de manière fondamentale sous le choc des technologies numériques. Et que ce n’est pas ce genre de processus de cooptation qui risque de leur faire de la place dans les institutions culturelles, alors même qu’elles représentent l’avenir.

Cette volonté de cooptation (après Mai 68, on disait l’auto-gestion, mouvement politique longtemps porté par le P.S.U. de Michel Rocard, mais depuis passé comme tant d’autres à la trappe des illusions gauchistes) est à rapprocher de celle des magistrats, qui poussent des cris de bête égorgée dès que le pouvoir politique fait mine de nommer qui que ce soit qui ne répond pas à leurs préférences.

Il est à noter que la magistrature correspond à l’un des 3 pouvoirs traditionnels d’un régime démocratique, et que la presse, qui est un des éléments constitutifs de la culture aspire à être reconnu comme le 4e pouvoir. Comme si le fait de faire partie de l’un de ces pouvoirs rendait l’autogestion non seulement possible, mais encore indispensable.

Dès lors, comment s’étonner que la classe politique se réserve la monopole de l’exécutif, premiers des 3 ou 4 pouvoirs fondamentaux, ce qui conduit au monopole de diplômés de leur école, l’ENA, sur tant de postes éminents?

Et JusMurmurandi d’ajouter qu’il est donc d’autant moins étonnant de voir Nicolas Sarkozy choisir en dehors du sérail de la culture et du 4e pouvoir le titulaire de la Villa Medicis que lui-même ne fait pas véritablement partie du sérail politique (il est avocat et non énarque, et ses postes ont été plus souvent conquis furieusement que reçus).

Accessoirement, mais cette appréciation est trop savoureuse pour ne pas la mentionner, Georges-Marc Benamou a réussi le tour de force de faire partie du premier cercle de 2 sur les 3 derniers Présidents de la République, à savoir François Mitterrand et Nicolas Sarkozy, 2 hommes que tout sépare en matière de culture (imagine-t-on Sarkozy se pâmer à lire Chardonne, ou Mitterrand avoir reçu Tom Cruise?). Cela paraît modestement à JusMurmurandi le gage que cet homme doit avoir au moins un ou deux tout petits talents.

George-Marc Benamou

Un commentaire

  1. Si vous voulez avoir une autre vision de la Villa Médicis, voici le bal masqué des pensionnaires : http://www.rome-en-images.com/2008/04/villa-mdicis-au-bal-masqu-partie-3.html

    Ciao
    Eric

    Commentaire by Eric — 5 avril 2008 #

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