L’horreur de toutes les couleurs, ou la fin du règne de la mauvaise conscience

avril 18, 2008 on 1:19 | In Best of, Elections municipales 2008, Europe, Incongruités, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

La révulsion que soulève la répression exercée au Tibet a ceci de nouveau que ce n’est pas, comme toujours, le schéma classique d’un pays riche et blanc oppressant un pays pauvre et non-blanc

Cette fois-ci, peut-être pour le première fois, c’est un pays asiatique et pas encore riche qui est la cible de la réprobation mondiale. Car, ne nous y trompons pas, si la Chine impressionne par ses prouesses industrielles et sa croissance endiablée, elle est encore très loin d’être un pays riche en termes de revenu par habitant. Rappelons que 80% de sa population est encore agricole.

Et, historiquement, la Chine a 2 « atouts » historiques majeurs qui eussent du l’empêcher d’être trop critiquée: elle a été la victime de pays plus forts qu’elle (les occidentaux et leur politique des canonnières, imposant des traités inégaux au vieil empire, les japonais commettant des atrocités comme le « sac de Nankin », qui fit 250.000 morts civiles, pendant la seconde guerre mondiale), et elle est un pays de gauche, gouverné par un parti communiste.

La mauvaise conscience occidentale, notamment envers tout ce qui a des relents de crimes colonialistes qu’ils ont commis, et la supériorité morale que s’auto-attribuent les régimes de gauche ont longtemps fonctionné comme autant d’excuses « en blanc » décernées aux pays qui se conduisaient mal. Comme ces pays avaient été mal traités, il était excusable qu’ils se conduisent mal à leur tour. Cela semble périmé avec la Chine. peut-être leur réussite est-elle trop voyante pour leur chercher des excuses…

Il reste cependant un dernier tabou à lever: que des Blancs puissent librement condamner des Noirs sans que leur mauvaise conscience leur revienne et leur soit renvoyée en pleine figure. Et évidemment que des Noirs se condamnent sans référence immédiate à la colonisation.

Il y aurait pourtant un très bon sujet d’indignation internationale: le Zimbabwe. Voilà un pays anciennement riche qui a atteint 100.000% d’inflation. Un pays où moins d’un quart de la population « active » a encore un emploi. Un pays où les résultats de l’élection présidentielle du mois dernier n’ont pas été publiés, tant il est devenu clair que le président sortant, le vieux Robert Mugabe, ne les a pas gagnées, même avec les méthodes (monopole de l’information, intimidation et interdiction de l’opposition, manipulation des résultats) qui lui ont permis de s’afficher vainqueur des élections précédentes).

Il se trouve que c’est l’Afrique du Sud, pays « frère » en apartheid, dont le président Mbeki est le « médiateur » chargé depuis des années de trouver des solutions à l’impasse sanglante et affamée du Zimbabwe. Or Mbeki n’arrive pas à critiquer le pays frère, le poids de l’histoire servant, ici encore de mot d’excuse.

Un exemple: alors que le Zimbabwe meurt de faim (15% des Zimbabwéens ont du s’exiler dans les pays voisins, faute de trouver à manger chez eux, malgré l’aide internationale massive qui fait vivre 40% de la population), un navire chinois (tiens, encore eux!), le An Yue Jiang, a abordé au port sud-africain de Durban, avec un chargement d’armements pour le Zimbabwe.

De nombreux pays, au niveau gouvernemental, demandent à l’Afrique du Sud de ne pas laisser passer sur son sol ces armes chinoises, destinées à une armée qui réprime ses propres citoyens avec une extrême violence. Et l’Afrique du Sud répond « qu’elle ne peut rien faire » pour s’y opposer…

Ce qui rend la juxtaposition intéressante entre la Chine et l’Afrique du Sud, c’est que, après les Jeux Olympiques de Beijing en 2008, le prochain évènement sportif mondial sera la Coupe du Monde de football de 2010. Et elle se tiendra en Afrique du Sud

A quand un appel au boycott de l’Afrique du Sud pour protester contre leur politique vis-à-vis du Zimbabwe?

Ah, non, j’oubliais. Nous aurions trop mauvaise conscience…

Mugabe et Mbeki

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