Le compte est bon

mai 1, 2008 on 2:23 | In Best of, Incongruités, International | Commentaires fermés

Z comme Zimbabwe. La dernière lettre de l’alphabet pour un pays qui arrive tragiquement dernier dans un certain nombre de domaines. Dernier en matière d’inflation, avec 100.000% par an. Dernier en matière d’emplois avec seulement 25% de la population qui en a un. Dernier en matière d’autosuffisance alimentaire, avec 40% de la population dépendante de l’aide internationale, un comble pour un pays qui était le grenier de l’Afrique australe il n’y a pas si longtemps.

Il n’y a pas si longtemps, c’était il y a 28 ans, c’est à dire avant que le chef de l’Etat ne s’appelle Robert Mugabe, l’homme qui, au nom de sa lutte contre l’apartheid en Rhodésie a totalement ruiné son pays. Et qui est un terrifiant contre-exemple de tout ce qu’un chef d’Etat devrait être. A tel point qu’on en viendrait presque à regretter certains aspects du régime d’apartheid qui précédait. C’est dire.

La situation va-t-elle changer? Les dernières élections législatives ont donné la victoire à l’opposition du MDC malgré les actions grossièrement anti-démocratiques du Zanu-PF, le parti de Mugabe. Qu’à cela ne tienne, ledit Zanu-PF demande qu’on recompte les voix dans 23 circonscriptions, ce qui n’est au yeux de tous, opposition zimbabwéenne comme opinion internationale, qu’une tentative à peine déguisée de renverser le résultat des élections par des manipulations à grande échelle du contenu d’urnes entre les seules mains du Zanu-PF. Entre-temps, on ne compte plus les manœuvres d’intimidation, les descentes de police dans les locaux de l’opposition, les menaces, les brutalités les blessés, les citoyens mis en fuite pour avoir « mal voté ».

Demander qu’on recompte n’est pas, en soi scandaleux. Les Américains l’ont bien fait dans l’Etat de Floride en 2000 pour l’élection présidentielle très controversée qui a vu la victoire de George Bush sur Al Gore. Simplement, recompter, c’est admettre qu’on n’a peut-être pas très bien su compter la première fois.

Là où cela devient curieux, c’est que la commission électorale du Zimbabwe a déclaré que les résultats, après recomptage, sont intégralement maintenus. Ce qui veut dire que le Zanu-PF a bel et bien, cette fois-ci, perdu la majorité au Parlement.

On ne peut que constater que, si l’on part du principe qu’il faut recompter quand on n’a pas su compter, au Zimbabwe, on n’a pas su recompter non plus. En tout cas, du point de Mugabe, qui jusqu’ici, était le seul point de vue qui comptait.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En même temps que les élections législatives ont eu lieu des élections présidentielles, où s’affrontaient Mugabe lui-même, Tsvangirai, le leader de l’opposition, et un dissident du Zanu-PF. Et là, depuis 6 semaines que les élections ont eu lieu, ce qui a pourtant suffi à un comptage et un recomptage pour les législatives, aucun résultat n’a été publié, comme si on n’avait pas su compter du tout. De toute façon, personne ne compte que Mugabe accepte le résultat des urnes, ni qu’il s’en aille paisiblement.

Pendant ce temps-là, la communauté internationale, si active sur le Tibet, est en service minimum: bonnes paroles à mots comptés. Parce qu’il n’y a rien, au Zimbabwe, hormis la misère et la dictature, ce qui en fait un pays qui ne compte pas.

Zimbabwe

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