Dans la famille Godot, je demande…

mai 19, 2008 on 4:15 | In France | Commentaires fermés

On connait la pièce de Beckett, dans laquelle les acteurs attendent la venue d’un certain Godot, qui ne vient jamais.

Les Français, sans s’en rendre compte sans doute, sont aujourd’hui ces acteurs qui n’attendent que ce qui ne viendra jamais.

Ainsi, pendant 3 décennies (1975-2005), la première attente des Français a été la baisse du chômage. Depuis 2005 celui-ci baisse de manière très significative, jusqu’à des niveaux pas vus eux non plus depuis des décennies.

On pourrait penser que les Français en seraient satisfaits, fiers, reconnaissants. Bref, heureux, quoi. Que nenni! Ils ont simplement changé d’attente.

Aujourd’hui, compte tenu que les 35 heures qu’ils n’attendaient pas ont gelé pour des années les hausses de salaires des Français, ceux-ci veulent du pouvoir d’achat.

JusMurmurandi prédit sans risque d’erreur que si, malgré la conjoncture internationale très défavorable, l’équipe Sarkozy présidait à une augmentation du pouvoir d’achat, qu’elle soit de son fait ou non, les Français changeraient d’attente plutôt que d’être heureux ou reconnaissants.

Evidemment, il serait facile de plaindre les hommes politiques, ainsi condamnés à ne jamais voir leurs résultats reconnus, et de condamner les Français, ces éternels mécontents.

Mais voilà, si les Français n’avaient plus d’attentes insatisfaites, qu’auraient les hommes politiques à leur proposer dans leurs programmes?

Plus même, Nicolas Sarkozy, avec sa mise en avant systématique du pouvoir d’achat pendant sa campagne électorale victorieuse, n’a-t-il pas contribué une attente peu sensible avant qu’il n’en parle?

JusMurmurandi en tire la conclusion que le pouvoir d’achat est bien l’antithèse des 35 heures.

Les 35 heures n’étaient pas une attente des Français jusqu’à ce que les socialistes en parlent, comme le pouvoir d’achat. Et elles ont bel et bien été données par les socialistes, même si ceux-ci ont eu l’inélégance de partir en laissant derrière eux l’ardoise du cadeau.

Le pouvoir d’achat, lui, c’est aussi quelque chose que les Français n’attendaient pas. Pourquoi Sarkozy ne l’accorde-t-il pas aux Français (hausse massive du SMIC, subvention fuel et gaz, entre autres), en laissant aux socialistes le soin de le faire payer?

Une chose est sure cependant, c’est que, de toute façon, ce sont toujours les mêmes qui payent. Car la vraie attente des Français, c’est qu’un quelconque Godot vienne payer à leur place. C’est pour cela qu’ils espèrent des réformes mais seulement pour les autres. Qu’ils attendent un Etat qui coûte moins cher tout en distribuant plus. Des impots qui baissent et des prestations qui montent. Un pouvoir d’achat qui monte quand le temps de travail baisse.

On comprend que ce Godot-là, que l’auteur de la pièce s’appelle Beckett ou Sarkozy, les Français ne sont pas près de le voir arriver…

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