Broyer du noir la conscience tranquille

décembre 1, 2008 on 9:24 | In Coup de gueule, Incongruités, International | Commentaires fermés

Lundi premier décembre, 20ème journée mondiale du SIDA.

Journée « ordinaire », comme les 19 précédentes ?

Pas vraiment.

Parce qu’une étude publiée récemment par l’université de Harvard aux Etats Unis estime que certains malades auraient pu être sauvés.

Certains malades, ce ne sont pas des dizaines ou des centaines. 365.000 au cours de la dernière décennie.

Mais voilà, le chef de l’Etat de ce pays était en déni total, affirmant qu’il n’y a pas de lien entre le HIV et le SIDA.

Et refusait par conséquent de donner l’accès aux médecines modernes aux patients touchés.

Et alors même que les pays limitrophes, eux, permettaient aux séropositifs de pouvoir se soigner.

Les chercheurs qui ont établi ce chiffre qui horrifie et scandalise JusMurmurandi vont même jusqu’à dire que leur estimation est « conservatrice »…

Le dirigeant de ce pays a maintenant été « viré ».

Le jour même de sa prise de fonction, son successeur remplaça le Ministre de la Santé, qui affirmait que le seul remède efficace contre le SIDA sont…le jus de citron et les betteraves. Il a tout aussi rapidement permis la disponibilité des antirétrovirus, qui rendent une maladie mortelle à 100% en une maladie chronique « gérable ».

Et depuis son départ, ce chef d’Etat, Docteur de l’Université de Sussex, ne fait aucun commentaire sur ce qui pourrait s’appeler…un génocide.

Le monde occidental non plus d’ailleurs.

Après tout, quand un chef d’Etat noir envoie 365.000 de ses compatriotes à une mort certaine du fait de ses lubies, qui s’en soucie ?

N’est il pas plus simple de battre son éternelle coulpe sur l’apartheid, aux victimes incomparablement moins nombreuses, au seul motif que les couleurs de peau séparaient les deux partis opposés ?

JusMurmurandi a encore de « beaux » jours devant lui.

Une semaine de merde et de mort

décembre 1, 2008 on 8:24 | In Best of, Coup de gueule, France, International | Commentaires fermés

JusMurmurandi s’était dit que s’étendre sur le sanglant feuilleton de Bombay n’avait pas de sens, cet évènement étant déjà couvert ad nauseam par les média. Mais l’accumulation de tragédies suscitant une combinaison d’horreur, d’effroi et de dégoût fait qu’il n’est plus possible de se taire.

Bombay, d’abord, bien sûr. 200 morts en 8 endroits, causés par un total de 10 terroristes très entraînés.

Après que 14 pirates de l’air aient pourri la vie de centaines de millions de passagers aériens en tuant quelques milliers d’américains, voilà que 10 tueurs vont pourrir la vie de dizaines de millions de clients d’hôtels qui vont les astreindre à subir une sécurité renforcée.

Et à chaque contrôle, chaque aéroport ou hall d’hôtel rappellera à tous que la menace est là, toujours et partout. Le même mécanisme que dans le métro et les bus londoniens et les trains madrilènes.

Frapper une fois pour inquiéter chaque jour. La terreur est en marche, et les terroristes ont encore marqué un point.

Et si maîtriser l’Afghanistan s’avère déjà quasi-impossible à une coalition composée de beaucoup des plus puissantes nations du monde, comment même imaginer venir à bout d’un terrorisme pakistanais, pays à la population 15 fois plus importante, et doté de l’arme nucléaire?

Après l’hyper-médiatisation de Bombay, le quasi-silence sur le Nigéria, où chrétiens et musulmans se sont entre-massacrés gaillardement, causant, là aussi, des centaines de morts. Ce n’est pas nouveau, les violences ethnico-religieuses ayant entraîné plus de 10.000 morts au Nigéria depuis 1999, et cela ne terrorise personne. Sans doute est-ce pour cela qu’on n’en parle que si peu.

Enfin, l’histoire d’une mort. Une seule mort, me demanderez-vous? Est-ce donc une personne importante? Le philosophe Claude Lévi-Strauss le jour anniversaire de son siècle? Non, juste un intérimaire d’un super-marché Wal-Mart de Long Island (USA). Le vendredi qui suit Thanksgiving est traditionnellement le jour de début des soldes de fin d’année, et les consommateurs étaient massés devant les portes à attendre avec impatience le moment de faire des bonnes affaires. Si massés, si impatients qu’à l’ouverture le pauvre intérimaire fut écrasé par la foule et qu’il en est mort. Et que les consommateurs ont refusé de cesser de consommer même quand on leur a dit qu’il y avait eu mort d’homme. Voilà une personne à qui les ventes à prix minimum auront coûté un maximum.

Après tout cela, même plus envie d’écrire. Ah si. Jean-Luc Mélenchon a créé son propre parti, à gauche bien sûr, et Martine Aubry consulte pour former l’équipe dirigeante du PS. Les transports en commun sont en grève à Bordeaux de manière préventive contre le changement d’opérateur de Véolia à la SNCF. Laquelle SNCF n’a pourtant pas la réputation d’être un ogre sur le plan social, et s’est déjà engagée à respecter tous les avantage acquis, mais on fait grève quand même. Ca fait sourire par contraste, même si c’est de dérision.

Tant mieux, cela fera toujours quelques moments de détente que les terroristes n’auront pas.

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