Modération, taxation, piège à cons

décembre 12, 2009 on 7:58 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Pour qui nous prend-on? Les conseillers en communication qui mitonnent les actions des hommes politiques ou des dirigeants d’entreprise, ou en estiment les retombées à venir, pensent-ils que le public gobe n’importe quoi?

Voici deux exemples qui feraient rire s’ils ne faisaient pleurer. Tous deux concernent les « réformes » suite à la tornade financière, destinées à éviter que le même cataclysme ne puisse se reproduire.

Goldman Sachs, plus grande banque d’affaires du monde, et qui a profité de la crise pour accroitre encore sa part de marché, notamment grâce à la chute de son concurrent acharné Lehman Brothers, a fait scandale en révélant qu’ils avaient provisionné 19 milliards de dollars pour payer des bonus pour 2009. 19 milliards (oui, pas millions) pour une entreprise de 30.000 personnes, soit plus d’un-demi million de dollars par employé. Enfin, ce serait le cas si tout le monde touchait un bonus, ce qui est très très loin d’être le cas. En fait, comme cela concerne plutôt 1% du personnel, vous en imaginez le montant réel….

Un montant que JusMurmurandi ne peut que qualifier d’obscène, ou de pornographique, pour une banque qui n’a dû sa survie qu’à l’intervention massive à son profit de l’État américain qui a garanti et injecté des dizaines de milliards de dollars, aujourd’hui remboursés.

Alors Goldman, pour tenter de prévenir le vote d’une législation restrictive, et améliorer un peu son image, devenue catastrophique dans le public américain, fait savoir que les bonus 2009 ne seront pas payés en cash, mais uniquement en actions. Que ces actions devront être détenues par leurs bénéficiaires pendant 3 à 5 ans minimum. Et que si les activités ayant généré des bonus devaient, pendant ce temps faire des pertes, ces bonus seraient « récupérables ». 3 bonnes mesures, de nature à donner, justement, de la mesure, à des banquiers qui eussent effrayé par leur voracité, des simples orques ou requins blancs affamés.

Alors pourquoi JusMurmurandi éructe-t-il de colère au lieu d’approuver? C’est que cette décision, relayée par un grand tintamarre médiatique, en concerne que les dirigeants de la banque, à savoir 30 personnes. Autant dire presque personne. Et ce d’autant plus que, justement, ces dirigeants touchent déjà des salaires (hors bonus) compris entre 20 et 30 millions de dollars, et n’ont donc pas d’enjeu important à ce que leurs bonus soient comme ci plutôt que comme ça…

Autre exemple, cette-fois-ci politique. Gordon Brown, Premier Ministre de sa Très Gracieuse Majesté, met en œuvre un impôt exceptionnel, équivalent à 50% des bonus supérieurs à 27.000 euros par personne payés par les banques anglaises au titre de 2009. JusMurmurandi, à l’énoncé de cette mesure, hallucine, pris entre ahurissement et incrédulité: les Anglais prendraient-ils une excellente mesure, mais de nature à profondément chagriner la toute-puissante City et à en chasser des golden boys? Allons, n’aurions nous pas trop bu?

En tout cas, Nicolas Sarkozy le prend pour argent comptant, annonce que la France va faire de même, et presse Angela Merkel de se joindre à cette initiative. Laquelle chancelière allemande dit qu’elle trouve cette initiative « charmante » (!), mais qu’une loi allemande en rendrait la mise en œuvre très, très difficile.

Puis nous apprenons que cette mesure devrait rapporter 600 millions de livres aux finances britanniques, et nous comprenons que c’est du bidon. 600 millions de livres pour toute la City, à comparer avec 19 milliards pour la seule Goldman Sachs, il est clair que le compte n’y est pas. Mais alors pas du tout.

En fait, après enquête, il ressort que 3 facteurs vont limiter le coût de cette mesure. D’abord, elle ne s’applique qu’aux rémunération versées en Grande Bretagne. Or les bonus payés le sont la plupart du temps, grâce à des montages légaux, dans des paradis fiscaux. Ensuite, elle ne s’applique qu’aux rémunérations effectivement versées pour 2009. Il suffira donc de les différer d’un an pour les encaisser sans impôts en 2010. Enfin, la plupart des banques britanniques ont un exercice 2009 qui s’est terminé à fin mars 2009, et non en décembre comme en France. Cet exercice contient donc la période du désastre, et pas du redressement. Donc il y a peu de bonus qui soit dû. Allons, les vendeurs des Rolls, Bentley et autres Porsche qui pullulent à Londres peuvent respirer…

Inutile de dire que la décision de Sarkozy de faire comme son collègue britannique va avoir de toutes autres conséquences, et qu’il est juste de saluer, une fois de plus, le talent des britanniques en matière de défense de leurs intérêts. Perfide, l’Albion, qui nous aura une fois de plus empapaouté!

Qu’avait dit Merkel? Charmant?

Pour en terminer avec le terrible bilan du TER

novembre 26, 2009 on 5:41 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

La Cour des Comptes a sorti un rapport sur la gestion des TER (trains express régionaux) par les régions françaises qui résume, à lui seul, le malaise de la chose publique en France.

Pour commencer, le coût du km passager en France ressort à 17 centimes d’euro contre 11 en Allemagne. Excusez du peu! L’Allemagne n’étant quand même pas une mauvaise comparaison, n’étant pas un pays qui traite « mal » les questions sociales…

Ensuite, son bilan carbone est moins bon que si les TER étaient remplacés par des autocars!

Si le TER ne bénéficie ni d’un avantage coût ni d’un avantage écologique sur l’autocar, au nom de quoi faut-il le maintenir?

En fait, si ce bilan est si médiocre (le mot est faible), c’est parce que la réalité des TER est très hétérogène, entre des lignes bondées en zones urbaines et des lignes si peu fréquentées que le transport d’une personne y est aussi coûteux qu’en voiture individuelle…

Alors pourquoi maintenir tout cela, et même, y investir des deniers manifestement promis à n’être jamais rentables?

Parce que les TER sont un symbole visible de l’activité et du dynamisme d’une région, et, donc, de son Conseil Régional. Qui refuse absolument, étant de gauche dans 20 cas sur 22, de prendre la décision impopulaire de remplacer le train par l’autocar.

Car, dans la symbolique française, cela s’appelle la « casse du service public », le train étant jusqu’ici forcément public, et le car très souvent privé. Et que ferait la SNCF de ses cheminots déjà pas surmenés en attendant leur retraite à 50 ans, si les régions commençaient à réduire la voilure sur les 7800 kilomètres de voies qui ne voient, si on peut dire, pas passer 10 trains par jour?

Donc, au nom de l’effet de vitrine de dynamisme régional, de la facilité populiste qui pousse à ne pas prendre de décision impopulaire, et de dogmes français comme les supériorités du service public sur le privé, du monopole sur la concurrence, du conservatisme sur la réforme, nous allons tous continuer à voir des films promotionnels avec de magnifiques TER, canadiens pour la plupart (ils sont achetés à Bombardier plutôt qu’à Alstom).

Et, dans les coulisses, nous allons tous continuer à faire face à un coût financier et à une empreinte carbone ridiculement élevés.

Oui, mais en France, la déclaration compte plus que les faits, et la posture rapporte plus que l’action. Comment s’étonner que, dans ces conditions, le projet de réforme des collectivités locales soulève une telle levée de boucliers des élus?

Train Express Régional

Allégorie bancaire

novembre 18, 2009 on 6:50 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Voici un authentique courrier écrit par une dame américaine de 86 ans à son banquier.

Elle se passe de tout commentaire, si ce n’est qu’elle suscite une admiration certaine de la part de JusMurmurandi pour la dame en question.

« Cher Monsieur,

Je vous écris pour vous remercier d’avoir refusé le chèque qui m’aurait permis de payer le plombier le mois dernier.

Selon mes calculs, trois nanosecondes se sont écoulées entre la présentation du chèque et l’arrivée sur mon compte des fonds nécessaires à son paiement.

Je fais référence, évidemment, au dépôt mensuel automatique de ma pension, une procédure qui, je dois l’admettre, n’a cours que depuis huit ans. Il faut d’ailleurs vous féliciter d’avoir saisi cette fugace occasion et débité mon compte des 30€ de frais pour le désagrément causé à votre banque. Ma gratitude est d’autant plus grande que cet incident m’a incité à revoir la gestion de mes finances.

J’ai remarqué qu’alors que je réponds personnellement à vos appels téléphoniques et vos lettres, je suis en retour confrontée à l’entité impersonnelle, exigeante, programmée, qu’est devenue votre banque. A partir d’aujourd’hui, je décide de ne négocier qu’avec une personne de chair et d’os.

Les mensualités du prêt hypothécaire ne seront banque par chèques adressés personnellement et confidentiellement à un(e) employé(e) de votre banque que je devrai donc sélectionner.

Soyez averti que toute autre personne ouvrant un tel pli consiste en une infraction au règlement postal.

Vous trouverez ci-joint un formulaire de candidature que je demanderai à l employé(e) désigné(e) de remplir. Il comporte huit pages, j’en suis désolée, mais pour que j’en sache autant sur cet(te) employé(e) que votre banque en sait sur moi, il n’y a pas d’alternative. Veuillez noter que toutes les pages de son dossier médical doivent être contresignées par un notaire, et que les détails obligatoires sur sa situation financière (revenus, dettes, capitaux, obligations) doivent s’accompagner des documents concernés.
Ensuite, à MA convenance, je fournirai à votre employé(e) un code PIN qu’il/elle devra révéler à chaque rendez- vous. Il est regrettable que ce code ne puisse comporter moins de 28 chiffres mais, encore une fois, j’ai pris exemple sur le nombre de touches que je dois presser pour avoir accès aux services téléphoniques de votre banque. Comme on dit : l’imitation est une flatterie des plus sincères.

Laissez-moi développer cette procédure. Lorsque vous me téléphonerez, pressez les touches comme suit :

Immédiatement après avoir composé le numéro, veuillez presser l’étoile (*) pour sélectionner votre langue.

Ensuite le 1 pour prendre rendez-vous avec moi.

Le 2 pour toute question concernant un retard de paiement.

Le 3 pour transférer l’appel au salon au cas où j’y serais.

Le 4 pour transférer l’appel à la chambre à coucher au cas où je dormirais.

Le 5 pour transférer l’appel aux toilettes au cas où je coulerais un bronze.

Le 6 pour transférer l’appel à mon GSM si je ne suis pas à la maison.

Le 7 pour laisser un message sur mon PC. Un mot de passe est nécessaire. Ce mot de passe sera communiqué à une date ultérieure à la personne de contact autorisée mentionnée plus tôt.

Le 8 pour retourner au menu principal et écouter à nouveau les options de 1 à 7

Le 9 pour toute question ou plainte d’aspect général. Le contact sera alors mis en attente, aux bons soins de mon répondeur automatique.

Le 10, à nouveau pour sélectionner la langue. Ceci peut augmenter l’attente mais une musique inspirante sera jouée durant ce laps de temps. Malheureusement, mais toujours suivant votre exemple, je devrai infliger le prélèvement de frais pour couvrir l’installation du matériel utile à ce nouvel arrangement.

Puis-je néanmoins vous souhaiter une heureuse, bien que très légèrement moins prospère, nouvelle année ?

Respectueusement,

Votre humble cliente. »

Scène de la vie ordinaire

novembre 17, 2009 on 8:31 | In Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Après les bonus des banquiers que nous avons renfloués il y a encore si peu de temps, les parachutes dorés et autre campagnes de publicité nauséabonde, tout ne serait il qu’argent?

L’émeute provoquée samedi dernier lors de la tentative de campagne publicitaire en faveur d’un site internet tend à le prouver.

Car de quoi s’est il agi?

D’un site internet souhaitant faire un coup de pub, un peu comme la première scène du film « Association de malfaiteurs » où François Cluzet fait un excès de vitesse spectaculaire au volant d’une belle italienne rouge, histoire que l’on parle de lui et de son entreprise.

Et ce coup de pub signifie de distribuer 40.000 Euro en enveloppes contenant entre 10 et 500 Euro en billets de banque.

Mais la préfecture de police de Paris intervient car la distribution d’argent est interdite sur la voie publique.

Las, le site internet a prévu le coup et provisionné l’amende dans ses comptes.

Ce ne sont pas moins de 7.000 personnes qui se regroupent sur la pelouse de Invalides pour tenter de ramasser un gain facile.

Devant l’afflux, l’opération est annulée, ce qui suscite la colère des personnes présentes, y compris des sauvageons chers à Jean-Pierre Chevènement

Et l’on assiste, comme d’habitude dirait on, à des scènes d’émeute, voitures renversées etc.

En fait, il y aurait eu un moyen de calmer ces hordes en furie, et cela aurait qui plus est pu avoir un sous produit positif.

Si Ségolène Royal était venue distribuer ses chèques contraception, cela aurait peut être pu calmer la partie féminine des manifestants, et qui plus est enlever à ce cher Vincent Peillon l’occasion de l’invectiver sur la place publique et d’affaiblir une fois de plus, et si tant est que cela soit possible, ce qui reste de l’image du PS….

L’Etat, c’est qui?

novembre 17, 2009 on 9:34 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Nicolas Sarkozy veut supprimer la taxe professionnelle. Comme il s’agit d’une des ressources importantes des communes, les maires sont vent debout cotre cette mesure. Pour les rassurer, on les assure que l’État compensera à l’euro près dès 2010. Et ça ne les rassure pas du tout, bien au contraire.

Parce qu’ils disent que, l’État étant ruiné, ça ne va pas le faire, et qu’ils se retrouveront perdants. Quand on connaît les innombrables exemples où l’État ne tient pas ses promesses, on les comprend. Par exemple, il est notoire que l’État est tout simplement le plus mauvais payeur de France, avec des règlements pour se simples factures qui prennent de longs mois.

Dans le même temps, JusMurmurandi observe que, quand les banques étaient en perdition, avec un problème de confiance de taille abyssale, seul l’État a inspiré confiance en garantissant leurs engagements et permis aux banques de survivre.

Comment se fait-il que l’État inspire confiance pour des centaines de milliards d’euros pour sauver les banques, mais pas pour des milliards pour les communes ou des millions pour payer décemment ses factures pour les communes?

Autre comparaison intéressante, la suppression de la publicité à la télévision publique. En raison de la crise économique, les recettes de toutes les télévisions privées ont beaucoup souffert, et ce malgré la récupération des budgets auparavant orientés vers le public. La télévision publique, elle, n’a pas subi cette chute puisqu’elle émarge maintenant au budget de l’Etat. Elle est donc, en l’occurrence, privilégiée.

Combien d’entre vous veulent parier que, si les communes étaient dans la même situation, aucune ne se plaindrait d’avoir ses recettes garanties par l’État plutôt que dépendantes d’entreprises exsangues?

La meilleure preuve en est que, quand une commune perd une recette parce qu’une entreprise importante ferme ou part, elle demande toujours à l’État de compenser sa perte.

Ce qui montre bien, que, en fait, il n’y a pas contradiction. C’est toujours l’État qui paie pour tout, jamais assez et qui est toujours responsable et coupable de tout…

Et l’État, c’est depuis Louis XIV, moi. Sauf que, avec le progrès, l’État c’est devenu moi, toi, soi, nous, vous ils…

Comment l’automobile avance…

novembre 5, 2009 on 10:03 | In Economie, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Hier ce qui se profilait à l’horizon, mais qu’on n’osait prendre au sérieux tant c’eût été incroyable s’est finalement avéré vrai: General Motors, après près d’un an de négociations, a annoncé qu’il ne vendrait pas sa filiale Opel. Or General Motors a bel et bien fait faillite, et une nouvelle société a émergé, possédée en grande majorité par l’État américain, c’est-à-dire le contribuable.

C’est pour rembourser ses dettes pharaoniques que GM a été sommée de vendre des actifs. C’est fait pour les petites sociétés Hummer et Saab, mais cela ne se fera pas pour Opel. Comment mieux démontrer que l’ordre du jour, aux Etats-unis, n’est pas de solder le passé et de préparer un avenir différent, mais bien de revenir aux anciennes méthodes? Hier ce sont les banques américaines qui se vautrent avec un délice renouvelé dans le bain empoisonné des hyper-bonus garantis. Aujourd’hui, c’est General Motors qui en veut pas lâcher son bras européen.

Il ne faut pas non plus penser qu’Opel soit une bonne affaire à court terme, puisque sa restructuration coutera 10.000 emplois et des milliards d’investissements.

Le plus étonnant, et révélateur aussi, c’est que, depuis la faillite, tous les administrateurs de GM ont été nommés par l’Administration Obama. Ce sont ceux-là même qui ont décidé d’interrompre le processus de cession, et ce alors qu’Angela Merkel, qui s’est beaucoup investie pour empêcher le naufrage d’Opel, gros employeur en Allemagne, est précisément en visite aux USA. Dans ces conditions, le revirement de GM est quasiment une gifle d’État à État, alors même que l’Allemagne a soutenu Opel avec un prêt d’un milliard et demi d’euros.

Dans le même temps, à l’extrémité opposée de la planète automobile, Toyota annonce qu’il abandonne la Formule Un, dont le coût est incompatible avec des résultats dégradés pour le groupe japonais. Oh, le loup n’est pas dans la bergerie, puisque ce ne sont « que » les premières pertes de son histoire, mais Toyota veut bien marquer que demain ne sera pas comme hier.

Ce n’est d’ailleurs pas la première société à arrêter les frais en F1, puisque Honda, BMW et Bridgestone en ont fait autant, et il se murmure que Renault est tenté de les imiter.

Alors, comment se fait-il que, pour les uns, il faut avant tout faire comme si de rien ne s’était passé et revenir au statu quo, alors que les autres veulent se plonger dans un avenir différent, plus modeste et plus responsable?

Et si on appliquait la même question au monde financier, on verrait que certaines banques et certains États se dirigent vers un avenir modeste et responsable, comme les banques anglaises à l’initiative du Gouvernement de Gordon Brown.

Ce qui intrigue JusMurmurandi, c’est que, dans le cas de l’automobile, ce sont clairement les « modestes et responsables » qui donnent l’impression de devoir être les vainqueurs de demain, tandis que les « tradis » mordront de nouveau la poussière. Alors que, chez les financière, si l’on craint le retour des mauvaises habitudes, par exemple chez la plus emblématique des banques d’affaires, l ‘américaine Goldman Sachs, c’est bien par inquiétude qu’elle soit à la fois dangereuse ET prospère…

La Rupture est dans le Fromage

octobre 31, 2009 on 10:11 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Peut-être n’a-t-il pas commencé par le bon bout. Nicolas Sarkozy a été élu avec un programme au centre duquel figurait la notion de rupture, et c’est maintenant seulement, après mille projets, deux ans semés de polémiques et une crise économie et financière, qu’elle se dessine.

Car la rupture, en France, n’est pas entre la droite et la gauche, comme l’a montré l’alternance entre eux depuis 1974. Il est même des cas où la droite se croit obligée de prendre des mesures de gauche, et vice versa. Ce qui n’empêche pas l’opposition du moment de voter contre, voire même d’annuler la mesure une fois revenue au pouvoir.

Non, la rupture en France n’est pas non plus entre les riches et les pauvres, car de Gaulle par exemple, a toujours eu plus de votes ouvriers que le Parti Communiste, ou parce que Paris qui a élu deux fois un socialiste à la Mairie est devenue une ville presque exclusivement bourgeoise.

En fait, pour qu’il y ait rupture, il faut identifier une tendance constante depuis 1974 et voir si Sarkozy s’y attaque, et force est de constater que oui.

Car la constante, c’est la manie de créer toujours plus de Fromages de la République (ce qui donne FR, l’envers de RF, le sigle de la République Française). Giscard a créé les régions, mais on n’a vu se réduire, sans même parler de disparaître, aucune autre administration au même moment, qu’elle soit nationale, départementale, cantonale ou municipale. Mitterrand a décentralisé, mais sans que l’administration centrale se réduise en quoi que ce soit. Et ainsi de suite.

Tout récemment, JusMurmurandi a constaté que la Ville de Paris a créé plus de nouveaux emplois de fonctionnaires pendant le premier mandat de Bertrand Delanoë que la totalité des fonctionnaires de Lyon, deuxième ville de France. Ou encore que les communes ont créé en 2008, année de crise, 36.000 emplois supplémentaires, c’est à dire plus que l’État n’est parvenu à en supprimer péniblement au niveau national, tout en se faisant houspiller pour « démantèlement de service public ».

C’est si vrai que les collectivités territoriales ont été contraintes de relever massivement les impôts locaux en 2009 (merci M. Delanoë, avec un retentissant 47%!) parce que leur recettes ne bénéficiaient plus de la hausse due à la prospérité. Ce qui veut dire qu’elles avaient toutes dépensé allègrement le supplément de recettes, et sans même se plaindre….

Alors, où est la rupture? C’est qu’avec la réforme des collectivités territoriales, et celle de la taxe professionnelle, Nicolas Sarkozy va atteindre, si elles entrent en vigueur, deux objectifs parallèles. L’un est de réduire le nombre de conseillers généraux et généraux de moitié (de 6000 à 3000), soit une diminution de moitié des Fromages. L’autre est de supprimer pour les collectivités le droit de lever l’impôt comme elles veulent sur les entreprises qui ne votent pas. Car les maires devront alors, s’ils veulent dépenser comme des satrapes l’argent des autres, l’expliquer à leurs électeurs furieux. Ce qui conduit à une certaine modération. Et moitié moins de conseillers territoriaux, c’est moité moins de temps disponible pour des dépenses.

Il est révélateur que les opposants les plus farouches à ces deux réformes soient du camp du Président. Car, en fait, ils sont menacés par cette double rupture. Moins de postes, moins d’argent à distribuer, moins de possibilités de taxer sans contrôle ni limite, c’est moins de Fromage.

Et chacun sait que la France, toute la France, est le pays du Fromage.

PS pour eux qui pensent qu’en France, la rupture ce serait de traiter les Puissants comme le reste de la Nation: avec la condamnation à de la prison ferme de Charles Pasqua, la comparution de Dominique de Villepin et le renvoi de Jacques Chirac en correctionnelle, on est dans le jamais vu…

Ouyapascours

septembre 27, 2009 on 5:02 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Cela devait arriver, c’est là.

Un site internet, ouyapascours.fr, vient de voir le jour, sous la houlette d’un syndicat de parents, afin de recenser les enseignants qui sont absent sans être remplacés.

L’accès est libre et permet à tout un chacun de mettre en ligne les absents, qui comme chacun sait ont toujours tort.

Combien de temps sera t il autorisé à durer ?

S’agit il, comme le dit le FCPE de faire pression sur les académies, ou tout simplement de mettre en lumière certains abus ?

Ces question méritent d’être posées, tant l’absentéisme est répandu dans le milieu enseignant, pour toutes sortes de raisons d’ailleurs.

Aura t on bientôt, aussi, un site intitulé « ouyapasdecontroleaerien.fr » dédié à l’espace aérien français, où les contrôleurs jouiraient de « clairances » faisant passer leur temps de travail officiel de 24h à un temps réel de…12h ??

P.S. A l’heure où JusMurmurandi écrit ces lignes, les premières lignes du site ouyapascours.fr affichent une belle faute de grammaire, confondant infinitif et participe passé. N’est ce pas encore un signe que l’Education Nationale a des progrès à faire ???

Nuit blanche

septembre 27, 2009 on 4:47 | In Best of, C'est ça, Paris?, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, La Cour des Mécomptes | 2 Comments

La nuit blanche, particulièrement connue chez les « jeunes », est synonyme de journée qui n’en finit pas, de fête.

Comme ce sera le cas à Paris dans quelques jours, sous le haut patronage du Maire de Paris pour la huitième édition du genre.

Mais nuits blanches, c’est aussi l’illustration de celles que l’on passe lorsque l’on est anxieux, angoissé.

Comme c’est le cas dans la capitale depuis quelques jours où les Parisiens qui sont propriétaires de logements ont reçu leur taxe foncière sur laquelle figure une augmentation de 30% par rapport à 2008 !

Nuit blanche, cela sonne singulièrement étrange, de faire la fête alors que l’on vient matraquer les contribuables !

Heureusement, le stationnement, lui, n’a augmenté que de 20%. Ouf ! On a eu chaud !

Savoir gérer…

septembre 25, 2009 on 6:41 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | 3 Comments

Une région française n’est pas une PME. En gérer une en évitant tout gaspillage, si petit soit-il est utopique. Pour autant, quand il y a dérapage, le signaler est faire œuvre de salubrité publique, pour éviter qu’il se poursuive.

Et comme aux dernières élections régionales, la gauche a gagné le droit d’en gérer 20 sur 22, tout bêtisier sera très majoritairement à ses dépens.

Ainsi, rien qu’en Ile-de-France:

- 10 000€ pour le financement d’une thèse sur « la construction du genre chez les Pygmées d’Afrique centrale à l’épreuve de la sédentarisation »

- 10.000€ de subventions pour un projet de recherche sur « Les plantes médicinales et les savoirs ancestraux au Chili »

- 6480€ de subventions pour le financement d’une thèse sur « La nécrophilie au XIXe siècle : réalités et fantasmes »

Comment s’étonner que les impôts régionaux, donc socialistes à 90%, se soient élevés pendant le dernier mandat de leur exécutif beaucoup plus vite que la richesse nationale?

Comment ne pas s’indigner quand Georges Frêche, le truculent président de Languedoc Roussillon répond à cela que l’augmentation, vue la modicité des impôts régionaux, ne correspond qu’à quelques paquets de cigarettes par personne?

Georges Frêche

QueLques chiffres ahurissants

septembre 18, 2009 on 5:46 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Commençons par le plus facile, le plus petit, même si ce n’est pas le plus modeste. La Fédération Française de Tennis veut que son tournoi fétiche (et vache à lait) se déroule dans un stade Roland-Garros qu’il faut agrandir pour elle. Elle demandait précédemment l’annexion d’un stade municipal où 6000 scolaires font du sport. Maintenant, ce sont 20 hectares qu’il lui faut, à prendre sur d’autres terrains de sport ou des espaces verts protégés. Tout cela pour deux semaines d’activité annuelle, en pleine période de crise, et à coup de chantage à la délocalisation, il faut oser.

Et ce n’est pas comme si cela devait rapporter à la collectivité, le loyer payé par la FFT à la Ville de Paris ne se montant qu’à 1,5% du chiffre d’affaires du tournoi, contre 15% habituellement. Un contrat que Bertrand Delanoë a jugé bon de prolonger malgré cet aspect financièrement désastreux.

On n’est donc un peu moins surpris de voir le même Bertrand Delanoë augmenter la taxe foncière de 28% à Paris. Oui, 28%, en peine crise! Il faut dire qu’il a utilisé les recettes des années de vaches grasses immobilières pour augmenter le nombre de ses fonctionnaires sans se dire qu’un jour les vaches allaient maigrir. Comme 2009 est, pour lui, une année post-électorale, il est temps de violer toutes les promesses qu’on a faites en campagne. Mais là où JusMurmurandi hoche la tête, perdu entre incompréhension et ahurissement, c’est quand le Maire de Paris, loin de parler de faire des économies pour épargner à ses contribuables une partie d’une hausse aussi vertigineuse, affirme que la crise exige de dépenser encore plus!

Le pompon, quand à lui, c’est le trou de la Sécu. Il va atteindre, à lui seul, le montant phénoménal de 50.000.000.000 d’euros. Oui, vous avez bien lu, 50 milliards. Soit, grosso modo, le montant du déficit total du budget de l’Etat qu’autorise le Traité de Maastricht, déjà très généreux avec 3% du p.i.b., soit quelque 25% du budget.
Comment en est-on arrivé là? Très simplement: en dépensant plus qu’il n’y a de recettes, et en forçant les gens à payer toujours plus au lieu de mettre de la vigueur à dépenser moins, c’est-à-dire, modestement, à freiner l’augmentation des dépenses. Tiens, cela vous rappelle Bertrand Delanoë? A JusMurmurandi aussi.

Finalement, si l’on voulait remplacer ces mauvais gestionnaires qui tolèrent le trou de la Sécu ou qui causent cette hausse vertigineuse des impôts locaux parisiens, ne faudrait-il pas les remplacer par les gestionnaires de la Fédération Française de Tennis, qui, eux, au moins, savent ce que gagner de l’argent veut dire!

Plus choquant encore que le gaspillage administratif, le gâchis total. Mécontent du prix du lait, trop bas à leur goût, des agriculteurs ont répandu des millions de litres de lait frais dans des champs. Quel gâchis dans un pays et dans un monde où la faim et la misère frappent encore. Le seul mot qui vient aux lèvres de JusMurmurandi est: honte!

Histoire de montrer que la France n’est pas le seul pays de l’ahurissant et du choquant, un exemple britannique, où le sang-froid légendaire semble avoir fait défaut. Révulsée, et on la comprend, par la récidive d’un délinquant sexuel qui avait réussi à se faire employer comme gardien d’école, la Grande-Bretagne a décidé de prendre le taureau par les cornes. Toute personne amenée à être en contact régulier avec des enfants autres que les siens devra désormais obtenir l’accord préalable d’un organisme dédié à vérifier justement qu’il n’y ait pas là de risque manifeste.

Le problème, outre la gigantesque bureaucratie que cela représente, est que le nombre de gens ainsi visés est de onze millions…. Onze millions de moniteurs de scoutisme, de mères qui pratiquent le covoiturage, de chefs de chorale, des entraîneurs sportifs. Autant de bénévoles qui sont profondément outrés qu’en plus de donner leur temps, il leur faille montrer patte blanche pour avoir le droit de faire du bénévolat, et se faire ficher au passage. Ah ce n’est pas la Grande-Bretagne, championne aussi des caméras de télé-surveillance, qui aurait des pudeurs de jeune fille à demander à des candidats à l’immigration des échantillons d’ADN pour établir la réalité de liens familiaux improuvables par ailleurs…

Comme les comptes sont secrets, on peut dire n’importe quoi…

septembre 10, 2009 on 1:21 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Eric Woerth n’a pas la réputation d’un rigolo, ce qui vaut d’ailleurs mieux pour un ministre du budget. Pourtant ses déclarations sur la fameuse « liste des 3000″ ne font pas sérieux.

Il détiendrait ces 3000 noms de fraudeurs de leurs banques qui les auraient cédées à l’État à la suite d’un contrôle fiscal. Et le Crédit Suisse serait une des 3 banques. Or, si le Crédit Suisse, qui le nie formellement, ou toute autre banque de ce beau -et discret- pays faisait ou avait fait ce que suggère Eric Woerth, il violerait la loi suisse sur le secret bancaire. Inutile de dire qu’aucune banque suisse ne s’aventurerait sur cette voie suicidaire. Les récentes négociations entre l’UBS et le gouvernement américain ont bien montré les limites des concessions que l’Etat suisse autorise ses banques à faire, sauf pour elles à ruiner tout un pan de l’économie nationale.

Alors, Eric Woerth bluffe-t-il purement et simplement? Comme deux députés ont eu le privilège de voir la fameuse liste, du moins l’affirment-ils, on peut penser que non. Simplement, il ne dit pas toute la vérité, ou peut-être la dit-il de la façon qui l’arrange le plus pour tenter de faire peur et de ramener des fraudeurs dans le droit chemin.

Il est clair que les filiales françaises des banques suisses sont assujetties à la loi française, pour laquelle il n’y pas de secret bancaire. Et donc, qu’une demande de Bercy des noms de tous les particuliers et entreprises ayant transféré de l’argent en Suisse doit être satisfaite. Que la banque qui reçoit cette demande soit suisse, française ou autre.

Donc on peut, sans tomber dans le fantasme dont foisonne ce sujet, supposer que Bercy a la liste de 3000 français ayant transféré de l’argent en Suisse par simple virement, et qu’il va leur en demander la cause, et la justification.

Inutile de dire que tout conseiller fiscal un peu sérieux et toute banque un peu prudente ne peuvent que déconseiller une telle méthode de fraude, qui, si elle existe, est le propre des âmes simples, innocentes, et mal conseillées. Bref, du menu fretin.

C’est d’ailleurs ce qui transparaît dans les rares chiffres donnés par Bercy. La cellule dite de régularisation aurait récupéré un demi million d’euros sur les vingt premiers (vingt, une misère!) dossiers volontairement régularisés par les fraudeurs. Soit vingt cinq mille euros en moyenne par dossier. La encore, une misère par rapport aux trois mille milliards d’euros de cible visée par le ministre: 0,0000015%, ou à peu près…

Non, si le Ministre du Budget voulait faire autre chose que de la gesticulation populiste pour montrer qu’il est aussi inlassable dans sa chasse aux gros fraudeurs riches que Raymond Domenech à l’est se déclarer satisfait des matches nuls de l’Équipe de France de foot-ball, il pourrait se demander quoi faire pour rapatrier ces capitaux.

Et s’inspirer des exemples belges ou italiens, qui moyennant une « punition » limitée à 15% et 20% des capitaux rapatriés ont réintroduit des sommes significatives dans leurs économies et rempli un peu les caisses du pays. Ce qui serait, c’est le moins que l’on puisse dire, utile en période de déficit budgétaire et d’asthénie économique.

Mais, vous l’aurez compris, faire cela, ce serait faire de l’économie au détriment de la politique.

Alors que toute l’histoire de la France depuis le départ du regretté Raymond Barre, c’est faire de la politique -pour autant que l’on puisse appeler politique de dépenser plus, puis beaucoup plus, puis infiniment plus que les recettes- au détriment de l’économie…

Eric Woerth

Le bal des hypocrites , ou « Sauvons les bonus! »

août 8, 2009 on 6:17 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Le scandale est de retour. Et pour cause, les bonus des banquiers, cause supposée de tous nos maux, sont de retour, eux aussi. Et là encore, s’ils le sont, c’est parce que les profits des banques, en tout cas des meilleures d’entre elles, de Goldman Sachs à BNP Paribas, sont de nouveau fort plantureux. Et ce alors même qu’elles n’ont pas pu ne pas faire appel à des aides d’État il y a quelques mois à peine.

Après le scandale causé par Goldman Sachs aux États-Unis, c’est le milliard d’euros déjà provisionné par la BNP au titre des bonus futurs de ses traders qui soulève la tempête.

Outre la répugnance constante de JusMurmurandi de hurler avec les loups et de chasser le bouc émissaire, y-a-t-il scandale à ce milliard? A noter que la BNP n’est peut-être pas le plus mauvais élève de la classe bancaire sur ce plan. Elle a été l’une des rares banques à adhérer aux recommandations du G20, et elle dévoile ce chiffre (ou plutôt elle le confirme après qu’il ait été « fuité » par Libération).

Tandis que, fidèle aux habitudes de l’ère Bouton, la Société Générale de Frédéric Oudéa se mure dans le silence, espérant sans doute que le problème finira par s’en aller de lui-même.

Au premier semestre, les banques sont connu une conjoncture exceptionnellement favorable à leur activité: elles ont pu emprunter à des taux plus bas que jamais avant, tout en prêtant à des taux « normaux ». Résultat, une marge gonflée qui se traduit en profits immédiats. Comme, dans le même temps, ces mêmes banques se montrent prudentes et frileuses dans la qualité des emprunteurs qu’elles acceptent, on voit bien d’où vient leur profit: non d’une prise de risque ou d’un talent particulier, mais bien du fait qu’elles profitent des taux bas consentis pour les aider par les banques centrales pour se refaire une santé, et ceci sans risque. Et non, au passage, pour soutenir ou relancer l’activité économique.

C’est exactement le comportement des cafetiers qui se mettent la baisse de la T.V.A. dans la poche au lieu de la répercuter aux clients comme promis.

A partir du moment où une activité se révèle particulièrement rentable, il est inévitable que ceux qui la mettent en œuvre souhaitent être associés à ce succès, c’est ce qu’on appelle une rémunération variable, ou bonus.

Pour tout ceux qui trouvent ces bonus obscènes, rappelons qu’ils sont nés du dégoût général pour de fortes rémunérations accordées à des cadres et dirigeants même quand leur entreprise se portait mal. La dissonance entre performance d’entreprise et rémunération individuelle est ce qui leur a donné naissance, de façon à ne rémunérer grassement que ceux dont les résultats le méritaient.

Et c’est donc par souci de moralisation, en l’occurrence pour s’assurer que les rémunérations soient en ligne avec les résultats que les bonus sont devenus une règle de bonne gestion. Comme on est loin de la polémique actuelle!

Car, en fait, c’est ce même principe qui a une fois de plus failli. Les banques ont perdu des montants pharaoniques tandis que certains bonus ont continué à être versés (33 milliards de dollars à Wall Street l’année dernière!!!). Et cette culture du bonus a entraîné des prises de risques inconsidérés avec les conséquences que l’on sait.

Au lieu de crier haro sur le baudet des bonus, mieux vaudrait réparer les deux digues qui ont sauté. D’une part revenir à cette nécessité qu’il n’y ait de bonus que quand les performances de l’entreprise sont bonnes, et ensuite que la maîtrise et la limitations des risques soient des contrepoids efficaces aux traders agressifs et carnassiers par tempérament. Ce n’est pas leur faute si leur management a totalement abdiqué…

Car un bonus virtuellement garanti, ce qui est le cas aujourd’hui, où les banques voudraient payer « pour ne pas désespérer leurs meilleurs éléments » et « les laisser partir ailleurs » (où donc y-a-t-il un foyer d’accueil ultra-luxueux pour traders talentueux mais en échec?) cumule les inconvénients d’être déconnecté des résultats de l’entreprise et en même temps de pousser au risque. La suggestion de Christine Lagarde de lier les rémunérations aux résultats sur plusieurs années est l’exemple de ce qui remettrait naturellement les choses dans une meilleure direction.

Et, pour revenir au début de l’article et au milliard d’euros provisionnés par la BNP, il concerne 17.000 personnes soit une moyenne de 60.000 euros par personne. On est loin de Wall Street et de ses traders multi-super-millionnaires à 30 ans. Et les résultats de la division de BNP Paribas ont été atteints pour ce premier semestre, avec un niveau de risque bas. Donc tout le monde est gagnant (État, qui est remboursé, actionnaires sont le cours de l’action monte, banque, dont les profits et les fonds propres se reconstituent, pays, qui touchera sa part sous forme d’impôts sur les bénéfices). Pourquoi les traders seraient-ils les seuls exclus quand, la plupart du temps ce ne sont pas eux qui ont failli?

Ces faits sont si élémentaires que tous ceux qui hurlent au retour des mauvaises pratiques savent parfaitement que ce qu’ils disent est aussi populiste et démagogique qu’irréaliste. Honte aux hypocrites! A soulever ainsi sur des bases fausses la colère du peuple, nous allons tous récolter la tempête! JusMurmurandi ne résiste pas à nommer parmi eux le talentueux Jacques Attali, sans doute trop plongé dans ses activités de micro-crédit et mobilisé par les souhaits de prix Nobel pour avoir bien considéré les conséquences de ses déclarations!

La crise du logement de fonction

août 3, 2009 on 12:59 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2007, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Certains emplois de fonctionnaires s’accompagnent d’une servitude qui s’appelle la « nécessité absolue de service ». Celle-ci s’assortit d’un logement de fonction, comme pour les concierges ou les préfets.

Un premier problème est que l’État est incapable de savoir de combien de ces logements on parle. Y en-a-t-il 94.000 ou 137.000? Seul l’Etat est capable (ou incapable) d’une telle imprécision. D’autant plus facilement que ce n’est pas « son » argent, mais celui des contribuables.

Un second problème, comme si le premier ne suffisait pas, est celui du loyer. Oh, le lecteur se doute bien que l’État est bonne fille pour ses loyaux employés, et que, comme la Ville de Paris notamment, il arrive que des loyers soit nettement plus bas que le prix du marché.

Oui, mais quand on lit que la somme des loyers collectés s’élève à 30 millions d’euros annuels alors que la valeur de marché est de 1,4 milliards, il y a de quoi hésiter entre le fou-rire et la crise de larmes. Et encore, ces valeurs ont-elles été calculées sur une base 2003, avant la forte hausse des valeurs locatives…

Un État qui ne sait même pas combien d’employés doivent satisfaire à une  » nécessité absolue de service », même pas à plus ou moins 50%, même pas à plus ou moins 40.000 fonctionnaires, cet État-là peut-il être respecté? N’est-ce pas le contraire même de la nécessité de service que de ne même pas savoir la comptabiliser?

Un État qui distribue une manne de 1.400.000.000 euros annuels (soit une moyenne de 14.000 euros par an et par bénéficiaire, ce qui n’est pas rien) sans transparence, sans équité, sans contrôle, sans fiscalité tout en ayant des des finances exsangues, cet État-là peut-il être efficace?

Bref, un petit exemple mais si révélateur des tares de l’Etat Français. Et révélateur aussi que la seule équipe qui ait la volonté d’y apporter un remède soit celle de Nicolas Sarkozy, après des décennies de confortable et démagogique incurie de droite et gauche réunies.

JusMurmurandi lui souhaite bien du courage

Brèves

août 1, 2009 on 4:39 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

AF447
L’agence européenne de sécurité aérienne a désormais donné l’ordre aux compagnies aériennes de remplacer tous les tubes de Pitot de marque Thalès par des tubes de marque Goodrich sur les Airbus de la famille A 330/340.

En ce qui concerne Air France, la compagnie nationale avait déjà décidé, à la suite de l’accident de l’AF 447, de remplacer les Thalès de modèle AA par des modèles BA plus récents, ce qu’elle fit dans les jours suivant l’accident.

Air France va donc devoir repasser à la caisse.

Cette décision de l’agence européenne laisse JusMurmurandi assez perplexe.

La famille d’avions concernée a effectué 13 millions d’heures de vol sans incident aucun et Airbus a célébré à juste titre la livraison du millième appareil de ces deux modèles ces jours derniers.

Alors pourquoi avoir pris cette décision alors que le BEA qui enquête sur l’accident brésilien affirme ne pas connaître les raisons mais tout au plus dire que si les Pitot ont pu jouer un rôle, ils ne peuvent être à l’origine de la chute de l’appareil qui serait elle due soit à une panne grave, soit à une erreur de pilotage ou à un cocktail de facteurs humain et technique.

Airbus a, par la voix de Tom Enders, déclaré haut et fort cette semaine vouloir trouver les raisons de l’accident qui a coûté la vie à plus de deux cents personnes et dépenser monnaie sonnante et trébuchante pour poursuivre les recherches dans l’Atlantique.

Si le BEA venait à conclure qu’il s’agit d’une erreur de pilotage, recommandera t il le remplacement de tous les pilotes A330-A340 chez Air France ???

New Fabris, tout ça pour ça ?

On connait l’affaire des salariés de cette entreprise qui est sous traitante dans l’industrie automobile qui dépose son bilan Ils réclament, en plus des sommes qui leur sont dues par la loi, 30.000 Euro de prime « extra légale ». Et menacent de faire exploser l’usine.

Les média nous abreuvent de détails, c’est Gavroche au 21ème siècle.

Finalement, l’affaire se « négocie » à 12.000 Euro, soit seulement presque un tiers de la demande initiale.

Tout ça pour ça, alors que les salariés auront entaché durablement leur curriculum s’ils veulent essayer de trouver un nouvel emploi ?

Pfizer, Nigeria, tout ça pour ça ?

En 2007, l’état du Nigeria attaque la société Pfizer pour avoir fait des recherches avec des ressortissants nigérians qui auraient abouti à des malformations sur 189 enfants et la mort de 11 d’entre eux, et réclame des dommages à hauteur de 7 milliards de dollars.

Cet épisode rappelle furieusement le terrible « Constant Gardener » de John le Carré dans lequel le préambule de l’auteur précise que ce qui est décrit dans le livre est en fait bien en dessous de la réalité.

Pfizer règle la note ces jours derniers et transige…à 75 millions de Dollars

Pour ce qui est du Nigéria, JusMurmurandi se demande comment on fait pour passer en deux ans de 7 milliards à 75 millions….

Pour ce qui nous concerne, JusMurmurandi observe avec suspicion le battage médiatique frénétique autour de la grippe mexicano/porcino/aviaro H1N1.

A aujourd’hui, environ 700 mors à l’échelle de la planète, deux mois sur les routes de France…

Et vous, êtes vous vraiment pressé de vous faire vacciner lorsque l’on ne connait pas les effets secondaires de ce que l’on vous injecte ?

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