Le gruyère n’est pas suisse, il est français !!

novembre 4, 2008 on 8:31 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | 2 Comments

Qui a inventé le célèbre fromage aux fameux trous ?

Les Helvètes ou les Français ?

On se souviendra en particulier de ce merveilleux album d’Astérix chez les Helvètes, dans lequel chacun s’y met de plus belle pour ne pas faire tomber son morceau de pain dans la fondue.

Mais la plus convaincante des réponses se trouve, une fois de plus dans la non application d’une loi en principe bonne pour tout le monde, la loi de modernisation de l’économie ou LME.

Un de ses chapitres se penche en détail sur les délais de paiement et prévoit un plafonnement des délais à 45 jours fin de mois ou 60 jours.

En effet, son objectif est d’améliorer la position de trésorerie des PME, qui sont souvent à la merci des grands groupes ou de la « grande distribution », dont le pouvoir de négociation est aussi important qu’il est menaçant.

Or la LME est là pour remettre tout cela à plat, et permettre au PME d’avoir une trésorerie plus forte.

Mais las, crise aidant, on voit toutes sortes de dérogations arriver, et en dépit du fait qu’elle devait entrer en vigueur le 1er janvier prochain, soit elle ne sera pas appliquée, soit ce sera un véritable…gruyère.

Les uns demandent des remises de prix pour compenser leur mise en conformité avec la loi (!!), les autres des participations aussi fictives que durement monnayées, d’autres encore de recourir à des filiales étrangères de leurs fournisseurs afin que la loi française ne s’applique pas, bref, tout est bon pour contourner la loi.

Et une fois de plus, une loi destinée à protéger, renforcer les PME va passer à la trappe, en particulier dans une période où leur trésorerie est considérablement fragilisée par un ralentissement aussi violent que soudain.

Comme disent nos voisins britanniques, la route vers l’Enfer est pavée de bonnes intentions.

Taser l’a tuer. Quand les morts pèsent plus lourds que les vivants…

novembre 4, 2008 on 8:27 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Selon la presse, un homme est mort dimanche à Calgary (Canada) « à la suite d’un tir de Taser, ce pistolet à décharge électrique réputé non mortel, et objet de controverse avec Oliver Besancenot notamment, qui conteste sa non mortalité.

Disons le tout de suite, JusMurmurandi n’a pas d’informations rigoureuses sur cette question, et se garde donc bien d’avoir une opinion. En revanche, ce qui est révélateur, est le traitement de l’affaire du Taser dans la classe politique et les média, et ce sur plusieurs points.

Il est possible que le tir Taser soit, en fait, un choc si violent que certains n’y résistent pas. Ce qui en ferait une arme moins létale que le pistolet, mais pas « 0 morts », comme on dit de la guerre « moderne » telle que la souhaitent ceux qui la font.

Cette comparaison avec la guerre n’est pas innocente. Car la situation de la police urbaine appelée à utiliser ses armes, qu’elles soient conventionnelles ou électriques, ressemble à une guerre. Une guerre civile, urbaine, limitée, mais une guerre. Où il arrive en plus que les forces de l’ordre soient armées de pistolets quand leurs adversaires, c’est-à-dire les forces du désordre, ont des Kalachnikov ou des Uzi, quand ce ne sont pas des lance-roquettes.

Il faut donc se demander non seulement si le Taser tue, mais aussi combien tuerait et combien blesserait gravement une arme conventionnelle utilisée si les forces de l’ordre n’étaient pas équipées de Taser, et faire le bilan. Comparaison militaire toujours: il arrive qu’une bombe à guidage laser soit larguée à tort en Afghanistan et massacre une innocente noce. Drame lamentable. Mais combien de noces ont été rasées aveuglément par les tapis de bombes « stupides » (c’est-à-dire avant qu’elles ne soient guidées) au Vietnam par exemple?

Sauf qu’aujourd’hui, nous voulons du « zéro mort ». Et que donc le Taser est en accusation. Comme aussi certains médicaments nouveaux qui se révèlent avoir, dans certains cas, des effets secondaires graves. Un exemple: l’Accomplia, médicament contre l’obésité. Il s’avère, si l’on en croit la presse, qu’il puisse conduire certains patients qui en prennent à une grave dépression. Ce qui contraint son fabricant, peu soucieux d’assumer de telles conséquences, à le retirer de certains marchés. Et personne ne se soucie de savoir combien de personnes auraient pu éviter un accident vasculaire mortel en perdant du poids grâce à cette nouvelle molécule pour faire non un compte des morts, mais un bilan des morts et des vivants. Infarctez en paix, ô obèses du monde entier, mais ne déprimez pas!

Ce qui revient à dire qu’un mort par Taser (toujours à supposer que cela soit le cas) « pèse » plus lourd qu’un vivant « sauvé » parce qu’il a reçu une décharge électrique et non un bon vieux pruneau de flingue en plein coeur. Et ce d’autant plus que, dans notre société où l’image est partout, un mort par Taser est bien visible, alors qu’un membre d’un quelconque gang descendu dans une fusillade, c’est à peine 3 lignes en page 9.

Peut-être faudrait-il fournir aux voyous, faute de les laisser faire absolument ce qu’ils veulent sans aucune opposition, ce qui serait le meilleur moyen de ne déplorer jamais aucun mort, de leur fournir gratuitement des Taser en remplacement de leurs armes. On peut imaginer que les forces de l’ordre soient tout de suite d’accord et ne protesteraient pas que le Taser n’est, peut-être, pas à 100% non létal…
Taser

La faute aux autres…

novembre 3, 2008 on 10:10 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

La crise financière révèle une étrange caste, dont les membres transcendent les nationalités, enjambent les frontières entre le public et le privé, entre l’individuel et le collectif, entre clients et fournisseurs, entre dirigeants et censément dirigés. Ce sont les nouveaux irresponsables.

Irresponsable, ce patron de banque (ils sont nombreux) qui reconnaît qu’il avait fini par ne plus comprendre les produits financiers si sophistiqués mis au point par ses cadres si intelligents et si extraordinairement bien payés et si bien vendus par sa banque, au point d’avoir rapporté de si gros profits générateurs de si confortables bonus.

Irresponsable, cet acheteur (ils sont des millions) qui signe un contrat d’emprunt immobilier à taux variable alors qu’il n’a aucune possibilité d’assumer une hausse de remboursements et que les taux d’intérêts sont très bas, donc beaucoup plus susceptibles de monter qu’autre chose. Ils sont nombreux, les emprunteurs insolvables à considérer que c’est la faute des banques.

Irresponsable, ce dirigeant de grande banque faillie qui considère que ce sont les circonstances exceptionnelles qui ont mises à mort sa banque, et non ses décisions de gestion. Ils sont nombreux, les dirigeants en échec qui considèrent qu’ils n’ont pas échoué.

Irresponsable, ce gestionnaire municipal britannique qui à confié ses capitaux à une banque islandaise qui lui verse une plus forte rémunération qu’une banque anglaise, avant que tout ne s’effondre. Il y en a pour 5 milliards de livres, ce qui fait de nombreux irresponsables, qui ne voient pas que leur forte rémunération était lié à un fort risque.

Irresponsable, ce gestionnaire municipal français qui a contracté des emprunts aujourd’hui qualifiés de « toxiques », soit parce qu’ils sont tout simplement à taux variable, auquel cas leur toxicité est très limitée et l’appellation avant tout démagogique, soit parce qu’ils contiennent des « produits structurés » (essentiellement des dérivés, options et autres), et, là, potentiellement très, très coûteux. Sauf que ces produits structurés ont, là aussi, été acquis pour permettre aux municipalités de payer moins cher leur crédit. Un crédit moins cher que le marché, cela veut dire que le risque n’est pas égal. Et un risque, cela peut se révéler toxique. Et maintenant, toutes ces municipalités oublient les avantages qu’elles ambitionnaient pour ne voir que les coûts, et blâment les banques, Dexia en tête.

Pour dire les choses simplement, la capitalisation boursière mondiale a baissé de quelques 30.000 milliards de dollars depuis mai 2008. Ces pertes, il faut bien que quelqu’un les ait subies. Ce sont les fonds de pension, les plans de retraité individuels, les 401K américains ou les PEA français, les portefeuilles des actionnaires de par le monde. Ce à quoi il faut ajouter les pertes opérationnelles des entreprises, banques et compagnies d’assurance en tête, mais pas seulement. Il semble par exemple que 10% des 7000 hedge funds mondiaux ne survivront pas, et que quasiment tous afficheront des pertes substantielles dues à la crise. Comme leur attractivité était fondée sur un rendement important, il faut bien qu’il y ait eu un risque important dans le montage, et ce risque, maintenant, se rappelle au bon souvenir de tous. Il faut enfin ajouter les pertes de tous les propriétaires immobiliers au monde, et, d’abord, ceux qui auront perdu leur maison dans la tourmente, ceux qui sont coincés par des crédits relais ruineux faute de pouvoir vendre leur bien pour refinancer une autre acquisition et tous les autres.

Bref, ces pertes sont proprement immenses. Et personne n’est responsable. Personne sauf « les autres ». Pour une fois, la langue française offre une possibilité unique pour décrire cette situation. Cinquante mille milliards de dollars, perdus à l’insu de leur plein gré…

Des déchets qui sentent bien mauvais..

novembre 3, 2008 on 9:46 | In France | Commentaires fermés

Quoi de plus normal pour les communs des mortels que de « faire son marché », autrement dit de faire ses courses, c’est à dire de mettre différents fournisseurs potentiels en concurrence ?

Eh bien, pour la Mairie de Paris, c’est un peu plus compliqué dans certains de ses arrondissements, car à la veille du congrès de Reims, les brodequins du Maire de Paris semblent être souillés par une sale affaire.

Une élue parisienne de l’équipe de Bertrand Delanoë a été mise en examen, pour, semble t il, ne pas avoir respecté les règles, et attribué des marchés de déchets et autres ordures ménagères en avantageant une société plutôt qu’une autre, qui aurait été moins disante…

En fait, les choses ne sont pas simples, car cela passe par la subvention d’un club de sport, bref de façon indirecte. Le Paris Levallois Basket aurait ainsi bénéficié de 200.000 Euro de subvention pour la saison 2007-2008.

Voici qui semble sentir aussi mauvais que les ordures ménagères sensées être ramassées par l’entreprise…

Et c’est ainsi que certains élus et autre membres de l’entreprise se sont retrouvés chez le juge.

Voilà qui fait désordre quelques jours avant le congrès du PS à Reims, qui, selon les sondages, devait être le sacre de Delanoë 1er….

A se demander qui a intérêt à faire les poubelles du Maire pour tenter de l’éclabousser ?

Martine, Ségolène, Benoit et les autres vont bien entendu se draper dans leur superbe pour soutenir Delanoë devant ce qui ne peut être qu’une odieuse campagne de calomnies….

Mais peut être cela suffira t il à l’empêcher de sabler le champagne et de donner la victoire à quelqu’un d’autre… Qui sait ?

Une chose est sûre, cette affaire, dans tous les sens du terme, n’est pas gratuite….

Fabu – Loeb !!

novembre 2, 2008 on 4:27 | In France, Insolite, International | 2 Comments

Légendaire, historique, extraordinaire, un Français de plus entre dans l’Histoire.

Sébastien Loeb, en occupant la troisième place à la quatorzième manche du championnat du monde des rallyes, le Rallye du Japon, devient, pour la cinquième fois consécutive, Champion du Monde des Rallyes.

Un succès sans précédent, une réussite unique, un parcours exceptionnel, arrivant même à battre les champions finlandais sur le propre terrain, le Rallye de Finlande.

Alors que nous avons, pour une bon nombre, les « patates au fond du sac » avec les nuages économiques qui s’amoncellent, Merci à Sébastien Loeb pour cette performance qui fait honneur au Tricolore.

Sébastien Loeb, JusMurmurandi vous adresse ses plus vives félicitations !!

Sébastien Loeb en pleine action

Sébastien Loeb en pleine action

Le PS est-il le miroir du système financier français?

novembre 2, 2008 on 8:10 | In France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Les banques françaises, comme toutes les autres d’ailleurs, ont un tel problème de crédibilité qu’il aura fallu que l’Etat intervienne massivement pour garantir des crédits interbancaires qui ne se faisaient plus, faut de confiance.

Le PS a-t-il un problème de crédibilité, inspire-t-il confiance aux Français? Les réponses sont assurément « oui » à la première question, et « non » à la seconde. Exactement comme les banques françaises.

Ne pas faire de crédit interbancaire permet à une banque de ne pas risquer de pertes, mais condamne avec certitude l’ensemble des banques et du système économique et financier. C’est pourtant ce « chacun pour soi » que les banques françaises ont adopté avant l’intervention de l’Etat.

Les candidats au poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste ont-ils adopté une politique du « chacun pour soi » en préparant leur propre motion pour le congrès de Reims au risque de perdre tout le PS dans une guerre interne totalement déphasée par rapport à la conjoncture et à l’état de l’opinion? Indiscutablement, exactement comme les banques françaises. Banques françaises, dont ils ont tous socialistes pour une fois réunis et d’accord, et c’est une exception en Europe, refusé de voter le plan de sauvetage à un tournant de notre histoire, alors qu’une crise sans précédent frappe le monde occidental.

En revanche, les candidats ne prennent pas la même voie pour tenter de prendre la première place.

Martine Aubry tente de s’allier toutes les fédérations locales, sachant que s’en faire des obligés, c’est se garnir un portefeuille d’obligations.

Bertrand Delanoë de son côté met en avant sa crédibilité non seulement comme premier secrétaire potentiel, mais, plus tard, et plus haut, comme candidat à l’Elysée. Il prend donc des engagements sur la qualité de sa signature.

Ségolène Royal, elle, s’efforce de suivre à la trace l’hyperactif Président Sarkozy pour, à chaque déclaration de celui-ci, en opposer une des siennes, encore plus ambitieuse. Ainsi sur la nécessité d’un ministère du développement économique commun franco-allemand, sur le besoin que l’Etat entre au capital des banques, ou aujourd’hui de refonder tout le système socio-économique, la social-démocratie étant dépassée. C’est dans ces propositions d’actions qu’elle espère faire fructifier les voix de mai 2007 qui, pense-t-elle, la légitiment dans son rôle de première opposante de France.

Si l’on en croit ce qui est arrivé au système financier international, les cours des actions se sont effondrés. Ce qui n’augure rien de bon pour Mme Royal.

Les engagements par signature d’institutions réputées en ont causé la faillite, telles Lehman, ou la perte, telle AIG, Fanny Mae ou Freddy Mac. Ce qui n’augure rien de bon pour Bertrand Delanoë.

En revanche, les obligations ont fructifié en ces temps de fuite vers la qualité et de baisse des taux d’intérêts. Ce pourrait être tout bon pour Martine Aubry.

Encore faudrait-il que, comme un système bancaire dont les acteurs continueraient de « jouer perso », la victoire de l’un ou de l’une ne soit pas la défaite de tous, certains partant pour rejoindre Besancenot, et d’autre Bayrou.

Les socialistes se donnent le droit de s’entre-déchirer maintenant malgré ce risque, certains que, comme à chaque fois par le passé, les mécanismes de compromis interviendront à temps pour permettre la survie du système PS.

Demandez donc aux financiers si faire confiance aux mécanismes qui ont toujours fonctionné par le passé est un bon moyen d’éviter la crise et le risque d’implosion du système. Comme, en outre, ils ont refusé de voter le plan de sauvetage des banques françaises, qui les sauvera, eux, quand leur temps sera venu?

Paris est-elle Varsovie, Santiago, Caracas ou La Havane ??

novembre 1, 2008 on 7:16 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermés

« Grève irresponsable ! »

« Bataille purement corporatiste pour empêcher la réduction des effectifs du syndicat, qui a été désavoué par sa fédération ».

« Grève minoritaire hors de toute norme syndicale ou du droit syndical »

« Les grévistes utilisent la force et la violence, n’hésitant pas à menacer physiquement et à casser. »

Les camions sont attaqués, les personnes qui distribuent sont en danger ».

Voici un florilège de citations qui relatent un évènement « historique ».

Et où se passe tout ceci ?

Au Vénézuéla d’Hugo Chavez, à Cuba sous Castro, au Chili sous Allende, en Pologne sous Jaruzelski ?

Non, tout simplement en France, en 2008 s’il vous plaît.

Cette semaine pour être précis.

Aux Messageries parisiennes (« NMPP »), bastion CGT puisque, fait unique en France, il faut être syndiqué à la CGT, dans sa branche livres pour pouvoir y travailler, comme depuis des décennies, au mépris de la liberté individuelle.

Les NMPP ont décidé de faire un plan pour améliorer la productivité et donc de réduire les effectifs.

Mais sur une base du volontariat, et en accordant une Indemnité de départ à ceux qui sont volontaires allant de 200.000 à 300.000 Euro par salarié (on se croirait dans la finance américaine – voir notre article intitulé « Le sida bancaire »).

Mais comme le syndicat monopoliste ne supporte pas de voir le nombre de ses adhérents baisser, il est prêt à tout. Même à la violence.

Dans l’indifférence totale, si ce n’est la présence de la police lorsqu’un des « adhérents » à commencé à s’attaquer à l’immeuble des NMPP à la masse pour briser les vitres….

Mais que font la police et la justice ?????

George Bush est-il le roi Dagobert?

novembre 1, 2008 on 6:23 | In Best of, Coup de gueule, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Le roi Dagobert est connu de tous les enfants pour avoir mis sa culotte à l’envers. Et, se faisant, il passe pour ce qu’il faut bien appeler un débile.

A l’heure où s’achève le mandat de George Bush, car, même s’il continuera d’exercer sa fonction pendant encore de longues semaines, la tradition veut qu’il ne prenne pas de décisions majeures pendant cette période de transition, JusMurmurandi se dit que George Bush va s’insérer dans l’histoire à côté de son illustre prédécesseur, dont les lumières ne lui permettaient même pas le bon usage de ses sous-vêtements. Voici pourquoi:

George Bush a été élu comme président sur un programme républicain très conservateur: moins d’État, moins de régulation, moins d’impôts. Des finances laissées, pour l’essentiel, aux citoyens et non à des mécanismes collectifs. Un État fort sur les plans militaire et diplomatique.

Qu’en est-il, 8 ans après?

George Bush a hérité de son prédécesseur, Bill Clinton, un budget en large excédent, au point qu’il était devenu possible d’espérer que la dette américaine, longtemps une ombre menaçant la stabilité du système financier international, soit remboursée. Soit dit en passant, la simple mention de la dette américaine comme menace fait sourire avec amertume tant nous n’en sommes plus là… Par rapport à cela, George Bush laisse un déficit abyssal, et ce, avant même que la crise économique et le plan Paulson de renflouement des banques ne le creusent encore massivement. Ce qui, inévitablement, promet aujourd’hui les hausses d’impôts de demain, à l’envers de son credo politique.

George Bush a hérité de son prédécesseur une Amérique appréciée sur le plan international, qui a contribué à la paix en Irlande du Nord, à la paix dans les Balkans (quoique…) et failli réussir un improbable accord de paix entre Palestiniens et Israéliens. Aujourd’hui, l’Amérique est tout simplement le pays le plus détesté du monde pour la guerre d’Irak. Même ses alliés historiques, tels la France ou le Canada se sont abstenus de la suivre dans cette aventure. La coalition rassemblée avec brio par George Bush père pour la première guerre d’Irak n’a pas pu être reformée, et, si la guerre proprement dite a été gagnée, la paix ne semble pas envoie de l’être. Ceci au prix de centaines de milliers de morts irakiens, de milliers de morts américains, de 1500 milliards de dollars. Et cette Amérique, embourbée en Irak comme dans un nouveau Vietnam, a perdu respect et crédibilité

George Bush a hérité de son prédécesseur d’une économie en bon état, prospère et en croissance. Il laisse une crise dont les seules questions qu’on se pose à son endroit sont: quel est l’aspect le plus grave, le financier ou l’économique, et va-t-elle détrôner la crise de 1929 comme la plus grave de l’Histoire? Le plus invraisemblable de cette récession dont on voit seulement poindre le début est que c’est l’État américain qui aura du sauver la mise des banques et du système financier, au prix d’une intervention sans précédent, New Deal rooseveltien y compris. George Bush le libéral aura présidé au plus grand retour de l’État de l’Histoire américaine….

George Bush a hérité de son prédécesseur une Amérique dont les institutions et les libertés civiles faisaient l’admiration du monde libre et servaient souvent d’exemple. Pour cause de guerre au terrorisme, son administration les a démantelés, y compris des piliers comme l’habeas corpus. Et alors que les conservateurs texans religieux, dont le Président fait partie, ont une vision quasi satanique de l’Etat, celui-ci est maintenant libre de rentrer au plus profond de l’intimité des citoyens sans même de décision de justice. Sans parler de Guantanamo, zone de non-droit exemplaire de tout ce qu’il ne faut pas faire, de la pratique de la torture légitimée par cette administration, du vice-Président Cheney, âme damnée de son patron, qui défie le Congrès en prétendant qu’il n’appartient pas à l’Exécutif et autres énormités.

Le lecteur aura remarqué que JusMurmurandi ne porte pas au débit de ce triste Président ni le 11 septembre ni la guerre en Afghanistan. Car, s’il y a tous ces héritages positifs de Clinton, il en a aussi hérité Osama bin Laden, ce qui n’est pas vraiment de sa faute. Ne pas avoir réussi à lui régler son compte n’est pas, en revanche, un grand succès…

Bref, sur ces 4 points fondamentaux que sont la place de l’Amérique dans le monde, l’état de ses finances et les impôts, son économie et le rôle que l’Etat y joue, la vie citoyenne et les institutions, la présidence de George W. Bush aura combiné des résultats exécrables et le recours à l’exact inverse de ce qu’il prêchait pour se faire élire. Vous me direz, quel rapport avec le roi Dagobert et son usage en matière de sous-vêtements?

C’est que, non content de tout faire à l’envers, George W. Bush est arrivé au pouvoir fort de certitudes simples et dénuées de toute modération. C’est ce qu’on appelle être culotté. La série de défaites qu’aura subies son pays sous sa présidence sont ce qu’il faut bien appeler, même si l’on aime, et peut-être surtout si l’on aime les Etats-Unis, dont l’Histoire ne saurait se résumer à un seul Président, une forte déculottée. Et les renoncements idéologiques auxquels il aura été contraint de vive force, sont autant de cas où il aura baissé culotte.

Ce qui conduit la première puissance du monde à une situation quasi-crépusculaire. Sans argent, sans beaucoup d’amis, sans fondements solides au moment d’affronter les défis qui l’assaillent. Cela s’appelle être en petite culotte.
George Bush

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