Adecco ad hoc et Pôle Contre-Emploi
avril 28, 2009 on 7:01 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermésLa situation est simple: il y a aujourd’hui une forte augmentation du chômage en France. De ce fait, il faut plus de gens pour « traiter » les chômeurs. Les inscrire, les recevoir, les conseiller, les aider à retrouver un emploi, leur verser des indemnités. Ce sont les missions confiées à ce qui s’appelaient l’ANPE et les ASSEDIC, aujourd’hui fusionnées dans Pôle Emploi.
Comme il y a, donc, une forte augmentation du nombre de chômeurs, il y a une forte augmentation de la charge de travail à Pôle Emploi, qui n’est pas en état de l’assumer. D’où des personnels surchargés, des dossiers et des gens en attente, bref l’Administration sous son mauvais visage, tant pour ses employés que pour les administrés.
Dans le même temps, s’il y a plus de chômage, c’est qu’il y a moins d’emploi, comme eût dit M. de la Palice. Et quand il y a moins d’emploi, les premiers à en pâtir sont les emplois intérimaires, dont la suppression ne coûte quasiment rien, à la différence d’un plan social et de licenciements. De ce fait, les agences d’intérim, face à un marché en baisse de quelques 40%, ont des personnels notoirement sous-employés.
C’est là qu’intervient François Davy, Président de la société d’intérim ADECCO, et c’est aussi simple que 2 plus 2.
Les personnels des sociétés d’intérim connaissent bien le marché de l’emploi et les entreprises, puisque placer des gens est leur gagne-pain quotidien. Pôle Emploi n’a pas assez de personnels pour tenter de placer tous les demandeurs d’emploi. Adecco et ses confrères ont trop de gens par rapport au travail à réaliser.
D’où l’idée de François Davy que Pôle Emploi « fasse appel » (vous noterez le recours aux guillemets) aux sociétés d’intérim pour les aider à placer plus de demandeurs d’emploi.
Ce qui aurait en outre l’avantage d’éviter que ces sociétés d’intérim ne recourent à des plans sociaux massifs pour s’alléger de leurs propres personnels inoccupés.
C’est du bon sens à l’état pur.
Çà n’a donc aucune chance d’arriver. Ou, au mieux, trop tard, compte tenu du nombre incalculable d’obstacles à surmonter, corporatistes aussi bien qu’administratifs.
Les syndicats de personnels de Pôle Emploi qui hurleraient à la privatisation déguisée et rampante de leur métier, aux cadeaux faits aux patrons, à la casse du service public. Les personnels eux-mêmes qui ne voudraient surtout pas qu’on leur enlève leur surcharge qui leur permet de se plaindre, de n’être pas responsables du chaos et de négocier, le moment venu, des avantages sonnants et trébuchants. La gauche qui démontrera le manque de moyens pour ce service vital, et dénoncera la catastrophique fusion ANPE ASSEDIC. Et surtout, personne n’a envie que qui que ce soit puisse comparer les performances du service public (Pôle Emploi) avec celles du privé (sociétés d’intérim).
Si vous vous demandez quel est donc le mal français, en voici un bon exemple.
Dans le même temps, l’Administration Obama mène tambour battant la tentative de restructuration de l’automobile américaine. Il faut obtenir des concessions des syndicats en contre-partie d’actions de Chrysler et GM, et donc transformer les ouvriers en actionnaires. Il faut transformer les créanciers en actionnaires, en contrepartie d’abandons de créances. Le tout largement financé par de l’argent public. Le mélange des genres est complet, dans l’espoir de servir l’intérêt général.
L’intéret général aux USA, censément ultra-libéraux, et les intérêts catégoriels en France, théoriquement détentrice d’un modèle social exceptionnel et compassionnel?
JusMurmurandi compare et pleure.
N’est pas Joffrin qui veut, même pour (la) Libération
avril 27, 2009 on 7:14 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, Poil à gratter | 2 CommentsJules Joffrin, homme politique du 19ème siècle qui a sa station de métro à Paris dans le 18ème arrondissement, a courageusement combattu pour la France lors de la guerre de 1870 contre la Prusse.
Il est élu en 1889 comme parlementaire socialiste.
Est ce le point qui le fait ressembler à Laurent Joffrin, Rédacteur en Chef du journal Libération ? Sont ils parents ? JusMurmurandi ne sait répondre à cette question.
Par contre tous les deux sont des combattants.
Laurent utilise sa plume acerbe pour combattre l’ennemi du moment, Nicolas Sarkozy.
Ainsi il l’attaque bille en tête en janvier 2008 lors de la cérémonie des vœux à la presse du Président de la République.
Et cela se passe mal, car la question, audacieuse, impertinente, exagérée, outrancière même suscite une réponse cinglante du Président de la République.
Ecoutez plutôt.
Nicolas Sarkozy Liberation Reglement de Comptes
On comprend dans ces conditions que Laurent Joffrin ait voulu se venger de cette humiliation publique, devant 600 confrères du monde entier.
Il est patient, Laurent Joffrin, attendant jusqu’en avril de cette année, pour « se faire » le Président.
Et il tient son scoop.
En off, Nicolas Sarkozy, d’après les témoins présents (JusMurmurandi n’y était pas…), répondant à Henri Emmanuelli qui disait que José Luis Zapatero n’était pas très intelligent, lui aurait dit que si c’était le cas, au moins il avait le mérite d’avoir été élu deux fois, alors que l’on connaissait des personnes elles réputées comme très intelligentes qui n’étaient pas arrivées au deuxième tour de l’élection présidentielle.
Et Joffrin de mettre en première page de sa feuille de chou et sans avoir été présent lui même que Sarkozy jugeait Zapatero comme pas très intelligent.
Et la presse espagnole de reprendre la chose à la veille d’une visite dite d’Etat (donc de la plus haute importance) du Président à Madrid.
Zapatero est un homme subtil. C’est ainsi qu’il fait remettre à Sarkozy la plus haute décoration de l’Espagne à son « ami ».
Probablement aussi pour remercier la France dans son aide efficace à combattre l’ETA, ou encore pour avoir soutenu la participation de l’Espagne au G20.
Toujours est il que cette marque d’amitié arrive à point nommé pour faire dégonfler la baudruche Joffrinienne reprise par la presse espagnole.
Car pour ce pauvre Monsieur Joffrin, JusMurmurandi ne peut qu’éprouver sympathie et compassion.
Etre de gauche et travailler pour un Rotschild, déjà cela doit être difficile.
Mais rien à côté du fait que Libération, et malgré tout le « talent » de Laurent Joffrin, reste chroniquement déficitaire.
En 2009, après un exercice 2008 à nouveau en perte, le journal en est donc réduit à faire appel au fond de soutien (de 600 millions d’Euro) à la presse quotidienne mis en place…par Nicolas Sarkozy.
Pauvre Laurent Joffrin, comme cela doit être dur, pénible, humiliant de devoir mendier de l’argent à celui que l’on semble haïr avec passion !

Laurent Joffrin
Tapie à la Société Générale?
avril 27, 2009 on 9:06 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermésCe matin livre son lot « d’informations » boursières, avec le pourcentage habituel de rumeurs, les quelles font décaler les cours à la hausse ou à la baisse, selon leur orientation. Mais pas selon leur crédibilité.
Car la première rumeur concerne une possible prise de contrôle du Club Méditerranée par Bernard Tapie. Or celui-ci a beau avoir touché un chèque pour solder son roman-feuilleton avec le Crédit Lyonnais, celui-ci se monte à 40, voire 80 millions d’euros pour les plus optimistes. Or le Club Med, c’est plus, beaucoup plus. Malgré une baisse de plus de 70% du titre, sa capitalisation boursière est « encore » de 227 millions d’euros. Donc trop cher pour Tapie, sauf pour lui à monter une opération avec fort effet de levier comme il l’avait fait « à l’époque » pour Adidas. Sauf que l’époque a changé, les banques sont terriblement frileuses pour cause de crise. Imaginer qu’elles prennent des risques pour financer avec levier une prise de contrôle du sulfureux Tapie sur le Club Med, qui lui-même ne va pas fort pour cause de crise mondiale, ce n’est plus du levier, mais bel et bien de la lévitation…
En attendant, fort de cette rumeur, le cours de l’action Club Med prend 10% à l’ouverture du marché. Merci Nanard!
Rumeur en sens inverse à la Société Générale. Libération, dans un article long et documenté, indique que sa filiale SGAM AI aurait perdu entre 5 et 10 milliards d’euros sur une prise de risque massive, à contretemps du marché. Et accuse ni plus ni moins la banque d’avoir caché et maquillé ces pertes dans ses comptes. La banque, bien évidemment dément et dit que le journaliste confond tout. En attendant, le titre SocGen baisse nettement plus que le marché aujourd’hui.
Comme quoi, comme au Club Med, la rumeur fait le prix en dehors de toute histoire de crédibilité. Car, que la banque ait perdu entre un et deux Kerviel sur des investissements très risqués, c’est possible. Ce sont eux après tout, qui ont donné au monde le Kerviel comme unité de comptes de pertes bancaires (un Kerviel, JusMurmurandi le rappelle,vaut aux alentours de 5 milliards d’euros. Ou plutôt, il ne les vaut pas, il les coûte, ce qui n’est pas la même chose). Cela signifierait la porte pour Bouton, Oudéa et quelques autres, un renforcement de l’Etat au capital, mais enfin ils ne seraient pas seuls dans une galère pareille.
Mais en revanche, que la banque maquille sciemment ses pertes et ses comptes pour de tels montants, c’est plus improbable. D’abord parce qu’alors, la porte pour les dirigeants ne serait plus seulement celle de la banque, mais aussi celle du quartier VIP de la Santé. Et que cela mettrait en cause les auditeurs et instances de contrôle, qui sont, par les temps qui courent, encore plus frileux que des banquiers au moment de prêter à Bernard Tapie pour qu’il prenne, à crédit, le contrôle du Club Med.
Bref, JusMurmurandi ne croit pas vraiment aux deux informations qui font l’objet de rumeurs.
Mais, puisqu’il suffit d’en lancer une pour lui donner une réalité, et puisque la rumeur Tapie fait remonter le cours du Club Med, qui en a bien besoin, et que celui de la Société Générale en a aussi besoin., il est logique de dire que Tapie va prendre le contrôle de la Société Générale. Il ne fait pas partie de l’establishment, ce qui lui permettra de « faire le ménage » sans indulgence corporatiste ou élitiste. Il va remotiver les troupes. Il va occuper le devant de la scène médiatique. etc… etc…
Maintenant il n’y a plus qu’à attendre la remontée du titre Société Générale…. dont JusMurmurandi ne possède aucun, bien entendu….
Mexico, Mexico !!
avril 26, 2009 on 10:10 | In Coup de gueule, Economie, International, Poil à gratter | Commentaires fermésTitre d’une chanson de Luis Mariano, le nom du pays juste au sud des Etats Unis (NDLR JusMurmurandi dit cela pour être plus précis que l’AFP, qui situe Gênes au Nord Est de l’Italie à l’occasion de l’atterrissage d’urgence d’un avion d’Air France ) est sur toutes les lèvres.
Car le proverbe bien français « tout est bon, comme dans le cochon ! » ne semble pas se vérifier en ce moment avec la possible arrivée de la grippe porcine au pays des Mayas.
Dans la mesure où nous sommes juste au début d’un phénomène médiatique classique qui se ressemble à s’y méprendre à la tirade de la calomnie extraite du Barbier de Séville (« la calomnie est une venticelle » etc.), JusMurmurandi est curieux de voir si, une fois de plus tout ceci se révèlera aussi insignifiant que l’épidémie de SRAS ou tout aussi terrifiant que la vache folle ou encore la fusion du réacteur de Tchernobyl.
Une chose est sûre et certaine : on va entendre tout et son contraire.
Un avantage pour les média, le phénomène se situe juste à côté de la plus grande force de frappe médiatique mondiale, berceau de CNN etc.
Quelle meilleure caisse de résonance.
Certainement mieux que le Tsunami qui avait fait 200.000 victimes mais dont l’épicentre était tellement loin du monde occidental que quelques semaines après, on en était revenu à nos petits tracas quotidiens.
Un bon exemple bien hexagonal de cette outrance est la disparition de ce jeune homme de 17 ans à Bergues (« Bienvenu chez les Chtis » nous voici).
Gros titre de tous les JT hier soir. Mais quelle que soit l’angoisse bien compréhensible de la famille, on parle d’un seul individu.
Pendant ce temps là d’autres personnes disparaitront d’accidents cardiaques ou automobiles à une « fréquence » supérieure sans susciter aucun émoi de nos présentateurs et rédactions.
D’autre part, une « bonne » pandémie viendrait à point nommé.
D’abord cela donne l’occasion de parler d’autre chose que de la crise dont on nous saoule à tel point que l’on en creuse la profondeur, tellement les Français, les Européens sont tétanisés à l’idée de dépenser, aggravant le mouvement initié par nos banquiers guidés par les deux mamelles que sont Avidité et Cupidité.
Ensuite, cela pourrait nous éviter une éventuelle toute aussi « bonne » guerre.
Car quoi de plus efficace pour faire redémarrer la machine économique que des commandes massives d’armement remettant en marche un pan de l’économie mondiale, et recréant par conséquent de nombreux emplois.
Surtout au moment où Obama semble prendre des décisions courageuses en arrêtant la gabegie de son prédécesseur sur des programmes aussi coûteux que le F22 Raptor, et refusant par exemple de commander une nouvelle tranche d’appareils au delà de la première commande de 185 avions. A plusieurs dizaines de millions de Dollars l’aéronef, c’est significatif.
Donc si cette pandémie qui nous fait dès maintenant retenir notre souffle (elle se transmettrait par la respiration, notez le conditionnel) se révélait fondée, elle permettrait de résoudre bien des soucis, et ferait les choux gras de nombreux pans de l’économie, à commencer, au delà des média, à l’industrie pharmaceutique, où la France heureusement pour elle à des atouts en main.
Alors, nouvelle catastrophe planétaire ou soufflé médiatique qui retombera ?
Il semble en tout cas que les premiers cas de grippe porcine soient avérés dans le Queens à New York….
Affaire à suivre donc.
D’ici là, écoutons cette merveilleuse aria de la calomnie du Barbier de Séville telle que mise en musique par le grand maître Rossini.
La musique adoucit les mœurs, comme chacun sait…
Chiffres impensables
avril 25, 2009 on 7:39 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermésChine
En mars, le marché des voitures neuves en Chine a absorbé 735.000 voitures, et le marché américain « seulement » 657.000, ce qui fait du marché chinois le premier de la planète. Autant pour ceux qui pensent que la Chine est tout juste bonne à produire à bas coûts pour l’exportation, car ces voitures sont toutes pour le marché intérieur.
Espagne
L’Espagne a atteint 4.000.000 de chômeurs en mars, soit un taux de 17,6% de la population active. Un taux jamais vu depuis 1976. Pour relativiser ces chiffres, ce sont des chômeurs plus nombreux que partout ailleurs en Europe occidentale, dont l’Espagne n’est « que » le 5e pays, y compris qu’en Allemagne, qui a pourtant une population quasiment double. L’augmentation du nombre de chômeurs en 12 mois, soit 1,84 millions de plus est, à elle seule, quasiment l’équivalent des deux tiers du chômage total en France. Il est à noter que l’Espagne, portée par les investissements étrangers et une frénésie immobilière, a eu une croissance sur 20 ans très supérieure à la moyenne de l’UE. Imitant en cela l’Irlande, surnommée le « tigre celtique ». Il semble bien que la ressemblance en phase de haut de cycle continue en phase descendante (on a envie de dire plongeante).
France
L’inflation devrait être négative sur 12 mois en France pendant quelques mois (elle n’est déjà plus que de 0,6%). Ceci sera du avant tout à la baisse du prix des matières premières, mais aussi aux efforts de tous les producteurs et distributeurs pour accrocher les clients à l’aide de prix « sages ». Une inflation négative, c’est du pouvoir d’achat pour tous, ce qui devrait en toute logique réjouir les Français. C’est aussi une opportunité mathématique de baisser le SMIC, ou de ramener à 0 la rémunération du livret A. Parions qu’aucune de ces 3 possibilités ne se matérialisera.
Mexique
Une grippe porcine a déjà fait 60 morts humains. On se souvient de la grippe aviaire, et son virus H5N1. Le virus d’origine porcine est beaucoup moins souvent mortel, mais il a un « avantage » dramatique: la contamination interhumaine, d’homme à homme. Ce qui fait que, en dépit de sa plus faible morbidité que le H5N1, le nombre de morts croît beaucoup plus vite qu’avec la grippe aviaire, qui ne se transmet qu’au contact d’oiseaux infectés. On se souvient aussi des milliards de dollars dépensés pour prévenir une pandémie planétaire issue de cette grippe aviaire, à la mesure de la grippe espagnole qui, dans les années 20 avait tué plus que la première guerre mondiale. Se prémunir contre la grippe aviaire et succomber (ce n’est heureusement pas encore le cas, mais l’OMS se déclare « très inquiète ») à une grippe porcine, cela ne vous rappelle pas la situation des marchés financiers, qui croyaient se prémunir contre le risque grâce à tous les nouveaux produits dérivés, structurés et autres, mais qui au contraire se sont révélés toxiques?
Histoire de famille et reprise économique
avril 24, 2009 on 5:14 | In Best of, Economie, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermésTout ne va pas pour le mieux dans le monde de l’automobile, tous les lecteurs de JusMurmurandi le savent. La faillite, possible à tout moment, tant de Chrysler que de General Motors, qui fut si longtemps la première entre prise mondiale, montre à quel point, dans ce métier, et sous le coup de la crise, il faut maintenant penser l’impensable et supporter l’insupportable.
Mais il arrive que, alors que la situation s’apparente à une tragédie grecque, elle débouche en fait sur une comédie de boulevard. C’et le cas pour le roman-feuilleton entre Porsche et Volkswagen (VW).
Toutes deux sont issues du travail du légendaire ingénieur Ferdinand Porsche. Volkswagen, qui signifie « voiture du peuple » fut créé par Adolf Hitler pour permettre à chaque allemand d’acheter sa voiture. Ce fut la légendaire « coccinelle » d’après-guerre, issue du projet nazi. Tandis que l’homme, après quelques soucis de dénazification, remonta une entreprise qui porte son nom pour vendre, au départ, des coccinelles modifiées pour aller plus vite. La Porsche 911, voiture symbole de la marque, est encore aujourd’hui l’héritière directe, quoique lointaine, de la coccinelle.
Volkswagen et Porsche ont eu au fil du temps, et quoiqu’étant indépendantes l’une de l’autre, de multiples projets de co-opération, comme les modèles 914 ou 924. Aujourd’hui encore, le gros 4×4 Porsche Cayenne est le cousin germain du VW Touareg.
Jusqu’ici on est dans l’industrie. Mais les choses basculent dans la finance quand Porsche, beaucoup plus petit mais très rentable fabricant de voitures de sport, monte au capital du géant Volkswagen, qui a failli devenir début 2009, à la faveur des déboires de GM et Toyota, N°1 mondial. Rien que ça! Et en 2008, après des péripéties boursières qui ont conduit à des mouvement invraisemblables sur les cours de bourse des deux entreprises, Porsche prit le contrôle de VW. Lilliput avait bel et bien terrassé Gulliver. Et la famille Porsche, qui contrôle le capital de la société éponyme, mit la main sur la création du grand-père.
Le problème, c’est que c’était en 2008. La crise est maintenant passée par là. Porsche s’est endettée massivement pour acheter VW, et ce n’est pas heureux par les temps qui courent. Surtout quand votre produit est une voiture de sport voyante, très appréciée des Golden boys de la finance mondiale, pas exactement sur le segment de clientèle qui ait le vent en poupe….
Des rumeurs ont commencé à circuler sur les difficultés supposées de Porsche pour rembourser les emprunts contractés pour racheter VW. D’autant que la possession de la majorité du capital ne leur donne pas tous les pouvoirs, VW étant régi par une loi qui porte son nom et date des années 60 pour en garantir le contrôle à l’Etat de Basse-Saxe, quoiqu’il ne détienne que 20% du capital. Cette loi a pourtant été déclarée illégale au regard de la législation européenne, mais est toujours en vigueur.
Aujourd’hui les marchés font état d’une rumeur de rachat de Porsche par… Volkswagen. L’arroseur arrosé en quelque sorte. Ceci en ferait pas grande différence sur le plan industriel, puisque, de cette façon comme de l’autre, les deux bébés de Ferdinand Porsche, celui de l’Allemagne nazie et celui du plan Marshall, seraient bien réunis.
Là où se ferait la différence, c’est que le Président du conseil de Surveillance de Volkswagen est Ferdinand Piëch, petit-fils de…Ferdinand Porsche, et chef de file du groupe d’actionnaires familiaux de Porsche! On nage en pleine consanguinité…
Si, donc, le rachat de Porsche par Volksagen satisferait le goût de la démesure industrielle à connotation luxueuse de Ferdinand Piëch, qui a réuni autour de Voslkswagen les marques Bentley, Lamborghini et Bugatti en plus d’Audi, de Skoda et de Seat, cela ne ferait pas les affaires de la famille Porsche, qui passerait du rôle d’actionnaire de contrôle du très rentable Porsche (crise mise à part) à celui d’actionnaire anonyme du géant VW géré par le cousin.
Et les rumeurs de bagarre familiale entre cousins ont fleuri sur ce terreau digne de Sophocle.
De cette affaire, JusMurmurandi tire une conclusion.
Dans les affaires de fusions, ce n’est pas la logique industrielle qui est le critère déterminant de la réussite tant que le bon timing. Ainsi, tous ceux qui ont procédé à de grosses acquisitions en 2008 on vu leur valeur s’effondrer. Royal Bank of Scotland et ING ont mordu la poussière pour avoir acheté ABN-AMRO au mauvais moment et au mauvais prix. Les oligarques russes Potanine et Deripaska ont vu leur fortune s’envoler pour avoir racheté les actions de leur collègue Prokhorov au prix fort juste avant l’effondrement des cours des matières premières. Wendel, la holding familiale, est estropiée par sa participation massive dans Saint Gobain. Le fonds américain Cerberus va devoir déposer le bilan de Chrysler, qu’il a racheté à Daimler pour le redresser…
En revanche, ceux qui, ayant attendu que la crise fasse s’effondrer les cours, pourront procéder à des acquisitions à bas prix pourront faire des affaires formidables. Ainsi Microsoft pourrait racheter Yahoo! pour le quart du prix de Yahoo! a orgueilleusement refusé il y a moins de deux ans…
A ceux parmi les lecteurs de JusMurmurandi qui se demandent quand se terminera la crise, la réponse est justement de regarder quand ces acquisitions se multiplieront. Car elles indiqueront à la fois la confiance revenue des dirigeants et la capacité des marchés à les financer.
Confiance des acteurs et santé des marchés sont les deux mamelles de la reprise eût dit ce bon Sully…
Droit, Travail, Justice, ou média ?
avril 18, 2009 on 4:49 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2007, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermésJustice ou média, Christine Albanel est elle Evo Morales ?
Christine Albanel, Ministre de la Culture, a déclaré que son texte emblématique, la loi Hadopi pour la protection de la création artistique et Internet, sera voté, faute de quoi elle démissionnera.
Evo Morales, Président de la République bolivarienne a récemment fait une grève de la faim au motif que le Parlement refusait de voter une loi électorale qui doit réglementer le vote des Boliviens à l’étranger, ou encore le nombre dévolu aux minorités indigènes (dont est issu Morales NDLR).
Christine Albanel fera t elle une grève de la faim si la loi HADOPI n’est pas votée ? Ce serait autrement plus spectaculaire que de rendre son tablier, et plus embarrassant pour les Karoutchi et autres Copé, qui visiblement jouit de pouvoir jouer les trublions face à Nicolas Sarkozy.
Mais revenons-en au fond de l’affaire, le découpage électoral (oui, vous avez compris, le fond de l’affaire bolivienne, pas la loi française sur laquelle JusMurmurandi s’est déjà prononcé.)
Car en France aussi la question du découpage électoral est à l’ordre du jour. Pour fusionner quelques régions entre elles (33 circonscriptions disparaîtraient dans l’état actuel du projet), afin de réduire les coûts de fonctionnement. Car qui dit région dit coûts fixes à chaque fois. Donc moins de régions égal moins de frais (de gâchis ???), donc (peut être ???) moins d’impôts…
Alain Marleix, Secrétaire d’Etat à l’Intérieur, est en charge du dossier.
Si le PS n’est pas d’accord, Martine Aubry est elle prête à faire la grève de la faim ?
Pour JusMurmurandi, elle est prête !
Droit, Travail, Justice, ou média ?
Les Français assistent à chaque journal télévisé à une noria de salariés en colère qui prennent de ci de là des dirigeants de sites ou d’entreprises en otages.
Ceci est contraire au mot Liberté qui s’affiche au fronton des bâtiments publics, au sens de la liberté d’aller et venir.
Hier, fait exceptionnel, on a vu la Justice condamner les salariés qui ont établi un piquet de grève à l’entrée de l’usine Caterpillar, car ils empêchent ceux qui veulent aller travailler de se rendre à leur poste.
Et les chaînes télévisées, y compris les chaînes publiques prétendument sous contrôle présidentiel, de diffuser des images des salariés, condamnés de ne pas avoir respecté le Droit, hurlant à la mort: non défense des petits face aux puissants, que cela ne s’arrêterait pas là etc. etc.
Typique. Typique de ces média qui ne diffusent plus de l’information mais leur version de l’information.
Car en France, comme dans tous les Etats dits de droit, il n’y en a qu’un seul. Or lorsque l’on empêche quelqu’un d’aller et venir, c’est être hors la loi.
Qui, ayant ne serait ce qu’une vague connaissance de 2.600 pages du code du travail, ne sait pas même vaguement ce qu’est le délit d’entrave, lorsqu’un responsable entrave, par exemple le droit syndical. C’est puni, et pénalement encore. Mais là, c’est normal car on punit le patron, l’employeur, le nanti, le puissant.
Quant au fait que cela ne serait pas fini comme le clament ces syndicalistes jusqu’auboutistes, ils ont tort, ce sera bel et bien fini de cette France industrielle où viennent investir les entreprises étrangères.
Car comment ne pas voir que celles qui partent sont justement les entreprises étrangères, Continental, Sony et autres Caterpillar qui en ont ras le bol de cet état de non droit qui émeut, bien tardivement notre Premier Ministre, ancien…Ministre du Travail dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.
Mais le clou, ce sont encore et toujours les média, qui ont toujours cette vue partielle et partiale de la justice rendue.
Elles ne parlent par exemple pas des entreprises où la gestion du ralentissement se passe pour l’instant du moins de manière pacifique, comme Bénéteau qui annonce plusieurs centaines de suppressions de postes, face à un carnet de commandes en baisse de 49%. Mais les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent jamais personne, et le social sans conflit n’est qu’une anormalité qu’il serait criminel de rapporter.
Car en France social doit être nécessairement synonyme de conflit. Sinon, on sort de la dialectique marxiste, et tout ce petit monde serait bien perdu sans papa Karl…
Il est un employeur en conflit avec plusieurs salariés depuis plus de dix ans, et dont tout le monde parle, sauf quand il s’agit de ce conflit justement. Vous allez voir, c’est aussi bizarre qu’étrange.
Car cet employeur vient de perdre en cassation, soit l’ultime recours offert par le système judiciaire français.
Bref, il a perdu devant les prud’hommes pour non respect du Droit du Travail, devant la Cour d’Appel, et la Cour de Cassation vient de confirmer le jugement de cette dernière.
Cet employeur n’avait certes à son service que deux salariées.
Mais en même temps, il n’hésite pas à se montrer devant toutes les caméras pour faire croire qu’il défend(rait) les droits des salariés (quand ce ne sont pas les siens).
Il s’agit, Mesdames et Messieurs, Chère Lectrice, Cher Lecteur, de la Présidente de la région Poitou Charente, anciennement candidate à la Présidence de la République, rien de moins !!
10 ans après les faits, Ségolène Royal présentera t elle ses excuses aux deux personnes dont elle s’est séparée sans respecter leurs droits, au nom de la France, au nom de la région Poitou Charente, ou en son nom propre ?????

Ségolène Royal et la Fraternité
Nous sommes tous des pirates somaliens!
avril 16, 2009 on 8:51 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermésL’un des grands braqueurs qu’a connu l’Amérique, Dillinger se vit un jour demander par le juge « dites-moi, M. Dillinger, pourquoi braquez-vous des banques? » et Dillinger de répondre: « parce que c’est là que se trouve l’argent, votre Honneur! ».
Laissons de côté le fait que ce n’est plus nécessairement possible de trouver dans de nombreuses banques autre chose que des actifs toxiques, des dettes et des aides gouvernementales. La question en fait s’applique aux pirates dont les actes fleurissent de par le monde.
Pourquoi les Somaliens s’attaquent-ils aux bateaux qui passent à proximité? Parce que c’est là que, pour eux, se trouve l’argent.
Pourquoi les futurs ex-employés furieux séquestrent-ils des cadres de leur entreprise? Parce que c’est là que, pour eux, se trouve l’argent.
Pourquoi les pêcheurs français prennent-ils les ports et leurs marchandises en otage? Parce que c’est là que, pour eux, se trouve l’argent.
Pourquoi les « honnêtes gens » sont-ils furieux des aides gouvernementales aux banques? Parce qu’ils ont le sentiment de s’être fait pirater leur argent. Et pas une fois, mais deux. La première fois quand une bonne partie de leur épargne (en actions, ou en immobilier) s’est volatilisée dans la crise dont les banquiers sont perçus comme responsables, et une seconde fois sous forme d’aides d’État.
Il y a véritablement en France en ce moment un profond mouvement de soutien à toute action pour « prendre l’argent ». Plus de la moitié des Français, et ce y compris au sein des catégories cadres et professions libérales, et y compris chez les partisans de la majorité, approuvent les séquestrations de dirigeants. Les voilà donc, d’une certaine façon, légitimées à défaut d’être légalisées.
Pourquoi ces Français qui ont élu Nicolas Sarkozy sur un programme « travail, loi et ordre » se retrouvent-ils derrière des actions « piraterie et désordre »? Il serait trop facile de répondre avec une condescendance un rien méprisante que le peuple est changeant. Il y a, à mon sens, trois réponses, chacune importante.
- alors que la hausse vertigineuse des prix des matières premières est pour beaucoup dans la crise actuelle, de la même façon qu’elle a causé les deux précédents chocs pétroliers, c’est la profession bancaire qui est créditée (si l’on peut dire) d’en être la cause. Donc une cause « interne » et non externe. Une crise de système et non un choc circonstanciel. Dès lors, c’est tout le système qui est délégitimé. Et, en attendant qu’on (qui donc?) le refonde (quoi donc?), nous vivons une sorte de période intérimaire où le chacun pour soi est roi.
- en France tout particulièrement, l’Etat, qui est censé faire respecter la loi (et qui s’attaque maintenant, non sans un certains succès) aux pirates somaliens, mais pas encore aux pirates des entreprises françaises, est également le même qui (re)distribue près de la moitié du PIB français sous des formes diverses (prestations sociales, subventions, exonérations). Donc il est facile d’obtenir que l’Etat soit plutôt banquier que policier, et achète sa paix à défaut de la rétablir. Les configurations où il l’achète avec l’argent des autres sont même particulièrement croustillantes, comme aux Antilles, où il (l’Etat) a concédé des hausses massives de salaires par les entreprises…
- alors que le monde bruit de « retour de l’Etat » parce que c’est la puissance publique qui a renfloué les institutions financières égrotantes et restauré un minimum de confiance, en fait la solidarité n’a jamais été aussi limitée. Chacun veut, alors même que les finances sont censées être au-delà d’épuisées, en dépecer toujours un peu plus, et à son seul profit, la carcasse encore pantelante. Et peu importe que les avantages obtenus aujourd’hui le soient au détriment des autres catégories sociales, ou que les dettes à venir étranglent les générations de nos enfants, c’est le niveau zéro de la solidarité.
Ce qui est d’autant plus intéressant que, quand on écoute les déclarations des pirates somaliens, ils sont, eux, très solidaires entre eux!
La belle campagne…
avril 13, 2009 on 9:30 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésAprès avoir utilisé un doigt (il parait que c’était le pouce, rétrospectivement n’était ce pas le médius ?…) pour symboliser le « coup de pouce » que pouvait donner la Société Générale à ses clients, cette dernière vient de lancer une nouvelle campagne publicitaire, que vous aurez peut être vue dans la presse quotidienne nationale.
Sinon, la voici:
Plusieurs prénoms sont cités pour demander au lecteur qui les aide, Ouali, Jehanne, Hugues, ou encore Rose, tous clients ou enfants de clients de la Société Générale.
JusMurmurandi aurait pu proposer un autre prénom, Daniel, avec comme slogan « Mais qui aide Daniel ? Mais vous, bien sûr. Les Français ont tous mis la main à la poche pour l’aider »…mais là, la campagne aurait légèrement changé de cible…..

Daniel Bouton, on a tous dû être là pour l'aider....
Bien sous tout rapport ?
avril 13, 2009 on 7:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Europe, International, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésUn rapport sur les inégalités publié par l’OCDE a attiré l’attention de JusMurmurandi.
Chacun sait que s’il est un des trois mots au fronton de tous les bâtiments publics français qui suscite attention jusqu’à la jalousie entre Liberté, Egalité et Fraternité, c’est bien celui du milieu.
Or que dit ce rapport ?
Sur un plan général, que les inégalités ont augmenté au sein des pays de l’OCDE au cours des vingt dernières années.
Dans tous les pays ? Non, uniquement dans la plupart.
En particulier, pas en France, qui est l’un des cinq pays recensés où « l’inégalité des revenus et la pauvreté ont baissé ».
Les 10% de Français les plus riches ont des revenus dans la moyenne de ceux de l’OCDE, le taux d’emploi des moins instruits a augmenté (également une caractéristique unique de la France d’après le rapport), le taux de personnes vivant en « pauvreté monétaire » pendant une longue période est deux fois moins élevé que la moyenne, bref toute une série de faits dont personne ne parle.
Alors, en poil à gratter qu’il est, JusMurmurandi s’est demandé pourquoi.
Si Nicolas Sarkozy en avait fait la promotion, sachant que la période s’étend pour l’essentiel pendant les mandat de son prédécesseur Jacques Chirac, comment pourrait il le critiquer ?
De plus, la rupture par rapport à une France « sociale » serait elle possible, « vendable » alors même que les Français sont enamourés de l’ »Égalité »?
Bref, avec un tel rapport, il est difficile de défendre « travailler plus pour gagner plus » tandis que l’ascenseur social marche tellement bien que l’écart entre pauvres et riches se resserre pendant une période où l’on est supposé avoir eu un gouvernement dit de droite sur l’essentiel de la période.
Sans parler de la nouvelle « règle » dite des trois tiers quant au partage des profits des entreprise entre salariés, actionnaires et dirigeants qui tomberait d’un seul coup d’un seul.
A la gauche quant à elle, que lui resterait-il de fond de commerce si l’on apprenait qu’avec un gouvernement dit de droite justement les inégalités baissaient en France, et ce de manière exceptionnelle par rapport aux autres pays de l’OCDE ?
Rien, nada, nichts, nothing, nichevo etc.
Bref, le rapport de l’OCDE dérange tout le monde. Car il dit qu’une France censée avoir un gouvernement libéral se retrouve avoir des résultats dignes d’un gouvernement socialiste efficace (ce qui n’est pas facile à trouver en France). Le monde à l’envers.
Conclusion, tout le monde l’enterre.
Ou plus exactement, personne n’en parle, presque personne….
Le temps des otages
avril 13, 2009 on 5:40 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésVous pourriez vous attendre, en ce temps de Pâques, à ce que JusMurmurandi vous parle des cloches qui sonnent, sonnent, sonnent. Ou en ce début de printemps, des première fleurs qui constellent la nature. Las! Ce sont les bruits de prises d’otages qui sonnent partout, et qui constellent la nature.
Prises d’otages au large de l’Afrique. Un bateau français, le Tanit en est la victime avec 4 personnes. Les forces françaises interviennent pour forcer leur libération. Un otage français en est la victime. Il est à noter que la France a manifestement décidé d’user de la force pour libérer ses otages, avec le Tanit comme auparavant avec le Ponant. Les pirates somaliens finiront par se rendre compte qu’attaquer un bateau au pavillon tricolore peut rapporter du plomb en partage, et pourraient se replier sur des pavillons plus riches en dollars et plus pauvres coups de feu. Sauf que l’Administration Obama vient de donner le signal qu’elle aussi est prête à aller au charbon, en libérant par la force le capitaine d’un bateau déjà libéré par son propre équipage. Il semble que le temps des prises d’otages sans risques mais pas sans profit est terminé pour les pirates du Puntland.
La même dialectique est à l’œuvre avec les « séquestrations » de cadres d’entreprises qui se multiplient en France. D’abord, je n’ai pas trouvé de différence de mise en œuvre avec les prises d’otages somaliennes. Et, comme elles, jusqu’ici cela paye à tout coup. Sans risques, mais pas sans profit. Elles vont donc se systématiser, d’autant plus que les entreprises dont les cadres en sont victimes ne portent pas plainte, sans doute pour ne pas attiser encore plus les flammes du conflit. On peut prédire qu’après cette phase viendra, comme en Somalie, la phase du plomb, quand l’Etat démontrera que force doit rester à la loi. La gauche et les syndicats qui « comprennent » sans « excuser », qui expliquent que tout ceci fait partie d’une légitime volonté de « négocier » auront alors beau jeu de hurler au pouvoir facisto-policier.
Autre prise d’otages dont le nom n’est jamais prononcé: nous tous. Les preneurs d’otages sont les banques qui ont frôlé la grande culbute l’année dernière. On nous a bel et bien pris des dizaines de milliards pour les leur transférer et rétablie une confiance enfuie. C’était ça, et payer, ou mourir, comme en Somalie. Là où ça va devenir croustillant, c’est quand ces établissements vont se pavaner, comme les pirates le font avec leurs 4×4 flambants neufs (le Puntland est en train de devenir la région la plus riche d’Afrique en termes de 4×4, c’est dire), et exhiber de plantureux bénéfices pour le premier trimestre 2009, comme le fit déjà la banque américaine Wells Fargo. La poudre a déjà parlé contre les bonus et autres stocks options et parts variables que des banquiers et autres traders autistes voulaient se verser et percevoir après que leur entreprise ait failli verser. Visiblement, ce n’était que la première salve, et d’autres sont à venir!
Car la différence avec la Somalie, c’est que nous ne pouvons pas, comme on l’avait conseillé au Tanit, passer au large. Les banques sont un passage obligé de notre économie. C’est pourquoi il n’est pas possible de payer en plomb ou en monnaie de singe. Ce n’est pas demain que Sarkozy enverra les fusiliers de Marine à l’assaut de BNP-Paribas. Joyeuses Pâques!
Brèves
avril 12, 2009 on 7:00 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Insolite, International, Poil à gratter | 1 CommentQuick, Quick !
C’est la vitesse à laquelle a démissionné un haut responsable de l’activité anti terroriste britannique.
Sortant de sa voiture avec des dossiers confidentiels pour un entretien avec le Premier Ministre Gordon Brown, il a été photographié tenant à la main les détails parfaitement visibles d’un projet d’opération anti terroriste affichant le nom des personnes à arrêter.
L’opération étant éventée, il a fallu avancer son déroulement. Devant le scandale, Bob Quick le maladroit a démissionné sur le champ.
La police anglaise voit une fois de plus sa réputation ternie.
On se souvient de la bavure qui avait valu la remise en cause de Sir Ian Blair avec un jeune brésilien, Charles De Menezes. Lors du G20 des policiers avaient sous les objectifs des caméras bousculé violemment un homme, Ian Tomlinson, qui meurt d’une crise cardiaque peu après.
Pas nous, pas nous !
Blague belge relative à une partie de chasse, c’est hélas ce qui semble être arrivé au large de la Somalie.
La Marine nationale a eu beau prévenir des plaisanciers français d’annuler une étape kenyane, ces derniers ont transgressé les conseils, et ont été pris en otages par les pirates somalis.
Qui sont de plus en plus armés et de mieux formés au fur et à mesure des prises d’otages suivies de paiement de rançons.
Malheureusement dans le cas présent, cela s’est mal passé.
Les Commandos de Marine, hommes surentrainés à l’abri des feux de la rampe, n’ont pu éviter l’accident; si 4 des cinq otages ont été libérés, le possesseur du bateau est mort lors de l’assaut.
Faut il être triste pour la famille, ou exaspéré par celui qui a mis les passagers du bateau (sa famille et des amis) en danger en dépit des conseils, et obligeant la Marine à intervenir, avec tous les dangers collectifs et coûts que cela implique ?
Le Ministre de l’économie
René Monory, homme politique français, nous a quittés hier.
Ayant commencé comme garagiste, c’était un homme qui avait fait sa carrière à la force du poignet, loin des énarchies omnipotentes des années 70.
Un point le rend particulièrement sympathique à JusMurmurandi, son bon sens.
Ministre de l’Economie de 1978 à 1981, il déclara en particulier « il y a 40 ministres de la dépense, et je suis le seul ministre de l’économie ».
Plus de 21.000 Euro de dettes par Français aujourd’hui. Une phrase qui devrait faire réfléchir…

René Monory
Signes d’espoir ou grande arnaque?
avril 11, 2009 on 9:07 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International | Commentaires fermésQui ne se souvient des diligences du Far West américain, immortalisées lar les légendes et les films? Il se trouve que, de cette compagnie de diligences est née une banque qui en porte toujours le nom: Wells Fargo, qui est aujourd’hui l’une des 4 grandes banques américaines, ayant notamment acheté en pleine tourmente financière, son concurrent Wachovia.
Après avoir tant souffert des pertes abyssales des banques, tout signe de bonne santé en provenance d’une grande banque américaine devrait être considéré comme bon signe. Le problème, c’est que Wells Fargo a annoncé un profit record pour le premier trimestre 2009, à 3 milliards de dollars. Ce qui veut dire que, manifestement, ils n’ont pas subi de nouvelles dépréciations d’actifs, et c’est une bonne chose pour tout le monde. Mais cela contraste incroyablement avec l’idée qu’on se faisait de banques en faillite maintenues à flot par des injections de montants hallucinants d’argent public. L’autre bonne nouvelle est que ces profits aideront ces banques à prêter davantage à leurs clients, ce qui est leur fonction première, et qui fournira la matière première de la reprise économique qui finira par arriver.
Comment, en effet, expliquer aux contribuables qu’il a fallu soutenir avec leur argent des banques qui gagnent de telles sommes? Circonstances aggravantes: quand une banque gagne beaucoup d’argent, c’est aussi notamment quand la concurrence est restreinte. On peut imaginer sans peine que c’est le cas en ce moment, ce qui veut dire que les banques « profitent » sur le dos des clients, qui, eux, souffrent. Il est aussi plus que probable que, si Wells Fargo a gagné tant d’argent, les autres grandes, Citicorp, Bank of America, JP Morgan Chase ne sont pas très loin. Enfin, Wellls Fargo a dit aussi avoir réalisé un tel bénéfice par ce que sa filiale Wachovia a fait mieux que prévu. Ce qui sous-entend que l’achat à prix cassé pour cause de crise se révèle un billet de loto gagnant. Il y a d’ailleurs d’autres indications qui vont dans le même sens: Citicorp a indiqué dans un memo interne qui a, quasiment à lui seul, amorcé le début de redressement boursier de ces dernières semaines, que le bimestre janvier-février a été très bénéficiaire. Et Barclays’ a enregistré un très fort profit à la suite de son rachat des actifs faillis de Lehman.
Bref, faut-il se réjouir de la meilleure santé que prévu du système financier américain, ou hurler au scandale? Les fonds publics ont-ils joué leur rôle, telle la cavalerie américaine sauvant les diligences de la Wells Fargo, et sauvé le monde, ou avons-nous été victimes d’une grande arnaque? Ou les deux?
Ce qui laisse présager de furieux affrontements quand les profits des uns annonceront la sortie de crise des autres qui seront encore en pleine souffrance. A côté de ce que cela va être, le débat actuel sur les rémunérations des patrons fera figure de simple répétition pour enfants.
En tout cas, vu la forme qu’a prise l’aide publique dans les grands pays (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France notamment), il est clair que, si cette hirondelle conduit effectivement à un printemps des marchés financier, économique et boursier, les Etats sauveurs vont faire des plus-values gigantesques quand ils revendront leurs participations. Ce qui profitera indirectement aux contribuables
Voilà une façon pour eux de réduire leurs déficits abyssaux auxquels nul n’aurait osé croire…
Démagogie, démagogie…
avril 10, 2009 on 4:05 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | 4 CommentsJusMurmurandi a eu trop souvent l’occasion ces temps-ci de dénoncer la démagogie à tout-va de l’opposition pour ne pas saluer la salve dont nous gratifie cette fois-ci la majorité.
Premier tir de cette salve: Heuliez, dont JusMurmurandi vous a déjà entretenu. Le Gouvernement avait subordonné l’entrée au capital d’Heuliez du Fonds d’Investissement Stratégique à la réalisation de 3 conditions. Le bouclage d’un tour de table de 45 millions, l’existence d’un plan stratégique crédible, et l’engagement de la famille actionnaire. 2 de ces 3 conditions ne sont pas remplies: le tour de table n’est pas bouclé, loin s’en faut, et la famille ne veut pas s’engager. Soit dit en passant, comment croire qu’Heuliez mérite de nouveaux investissements et de l’argent public quand l’actionnaire majoritaire s’en défie? Donc avec deux conditions sur trois défaillantes, il allait de soi que l’Etat ne pourrait mettre seul au pot. Eh bien non. Luc Chatel annonce, toute honte bue, que le FSI mettra en tout état de cause au moins dix millions d’euros. Tout et n’importe quoi pour éviter d’être accusé d’avoir laisser couler Heuliez, alors même que 10 millions ne règlent rien et que chacun le sait. Il ne s’agit ni de couler Heuliez ni de le sauver, mais de se repasser le mistigri entre le Gouvernement et la présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal. Le degré zéro du courage.
Deuxième étage de la fusée, le rejet de la loi Hadopi par le Parlement. Il y a des années que les internautes par millions pillent l’industrie du film et de la musique avec des téléchargements illégaux. Ce pillage n’est pas sans conséquence. L’industrie de la musique décline. Faute de moyens, les maisons de disques rééditent des artistes et des titres connus, et la création périclite.
Le Gouvernement a préparé un texte pour y remédier. Pas par des millions de procès, ce qui serait impossible à mener à bien, mais par un système graduel qui, après avertissements multiples, peut amener, faute de « remise en ordre », à interrompre l’accès Internet du »pirate ». Ce qui, vous l’admettrez, n’est pas une sanction bien terrible pour ce qui est qu’on le veuille ou non, un vol. Et montre que les pirates ne sévissent pas qu’au large de la Somalie.
Eh bien le parlement vient de rejeter cette loi. Les parlementaires, dont la majorité est UMP, ont préféré lâchement sacrifier l’industrie et la loi pour ne pas mécontenter le peuple.
En ce temps de Pâques, il y a un précédent où, là aussi, le pouvoir politique, par lâcheté, a cédé pour ne pas mécontenter le peuple. Il vaudrait mieux que, pour la deuxième lecture qui aura lieu bientôt, les députés de la majorité se ressaisissent s’ils ne veulent pas avoir, pour l’avenir, le (mauvais) rôle de Ponce Pilate
La fin de l’Amérique ?
avril 10, 2009 on 1:43 | In Economie, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

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