Ne pas désespérer

janvier 11, 2009 on 8:06 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

3 morts ont récemment défrayé la chronique, un chef d’entreprise français, un financier français à New York, un milliardaire allemand. Leur point commun: s’être donné la mort face aux difficultés et à la ruine probable.

Le financier français de New York avait fait sa pelote en drainant l’argent de ses clients et ses amis (plus d’un milliard de dollars) vers un gestionnaire de fonds américains aux rendements remarquables par leur niveau élevé et surtout constant même en temps de crise, le très respecté Bernard Madoff. Face au fait d’avoir ruiné ses clients et amis, il s’est ouvert les veines. Ce qui a valu à sa mémoire un éloge unanime pour un courage et une honorabilité intactes, à la hauteur des Anciens grecs et romains. Peut-être eût-il été plus courageux de rester et de faire face à ses responsabilités, et permettre à ses clients, qu’il faut bien appeler ses victimes, de mieux faire le deuil de leurs fortunes envolées. Car, s’il est clair qu’il n’avait aucune idée que Madoff était un escroc, ce qui l’absout de toute malhonnêteté, sa « responsabilité de suivi et de supervision » était engagée, comme l’a rappelé le régulateur du Grand-Duché de Luxembourg, en accord avec la directive européenne.

Sur le même sujet, à noter la disparition (pas le décès, « seulement » la disparition) de la très charismatique banquière autrichienne Sonja Kohn, fondatrice et dirigeante de la Banque Medici. Celle-ci a apporté 1,2 milliards de dollars de fonds de ses clients à Madoff. La raison officieuse de cette plongée dans la clandestinité serait que, parmi les clients de Mme Kohn figureraient des oligarques russes et ukrainiens, et que ceux-ci auraient le dépit plus menaçant et violent que d’autres face aux nouvelles que leur argent s’est envolé.

Autre mort, un milliardaire allemand, qui avait emprunté de l’argent à une de ses sociétés cotées pour spéculer sur le titre Volkswagen. Le cours de celui-ci a été fort agité, avec une hausse colossale puis une baisse tout aussi brutale après un communiqué de Porsche, qui était en train d’en prendre le contrôle, ait fait état d’une participation plus importante que généralement admise, ce qui a obligé les acheteurs à découvert à se couvrir à n’importe quel prix, faisant flamber le cours. Avant qu’un communiqué rectificatif le fasse retomber tout aussi vite. Une étrange affaire avec des côtés sulfureux qui en rappelle d’autres qui jalonnent la carrière de Ferdinand Piëch, petit-fils de Ferdinand Porsche, le génial inventeur qui créa la Volkswagen pour Adolf Hitler, lequel petit-fils n’a eu de cesse de tout faire pour reprendre le contrôle des deux entreprises créées par son grand-père, ce qui est fait aujourd’hui puisqu’il contrôle Porsche qui contrôle Volkswagen.

Ce qui est curieux, c’est que le dit milliardaire allemand, qui s’est jeté sous un train, était en voie d’aboutir à un refinancement de son empire. Et que donc, même encadré par les banques, ou rétréci, celui-ci n’était pas en poussière comme les avoirs des déposants de Madoff. Car si tous les « presque ruinés » doivent se donner la mort dès lors qu’ils ne sont « plus que  » riches à milliards après avoir l’avoir été par dizaines de milliards, alors il faut d’urgence agrandir les cimetières de Moscou, de Shanghai ou de Mumbay…

Enfin, un sujet que JusMurmurandi a déjà traité, un chef d’entreprises français qui s’est suicidé après n’avoir pas pu éviter le dépôt de bilan de son chantier naval. Et là encore, la presse de lui tresser des couronnes de héros à l’ancienne. Pour autant, et si son intégrité et son sens de l’honneur sont infiniment respectables, est-ce bien de laisser sa fille seule face à son désir de faire face? Le père n’aurait-il pu l’accompagner dans sa lutte? Lui, qui connaissait mieux que tout autre les ressources possibles de son entreprise ne pouvait-il les mettre à la disposition de l’administrateur judiciaire pour que la meilleure solution possible soit trouvée? S’il s’estimait responsable de la très mauvaise passe où se trouvait le chantier, ne fallait-il pas qu’il contribue à l’en sortir? Car, là encore, si tous les chefs d’entreprise qui vont connaître le tribunal de commerce dans les prochains mois devaient se suicider, il faut d’urgence agrandir les cimetières. Ce serait un gâchis incommensurable en plus d’une souffrance immense pour les proches qui ne peuvent s’empêcher, même quand ils n’y sont pour rien, de culpabiliser en se demandant ce qu’ils n’ont pas su faire pour empêcher la vague de désespoir de tout emporter.

Non, face aux difficultés, il ne faut pas désespérer. D’autant qu’un rebond est toujours possible. Combien de carrières se sont redressées après un échec.

JusMurmurandi a cherché un exemple de rebond pour prouver cette affirmation et terminer cet article à la tonalité grave sur une note d’espoir. Sauf que le meilleur exemple de rebond, de la part d’un homme qui ne s’est jamais avoué battu est-il un si bon exemple que cela? Sa première entreprise capote, n’importe, il en fera d’autres, et surtout il en reprendra nombreuses au tribunal de commerce, créant un petit empire et brassant des milliards. Sa notoriété au zénith, son nom en train de devenir un nom commun, il devient ministre malgré sa sulfureuse réputation. Puis tout s’effondre. Faillite, banqueroute, prison. Mais lui ne se suicide pas, il se bat, et, à la stupéfaction de tous, après 15 ans de procédures, obtient un arbitrage qui va lui rendre un pécule non négligeable.

Ce spécialiste du rebond, mais qui n’est pas un exemple, vous l’avez reconnu. C’est Bernard Tapie! Décidément, un article qui va de Madoff à Tapie pour parler d’espoir. De Bernard à Bernard, il y aurait de quoi se méfier de ce prénom, sauf que le nom du chien d’avalanche salvateur qui vous sauve quand tout est perdu, c’est le Saint-Bernard!
Bernard Madoff
Bernard Tapie
Saint-Bernard

Qui se ressemble s’assemble

janvier 10, 2009 on 9:14 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Toute la presse hexagonale annonce à renfort d’articles le rapprochement entre ce qui reste d’Alitalia et le groupe Air France KLM, devenu un des deux premiers transporteurs aériens mondiaux.

Tout au long de ces derniers mois, on a longuement décrit Alitalia comme un grand européen dont il ne reste que quelques (mauvais) souvenirs, tant la concurrence, la mauvaise gestion et la faiblesse permanente des gouvernements successifs face aux oukases syndicaux.

En parallèle, les Français se rengorgent du succès de l’alliance Air France avec KLM, avec bons chiffres à l’appui.

Pour JusMurmurandi, la réalité est bien différente.

Si la taille des deux entreprises est clairement à la faveur des Français, bien des mauvaises pratiques si facilement décriées chez la compagnie transalpine se retrouvent chez nous.

Syndicats outranciers et personnels trop gâtés: si les pilotes Italiens se font toujours chercher par leur employeur en voiture à leur domicile pour se rendre au pied de l’avion, avantage négocié dans les années 70, qui a oublié toutes les grèves historiques d’Air France, y compris à la veille de la coupe du monde de football en 1998 ?

Ou encore les pilotes d’Air Inter, seuls au monde qui réclamaient le pilotage de l’Airbus A 320 à trois ?

Ou récemment encore, la grève pour s’opposer à la faculté qui serait accordée à ces pilotes qui souhaitent retarder leur départ en retraite ?

Sans parler de ce qui avait fait l’objet d’un article particulier de JusMurmurandi, le formidable fromage des GP (gratuits personnel) qui n’étaient soumis ni à l’impôt ni aux charges sociales ??

Le soutien public au détriment de la concurrence.:  combien de milliards ont été gaspillés chez Alitalia, y compris récemment par Berlusconi, qui, encore candidat, s’opposait avec véhémence à un rapprochement franco italien?

Combien de manœuvres ont été accomplies afin que la France reste le seul pays majeur d’Europe qui ne compte pas une compagnie à coûts réduits pour les moyens courriers comme on les connait en Allemagne (German Wings, Air Berlin), en Espagne (Vueling, Clickair), Grande Bretagne (BMI, FlyBe, Ryanair, easyJet, Jet2…), Italie (Volareweb, Meridiana) ?

Ah si, il y en a bien une, c’est Transavia…qui est une ancienne filiale de KLM relancée par le nouveau groupe. Et pendant qu’Air France facture avec une audace sans pareil 50 Euro la possibilité de s’asseoir à côté d’une issue de secours pour avoir plus de place, elle vend des billets à 65 Euro pour faire l’aller retour Paris Porto. Allez comprendre. Ainsi, combien d’emplois n’ont pas été crées au seul bénéfice de protéger Air France ?

Une flotte surannée: Si Alitalia se débarrasse de ses vieux clous, DC 9 et autres MD 80 qui sont très gourmands, les premiers A 320-100 d’Air France, qui ont plus de 20 ans volent toujours. On les reconnait facilement, ils n’ont pas de saumon ou « winglet » au bout des ailes. Heureusement, le tableau est plus favorable pour les longs courriers où Air France a fait la part belle à Boeing et son 777.

Sur les lignes internationales américaines, où elle est seule avec son alliée Delta (Miami par exemple), vous paierez en classe économique deux, trois fois le prix que proposent certains concurrents pour des destinations équivalentes dans des conditions de transport comparables à la classe affaires.

Ahurissant, mais vrai. Tout au profit de la compagnie, tout au détriment du client. Pardon du passager.

Si le carburant a beaucoup baissé (plus que les taxes, surtaxes du même nom d’ailleurs), le nombre de passagers va suivre la même tendance avec le ralentissement économique et il va falloir être vigoureux. Bon moment pour passer la main comme le fait Spinetta à Gourgeon pour Air France…

Bref, à l’heure où tout le monde semble se réjouir de ce rapprochement, en particulier parce qu’il empêche Lufthansa ou British Airways de mettre la main sur Alitalia, gageons qu’il n’y aura pas de choc de cultures d’entreprises. Tout ce petit monde se retrouvera en pays de connaissance.

Dis moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es…

La matelas et le ressort

janvier 10, 2009 on 8:08 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | 4 Comments

On le sait, pour qui veut bien dormir, un bon matelas est indispensable. Mais à quoi sert un bon matelas sans un bon sommier? Et notamment, parmi les meilleurs, un sommier à ressort?

Avec cette entrée en matière, JusMurmurandi serait-il devenu soit marchand de sommeil, soit Webmarchand en périodes de soldes? Ni l’un ni l’autre, puisqu’il s’agit en fait de crise économique, plutôt du genre à vous faire perdre le sommeil.

Ce qui est intéressant, dans le genre glauque, c’est de constater que l’économie américaine a détruit, en 2008, la bagatelle de 2,6 millions d’emplois, le pire chiffre depuis 1945, et un cauchemar pour Barack Obama. Pendant ce temps, le chômage remontait à 7,2%, son plus haut niveau depuis 1993.

Pendant ce temps-là, en France, le chômage est repassé au dessus de la « barre » des 2 millions de chômeurs. Or, en 1993, le compte était à 3 millions. Faut-il en déduire que la France fait mieux, beaucoup mieux que les USA en termes de chômage, alors qu’on pense couramment le contraire?

En fait, l’économie française n’a pas encore commencé à détruire des emplois en masse. Les délais légaux de communication aux comité d’entreprise, de négociations obligatoires, de recours innombrables font qu’il s’écoule au moins 6 mois entre la décision et les licenciements. Et que ceux-ci sont assortis de préavis et d’indemnités qui allongent encore de nombreux mois le moment où le chômeur sera face à une pénurie de revenus. Pénurie atténuée par des versements d’allocations très supérieures, sauf exceptions, à celles en vigueur aux Etats-Unis.

La vague qui a frappé les USA est donc en avance sur la nôtre sur ce plan, mais nous ne l’éviterons pas. Notre système de délais sert de matelas amortisseur, comme aussi nos nombreux millions de fonctionnaires et autres employés de services publics et para-publics réputés intouchables. Alors que les Etats-Unis sont en récession depuis la fin 2007, la France aborde 2009 en l’ayant non pas évitée, mais retardée.

Et quand on regarde ce qui s’est passé entre 1993 et 2008, il est clair que les Etats-unis ont passé beaucoup plus de temps en plein emploi, avec des taux de chômage de moins de 5%, que la France, qui n’y est jamais parvenue depuis les années 60, et où la lente décrue du chômage est en partie due à une démographie en baisse.

Donc, avant de dauber sur les problèmes de l’économie américaine à l’aune de leurs déboires, qui sont réels et massifs, de ricaner sur la fin du leadership américain dans une forme de schadenfreude (joie trouble provoquée par les difficultés des autres) à la française, et de gloser sur la supériorité de notre matelas, gardons-nous de sous-estimer le ressort américain, qui leur a si souvent permis de sortir d’une crise plus vite et plus fort.

Car un matelas qui n’est pas couché sur un sommier avec du ressort devient vite mou et inerte. Le sommeil du dormeur s’y révèle inconfortable, et celui-ci a bientôt du mal à s’en extirper. C’est la langueur japonaise des années 80 et 90. Sauf que le dormeur japonais qui n’a certes pas de ressort pour se redresser, n’a pas, avec son futon, de matelas non plus pour amortir sa chute.

En attendant, les employés des hôpitaux, non contents d’avoir la sécurité de l’emploi, avantage dont on verra en 2009 tout le prix, demandent sans vergogne à Sarkozy plus de fric au motif que, s’il a aidé les banques, il peut bien aider aussi les personnels hospitaliers.

Ils ont aussi peu de chance d’être entendus par un Etat français qui n’a justement plus d’argent pour eux, ni pour d’autres d’ailleurs, au motif qu’ils ne sont pas les plus à plaindre et qu’il fallait absolument sauver les banques, pour irresponsables qu’elles aient été, que de voir voir le Prince Charmant réveiller la Belle Endormie.

Tiens, c’est de saison, il y a justement de la neige dehors, et tout est blanc.

Air Force One : Battlestar Galactica entre Airbus et Boeing

janvier 9, 2009 on 8:57 | In Economie, Europe, France, Insolite, International | Commentaires fermés

Ils se battent combat terrible, voici longtemps que leurs chevaux sont morts…

Qui ne connait pas ces vers de Victor Hugo, ô combien appropriés  pour illustrer la concurrence entre Airbus et Boeing.

Elle s’exprime sur le terrain de l’aviation civile (avions commerciaux et jets de luxe dérivés) et militaire avec le méga contrat-mirage des avions ravitailleurs américains.

D’abord en tête, Boeing a été puni pour avoir recruté des personnes trop proches du contrat.

Puis Airbus a remporté une manche, avec la première tranche du contrat, qui fut ensuite annulée par voie judiciaire.

Retour à la case départ, sauf qu’entre temps la capacité de projection américaine vieillit, et vieillit mal et à coût élevé, les avions susceptibles d’être remplacés étant très, très vieux.

Affaire à suivre, l’administration Bush ayant jeté le torchon, laissant clairement à l’administration suivante le soin de reprendre les études (en imaginant bien sûr que cette dernière arrive à boucler au moins une partie de l’affaire dans les quatre ans du prochain mandat qui débute…dans 11 jours)

Mais le duel autrement plus important est en train de commencer quant au prestige qui lui est attaché.

Celui de la succession d’Air Force One, l’avion du Président des Etats Unis.

Car son avion, un VC 25, dérivé du Boeing 747-200, livré en 1990, verra se terminer son service en 2017; entre temps, la version 200 du 747 est totalement dépassée, et les pièces coûtent de plus en plus cher.

Or en 1987, date de la signature du contrat, Boeing était seul. Lockheed avait disparu, Airbus n’avait pas d’avion concurrent et Mac Donnell Douglas n’était pas dans la course non plus avec son DC-10/MD 11.

Aujourd’hui, alors que l’USAF (armée de l’air américaine) entame sa recherche, les temps ont changé et Airbus a une offre des plus concurrentielles face au 747, dont les débuts remontent à….1968, sous la forme de l’A 380.

Bref, le suspense est à son comble et ceci d’autant plus que le remplaçant de Marine One, l’hélicoptère du président américain est en phase de remplacement, et par un modèle italien produit par AgustaWestland du groupe Finmeccanica. Il est donc acquis qu’en 2010 le moyen de transport à aile horizontale ne sera pas américain.

Qu’en sera-t-il pour l’avion le plus mythique de la planète?

Les études viennent d’être lancées hier…

Si vous êtes intéressé pour faire une offre…

https://www.fbo.gov/index?s=opportunity&mode=form&id=e35e259abc36437e8e7665d42bdac9b2&tab=core&_cview=0&cck=1&au=&ck=aHH

Et dire qu’entre temps, les esprits petits et mesquins critiquent l’ETEC d’acheter un Airbus de 10 ans d’âge pour le Président de la République française…

Air Force One

Air Force One

Quand les bourses peuvent venir au secours de la bourse

janvier 8, 2009 on 9:35 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

La facilité avec laquelle l’Oncle Sam a trouvé -à crédit, mais trouvé quand même- des centaines de milliards de dollars pour soutenir les banques, les compagnies d’assurances, les constructeurs automobiles américains menacés par la crise, cette facilité attise les convoitises.

Deux leaders d’un secteur qui génère 13 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel demandent au Congrès une aide de 5 milliards pour combattre la baisse d’activité qu’ils voient arriver. En effet, les Américains, déprimés par la crise, vont, d’après eux, moins consommer.

Or, toujours d’après eux, si les Américains peuvent se passer de beaucoup de produits ou de services, le leur est absolument indispensable.

Le secteur est l’industrie du sexe. L’un des deux signataires de la demande est le pornographe notoire et patron de presse Larry Flynt, l’autre, Joe Francis, est un éditeur de DVD porno, et a été récemment en prison pour faits liés à la prostitution.

Ils souhaitent donc que le Congrès vote une aide pour relancer l’appétit sexuel des Américains.

JusMurmurandi se demande ce qu’il faut penser de cette demande. D’un côté, aider des pornocrates, c’est un peu raide. D’un autre, il est exact que les périodes de crise ont toujours été fastes pour les industries de la détente et du délassement, alors pourquoi pas celle du plaisir? Enfin, il faut leur donner acte que la lecture des journaux et la vision des informations télévisées ne donnent pas à priori des envies de galipettes.

D’un autre côté, les débats autour d’une telle aide ne pourraient qu’être très réjouissants. Si elle était votée pour relancer l’appétit sexuel des Américains, il faudrait donc la cibler vers ceux qui n’en ont plus, mais pourraient en ravoir. Ce qui par exemple, pourrait concerner les produits tels le Viagra. Je ne suis pas persuadé que ce soit ce que Larry Flynt ait en tête. Ensuite, il faudrait la diriger vers ceux qui ne consomment pas, car aider ceux qui consomment déjà donnerait naissance à ce qui, en économie, s’appelle un effet d’aubaine.

Il faudrait aussi se pencher sur le fait que, pour qu’il y ait consommation, il faut qu’il y ait à la fois offre et demande. On imagine les discussions dans un couple si l’un des deux membres veut consommer pour bénéficier de l’aide, et que l’autre refuse, ce qui empêche toute subvention.

On se demande comment il pourra y avoir vérification de consommation. Même le Patriot Act ne donne pas ce genre de pouvoirs à l’administration américaine.

Mais, en fait, JusMurmurandi doute fort que cette demande soit prise au sérieux par les membres du Congrès. Parce que, si l’on pense au nombre d’entre eux qui se font prendre en flagrant délit d’infidélité, il semble difficile qu’ils s’identifient à une Amérique dont on ait besoin de relancer l’appétit sexuel…

Le Machin

janvier 6, 2009 on 9:32 | In Best of, Coup de gueule, Europe, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

C’est ainsi que Charles de Gaulle appelait l’ONU.

Et on le comprend. Car une fois encore, la preuve nous est donnée que l’ONU ne sert pas à grand chose.

Un conflit de plus, cette fois au Moyen Orient, qui se déclenche sans que l’organisation des nations unies n’intervienne pour l’empêcher, avant ou après.

Et on retrouve donc Nicolas Sarkozy enfilant son manteau gaulliste pour prendre une initiative individuelle car les initiatives collectives ne sont, elles, que jérémiades et imprécations.

Aller voir les chefs d’états, même si l’on n’a plus « que » le mandat de Président de la République française, c’est toujours mieux que de rester tranquillement à New York en distillant la bonne parole comme seule tentative de rétablir la paix. Tandis que l’on laisse les gesticulations d’un fou, Ahmadinejad, se dérouler dans la totale indifférence. Ou encore un autre chef d’Etat, Mugabe, assassiner son pays en toute quiétude. Sans parler du Congo etc. etc.

Bref, le Machin, de Gaulle l’avait bien compris des décennies avant, ne sert à rien.

JusMurmurandi pose alors une question.

Alors que le monde traverse un ralentissement économique sans précédent, que les gouvernements mettent la main à la poche, le plus souvent vide et/ou trouée sans parler de réduire le train de vie de leurs états respectifs à hauteur de leurs dépenses nouvelles, qu’est ce que l’on attend, Bon Dieu, pour les supprimer, tous ces « Machins » inutiles ????

A qui profite le crime?

janvier 4, 2009 on 4:34 | In Coup de gueule, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Israël frappe le Hamas qui frappe Israël. Rien de nouveau sous le soleil, sauf la date, 2009. L’Ukraine constate des baisses de livraison de gaz russe vers l’Europe, faute d’avoir signé un nouveau contrat d’approvisionnement et de transit. La Russie accuse l’Ukraine qui accuse la Russie. Rien de nouveau dans le froid, si ce n’est la date, 2009.

Rien non plus d’inattendu. Comme aucun nouveau contrat russo-ukrainien n’avait été approuvé par les parties, il était clair qu’on se dirigeait vers un nouvel épisode du bras de fer annuel entre les anciennes républiques soviétiques. Comme aucun modus vivendi n’avait été trouvée entre Israëliens et le Hamas, il était clair qu’on se dirigeait vers un nouvel épisode meurtrier entre les voisins ennemis.

Alors, bien sûr, on peut se demander pourquoi, dans les deux cas, cette situation de blocage annoncé.

Force est de constater que le pouvoir de Vladimir Poutine et de son acolyte Dimitri Medvedev est pour la première fois en grande difficulté face à la crise économique qui frappe la Russie. La baisse des prix des matières premières, à commencer par le pétrole et le gaz, réduit dramatiquement les rentrées de l’économie russe, qui en dépend très largement. Les ci-devant oligarques négocient un plan de sauvetage comme de très ordinaires banques ou fabricants d’automobiles américains. Les citoyens, en manque de confiance depuis l’aventure géorgienne, retrouvent les vieux réflexes de ceux qu’on a tondu plus souvent qu’à leur tour et sortent leur argent et de Russie et du rouble, qui s’enfonce. Dans ces conditions, trouver avec l’Ukraine un bouc émissaire qui détourne l’attention n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la révolution orange en Ukraine, qui avait suscité l’admiration d’une bonne partie du monde, n’a produit que des fruits amers. Une lutte permanente entre les 3 sempiternels personnages d’une comédie à l’ukrainienne, Yuschenko, Yanoukovitch et Timoshenko, se traduit par un immobilisme politique totalement inadapté aux difficultés du pays et au défi de la crise économique mondiale. Dans ces conditions, montrer l’Ukraine comme victime de la brutalité russe pou ressouder le soutien occidental n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la victoire du Hamas aux élections, puis l’éviction à la pointe du fusil du Fatah de la bande de Gazah n’ont produit que des fruits amers. Les mesures de rétorsion d’Israël et l’ostracisme de la communauté internationale qui refuse de discuter avec une organisation qui prône la disparition de l’Etat juif se traduisent par une misère et une désespérance croissantes dans ce territoire. Dans ces conditions, montrer à coups de tir de roquettes qu’on est la seule force qui combat activement Israël n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la coalition au pouvoir en Israël en Kadima et les travaillistes est menacée de perdre les prochaines élections en Israël, face au Likoud de Benjamin Netaniahu. La faillite de leur offensive précédente contre le Hamas n’y est pas pour rien, ni sans doute les soucis judiciaires de Ehud Olmert, le Premier Ministre. Montrer, et notamment pour Ehud Barak, ancien général de Tsahal, ancien Premier Ministre, et leader des travaillistes, sa détermination et sa capacité retrouvée à protéger Israël des attaques du Hamas n’est pas nécessairement un mauvais calcul, comme ne témoignent une remontée en flèche dans les sondages, même s’il est froid et cynique.

Il ressort que tant de calcul froid peut donner des frissons. Encore une confirmation que nous sommes bien en hiver, et pas que sur le plan météorologique. Et que toute similitude avec ceux qui tentent d’exploiter tel ou tel drame de l’actualité pour en tirer des avantages catégoriels n’est que, osons le dire sans peur du pléonasme, coïncidence fortuite.

L’Année du Milliard

janvier 1, 2009 on 10:21 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Le magazine Time a l’habitude de choisir la « personne de l’année » pour en faire une couverture très suivie dans le monde entier. Et, en fonction des circonstances, de choisir de nommer non une personne, mais un évènement. Dans cette veine, JusMurmurandi a constaté que, plus que tout, 2008 resterait comme l’année du Milliard.

Rappelez-vous, il n’y pas si longtemps le Crédit Lyonnais lancé dans une folle aventure s’est réveillé avec une gueule de bois qui a coûté au contribuable français la bagatelle de 30 milliards de francs. Le scandale a été épouvantable, et l’opprobre qui a couvert cet établissement et la méthode très française de privatisation des profits et de nationalisation des pertes a durablement ébranlé le capitalisme étatique bien de chez nous.

Or 30 milliards de francs, c’est moins de 5 milliards d’euros. C’est-à-dire moins que ce que le seul Jérôme Kerviel a coûté à la Société Générale. Ce second « trou » fait lui aussi scandale, lui aussi planétaire, éclipsant au tableau de déshonneur tous les autres traders perdus, de Nick Leeson et la Barings, ou ceux de Mitsubishi ou de Metallgesellschaft.

Mais au moment où les esprits stupéfaits commencent à peine à s’habituer à l’idée d’une telle somme, et plus encore perdue par une seul homme, lui aussi perdu dans un système en perdition, les chiffres ne cessent de défiler tous plus grands que la semaine précédente. Et les épithètes manquent pour accompagner et rendre compte de ce défilé de sommes toujours plus énormes.

Alors que dire quand Madoff inscrit son nom en lettres de feu tout en haut du tableau des pertes individuelles, avec un astronomique 50 milliards, soit un décakerviel?

En septembre, Lehman Brothers fait faillite laissant derrière elle une ardoise de 146 milliards, sans compter les engagements par signature. Des sommes qui n’ont plus de sens, tant le montant n’a plus de rapport avec le tangible. Mais ce n’est, on n’ose à peine l’écrire, qu’un amuse-gueule. La tornade déclenchée par cette faillite manque emporter le système financier planétaire, et la situation n’est quelque peu stabilisée que grâce à un plan concocté par l’américain Henri Paulson. Plan annoncé à 250 milliards de dollars, puis 350, puis estimé à 500 milliards, pour sortir finalement au moment de son annonce officielle, à 700 milliards dollars. Somme bien entendu, comme toute les précédentes, sans précédent.

Quand on pense que la seule AIG, certes il y encore quelques mois premier assureur de la planète, a déjà « consommé » quelques 135 milliards de dollars d’aide de l’Etat américain pour éviter la faillite, et, avec elle, emporter tout le système, on commence à se dire que, finalement, par rapport à 135 milliards (et ce n’est pas la fin) pour un assureur, 700 milliards pour toutes banques, ce n’est pas tant que ça.

Le reste du monde n’est pas en reste. 240 milliards pour l’Union européenne, pourtant théoriquement corsetée de fer par les critères de Maastricht. 650 milliards pour la Chine, dont la dépendance aux exportations revient la hanter comme un vent mauvais après la brise d’été qui a culminé aux Jeux Olympiques. 140 Milliards pour soutenir le rouble dans une Russie dont l’arrogance, les réserves en devises, le taux de croissance et les fortunes des oligarques ne résistent pas à l’effondrement des prix des matières premières, à commencer par le pétrole.

Ainsi Roman Abramovitch, emblématique pour avoir dépensé sans compter pour son club de football de Chelsea, aurait-il vu sa fortune tomber de 22 milliards de dollars à 3 milliards. Comment ne pas le plaindre? Mais comment plaindre un milliardaire? A ceci près qu’Oleg Deripaska aurait perdu plus encore. Alors, avec « seulement » quelques milliards, comment les qualifier, ces perdants phénoménaux: de riches, de pauvres ? Tout repère a disparu, emporté par des sommes insensées.

Pendant ce temps-là, tous les plans annoncés semblent déjà trop faibles pour faire vraiment repartir la machine. Le monde attend de l’équipe Obama, au manettes dans trois semaines, un plan de relance de quelques 500 milliards de dollars. La France elle aussi attend une deuxième tranche du plan Sarkozy avant même que la première ait produit le moindre effet, car les délais de mise en œuvre sont encore à courir.

Rien ne pourrait mieux montrer cette escalade himalayenne que de constater que les pertes de BNP-Paribas en 2008 dues à la crise, soit quelques 4,2 milliards d’euros en fin d’année 2008 ne l’empêchent pas d’être considérée comme une des banques les mieux gérées au monde, alors qu’un montant supérieur mais de peu, perdu par Kerviel, a durablement marqué son concurrent la Société Générale comme un exemple de grand n’importe quoi. Si seulement le trou Kerviel avait éclaté (si l’on peut dire) quelques mois plus tard, eût-il vraiment marqué les esprits, et la Société Générale a-t-elle manqué de prudence, ou simplement joué de malchance dans le timing?

JusMurmurandi pourrait continuer à empiler sans fin ces sommes elles aussi sans fin ni sens. Mais nous sommes le 1e janvier, et donner mal à la tête un 1e janvier n’est vraiment pas une façon sympathique commencer l’année.

Alors, après avoir constaté que 2008 restera dans les annales comme l’année où le milliard, au lieu de vouloir dire « énormément, jamais vu » est devenu une unité de compte banale, voici un chiffre qui, lui ne bougera plus, et dont il faut espérer qu’il ne sera pas dépassé avant longtemps. En 2008, Wall Street a vu la capitalisation boursière des sociétés qui y sont cotées fondre de 7 trillions de dollars.

Trillions, le mot est lancé, impensable, incompréhensible. Visiblement le milliard ne suffit plus et le mot n’a pas passé le 31 décembre. 2008 restera définitivement comme l’Année du Milliard, et nous sommes bien en 2009.

Bonne année !!

Agapes de fin d’année

décembre 31, 2008 on 7:25 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

La fin de l’année est, de par le vaste monde, l’occasion de festivités et de réjouissances alimentaires. Si nombre d’entre elles sont traditionnelles, gastronomiques ou familiales, certaines sont inhabituelles ou incongrues. En voici 3 qui ont retenu l’attention de JusMurmurandi.

A Milan,les autorités ont saisi 40 kg de caviar beluga de contrebande, d’une valeur de 400.000 euros. Après que des tests aient démontré la comestibilité du produit de la saisie, ce caviar, le plus raffiné qui soit, a été distribué aux abris, foyers, hospices, et autres cantines pour pauvres. Peut-être, pour éviter de perdre la tête, Marie-Antoinette eût-elle dû suggérer que les affamés en manque de pain mangeassent non de la brioche, mais du caviar?

Autre lieux, autres moeurs. Les forces occidentales s’efforcent de garder le contrôle de l’Afghanistan qu’ils ont conquis militairement. Et cela passe par l’adhésion des nombreux chefs de tribus qui sont l’épine dorsale du pays. Pour s’acquérir le soutien de certains d’entre eux, un peu vieillissants, mais n’ayant pas renoncé au plaisir d’épouses beaucoup plus jeunes, la CIA a trouvé un argument choc: leur fournir du viagra. Il semble qu’une deuxième visite, quelques jours après le petit cadeau bleu, ait montré des chefs infiniment bien disposés à l’endroit des donateurs américains. Après tout, l’Afghanistan, premier producteur mondial de pavot à opium et héroïne n’ignore rien des substances qui provoquent la dépendance. Le tout était de trouver la bonne.

Au coeur de notre bonne société parisienne, une dame en rendez-vous d’affaires se fait voler son sac à main avec tout son contenu (clefs, argent, papiers, cartes de crédit, téléphone) dans un salon de thé très huppé des Champs-Elysées dont elle est une habituée. Revenue du choc et de la peu agréable visite au commissariat qui lui dit que, désolé, c’est un évènement banal parce que fréquent, elle tente de trouver dans ledit salon de thé un abri contre la pluie glacée qui tombe en ce jour où tout va mal pour elle, en attendant qu’un membre de sa famille lui apporte un double de ses clefs de voiture. Elle a même la malencontreuse idée de demander un verre d’eau et un thé pour se réchauffer. La direction du salon de thé pèse sa demande à l’aune du fait que c’est quand même chez eux que le vol a eu lieu, et que la cliente y est connue. Elle a eu droit à un chaise et à un verre d’eau. Mais le serveur n’a même pas laissé la carafe sur la table.

Il y a des jours où il vaut mieux être pauvre à Milan ou chef de tribu afghane que femme d’affaires à Paris.

Nous sommes tous des Madoff!

décembre 30, 2008 on 6:37 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | 6 Comments

Bernard Madoff est un escroc, c’est maintenant une affaire entendue, même si la procédure judiciaire est très loin de l’avoir mené à une condamnation. Mais, de son propre aveu, les rendements qu’il promettait et servait à ses investisseurs venaient des dépôts d’autres investisseurs. Et il en fallait encore d’autres pour servir le rendement de ceux-là, et ainsi de suite jusqu’à la culbute finale. Ce schéma, appelé « pyramide », est bien entendu illégal.

En France, la pyramide des âges (tiens, encore une pyramide) fait que le pays passe graduellement d’un stade où il y avait 3 actifs pour un retraité, dans les années 60, à celui, en 2020, où il y aura un retraité pour un actif. Ceci est du à l’allongement de la durée de vie, au rajeunissement de l’âge de départ à la retraite (aujourd’hui vers les 58ans), et à la chute de la natalité après le baby-boom.

Qui peut imaginer sérieusement que l’actif en question pourra non seulement subvenir à ses besoins mais aussi à ceux d’une autre personne? Justement, personne. En attendant, le système par répartition prend les cotisations versées par les « nouveaux cotisants » et les attribue aux « anciens ayant-droits ». Et la culbute du système aura lieu quand il n’y aura plus assez de nouveaux cotisants pour financer les droits existants.

Qu’on m’explique en quoi ce système diffère du système -pénalement condamnable- de Madoff?

Autre question. L’Etat français, qui avait des finances équilibrées par le tandem Giscard-Barre jusqu’en 1980, a creusé des déficits et une dette publique vertigineux depuis lors, droite et gauche confondues. Notamment, il a multiplié les systèmes de « droits » non limités en montants, tels notamment le RMI ou la CMU, dont le nombre d’allocataires n’est pas plafonné, alors qu’il n’y a comme ressource en face que le budget général de l’Etat.

Tant que les ressources croissent, le système donne l’apparence de tenir debout. On prend les impôts versés et on les redistribue vers les bénéficiaires. Mais si les nouvelles rentrées ne suffisent plus à éteindre les droits acquis, il y a une impasse budgétaire (qu’en termes doux ces choses-là sont dites) qui ressemble fort à ce qui est arrivé à Madoff et à ses déposants.

L’origine de ces pyramides d’Etat est simple. Quand on a créé le système de retraites, on en a fait bénéficier des gens qui n’avaient pas cotisé. Aujourd’hui encore, quand la classe politique déplore, avec une belle unanimité, les toutes petites retraites, notamment des artisans commerçants et paysans, ils « oublient » au passage que ceux-ci n’ont pas cotisé beaucoup.

A l’école, les jeunes français apprennent que, sous Henri IV, leur roi préféré, l’un des deux seuls qui ait baissé les impôts, le bon ministre Sully disait que « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». Ce sont deux activités productives. Aujourd’hui, si l’on parle de mamelles de la France, tous penseront allocation et pensions. Et voudront consommer du lait même s’il n’a pas été produit. Qu’importe si, à trop la traire, on tarit la vache.

La case faillite, ce n’est que pour les vulgaires Madoff. Quand son système explose, on dénonce la pyramide. Quand l’Etat français fait exactement la même chose, c’est un système par répartition unique au monde…

Les prodiges de Buffett contre les miracles de Madoff

décembre 28, 2008 on 7:43 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Un vieil américain nommé Warren Buffett a la réputation d’être le meilleur investisseur de la planète. Le fait que la croissance de sa société, Berkshire Hathaway, ait fait de lui l’homme le plus riche du monde contribue à sa légende. Pourquoi donc qui que ce soit a-t-il pu avoir envie d’investir chez un Madoff au lieu d’acheter purement et simplement des actions Berkshire Hathaway et d’attendre les résultats de la gestion à la mode Buffett?

Le problème est justement dans le mot “attendre”. Madoff promettait des rendements, Buffett ne promet rien, si ce n’est de faire du mieux qu’il peut avec des méthodes tout sauf modernes. Voilà un homme qui dit n’avoir pas investi dans les hautes technologies pendant la bulle Internet, au motif qu’il ne se voyait pas investir dans des sociétés qui n’existaient pas encore, ce qui lui a valu, par exemple, de ne pas participer à la phénoménale hausse du titre Google. Le revoilà absent de la bulle financière qui vient d’exploser, disant qu’il ne pouvait quand même pas investir son argent dans des produits qu’il ne comprend pas. Il ne gagne pas d’argent non plus dans les ventes à découvert pour profiter des marchés baissiers, contrairement à un John Paulson, qui y est devenu phénoménalement riche.

Ce qui conduit à ce paradoxe: l’investisseur le plus riche du monde y est parvenu en évitant les hausses les plus spectaculaires, et en ne profitant pas des baisses. Donc, pendant ces mouvements brutaux, beaucoup d’autres peuvent dépasser ses performances. Et donc attirer articles de presse favorables, récompenses et rémunération, et, enfin, investisseurs. Sauf que ces maisons sont construites sur le sable, et non sur le roc, comme celle de Warren Buffett, dont la recette de base consiste à privilégier la qualité avant tout, à l’acheter pas cher si faire se peut, et à attendre les résultats sur le long terme sans s’impatienter.

Mais voilà, imaginons un gestionnaire de fortune. Il doit non seulement attirer des clients, mais encore les convaincre de rester. Ce qui est difficile, c’est le moins qu’on puisse dire si, comme WB, on se tient à l’écart du dernier truc à la mode qui fait gagner des fortunes aux petits copains. Car les clients ne peuvent pas seulement gagner de l’argent, ils veulent en gagner plus et plus vite que le voisin. Et sont sans pitié pour qui ne leur donne pas satisfaction.

Ainsi, pendant la vague des « junk bonds » de la fin des années 80, où les « obligations pourries » à très fort risque ont permis des rachats d’entreprises avec des effets de levier démesurés, les grands établissements financiers qui s’en sont abstenus ont fortement reculé au classement des résultats de la profession, et un certain nombre de leur grands patrons ont été virés pour avoir confondu prudence et conservatisme. Qui se souvient aujourd’hui de Drexel Burnham Lambert, qui s’était brutalement fait une place parmi les très grandes banques d’affaires mondiales, puis se retrouva très rapidement disgraciée et faillie pendant que son principal animateur, Michaël Milken passait par la case prison? Même danse 10 ans plus tard avec ceux qui ne lancent pas leurs établissements à fond dans les TMT (technologie, média, télécom) comme on disait à l’époque: les prudents, jugés peureux, ont valsé.

Ceci montre que la loi du marché est imparfaite. Le marché est impatient, le marché n’a pas le temps. Or il semble bien que le temps soit un critère déterminant dans la réussite de Buffett, qui n’est due à aucune percée fulgurante, mais bien plutôt à la hausse générale des marchés sur 30 ans, optimisée par un choix judicieux parmi les grandes sociétés susceptibles de durer et de performer mieux que leurs pairs.

Qu’en tirer comme conclusion? Que l’argent mondial se trouverait beaucoup mieux d’être géré à la mode Buffett qu’à la mode Lehman, voire Madoff? L’irruption d’une première vague de fonds souverains financés par les giga-recettes de l’envolée éphémère des prix du pétrole, puis d’une deuxième vague de fonds d’Etat destinés à servir d’amortisseur de crise, dont le SLI français, pourrait en théorie permettre cette vision à long terme. Laquelle manque singulièrement dans les conditions mises aux Big Three américains, qui, pour pouvoir conserver les milliards du Trésor américain, devront prouver dès mars 2009 qu’ils sont revenus à des conditions de rentabilité pérenne. 4 mois pour redresser des colosses à la dérive depuis des décennies comme GM ou Chrysler, c’est comme donner une minute pour que Royal et Aubry, qui se détestent depuis longtemps, se mettent à s’aimer sincèrement.

En fait, c’est une simple question de sémantique. Warren Buffet, sur longue période, a fait des prodiges. Les mêmes prodiges réalisés en instantané, tels que le marché les réclame, cela s’appelle des miracles, et là s’arrête le pouvoir de WB, mais commence celui des promesses des Madoff de ce monde (il y en a d’autres, qui vont subir le même sort, après l’avoir fait subir à ceux qui leur ont fait confiance).

Car que font ceux qui ne se satisfont pas de prodiges, mais veulent des miracles? Vous avez raison, ils rêvent. Et comment savoir, quand le rêve démarre, s’il se terminera comme un conte ou en cauchemar?
Bernard Madoff
Warren Buffett

Bernie Madoff est-il le Père Noël?

décembre 25, 2008 on 9:01 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Ou peut-être faut-il se demander, à l’inverse, si le Père Noël n’est pas Bernard Madoff, ce financier new-yorkais qui s’accuse d’avoir fait s’évaporer 50 milliards de dollars. Vous me direz, quel rapport entre un financier véreux qui a « pris l’argent » et une figure débonnaire et généreuse qui donne des cadeaux, à laquelle ne croient que les jeunes enfants, et encore?

C’est bien là toute la question: qui a cru en Bernie Madoff, et pourquoi? En tout cas, pas la Société Générale, qui, après une mission de renseignement sur place, a décidé de ne pas orienter ses clients ni de ne travailler avec lui. D’autres aussi, ont compris, dit et écrit que Madoff ne pouvait être, n’était qu’un bidon. Un analyste qui le suivait de près en tentant de répliquer ses rendements a écrit avec ténacité depuis 1999 que Madoff ne pouvait en aucun cas tirer de la stratégie qu’il appliquait ou disait appliquer les rendements qu’il tirait ou disait tirer.

Oui, mais voilà, les gens à qui s’adressaient ces avertissements n’y ont pas cru. Ils ont préféré croire le rassurant financier. Comme les enfants, qui mesurent le conduit de cheminée, le trouvent terriblement étroit, mais choisissent de croire quand même qu’un gros bonhomme plus tout jeune et tout de rouge vêtu s’y glisse pour déposer des cadeaux dans des souliers.

Pourquoi les enfants croient-ils au Père Noël? Parce qu’ils ont besoin de merveilleux dans leur vie? Pour un quelconque besoin d’origine freudienne? Ou, plus simplement, parce que la preuve de l’existence du Père Noël, ce sont les cadeaux, bien réels, qu’il livre? Pourquoi les investisseurs ont-ils cru Bernie Madoff malgré les signes qui ont alerté la Société Générale et d’autres? Parce que la preuve de la performance de sa gestion, c’était le rendement qu’elle a offert jusqu’à la culbute finale.

Ne pas croire au Père Noël conduit à conclure que quelqu’un d’autre fait les cadeaux très réels qu’on attribue à ce personnage qui ne l’est pas, et que ce quelqu’un d’autre se satisfait de rester dans l’ombre anonyme d’un Père Noël qui récolte la reconnaissance des heureux enfants. On peut comprendre que les enfants ne croient pas à ce concept du « donateur anonyme » et lui préfèrent le gentil bonhomme rouge.

Ne pas croire à Bernard Madoff conduisait à conclure que les très réels rendements qu’il servait depuis tant d’années provenaient d’ailleurs, et que cet ailleurs se « satisfaisait » de se laisser plumer pour lui permettre de récolter la reconnaissance des heureux investisseurs et épargnants. Ce qui, en termes polis, s’appelle un schéma pyramidal, à moins d’imaginer d’autres montages plus scabreux encore (délits d’initiés,recyclage et blanchiment d’argent illégal, trafics, détournements, etc..).

Sauf que, comme la légende du Père Noël dispose d’arguments très concrets pour la conforter, Bernard Madoff lui aussi n’était pas n’importe qui, avec ses entrées dans la très haute société new-yorkaise, juive notamment, et son titre d’ancien président du conseil d’administration du NASDAQ. Que pesait, en face, le fait que la société d’audit chargé de surveiller ses comptes n’ait eu que trois employés, ce qui, pour des observateurs neutres, représentait un signal d’alerte en lui-même majeur?

Il faut dire que Madoff a été malin, en susurrant à ses investisseurs, triés sur le volet et qui devaient faire des pieds et des mains pour être admis dans le club des gens « autorisés » à déposer entre les mains réputées géniales du gestionnaire d’actifs, que la clef de sa performance résidait dans le fait qu’il savait chaque jour quel volume d’actions était traité sur chaque titre à New York. Ce qui lui eût permis de savoir quels titres étaient surachetés ou survendus, et donc, quelles positions allaient devoir être tôt ou tard couvertes et dans quel sens, et comment profiter de cette information pour gagner de l’argent à coup sûr. Ce qui est bien sûr illégal.

Cette illégalité, difficile à découvrir, comme la plupart des délits d’initiés, permettait aux investisseurs de ne rien trouver de « magique » aux rendements que leur servait le financier de New-York, qui n’avait, du coup, pas besoin de s’affubler d’une quelconque postiche blanche. Cela faisait aussi, dans une certaine mesure, de ses investisseurs des complices, donc réduisait d’autant leurs velléités de se fâcher, le cas échéant, avec le bon tonton Bernie.

C’est pourquoi il est difficile de trop pleurer, en ce temps de Noël, sur les milliards évaporés et leurs malheureux ex-propriétaires. Alors, bien sûr, il y en a qui se révéleront avoir été honnêtement grugés et dépouillés de tout. Mais beaucoup sont des pauvres gens riches qui sont plus pauvres pour avoir voulu être plus riches sans être trop regardants sur le choix des moyens.

Car Noël, c’est le temps de la fête, des repas fastueux et des cadeaux. On peut imaginer que beaucoup qui ont appris l’évaporation de leur argent regrettent aujourd’hui
de ne pas l’avoir flambé en purs plaisirs. Comme le disait George Best, le si doué mais fantasque joueur de football britannique des années 60, qui disait: « j’ai dépensé une fortune en filles, en alcool et drogue. Le reste, je l’ai gaspillé ».

Maintenant les perdants vont vouloir savoir où sont passés les milliards disparus. Car, tous les investisseurs n’auront pas tout perdu. Ceux qui auront encaissé les rendements élevés servis par Madoff, puis judicieusement retiré leur agent avant l’effondrement s’en seront très, très bien tirés. Reste à savoir si c’était le fait du hasard, d’une heureuse inspiration, ou si Bernard Madoff n’aurait pas, là, fait bénéficier certains de petits tuyaux.

Bref, l’affaire Madoff n’a pas fini de livrer ses secrets. Comme le Père Noël.
Bernard Madoff

Mars 500

décembre 24, 2008 on 12:34 | In Insolite, International | Commentaires fermés

Non ce n’est pas une nouvelle version de la magnifique réédition de la Fiat 500, mais une mission spatiale bien spéciale.

Trois Français et un Allemand ont été choisis par l’ESA (Agence spatiale européenne) pour simuler une mission vers Mars, dont la durée de voyage aller retour serait d’environ 520 jours.

Cela signifie qu’ils vont rester confinés dans une enceinte close pendant ce même nombre de jours.

A priori cela ressemble un peu à la Star Ac’, à ceci près que cela dure beaucoup plus longtemps et ce pour une mission quelque peu plus importante pour l’humanité.

Mais pour savoir si cela va marcher, deux d’entre eux vont d’abord avoir le « bénéfice » d’une période d’essai de 105 jours, à Moscou avec deux Russes.

Si l’essai est concluant, le test sera fait en grandeur nature, avec une rémunération à la clé de 54.000 Euros, soit environ 100 Euro par jour.

Deux questions se posent pour JusMurmurandi.

En imaginant que l’expérience longue durée ait lieu comme prévu début 2009, on pourra légitimement se demander ce que les spationautes trouveront à son issue.

Car 520 jours plus tard nous mettront vers juin 2010.

Le ralentissement économique sera-t-il terminé, quelle sera la réussite (ou l’échec) de Barack Obama quasiment à mi-mandat, de même pour Martine Aubry à la tête du PS, Jack Lang aura-t-il finalement obtenu un maroquin au sein d’un quelconque gouvernement, bref toutes sortes de questions qui nous tenaillent et nous tiennent en haleine en ce moment.

La deuxième, plus délicate, est de savoir pourquoi il n’y a que des hommes qui ont été retenus sur les 5680 candidats.

L’ESA répond simplement qu’elles n’ont pas été exclues du processus.

Le fait qu’un Russe, sous l’emprise de l’alcool, ait tenté d’embrasser une Canadienne en décembre 1999 en serait il la cause? Car à la suite de cela, un Japonais était parti en claquant la porte.

Pas besoin de vouloir aller sur Mars pour se rendre compte des différences culturelles.

Quant à filer à l’Anglaise en cours de voyage spatial, c’est un luxe que l’on ne peut se permettre….qu’en ayant les pieds sur Terre.

27 ans de malheur?

décembre 23, 2008 on 10:02 | In Coup de gueule, Economie, International | Commentaires fermés

Casser du verre blanc, selon la sagesse populaire, entraîne 7 ans de malheur. Mais sur la scène économique mondiale, c’est beaucoup plus que du verre qui a été brisé, et nous allons en voir de toutes les couleurs.

Déjà, le premier suicide de banquier, en l’occurrence un français qui avait dirigé l’argent de ses clients vers le trou sans fond de Bernard Madoff, rappelle ceux, nombreux des années 30. On peut se demander ce que pense Madoff, qui a si longtemps cultivé son image de parangon de respectabilité, du suicide d’un homme qui avait eu le tort de lui faire confiance et d’induire d’autres à en faire de même.

Pendant ce temps-là, les chiffres de malheur s’accumulent, certes pas tous mauvais, mais certains si mauvais qu’ils révèlent une dégringolade qui ne peut qu’affoler. Le marché automobile qui plonge de 27%. A ce rythme-là, c’est une usine sur quatre qu’il faut fermer, avec tous les fournisseurs au même régime…
Les exportations japonaises qui dévissent du même pourcentage. 27% pour tout le pays! Ce qui veut dire beaucoup plus pour les plus touchés. Comme « tsunami » est un mot que la langue japonaise à légué au monde, au moins les Japonais ont-ils le mot juste pour dire leur malheur. A tel point que, en novembre,le Japon, habituel recordman des exportations, est devenu globalement importateur!

Mais le chiffre qui frappe le plus JusMurmurandi, c’est le nombre de milliers d’emplois qu’une faillite liquidée va causer en Grande-Bretagne. 27. 27.000 emplois d’un coup quand les 850 magasins Woolworth ne rouvriront plus leurs portes, autour de la fin de l’année. Sans compter, là aussi tout l’amont des fournisseurs, pour une enseigne venue des Etats-Unis et fondée il y a 99 ans.
Soit dit en passant, même si les racines du mal qui a abattu cette chaîne de supermarchés sont anciennes et indépendantes de la crise actuelle, imagine-t-on une seconde en France une entreprise de 27.000 employés liquidée sans autre forme de procès? Et pendant que la gauche est au pouvoir qui plus est? Impensable! Ce qui montre vraiment à quel point ceux qui disent que l’idéologie dominante est le libéralisme racontent n’importe quoi, car si la France était libérale, il n’y aurait ni plan de relance, ni FSI, ni intervention il y a quelques années pour sauver Alstom, ou récemment Dexia, ni cortège d’amortisseurs sociaux pour atténuer la pénibilité de la crise pour les plus vulnérables et les plus démunis….

Il y a pour autant quelques raison d’espérer et de ne pas rejoindre dans le suicide le banquier déshonoré. JusMurmurandi en voit deux. L’une, que l’injection rapide et massive de fonds et la forte baisse de taux d’intérêts fassent leur effet avant que la crise n’ait atteint son plein effet destructeur. L’autre, que la brutalité de cette crise reflète avant tout l’accélération permanente de l’évolution de notre monde, comme l’a si bien montré Alvin Toffler dans son livre « le choc du futur ». Et que, en conséquence, la sortie de crise soit toute aussi accélérée.

Sinon, JusMurmurandi craint qu’avec tout ce qui aura été brisé, nous n’en ayons pour 27 ans de malheur.

« Page précédentePage suivante »