Les jusqu’au-bushistes

décembre 12, 2008 on 8:30 | In Economie, France, International, La Cour des Mécomptes | 5 Comments

La présidence de George W. Bush aura été marquée par la calamité jusqu’au bout. Ou plutôt jusqu’au Bush.

Alors qu’une négociation bi-partisane (républicains et démocrates) avaient permis de mettre au point un plan de « sauvetage » de deux des trois géants de l’automobile américaine, General Motors et Chrysler, en leur accordant un prêt fédéral de 14 milliards de dollars, ce plan, voté par la Chambre des représentants, a été rejeté par le Sénat.

Les Sénateurs républicains exigeaient un accord des syndicats pour une réduction des salaires payés par les fabricants américains au niveau, plus faible, payé par les entreprises japonaises installées aux USA (Toyota, Honda, Nissan). Celles-ci sont installés dans le sud, où les salaires sont plus bas, et leurs employés ne sont pas syndiqués, contrairement aux fabricants américains. D’où une double couche d’écart de salaire. Mais le plus important n’est pas là, mais dans les dépenses médicales. Car les « Big 3″ ont garanti par des contrats signés pendant les années de prospérité que leurs retraités bénéficieraient d’une couverture médicale. Et vu leur pyramide des ages, beaucoup plus ancienne que celles des firmes japonaises implantées beaucoup plus tard, cela créé une différence de coût très importante.

Mais même quand on rapporte cette différence à un montant par voiture produite (de l’ordre de 2000$, soit quelques 10% du prix moyen d’un véhicule), cela ne suffit pas à expliquer les pertes abyssales des fabricants américains quand les Japonais gagnent encore de l’argent.

Le problème, c’est tout simplement la désaffection des clients pour les produits de Detroit, qu’il faut alors brader pour parvenir à les écouler. Ce qui donne à l’argument républicain qui consiste à refuser le plan et blâmer les syndicats qui s’accrochent à leurs avantages acquis une odeur de cuisine politicienne. D’autant que, ce faisant, ils ne suivent pas les instructions du Président issu de leur propre parti, qui, lui, soutient le plan. Le coup de pied de l’âne pour un Président finissant.

Faut-il en déduire que les Républicains ont raison de laisser couler l’un au moins des géants américains, et que c’est le meilleur moyen de parvenir à une plus grande santé du secteur? JusMurmurandi se souvient que c’est exactement l’argument qui a conduit à ne pas sauver Lehman Brothers. Et à mettre 700 milliards de dollars sur la table pour en compenser les conséquences.

En attendant, la présidence Bush aura coïncidé avec la perte de nombreux symboles. Les tours jumelles, l’habeas corpus, la toute puissance américaine, Lehman, l’automobile. Voilà ce qui se passe quand on met l’idéologie avant le pragmatisme.

A ce propos, que dit le PS dans la crise actuelle? Ah oui, « à gauche toute ». Voilà qui ressemble plus furieusement à de l’idéologie qu’à du pragmatisme. JusMurmurandi voit déjà la similitude avec les jumelles du PS qui se sont tant battues qu’elle pourraient tomber. Mais les traiter de « tours » manquerait aux règles de la courtoisie…

Faut il croire aux miracles ?

décembre 10, 2008 on 9:46 | In Best of, Economie, France, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Monseigneur Jacques Perrier, évêque de Lourdes, annonce que jamais auparavant un aussi grand nombre de pèlerins ne s’étaient rendus aux Sanctuaires de Lourdes. Ils étaient plus de neuf millions de personnes à faire le déplacement à l’occasion des 150 ans des apparitions à Bernadette Soubirous.

A lire ces chiffres, il est clair que nombreux sont ceux parmi nous qui croient aux miracles.

Cela signifie-t-il que le PS va se raccommoder autour de Martine Aubry et Ségolène Royal ?

Cela veut il dire que la crise ne sera que passagère et que le ralentissement que nous observons laissera la place à une reprise vigoureuse portée par des matières premières comme le pétrole dont le prix s’est effondré depuis l’été (cours à 40/45 Dollars comparé à 150 cet été) ?

Cela aurait il pour signification que les fonctionnaires de l’ANPE vont se mettre au travail pour faire face à l’afflux de nouveaux « adhérents », le double de la normale avec le ralentissement de l’économie, et non faire preuve de leur habituel égoïsme en déposant un préavis de grève pour début janvier ?

Non, tout ceci étant des questions valables, justifiées, ce qui semble indiquer à JusMurmurandi que l’on peut croire aux miracles, c’est que les banquiers seraient peut être en train de commencer à se rendre compte de l’immense chaos qu’ils ont crée et à vouloir se racheter une conduite.

Car nombre d’entre eux semblent prêts à remettre leur bonus 2008 en question.

A titre d’exemple, Morgan Stanley prépare un mode de règlement qui permettra de retenir une partie des bonus dus afin que leur versement soit étalé sur trois ans, et ceci concerne 7.000 personnes.

Cette annonce est arrivée simultanément à celle de Merril Lynch (NDLR vendue précipitamment à Bank of America) qui déclare que les bonus 2008 de l’équipe dirigeante passeront à la trappe.

On ignore si d’autres établissement financiers suivront. Mais déjà que deux d’entre eux réalisent d’une part du désordre crée et de la nécessité d’essayer de redresser leur image semble, pour JusMurmurandi en tout cas, véritablement miraculeux, tant l’ampleur du désastre est grande et la surdité des banquiers jusqu’à ce jour (voir notre article le Sida bancaire).

Car pour ce qui concerne l’unité du PS, et la réconciliation de Martine et Ségolène, JusMurmurandi ne se fait aucune illusion: même un miracle n’y suffirait pas…

La bulle qui engloutit le monde

décembre 6, 2008 on 7:34 | In Economie, Europe, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Si JusMurmurandi pouvait prédire avec certitude la profondeur et la durée de la crise économique et financière qui frappe le monde entier, il y a longtemps que vous ne pourriez plus nous lire. D’abord parce que notre serveur se serait écroulé sous le volume de trafic. Ensuite parce que nous serions tous partis pour une île pour milliardaires après avoir gagné quelque menu argent grâce à cette prédiction…:-)

Ce n’est pas pour autant une raison de ne pas tenter d’analyser une situation qui montre autant de raisons de craindre que d’espérer. Quelles sont-elles?

Les raisons de craindre sont simples.

D’abord, le monde financier a commis les mêmes excès qui ont conduit à la crise de 1929. Si les modalités sont différentes, le résultat est le même: trop de crédit par rapport aux fonds propres des banques ont rendu celles-ci incapables de faire face au ralentissement cyclique de l’économie et aux défauts de remboursements de crédit qui l’accompagnent. Ensuite, les techniques modernes de levier, de produits dérivés, de titrisation, de rehaussement de crédit et autres engagements par signatures ont encore démultiplié ce montant de crédit octroyé et les risques associés, surtout quand les opérateurs étaient non plus des banques, mais aussi des hedge funds, dont l’existence même repose sur leur capacité à servir des rendements importants à leurs clients, et donc à prendre les risques qui vont de pair.

Si l’on restreint les risques que les banques et autre intervenants financiers pourront désormais prendre pour éviter le retour de pareilles folies, comme cela a été fait après la Dépression des années trente, le crédit sera ipso facto restreint lui aussi, et, avec lui, l’activité économique dont il est l’oxygène. D’où une longue et dure gueule de bois après une orgie de crédit.

Un signe plus inquiétant encore: les taux d’intérêt en dollars sont à 0 pour les emprunts à 3 mois, alors que l’inflation est à 2%, ce qui indique un rendement négatif. Or la logique veut qu’il y ait rendement négatif seulement quand il y a anticipation de baisse des prix. Cela s’appelle la déflation, et c’est le scénario noir qui a conduit au désastre des années trente, ou à l’asthénie japonaise des années 80, avec une quinzaine d’années sans croissance.

Mais, face à ces perspectives sombres, les raisons d’espérer ne sont pas nulles pour autant:

D’abord les dirigeants politiques du monde entier ont lu leurs classiques, dont Keynes. Ils savent qu’une dépression-déflation serait meurtrière, et ils injectent des masses sans précédent d’argent public pour re-dynamiser l’économie, alors que le président américain Hoover, pensant que l’orthodoxie financière permettrait à l’Amérique de s’en sortir, avait littéralement corseté une économie déjà exsangue, avec les résultats que l’on sait.

Ensuite, il y a des poches de croissance encore vigoureuse en Chine, en Inde et de façon générale dans les pays émergents. Ils vont servir à amortir une partie de la baisse de cycle économique. De même, il y a une épargne colossale dans le monde, tant au niveau des particuliers que des entreprises, ou de certains États. Il y a donc un problème de réorientation pour que cette épargne finance la reprise, ce qui est un problème qui n’est pas insoluble.

Va contribuer aussi à notre redémarrage la baisse du prix du pétrole et des matières premières, qui représente au moins 500 milliards de dollars annuels de coût en moins pour les pays développés. C’est un choc de croissance, à l’envers de celui subi les 3 dernières années, avec un hausse vertigineuse des cours. La forte baisse des taux d’intérêts va dans le même sens, réduisant les déficits des Etats endettés et réduisant l’appétence des individus à épargner au lieu de consommer.

La clef qui ouvre vers cette sortie de crise porte un nom: la confiance. Si les mesures gouvernementales sont suffisantes pour convaincre les particuliers d’ouvrir à nouveau les cordons de leurs bourses et de réduire leur taux d’épargne, et les entreprises d’embaucher puis d’investir pour satisfaire le demande renaissante, le pari sera gagné.

Mais, après, il faudra faire face aux gigantesques dettes accumulées par les États pour relancer, ainsi qu’aux masses d’argent ainsi injectées, qui auront un caractère fortement inflationniste. C’est-à-dire que, pour nous en sortir, et alors même que nombreux critiquent Alan Greenspan pour avoir « monnayé » (en clair, acheté) la prospérité au prix de liquidités nouvelles pour éviter tous les accidents qui ont jalonné sa présidence de la Réserve fédérale américaine, créant ainsi les conditions d’une suite de bulles financières, le monde est en train de créer une super-bulle, une hyper-bulle, une giga-bulle comme jamais même Greenspan n’eût osé en imaginer.

Et JusMurmurandi sait une chose ou deux en matières d’économie. Notamment que toute bulle finit par exploser, quoique, chaque fois, nous pensions avoir retenu les leçons du passé.

Et qu’en classe, l’élève qui « bulle » est celui qui ne travaille pas, et quand sa note est une bulle, cela veut dire que sa copie a été notée « zéro ».

Essence, fromage régional et Révolution

novembre 29, 2008 on 12:14 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes | 2 Comments

Entre autres moyens de réduire le coût de fonctionnement d’un Etat français hypertrophié, Nicolas Sarkozy envisage la suppression de certaines collectivités territoriales. Cela pourrait être, suivant la recommandation de la commission Attali pour libérer la croissance, l’élimination pure et simple de l’échelon départemental, avec ses préfets et ses conseils généraux. Cela pourrait aussi, comme il l’a évoqué cette semaine, le regroupement de plusieurs collectivités pour en constituer de plus grandes, dotées de capacités elles aussi accrues, plus à même de répondre aux besoins locaux.

Face à ces perspectives, les socialistes sont vent debout, opposés à tout, même à en examiner l’opportunité éventuelle. Leur argument principal est que le Président chercherait à se débarrasser du niveau où l’opposition (lire: eux-mêmes) le gêne le plus.

Les évènements en cours en Guyane en donnent à JusMurmurandi une autre lecture. Lecture qui commence par rappeler la très forte augmentation d’impôts régionaux qui a immédiatement suivi le passage à gauche de toutes les régions sauf une aux élections de 2004. Augmentation qui n’a pu être justifiée « qu’à titre préventif », c’est tout dire.

Mais ce qu’a fait la région Guyane, présidée par Antoine Karam (socialiste) dépasse tout ce que ses collègues ont pu mettre en oeuvre; et on en voit aujourd’hui les conséquences. La région Guyane prélève une taxe de 70 centimes sur chaque litre de carburant. 70 centimes, quand le prix du carburant, déjà très fortement taxé par l’Etat atteint aujourd’hui aux alentours de 1€10 en métropole. Comment s’étonner donc que le litre de gas-oil coûte 1€70 en Guyane? Ce qui provoque la colère de la population, qui bloque toutes les voies de transport pour exiger une baisse immédiate de 50 centimes.

JusMurmurandi avance que l’opposition des socialistes à toute optimisation des communautés territoriales est avant tout celle d’élus locaux qui ont comme priorité de défendre leur fromage, notamment fiscal, fromage qui est, comme il se doit en France, composé d’un fort pourcentage de matière grasse.

A ces nantis, JusMurmurandi voudrait rappeler les années qui ont précédé la Révolution, où les fermiers généraux qui levaient l’impôt cristallisaient une bonne part de la détestation populaire. Sauf qu’en ce temps-là, c’était l’équivalent de la droite (l’aristocratie et le clergé) qui votait l’impôt payé par la gauche (le tiers-état). Aujourd’hui, c’est la gauche, dont l’électorat populaire ne paye par exemple pas d’impôt sur le revenu, puisque 50% des foyers français en sont exemptés, qui vote l’impôt que paye la droite.

Mais cette inversion ne doit pas cacher l’aversion de ceux qui payent l’impôt pour ceux qui le votent sans le payer. La leçon de la Révolution aurait-elle été oubliée?

Il n’y a pas de petites économies !!

novembre 25, 2008 on 4:43 | In Best of, Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Proverbe bien connu, lorsque les temps sont durs, il faut faire des efforts.

Tous, sans exception. Et a fortiori lorsque l’on est au sommet, il faut montrer l’exemple.

Car réunir des têtes pensantes pour atténuer les effets de la crise, c’est bien.

Créer des plans de relance pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être [avec l'argent des contribuables], c’est louable.

Mais que dire alors d’une contribution personnelle, que les fonctionnaires mettent aussi la main à la poche pour contribuer de leurs propres deniers et subissent sur leurs revenus des effets de la crise comparables à leurs homologues du privé ?

Impensable, incroyable, inimaginable, démagogue ?

Et pourtant si, c’est possible !!

Les fonctionnaires vont recevoir cette année une partie variable de leur rémunération en baisse de moitié par rapport à 2007, et 19% de moins en 2009 qu’en 2008.

Personne n’est dans la rue. Tout le monde comprend, accepte, et se réjouit que même les fonctionnaires se serrent la ceinture.

Exemplaire non ? On imagine déjà la tête de Bernard Thibaut, en état de décomposition avancée, Chérèque faisant la gueule ou encore Besancenot prêt à dégainer (mais pas son Taser….),  pour ne citer qu’eux.

Non, ce n’est pas possible. JusMurmurandi rêve, a bu, fumé la moquette, ou une combinaison des trois….

On vous avait bien prévenu qu’il ne faut pas croire tout ce que l’on lit sur Internet.

Et on n’est même pas le 1er avril !!!

Et pourtant c’est vrai;  nous avions juste oublié de dire où cette exemplarité à lieu….

A Singapour.

Voici le communiqué de presse.

http://app.psd.gov.sg/data/Press%20Release%20-%20CIVIL%20SERVANTS%20ANNUAL%20PAY%20TO%20FALL.pdf

Des pommes, des bananes, des noix !! L’important, c’est la norme.

novembre 13, 2008 on 5:52 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Pour ceux qui, comme JusMurmurandi, aiment les loufoqueries, vous aurez certainement reconnu le cri de guerre du Grand Babu, personnage essentiel des histoires de Pierre Dac et Francis Blanche, qui donnèrent lieu à un film mémorable intitulé « Signé Furax » à la fin des années 70.

Mais si vous ne connaissez pas ces contes et légendes, alors rassurez vous, Bruxelles veille sur vous.

Car saviez-vous que la Commission Européenne, dans son souci permanent et omniprésent de notre bien, être est allée jusqu’à déterminer l’angle que peuvent prendre bananes et autres concombres, définir le calibre la consistance des carottes que nous trouvons sur les marchés ou encore déclarer que les céleris ne doivent comporter aucune cavité…

Sinon, vous ne saviez donc probablement pas, tel Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, jusqu’à quel degré de perfectionnement Bruxelles se penchait pour notre « bien être » collectif.

Ce sont ainsi 26 fruits et légumes dont les taille, forme, et consistance etc. étaient définis avec (in)tolérance par la Commission. Et pour ceux qui n’entraient pas dans les caractéristiques édictées par Bruxelles, point de sursis, c’était la benne ! Tant pis pour le gâchis, l’important, c’est la norme !

Mais heureusement de telles incongruités (JusMurmurandi s’en voudrait de s’adonner à des actes d’incivilité voire malveillance en utilisant des termes moins avenants…) font désormais partie du passé, en partie à cause de l’augmentation du prix des fruits et légumes qu’elles généraient.

JusMurmurandi ne peut que…se courber, s’incliner devant un tel pragmatisme.

Car n’est il pas en contradiction, en particulier avec la morosité conjoncturelle, de mettre fruits et légumes au rebut au seul motif que leur taille, leur courbe, leur calibre ne correspondraient pas aux canons des fonctionnaires bruxellois ???

Voici revenue la liberté de disposer de légumes et fruits frais, quelle que soit leur apparence.

Concombres incurvés, carottes bombées, vous revoici !!!

On croit rêver.

Mais ce fut un combat terrible, car pas moins de 16 des 27 pays, dont la France, s’opposaient à ce que ces règles soient abolies….

Folie régulatrice, quand tu nous tiens.

Depuis hier, ces normes sont donc écartées, et ce sont plus de 100 pages de règles qui ont été déchirées et jetées aux orties.

Mais ne nous réjouissons pas trop vite, ne courons pas toutes affaires cessantes au marché le plus proche pour apercevoir ces fruits et légumes jusqu’alors honnis par une bureaucratie tentaculaire….

Leur résurrection n’entrera réellement dans les faits qu’à partir de juillet de l’année prochaine…..

Pour tout ce qui concerne la règlementation, et surtout sa suppression, il ne faut jamais confondre vitesse et précipitation….

La fin des petits fours ? Ou la fin des haricots ?

novembre 11, 2008 on 2:57 | In Coup de gueule, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Dans un article volontairement polémiste, le Jogging de l’Etat obèse (http://www.jusmurmurandi.com/wp-admin/post.php?action=edit&post=485« ), JusMurmurandi avait recommandé que l’Etat réduise son train de vie, comme le font les ménages en cette période de vaches maigres.

Les caisses ne sont elles pas vides, ne sommes nous pas en faillite ?

Dans la même veine, un rapport rédigé par l’historien André Kaspi vient de suggérer que l’on réduise le nombre de commémorations nationales qui sont actuellement au nombre de 12 à 3 (les 8 mai, 14 juillet et 11 novembre).

Il est bon de rappeler que celui qui en avait le plus rajouté au calendrier était…Jacques Chirac, grand travailleur au sommet de l’Etat s’il en fût (journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France, une journée nationale des mémoires de la traite de l’esclavage et de leurs abolitions, deux journées nationales d’hommage aux «morts pour la France» en Indochine et en Algérie et une journée nationale d’hommage aux harkis).

Bref, alors que nous célébrons le premier 11 novembre  (qui commémore l’armistice de la guerre de 14-18) sans poilu le dernier nous ayant quittés il y a quelques mois, n’avons nous justement pas l’opportunité de remettre en cause toutes ces célébrations qui se sont rajoutées au fil des temps dans le seul but de faire plaisir à une minorité qui disparait au fur et à mesure ?

Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants, est formel, « on ne peut revenir en arrière ». En rappelant tout de même que son secrétariat d’Etat disparaitrait en même temps que les dates du calendrier…

Car toutes ces journées de commémoration ne sont elles justement pas des éternels retours en arrière ???

Comme si au motif « qu’il ne faut blesser personne », on pouvait continuer à les imposer à tout le monde.

Sans parler du fait que certaines dates, comme celle du 8 mai 1945 sont, pour JusMurmurandi en tout cas, hautement discutables.

Car si un fait est indéniable, c’est bien que la France n’a pas gagné la deuxième guerre mondiale…si ce n’est grâce à l’aide essentielle des Anglais et des Américains. Alors fêter la fin d’un conflit que l’on a pas gagné, tandis que l’agresseur est aujourd’hui le premier partenaire de la France… tout cela est pour le moins douteux.

Mais bon, au delà de la seule commémoration et du prétendu « devoir de mémoire », la boîte de Pandore qu’ouvre Kaspi est l’arbre qui cache la forêt.

Ne préconise t-il pas de faire des transformer certaines fêtes nationales en journées d’action locale ou régionale en dehors des trois dates recommandées à l’échelon national ?…

C’est alors tout le débat sur les multiples (trop nombreux ?) échelons hexagonaux (département, région, canton etc.) qui s’ouvre, et l’on comprend alors que, peut être sans le vouloir, André Kaspi a mis le doigt sur un intouchable…

Le Professeur André Kaspi par qui la polémique est arrivée

Quand la Chine tremblera, le monde vacillera…

novembre 11, 2008 on 8:06 | In Best of, Economie, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Nombreux seront ceux qui se souviennent du livre célèbre d’Alain Peyrefitte, « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera… ».

JusMurmurandi s’en est inspiré pour répondre à une de ses questions, de ses angoisses pressantes.

Car le ralentissement économique qui se déroule sous nos yeux a bien entendu des conséquences planétaires, jusqu’en Chine.

Or si dans nos démocraties occidentales, les cycles économiques sont connus, expliqués et parfois même compris par l’homme de la rue, la chose est autrement complexe pour des Chinois qui ont connu une croissance économique à deux chiffres tout au long de ces dernières années.

Qui plus est lorsque l’on rajoute que ce développement est pour l’essentiel dû aux exportations de la Chine vers les pays occidentaux.

Alors si aujourd’hui les usines chinoises venaient à ralentir leurs cadences, voire fermer, comme suite « logique » de la crise bancaire devenue économique, vers qui pensez vous que serait tenté de se tourner le paysan chinois devenu ouvrier qui verrait son revenu diminuer ou disparaître ?

Vers le pouvoir politique pour qu’il demande des comptes aux « Guailo » (étrangers avec connotation négative en Chinois) qui les mettent dans le pétrin. Vous imaginez une déferlante de centaines de millions de Chinois qui fondent sur l’Europe ou la Russie pour demander des comptes ? Perspective terrifiante, et peut être pas totalement impensable…

C’est, peut être, pour cette raison que la Chine a annoncé hier un plan de relance de l’économie de 586 milliards de Dollars, destiné à compenser la baisse d’activité tout en servant à renforcer les infrastructures du pays.

Il n’est pas comparable aux plans occidentaux en ce que le financement ne provient pas des gouvernements mais des banques et entreprises nationales qui sont « encouragées » à se développer plus rapidement, à prêter davantage d’argent au travers d’une politique fiscale plus agressive. On croit rêver pour ce qui nous concerne lorsque l’on voit, au petit niveau français le médiateur du crédit René Ricol assailli de demandes d’aide face aux banques qui ferment les robinets en dépit du refinancement effectué avec l’argent des contribuables.

Bref, ceci est destiné à maintenir l’économie en croissance élevée, et par conséquent à juguler les effets du ralentissement. Si c’est rassurant sur le plan politique, cela signifie aussi que la Chine investit donc encore plus dans ses infrastructures etc. pour être encore plus concurrentielle face aux industries occidentales. Et peut être aussi consolider sa prééminence sur son grand rival aux infrastructures déficientes, l’Inde.

En somme, une bonne mauvaise nouvelle….

L’Occident n’a pas fini de trembler.

Quand le compte n’est pas bon à l’Assemblée nationale

novembre 10, 2008 on 8:17 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

La Cour des Comptes s’est récemment intéressée à la gestion de nos chers parlementaires, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas perdu son temps.

Quelques perles retiendront certainement votre intérêt, Cher Lecteur, tout autant que nous avons retenu notre souffle en en lisant des extraits.

Et que rien n’a retenu les dépenses de nos chers, si chers élus.

Le budget pour commencer. Il a cru, sur les dix dernières années, à un rythme supérieur à celui des dépenses de l’Etat (47% contre 37%, dans les deux cas largement plus que l’inflation). Imaginez ensuite qu’ils se permettent de juger les budgets de l’Etat lorsqu’eux mêmes font pire ??!!

25% du budget total est consacré aux salaires tandis que les 24 fonctionnaires les mieux payés gagnent 213.000 Euro bruts par an.

Ces 25% se comparent à 15% chez nos voisins britanniques qui est une démocratie parlementaire (donc qui se passe de Président de la République etc.) ou encore les Allemands dont les salaires au  Bundestag ne représentent que 12%. Bref, ils en plus pour leur argent que nous.

Et surtout comme d’habitude, dépassements budgétaires à gogo, comme les travaux de l’immeuble Chaban Delmas. Mais heureusement,  » ces travaux génèreront beaucoup d’économies puisque nombreux députés n’auront plus à dormir à l’hôtel ».

Bref, tous les dépassements sont permis aussi longtemps qu’il y a des économies; à ceci près que la durée de retour sur investissement est une notion qui n’est pas importante pour les députés.

En conclusion, tout ce que l’on rejette, critique pour la gestion de l’Etat se retrouve à plus modeste échelle mais encore plus gaspilleur, au Palais Bourbon, là même où devraient être corrigées les déviances de nos gouvernants.

Français, dormez tranquille !

Scandale !! Barack Obama ne marche pas sur l’eau !!

novembre 7, 2008 on 5:25 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

 

Barack Obama : lorsque la presse se prend les pieds dans le tapis

Barack Obama : lorsque la presse raconte n'importe quoi

Le gruyère n’est pas suisse, il est français !!

novembre 4, 2008 on 8:31 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | 2 Comments

Qui a inventé le célèbre fromage aux fameux trous ?

Les Helvètes ou les Français ?

On se souviendra en particulier de ce merveilleux album d’Astérix chez les Helvètes, dans lequel chacun s’y met de plus belle pour ne pas faire tomber son morceau de pain dans la fondue.

Mais la plus convaincante des réponses se trouve, une fois de plus dans la non application d’une loi en principe bonne pour tout le monde, la loi de modernisation de l’économie ou LME.

Un de ses chapitres se penche en détail sur les délais de paiement et prévoit un plafonnement des délais à 45 jours fin de mois ou 60 jours.

En effet, son objectif est d’améliorer la position de trésorerie des PME, qui sont souvent à la merci des grands groupes ou de la « grande distribution », dont le pouvoir de négociation est aussi important qu’il est menaçant.

Or la LME est là pour remettre tout cela à plat, et permettre au PME d’avoir une trésorerie plus forte.

Mais las, crise aidant, on voit toutes sortes de dérogations arriver, et en dépit du fait qu’elle devait entrer en vigueur le 1er janvier prochain, soit elle ne sera pas appliquée, soit ce sera un véritable…gruyère.

Les uns demandent des remises de prix pour compenser leur mise en conformité avec la loi (!!), les autres des participations aussi fictives que durement monnayées, d’autres encore de recourir à des filiales étrangères de leurs fournisseurs afin que la loi française ne s’applique pas, bref, tout est bon pour contourner la loi.

Et une fois de plus, une loi destinée à protéger, renforcer les PME va passer à la trappe, en particulier dans une période où leur trésorerie est considérablement fragilisée par un ralentissement aussi violent que soudain.

Comme disent nos voisins britanniques, la route vers l’Enfer est pavée de bonnes intentions.

George Bush est-il le roi Dagobert?

novembre 1, 2008 on 6:23 | In Best of, Coup de gueule, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Le roi Dagobert est connu de tous les enfants pour avoir mis sa culotte à l’envers. Et, se faisant, il passe pour ce qu’il faut bien appeler un débile.

A l’heure où s’achève le mandat de George Bush, car, même s’il continuera d’exercer sa fonction pendant encore de longues semaines, la tradition veut qu’il ne prenne pas de décisions majeures pendant cette période de transition, JusMurmurandi se dit que George Bush va s’insérer dans l’histoire à côté de son illustre prédécesseur, dont les lumières ne lui permettaient même pas le bon usage de ses sous-vêtements. Voici pourquoi:

George Bush a été élu comme président sur un programme républicain très conservateur: moins d’État, moins de régulation, moins d’impôts. Des finances laissées, pour l’essentiel, aux citoyens et non à des mécanismes collectifs. Un État fort sur les plans militaire et diplomatique.

Qu’en est-il, 8 ans après?

George Bush a hérité de son prédécesseur, Bill Clinton, un budget en large excédent, au point qu’il était devenu possible d’espérer que la dette américaine, longtemps une ombre menaçant la stabilité du système financier international, soit remboursée. Soit dit en passant, la simple mention de la dette américaine comme menace fait sourire avec amertume tant nous n’en sommes plus là… Par rapport à cela, George Bush laisse un déficit abyssal, et ce, avant même que la crise économique et le plan Paulson de renflouement des banques ne le creusent encore massivement. Ce qui, inévitablement, promet aujourd’hui les hausses d’impôts de demain, à l’envers de son credo politique.

George Bush a hérité de son prédécesseur une Amérique appréciée sur le plan international, qui a contribué à la paix en Irlande du Nord, à la paix dans les Balkans (quoique…) et failli réussir un improbable accord de paix entre Palestiniens et Israéliens. Aujourd’hui, l’Amérique est tout simplement le pays le plus détesté du monde pour la guerre d’Irak. Même ses alliés historiques, tels la France ou le Canada se sont abstenus de la suivre dans cette aventure. La coalition rassemblée avec brio par George Bush père pour la première guerre d’Irak n’a pas pu être reformée, et, si la guerre proprement dite a été gagnée, la paix ne semble pas envoie de l’être. Ceci au prix de centaines de milliers de morts irakiens, de milliers de morts américains, de 1500 milliards de dollars. Et cette Amérique, embourbée en Irak comme dans un nouveau Vietnam, a perdu respect et crédibilité

George Bush a hérité de son prédécesseur d’une économie en bon état, prospère et en croissance. Il laisse une crise dont les seules questions qu’on se pose à son endroit sont: quel est l’aspect le plus grave, le financier ou l’économique, et va-t-elle détrôner la crise de 1929 comme la plus grave de l’Histoire? Le plus invraisemblable de cette récession dont on voit seulement poindre le début est que c’est l’État américain qui aura du sauver la mise des banques et du système financier, au prix d’une intervention sans précédent, New Deal rooseveltien y compris. George Bush le libéral aura présidé au plus grand retour de l’État de l’Histoire américaine….

George Bush a hérité de son prédécesseur une Amérique dont les institutions et les libertés civiles faisaient l’admiration du monde libre et servaient souvent d’exemple. Pour cause de guerre au terrorisme, son administration les a démantelés, y compris des piliers comme l’habeas corpus. Et alors que les conservateurs texans religieux, dont le Président fait partie, ont une vision quasi satanique de l’Etat, celui-ci est maintenant libre de rentrer au plus profond de l’intimité des citoyens sans même de décision de justice. Sans parler de Guantanamo, zone de non-droit exemplaire de tout ce qu’il ne faut pas faire, de la pratique de la torture légitimée par cette administration, du vice-Président Cheney, âme damnée de son patron, qui défie le Congrès en prétendant qu’il n’appartient pas à l’Exécutif et autres énormités.

Le lecteur aura remarqué que JusMurmurandi ne porte pas au débit de ce triste Président ni le 11 septembre ni la guerre en Afghanistan. Car, s’il y a tous ces héritages positifs de Clinton, il en a aussi hérité Osama bin Laden, ce qui n’est pas vraiment de sa faute. Ne pas avoir réussi à lui régler son compte n’est pas, en revanche, un grand succès…

Bref, sur ces 4 points fondamentaux que sont la place de l’Amérique dans le monde, l’état de ses finances et les impôts, son économie et le rôle que l’Etat y joue, la vie citoyenne et les institutions, la présidence de George W. Bush aura combiné des résultats exécrables et le recours à l’exact inverse de ce qu’il prêchait pour se faire élire. Vous me direz, quel rapport avec le roi Dagobert et son usage en matière de sous-vêtements?

C’est que, non content de tout faire à l’envers, George W. Bush est arrivé au pouvoir fort de certitudes simples et dénuées de toute modération. C’est ce qu’on appelle être culotté. La série de défaites qu’aura subies son pays sous sa présidence sont ce qu’il faut bien appeler, même si l’on aime, et peut-être surtout si l’on aime les Etats-Unis, dont l’Histoire ne saurait se résumer à un seul Président, une forte déculottée. Et les renoncements idéologiques auxquels il aura été contraint de vive force, sont autant de cas où il aura baissé culotte.

Ce qui conduit la première puissance du monde à une situation quasi-crépusculaire. Sans argent, sans beaucoup d’amis, sans fondements solides au moment d’affronter les défis qui l’assaillent. Cela s’appelle être en petite culotte.
George Bush

Courage, ou camisole de force?

octobre 30, 2008 on 6:40 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

L’Islande est en faillite. Malgré des plans de soutien d’envergure internationale, les banques de cette île avaient vraiment poussé le bouchon trop loin. JusMurmurandi vous a déjà narré comment le morceau de glaçon est devenu le Titanic du 21e siècle. Résultat: les taux d’intérêt sont de 18% pour soutenir une monnaie qui a déjà perdu 50% de sa valeur. Ce qui est un cercle vicieux, parce que toute baisse de la monnaie fait gonfler la valeur locale d’un endettement en devises, dont l’augmentation fait baisser la monnaie. Conséquence: le gouvernement prévoit une baisse de PNB de l’ordre de 10%. On imagine la brutalité d’un tel « ajustement », ou effondrement, comme on voudra.

Mais l’Islande n’est pas seule. La Hongrie ne va guère mieux, quoique pour des raisons différentes. Son problème n’est pas que ses banques, par ailleurs essentiellement entre des mains étrangères, aient perdu toute mesure, mais que son déficit budgétaire considérable l’oblige à emprunter beaucoup. Comme les marchés de crédit ne disposent plus d’assez de capitaux, les prêteurs font les difficiles et recherchent avant tout des emprunteurs de qualité, plutôt que des républiques de l’Est européen surendettées et en déficit. Résultat: le gouvernement hongrois, pour obtenir un total de 25 milliards de dollars de prêts, s’est engagé à un plan de « stabilisation », ou d’amaigrissement qui ramènera le déficit budgétaire de 9,2% du PIB aujourd’hui à 5,6% l’année prochaine, puis 2,8% en 2010. On imagine la brutalité d’un tel « ajustement », ou effondrement, comme on voudra.

Vous me direz, l’Islande, la Hongrie, ce sont des Etats mineurs et notoirement risqués. Rien à voir avec le coeur de l’économie mondiale, et les grandes puissances, dont la France sarkozyenne. Vraiment? Car la France aborde cette période de crise avec un déficit public déjà proche de 3%, et des perspectives carrément sombres si l’on tient compte que la démographie plombe chaque années le système de retraites et que nul ne s’est avisé de mesures qui interrompraient la croissance vertigineuse des dépenses de santé.

S’ajoute à cela que la crise va gravement amputer les recettes fiscales prévues, aussi bien que celles des régimes sociaux. Moins de cotisants au travail, et plus de chômeurs à indemniser… Plus encore, s’y ajoutent les fonds qu’il va falloir injecter dans le système financier. Mais cette situation exige davantage, notamment pour le soutien à l’économie, ce qui excite la fibre interventionniste très gaullienne de Nicolas Sarkozy. Maintenant qu’il est débarrassé du corset du plafond de déficit public fixé à 3% du PIB par le traité de Maastricht, il promet plans de relance, plans d’aide et fonds souverains, qui, tous, vont faire gonfler un déficit déjà abyssal.

Il est véritablement à craindre qu’un tel dérapage ne transforme la France en Hongrie-bis, et n’oblige à recourir bientôt à un prêt du Fonds Monétaire International pour remplacer des prêteurs effrayés par notre incurie financière. Mais on verrait alors la camisole de force du FMI remplacer, en beaucoup plus sévère, le corset de Maastricht. Même si Nicolas Sarkozy peut compter sur son directeur actuel, Dominique Strauss-Kahn, qui lui doit beaucoup, pour ne pas trop serrer les sangles du dispositif.

Non, la question que se pose JusMurmurandi est celle-ci. Cela fait, disons, 15 ans que la France court après des déficits considérables et une dette qui enfle. Aucun gouvernement n’a pris le taureau par les cornes, chacun espérant qu’une vague de croissance prochaine vienne restaurer un équilibre durable. Et chacun s’empressant de dépenser à l’avance les recettes futures (35 heures, CMU, RMI, RSA ont été autant de chèques en blanc tirés sur l’avenir).

Mais, si la Hongrie, bien obligée, peut en 2 ans réduire son déficit de 9,2% à 2,8% du PIB, et ce en période de crise économique, la France, plus riche et moins profondément déficitaire ne peut-elle pas en faire autant? Car, avec 6,4 points de PIB de déficit en moins, il y a de quoi revenir à l’équilibre tout en finançant force « plans ». Evidemment, un tel « ajustement » se situe quelque part entre le profondément douloureux et le cruel. Mais il règle d’un coup le problème. L’alternative est une asthénie prolongée de dizaines d’années, comme l’a montré le Japon, qui n’a pas voulu de remède de cheval pour sortir de la crise des années 80.

Et, curieusement, il y a maintenant une vraie opportunité historique d’appliquer ce traitement de choc. La crise est réelle, profonde, internationale, sans précédent, et les Français savent déjà, car ils sont plus intelligents que les politiques ne le pensent, qu’ils vont devoir se serrer la ceinture. Alors qu’en temps plus cléments, un plan « dur » serait perçu comme peut-être évitable. Accessoirement, l’UMP et le Président ont cet avantage que l’opposition socialiste est en pleine déconfiture, allant à son congrès de Reims voter sur des textes, programmes, et promesses écrits avant la crise financière et donc déjà totalement dépassés.

L’élection de Nicolas Sarkozy, né de père hongrois, a eu une résonance particulière dans ce pays. Il y a même eu des journalistes hongrois facétieux pour proposer en 2007 aux Français de troquer leur Président nouvellement élu et alors populaire contre leur très impopulaire Premier Ministre, Ferenc Gyurcsany. Peut-être, vu le courage de ce dernier, faudrait-il leur dire aujourd’hui « chiche »?
Nicolas Sarkozy

Le SIDA bancaire

octobre 28, 2008 on 7:56 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Et si on comparait justement le Syndrome Immuno Dépresseur Acquis à la crise bancaire ?

Vous y allez fort répondrez vous certainement.

Si fort que cela ?

Le SIDA, maladie du siècle dernier, qui fait des ravages, tant parmi les « innocents » transfusés que ceux et celles qui ont des rapports non protégés avec des inconnu(e)s.

Nous l’abordions brièvement dans notre dernier article, les « découvertes » récentes sur la cupidité et l’hypocrisie des banques atteint des niveaux sans précédent tandis que deux chercheurs français reçoivent le prix Nobel de médecine, la première fois depuis 28 ans, pour leurs travaux sur le SIDA, .

Citons quelques exemples pour illustrer à quel point nous, qui peinons chaque jour à garder notre emploi et maintenir ceux d’autres qui éventuellement nous font confiance, sommes ivres de rage.

Goldman Sachs et Morgan Stanley, banques d’affaires américaines, et bénéficiaires du plan Paulson à hauteur de 10 milliards de dollars chacune au titre de l’aide aux « banques en péril », ont provisionné la somme de 13 milliards de dollars pour versement de bonus de fin d’année.

Pour Goldman, cela revient en moyenne à 210.000 dollars par employé.

Pour Merril Lynch, le montant est plus faible, seulement 110.000 dollars par personne.

Mais il est en hausse par rapport à l’année précédente où il ne totalisait que 108.000 dollars.

Parce que 3.000 postes ont été supprimés.

La somme globale des bonus versés par Goldman Sachs, Merril Lynch, Bear Stearns, Morgan Stanley, et Lehman Brothers avait atteint la somme record de….39 milliards de dollars en 2007 !

Chez Lehman Brothers Europe, maintenant reprise par la banque japonaise Nomura après une faillite retentissante, le nouveau propriétaire a promis aux salariés repris le même bonus que l’année passée.

Tout ceci pour des employés qui touchent des rémunérations fixes qui varient entre 80.000 et 600.000 dollars.

Vous imaginez l’état de fureur incandescente dans laquelle se trouve JusMurmurandi en lisant ces informations.

Et pendant ce temps là, Nicolas Mérindol qui, fraîchement débarqué de la Caisse d’épargne après les 650 millions d’Euro évaporés la semaine dernière, était sur le point de prendre la direction du Crédit Foncier de France…

Car le problème, c’est que comme le SIDA, l’économie mondiale est touchée progressivement à tous les niveaux, avec des fermetures d’entreprises, des chômages techniques….

Et en même temps, en toute inconscience, hypocrisie et cupidité, certains banquiers continuent à distribuer l’argent de leurs clients et des contribuables comme si de rien n’était, et fusionnent entre eux comme d’autres s’accouplent sans se soucier de protéger son ou sa partenaire. Seuls les banquiers semblent immunisés, le restant de la population ayant besoin d’anti..dépresseurs.

Cela évoque une phrase célèbre d’un socialiste, candidat infortuné à la Mairie de Paris aux élections municipales.

Qui se souvient encore de Paul Quilès, si ce n’est par cette déclaration outrancière, qui, quelque part, rejoint d’une certaine façon l’opinion de JusMurmurandi ce soir: « il ne faut pas dire les têtes vont tomber, mais lesquelles et tout de suite !! »

Passer de « gagnant sans travail ni risque » à « tous perdants »?

octobre 26, 2008 on 7:46 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

L’observation de la débâcle financière mondiale montre que, souvent, de très grosses pertes ont été subies par des institutions dont le tort a été de croire qu’elles pouvaient gagner de l’argent sans contrepartie, sans risque ni travai.

Ainsi des municipalités anglaises ont-elles prêté cinq milliards de livres à des banques islandaises, qui payaient des taux d’intérêts plus élevés que des emprunteurs traditionnels. Ces dépôts sont maintenant gelés, au grand dam des autorités britanniques qui crient au scandale. Que croyaient-elles, que les taux d’intérêts très élevés qu’elles encaissaient étaient dus à la proximité de l’Islande, pays du Grand Nord, avec la résidence du Père Noël? Eh bien, elles ont perdu, car c’est en Finlande que réside le Père Noël, et le risque qu’elles ont pris se révèle perdant…

Ainsi les adeptes de l’arbitrage (hedge en anglais), qui ont notamment joué à l’amusant jeu du « carry trade ». Le carry trade consiste à emprunter dans une devise dont les taux d’intérêts sont bas, soit, souvent, le yen japonais, pour reprêter le montant emprunté dans une devis dont les taux d’intérêts sont plus élevés, soit, souvent, le dollar. Et le hedge fund ou la banque qui joue à cela d’encaisser un sympathique différentiel de taux entre ses revenus en dollars et ses coûts en yen. Jusqu’à plus de 4% en base annuelle. Quand on pense que les sommes en cause atteignent selon les estimations deux à trois cent milliards de dollars, cela fait huit à douze milliards de dollars de profits de profits sans beaucoup se fatiguer. Sauf que, malheureusement, le yen vient de s’apprécier brutalement de quelques 20% contre le dollar, donc les emprunteurs perdent 20% en quelques semaines là où ils en gagnaient 4 en un an. Mal joué!

Ainsi les compagnies d’assurance qui « rehaussaient » la notation de crédits hypothécaires américains « subprime », (de mauvaise qualité). Une signature de l’assurance en bas d’un contrat, et le paquet de crédits subprime, assurés par un grand nom bien noté devient un bon risque. Ce risque est revendu à un acheteur qui fait confiance à la signature de l’assureur, lequel touche une bonne grosse commission pour cette opération. Sauf que, quand les propriétaires immobiliers n’ont pas pu payer des mensualités de crédit dopées par la hausse des taux d’intérêts, la réassurance lucrative s’est transformée en machine infernale. C’est comme cela qu’AIG, première compagnie d’assurance mondiale, et la plus rentable aussi, a explosé en vol.

Ainsi toute la chaîne des acteurs de la construction et de l’immobilier en Espagne, qui misaient sur la poursuite sans fin de la hausse des cours. Les banques accordaient des prêts hypothécaires jusqu’à 50 ans -et en taux flottant, s’il vous plaît!-, qui n’avaient quasiment aucune chance d’être remboursés en l’état. Mais la hausse de la valeur de l’immobilier permettait de revendre le bien ou de le refinancer, alors un éventuel problème, ce serait pour plus tard, alors que la commission, c’était pour tout de suite. Tant et si bien que le bâtiment et l’immobilier ont représenté la moitié de l’ensemble de la croissance du PNB espagnol pendant 10 ans. On imagine l’ampleur de la gueule de bois d’aujourd’hui .

Ainsi les spéculateurs qui ont joué la hausse continue des matières premières ont-ils pu gagner, sur papier, des montants énormes à mesure que le pétrole a flambé pour atteindre 147$ le baril. Imités en cela par ceux qui ont joué le prix du gaz, du minerai de fer, et autres ressources naturelles. Sauf qu’il est à espérer pour eux qu’ils ont soldé leur position avant que le pétrole n’entame sa vertigineuse chute de 50% de trois mois. Gare à ceux qui ont cru que les arbres montaient jusqu’au ciel.

On peut se demander aussi qui donc a gagné en étant la contrepartie de ces pertes abyssales. Car quand on gagne en bourse, c’est que quelqu’un perd. Et donc l’inverse semble logique. Mais toutes les pertes n’ont pas généré de gagnants. Quand l’immobilier baisse, il n’y a pas forcément de gagnant. Quand Lehman fait faillite, il n’y a pas forcément de gagnant.

JusMurmurandi trouve même que nous sommes dans une période où nous sommes tous perdants…

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