Poulidor, Maire de la Capitule ?

novembre 18, 2008 on 7:19 | In Best of, C'est ça, Paris?, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Raymond Poulidor, vous vous souvenez? Cet excellent coureur cycliste, dont la longue carrière est jalonnée d’efforts intenses, de luttes épuisantes et héroïques en dépit desquelles il n’a jamais gagné le Tour de France. D’abord par la « faute » de Jacques Anquetil, dit « Maître Jacques », une légende du sport, l’homme aux 5 victoires au Tour de France, puis du « règne » d’Eddy Merckx, dit « le Cannibale », qui, lui aussi, gagne 5 Tours de France.

Mais la façon si noble, si élégante, si sportive, loin des manoeuvres, des combines et des rancunes qu’avait Poulidor d’arriver 2e lui ont ouvert le cœur des Français, qui l’ont élu leur favori. Et il est certain que si la victoire au Tour de France avait été décidée par un vote des militants ou sympathisants du vélo, Raymond Poulidor eût été élu à une large majorité.

Mais la première qualité d’un sportif, c’est de ne jamais capituler. Perdre, peut-être, mais en donnant tout ce qu’on a, jusqu’au bout, même quand la victoire est impossible, même quand les places d’honneur sont hors d’atteinte. Lutter non seulement parce que c’est la clef de la victoire, mais parce que c’est la manière d’être et de vivre des champions. Et le pire, c’est de craquer, de coincer, de baisser les bras, de jeter l’éponge, d’abandonner, de capituler.

Parce que capituler, même une fois, c’est afficher, pour vous, vos concurrents, vos supporters, que, quand ça devient chaud, très chaud, il n’y a plus personne. Et cette faiblesse que vous dévoilez, on ne vous la pardonnera pas. Ni vos supporters qui attendaient de vous que vous portiez fièrement leurs couleurs au lieu de vous laisser couler avec. Ni vos adversaires qui sauront désormais où se trouve votre faille et comment en jouer pour bloquer désormais toute nouvelle tentative.

Les votes des militants socialistes ont porté Bertrand Delanoë à la deuxième place pour le congrès de Reims. Le problème, comme en sport, c’est qu’il n’y a qu’une place de vainqueur. Fort de la détestation que Ségolène Royal provoque chez de nombreux socialistes, le Maire de la capitale pensait pouvoir fédérer contre elle sur son nom, lui, le deuxième. Son évocation de sa différence d’avec sa concurrente, pour un parti de militants et non de supporters, ne manquait d’ailleurs ni de justesse ni de grandeur.

Oui, mais voilà, le ralliement n’a pas eu lieu. Le tour de France des fédérations socialistes ne se joue pas à Paris, et Martine Aubry l’avait compris. Et ce n’est pas une personnalité isolée qui peut gagner face à une équipe regroupant ses partisans, des fabiusiens et des strauss-kahniens.

Faute de ralliement, on eut l’affrontement. Aucun des 3 candidats, Aubry, Delanoë, Hamon, ne voulut céder, et on allait tout droit au vote des militants, laissant derrière un parti déchiré, à l’image en lambeaux.

Sauf que Delanoë n’a pas perdu ce vote, comme il a perdu celui pour les Jeux Olympiques, en arrivant, là aussi, deuxième derrière Londres, parce qu’il a capitulé avant. Non seulement il a jeté l’éponge avant le dernier combat, mais il a annoncé ne pas donner de consigne de vote. Sauf que, 48 heures après, toute honte bue et tout amour-propre jeté à la rivière, il appelle à voter pour Martine Aubry, ayant donc compris comment ce qui était impossible à Reims ne l’était plus à Paris. Et perdant au passage le bénéfice, le dernier qui lui restât, celui d’avoir été le candidat qui avait préféré éviter au parti socialiste encore plus de division et de lutte fratricide et partisane.

Sauf que, comme nul n’aime les capitulards, de nombreuses voix s’élèvent dans son propre fief pour dire leur dégoût de sa consigne de vote et lui préférer le vote Royal.

Une chose est sûre. Non, pas le nom du prochain ou de la prochaine premier secrétaire du PS.

Mais que Raymond Poulidor, lui, n’aurait jamais, ah non jamais! capitulé.

Bertrand Delanoë

Le congrès de Riens et les problèmes de Personne

novembre 15, 2008 on 4:57 | In Best of, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Connaissez-vous la ville de Riens? C’est la ville où les socialistes ont choisi de se réunir en congrès pour se choisir un Premier Secrétaire. 4 candidats ont fait voter les militants sur leurs motions et ont obtenu entre 20 et 30% des voix. Bref, 4 minoritaires. Car de majorité, Rien.

Compte tenu de toutes les actions effectuées, entreprises ou annoncées depuis un an par le suractif Nicolas sarkozy, le moins qu’on puisse dire est que ce Congrès offrait aux socialistes une opportunité en or de donner dans la critique présidentielle. Or, dans le domaine de la critique de l’action, Rien.

La conjoncture de grave crise due aux excès du capitalisme financier offrait aussi aux socialistes une occasion dorée sur tranche de critiquer la base idéologique de la droite et de faire entendre leur différence. Or, pour ce qui est de la critique idéologique, Rien.

Qu’entend-on au congrès de Riens? Qu’on ne peut, entre socialistes, s’entendre sur Rien faute de s’entendre sur une Personne. La Personne qui sera leur chef. Car, justement, leurs défaites électorales viennent de ce que, jusqu’ici, avec François Hollande, leur chef, c’était Personne. Il cherchent donc une Personne pour succéder à Personne. Et qu’on avait choisi Personne, c’est-à-dire François Hollande, à l’époque, parce que se le donner pour chef n’engageait à Rien. Vous noterez au passage que le progrès n’est pas évident, car trouver Personne était à l’époque un minimum, et c’est aujourd’hui plus qu’un maximum.

En fait, il apparaît une ligne de clivage très claire, et une seule, entre les différents groupes, outre leurs problème de Personne. C’est celui de l’alliance avec le Modem de François Bayrou. On conçoit qu’une telle alliance puisse poser problème à des socialistes de vieille souche, vu que la seule chose qu’on peut dire de FB, c’est que c’est Personne qui veut à toute force essayer d’être Quelqu’un, alors que les socialistes ne cherchent pas un Quelqu’un, ça ils en ont un trop-plein, mais leur Personne. Ca n’est pas simple…

Comment s’étonner alors de l’opinion qu’ont les Français des socialistes et de leur Congrès? Ils n’en pensent Rien. Et qui pourrait leur en vouloir? Sans doute Personne…

Sarah Palin serait-elle un clone?

novembre 14, 2008 on 9:18 | In Best of, Elections présidentielles 2007, France, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Sarah Palin est une femme étonnante. Le « ticket » sur lequel elle a joué le rôle secondaire de candidat à la vice-présidence derrière John Mc Cain a essuyé une sévère défaite. Sa « contribution » à cette défaite semble, aux yeux des observateurs aussi bien que de certains membres de son parti, notamment dans l’équipe de John Mc Cain, a été plutôt négative, voire très négative, passé un engouement initial.

Pourtant, à entendre Sarah Palin aujourd’hui, qui regarde avec gourmandise les échéances présidentielles de 2012 et 2016 et se voit déjà en haut de l’affiche, cette élection perdue a prouvé qu’elle a un destin national.

C’est d’autant plus curieux, que les enquêtes montrent que c’est sur son absence de compétence ou de capacité personnelles que se sont cristallisées de nombreuses oppositions, au-delà même de ses positions très conservatrices, qui n’ont aucune chance de fédérer une majorité d’Américains, à commencer même par on propre parti. Ainsi Colin Powell, ancien Secrétaire d’Etat de George Bush, et peu suspect de réticence quant au discours patriotique de John Mc Cain, a-t-il choisi de déclarer publiquement son soutien à Barack Obama par rejet de sa colistière.

D’où l’étonnement de JusMurmurandi de voir Sarah Palin parader comme après une victoire. Mais peut-être ne devrions-nous pas nous étonner. Après tout, n’avons-nous pas un exemple sous les yeux de ce comportement?

Vous direz que, comme femme ultra-conservatrice, la France n’a « que » Christine Boutin, qui n’a vraiment pas un parcours politique comparable, et vous aurez raison.

Mais si vous raisonnez « une femme qui se conduit comme après une victoire alors qu’elle vient d’être largement battue, une femme qui prend la défaite comme promesse d’un destin national et de victoire future, une femme qui se croit propriétaire des voix qui se sont portées sur son nom, une femme qui, elle, le fait non seulement une fois, mais deux fois, puisqu’elle se conduit ensuite en gagnante d’un scrutin interne alors que son pourcentage de voix est la moitié de ce qu’il était il y a moins de 2 ans. Une femme qui a conduit des figures importantes de son propre parti à ne pas la soutenir ou à déclarer qu’elles quitteraient le parti si elle venait à gagner. »

Si vous raisonnez comme cela, ne trouvez- vous pas la réponse, et que les ressemblances sont frappantes?

Non, vraiment, si vous ne trouvez pas, c’est que vous manquez soit de bravitude soit de fraternité.

Des pommes, des bananes, des noix !! L’important, c’est la norme.

novembre 13, 2008 on 5:52 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Pour ceux qui, comme JusMurmurandi, aiment les loufoqueries, vous aurez certainement reconnu le cri de guerre du Grand Babu, personnage essentiel des histoires de Pierre Dac et Francis Blanche, qui donnèrent lieu à un film mémorable intitulé « Signé Furax » à la fin des années 70.

Mais si vous ne connaissez pas ces contes et légendes, alors rassurez vous, Bruxelles veille sur vous.

Car saviez-vous que la Commission Européenne, dans son souci permanent et omniprésent de notre bien, être est allée jusqu’à déterminer l’angle que peuvent prendre bananes et autres concombres, définir le calibre la consistance des carottes que nous trouvons sur les marchés ou encore déclarer que les céleris ne doivent comporter aucune cavité…

Sinon, vous ne saviez donc probablement pas, tel Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, jusqu’à quel degré de perfectionnement Bruxelles se penchait pour notre « bien être » collectif.

Ce sont ainsi 26 fruits et légumes dont les taille, forme, et consistance etc. étaient définis avec (in)tolérance par la Commission. Et pour ceux qui n’entraient pas dans les caractéristiques édictées par Bruxelles, point de sursis, c’était la benne ! Tant pis pour le gâchis, l’important, c’est la norme !

Mais heureusement de telles incongruités (JusMurmurandi s’en voudrait de s’adonner à des actes d’incivilité voire malveillance en utilisant des termes moins avenants…) font désormais partie du passé, en partie à cause de l’augmentation du prix des fruits et légumes qu’elles généraient.

JusMurmurandi ne peut que…se courber, s’incliner devant un tel pragmatisme.

Car n’est il pas en contradiction, en particulier avec la morosité conjoncturelle, de mettre fruits et légumes au rebut au seul motif que leur taille, leur courbe, leur calibre ne correspondraient pas aux canons des fonctionnaires bruxellois ???

Voici revenue la liberté de disposer de légumes et fruits frais, quelle que soit leur apparence.

Concombres incurvés, carottes bombées, vous revoici !!!

On croit rêver.

Mais ce fut un combat terrible, car pas moins de 16 des 27 pays, dont la France, s’opposaient à ce que ces règles soient abolies….

Folie régulatrice, quand tu nous tiens.

Depuis hier, ces normes sont donc écartées, et ce sont plus de 100 pages de règles qui ont été déchirées et jetées aux orties.

Mais ne nous réjouissons pas trop vite, ne courons pas toutes affaires cessantes au marché le plus proche pour apercevoir ces fruits et légumes jusqu’alors honnis par une bureaucratie tentaculaire….

Leur résurrection n’entrera réellement dans les faits qu’à partir de juillet de l’année prochaine…..

Pour tout ce qui concerne la règlementation, et surtout sa suppression, il ne faut jamais confondre vitesse et précipitation….

Quand la Chine tremblera, le monde vacillera…

novembre 11, 2008 on 8:06 | In Best of, Economie, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Nombreux seront ceux qui se souviennent du livre célèbre d’Alain Peyrefitte, « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera… ».

JusMurmurandi s’en est inspiré pour répondre à une de ses questions, de ses angoisses pressantes.

Car le ralentissement économique qui se déroule sous nos yeux a bien entendu des conséquences planétaires, jusqu’en Chine.

Or si dans nos démocraties occidentales, les cycles économiques sont connus, expliqués et parfois même compris par l’homme de la rue, la chose est autrement complexe pour des Chinois qui ont connu une croissance économique à deux chiffres tout au long de ces dernières années.

Qui plus est lorsque l’on rajoute que ce développement est pour l’essentiel dû aux exportations de la Chine vers les pays occidentaux.

Alors si aujourd’hui les usines chinoises venaient à ralentir leurs cadences, voire fermer, comme suite « logique » de la crise bancaire devenue économique, vers qui pensez vous que serait tenté de se tourner le paysan chinois devenu ouvrier qui verrait son revenu diminuer ou disparaître ?

Vers le pouvoir politique pour qu’il demande des comptes aux « Guailo » (étrangers avec connotation négative en Chinois) qui les mettent dans le pétrin. Vous imaginez une déferlante de centaines de millions de Chinois qui fondent sur l’Europe ou la Russie pour demander des comptes ? Perspective terrifiante, et peut être pas totalement impensable…

C’est, peut être, pour cette raison que la Chine a annoncé hier un plan de relance de l’économie de 586 milliards de Dollars, destiné à compenser la baisse d’activité tout en servant à renforcer les infrastructures du pays.

Il n’est pas comparable aux plans occidentaux en ce que le financement ne provient pas des gouvernements mais des banques et entreprises nationales qui sont « encouragées » à se développer plus rapidement, à prêter davantage d’argent au travers d’une politique fiscale plus agressive. On croit rêver pour ce qui nous concerne lorsque l’on voit, au petit niveau français le médiateur du crédit René Ricol assailli de demandes d’aide face aux banques qui ferment les robinets en dépit du refinancement effectué avec l’argent des contribuables.

Bref, ceci est destiné à maintenir l’économie en croissance élevée, et par conséquent à juguler les effets du ralentissement. Si c’est rassurant sur le plan politique, cela signifie aussi que la Chine investit donc encore plus dans ses infrastructures etc. pour être encore plus concurrentielle face aux industries occidentales. Et peut être aussi consolider sa prééminence sur son grand rival aux infrastructures déficientes, l’Inde.

En somme, une bonne mauvaise nouvelle….

L’Occident n’a pas fini de trembler.

Les Jeux Olympiques du Parti Socialiste

novembre 7, 2008 on 10:27 | In Best of, C'est ça, Paris?, France, Insolite | Commentaires fermés

Citius, Altius, Fortius. Plus vite, plus haut, plus fort, tel est le but des athlètes olympiques. Tous savent qu’ils ne gagneront pas nécessairement. Certains, la majorité des compétiteurs, savent qu’ils ne gagneront certainement pas. Mais participer leur semble important. D’autant qu’ils n’auront la chance de participer que tous les 4 ans.

C’est pourquoi la course actuelle au poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste ressemble tant à une finale olympique. Après des années de préparation, arriver plus vite à une coalition gagnante. Monter plus haut dans les sondages. S’opposer plus fort à Nicolas Sarkozy.

Évidemment, il y a aussi un côté cruel aux Jeux Olympiques. Car, à côté du triomphe du vainqueur, sous l’oeil des caméras du monde entier, il y a la détresse des perdants instantanément replongés dans l’anonymat, malgré des années d’efforts, de sacrifices et d’espoir.

C’est ce que doivent ressentir aujourd’hui les perdants des votes des militants du Parti Socialiste. Qui sont-ils?

Certes, Ségolène Royal peut se prévaloir d’avoir eu le plus grand nombre de voix, mais comparé à son score des primaires de la Présidentielle, face à ces ténors que sont Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, son score est en forte baisse. Elle avait réuni 60% des voix, et aujourd’hui un peu moins de la moitié.

Certes Martine Aubry peut se prévaloir d’avoir émergé du purgatoire où l’avait plongé, pour toujours semblait-il, le rôle de Madone des 35 heures. Mais, pour la fille de Jacques Delors, qui a passé son temps à labourer le terroir des fédérations socialistes et qui s’est alliée aux grands féodaux du parti, c’est un score modeste, et, en tout état de choses, inférieur à celui, déjà en baisse, de l’adversaire honni, la Royal.

Certes Bertrand Delanoë peut se prévaloir de partager le deuxième place à égalité avec Martine Aubry et d’être bien placé pour les négociations qui vont s’ouvrir maintenant. Mais faire un quart des voix quand on s’est fait soutenir par le Premier Secrétaire sortant, qu’on est le Maire de Paris et que les sondages vous désignent comme meilleur candidat socialiste au poste de Président de la République, c’est fort peu, et cela fait de vous, d’ores et déjà le grand perdant. BD semble frappé par le même syndrôme que John Mc Cain. Son choix de Sarah Palin comme colistière a montré que son positionnement d’électron libre de centre-droit n’a pas résisté au comptage des voix, et qu’il a traité avec les durs à la droite du parti pour se les inféoder. De même, en se faisant soutenir par François Hollande, qui représente tout ce qui n’a pas marché pendant 10 ans au PS, Bertrand Delanoë a troqué son habit de modernisateur pour celui d’héritier d’un pouvoir qui a échoué en 1995, échoué en 2002, et échoué encore en 2007.

Mais après tout, peut-être est-ce cela qui a réuni Bertrand Delanoë et François Hollande, car le Maire de Paris aussi a l’expérience d’avoir perdu aux Jeux Olympiques. Qui devaient, suivant son plan, se dérouler à Paris l’année de son triomphe prévu, mais qui n’aura pas lieu. En 2012.

Mais ce n’est pas grave pour Bertrand Delanoë. Car, pour avoir mené le dossier perdant de la candidature de Paris aux Jeux Olympiques, battu pour 2008 par Beijing puis pour 2012 par Londres, il connaît bien la maxime du fondateur des Jeux modernes, que le baron de Coubertin semble avoir écrite rien que pour lui.

L’important n’est pas de gagner, mais de participer.

Barack Obama est il François Mitterrand ?

novembre 5, 2008 on 8:35 | In Best of, Economie, Europe, France, International | 4 Comments

Il est vrai qu’à prime abord, la comparaison n’est pas…Obamanifeste

Car dans un cas nous avons un homme politique nouveau, qui semble Obamagnétiser les foules, et dans un autre un Obamadré qui brigue le poste suprême depuis des décennies.

Si l’un est élu par des grands électeurs, l’autre l’est par scrutin Obamajoritaire.

Mais à regarder de plus près, tous les deux ont suscité un élan Obamagnifique.

L’Amérique veut rompre avec les méthodes Obamachiavéliques de l’équipe Bush et ses échecs politiques, économique et diplomatique et arrêter d’Obamaculer les électeurs….

La France voulait mettre fin à 23 années d’Obamajorité gaulliste, et surtout à l’Obamaladresse politique de Giscard d’Estaing, avec l’aide des Obamanigances de Chirac, allié objectif du PS en 1981.

Et cela c’est un point de ressemblance Obamassif,  tout autant que l’attente de ceux qui ont élu les deux candidats.

Le moment auquel ils arrivent aux affaires est certes très différent: sur le plan Obamacroéconomique, les caisses sont pleines en France en 1981 et vides aux Etats Unis aujourd’hui.

Et c’est pour cela qu’il faut à tout prix qu’Obama prenne soin de ne pas commettre les mêmes erreurs que Tonton;  en dépit de toutes ses Obamagouilles, il dut se résoudre à revenir à une politique de rigueur après trois dévaluations successives du franc par rapport au DeutschMark.

Bref, il faudra au nouveau Président des Etats Unis éviter tout Obamalentendu dès le départ, et il est réconfortant de savoir qu’il envisage de participer au sommet du 15 novembre prochain à Washington pour la refondation du capitalisme, sommet réuni à l’initiative de l’Obamalin Nicolas Sarkozy.

Il sera important qu’il ramène l’économie vers des sentiers plus paisibles, et mette fin à ce climat Obamalsain des affaires où des milliards de bonus sont versés à des Obamalotrus sans création de richesse.

II lui devra également éviter un mandat qui s’achève de façon Obamacabre, comme le deuxième de Mitterrand, très Obamalade, ou encore pour raison de mort violente.

Bref, c’est une tâche Obamagistrale qui l’attend, comme l’espoir qui l’a porté, tout comme Mitterrand, à l’Obamagistrature suprême, même si son Obamarge de manœuvre est étroite.

Car s’il échoue, si cela n’Obamarche pas, c’est toute la planète qui n’en sera que plus Obamalheureuse.

Et là, il ne ferait que finir dans cet immense cimetière des hommes politiques qui n’étaient en fait que des Obamarionnettes des conglomérats industriels et financiers, des Obamarioles.

L’Amérique mérite mieux. La planète mérite mieux.

C’est un Obamagicien qu’il nous faut.

Paris est-elle Varsovie, Santiago, Caracas ou La Havane ??

novembre 1, 2008 on 7:16 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermés

« Grève irresponsable ! »

« Bataille purement corporatiste pour empêcher la réduction des effectifs du syndicat, qui a été désavoué par sa fédération ».

« Grève minoritaire hors de toute norme syndicale ou du droit syndical »

« Les grévistes utilisent la force et la violence, n’hésitant pas à menacer physiquement et à casser. »

Les camions sont attaqués, les personnes qui distribuent sont en danger ».

Voici un florilège de citations qui relatent un évènement « historique ».

Et où se passe tout ceci ?

Au Vénézuéla d’Hugo Chavez, à Cuba sous Castro, au Chili sous Allende, en Pologne sous Jaruzelski ?

Non, tout simplement en France, en 2008 s’il vous plaît.

Cette semaine pour être précis.

Aux Messageries parisiennes (« NMPP »), bastion CGT puisque, fait unique en France, il faut être syndiqué à la CGT, dans sa branche livres pour pouvoir y travailler, comme depuis des décennies, au mépris de la liberté individuelle.

Les NMPP ont décidé de faire un plan pour améliorer la productivité et donc de réduire les effectifs.

Mais sur une base du volontariat, et en accordant une Indemnité de départ à ceux qui sont volontaires allant de 200.000 à 300.000 Euro par salarié (on se croirait dans la finance américaine – voir notre article intitulé « Le sida bancaire »).

Mais comme le syndicat monopoliste ne supporte pas de voir le nombre de ses adhérents baisser, il est prêt à tout. Même à la violence.

Dans l’indifférence totale, si ce n’est la présence de la police lorsqu’un des « adhérents » à commencé à s’attaquer à l’immeuble des NMPP à la masse pour briser les vitres….

Mais que font la police et la justice ?????

George Bush est-il le roi Dagobert?

novembre 1, 2008 on 6:23 | In Best of, Coup de gueule, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Le roi Dagobert est connu de tous les enfants pour avoir mis sa culotte à l’envers. Et, se faisant, il passe pour ce qu’il faut bien appeler un débile.

A l’heure où s’achève le mandat de George Bush, car, même s’il continuera d’exercer sa fonction pendant encore de longues semaines, la tradition veut qu’il ne prenne pas de décisions majeures pendant cette période de transition, JusMurmurandi se dit que George Bush va s’insérer dans l’histoire à côté de son illustre prédécesseur, dont les lumières ne lui permettaient même pas le bon usage de ses sous-vêtements. Voici pourquoi:

George Bush a été élu comme président sur un programme républicain très conservateur: moins d’État, moins de régulation, moins d’impôts. Des finances laissées, pour l’essentiel, aux citoyens et non à des mécanismes collectifs. Un État fort sur les plans militaire et diplomatique.

Qu’en est-il, 8 ans après?

George Bush a hérité de son prédécesseur, Bill Clinton, un budget en large excédent, au point qu’il était devenu possible d’espérer que la dette américaine, longtemps une ombre menaçant la stabilité du système financier international, soit remboursée. Soit dit en passant, la simple mention de la dette américaine comme menace fait sourire avec amertume tant nous n’en sommes plus là… Par rapport à cela, George Bush laisse un déficit abyssal, et ce, avant même que la crise économique et le plan Paulson de renflouement des banques ne le creusent encore massivement. Ce qui, inévitablement, promet aujourd’hui les hausses d’impôts de demain, à l’envers de son credo politique.

George Bush a hérité de son prédécesseur une Amérique appréciée sur le plan international, qui a contribué à la paix en Irlande du Nord, à la paix dans les Balkans (quoique…) et failli réussir un improbable accord de paix entre Palestiniens et Israéliens. Aujourd’hui, l’Amérique est tout simplement le pays le plus détesté du monde pour la guerre d’Irak. Même ses alliés historiques, tels la France ou le Canada se sont abstenus de la suivre dans cette aventure. La coalition rassemblée avec brio par George Bush père pour la première guerre d’Irak n’a pas pu être reformée, et, si la guerre proprement dite a été gagnée, la paix ne semble pas envoie de l’être. Ceci au prix de centaines de milliers de morts irakiens, de milliers de morts américains, de 1500 milliards de dollars. Et cette Amérique, embourbée en Irak comme dans un nouveau Vietnam, a perdu respect et crédibilité

George Bush a hérité de son prédécesseur d’une économie en bon état, prospère et en croissance. Il laisse une crise dont les seules questions qu’on se pose à son endroit sont: quel est l’aspect le plus grave, le financier ou l’économique, et va-t-elle détrôner la crise de 1929 comme la plus grave de l’Histoire? Le plus invraisemblable de cette récession dont on voit seulement poindre le début est que c’est l’État américain qui aura du sauver la mise des banques et du système financier, au prix d’une intervention sans précédent, New Deal rooseveltien y compris. George Bush le libéral aura présidé au plus grand retour de l’État de l’Histoire américaine….

George Bush a hérité de son prédécesseur une Amérique dont les institutions et les libertés civiles faisaient l’admiration du monde libre et servaient souvent d’exemple. Pour cause de guerre au terrorisme, son administration les a démantelés, y compris des piliers comme l’habeas corpus. Et alors que les conservateurs texans religieux, dont le Président fait partie, ont une vision quasi satanique de l’Etat, celui-ci est maintenant libre de rentrer au plus profond de l’intimité des citoyens sans même de décision de justice. Sans parler de Guantanamo, zone de non-droit exemplaire de tout ce qu’il ne faut pas faire, de la pratique de la torture légitimée par cette administration, du vice-Président Cheney, âme damnée de son patron, qui défie le Congrès en prétendant qu’il n’appartient pas à l’Exécutif et autres énormités.

Le lecteur aura remarqué que JusMurmurandi ne porte pas au débit de ce triste Président ni le 11 septembre ni la guerre en Afghanistan. Car, s’il y a tous ces héritages positifs de Clinton, il en a aussi hérité Osama bin Laden, ce qui n’est pas vraiment de sa faute. Ne pas avoir réussi à lui régler son compte n’est pas, en revanche, un grand succès…

Bref, sur ces 4 points fondamentaux que sont la place de l’Amérique dans le monde, l’état de ses finances et les impôts, son économie et le rôle que l’Etat y joue, la vie citoyenne et les institutions, la présidence de George W. Bush aura combiné des résultats exécrables et le recours à l’exact inverse de ce qu’il prêchait pour se faire élire. Vous me direz, quel rapport avec le roi Dagobert et son usage en matière de sous-vêtements?

C’est que, non content de tout faire à l’envers, George W. Bush est arrivé au pouvoir fort de certitudes simples et dénuées de toute modération. C’est ce qu’on appelle être culotté. La série de défaites qu’aura subies son pays sous sa présidence sont ce qu’il faut bien appeler, même si l’on aime, et peut-être surtout si l’on aime les Etats-Unis, dont l’Histoire ne saurait se résumer à un seul Président, une forte déculottée. Et les renoncements idéologiques auxquels il aura été contraint de vive force, sont autant de cas où il aura baissé culotte.

Ce qui conduit la première puissance du monde à une situation quasi-crépusculaire. Sans argent, sans beaucoup d’amis, sans fondements solides au moment d’affronter les défis qui l’assaillent. Cela s’appelle être en petite culotte.
George Bush

Courage, ou camisole de force?

octobre 30, 2008 on 6:40 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

L’Islande est en faillite. Malgré des plans de soutien d’envergure internationale, les banques de cette île avaient vraiment poussé le bouchon trop loin. JusMurmurandi vous a déjà narré comment le morceau de glaçon est devenu le Titanic du 21e siècle. Résultat: les taux d’intérêt sont de 18% pour soutenir une monnaie qui a déjà perdu 50% de sa valeur. Ce qui est un cercle vicieux, parce que toute baisse de la monnaie fait gonfler la valeur locale d’un endettement en devises, dont l’augmentation fait baisser la monnaie. Conséquence: le gouvernement prévoit une baisse de PNB de l’ordre de 10%. On imagine la brutalité d’un tel « ajustement », ou effondrement, comme on voudra.

Mais l’Islande n’est pas seule. La Hongrie ne va guère mieux, quoique pour des raisons différentes. Son problème n’est pas que ses banques, par ailleurs essentiellement entre des mains étrangères, aient perdu toute mesure, mais que son déficit budgétaire considérable l’oblige à emprunter beaucoup. Comme les marchés de crédit ne disposent plus d’assez de capitaux, les prêteurs font les difficiles et recherchent avant tout des emprunteurs de qualité, plutôt que des républiques de l’Est européen surendettées et en déficit. Résultat: le gouvernement hongrois, pour obtenir un total de 25 milliards de dollars de prêts, s’est engagé à un plan de « stabilisation », ou d’amaigrissement qui ramènera le déficit budgétaire de 9,2% du PIB aujourd’hui à 5,6% l’année prochaine, puis 2,8% en 2010. On imagine la brutalité d’un tel « ajustement », ou effondrement, comme on voudra.

Vous me direz, l’Islande, la Hongrie, ce sont des Etats mineurs et notoirement risqués. Rien à voir avec le coeur de l’économie mondiale, et les grandes puissances, dont la France sarkozyenne. Vraiment? Car la France aborde cette période de crise avec un déficit public déjà proche de 3%, et des perspectives carrément sombres si l’on tient compte que la démographie plombe chaque années le système de retraites et que nul ne s’est avisé de mesures qui interrompraient la croissance vertigineuse des dépenses de santé.

S’ajoute à cela que la crise va gravement amputer les recettes fiscales prévues, aussi bien que celles des régimes sociaux. Moins de cotisants au travail, et plus de chômeurs à indemniser… Plus encore, s’y ajoutent les fonds qu’il va falloir injecter dans le système financier. Mais cette situation exige davantage, notamment pour le soutien à l’économie, ce qui excite la fibre interventionniste très gaullienne de Nicolas Sarkozy. Maintenant qu’il est débarrassé du corset du plafond de déficit public fixé à 3% du PIB par le traité de Maastricht, il promet plans de relance, plans d’aide et fonds souverains, qui, tous, vont faire gonfler un déficit déjà abyssal.

Il est véritablement à craindre qu’un tel dérapage ne transforme la France en Hongrie-bis, et n’oblige à recourir bientôt à un prêt du Fonds Monétaire International pour remplacer des prêteurs effrayés par notre incurie financière. Mais on verrait alors la camisole de force du FMI remplacer, en beaucoup plus sévère, le corset de Maastricht. Même si Nicolas Sarkozy peut compter sur son directeur actuel, Dominique Strauss-Kahn, qui lui doit beaucoup, pour ne pas trop serrer les sangles du dispositif.

Non, la question que se pose JusMurmurandi est celle-ci. Cela fait, disons, 15 ans que la France court après des déficits considérables et une dette qui enfle. Aucun gouvernement n’a pris le taureau par les cornes, chacun espérant qu’une vague de croissance prochaine vienne restaurer un équilibre durable. Et chacun s’empressant de dépenser à l’avance les recettes futures (35 heures, CMU, RMI, RSA ont été autant de chèques en blanc tirés sur l’avenir).

Mais, si la Hongrie, bien obligée, peut en 2 ans réduire son déficit de 9,2% à 2,8% du PIB, et ce en période de crise économique, la France, plus riche et moins profondément déficitaire ne peut-elle pas en faire autant? Car, avec 6,4 points de PIB de déficit en moins, il y a de quoi revenir à l’équilibre tout en finançant force « plans ». Evidemment, un tel « ajustement » se situe quelque part entre le profondément douloureux et le cruel. Mais il règle d’un coup le problème. L’alternative est une asthénie prolongée de dizaines d’années, comme l’a montré le Japon, qui n’a pas voulu de remède de cheval pour sortir de la crise des années 80.

Et, curieusement, il y a maintenant une vraie opportunité historique d’appliquer ce traitement de choc. La crise est réelle, profonde, internationale, sans précédent, et les Français savent déjà, car ils sont plus intelligents que les politiques ne le pensent, qu’ils vont devoir se serrer la ceinture. Alors qu’en temps plus cléments, un plan « dur » serait perçu comme peut-être évitable. Accessoirement, l’UMP et le Président ont cet avantage que l’opposition socialiste est en pleine déconfiture, allant à son congrès de Reims voter sur des textes, programmes, et promesses écrits avant la crise financière et donc déjà totalement dépassés.

L’élection de Nicolas Sarkozy, né de père hongrois, a eu une résonance particulière dans ce pays. Il y a même eu des journalistes hongrois facétieux pour proposer en 2007 aux Français de troquer leur Président nouvellement élu et alors populaire contre leur très impopulaire Premier Ministre, Ferenc Gyurcsany. Peut-être, vu le courage de ce dernier, faudrait-il leur dire aujourd’hui « chiche »?
Nicolas Sarkozy

Le SIDA bancaire

octobre 28, 2008 on 7:56 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Et si on comparait justement le Syndrome Immuno Dépresseur Acquis à la crise bancaire ?

Vous y allez fort répondrez vous certainement.

Si fort que cela ?

Le SIDA, maladie du siècle dernier, qui fait des ravages, tant parmi les « innocents » transfusés que ceux et celles qui ont des rapports non protégés avec des inconnu(e)s.

Nous l’abordions brièvement dans notre dernier article, les « découvertes » récentes sur la cupidité et l’hypocrisie des banques atteint des niveaux sans précédent tandis que deux chercheurs français reçoivent le prix Nobel de médecine, la première fois depuis 28 ans, pour leurs travaux sur le SIDA, .

Citons quelques exemples pour illustrer à quel point nous, qui peinons chaque jour à garder notre emploi et maintenir ceux d’autres qui éventuellement nous font confiance, sommes ivres de rage.

Goldman Sachs et Morgan Stanley, banques d’affaires américaines, et bénéficiaires du plan Paulson à hauteur de 10 milliards de dollars chacune au titre de l’aide aux « banques en péril », ont provisionné la somme de 13 milliards de dollars pour versement de bonus de fin d’année.

Pour Goldman, cela revient en moyenne à 210.000 dollars par employé.

Pour Merril Lynch, le montant est plus faible, seulement 110.000 dollars par personne.

Mais il est en hausse par rapport à l’année précédente où il ne totalisait que 108.000 dollars.

Parce que 3.000 postes ont été supprimés.

La somme globale des bonus versés par Goldman Sachs, Merril Lynch, Bear Stearns, Morgan Stanley, et Lehman Brothers avait atteint la somme record de….39 milliards de dollars en 2007 !

Chez Lehman Brothers Europe, maintenant reprise par la banque japonaise Nomura après une faillite retentissante, le nouveau propriétaire a promis aux salariés repris le même bonus que l’année passée.

Tout ceci pour des employés qui touchent des rémunérations fixes qui varient entre 80.000 et 600.000 dollars.

Vous imaginez l’état de fureur incandescente dans laquelle se trouve JusMurmurandi en lisant ces informations.

Et pendant ce temps là, Nicolas Mérindol qui, fraîchement débarqué de la Caisse d’épargne après les 650 millions d’Euro évaporés la semaine dernière, était sur le point de prendre la direction du Crédit Foncier de France…

Car le problème, c’est que comme le SIDA, l’économie mondiale est touchée progressivement à tous les niveaux, avec des fermetures d’entreprises, des chômages techniques….

Et en même temps, en toute inconscience, hypocrisie et cupidité, certains banquiers continuent à distribuer l’argent de leurs clients et des contribuables comme si de rien n’était, et fusionnent entre eux comme d’autres s’accouplent sans se soucier de protéger son ou sa partenaire. Seuls les banquiers semblent immunisés, le restant de la population ayant besoin d’anti..dépresseurs.

Cela évoque une phrase célèbre d’un socialiste, candidat infortuné à la Mairie de Paris aux élections municipales.

Qui se souvient encore de Paul Quilès, si ce n’est par cette déclaration outrancière, qui, quelque part, rejoint d’une certaine façon l’opinion de JusMurmurandi ce soir: « il ne faut pas dire les têtes vont tomber, mais lesquelles et tout de suite !! »

L’A380 sur les montagnes russes

octobre 28, 2008 on 7:37 | In Best of, Economie, France, Insolite | 6 Comments

Plus un avion est grand, plus il est stable. L’Airbus A380, conçu pour être le plus gros avion de transport de passagers jamais construit devait donc être le plus stable.

Or, un an après le début de son exploitation commerciale, la stabilité est bien le dernier mot qui vient à l’esprit de JusMurmurandi concernant l’A380.

Bref résumé d’un parcours qu’on ne peut charitablement qualifier que « montagne russe »

- Lancement de projet A380, en coopération avec des compagnies aériennes représentatives de la clientèle future. Tout va bien.

- Premier vol à Toulouse. Le géant existe et il vole. Tout va bien.

- Premières rumeurs de retard. Ce n’est pas grave, tous les nouveaux avions en sont l’objet.

- 2 ans de retard. C’est la catastrophe. Non seulement il sera gravement en retard, mais celui-ci est dû à un dysfonctionnement interne d’une ampleur consternante. Des commandes sont annulées. Le version fret disparaît. Graves tensions au sein de l’équipe dirigeante d’Airbus, notamment entre Français et Allemands. Aïe !

- les Etats actionnaires s’en mêlent. Airbus et son actionnaire principal, EADS, sont restructurés de fonds en comble sur un arrière-plan d’économies à réaliser, tandis qu’Airbus est contraint d’indemniser ses clients pour le retard. Aïe !

- Boeing annonce son B787 « dreamliner » révolutionnaire, à structure en composites. Grâce à sa technologie avancée, celui-ci offre des économies de coût importantes, rendant la taille de l’A380 moins décisive dans la course à la baisse des coûts du transport aérien. L’A380 est-il un éléphant blanc comme le Concorde, d’autant qu’à cause du retard et de la production « à la main » des 26 premiers exemplaires de l’avion, le point mort du programme est passé de de 250 à 420 exemplaires?

- Airbus riposte au B787 avec l’A350, fondamentalement un A330 remotorisé, qui arrivera 2 ans plus tard que le Boeing. C’est dû au retard de l’A380 et au coût de son développement, qui a forcé Airbus à laisser Boeing prendre de l’avance sur les autres segments de marché. Aïe !

- Les prises de commande du 787 sont sans précédent pour un avion qui n’existe pas encore pendant que celles de l’A380 sont au point mort. L’A350 n’est pas l’avion dont veulent les compagnies, et Airbus le remplace par l’A350XWB, dans les faits un tout autre avion. Mais qui arrivera 5 ans après son rival. Rien ne va plus chez Airbus qui semble à la dérive. Aïe !

- Le prix du pétrole commence son envolée, rendant l’économie de carburant déterminante pour les compagnies aériennes. Ce qui avantage les gros avions. Or les 2 plus gros avions « nouvelle technologie » au monde sont des Airbus: l’A350 et l’A380. Les commandes de ce dernier repartent, celles de l’A350 décollent. Ouf !

- Le premier A380 est livré à Singapore Airlines, considérée comme une référence au niveau mondial. Enfin!

- Le cours du pétrole flirte avec le coût du caviar, exigeant que les compagnies aériennes renouvellent au plus vite leurs avions trop gourmands par les modèles les plus économes possible. Ouf! Mais ce même coût plombe les finances de ces compagnies, les empêchant d’acheter ou de louer des avions neufs. Aïe !

- Le Boeing 787 est à son tour frappé de retards importants, dûs pour une part à la technologie carbone de sa structure, et pour une autre à la difficulté d’intégrer les pièces produites par de multiples sous-traitants de par le monde. Les prises de commande de l’A350 s’accélèrent. Ouf !

- Implosion de la finance mondiale, y compris l’assureur AIG, maison mère du premier loueur d’avions au monde, ILFC, plus gros client Airbus. Le monde entre en récession économique, ce qui s’accompagne habituellement d’une crise du transport aérien. Airbus renonce à son augmentation de cadence de production d’A320. Aïe !

- La demande mondiale de pétrole baisse, et les cours d’effondrent, soulageant les compagnies aériennes -ouf!- mais annulant aussi une partie de l’avantage des gros avions récents. Aïe !

- Un an après le début de son exploitation commerciale, les 3 compagnies qui ont reçu des A380, Singapore Airlines, Emirates et Quantas s’en déclarent ravies, et que leurs 700.000 passagers le sont aussi. Ouf ! Mais la production « à la main » reste toujours aussi lente et coûteuse, tandis que le passage à la production industrielle n’est toujours pas assuré dans les délais prévus. Aïe !

- Boeing est en grève depuis 2 mois, ce qui handicape gravement la production, et notamment celles des premiers B787, dont le premier exemplaire n’a toujours pas volé. Son calendrier de retard ressemble maintenant étrangement à celui de l’A380. Comme c’est curieux !

Et si tout ceci n’était qu’une mise en scène? Et si Airbus, comme Boeing, annonçaient des calendriers de sortie de leurs nouveaux avions optimistes au point d’être totalement irréalistes afin de prendre un maximum de commandes et de coincer les compagnies aériennes en les empêchant de passer commande au concurrent?

Non, ceci n’est pas possible. Cela reflèterait un cynisme qui n’a pas sa place dans le monde des affaires, où l’éthique et le respect des intérêts du client dominent. S’il en fallait un exemple, JusMurmurandi a en tête celui des banques américaines qui, sauvées de l’extermination par des centaines de milliards de dollars des contribuables, ont constitué des réserves « normales » de distribution de bonus à leurs chers employés, y compris les traders, comme les autres années, comme si 2008 devait être, pour elles, des années comme les autres. En tout cas pour ce qui est des bonus…

Vous avez dit cynisme?
airbus A380

Dictionnaire de crise

octobre 20, 2008 on 3:10 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Avec la crise financière et économique s’ouvre un nouveau monde, dont a priori la seule chose que nous sachions est qu’il ne sera pas le même que celui qui vient de finir sans gloire à l’image de l’Islande s’enfonçant toute entière dans les flots glacés d’une insolvabilité sans précédent.

Ce nouveau monde a besoin d’un nouveau dictionnaire qui donne le sens soit des nouveaux mots, soit le nouveau sens des mots.

- Etat: anciennement, reflétait la condition d’une chose (en bon état, en mauvais état, état stable ou stationnaire, état solide ou état liquide, tiers état). Aujourd’hui, l’Etat, c’est tout simplement le dernier recours. Quand l’état des lieux inspire l’inquiétude, quand les banques sont en mauvais état, quand l’économie est en état de catastrophe artificielle, quand la confiance est en état critique… alors vient le temps de l’Etat…

- Confiance: anciennement, s’accordait, inspirait, ou se demandait. Aujourd’hui, elle disparait, revient, s’évapore, manque ou s’effondre. Bref, elle n’arrête pas de changer d’état, sans jamais passer par le stable.

- Croissance: anciennement, mesure du bonheur, qui ne pouvait être qualifiée que positivement (forte croissance), sauf si elle venait à manquer (déficit de croissance, hormone de croissance). Aujourd’hui, elle peut concerner tant des sujets positifs (le PNB) que négatifs (croissance des déficits). Elle peut même se retourner (croissance négative). Elle est à géométrie variable. Ce qui manque le plus: la croissance de la confiance, pour retrouver confiance en la croissance. Mais, vu l’état de la confiance et l’état de la croissance…

- Crise: anciennement, état temporaire d’une donnée particulière (crise de croissance, crise de confiance, crise de l’Etat, état de crise). Aujourd’hui, c’est un environnement général, auquel on s’adapte (management de crise, gestion de crise, budget de crise). Il va sans dire qu’un budget de crise de la part de l’Etat a pour but de ramener la confiance et la croissance.

- Delanoë: anciennement, Maire de Paris qui se vantait de faire toujours plus de fêtes sans augmenter les impôts. Aujourd’hui, Maire de Paris qui augmente les impôts de 9% et crée une taxe foncière départementale de 3% au moment où ses administrés doivent faire face à la crise. Comme eût dit La Fontaine: la cigale ayant fort dépensé les recettes du « boom » immobilier, se trouva fort dépourvue quand la crise fut venue…
Delanoë face à sa crise budgétaire

La semaine du goût

octobre 17, 2008 on 7:28 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermés

Cette semaine, c’est la semaine du goût.

Une fois n’est pas coutume, JusMurmurandi a décidé de faire une revue de presse pour essayer de faire toucher du doigt ce qu’est le goût…

Premier exemple.

Matthias Guerrand Hermès, membre de la célèbre dynastie à la tête de l’entreprise éponyme d’articles de luxe, voyage tranquillement de Paris à New York sur un avion de la compagnie Air France. Suite à un mélange de médicaments et d’alcool, il s’en prend à des passagers; sommé de reprendre ses esprits, il agresse le commandant de bord, pour être finalement maîtrisé par l’équipage. Un remake de Jean-Luc Delarue, lors d’un voyage vers l’Afrique du Sud.

Débarqué à l’aéroport de New York, il est libéré sous caution, et encourt une peine maximale de 20 ans de prison.

Bon goût, mauvais goût, ou goût du risque ?

Deuxième exemple.

La France rencontre à titre amical la Tunisie dans un match de football au SDF (NDLR Stade de France).

Pendant que l’hymne national français est joué, certains spectateurs commencent à siffler. Scandale dans la tribune officielle ! Et menace que si cela doit se reproduire, on annulera purement et simplement la rencontre sans rembourser les places.

Peut être serait il plus simple d’arrêter la télédiffusion, pour stopper immédiatement la possibilité que ces esprits malins ont de faire passer leur mauvaise éducation sur les ondes, et de la communiquer à un large public ?

Peut être serait-il aussi de bon augure de penser à rétablir le service militaire? Cela ferait baisser le chômage, et le mitard est pour les insoumis et autres sauvageons une méthode aussi bonne qu’une autre pour faire entrer dans leurs petites têtes le respect que chaque citoyen doit au drapeau. Instruction civique, nous voici !

Siffler la Marseillaise, bon goût, mauvais goût, ou goût de la provocation ?

Troisième exemple.

Las ! On n’en finit pas d’en finir avec les banques qui annoncent des pertes. Mais dans le cas précis, c’est tellement agaçant, frustrant que même la Ministre de l’Economie et des Finances avoue son découragement.

Quelques « traders » ont réussi à faire perdre à l’Ecureuil, la Caisse d’Epargne, 600 millions d’Euro en prenant des positions trop risquées. 0,15 million de Kerviel en sorte.

Y aura-t-il des sanctions contre ces irresponsables qui gaspillent l’argent de leur entreprise en enfreignant les règles (si c’est confirmé, bien sûr) ? La hiérarchie sera t elle remerciée, ou choisira t on de prendre un Kerviel et de le monter en épingle permettant ainsi au patron de la Générale de garder son poste ?

Bon goût, mauvais goût, ou gout-te qui fait déborder le vase ?

Et pendant ce temps, les bonus versés à la City, berceau de la finance anglaise à Londres, étaient de 20 milliards d’Euro cette année. Ils ont plus que doublé en sept ans.

Leur montant revient à environ 320 Euro par citoyen britannique en moyenne (adulte et enfants compris).

Bon goût, mauvais goût, ou goût de cendre ?

Quatrième et dernier exemple.

Vélib’ célèbre un triste évènement. Sa quatrième victime depuis son lancement il y a plus d’un an.

C’est donc la quatrième fois qu’un cycliste est heurté mortellement par un poids lourd, cette fois un autocar.

Et la Mairie de Paris est toujours aussi décidée à ne rien faire. Pas même proposer des casques de sécurité aux locataires.

« Je ne veux pas qu’on prenne de décision sous le coup de l’émotion » déclare ainsi Annick Lepetit adjointe aux transports à la Mairie.

Combien faudra-t-il de victimes pour que la Mairie bouge ?

Bon goût, mauvais goût, ou dégoût ?

L’enfer commence ici et maintenant

octobre 15, 2008 on 6:49 | In Best of, Economie, Europe, France, International | Commentaires fermés

D’aucuns pourraient penser, et non sans bonnes raisons, que le succès, s’il s’avérait, du plan de sauvetage du système financier, sonnerait la fin de la crise.

De la crise financière, oui. Mais tout ce que nous y aurions gagné, c’est le droit d’entrer en crise économique. Certes, si le plan ne fonctionnait pas, la crise serait, à l’avis de JusMurmurandi, d’une exceptionnelle gravité, avec des baisses de PNB à deux chiffres. Mais même s’il fonctionne à merveille, tout ne sera pas rose.

Car, si les Français ont le sentiment d’être déjà en crise, ils vont vite s’apercevoir de la différence entre se plaindre d’une sensation et se plaindre d’une réalité. Dans les faits, la consommation n’a pas encore chuté, même pour des biens durables où le crédit est un recours fréquent. Le seul secteur déjà en crise est l’immobilier, où les transactions ont baissé de quelques 30% par rapport à l’année dernière. Et ce n’est qu’aujourd’hui qu’on voit les ventes automobiles baisser nettement en Europe :-8% au mois de septembre.

Beaucoup ont vu dans les 1000 suppression d’emplois de Renault Sandouville l’illustration de la crise, mais ce n’est pas le cas. C’est le prix que payent les collaborateurs quand le nouveau modèle ( la Renault Laguna) ne plaît pas. La crise, ce seront non pas, comme à Sandouville, des suppressions d’emplois « volontaires », c’est-à-dire largement indemnisées, mais des licenciements ordonnés par le Tribunal de Commerce, c’est-à-dire payés le moins cher possible, et ce même quand le produit « marche » commercialement.

Il suffit de penser à la dernière récession sévère, en 1993, pour se souvenir de journaux télévisés qui annonçaient, jour après jour, des pertes d’emplois par milliers, provoquant un très compréhensible traumatisme.

Nous n’y sommes pas. Pas encore. Mais nous y allons tout droit. Un premier exemple vient de nous être donné, avec la mise en sauvegarde du groupe Cauval Industries, premier groupe français de meubles (marques Dunlopillo, Simmons, Steiner, Simmons, Treca, Mondial Kit, Espalux, Dumeste entre autres), qui fournit notamment 30% des matelas du marché français et emploie quelques 5000 personnes.

Cauval plaide que ses difficultés ont dues aux problèmes de financement entraînées par la crise bancaire, et c’est très possible. Quand on sait que Cauval a grandi par acquisitions ces dernières années, et a donc un montant de dettes non négligeable, on voit bien que c’était un excellent candidat au rôle de victime de la « crampe du crédit » à laquelle nous serons tout soumis quoi qu’il arrive.

Quand, en plus, on comprend que le renouvellement d’un matelas est une dépense non vitale qu’il est facile de repousser de quelques mois, et qu’il est souvent financé par un crédit à la consommation, on se dit qu’entre des consommateurs frileux à dépenser pour cause de crise et des organismes de crédit réticents à prêter pour cause de manque de moyens, les perspectives commerciales de Cauval n’étaient pas des plus porteuses. Même chose pour les cuisines, dont les ventes sont pour partie liées à la construction de logements, aujourd’hui en panne.

Bref, pour ce qui est de notre avenir économique proche, JusMurmurandi ne voit que le choix entre 2 possibilités. La churchilienne: « le sang, la sueur et les larmes », et la dantesque « vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance ».

Sauf qu’après l’hiver, forcément, un jour, viendra le printemps. Ne perdons pas espoir.

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