Le péché des profits maudits?

février 3, 2007 on 2:02 | In Economie, International | Commentaires fermés

En 2006, la société américaine Exxon-Mobil a battu le record absolu des profits annuels jamais enregistrés par une entreprise, avec le montant astronomique de 40 milliards de dollars.

Un montant tellement énorme qu’il en devient totalement abstrait et symbolique. Un montant supérieur ou égal aux budgets cumulés des 33 pays les plus pauvres du monde. Un montant égal au déficit budgétaire de la France. Un montant équivalent aux plus grandes fortunes privées au monde. Un montant égal au salaire annuel de 40 millions de Chinois ou d’Indiens.

Et il s’agit du profit, c’est à dire de l’excédent de recettes sur les dépenses. Et il s’agit du profit né du pétrole, dont il partage dans l’opinion publique la mauvaise odeur, sur fond de sheiks arabes et d’oligarques russes, de salaires, stocks options et parachutes dorés incroyablement généreux, d’automobilistes rançonnés, de pollution et de gaz à effet de serre.
Bref, à énorme profit, énorme scandale?
Sans vouloir épuiser un si vaste sujet, ni affirmer que tout va bien, JusMurMurandi voudrait rappeler quelques faits simples.

- les actionnaires d’entreprises comme Exxon-Mobil et tous les autres géants de l’économie mondiale, qu’ils soient américains ou non, pétroliers ou non, mêmes des fonds spéculatifs, sont des gens ordinaires, des épargnants qui mettent de l’argent de côté, le plus souvent pour leurs vieux jours. Des employés américains qui en auront besoin pour faire face à la quasi-absence de sécurité sociale et à l’explosion du coût de la médecine aux USA. Des Japonais qui savent que la démographie déclinante de leur pays ne permettra pas à des générations de moins en moins nombreuses de prendre soin de leurs aînés. Des détenteurs français de PEA et de contrats d’assurance-vie. Des actionnaires bien loin de la caricature répandue dans l’opinion publique.

- La même indignation qui vise ce profit maudit s’élève contre les giga-fortunes de MM Bill Gates et Warren Buffett. Jusqu’au moment où les deux plus grands capitalistes du monde décident de donner ces giga-fortunes à une fondation qui combat les maladies dans le monde pauvre. Une fondation qui dispose désormais de moyens que les gouvernements ne consacrent pas à cette cause…
- les pays où les ressources de l’or noir sont nationalisées (Iran, Venezuela, partiellement Russie ) ne sont pas des exemples de bonne gouvernance dans l’utilisation de ces ressources. Au contraire, ils sont en tête de la liste des pays les plus corrompus et les plus agressifs du monde.
- si tous les fonds accumulés par les épargnants pour leurs vieux jours étaient retirés pour être dépensés, si les profits des entreprises qui les alimentent étaient massivement taxés pour augmenter les budgets de dépenses, cela représenterait une hyper-inflation instantanée. Car seule cette montagne d’épargne a permis d’éviter l’inflation qu’auraient du créer des décennies de déficits budgétaires énormes des plus grands états du monde (Etats Unis, Japon, et aussi France)

Alors, scandaleux, ces profits? Dis-moi, Exxon-Mobil, t’as pas 100 balles?

Plutôt perdre qu’admettre un erreur, une difficulté ou un problème?

février 2, 2007 on 8:31 | In Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

Une fois de plus, JusMurmurandi est effaré. Les hommes politiques français, candidats ou non, n’arrivent vraiment pas à prononcer une simple phrase: « j’ai fait une erreur ». Ou ses équivalents: je me suis trompé, j’ai été mal informé, j’ai peut-être parlé trop vite…
Du coup, quand ils font une erreur, ce qui arrive à tous les êtres humains, le fait de ne pas le reconnaître avec un acharnement qui confine à l’autisme les oblige à d’invraisemblables contorsions sémantiques pour expliquer l’inexplicable, et justifier l’injustifiable.

- comme le président Chirac, qui fait dire par son Ministre Philippe Douste Blazy que la politique française sur le nucléaire iranien n’a jamais changé, alors même que ledit Président venait d’envoyer devant des journalistes américains un Exocet sous la ligne de flottaison de ladite politique française, en effectuant un renversant 180°

- comme Ségolène Royal qui n’arrive pas à dire qu’elle a été piégée par un député du Hamas, qui associe devant elle politique américaine et nazisme

- comme Dominique Voynet, qui n’arrive pas à dire qu’elle a un vrai problème quand les sondages lui attribuent entre 2% et 3% des votes.

Et, s’il ne craignait de vous lasser, JusMurmurandi pourrait multiplier les exemples de tous bords. Le résultat? A force vouloir paraître infaillibles, les politiques ne font qu’y perdre leur crédibillité, partageant les Français qui les écoutent, regardent ou lisent entre scepticisme et consternation.

JusMurmurandi voudrait adresser à ces hauts personnages un rappel historique doublé d’une suggestion: le dernier homme politique français à avoir gagné des élections législatives en étant le chef du Gouvernement sortant est Raymond Barre en 1978.

Certainement aussi celui qui a parlé le plus franchement aux Français de la difficulté des temps d’alors. Et si, en 2007, la campagne la plus subtile, ce n’était pas d’inventer des mots, des dépenses ou des débats, mais de se souvenir du bon M. de la Palisse. Lui au moins ne mettait pas son bon sens dans sa poche, et parlait de façon à être compris par tous. La preuve? 500 ans après, on en parle encore…

Turbie or not Turbie?

février 1, 2007 on 9:00 | In France | Commentaires fermés

JusMurmurandi se réjouit de voir que la classe politique semble prendre conscience de l’importance capitale de l’environnement, en particulier pour les générations qui nous succèderont.

Un article particulièrement intéressant dans l’International Herald Tribune d’hier permet toutefois de tempérer l’enthousiasme de ceux qui seraient susceptibles de réagir trop vite face au florilège d’idées qui circulent.

Il est dit que l’utilisation de l’huile de palme comme substitut aux énergies fossiles, dans un but premier d’écologie a des conséquences quelques fois pires que si l’on avait eu recours à des dérivés pétroliers, à cause de la déforestation qu’elle nécessite, de la pollution générée lors de cette dernière, du transport du combustible etc.

Dans ce même registre écologique, un évènement, modeste en apparence, nous a fait sourire et donné l’idée de ce titre.

SAS le Prince Albert II de Monaco a planté samedi dernier un arbre à La Turbie pour participer au reboisement de la planète et permettre à Monaco de s’illustrer dans la lutte contre le réchauffement climatique.

JusMurmurandi se félicite de cette action en espérant qu’elle marque un véritable retournement par rapport à l’approche de la principauté connue jusqu’alors en ce qui concerne l’écologie.

Qui a oublié comment la Principauté a charcuté le rocher dans le cadre d’une course effrénée à la densité humaine et non arboricole?

Qui a oublié que le même prince a été la cheville ouvrière de la construction d’une digue pharaonique empiétant sur la mer pour accueillir des yachts toujours plus gros [et plus polluants...]?

Tout cela ressemble infiniment plus à l’amoncellement de métaux non précieux sous forme de monnaies sonnantes et trébuchantes qu’à la diminution de gaz toxiques dans l’atmosphère….

JusMurmurandi se réjouit de voir que la classe politique semble prendre conscience de l’importance capitale de l’environnement, en particulier pour les générations qui nous succèderont…….

http://www.iht.com/articles/2007/01/30/business/biofuel.php

Royal cresson, ou Cresson royal?

février 1, 2007 on 6:00 | In Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

L’histoire a quelquefois d’étranges goûts de déjà-vu. En 1991, François Mitterrand faisait d’Edith Cresson la première femme Premier Ministre de l’Histoire de France. Maintenant Ségolène Royal, elle aussi une promue de la « Génération Mitterrand », veut être la première femme Président de la République.

Elle devrait méditer ce qui est arrivé à Edith Cresson. Non pas tant d’être combattue par ses opposants politiques, ce qui après tout est dans l’ordre des choses, et ce pour lequel ces deux femmes sont bien armées d’un tempérament combatif. Mais d’être lâchée en rase campagne par ceux qui auraient dû être ses fidèles alliés et soutiens, à savoir les cadres du PS.

Certes, les deux femmes partagent le goût d’une certaine « transversalité », et de conseillers particuliers qui irritent les cadres du parti. C’étaient les GIF de Cresson, et aujourd’hui les débats participatifs de Royal. Quand on voit Montebourg embarrasser Royal, on se souvient de Farnoux embarrassant Cresson

Mais quand on voit Ségolène Royal s’habiller en Chine de la couleur du deuil, ou laisser sans protester un député Hamas gravement insulter les Etats-unis et Israël, JusMurmurandi ne pense pas aux gaffes de la débutante, mais à l’étrange absence des conseillers dont la fonction est de baliser le terrain et de le déblayer.

Les socialistes déçus du résultat des primaires (en clair, tous les socialistes sauf les ségolistes) auraient-ils enclenché une machine à perdre qu’on voyait plutôt destinée à fonctionner à droite? Les éléphants du PS préféreraient-ils, à tout prendre, l’échec d’une candidate femme, atypique, et qui fait fi du parti et de son programme, pour se retrouver entre eux après, comme au bon vieux temps?
En bref, et si la meilleure thérapeutique pour Ségolène, en panne de PS aujourd’hui, était de consulter Edith? Elle n’aurait pas loin à aller pour le faire. Edith était justement maire de Chatellerault, une ville de la région Poitou-Charente, présidée par Segolène…

Silence, on tue!

février 1, 2007 on 4:12 | In Best of, France | Commentaires fermés

Aujourd’hui la loi interdit à tous de fumer dans des lieux publics. A tous? Non, car, tels le village d’Astérix, de petits ilôts d’exception subsistent. Ces petits îlots illiustrent bien la société française. JusMurmurandi en a choisi deux: les prisons et les hôpitaux.

- les prisons. En bref, les prisonniers auront la liberté de fumer (et d’enfumer), alors que la population en liberté ne l’aura pas. Le Roi Ubu vit toujours!

- les hôpitaux. Le lieu où les malades sont censés recouvrer la santé sera aussi celui où vous pourrez tomber malade. Les transfusés se sont fait injecter la mort. Maintenant vous pourrez la respirer…

Et comment faire pour que les gardiens de prisons, aides soignants, infirmières et autres docteurs travaillent dans un milieu enfumé dès lors que c’est une condition suffisamment dangereuse pour que la loi l’interdise ailleurs? Le scandale de l’amiante n’aurait-il pas servi de leçon? JusMurmurandi se demande si ce n’est pas pour cela que le projet de loi sur les procès par action collective a été enterré au même (et dernier) moment. Car le sujet s’y prête…
Il est vrai que d’obliger les prisonniers à se séparer de leurs cigarettes eût pu générer un mécontentement porteur de révoltes carcérales.

Et chez les patients, notamment psychiatriques, de troubles du comportement.

Mais alors, s’il faut une cigarette pour pacifier les excités, qu’attend le gouvernement pour en faire la distribution gratuite dans les banlieues « chaudes »?

Comme cela, la fumée des cigarettes remplacerait celle des voitures qui brûlent…
Comment appeler un tel manque de courage allié à un tel manque de logique? Et si on appelait cela la crétinitude?

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