L’argent de poche

décembre 16, 2008 on 8:15 | In Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermés

L’argent de poche est souvent le moyen par lequel les parents initient leurs enfants à la valeur et au bon emploi de l’argent, et au besoin qu’il y a de le mériter pour le gagner.

Le problème que pose l’argent de poche, quand il est lié aux résultats scolaires, est le suivant: si un élève travaille bien, il aura de bonnes notes, mais un peu plus tard, le temps que ses efforts aient été transformés en copies de contrôle corrigées et restituées. Disons, deux à trois semaines plus tard. Et si, entre temps, il s’est mis au repos, il aura ses bonnes notes quand en fait il ne travaillera pas. L’inverse peut aussi se produire: notre élève, après sa période de fumiste, se remet au travail, mais c’est justement à ce moment que les mauvaises notes dues à sa paresse passée arrivent.

Et l’élève ne voit pas la justice du système qui lui donne de bonnes notes quand il paresse, mais des mauvaises quand il se remet au travail.

C’est ce qui est en train de nous arriver. Nous avons vécu à crédit pendant trop longtemps. Acheté des maisons et des voitures à crédit, avec un crédit bancaire exagéré par rapport aux ressources des emprunteurs et aux fonds propres des banques.

Et c’est maintenant que nous recevons les mauvaises notes, et que notre argent de poche va diminuer.

Car, malgré l’impression que nous avons d’être plongés dans la crise depuis des mois, ce n’est « que » maintenant que les entreprises annoncent des grands plans de suppressions d’emploi. 50.000 emplois chez Citigroup ou Bank of America, 18.000 chez Sony, 14.000 chez Arcelor Mittal, 14.000 chez Rio Tinto, pour n’en citer que quelques uns. S’ajoutent à cela toutes les suppressions de postes d’intérimaires, les CDD non renouvelés, les chômages partiels dans des usines automobiles fermées pour plusieurs semaines, le temps d’espérer résorber des stocks pour lesquels il n’y a pas de clients.

Ces plans ne produiront leurs effets « que » dans quelques mois, après les délais de mise en oeuvre, qui peuvent être très longs notamment en Allemagne ou en France. C’est en 2009 que nous passerons donc du mal de tête donné par les mauvaises nouvelles au vrai mal de portefeuille. L’année prochaine nous montrera la différence entre avoir peur, et avoir mal.

Mais le délai entre « dérapage », inertie, mauvaises nouvelles, et punition varie suivant les activités. Dans certains cas, ce délai peut être long. Ainsi, cela fait des années que le Parti Socialiste ne travaille plus à un programme structuré et solide dont il voudrait convaincre les Français. Mais, pendant ce temps, il encaisse quand même le produit du travail passé sous forme de victoires aux élections régionales et municipales. Dans combien de temps va-t-il payer le prix de l’inertie de la période Hollande et des errements de la guerre sororicide entre Aubry et Royal?

C’est simple: ce sera en 2012.

Faut pas rêver !

décembre 15, 2008 on 8:07 | In Best of, C'est ça, Paris?, France, Insolite, International | Commentaires fermés

Dans un précédent article intitulé « Ils l’ont fait » (http://www.jusmurmurandi.com/?p=1332), JusMurmurandi abordait la question du BEOS, ou technique développée en Inde dans la province de Maharashtra pour établir un lien entre les émotions ressenties pendant les rêves et les oscillations enregistrées par un encéphalogramme.

Il semblerait que l’on soit allé plus loin au Japon.

Autour d’une équipe, le chercheur nippon Yukiyasu Kamitani aurait réussi à visualiser les rêves, NOS REVES, sur une télévision !!

On a pu pour la première fois visualiser ce que les gens voient, directement en fonction de l’activité de leur cerveau (en présumant qu’il y en ait une bien sûr…).

L’étape suivant déclare l’institut de rechercher serait d’enregistrer et de rejouer des images subjectives perçues comme des rêves.

Laissons un instant gambader l’imagination de JusMurmurandi.

Si c’était Nicolas Sarkozy, ne rêverait il pas que le traité de Lisbonne soit voté et qu’il devienne président de l’Union européenne ?

A son tour, on se représenterait François Bayrou en train d’entrer à l’Elysée sous les ovations.

Ou encore Bertrand Delanoë, devenu Maire à vie de Paris, qui rêverait d’une inauguration des Jeux Olympiques dans la capitale en 2020.

Ou bien Martine Aubry qui récupèrerait les voix de Ségolène Royal pour devenir Première Secrétaire de tout les PS et non de la seule frange de gauche, tandis que les autres franges s’étiolent et se désagrègent au gré des petites remarques assassines des uns et des autres.

Pour ce qui concerne Ségolène, M. Kamitani se déclarerait capot, car bien en peine de pouvoir interpréter ses rêves, sa machine ne fonctionnant qu’à partir du moment où elle peut déceler une quelconque activité cérébrale.

Enfin, la morale nous interdit formellement de parler des rêves de Dominique Strauss Kahn…

Yukiyasu Kamitani

Yukiyasu Kamitani

Coup de Pied de l’âne

décembre 14, 2008 on 11:15 | In Coup de gueule, Insolite, International | 3 Comments

George W. Bush se rendait en Irak aujourd’hui en visite d’adieu.

Visite qui n’a pas été appréciée par un des journalistes présents lors de la conférence de presse.

Mais une bonne vidéo vaut mieux qu’un long article….

Madoff, plus fort que Kerviel!

décembre 14, 2008 on 8:20 | In France | Commentaires fermés

Jérôme Kerviel ne sait pas si la nouvelle est bonne ou mauvaise pour lui. De même qu’il avait éclipsé Nick Leeson, le trader qui, à lui seul, avait ruiné la banque anglaise Baring’s, les quelques 5 milliards de pertes que Kerviel a fait subir à la Société Générale sont peu de chose par rapport aux quelques 50 milliards de dollars qu’aurait flambés Bernard Madoff.

L’affaire est très étrange, et, à aujourd’hui, repose entièrement sur les déclarations en forme de confessions de Madoff. Celles notamment qu’il aurait faites à ses fils, qui se seraient empressés d’aller à la police dénoncer leur père…

Madoff avait monté une entreprise de gestion de fonds, tant pour des entreprises que pour des grandes fortunes, laquelle entreprise avait semblé prospérer. Tant et si bien que Madoff, un self-made man qui a commencé sa carrière comme maître-nageur, s’est retrouvé élu président du Nasdaq, la bourse américaine des valeurs technologiques.

Apparemment, en marge de la société « apparente », qui gérait quelques 17 milliards de dollars pour moins de 25 clients (on voit ici que Madoff ne traitait pas avec le menu fretin), il y aurait eu une société dissimulée qui aurait fait de lourdes pertes. Et Madoff utilisait semble-t-il les fonds qu’on lui confiait pour combler ces pertes. Cela s’appelle un système de Ponzi, ou une pyramide. Qui fonctionne très bien tant que de nouveaux déposants apportent assez de fonds pour servir des intérêts faramineux aux déposants précédents. Mais ça s’effondre quand ce n’est plus le cas.

Jusqu’au moment où, la crise financière venue, les demandes de retrait de fonds ont dépassé ce qui lui restait en caisse.

Cette affaire, à supposer qu’elle soit effectivement ce qu’on croit en voir aujourd’hui, car les déclarations de Madoff sont pour le moins étranges, pose de nombreuses questions.

D’abord, que faisait était la société d’audit qui certifiait les comptes de Madoff? Qu’elle était toute petite et peu connue n’était pas très bon signe, mais, quand on se souvient c’est la -alors- toute puissante Arthur Andersen qui certifiait les comptes d’Enron et de Worldcom, on ne peut en tirer d’enseignement définitif.

Ensuite, comment les banques qui traitaient avec Madoff ont-elles géré leur risque de contrepartie? Parce que 50 milliards de pertes, cela requiert de prendre de sacrées positions. Ou alors, les contreparties de Madoff étaient-elles toutes prises par Lehman Brothers?

Enfin, comment les déposants de si gros montants ont-ils pu oublier que toute rémunération élevée, telle que servie par Madoff, est en contrepartie d’un risque élevé, et que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel? Sauf que là, ce n’était pas un risque, mais une arnaque.

Et que faute d’avoir fait monter ses clients au ciel, Madoff va aller en enfer. Après le somptueux appartement sur la 5e avenue et Central Park, un petit 6m² en bail emphytéotique.

JusMurmurandi ne peut s’empêcher d’être fasciné par ces chutes vertigineuses d’hommes venus de nulle part (Bernie Ebbers, l’homme qui a monté MCI-WorldCom, société devenue gigantesque, de la taille de France Télécom, était auparavant professeur d’éducation physique).

Est-ce à celà que pensera Dominique Galouzeau de Villepin, qui sera passé des lambris dorés de l’hôtel Matignon au banc des accusés du Tribunal Correctionnel?
Bermard Madoff

Une information qui va cartonner

décembre 13, 2008 on 7:06 | In Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Eco emballages, vous connaissez ?

« Eco-Emballages est investie depuis 1992 d’une mission d’intérêt général : organiser, superviser et accompagner le tri des emballages ménagers en France. » C’est ce que l’on peut lire sur le site internet de Eco emballages, association à but non lucratif mise en place pour aider les collectivités locales dans leur effort de tri sélectif.

Et ça marche fort, Eco emballages, JusMurmurandi dirait même, ça cartonne.

A telle enseigne que l’association s’est trouvé à la tête d’une trésorerie généreuse.

Des sommes tellement importantes qu’il a fallu les placer.

Mais visiblement, les responsables de l’association n’ont pas regardé d’assez près sur où ils investissaient leurs fonds. Emballés par des taux de rendement élevés, ils n’ont pas vu que les placements partaient aux îles Caïman….

Jean-Louis Borloo le ministre de tutelle, parle pudiquement de « risque de perte lié à des placements non sécurisés dans des paradis fiscaux » dans sa déclaration de mardi dernier. Pour un montant de 55 à 60 millions d’Euro.

Bref, c’est le grand déballage. Car pendant que nombreuses collectivités territoriales perdent de l’argent pour collecter les conditionnements, l’association investit sans contrôle une trésorerie pléthorique issue de la collectivité dans des paradis fiscaux.

Une fois de plus, on ne pourra que répéter la phrase de Nicolas Sarkozy, « mais qu’est ce qu’ils sont allés f…. là bas ???? »

Les jusqu’au-bushistes

décembre 12, 2008 on 8:30 | In Economie, France, International, La Cour des Mécomptes | 5 Comments

La présidence de George W. Bush aura été marquée par la calamité jusqu’au bout. Ou plutôt jusqu’au Bush.

Alors qu’une négociation bi-partisane (républicains et démocrates) avaient permis de mettre au point un plan de « sauvetage » de deux des trois géants de l’automobile américaine, General Motors et Chrysler, en leur accordant un prêt fédéral de 14 milliards de dollars, ce plan, voté par la Chambre des représentants, a été rejeté par le Sénat.

Les Sénateurs républicains exigeaient un accord des syndicats pour une réduction des salaires payés par les fabricants américains au niveau, plus faible, payé par les entreprises japonaises installées aux USA (Toyota, Honda, Nissan). Celles-ci sont installés dans le sud, où les salaires sont plus bas, et leurs employés ne sont pas syndiqués, contrairement aux fabricants américains. D’où une double couche d’écart de salaire. Mais le plus important n’est pas là, mais dans les dépenses médicales. Car les « Big 3″ ont garanti par des contrats signés pendant les années de prospérité que leurs retraités bénéficieraient d’une couverture médicale. Et vu leur pyramide des ages, beaucoup plus ancienne que celles des firmes japonaises implantées beaucoup plus tard, cela créé une différence de coût très importante.

Mais même quand on rapporte cette différence à un montant par voiture produite (de l’ordre de 2000$, soit quelques 10% du prix moyen d’un véhicule), cela ne suffit pas à expliquer les pertes abyssales des fabricants américains quand les Japonais gagnent encore de l’argent.

Le problème, c’est tout simplement la désaffection des clients pour les produits de Detroit, qu’il faut alors brader pour parvenir à les écouler. Ce qui donne à l’argument républicain qui consiste à refuser le plan et blâmer les syndicats qui s’accrochent à leurs avantages acquis une odeur de cuisine politicienne. D’autant que, ce faisant, ils ne suivent pas les instructions du Président issu de leur propre parti, qui, lui, soutient le plan. Le coup de pied de l’âne pour un Président finissant.

Faut-il en déduire que les Républicains ont raison de laisser couler l’un au moins des géants américains, et que c’est le meilleur moyen de parvenir à une plus grande santé du secteur? JusMurmurandi se souvient que c’est exactement l’argument qui a conduit à ne pas sauver Lehman Brothers. Et à mettre 700 milliards de dollars sur la table pour en compenser les conséquences.

En attendant, la présidence Bush aura coïncidé avec la perte de nombreux symboles. Les tours jumelles, l’habeas corpus, la toute puissance américaine, Lehman, l’automobile. Voilà ce qui se passe quand on met l’idéologie avant le pragmatisme.

A ce propos, que dit le PS dans la crise actuelle? Ah oui, « à gauche toute ». Voilà qui ressemble plus furieusement à de l’idéologie qu’à du pragmatisme. JusMurmurandi voit déjà la similitude avec les jumelles du PS qui se sont tant battues qu’elle pourraient tomber. Mais les traiter de « tours » manquerait aux règles de la courtoisie…

Septembre noir

décembre 11, 2008 on 7:50 | In Coup de gueule, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

JusMurmurandi ne va pas parler du massacre de Palestiniens par l’armée jordanienne en 1970 et du groupe d’action qui en suivit.

Mais reprendre un évènement majeur de notre vie quotidienne, un mystère visiblement insoluble dont personne ne parle, ou presque, dans la presse française tout du moins.

Il y a maintenant trois mois, un incendie aux conséquences dévastatrices sur le plan matériel s’est déroulé dans un ouvrage d’art majeur, le Tunnel sous la Manche.

Pour l’essentiel, la presse hexagonale se borne à reprendre une partie mineure du communiqué de presse publié aujourd’hui par Eurotunnel qui annonce la reprise entière de l’activité « normale » en février prochain.

Mais cette même presse, Jean-François Kahn compris, s’abstient de se pencher sur une autre partie du dit communiqué qui nous informe qu’en dépit du temps écoulé depuis qu’il a eu lieu, malgré le fait que 85 ingénieurs travaillent sans relâche à sa reconstruction, on n’a toujours pas trouvé les causes de l’incendie qui a ravagé l’un des tunnels.

Qu’il se soit propagé sur un camion au bout de 40 kilomètres du tunnel qui en compte 50, prétendument sur les freins d’un poids lourd, n’éveille pas l’inquiétude de nos si chers journalistes, alors que l’incendie a causé des dégâts de plus de 50 millions d’Euro.

Car pour qui a pris le tunnel en voiture, il ou elle saura que l’on ne monte quasiment jamais dans les wagons dès l’arrivée au point de départ du Shuttle. Que donc les freins des camions ont eu tout loisir de refroidir avant que de monter dans les wagons de transport.

Ce qui fait au contraire bouillir JusMurmurandi, ce sont les explications de Jacques Gounon, Président d’Eurotunnel, qui déclare: « Ce qui est certain c’est que dès lors que l’on a 14 millions de camions qui ont transité par le tunnel depuis son ouverture, un accident fait malheureusement partie des statistiques. »

Il y a juste une « petite » coïncidence qui n’a pas été abordée, comme pour d’autres accidents qui en restent là dès lors que c’est l’hexagone qui est touché.

Comme les rayonnement de Tchernobyl en 1986, mystérieusement arrêtés à la frontière, tandis que les Allemands reçoivent l’ordre d’arrêter de manger de la salade. Et que l’on vient rechercher…20ans plus tard le responsable de l’IPSN, le Professeur Pellerin.

Ou encore la catastrophe AZF de Toulouse en septembre 2001 où la thèse terroriste n’a pas été abordée.

Ce petit détail, c’est que cette catastrophe, à l’instar d’autres tragédies comme les tours du World Trade Center, est justement survenue en septembre.

Le 11 septembre 2008 pour être précis.

Faut il croire aux miracles ?

décembre 10, 2008 on 9:46 | In Best of, Economie, France, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Monseigneur Jacques Perrier, évêque de Lourdes, annonce que jamais auparavant un aussi grand nombre de pèlerins ne s’étaient rendus aux Sanctuaires de Lourdes. Ils étaient plus de neuf millions de personnes à faire le déplacement à l’occasion des 150 ans des apparitions à Bernadette Soubirous.

A lire ces chiffres, il est clair que nombreux sont ceux parmi nous qui croient aux miracles.

Cela signifie-t-il que le PS va se raccommoder autour de Martine Aubry et Ségolène Royal ?

Cela veut il dire que la crise ne sera que passagère et que le ralentissement que nous observons laissera la place à une reprise vigoureuse portée par des matières premières comme le pétrole dont le prix s’est effondré depuis l’été (cours à 40/45 Dollars comparé à 150 cet été) ?

Cela aurait il pour signification que les fonctionnaires de l’ANPE vont se mettre au travail pour faire face à l’afflux de nouveaux « adhérents », le double de la normale avec le ralentissement de l’économie, et non faire preuve de leur habituel égoïsme en déposant un préavis de grève pour début janvier ?

Non, tout ceci étant des questions valables, justifiées, ce qui semble indiquer à JusMurmurandi que l’on peut croire aux miracles, c’est que les banquiers seraient peut être en train de commencer à se rendre compte de l’immense chaos qu’ils ont crée et à vouloir se racheter une conduite.

Car nombre d’entre eux semblent prêts à remettre leur bonus 2008 en question.

A titre d’exemple, Morgan Stanley prépare un mode de règlement qui permettra de retenir une partie des bonus dus afin que leur versement soit étalé sur trois ans, et ceci concerne 7.000 personnes.

Cette annonce est arrivée simultanément à celle de Merril Lynch (NDLR vendue précipitamment à Bank of America) qui déclare que les bonus 2008 de l’équipe dirigeante passeront à la trappe.

On ignore si d’autres établissement financiers suivront. Mais déjà que deux d’entre eux réalisent d’une part du désordre crée et de la nécessité d’essayer de redresser leur image semble, pour JusMurmurandi en tout cas, véritablement miraculeux, tant l’ampleur du désastre est grande et la surdité des banquiers jusqu’à ce jour (voir notre article le Sida bancaire).

Car pour ce qui concerne l’unité du PS, et la réconciliation de Martine et Ségolène, JusMurmurandi ne se fait aucune illusion: même un miracle n’y suffirait pas…

Avez-vous de la monnaie?

décembre 10, 2008 on 7:12 | In Economie, Europe, France, International | Commentaires fermés

Cette année l’hiver qui arrive s’est emparé non seulement du temps qu’il fait, mais, semble-t-il de la planète entière, pétrifiée par la crise.

Quoi de plus normal que, dans ces conditions, l’Europe, au climat largement tempéré, souffre moins que l’Ukraine ou la Russie?

En Russie, par exemple, il y a encore 6 mois si arrogante, avec ses milliardaires insolents, sa poussée pour la reconquête de son rang de super-puissance, sa reconnaissance des provinces séparatistes de Géorgie et ses prédictions d’un pétrole à 250$ le baril en 2009. Aujourd’hui, le capital fuit le pays par dizaines de milliards de dollars, le rouble baisse, la banque centrale est contrainte de pousser les taux d’intérêts à 13% pour soutenir sa monnaie, ce qui évidemment aggrave d’autant la crise, et ses milliardaires endettés sont en faillite virtuelle, maintenus artificiellement par des banques sur ordre du Kremlin.

En Ukraine, parent pauvre de la Russie, la situation est encore pire, parce que la monnaie locale, la Hryvnia, a perdu 50% de sa valeur en quelques mois, et que le pays, sous perfusion du Fonds Monétaire International, a du prendre l’engagement de la laisser flotter, ce qui, en l’occurrence, veut dire la laisser couler. Les conséquences sont classiques: la fonte de la monnaie provoque le renchérissement en monnaie locale de tout ce qui est importé, donc une inflation, que la production locale, et donc les salaires, ne peuvent compenser, c’est la douloureuse austérité comme beaucoup de pays en ont connu dans les années 70 et 80, notamment en Amérique centrale et en Amérique latine.

Lequel continent ne faillit pas à sa réputation, puisque l’Argentine, et, dans une moindre mesure le Brésil, se retrouvent à nouveau dans la même situation: monnaie qui dérape, endettement étranger qui enfle, forte inflation et perte de confiance, avec, au bout de la route, la culbute pour le niveau de vie d’une population dont beaucoup sont encore sous le seuil de la pauvreté.

Car il y a un point commun à toutes ses situations: des ressources en monnaie locale et des emprunts en devises étrangères, ce qui, en termes polis, s’appelle un risque de change. Et qui ressemble furieusement à ce que nos collectivités locales ont contracté sous le nom d’ « emprunts toxiques ».

Mais ce point commun ne concerne pas les pays du continent européen, car il y a un aspect sur lequel personne ne s’attarde, et qui, pourtant, le mérite amplement. La monnaie. Si ces pays sont en difficulté non pas comme nous, mais deux fois, trois fois, cinq fois, dix fois plus que nous, c’est parce que nous bénéficions d’une monnaie qui ne dérape pas. Déjà quand le pétrole montait à 147$ le baril, suivi des autres matières premières et denrées alimentaires, la hausse de l’euro contre le dollar amortissait le choc.

Et aujourd’hui, après la pire tempête financière que le monde moderne ait connu, force est de reconnaître qu’il n’y a pas eu de tension sur l’euro. Pas la moindre. Alors que beaucoup d’experts jugeaient que cette monnaie artificielle rassemblant des pays aux économies diverses, parfois divergentes, exploserait à la première alerte, rien. Pendant ce temps-là, la livre sterling tombe à son plus bas niveau contre le dollar, et le yen monte au ciel. L’une renchérit la vie en Angleterre au plus mauvais moment pour ce pays importateur, tandis que l’autre pénalise les exportations d’un pays exportateur.

Ce triomphe silencieux de l’euro quand le monde des devises n’est, autour de ce pôle de stabilité, que tempête, fureur, ruine et larmes, valait bien, à notre avis, un hommage à tous ses géniteurs, et permet à JusMusmurandi de s’écrier, parodiant le Général, « l’Euro, l’Euro, l’Euro! »

euros

Marianne dit elle la Pravda (la vérité) ?

décembre 9, 2008 on 9:58 | In Coup de gueule, France | Commentaires fermés

JFK a encore frappé. Et compare la France avec la Russie de Poutine quant au degré de liberté laissé à la presse.

Rappelons l’article de JusMurmurandi intitulé « Seppuku à Moscou » (http://www.jusmurmurandi.com/?p=984) expliquant que la simple rumeur annoncée par le journal Moskosvski Korrespondent que Poutine aurait une relation extra conjugale avec la gymnaste Alina Kabaeva avait signifié la « disparition » immédiate du journal. Pour cause de réflexion à un nouveau projet….

Voyons par conséquent si le même oukase viendra frapper Marianne dans les prochains jours:-) (on peut rêver, et ce ne serait pas JusMurmurandi qui écraserait la moindre larme…).

Parlez, Hamon! Ma tête est malade

décembre 8, 2008 on 6:37 | In Coup de gueule, Economie, France | 7 Comments

C’est ce qu’à dû lui dire Martine Aubry, tant l’ânerie proférée par Benoît Hamon, le nouveau porte-parole du Parti Socialiste, combine ineptie économique et démagogie.

En effet, sa proposition est de rétablir l’autorisation administrative de licenciements, et de refuser automatiquement tous les plans sociaux d’entreprises bénéficiaires.

Un jeu de mots facile permet de dire que, si Benoît Hamon s’intéresse tant aux licenciements, c’est qu’il est lui-même licencié… d’histoire! On peut y voir aussi l’influence de son camarade de courant, l’ex-inspecteur du travail Gérard Filoche, dont le haut-fait professionnel avait été de prouver que les cadres de Thomson (aujourd’hui Thales) travaillaient trop.

Mais ses connaissances en histoire devraient apprendre à M. Hamon que, si l’autorisation administrative de licenciement a été supprimée par le gouvernement Chirac en 1987, la gauche au pouvoir de 1988 à 1993, puis de 1997 à 2002 s’est bien gardée de la rétablir. Ce qui eût pourtant été dans les attributions directes de la Ministre du travail de l’époque, qui ne passait pas pour une tendre, comme l’a prouvé sa mise en oeuvre des 35 heures, une certaine Martine Aubry!

Quant à l’argumentation de cette proposition, c’est un galimatias reprenant tout ce qu’il peut y avoir de clichés démagogiques autour de ce thème, licenciements boursiers, casse de l’emploi, responsabilité morale et sociale…

Comme M. Hamon n’a jamais travaillé que comme fonctionnaire (mais non, ce n’est pas systématiquement un oxymore), JusMurmurandi voudrait donner à l’eurodéputé-porte-parole quelques notions de base d’économie.

Ce n’est pas de bénéfices que vit une entreprise, mais de liquidités, de trésorerie pour faire simple. Il y a d’innombrables exemples d’entreprises qui font faillite sans avoir cessé de faire des profits. Toute la crise financière actuelle qui a été à deux doigts d’emporter le système financier mondial est une crise de liquidités, pas de profitabilité.

Ensuite, une entreprise peut toujours ne pas procéder à des licenciements si ceux-ci lui sont refusé par les Hamon et autres Emmanuelli du PS, à supposer qu’ils arrivent au pouvoir. Si l’entreprise peut continuer à fonctionner avec moins de personnel, ses concurrentes le peuvent aussi. Ce qui veut dire que le refus hamonien la condamnera à la non-compétitivité. Moment auquel elle fera des pertes, qui, alors peut-être, rendront possibles un plan social, lequel sera, en raison des pertes de part de marché subies entre temps, beaucoup plus lourd.

Enfin, toujours en faisant appel aux notions d’histoire qui sont sans aucun doute dans les cours qu’a dû assimiler M. Hamon pour être licencié, JusMurmurandi voudrait lui rappeler que, si le travail a toujours été le propre de l’humain depuis la préhistoire, l’évolution est due au progrès technologique, comme le feu, la roue etc… Chacune de ces étapes a augmenté la productivité, ce qui, à court terme, entraîne les licenciements que réprouve le PS par la voix de son porte-parole.

Plus encore, le progrès depuis le 15e siècle n’est pas du uniquement à la technologie, mais aussi au capital. Ce capital qu’honnit encore aujourd’hui, et seule en Europe, la gauche de la gauche française, à laquelle s’honore d’appartenir Benoît Hamon. Ce capital si important que Karl Marx, économiste pas vraiment de droite, appela son livre fondamental « Das Kapital ». Ce capital dont Marx démontre que sa combinaison avec le travail produit la richesse. Ce capital qui ne s’accroit que d’une seule façon, M. Hamon, par l’accumulation du profit.

Il faut dire que M. Hamon a des circonstances atténuantes à son emportement contre les bénéfices d’entreprises. Ses parents lui ont donné le prénom que portait Saint Benoît, qui fonda l’ordre des bénédictins, dont la règle comprend l’humilité, la charité et la pauvreté.

Pour l’humilité, il en semble pas que M. Hamon, qui se voyait déjà premier secrétaire du PS à 41 ans, soit trop doué. En revanche, il pousserait la charité jusqu’à vouloir faire don de la pauvreté à tout les Français. Merci M. Hamon.
Benoît Hamon

Ségolène Royal est-elle General Motors?

décembre 8, 2008 on 8:49 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Les 3 producteurs américains d’automobiles, GM, Ford et Chrysler avaient demandé la semaine dernière aux élus américains une injection immédiate de 39 milliards de dollars pour éviter la faillite à court terme (quelques semaines).

Les politiciens américains, ne sachant si c’était du lard ou du cochon, n’ont osé ni les envoyer paître, c’est-à-dire faire leur vrai travail qui consiste à gérer leur boutique de façon rentable sans soutien du contribuable, ni les satisfaire, faute d’être convaincu de 3 facteurs: que cela soit indispensable, que cela serve à quelque chose d’autre que prolonger de quelques mois la vie d’entreprises condamnées, et que cela soit politiquement acceptable.

Ils vont donc proposer une aide de 15 milliards à deux d’entre eux, puisque Ford, moins menacé que ses deux concurrents, pourrait s’en passer dans l’immédiat.

Ce qui frappe tout d’abord, c’est que c’est beaucoup trop peu d’argent. General Motors à lui seul brûle 2 milliards de dollars de cash par mois dans les conditions actuelles de marché très déprimé. Lui accorder 10 milliards, c’est tout juste 5 mois de vie, si on alloue la totalité des fonds au fonctionnement quotidien, c’est-à-dire zéro à la réorganisation (réduction des coûts et des capacités, rationalisation des produits, développement de voitures plus sobres). Et 5 mois, pour un mastodonte comme GM, ce n’est rien, quand on sait que le développement d’un nouveau modèle, c’est au minimum 5 ans. 5 mois, ce n’est même pas le temps qu’il faut pour arriver à un accord de réduction de capacité avec le syndicat UAW, qui risque en cas de faillite de voir ses membres et ses retraités ne plus rien avoir faute d’avoir voulu conserver trop d’avantages acquis.

Car, que personne ne s’y trompe, la faillite de General Motors aurait des conséquences incalculables. Quel consommateur voudrait d’une voiture dont le fabricant ne sera plus là pour assurer l’après-vente, et dont la valeur de revente sera quasi-nulle? S’en déduit que, dans l’automobile, la faillite entraîne souvent la liquidation pure et simple, avec effet en cascade sur les employés, les sous-traitants, les concessionnaires, les retraités, et tous ceux que ces millions de consommateurs font vivre. Il est d’ailleurs possible que tout le bruit fait autour de la faillite possible entraîne dès à présent une désaffection pour cause d’inquiétude des clients potentiels, et que le bébé soit déjà irrémédiablement parti à la rivière avec l’eau du bain.

15 milliards de dollars, c’est donc un saupoudrage, un pourboire, un alibi pour que, quand la catastrophe arrive, tous puissent dire, tel Ponce Pilate, que le sang versé ne retombera pas sur leurs mains. C’est aussi la certitude que les mêmes politiciens vont voir revenir les mêmes fabricants avec les mêmes demandes, les mêmes menaces et les mêmes promesses dans quelques mois. Mais, là, Barack Obama aura pris ses fonctions, et ce sera à son équipe de gérer le problème. 5 mois, c’est donc le temps de lâchement acheter sa paix et de refiler le bébé à autrui.

Le saupoudrage et l’alibi, deux méthodes bien connues de la part de politiciens dont le courage ne constitue certes pas toujours la qualité première. Pourtant JusMurmurandi voudrait vous proposer un contre-exemple frappant, et, qui plus est, en France.

Martine Aubry devait composer l’équipe dirigeante du PS pour les 3 prochaines années. Et satisfaire les demandes de ses partisans, des fabiusiens, des strauss-kahniens, des partisans de Bertrand Delanoë ou de Benoit Hamon, qui avaient le mérite de l’avoir soutenue. Sans compter les partisans de Ségolène Royal, de façon à pouvoir rassembler ceux qui l’avaient combattue. Un exercice d’équilibrage dans la répartition d’une difficulté qui confinait à l’impossible.

Eh bien Martine Aubry a fait preuve de courage plutôt qu’oeuvre de saupoudrage. Ségolène Royal n’aura rien. Ce qui permettra d’éviter de la voir revenir dans quelques mois avec les mêmes demandes, les mêmes menaces, les mêmes promesses. Et, comme avec l’automobile américaine, la cote de Ségolène auprès des consommateurs politiques s’est d’ores et déjà effondrée en faveur de Martine Aubry ou Dominique Strauss-Kahn.

Ce qui oblige JusMurmurandi à poser la question: la faillite de Ségolène Royal, qui avait encore une part de marché de 47% en France en 2007, et de 50% au PS en novembre, le PS peut-il se la permettre?
Ségolène Royal

La bulle qui engloutit le monde

décembre 6, 2008 on 7:34 | In Economie, Europe, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Si JusMurmurandi pouvait prédire avec certitude la profondeur et la durée de la crise économique et financière qui frappe le monde entier, il y a longtemps que vous ne pourriez plus nous lire. D’abord parce que notre serveur se serait écroulé sous le volume de trafic. Ensuite parce que nous serions tous partis pour une île pour milliardaires après avoir gagné quelque menu argent grâce à cette prédiction…:-)

Ce n’est pas pour autant une raison de ne pas tenter d’analyser une situation qui montre autant de raisons de craindre que d’espérer. Quelles sont-elles?

Les raisons de craindre sont simples.

D’abord, le monde financier a commis les mêmes excès qui ont conduit à la crise de 1929. Si les modalités sont différentes, le résultat est le même: trop de crédit par rapport aux fonds propres des banques ont rendu celles-ci incapables de faire face au ralentissement cyclique de l’économie et aux défauts de remboursements de crédit qui l’accompagnent. Ensuite, les techniques modernes de levier, de produits dérivés, de titrisation, de rehaussement de crédit et autres engagements par signatures ont encore démultiplié ce montant de crédit octroyé et les risques associés, surtout quand les opérateurs étaient non plus des banques, mais aussi des hedge funds, dont l’existence même repose sur leur capacité à servir des rendements importants à leurs clients, et donc à prendre les risques qui vont de pair.

Si l’on restreint les risques que les banques et autre intervenants financiers pourront désormais prendre pour éviter le retour de pareilles folies, comme cela a été fait après la Dépression des années trente, le crédit sera ipso facto restreint lui aussi, et, avec lui, l’activité économique dont il est l’oxygène. D’où une longue et dure gueule de bois après une orgie de crédit.

Un signe plus inquiétant encore: les taux d’intérêt en dollars sont à 0 pour les emprunts à 3 mois, alors que l’inflation est à 2%, ce qui indique un rendement négatif. Or la logique veut qu’il y ait rendement négatif seulement quand il y a anticipation de baisse des prix. Cela s’appelle la déflation, et c’est le scénario noir qui a conduit au désastre des années trente, ou à l’asthénie japonaise des années 80, avec une quinzaine d’années sans croissance.

Mais, face à ces perspectives sombres, les raisons d’espérer ne sont pas nulles pour autant:

D’abord les dirigeants politiques du monde entier ont lu leurs classiques, dont Keynes. Ils savent qu’une dépression-déflation serait meurtrière, et ils injectent des masses sans précédent d’argent public pour re-dynamiser l’économie, alors que le président américain Hoover, pensant que l’orthodoxie financière permettrait à l’Amérique de s’en sortir, avait littéralement corseté une économie déjà exsangue, avec les résultats que l’on sait.

Ensuite, il y a des poches de croissance encore vigoureuse en Chine, en Inde et de façon générale dans les pays émergents. Ils vont servir à amortir une partie de la baisse de cycle économique. De même, il y a une épargne colossale dans le monde, tant au niveau des particuliers que des entreprises, ou de certains États. Il y a donc un problème de réorientation pour que cette épargne finance la reprise, ce qui est un problème qui n’est pas insoluble.

Va contribuer aussi à notre redémarrage la baisse du prix du pétrole et des matières premières, qui représente au moins 500 milliards de dollars annuels de coût en moins pour les pays développés. C’est un choc de croissance, à l’envers de celui subi les 3 dernières années, avec un hausse vertigineuse des cours. La forte baisse des taux d’intérêts va dans le même sens, réduisant les déficits des Etats endettés et réduisant l’appétence des individus à épargner au lieu de consommer.

La clef qui ouvre vers cette sortie de crise porte un nom: la confiance. Si les mesures gouvernementales sont suffisantes pour convaincre les particuliers d’ouvrir à nouveau les cordons de leurs bourses et de réduire leur taux d’épargne, et les entreprises d’embaucher puis d’investir pour satisfaire le demande renaissante, le pari sera gagné.

Mais, après, il faudra faire face aux gigantesques dettes accumulées par les États pour relancer, ainsi qu’aux masses d’argent ainsi injectées, qui auront un caractère fortement inflationniste. C’est-à-dire que, pour nous en sortir, et alors même que nombreux critiquent Alan Greenspan pour avoir « monnayé » (en clair, acheté) la prospérité au prix de liquidités nouvelles pour éviter tous les accidents qui ont jalonné sa présidence de la Réserve fédérale américaine, créant ainsi les conditions d’une suite de bulles financières, le monde est en train de créer une super-bulle, une hyper-bulle, une giga-bulle comme jamais même Greenspan n’eût osé en imaginer.

Et JusMurmurandi sait une chose ou deux en matières d’économie. Notamment que toute bulle finit par exploser, quoique, chaque fois, nous pensions avoir retenu les leçons du passé.

Et qu’en classe, l’élève qui « bulle » est celui qui ne travaille pas, et quand sa note est une bulle, cela veut dire que sa copie a été notée « zéro ».

GM, Ford, Chrysler: Dallas, ou la Star Ac’?

décembre 4, 2008 on 9:16 | In Best of, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Qui a oublié le feuilleton télévisé américain « Dallas » qui a inauguré les super-productions pour petit écran? Qui ne se souvient de Pamela, Sue Ellen, Bobby, et surtout de l’abominable JR?

Alors quelle est l’actualité de Dallas aujourd’hui? Est-ce la maison que la famille Bush vient d’acheter pour l’après-présidence? Pas du tout.

Dallas, c’est le feuilleton télévisuel que l’Amérique ne s’offre pas. Les 3 fabricants américains de voitures demandent au Congrès de leur accorder 39 milliards de dollars (après avoir demandé 25 milliars le mois dernier, l’inflation est galopante dans ce petit monde…). Il leur faut cet argent tout de suite, sinon c’est la faillite assurée, immédiate et irrémédiable. General Motors indique même que, faute de recevoir 4 milliards dès ce mois de décembre, le pire serait à craindre.

Comment se fait-il que l’audition des 3 dirigeants des groupes n’ait pas été reprise en direct par les grandes chaînes américaines? Car, pour ce qui est de la télé-réalité, en voilà qui n’aurait rien dû aux grand talent et aux petits arrangements d’Endemol et de TF1. N’oublions pas que, si, par exemple l’un des 3 venait à être mis en faillite, celle-ci pourrait avoir un effet bénéfique pour les deux autres, qui pourraient se partager le marché à deux et non à trois. Mais un effet maléfique aussi, car cette faillite pourrait entraîner celle de nombreux sous-traitants, qui eux-mêmes seraient dès lors dans l’incapacité de livrer les deux survivants.

Ce qui laisse donc dans ce jeu à trois, toutes les possibilités d’alliances, de trahisons, de renversements et de coups tordus, de ruine ou de fortune. Comme dans Dallas.

On voit que le suspense ne manque pas dans ce feuilleton plus vrai que nature. La composante personnelle est elle-même présente, avec les 3 PDG qui ont accepté de travailler pour un salaire annuel d’un dollar. Celui de Ford, anciennement patron de Boeing, et celui de Chrysler, auparavant patron de Home Depot, doivent vraiment se demander ce qu’ils sont venus faire dans cette galère. Beaucoup de travail, un fort risque d’échec, des conflits partout, tout cela pour un dollar?

Bien sûr, il y a une part de théâtre là-dedans. C’est comme par hasard quand ils sentent l’argent du plan Paulson et entendent les promesses électorales et post-électorales d’Obama que le chœur des vierges des « Big 3″, comme on les appelle, fait entendre sa mélopée de plaintes menaçantes.

Toujours est-il que JusMurmurandi ne résiste pas à vous faire partager sa vision de ce qu’aurait pu être l’audition des 3 PDG. Au lieu de les faire témoigner de façon statique derrière des micros, puisque les média américains n’ont pas voulu faire Dallas, avec ses coups fourrés, ils pouvaient faire la Star Ac’. Imaginez les 3 PDG, chantant et dansant l’un après l’autre.

Puis, au cours d’un prime haletant, on fait voter le public. Pour éliminer GM, votez « 1″, pour mettre Ford en faillite, votez « 2″, pour ne pas donner les crédits vitaux à Chrysler, votez « 3″.

Et le nom de l’éliminé est….

Les Intouchables

décembre 4, 2008 on 5:40 | In Best of, Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermés

L’Inde a un système de castes, dont les intouchables composent la plus basse. Les toucher, c’est se salir si l’on appartient à une caste plus « élevée », en tout cas pour les adeptes de ce système.

La police a touché M .de Filippis, ex-directeur de Libération. Cela veut dire que, comme ils lui ont passé les menottes, soit ils n’ont pas eu peur de se salir les mains, soit ils ne savaient pas que de Filippis, apparemment comme tout journaliste, est un intouchable.

Car le contact du vil métal (de l’acier trempé tout de même) avec la noble peau, la mise en garde à vue qui s’en est suivie, soulèvent une tempête contre le Garde des Sceaux, le gouvernement et le Président de la République qui suggère une nouvelle affaire Dreyfus.

Les faits ne sont pas très compliqués. Visé par une plainte en diffamation concernant sa fonction de directeur de Libération, M. de Filippis reçoit une convocation devant un juge d’instruction. Convocation à laquelle il ne se rend pas. Moyennant quoi la juge, voulant que force reste à la loi, ordonne à la police d’arrêter M. de Filippis, d’où menottes et garde à vue.

Exemple de réaction de colère: Me Charrière-Bournazel, actuellement bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris, dénonce des méthodes dignes de la Grèce des colonels ou de la période franquiste en Espagne. Et d’énoncer que, comme la plainte pour délit de presse le visant ne peut entraîner de peine de privation de liberté, il est scandaleux et gravissime qu’un juge prive ainsi le journaliste de liberté pendant la période de garde à vue.

Ce qui veut dire, si l’on suit argumentation du bâtonnier, que, comme le délit de presse est par nature réservé aux journalistes, cette profession est dispensée de devoir déférer aux convocations d’un juge d’instruction. On se demande dès lors à quoi sert un juge d’instruction, puisque, sans M. de Filippis, la plainte contre lui ne put être instruite à charge et à décharge, mais seulement à charge. On imagine la sainte colère de Me Charrière-Bournazel et du microcosme parisien si tel avait été le cas. On eût sans doute comparé la procédure avec les procès de Guantanamo ou de Jeanne d’Arc.

Toute aussi intéressante est la relation des faits par la police. Qui narre que M. de Filippis n’a cessé de se montrer très énervé, méprisant, insultant, provocant. Qu’il a de nombreuses fois excipé de sa qualité de directeur de journal pour prétendre éviter le sort commun. Où est la vertueuse indignation des républicains, des journalistes, avocats et autres bâtonniers contre cette privilégiature, contre ce système de castes? Où est l’égalité devant la justice quand, selon que vous êtes privilégié ou non, on vous arrêtera ou on vous laissera tranquille?

Poursuivons le raisonnement encore un peu plus loin, et imaginons que Vittorio de Filippis ait été ou soit un ami de Nicolas Sarkozy, ou que le plaignant, Xavier Niel, qui n’est pas sans quelques privilèges lui aussi, en tant que fondateur de Free, soit de ses ennemis. Que n’aurait on entendu sur la justice au service du Président. Ce ne serait plus l’affaire Dreyfus, ce serait le Watergate, et les mêmes eussent exigé non la suspension immédiate de la juge mais le départ du Président….

Dernier point, à l’attention du bâtonnier Charrière-Bournazel. Le régime des colonels tuait ses opposants, Lambrakis en tête. Les forces armées franquistes ont laissé des dizaines de milliers de morts dans le sinistre sillage de leur prise de pouvoir, et toutes les fosses communes débordant de cadavres n’ont pas encore été investiguées 70 ans après. Même si l’on partage le point de vue le plus extrême sur le traitement qu’a subi M. de Filippis, celui-ci n’a été ni frappé, ni blessé; ni torturé, ni a fortiori tué. Gardons notre compassion pour les vraies victimes, notre colère pour les vrais crimes et criminels, et nos articles vengeurs pour les vraies causes.

Ou bien faut-il penser, comme JusMurmurandi que la France est un beau pays parce que, justement, de ces débats peuvent avoir lieu, y compris avec tous leurs excès, ce qui montre que, fort heureusement, il n’y a pas de cause plus grave à dénoncer sur le plan des libertés. Le fait même que personne ne songe à poursuivre le bâtonnier pour voir assimilé le rôle de tel ou tel à celui d’un participant à un régime dictatorial et meurtrier prouve que son accusation n’est pas fondée….

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