Qu’est-ce qu’un short?

novembre 15, 2009 on 7:34 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite | 2 Comments

En termes financiers, un short est un anglicisme pour une vente à découvert. Quand on pense qu’un prix (une action, une devise, un marché, un taux) va baisser, on le vend à terme (on le shorte) sans le posséder. Quand le terme arrive, si la prédiction s’est accomplie et que le prix a baissé, on peut l’acheter au prix bas pour le livrer au prix convenu avant la baisse, et gagner ainsi de l’argent. Parfois beaucoup d’argent.

Cette pratique du short est l’une des plus détestée par les détracteurs des marchés financiers. Il est facile de trouver immorale cette façon de gagner de l’argent à vendre ce que l’on a pas tout en faisant baisser les prix pour ceux qui en ont… Ainsi du short légendaire du hedge fund de George Soros contre la livre anglaise en 1993, qui lui rapporta dit-on un milliard de livres tandis que la livre était dévaluée dans la honte et la précipitation.

Parce qu’une possibilité existe que, même si un marché n’est pas fondamentalement baissier, si assez de vendeurs à découvert cèdent en même temps des titres (ces prédateurs chassent en général en meute, pour profiter de l’effet de masse), ils provoquent eux-mêmes la baisse qu’ils anticipent. Et là, ils gagnent presque à tout coup, et avec peu de risque.

C’est si vrai que, au plus fort de la tornade financière, il y a un an, quand les cours des actions des banques dégringolaient jour après jour, les grandes nations ont toutes interdit la vente à découvert d’actions de ces sociétés financières, bloquant ces profits quasiment garantis.

Il est tentant de faire un parallèle avec la politique, quand on voit que la cote de Sarkozy baisse dans les sondages publiés par les journaux. Il faut dire qu’en ce moment, pilonner le Président est une de leurs activités favorites. Moyennant quoi ce qu’ils annoncent, à savoir la perte de popularité présidentielle, finit par se matérialiser. Une autre baisse de la cote qu’en bourse…

Loin de JusMurmurandi l’idée d’interdire pour autant la condamnation à découvert. Moyennant quoi, c’est le Président qui risque de se retrouver en short…

La Bataille de N’Diaye

novembre 13, 2009 on 10:27 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 1 Comment

Aout 2009, Marie N’Diaye déclare qu’elle, son compagnon et ses trois enfants vivent désormais à Berlin depuis depuis deux ans en grande partie à cause de Nicolas Sarkozy. On connait désormais ses commentaires: «Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité… Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je trouve cette France-là monstrueuse».

A noter en passant que, si elle vit depuis deux ans à Berlin, elle a dû partir entre mai 2007 (élection de Sarkozy) et novembre 2007 (il y a deux ans maintenant), ce qui lui a donné fort peu de temps pour faire l’expérience de la mutation « monstrueuse » dans lequel Sarko a entraîné notre beau pays. C’est dire si elle ne perd pas de temps.

Travelling avant. Marie N’Diaye reçoit le prix Goucourt. Subitement, ses écrits précédents remontent à la surface (comme avec Frédéric Mitterrand ou David Douillet) et font polémique.

Après quoi elle déclare sur Europe 1 que ses déclarations étaient « très excessives », et qu’elle habite à Berlin parce que c’est « la ville où tout se passe », et qu’il y a une effervescence artistique, alors qu’en France l’ambiance est « morose » . Vraiment rien à voir avec le contenu de l’interview aux Inrocks.

Alors, que faut-il penser? Que Marie N’Diaye, écrivain parmi d’autres, se trouve bien de faire scandale, mais que Marie N’Diaye qui espère vendre beaucoup de livres à des Français qui vivent dans ce pays « monstrueux », préfère ne plus les choquer? Que son éditeur lui a recommandé de ne pas se donner une image d’incendiaire, qui n’est pas « bonne pour le business »? Qu’il est doux de se donner une image de victime du Sarkomonstre, notamment auprès de ses pairs, et de passer ainsi pour un un « bel esprit » généreux comme tout Saint Germain des Près des années d’après-guerre. Ce qui ne privait pas ces élégants Germanopratins d’approuver l’Union Soviétique du Goulag. « Monstrueuse, forcément monstrueuse », eût dit Marguerite Duras…

Dans ces années-là, les intellectuels critiquaient la France du dedans. Maintenant, avec Marie N’Diaye, comme d’ailleurs avec Yannick Noah, qui, lui, a au moins l’excuse de ne pas vraiment être un intellectuel, on la critique de l’extérieur. Mais, et cela montre à quel point ces gens là restent Français, leur exil, qui n’a en fait rien à voir avec la politique, ne les empêche pas de jouer leur rôle dans notre théâtre national, celui où il faut se faire passer pour une victime.

Ce qui n’empêcherait pas Marie N’Diaye de (re)trouver des charmes à Paris si d’aventure, par exemple, l’Académie Goncourt lui proposait de troquer son statut de lauréate pour celui, plus durable, de membre de son académie.

Mais si JusMurmurandi a titré sur « la Bataille de N’Diaye », c’est en référence à la « Bataille d’Hernani », où Victor Hugo confronta ses contradicteurs. Ce qu’elle ne fait pas ici, puisqu’elle bat en retraite en rase campagne au micro de Jean-Pierre Elkabbach. Mais il faut dire que Hugo était fait d’un autre bois, puisque lui dut affronter un régime autrement plus autoritaire (le second empire) que la SarkoFrance « monstrueuse ». Et qu’il partit, lui, en exil pour 15 ans à Guernesey.

Vous aurez compris que les imprécations N’diayesques n’ont pas précisément séduit JusMurmurandi. Qu’elle vive où elle veut et dise ce qu’elle veut, sans devoir de réserve (E. Raoult a perdu une occasion de se taire, la formule n’a pas de sens). Mais qu’elle ne nous demande pas d’attacher de l’importance à ce qui n’est manifestement qu’une outrance d’écrivain en mal de promotion, suivant l’adage que « toute publicité est une bonne publicité ».

Tout le reste est littérature….
Marie N'Diaye

Populaire ou pas populaire?

novembre 11, 2009 on 12:00 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermés

Le mot populaire, pourtant pas si compliqué que cela, a deux sens. D’une part, est populaire ce qui relève du peuple. Ainsi la « volonté du peuple » peut-elle être qualifiée de « volonté populaire ». Mais aussi, et ce n’est pas la même chose, « est populaire ce qui bénéficie d’une bonne popularité ».

La question du jour est « le grand emprunt est-il populaire? ». Et JusMurmurandi verse au dossier un sondage qui dit que « les Français » (lire, 54% des sondés) rejettent le grand emprunt. Ce qui sous-entendrait que le grand emprunt n’est pas populaire. Et ce suivant les deux sens du mot populaire, puisque s’il ne bénéficie pas d’une bonne popularité, le grand emprunt n’est pas susceptible d’être souscrit par le peuple.

La question posée n’a pas forcément de sens pour autant, puisque cet emprunt sera volontaire. Même si seulement 5% des Français y souscrivent, et donc l’approuvent, et que cela suffise à lever les fonds souhaités, cet emprunt sera un succès. Alors à quoi bon demander aux Français ce qu’ils pensent d’un emprunt qui ne les concernera pas s’ils ne le veulent pas?

C’est qu’il apparaît que nous sommes entrés dans l’ère de la dictature du populaire. On sonde sur tout, on va même jusqu’aux « votations citoyennes » (les pétitions des adversaires d’une privatisation de la Poste qui n’est pas à l’ordre du jour). Et tout le monde donne son avis sur tout, ravi d’être consulté, furieux de n’être pas suivi.

Moyennant quoi l’auteur ou le commanditaire du sondage peut opérer en douceur un virage du populaire (sens N°2) vers le populaire (sens N°1), c’est-à-dire affirmer que ce qui bénéficie d’une bonne popularité revêt en fait la légitimité de la volonté du peuple, et donc doit s’imposer à tous.

On en arrive à cette conclusion que seul ce qui est populaire, au sens de popularité, est représentatif de la volonté du peuple. En raccourci, Nicolas Sarkozy n’est plus populaire, il est donc au bord de l’illégitimité. Et tous les mouvements de « résistance », sont, eux populaires et légitimes. Comme M. Musulin, le convoyeur qui aurait détourné 11 millions d’euros…

Jules César disait qu’il faut donner au peuple « du pain et des jeux », moyennant quoi tout ira bien, c’est-à-dire que le dictateur à la romaine sera adossé à une forte popularité. C’est la même chose aujourd’hui, sauf que, par la magie des sondages et autres méthodes prétendant à une forme ou une autre de « démocratie directe », le dictateur, c’est le peuple.

Voilà comment notre époque remplace Robin des Bois par M. Musulin, et comment Nicolas Sarkozy est aussi honni que le Shériff de Nottingham… pardon, de Neuilly…

L’Europe, c’est la paix, ou la peur?

novembre 9, 2009 on 10:07 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Europe, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Napoléon III disait: « l’Empire, c’est la paix », et on sait ce qu’il en est advenu, notamment en 1870 à Sedan. Depuis, en « oubliant » ce précédent fâcheux, il est devenu habituel de détourner cette citation pour affirmer « l’Europe, c’est la paix! »

De ce point de vue là, l’Union Européenne est une réussite spectaculaire. Plus de 60 ans sans guerre majeure en Europe, c’est exceptionnel, et il est bon de se le rappeler pour mieux s’en réjouir, même si l’Europe n’est forcément pas la seule cause de cette paix

Maintenant que le traité de Lisbonne a enfin été signé et ratifié par tous, l’Europe va avoir son Président. Oh, certes ce ne sera pas un Président à la française. Il ne sera pas élu par les Européens, et il n’aura pas grand pouvoir exécutif. Mais enfin, l’Europe cessera d’être une bureaucratie sans visage, qui faisait dire en 1975 à Henry Kissinger « si je veux parler à l’Europe, à qui est-ce que je téléphone? ».

Le problème, c’est que ce Président, il faut le choisir, et à 27 pays, ce n’est pas simple. Disons, grosso modo qu’il y a deux choix possibles. Soit un leader dont le charisme, les réalisations, le programme bousculent les particularismes des composantes de son électorat. C’est comme cela que se sont fait élire, notamment Nicolas Sarkozy et Barack Obama. Ou une personne qui réunit des votes sur son nom faute d’avoir quelques ennemis, ni des rivaux plus charismatiques.

C’est ce deuxième choix que semblent choisir les chefs d’États européens, qui s’orienteraient, dit-on, vers le Belge Herman van Rompuy. Il est de fait qu’un Belge, compte tenu de la profonde division entre Flamands et Wallons qui menace à tout moment l’unité de son pays, doit être devenu, à l’usage, un expert es compromis. Mais quand même, et sans faire offense à ce cher Monsieur, n’y a-t-il pas des choix plus symboliques pour présider pour la première fois l’Europe qu’un sujet d’un petit royaume menacé d’implosion?

Déjà des noms éminents viennent contraster avec M. van Rompuy, tels le Finlandais Ahtisaari, prix Noble de la Paix pour ses talents de médiateurs de conflits, ou l’irlandaise Mary Robinson, non seulement ex-présidente de son pays, mais aussi ancienne Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, ou encore Tony Blair, charismatique ancien Premier Ministre travailliste de Grande Bretagne

Mais, comme toujours, il est tentant d’argumenter que le temps des géants européens est passé. Où sont les Monnet, Schuman, de Gaulle et Adenauer d’aujourd’hui? Eh bien, il y a des occasions où, parce que nous vivons le quotidien avec ces grandes personnalités, nous ne sentons pas passer le vent de l’Histoire. C’est comme cela que de Gaulle a été chassé en 1969 pour un referendum perdu sur deux sujets de peu d’importance, ou que Churchill a perdu les élections en 1945.

Car, si l’Europe compte 27 membres, c’est qu’elle s’est beaucoup étendue à l’Est. Et si cela a été possible, c’est grâce à la chute non seulement du Mur de Berlin, il y a 20 ans aujourd’hui, mais de tout le Rideau de Fer. Et s’il est tombé, c’est notamment sous l’action d’un homme d’exception, un homme dont le nom sera retenu par l’Histoire bien après que celui de ses contemporains n’intéressera plus personne, un homme dont la stature physique projette une ombre aussi longue que sa stature historique.

Cet homme, qui a réunifié les deux parties de sa nation, par delà d’éventuelles erreurs, c’est Helmut Kohl, bien sûr. Et, grâce à lui, il est évident que la cause de la paix a progressé en Europe. Un progrès de quelques 2000 kilomètres vers l’Est. Avec lui, on peut dire: l’Europe de l’Est en Europe, c’est la paix ».

Helmut Kohl, Président de l’Europe c’est donc une évidence qui s’impose à JusMurmurandi. Sauf qu’il risquerait de faire de l’ombre aux dirigeants nationaux, jaloux de leur pouvoir local. Et que ce que Nicolas Sarkozy veut faire aux édiles locaux en leur coupant un peu les ailes, il ne veut surtout pas qu’on le lui fasse à lui. D’où le choix probable de M. Van Machin.

Car si l’Europe, c’est la paix, c’est aussi la peur d’un trop grand dirigeant…

Helmut Kohl

Identité nationale, mon cul, oui!

novembre 8, 2009 on 7:27 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Eric Besson, plus sarkozien que nature, lance un débat sur l’identité nationale. Un site Internet gouvernemental permet de déposer des « contributions » à cet effet.

On voit que les thèmes ont à voir avec les valeurs (Liberté, Égalité, Fraternité), les symboles (la Marseillaise), et les pratiques (port de signes religieux), le degré et les processus d’intégration, l’accueil des étrangers.

JusMurmurandi pense que tout ceci n’a qu’une importance très relative. Pas qu’il soit agréable d’entendre des jeunes siffler la Marseillaise à un match de football, ou acceptable de voir des femmes contraintes de porter voile ou burqa (si elles le font librement, le débat est autre).

Mais il semble qu’un tel débat, pour représentatif qu’il soit de la composante gauloise de notre tempérament, qui pousse à la discussion surtout si elle est politique, revendicative et d’opposition, est totalement décalé, ou pour le moins très incomplet.

Car les choix fiscaux qu’ont fait les gouvernements successifs, et qui exonèrent plus de la moitié des Français de tout impôt sur le revenu, est-ce que n’est pas une composante de l’identité nationale en créant, pour faire simple, une fracture entre ceux qui paient l’impôt et ceux qui perçoivent les fruits de la redistribution caractéristique de notre système? Et les choix sociaux qui ont toujours privilégié ceux qui avaient un emploi au détriment de ceux qui n’en avaient pas, comme avec les 35 heures, nous conduisant à un chômage élevé et des charges importantes sur le travail? Et le système de santé? Et les degrés de liberté civiles (interdiction de fumer, cameras de surveillance)? Et la pratique judiciaire (possibilité ou non de télécharger illégalement de la musique et des films)?

Il est bel en bon de dauber élégamment sur les mérites d’un modèle plus intégrationniste ou au contraire plus respectueux des libertés culturelles de chacun au risque de laisser se développer les communautarismes. C’est un débat dans lequel tous se plongent avec délice. Mais pendant que se déroule et se défoule toute cette logomachie toujours passionnée et parfois passionnante, la politique « ordinaire » se charge de choix autrement plus fondateurs que de savoir si quelques centaines de femmes se verront interdire le port de la burqa, ou quelques centaines d’Afghans se verront « reconduire » dans leur beau pays.

Rien qu’en ce moment, le Parlement doit débattre de la double réforme des collectivités locales et de leur financement par les entreprises sous forme de taxe professionnelle. Si la double réforme passe, le pouvoir local, notamment celui de frapper monnaie pour étendre toujours plus le champ de leurs dépenses sera réduit. Voilà qui va affecter l’identité nationale. De même que les projets de fermeture de centaines de services hospitaliers trop petits pour être efficaces et sûrs. Ou le projet de Grand Paris, avec villes nouvelles, pôles de recherche, axes de transport. Ou les conséquences du Grenelle de l’Environnement, avec son cortège de mesures « vertes » dont la taxe carbone, et ses nouveaux produits et nouvelles contraintes.

Même le débat en cours au niveau planétaire du G20 sur les bonus de la finance est au cœur de l’identité nationale. Car si la France est l’un des seuls pays à appliquer strictement un encadrement là où d’autres laissent la situation revenir au laxisme précédent la crise, ce seront des fonctions puissantes qui quitteront la France. Comme le village d’Astérix, potion magique en moins.

C’est peut-être là la cause de la véritable haine que suscite Nicolas Sarkozy, et de la violence verbale souvent grotesque de ses adversaires, devenus ses ennemis. C’est que ce Président, contrairement à ses deux prédécesseurs largement inertes, fait, au quotidien, et au pas de charge, des réformes qui forgent l’identité nationale. Ainsi quand il met en œuvre et défend contre vents et marées le bouclier fiscal, le combat n’est pas fiscal, car les sommes en jeu sont dérisoires au regard du gigantesque déficit de l’Etat (50% du budget!), il est identitaire. La France doit-elle compter parmi ses rangs des riches, ou doit-elle les laisser partir à Bruxelles ou Genève? De même, la France doit-elle compter parmi ses rangs des réfugiés Afghans ou doit-elle les reconduite à Kaboul? Et, s’il faut les accueillir, et, partant, s’occuper d’eux, comment faire si les riches ne sont plus là pour payer?

Les riches? les Afghans? Ni les uns ni les autres? Les uns et les autres? Et si c’était là (et dans d’innombrables questions de cet ordre) que se forgeait l’identité nationale?

Eric Besson

Identité nationale, chaque pas doit être un but

novembre 7, 2009 on 5:43 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Un nouveau débat s’ouvre, à l’initiative du gouvernement.

Il s’agit de déterminer ce qui compose l’identité nationale.

Car c’est vrai, on ne s’y retrouve plus vraiment.

L’hymne national est sifflé lors de certaines manifestations sportives, l’affichage de certaines marques d’identités religieuses limité, ou encore le port de certains types de vêtements (le mot vêtement parait d’ailleurs inapproprié, mais c’est à défaut d’autre chose) choque et la tentation de légiférer, encore et toujours, se réveille.

Un des problèmes de cette non identification nationale vient naturellement du fait de la volonté ou non de certains groupes de s’intégrer ou non au sein de la population nationale.

Qui peut dire aujourd’hui que les Polonais ou autres Italiens qui sont venus au début du siècle dernier pour travailler dans les mines du Nord de la France ne se sont pas intégrés ?

Mais une autre raison est que le pays d’accueil, la France, a de l’avis de JusMurmurandi supprimé une étape importante de l’éducation collective où toutes les couches de la population étaient représentées, regroupées autour d’un seul et même dessein, le service de la Nation.

Cela s’appelait le service militaire.

Bien entendu, il y avait des passe droits, évidemment il y avait des pistons. Mais globalement, on donnait un brin d’éducation civique, on dispensait le minimum de connaissances vital pour ceux qui étaient passés au travers du système éducatif sans même apprendre à lire ou écrire. Et tous ceux qui passaient sous la coupe bien rigide de nos braves sergents chefs apprenaient à saluer le drapeau, obéir aux ordres, faute de quoi on se retrouvait au mitard.

Peu ou prou, cela finit nécessairement par fonctionner, le creuset des valeurs communes est crée.

Le 22 février 1996, moins d’un an après son élection, Jacques Chirac annonce la suspension du service national….Monumentale erreur.

Ce dernier vient de sortir un livre, pour raconter sa carrière politique.

Comme vous avez pu le constater, JusMurmurandi s’est immédiatement précipité pour en faire l’éloge…..

En fait non, nous avons voulu attendre que l’occasion se présente.

Et l’identité nationale dont on parle maintenant nous semble un moment bien choisi.

Car avec pareil titre, « Chaque pas doit être un but », on comprend mieux à la fois le vibrant éloge que lui a rendu Nicolas Sarkozy cette semaine, comme pour le remercier d’avoir mis un terme à sa carrière politique, et le fait que, pendant les 12 années de sa présidence, la France ait, au mieux, été en état d’immobilisme larvé….


Jacques Chirac

Comment l’automobile avance…

novembre 5, 2009 on 10:03 | In Economie, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Hier ce qui se profilait à l’horizon, mais qu’on n’osait prendre au sérieux tant c’eût été incroyable s’est finalement avéré vrai: General Motors, après près d’un an de négociations, a annoncé qu’il ne vendrait pas sa filiale Opel. Or General Motors a bel et bien fait faillite, et une nouvelle société a émergé, possédée en grande majorité par l’État américain, c’est-à-dire le contribuable.

C’est pour rembourser ses dettes pharaoniques que GM a été sommée de vendre des actifs. C’est fait pour les petites sociétés Hummer et Saab, mais cela ne se fera pas pour Opel. Comment mieux démontrer que l’ordre du jour, aux Etats-unis, n’est pas de solder le passé et de préparer un avenir différent, mais bien de revenir aux anciennes méthodes? Hier ce sont les banques américaines qui se vautrent avec un délice renouvelé dans le bain empoisonné des hyper-bonus garantis. Aujourd’hui, c’est General Motors qui en veut pas lâcher son bras européen.

Il ne faut pas non plus penser qu’Opel soit une bonne affaire à court terme, puisque sa restructuration coutera 10.000 emplois et des milliards d’investissements.

Le plus étonnant, et révélateur aussi, c’est que, depuis la faillite, tous les administrateurs de GM ont été nommés par l’Administration Obama. Ce sont ceux-là même qui ont décidé d’interrompre le processus de cession, et ce alors qu’Angela Merkel, qui s’est beaucoup investie pour empêcher le naufrage d’Opel, gros employeur en Allemagne, est précisément en visite aux USA. Dans ces conditions, le revirement de GM est quasiment une gifle d’État à État, alors même que l’Allemagne a soutenu Opel avec un prêt d’un milliard et demi d’euros.

Dans le même temps, à l’extrémité opposée de la planète automobile, Toyota annonce qu’il abandonne la Formule Un, dont le coût est incompatible avec des résultats dégradés pour le groupe japonais. Oh, le loup n’est pas dans la bergerie, puisque ce ne sont « que » les premières pertes de son histoire, mais Toyota veut bien marquer que demain ne sera pas comme hier.

Ce n’est d’ailleurs pas la première société à arrêter les frais en F1, puisque Honda, BMW et Bridgestone en ont fait autant, et il se murmure que Renault est tenté de les imiter.

Alors, comment se fait-il que, pour les uns, il faut avant tout faire comme si de rien ne s’était passé et revenir au statu quo, alors que les autres veulent se plonger dans un avenir différent, plus modeste et plus responsable?

Et si on appliquait la même question au monde financier, on verrait que certaines banques et certains États se dirigent vers un avenir modeste et responsable, comme les banques anglaises à l’initiative du Gouvernement de Gordon Brown.

Ce qui intrigue JusMurmurandi, c’est que, dans le cas de l’automobile, ce sont clairement les « modestes et responsables » qui donnent l’impression de devoir être les vainqueurs de demain, tandis que les « tradis » mordront de nouveau la poussière. Alors que, chez les financière, si l’on craint le retour des mauvaises habitudes, par exemple chez la plus emblématique des banques d’affaires, l ‘américaine Goldman Sachs, c’est bien par inquiétude qu’elle soit à la fois dangereuse ET prospère…

L’Europe du Président

novembre 4, 2009 on 6:46 | In Best of, Europe, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

C’est fait. Les Irlandais ayant ratifié par referendum, et Vaclav Claus, le Président tchèque ayant apposé sa signature, le Traité de Lisbonne peut entrer en vigueur. Tous les regards convergent vers les chefs d’État pour savoir qui sera, 51 ans après le premier pas de la C.E.E., le premier « Président de l’Union Européenne ».

Il est juste, en ce moment historique, qui coïncide exactement avec le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, symbole s’il en est de l’antithèse de l’Europe, de rappeler le rôle décisif de Nicolas Sarkozy dans la mise sur pied de ce traité. Quand il a pris ses fonctions, la construction européenne était au point mort, tétanisée par le double refus français et néerlandais de la Constitution européenne, et engluée dans le lamentable Traité de Nice, enfant peu glorieux de la Présidence Chirac.

C’est Sarkozy, alors tout nouveau Président qui a pris le taureau par les cornes, et, bousculant sur son passage des collègues encore peu habitués à son style à la hussarde, qui a mis sur pied un Traité qui reprend l’essentiel de la Constitution, à un détail près. Elle a échoué à être ratifiée, et il (le Traité) l’a réussi.

Quand on regarde l’histoire de la progression de l’Europe, les grandes étapes ont toujours été marquées par des actions décisives et, pour ainsi dire, frappantes. Le traité d’origine, le premier élargissement, le Grand Marché Unique, l’Euro, autant d’étapes essentielles aux côtés duquel vient prendre place le traité de Lisbonne.

Que Sarkozy ait réussi un tel tour de force en quelques semaines de Présidence, et qu’aujourd’hui personne ne lui en donne acte et ne lui en fasse crédit, contraste avec un certain Prix décerné à un Président pour un an de Présidence dont il ne reste absolument rien de marquant, si ce n’est le style.

La Fontaine disait « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Faudrait-il dire « selon que vous serez blanc ou noir, les jugements de l’histoire vous rendront puissant ou misérable »?

Nicolas Sarkozy

Pour Obama, le Mur de la première année

novembre 3, 2009 on 10:21 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Il y a un an, Barack Obama était élu Président des Etats-Unis d’Amérique, un événement historiquement marquant. Un an après, qu’en est-il?

Il a fait ce qu’il a pu pour tenter de limiter la crise économique, comme tous les chefs d’État de la planète.

Il a tenté de remettre de l’ordre dans la finance mondiale, mais semble oublier ses bonnes résolutions pour laisser le statu quo reprendre ses droits face à la puissance retrouvée des banques américaines.

Il tente de mettre en œuvre sa réforme de la santé aux USA, mais en en réduisant le champ et la portée face aux résistances que ce projet rencontre, comme ceux de tous ses prédécesseurs démocrates.

Sur le plan extérieur, il a annoncé la fermeture de Guantanamo, mais sans la mener à bien. Il a pris une position ferme face à la poursuite de la politique israélienne de construction de nouvelles colonies, mais a du capituler en rase campagne. Il a dénoncé les fraudes électorales de Karzaï en Afghanistan, mais l’a félicité sur son élection faute de concurrent au second tour.

Bref, il a beaucoup parlé et promis, peu fait et donné le sentiment que sa différence est en papier mâché.

En revanche, il a bel et bien reçu le prix Nobel, qui récompense ce qui s’est passé il y a un an, l’élection pacifique d’un noir par un électorat blanc.

Et le jury Nobel a « négligé » de récompenser un Hongrois, aujourd’hui oublié, pour ce qu’il a fait il y a 20 ans. Il a seulement, à lui seul, et en prenant des risques considérables, démantelé non seulement le Mur de Berlin, mais tout le Rideau de Fer, libérant la moitié de l’Europe.

Miklos Nemeth, Premier Ministre hongrois, en ouvrant la frontière entre son pays et l’Autriche, rendait l’émigration des Allemands de l’Est possible et facile. Tout le reste n’est plus que la chute d’une série de dominos.

Aujourd’hui l’Europe est réunifiée, et l’Union Soviétique n’est plus qu’un chapitre des livres d’histoire.

Un exemple à méditer pour Barack Obama… et une honte pour le jury des Nobel

M. Nemeth, JusMurmurandi vous salue très bas.

Miklos Nemeth

Barack Obama

Il est trop, Estrosi

novembre 2, 2009 on 8:57 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermés

Christian Estrosi s’est fait remarquer avec des propos…hors de propos.

On imaginait bien que le fait de ne plus avoir de grève comme l’affirmait Nicolas Sarkozy avait un prix.

On commence à en voir les contours.

Car déclarer rendre la Poste imprivatisable, c’est impayable.

La Poste est l’entreprise phare de la France qui a échoué.

Comme nous l’écrivions dans un précédent article, là ou Deutsche Post rachète DHL, on nous réduit les services, le J+1 pour la livraison du courrier ayant été abandonné en rase campagne après des années de tentatives avortées. Bastion d’un syndicalisme dépassé, où le mot productivité et services est absent, c’est maintenir la France hors de la compétition internationale que de proférer de telles absurdités.

Car la Poste a généré un nombre de concurrents aussi grand qu’elle est inefficace (DHL, FedEx, UPS etc. etc.)

Et pendant ce temps là, on tourne le dos à l’exemple donnée par les entreprises privatisées, comme Air France ou Renault qui, elles, ont réussi leurs mutations.

Rappelez vous ce n’était il y a pas si longtemps où Renault n’avait pu fusionner avec Volvo avec comme motif principal qu’elle était justement détenue majoritairement par l’Etat.

Et la Renault privatisée de fusionner avec Nissan.

Ou encore Air France, dont les innombrables grèves  creusaient un déficit sans fin, qui, introduite en bourse, mit la main sur KLM pour devenir un transporteur à l’échelle mondiale.

Non Christian Estrosi, tout ministre de l’Industrie qu’il soit a prononcé des propos indéfendables, voire impardonnables.

Car vouloir réduire la privatisation de la poste à une votation centrée sur la fermeture du bureau de poste de Clochemerle, c’est oublier que Clochemerle n’est pas le monde, c’est enfourcher un mauvais cheval.

Non, à éructer des contresens pareils, c’est sa seule moto qu’il aurait du continuer à enfourcher, le brave Estrosi.

L’Airbus A380 chez Air France, tout un symbole….

novembre 1, 2009 on 8:00 | In Best of, Economie, France, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Voici déjà presque 5 ans que le plus gros avion du monde, conçu et construit en Europe, a effectué son premier vol, technique (en avril 2005), et deux ans qu’il est en service dans une flotte commerciale.

Et ce n’est que maintenant qu’il arrive dans une flotte occidentale, européenne, avec le premier vol Air France sensé décoller à la fin du mois, à 13:15 pour rejoindre le nouveau monde.

Tout un symbole, parce qu’il illustre parfaitement que le pouvoir économique s’est déplacé aux cours des années passées.

Vol inaugural effectué par Singapore Airlines fin 2007, il a déjà transporté plus de deux millions et demi passagers sous la cocarde de cette dernière, d’Emirates ou encore de l’australienne Qantas. Alors que les compagnies inaugurales des A300, 310, 320 et autres 330/340 étaient toutes européennes….

Bref, l’Asie est passée largement devant le monde occidental, à tel point que les compagnies américaines n’ont pas osé investir dans cet avion réputé ultra confortable, et significativement moins polluant que son plus proche concurrent.

Peur des représailles de Boeing, ou encore témoignage d’un segment de l’économie exsangue comme l’est l’aérien américain.

S’il a défrayé la chronique à son arrivée tant chez Singapore ou Emirates, c’est, aussi, grâce au luxe déployé dans l’aménagement cabine.

Première avec une double suite chez Singapore ou douche chez Emirates, rien de tout cela chez Air France où le nombre de passagers transportés est de ce fait 10% supérieur aux deux compagnies sus nommées. On note quelques améliorations apportées aux sièges sur le site web Air France, mais on est plus dans le cosmétique que dans la refonte…

Bref, à l’Ouest, rien de nouveau, si ce n’est qu’après avoir hurlé au scandale à cause des retards de livraison, quasiment toutes les compagnies clientes demandent désormais des reports d’échéance….

Et puis une preuve s’il en était besoin, que les cicatrices de l’accident industriel de la gestation du géant des airs ne sont pas terminées, Air France, qui a annoncé et une nouvelle typographie et une nouvelle classe intermédiaire entre la classe affaires et la classe économique, n’aura finalement obtenu d’Airbus que la peinture aux nouvelles couleurs.

Ce sont les « anciens » Boeing 777 qui recevront en premier le nouvel aménagement intérieur.

Bref, cet hippopotame des airs sous la bannière tricolore inspire bien de la nostalgie….

Le terrible M. Pasqua

novembre 1, 2009 on 7:55 | In Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

La République française a ses croyances, parmi lesquelles il est bien difficile de démêler le vrai de ce qui relève du fantasme. Parmi ces croyances, le pouvoir des francs-maçons, ou les secrets de celui que François Mitterrand appelait « le terrible M.Pasqua »

Celui-ci est désormais acculé. Ayant été condamné à un an de prison ferme, et devant comparaître à nouveau pour plusieurs autre affaires, il est menacé d’être logé et nourri aux frais de la République, mais même le quartier VIP de la prison de la Santé ne vaut pas l’ordinaire du Sénat, où il siège aujourd’hui.

Pour éviter ce sort, Charles Pasqua a commencé à balancer, contrairement à la pratique corse, île dont il est issu. Et on entend bien qu’il n’a pas l’intention, s’il doit plonger de plonger tout seul. Pour commencer, il nommé Jacques Chirac, Edouard Balladur et Alain Juppé comme étant au courant du trafic d’armes avec l’Angloa qui lui a valu sa condamnation. Et il poursuit en affirmant que, sur ordre du même Jacques Chirac, Dominique de Villepin lui a remis 900.000 francs pour obtenir la libération de deux pilotes français capturés par les Serbes lors de la guerre en ex-Yougoslavie.

Bref, il implique pas moins qu’un ex-Président et trois anciens Premiers Ministres. Bigre, le terrible M. Pasqua ne chasse pas le petit gibier!

N’en reste pas moins que mettre en cause Jacques Chirac et ses amis n’a que peu de chances de lui valoir quelque avantage, ce dernier ayant lui-même été renvoyé en correctionnelle pour l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris.

Comme la Justice est indépendante en France, ce que prouve à suffisance le fait qu’un certain nombre de décisions judiciaires aient été prises contre les réquisitions du Parquet qui, lui, est soumis à l’autorité hiérarchique du Garde des Sceaux, il n’y a qu’un recours, c’est la grâce présidentielle.

Nicolas Sarkozy, que la gauche ne se prive pas de traiter de monarque, s’y est toujours déclaré opposé, ou pour le moins, très réticent devant cet exercice éminemment régalien.

Mais là, le choix sera cornélien. Car Pasqua, même s’il lui a chipé la mairie de Neuilly, a toujours été de son côté, notamment en 1995 quand ils étaient la garde rapprochée d’Edouard Balladur dans sa candidature infructueuse contre Jacques Chirac. Et que, outre que lui-même a peut-être à redouter telle ou telle révélation du terrible M. Charles, le laisser tomber et, par ricochet, Edouard, Balladur, ne doit pas le réjouir.

Sans compter que le déballage ne fera pas de bien à l’image de la droite française, ni à celle de la France à l’étranger. Mais, à l’inverse, une grâce si manifestement exorbitante du droit commun aurait exactement le même effet.

Heureusement, une solution semble se profiler à l’horizon: Ségolène Royal ne vient-elle pas de déclarer qu’il fallait accorder la tranquillité à Jacques Chirac?

Charles Pasqua

La Rupture est dans le Fromage

octobre 31, 2009 on 10:11 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Peut-être n’a-t-il pas commencé par le bon bout. Nicolas Sarkozy a été élu avec un programme au centre duquel figurait la notion de rupture, et c’est maintenant seulement, après mille projets, deux ans semés de polémiques et une crise économie et financière, qu’elle se dessine.

Car la rupture, en France, n’est pas entre la droite et la gauche, comme l’a montré l’alternance entre eux depuis 1974. Il est même des cas où la droite se croit obligée de prendre des mesures de gauche, et vice versa. Ce qui n’empêche pas l’opposition du moment de voter contre, voire même d’annuler la mesure une fois revenue au pouvoir.

Non, la rupture en France n’est pas non plus entre les riches et les pauvres, car de Gaulle par exemple, a toujours eu plus de votes ouvriers que le Parti Communiste, ou parce que Paris qui a élu deux fois un socialiste à la Mairie est devenue une ville presque exclusivement bourgeoise.

En fait, pour qu’il y ait rupture, il faut identifier une tendance constante depuis 1974 et voir si Sarkozy s’y attaque, et force est de constater que oui.

Car la constante, c’est la manie de créer toujours plus de Fromages de la République (ce qui donne FR, l’envers de RF, le sigle de la République Française). Giscard a créé les régions, mais on n’a vu se réduire, sans même parler de disparaître, aucune autre administration au même moment, qu’elle soit nationale, départementale, cantonale ou municipale. Mitterrand a décentralisé, mais sans que l’administration centrale se réduise en quoi que ce soit. Et ainsi de suite.

Tout récemment, JusMurmurandi a constaté que la Ville de Paris a créé plus de nouveaux emplois de fonctionnaires pendant le premier mandat de Bertrand Delanoë que la totalité des fonctionnaires de Lyon, deuxième ville de France. Ou encore que les communes ont créé en 2008, année de crise, 36.000 emplois supplémentaires, c’est à dire plus que l’État n’est parvenu à en supprimer péniblement au niveau national, tout en se faisant houspiller pour « démantèlement de service public ».

C’est si vrai que les collectivités territoriales ont été contraintes de relever massivement les impôts locaux en 2009 (merci M. Delanoë, avec un retentissant 47%!) parce que leur recettes ne bénéficiaient plus de la hausse due à la prospérité. Ce qui veut dire qu’elles avaient toutes dépensé allègrement le supplément de recettes, et sans même se plaindre….

Alors, où est la rupture? C’est qu’avec la réforme des collectivités territoriales, et celle de la taxe professionnelle, Nicolas Sarkozy va atteindre, si elles entrent en vigueur, deux objectifs parallèles. L’un est de réduire le nombre de conseillers généraux et généraux de moitié (de 6000 à 3000), soit une diminution de moitié des Fromages. L’autre est de supprimer pour les collectivités le droit de lever l’impôt comme elles veulent sur les entreprises qui ne votent pas. Car les maires devront alors, s’ils veulent dépenser comme des satrapes l’argent des autres, l’expliquer à leurs électeurs furieux. Ce qui conduit à une certaine modération. Et moitié moins de conseillers territoriaux, c’est moité moins de temps disponible pour des dépenses.

Il est révélateur que les opposants les plus farouches à ces deux réformes soient du camp du Président. Car, en fait, ils sont menacés par cette double rupture. Moins de postes, moins d’argent à distribuer, moins de possibilités de taxer sans contrôle ni limite, c’est moins de Fromage.

Et chacun sait que la France, toute la France, est le pays du Fromage.

PS pour eux qui pensent qu’en France, la rupture ce serait de traiter les Puissants comme le reste de la Nation: avec la condamnation à de la prison ferme de Charles Pasqua, la comparution de Dominique de Villepin et le renvoi de Jacques Chirac en correctionnelle, on est dans le jamais vu…

La tentation suicidaire de la droite

octobre 29, 2009 on 11:24 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Poil à gratter | 2 Comments

Les ressemblances ne manquent pas entre Nicolas Sarkozy et Valéry Gsicard d’Estaing. Deux hommes de droite, élus très jeunes à la Présidence de la République, arrivés avec une envie de réforme en profondeur, et ce contre les Gaullistes historiques de leur propre camp. Si on ajoute le fait que les deux ont du affronter une tornde économique planétaire (pour Giscard le premier choc pétrolier), on voit que les similitudes sont légion.

Maintenant, en tentant de se projeter en 2012, il peut être utile de se remémorer 1981 et la défaite historique de Giscard. Ce n’est pas Mitterrand qui a gagné, mais bien la droite qui a perdu. Le Programme Commun de la Gauche, passé si près de la victoire en 1974, avait entre temps volé en éclat. L’alliance socialistes-communistes avait révélé son pur contenu électoraliste, et le champion de la gauche avait 7 ans et deux défaites de plus qu’en 1974.

Alors, pourquoi Giscard a-t-il perdu? Pour trois raisons principales. Les mauvais résultats économiques, la démotivation et la désunion de son propre camp, et des problèmes de style personnel

Quand on regarde le début de la présidence Sarkozy, que voit-on? De mauvais résultats économiques, même s’il n’y est pour rien. La démotivation de son propre camp, déstabilisé par des mesures comme la taxe carbone, le RSA jeunes, la suppression de la taxe professionnelle, ou la réforme des collectivités territoriales. Des problèmes de style personnel, que ce soit avec le bling-bling, le « casse-toi pauvre con! » ou la tentative avortée de porter son fils à la présidence de l’EPAD.

Ne manque plus pour obtenir une copie parfaite du cocktail qui a défait Giscard qu’un reître destiné à l’abattre quitte à faire perdre son camp. Il est déjà tout trouvé avec un Dominique de Villepin déterminé à suivre l’exemple de son maître Chirac y compris dans la trahison de son camp.

Il ne manque plus qu’un champion crédible à gauche. Comment traduit-on Obama en français?

Condamnations

octobre 27, 2009 on 9:44 | In France | Commentaires fermés

Les condamnations ont été lourdes dans le procès de l’Angolagate. Un an ferme pour l’ancien ministre Charles Pasqua, six ans ferme plus un mandat de dépôt pour Pierre Falcone, qui se croyait protégé par une immunité diplomatique partielle donnée par l’Angola, pays à destination duquel s’est déroulé le trafic d’armes.

Autre condamnée, la Scientologie, et pour escroquerie. Certes, d’aucuns souhaitaient une condamnation à la dissolution. Mais si, comme le soutiennent ses détracteurs, la Scientologie est avant tout une « pompe à fric » à caractère sectaire déguisée en Église, alors la frapper au portefeuille, et permettre à tout mécontent de se prévaloir de ce jugement pour réclamer le remboursement des sommes versées, c’est obliger la Scientologie à agir en vraie Église, c’est-à-dire à prouver que l’appât du gain n’est pas son alpha et son omega. Quelque part, JusMurmurandi en doute.

Autre pays, autre façon de faire le ménage. Alors que la justice française prononce peines de prison et amendes pour nettoyer, la justice chinoise exécute quelques Ouighours et tibétains. Le nettoyage par le vide, en quelque sorte. Pas étonnant que la Scientologie ne soit pas implantée en Chine. Si l’ordinaire des prisons française va paraître sordide aux puissants que sont Charles Pasqua et Pierre Falcone, que diraient-ils d’une prison chinoise?

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