L’Affreux!
avril 21, 2009 on 2:25 | In Coup de gueule, Incongruités, International | Commentaires fermésDick Cheney ne changera jamais. Lui, qui passait pour l’inspirateur des positions les plus radicales de George W. Bush, n’a vraiment rien appris de son passage au pouvoir, et continue de plus belle.
Ainsi Barack Obama a-t-il déclassifié, dans un louable effort de transparence, les documents de la C.I.A. établissant combien de fois a été pratiquée la torture dite de « waterboarding » (en français, il n’y a pas d’équivalent direct, ce qui s’en rapproche le plus est la « baignoire »), où la victime subit les affres de la noyade. Ces archives montrent que Khalid Sheikh Mohammed, la plus grosse prise américaine en Afghanistan, l’homme qui sera sous peu accusé d’avoir organisé le 11 septembre, a été torturé de la sorte 183 fois.
Dick Cheney indique qu’il veut que la C.I.A. déclassifie aussi ce qui révèlera au peuple américain à quel point ces méthodes ont permis de récolter des bonnes informations.
Ce qui montre à quel point il ne comprend rien au débat même sur la torture. Personne ne conteste que, sauf avec des très rares personnes qui combinent résistance physique et résistance morale hors du commun, ou qui trouvent le courage et le moyen de se suicider pour éviter de parler, comme Jean Moulin, la torture donne des résultats en matière de renseignements.
Cette torture-là n’a rien à voir avec une punition sadique telle que pouvait l’administrer un Saddam Hussein pour épouvanter plus encore les vivants devant les souffrances indicibles infligées à quiconque avait déplu.
Non, le débat n’est pas sur l’efficacité ou l’efficience de la méthode. Il est sur la morale. Une nation peut-elle torturer sans se mettre au ban des autres nations? Que répondre à ce célèbre dilemme sur la possibilité de torturer si cela peut arracher des informations permettant de sauver des vies? Peut-on torturer sans priver les victimes de droits dits fondamentaux? Est-il imaginable d’en être réduit, comme aujourd’hui JusMurmurandi, à accoler à cette ordure de Khalid Sheikh Mohammed l’épithète de victime compte tenu de ce à quoi il a été soumis?
Dick Cheney n’a toujours pas compris. C’est pour lui qu’il existe des épithètes comme affreux.
Excuses, excuses!
avril 20, 2009 on 9:05 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermésS’excuser de ce qu’on a (mal) fait n’est pas très agréable. C’est d’ailleurs pour cela que c’est un exercice insuffisamment pratiqué. Alors, comment expliquer l’ardeur de certains à s’excuser pour ce que d’autres ont fait?
D’autant que les propos de Nicolas Sarkozy sont, d’après Libération même, tout sauf insultants pour José Luis Zapatero. Mieux même, Sarkozy défendait Zapatero contre l’avis d’Emmanuelli, pourtant socialiste comme le chef de gouvernement espagnol.
Sauf que, quand Laurent Joffrin « s’étonne » que la presse espagnole ait pris au premier degré les propos tels que relaté par Libé, et se soit offusquée, on peut se demander si Joffrin ne devrait pas présenter des excuses pour avoir soulevé une telle tempête. A moins qu’ils ne chargent Ségolène de cette besogne, que les journalistes détestent par dessus tout. Ce d’autant que Joffrin, qui s’est fait publiquement moucher par Nicolas Sarkozy lors d’une conférence de presse, n’est certainement pas désolé d’avoir embarrassé le Président et de lui rendre la monnaie de sa pièce. Ou la monnaie de sa presse, comme on voudra.
En attendant, il y en a deux qui attendent depuis des années des excuses de Ségolène Royal, ce sont ses ex-employées qui lui réclamaient des heures de travail non payées, et qui ont fini par gagner, car le dernier recours de la candidate perpétuelle a été rejeté.
Pendant ce temps-là, c’est Jack Lang qui prend exemple sur elle, en présentant, lui aussi, des excuses pour autrui. Pour elle, en l’occurrence, en demandant aux Espagnols de bien vouloir l’excuser.
Maintenant, passons aux excuses, qui, elles, mériteraient vraiment d’être faites. Il y en a tant et tant…
- Barack Obama pourrait s’excuser, au nom des Etats-Unis, pour Guantanamo. Sans parler de toute la guerre d’Irak. Sauf que, s’il commence à présenter des excuses pour ce qu’a fait son prédécesseur, il n’a pas fini…
- Daniel Bouton pourrait s’excuser pour la perte colossale autour de Jérôme Kerviel, majorée de celles dues à la crise. Sauf que, si tous les banquiers impliqués dans des pertes importantes commencent à s’excuser, ça va prendre un moment…
- Mahmoud Ahmadinejad pourrait s’excuser d’avoir voulu rayer Israël de la carte. Sauf que si tous les antisémites et négationnistes commencent à s’excuser, il faudra compter en années…
- Robert Mugabe pourrait s’excuser d’avoir précipité le Zimbabwe dans une misère abjecte et causé la mort de milliers de citoyens. Sauf que si tous les gouvernants coupables commencent à s’excuser, ça va faire la moitié de la planète…
- Joseph Ratzinger pourrait s’excuser d’avoir, en tant que pape Benoît XVI, désespéré des millions de catholiques de par le monde et les avoir dégoûté de la fréquentation des églises et de la foi. Sauf que s’il faut revenir sur toutes les déclarations papales, nonobstant leur infaillibilité, pour voir s’il n’y a pas d’excuses à présenter, ça fait 2000 ans de matière souvent complexe à trier…
Et enfin, pour conclure. Si vous vous êtes jamais ennuyés à la lecture de nos billets, JusMurmurandi vous présente ses plus plates excuses.
Comment ça, z’êtes pas contents??? Vous voulez quoi en plus???? Non mais!!!
L’ONU ne produit-il que des pourriels?
avril 19, 2009 on 6:54 | In Best of, Coup de gueule, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermésLe 20 avril commencera à Genève un cycle, dit « Durban II » de conférences de l’ONU sur le racisme. On se demande d’ailleurs à quoi cela va servir, car le texte de la résolution finale a déjà été largement agréé par tous les participants.
Enfin, cela permettra toujours à tous les délégués de passer un bon moment ensemble à Genève aux frais de leurs contribuables respectifs et de se prendre pour des gens importants.
Plus intéressant, les États-Unis viennent d’indiquer qu’ils ne participeront pas à la conférence, faute d’être d’accord avec le texte de cette résolution. En cause, des passages sur le traitement des Palestiniens par Israël, et la façon dont est traité l’antisémitisme.
Ceci serait d’une grande banalité vu l’habitude des Etats-Unis de ne pas se solidariser avec les grands textes à vocation planétaire (protocole de Kyoto, Tribunal Pénal International notamment), s’il n’y avait eu un changement récent. L’élection de Barack Obama.
Il est en effet difficile de dire que les États-Unis sont un pays raciste quand ils viennent de porter au pouvoir un métis né d’un père étranger. Ce qui vaut tant pour le Président que pour ses électeurs.
Il est également difficile de garder son sérieux quand cette conférence accueille le Président iranien Ahmadinejad, dont le pays n’est pas véritablement en état de donner des leçons à qui que ce soit en cette matière. Surtout après avoir condamné à 8 ans de prison pour « espionnage » la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, après un procès dont le caractère inique a été souligné par tous les observateurs non iraniens. Ce procès a été plié en une seule journée, et l’accusée n’a même pas pu bénéficier de la présence de son avocat. Cette économie de temps, qui rappelle par son côté expéditif celui de la justice chinoise, si appréciée par Ségolène Royal, permet de faire des économies qui servent sans doute à financer le voyage à Genève du Président et des délégués iraniens.
Il est tout à fait possible que l’Iran ne soit pas un pays raciste, JusMurmurandi n’a pas, là-dessus, d’avis autorisé. Mais si Roxana Saberi n’avait pas eu la quadruple « qualité » de femme, d’américaine (elle a la double nationalité), de journaliste et d’indépendante, nul doute qu’elle ne pourrirait pas dans la sinistre prison d’Evin.
Ce qui montre un Iran américanophobe, totalitaire, où les droit sont pour les hommes et les devoirs pour les femmes.
Ce qui ne l’empêche pas d’être signataire du rapport de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, dite « Durban I », de 2001, prédécesseur de « Durban II ».
Ce qui montre à quel point les résolutions de l’ONU sont vides de tout pouvoir. Et à quel point elle fera une belle jambe à Roxana Saberi au fond de sa prison
Une étude récente montre que les pourriels (spams) « coûtent » autant de C0² que plusieurs millions de voitures selon l’éditeur Mac Afee.
JusMurmurandi se demande: quelle est la différence entre une résolution de l’ONU et un pourriel?
Droit, Travail, Justice, ou média ?
avril 18, 2009 on 4:49 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2007, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermésJustice ou média, Christine Albanel est elle Evo Morales ?
Christine Albanel, Ministre de la Culture, a déclaré que son texte emblématique, la loi Hadopi pour la protection de la création artistique et Internet, sera voté, faute de quoi elle démissionnera.
Evo Morales, Président de la République bolivarienne a récemment fait une grève de la faim au motif que le Parlement refusait de voter une loi électorale qui doit réglementer le vote des Boliviens à l’étranger, ou encore le nombre dévolu aux minorités indigènes (dont est issu Morales NDLR).
Christine Albanel fera t elle une grève de la faim si la loi HADOPI n’est pas votée ? Ce serait autrement plus spectaculaire que de rendre son tablier, et plus embarrassant pour les Karoutchi et autres Copé, qui visiblement jouit de pouvoir jouer les trublions face à Nicolas Sarkozy.
Mais revenons-en au fond de l’affaire, le découpage électoral (oui, vous avez compris, le fond de l’affaire bolivienne, pas la loi française sur laquelle JusMurmurandi s’est déjà prononcé.)
Car en France aussi la question du découpage électoral est à l’ordre du jour. Pour fusionner quelques régions entre elles (33 circonscriptions disparaîtraient dans l’état actuel du projet), afin de réduire les coûts de fonctionnement. Car qui dit région dit coûts fixes à chaque fois. Donc moins de régions égal moins de frais (de gâchis ???), donc (peut être ???) moins d’impôts…
Alain Marleix, Secrétaire d’Etat à l’Intérieur, est en charge du dossier.
Si le PS n’est pas d’accord, Martine Aubry est elle prête à faire la grève de la faim ?
Pour JusMurmurandi, elle est prête !
Droit, Travail, Justice, ou média ?
Les Français assistent à chaque journal télévisé à une noria de salariés en colère qui prennent de ci de là des dirigeants de sites ou d’entreprises en otages.
Ceci est contraire au mot Liberté qui s’affiche au fronton des bâtiments publics, au sens de la liberté d’aller et venir.
Hier, fait exceptionnel, on a vu la Justice condamner les salariés qui ont établi un piquet de grève à l’entrée de l’usine Caterpillar, car ils empêchent ceux qui veulent aller travailler de se rendre à leur poste.
Et les chaînes télévisées, y compris les chaînes publiques prétendument sous contrôle présidentiel, de diffuser des images des salariés, condamnés de ne pas avoir respecté le Droit, hurlant à la mort: non défense des petits face aux puissants, que cela ne s’arrêterait pas là etc. etc.
Typique. Typique de ces média qui ne diffusent plus de l’information mais leur version de l’information.
Car en France, comme dans tous les Etats dits de droit, il n’y en a qu’un seul. Or lorsque l’on empêche quelqu’un d’aller et venir, c’est être hors la loi.
Qui, ayant ne serait ce qu’une vague connaissance de 2.600 pages du code du travail, ne sait pas même vaguement ce qu’est le délit d’entrave, lorsqu’un responsable entrave, par exemple le droit syndical. C’est puni, et pénalement encore. Mais là, c’est normal car on punit le patron, l’employeur, le nanti, le puissant.
Quant au fait que cela ne serait pas fini comme le clament ces syndicalistes jusqu’auboutistes, ils ont tort, ce sera bel et bien fini de cette France industrielle où viennent investir les entreprises étrangères.
Car comment ne pas voir que celles qui partent sont justement les entreprises étrangères, Continental, Sony et autres Caterpillar qui en ont ras le bol de cet état de non droit qui émeut, bien tardivement notre Premier Ministre, ancien…Ministre du Travail dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.
Mais le clou, ce sont encore et toujours les média, qui ont toujours cette vue partielle et partiale de la justice rendue.
Elles ne parlent par exemple pas des entreprises où la gestion du ralentissement se passe pour l’instant du moins de manière pacifique, comme Bénéteau qui annonce plusieurs centaines de suppressions de postes, face à un carnet de commandes en baisse de 49%. Mais les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent jamais personne, et le social sans conflit n’est qu’une anormalité qu’il serait criminel de rapporter.
Car en France social doit être nécessairement synonyme de conflit. Sinon, on sort de la dialectique marxiste, et tout ce petit monde serait bien perdu sans papa Karl…
Il est un employeur en conflit avec plusieurs salariés depuis plus de dix ans, et dont tout le monde parle, sauf quand il s’agit de ce conflit justement. Vous allez voir, c’est aussi bizarre qu’étrange.
Car cet employeur vient de perdre en cassation, soit l’ultime recours offert par le système judiciaire français.
Bref, il a perdu devant les prud’hommes pour non respect du Droit du Travail, devant la Cour d’Appel, et la Cour de Cassation vient de confirmer le jugement de cette dernière.
Cet employeur n’avait certes à son service que deux salariées.
Mais en même temps, il n’hésite pas à se montrer devant toutes les caméras pour faire croire qu’il défend(rait) les droits des salariés (quand ce ne sont pas les siens).
Il s’agit, Mesdames et Messieurs, Chère Lectrice, Cher Lecteur, de la Présidente de la région Poitou Charente, anciennement candidate à la Présidence de la République, rien de moins !!
10 ans après les faits, Ségolène Royal présentera t elle ses excuses aux deux personnes dont elle s’est séparée sans respecter leurs droits, au nom de la France, au nom de la région Poitou Charente, ou en son nom propre ?????

Ségolène Royal et la Fraternité
Histoire de cagoules
avril 17, 2009 on 5:13 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 5 CommentsLes cagoules, vous connaissez? Ce sont celles qui recouvrent les visages de tous ceux qui craignent d’être reconnus. Voyous corses jouant aux indépendantistes jouant eux-mêmes aux bandits d’honneur. Braqueurs de banques et de fourgons. Sans compter, bien sûr les cagoulards, ou hommes de la Cagoule, cette organisation prétendument secrète d’extrême droite qui voulait prendre de pouvoir en France dans les années trente, et dont le putsch avorta par un manque de moyens effarant.
Les cagoules sont sur le devant de la scène parce que c’est l’ornement vestimentaire favori des « bandes » de casseurs qui se joignent aux manifestations et, dans la confusion, cassent tout ce qu’ils peuvent, à commencer par des vitrines de magasins achalandés de produits désirables. La cagoule sert, comme d’habitude à masquer les visages et donc l’identité de ces casseurs.
Une loi va interdire le port des cagoules pendant les manifestations, sous peine d’une amende de 1500€.
C’est loi est, comme l’eût dit Pagnol, d’une stupidité verticale. Non seulement elle sera totalement inefficace, et est donc à seul usage de rassurer le bon peuple, mais, même pour prétendre être utile à cette fin, elle suppose que celui-ci soit collectivement atteint de la maladie dite « du lapin crétin ».
Casser est interdit, est-ce pour autant que cela arrête les casseurs? Non. C’est même justement à cela qu’on reconnaît qu’ils sont des casseurs. Arrêter un casseur avéré pour port de cagoule, c’est comme poursuivre Oswald pour avoir violé les droits civiques de John Fizgerald Kennedy.
Reste évidemment qu’on peut espérer arrêter les cagoulés avant qu’ils ne deviennent des casseurs. Mais ceux-ci ne sont pas eux, totalement crétins. Une cagoule, ça s’enfile en même pas une seconde. Un simple geste juste avant de casser, une bonne baston, le même geste à l’envers, et, ni vu ni reconnu, on se fond de nouveau dans l’anonymat à visage découvert de la foule des manifestants.
Par ailleurs, la cagoule n’est pas le seul moyen de se masquer le visage. Le casque de moto le fait très bien aussi. Ca s’achète dans les mêmes magasins que ceux qui vendent des cagoules, et, accessoirement, ça protège aussi des coups sur la tête. Mieux encore, pourquoi ne pas profiter de la prochaine manif pour casser un magasin de moto où prendre un casque sans payer pour remplacer sa cagoule et rentrer dans la légalité?
Bien sûr me direz-vous, mais il sera simple d’étendre l’interdiction des cagoules aux casques de moto. Sauf que là, les motards, les vrais protesteront. En fait ils manifesteront, laquelle manifestation sera l’occasion pour les casseurs cagoulés de se manifester et de manifester casqués, ce qui leur vaudra l’anonymat le plus total. Ils protesteront contre la discrimination d’une telle loi envers les motards, et leur défilé aboutira devant le siège de la HALDE, qui ne manquera pas de prendre leur parti.
Laquelle HALDE vient d’annuler un concours de police au motif qu’un candidat avait été, à l’oral, interrogé sur ses origines maghrébines et ses pratiques religieuses. Voilà un candidat qui aurait été bien servi de se présenter sous une forme anonyme. La tête masquée par une cagoule par exemple…
Nous sommes tous des pirates somaliens!
avril 16, 2009 on 8:51 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermésL’un des grands braqueurs qu’a connu l’Amérique, Dillinger se vit un jour demander par le juge « dites-moi, M. Dillinger, pourquoi braquez-vous des banques? » et Dillinger de répondre: « parce que c’est là que se trouve l’argent, votre Honneur! ».
Laissons de côté le fait que ce n’est plus nécessairement possible de trouver dans de nombreuses banques autre chose que des actifs toxiques, des dettes et des aides gouvernementales. La question en fait s’applique aux pirates dont les actes fleurissent de par le monde.
Pourquoi les Somaliens s’attaquent-ils aux bateaux qui passent à proximité? Parce que c’est là que, pour eux, se trouve l’argent.
Pourquoi les futurs ex-employés furieux séquestrent-ils des cadres de leur entreprise? Parce que c’est là que, pour eux, se trouve l’argent.
Pourquoi les pêcheurs français prennent-ils les ports et leurs marchandises en otage? Parce que c’est là que, pour eux, se trouve l’argent.
Pourquoi les « honnêtes gens » sont-ils furieux des aides gouvernementales aux banques? Parce qu’ils ont le sentiment de s’être fait pirater leur argent. Et pas une fois, mais deux. La première fois quand une bonne partie de leur épargne (en actions, ou en immobilier) s’est volatilisée dans la crise dont les banquiers sont perçus comme responsables, et une seconde fois sous forme d’aides d’État.
Il y a véritablement en France en ce moment un profond mouvement de soutien à toute action pour « prendre l’argent ». Plus de la moitié des Français, et ce y compris au sein des catégories cadres et professions libérales, et y compris chez les partisans de la majorité, approuvent les séquestrations de dirigeants. Les voilà donc, d’une certaine façon, légitimées à défaut d’être légalisées.
Pourquoi ces Français qui ont élu Nicolas Sarkozy sur un programme « travail, loi et ordre » se retrouvent-ils derrière des actions « piraterie et désordre »? Il serait trop facile de répondre avec une condescendance un rien méprisante que le peuple est changeant. Il y a, à mon sens, trois réponses, chacune importante.
- alors que la hausse vertigineuse des prix des matières premières est pour beaucoup dans la crise actuelle, de la même façon qu’elle a causé les deux précédents chocs pétroliers, c’est la profession bancaire qui est créditée (si l’on peut dire) d’en être la cause. Donc une cause « interne » et non externe. Une crise de système et non un choc circonstanciel. Dès lors, c’est tout le système qui est délégitimé. Et, en attendant qu’on (qui donc?) le refonde (quoi donc?), nous vivons une sorte de période intérimaire où le chacun pour soi est roi.
- en France tout particulièrement, l’Etat, qui est censé faire respecter la loi (et qui s’attaque maintenant, non sans un certains succès) aux pirates somaliens, mais pas encore aux pirates des entreprises françaises, est également le même qui (re)distribue près de la moitié du PIB français sous des formes diverses (prestations sociales, subventions, exonérations). Donc il est facile d’obtenir que l’Etat soit plutôt banquier que policier, et achète sa paix à défaut de la rétablir. Les configurations où il l’achète avec l’argent des autres sont même particulièrement croustillantes, comme aux Antilles, où il (l’Etat) a concédé des hausses massives de salaires par les entreprises…
- alors que le monde bruit de « retour de l’Etat » parce que c’est la puissance publique qui a renfloué les institutions financières égrotantes et restauré un minimum de confiance, en fait la solidarité n’a jamais été aussi limitée. Chacun veut, alors même que les finances sont censées être au-delà d’épuisées, en dépecer toujours un peu plus, et à son seul profit, la carcasse encore pantelante. Et peu importe que les avantages obtenus aujourd’hui le soient au détriment des autres catégories sociales, ou que les dettes à venir étranglent les générations de nos enfants, c’est le niveau zéro de la solidarité.
Ce qui est d’autant plus intéressant que, quand on écoute les déclarations des pirates somaliens, ils sont, eux, très solidaires entre eux!
Brèves
avril 14, 2009 on 2:21 | In France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés1. Un rideau de fer
La petite Élise, enlevée à son père en France, a été retrouvée en compagnie de sa mère russe à la frontière hongro-ukrainienne. Elle vient de rentrer en France avec son père, tandis que sa mère, qui fait l’objet de deux mandats d’arrêt internationaux, est incarcérée en Hongrie. Alors que, quand la mère et sa fille étaient présumées déjà arrivées en Russie, les autorités de ce pays indiquaient fermement qu’elles ne les restitueraient jamais et que les décisions de justice françaises resteraient de nul effet, voici que, subitement, elles sont, par la voix du ministre Lavrov, demandeuses de consultations juridiques entre français et russes. Elles jugent aussi la décision hongroise de laisser Élise rentrer en France « précipitée ». Dans la première partie de cette histoire, quand les Russes refusent toute concertation, on voit bien que le Rideau de Fer n’est pas tombé. Dans la seconde, quand les Hongrois font droit au mandat d’arrêt international et aux décisions de justice françaises, on se dit qu’il n’est cependant plus tout à fait aussi à l’ouest qu’avant 1989…
2. Un écran de fumée
Malheureuse Ségolène Royal! Elle qui aime dire que tout ce qui va mal est la faute de la majorité, et de Nicolas Sarkozy en particulier, risque d’être privé de son meilleur argument. Elle affirme en effet, ou tente de le faire, sa capacité à présider aux affaires de la France à partir de son expérience de présidente de la région Poitou-Charentes. Sauf que là, c’est l’arroseur arrosé. Enfin, arrosé pas vraiment, parce que, justement, sa région est la première où la sécheresse du printemps ait conduit à décider de mesures de restriction d’arrosage agricole. Mais que fait-donc la présidente? Au lieu de voyager à la Guadeloupe et au Sénégal, ne ferait-elle pas mieux de faire pleuvoir chez elle? Comme un bonheur ne vient jamais seul, il s’avère que l’hiver, parmi les plus froids de ces récentes années, a entraîné une surmortalité d’environ 6000 personnes, et ce plus particulièrement dans 4 régions, toutes dirigées par un exécutif socialiste. Dont, vous l’avez compris, Poitou-Charentes. Jusqu’où Nicolas Sarkozy ne va-t-il pas pour tenter d’abattre cette cible perpétuelle qu’est la personne la plus attaquée de l’histoire politique française (Ségolène dixit)?
3. Un voile de deuil
General Motors, qui fut pendant près de 60 ans la plus grande entreprise mondiale, va tout droit vers une mise en faillite organisée avec l’aide des pouvoirs publics américains. Il s’agit de couper le géant en deux, la partie qui a l’espoir de pouvoir survivre avec les marques Chevrolet, Cadillac, peut-être Buick ou GMC, et le reste, voué au démantèlement, la vente ou la liquidation pure et simple. Les porteurs d’obligations et les syndicats de GM, même face à cette perspective à très court terme, refusent toute concession qui permettrait une restructuration sans passer par la case faillite. La dernière fois que JusMurmurandi a entendu pareille obstination, c’était (au choix) l’Iran d’Ahmadinejad parlant de son droit au nucléaire, la Corée du Nord sur le même sujet, les Taliban sur tout sauf la charia, George Bush sur les armes de destruction massives de Saddam Hussein, les banquiers et traders sur leur droit au bonus et stock options. Finalement, vous avez raison, c’est souvent qu’on entend pareilles âneries. Qui a dit que les autistes n’ont pas la parole?
4. Un tissu de conneries
Enfin, comment ne pas conclure sur le sondage de Paris-Match qui révèle (le mot n’est pas trop fort) que Jacques Chirac est aujourd’hui la personnalité favorite des Français, avec 74% de bonnes opinions. Pour qui se souvient de sa cote de popularité, ou plutôt d’impopularité, quand il était Président, et de son bilan si faible, on se dit qu’un tel amour est très au-delà de l’improbable. On est dans le miracle, et, pourquoi pas en ce lendemain de Pâques, dans la résurrection. Quant à notre propre opinion, elle est carrément impubliable. A tel point qu’il vaut mieux en rire, et terminer en chansons. JusMurmurandi vous donne le choix:
J’ai la mémoir’ qui flanche
J’me souviens plus très bien
ou bien
Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine
Ça vaut mieux que d’avaler d’la mort aux rats
Ça vaut mieux que d’sucer d’la naphtaline
Ça vaut mieux que d’faire le zouav’ au Pont d’l'Alma
Le caniche?
avril 13, 2009 on 12:53 | In Best of, Coup de gueule, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermésVous vous en souvenez peut-être, Tony Blair, le charismatique Premier Ministre britannique était accusé de n’être « que » le caniche de George Bush, compte tenu qu’il suivait toutes les initiatives du Président américain, jusques et y compris l’attaque de l’Irak sur des bases totalement fallacieuses (les fameuses armes de destruction massive que Saddam Hussein était accusé de posséder).
Voilà maintenant que Nicolas Sarkozy est accusé d’être le larbin des Américains parce qu’il a réintégré la France au commandement intégré de l’OTAN. Ce ne serait qu’un épisode banal de l’opposition systématique d’un PS qui est prêt à tout lors qu’une opportunité se présente de critiquer le Président, si ne se joignaient à ces protestations celles d’une partie de la majorité.
Notamment ceux qui se considèrent comme des Gaullistes historiques rappellent à l’envi que l’action présidentielle inverse la décision du Général de sortir de cette instance de l’OTAN. Dominique de Villepin, notamment, ne rate pas, lui non plus, cette occasion de tenter de tailler des croupières au Chef de l’Etat.
Au PS, JusMurmurandi remet en mémoire le rôle central et déterminant du soutien du Président Mitterrand au déploiement de missiles américains Cruise en Europe pour faire pièce aux SS20 soviétiques. Sans notamment un discours historique au Bundestag, il n’est pas sûr que l’aval allemand eût été obtenu et le déploiement effectué. La chute de l’Union Soviétique et la fin de la Guerre Froide eussent peut-être pris un autre tournant. Faut-il pour autant dire que Mitterrand a été le caniche des Américains, présidés à l’époque par un Ronald Reagan avec qui le Président français ne partageait pas grand chose?
Aux opposants systématiques de son propre parti, JusMurmurandi rappelle que la question du commandement intégré de l’OTAN à l’époque du Général de Gaulle tournait autour de l’indépendance nucléaire française. Sans en sortir, la France eût été dépourvue de toute force nucléaire indépendante, comme la Grande-Bretagne l’est. Incapable de déclencher le feu nucléaire sans l’aval des Américains, mais engagée dès lors que les Américains l’auraient décidé. Telle n’est plus la situation aujourd’hui, où, grâce au Général de Gaulle justement, la France est indépendante sur ce plan là et le restera. Quand à l’argument prédisant que la France sera obligée de participer à toutes les initiatives américaines quelles qu’elles soient, et donc eût été contrainte de guerroyer en Irak, c’est purement et simplement un mensonge. L’Allemagne est membre de toutes les instances de l’OTAN et n’a pas participé à la seconde guerre d’Irak, ni à l’occupation.
Plus intéressant encore, une tribune du Monde qui fait le lien avec l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, adhésion souhaitée publiquement par Barack Obama et refusée par Nicolas Sarkozy. Là encore, les anti-sarkozystes primaires, ce qui fait autant de monde que la ligne A du RER aux heures de pointe, s’engouffrent dans ce qu’ils croient être une nouvelle brèche pour traiter le Président de caniche des Américains. Comme il leur aura cédé sur l’OTAN (c’est leur version des faits), il ne pourra longtemps leur résister dans l’affaire turque. Sauf que, manque de chance pour eux, et notamment pour Dominique de Villepin, qui, lui, est bel et bien le caniche de Chirac, son maître est partisan de l’adhésion turque pour ancrer ce pays à l’Occident. Le problème insoluble qui leur est posé est de faire passer cette attitude pro-turque pour du gaullisme historique. Alors que De Gaulle a, à lui seul, torpillé l’entrée de la Grande-Bretagne pour ne pas réduire la vitesse de progression de l’Europe en la diluant avec un pays pas assez européen.
Parce que, dans cette affaire, c’est bel et bien Nicolas Sarkozy qui est gaulliste. Imagine-t-on le Général accepter la Turquie en Europe? Pas une seconde!
Il est d’ailleurs légitime de se demander si le Président a été si non-gaulliste que cela en rentrant dans le commandement intégré de l’OTAN. Car le fait est que les forces militaires françaises sont sans le sou. Écartelées entre des systèmes d’armes de prestige imposés pour des raisons tenant plus à l’industrie française et à un modèle de conflit de la guerre froide qu’aux réalités modernes, une professionnalisation dont les moyens financiers ne lui ont pas été donnés et un budget en berne depuis des années. Le char Leclerc, le Rafale, les beaux restes du porte avions Charles de Gaulle (!), autant de systèmes d’armes hors de prix qui montrent par leur singulier échec à l’exportation à quel point l’armée française n’en a pas eu pour son argent, pourtant déjà chichement compté.
Donc, quand on n’a pas les moyens de sa politique, il vaut mieux avoir la politique de ses moyens. Une maxime auquel un pragmatique comme le Général de Gaulle aurait pu souscrire. Et, parce ce que c’était lui, personne n’aurait osé suggéré que, ce faisant, il capitulait. Ni qu’il était le caniche de qui que ce soit…
Le temps des otages
avril 13, 2009 on 5:40 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésVous pourriez vous attendre, en ce temps de Pâques, à ce que JusMurmurandi vous parle des cloches qui sonnent, sonnent, sonnent. Ou en ce début de printemps, des première fleurs qui constellent la nature. Las! Ce sont les bruits de prises d’otages qui sonnent partout, et qui constellent la nature.
Prises d’otages au large de l’Afrique. Un bateau français, le Tanit en est la victime avec 4 personnes. Les forces françaises interviennent pour forcer leur libération. Un otage français en est la victime. Il est à noter que la France a manifestement décidé d’user de la force pour libérer ses otages, avec le Tanit comme auparavant avec le Ponant. Les pirates somaliens finiront par se rendre compte qu’attaquer un bateau au pavillon tricolore peut rapporter du plomb en partage, et pourraient se replier sur des pavillons plus riches en dollars et plus pauvres coups de feu. Sauf que l’Administration Obama vient de donner le signal qu’elle aussi est prête à aller au charbon, en libérant par la force le capitaine d’un bateau déjà libéré par son propre équipage. Il semble que le temps des prises d’otages sans risques mais pas sans profit est terminé pour les pirates du Puntland.
La même dialectique est à l’œuvre avec les « séquestrations » de cadres d’entreprises qui se multiplient en France. D’abord, je n’ai pas trouvé de différence de mise en œuvre avec les prises d’otages somaliennes. Et, comme elles, jusqu’ici cela paye à tout coup. Sans risques, mais pas sans profit. Elles vont donc se systématiser, d’autant plus que les entreprises dont les cadres en sont victimes ne portent pas plainte, sans doute pour ne pas attiser encore plus les flammes du conflit. On peut prédire qu’après cette phase viendra, comme en Somalie, la phase du plomb, quand l’Etat démontrera que force doit rester à la loi. La gauche et les syndicats qui « comprennent » sans « excuser », qui expliquent que tout ceci fait partie d’une légitime volonté de « négocier » auront alors beau jeu de hurler au pouvoir facisto-policier.
Autre prise d’otages dont le nom n’est jamais prononcé: nous tous. Les preneurs d’otages sont les banques qui ont frôlé la grande culbute l’année dernière. On nous a bel et bien pris des dizaines de milliards pour les leur transférer et rétablie une confiance enfuie. C’était ça, et payer, ou mourir, comme en Somalie. Là où ça va devenir croustillant, c’est quand ces établissements vont se pavaner, comme les pirates le font avec leurs 4×4 flambants neufs (le Puntland est en train de devenir la région la plus riche d’Afrique en termes de 4×4, c’est dire), et exhiber de plantureux bénéfices pour le premier trimestre 2009, comme le fit déjà la banque américaine Wells Fargo. La poudre a déjà parlé contre les bonus et autres stocks options et parts variables que des banquiers et autres traders autistes voulaient se verser et percevoir après que leur entreprise ait failli verser. Visiblement, ce n’était que la première salve, et d’autres sont à venir!
Car la différence avec la Somalie, c’est que nous ne pouvons pas, comme on l’avait conseillé au Tanit, passer au large. Les banques sont un passage obligé de notre économie. C’est pourquoi il n’est pas possible de payer en plomb ou en monnaie de singe. Ce n’est pas demain que Sarkozy enverra les fusiliers de Marine à l’assaut de BNP-Paribas. Joyeuses Pâques!
Signes d’espoir ou grande arnaque?
avril 11, 2009 on 9:07 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International | Commentaires fermésQui ne se souvient des diligences du Far West américain, immortalisées lar les légendes et les films? Il se trouve que, de cette compagnie de diligences est née une banque qui en porte toujours le nom: Wells Fargo, qui est aujourd’hui l’une des 4 grandes banques américaines, ayant notamment acheté en pleine tourmente financière, son concurrent Wachovia.
Après avoir tant souffert des pertes abyssales des banques, tout signe de bonne santé en provenance d’une grande banque américaine devrait être considéré comme bon signe. Le problème, c’est que Wells Fargo a annoncé un profit record pour le premier trimestre 2009, à 3 milliards de dollars. Ce qui veut dire que, manifestement, ils n’ont pas subi de nouvelles dépréciations d’actifs, et c’est une bonne chose pour tout le monde. Mais cela contraste incroyablement avec l’idée qu’on se faisait de banques en faillite maintenues à flot par des injections de montants hallucinants d’argent public. L’autre bonne nouvelle est que ces profits aideront ces banques à prêter davantage à leurs clients, ce qui est leur fonction première, et qui fournira la matière première de la reprise économique qui finira par arriver.
Comment, en effet, expliquer aux contribuables qu’il a fallu soutenir avec leur argent des banques qui gagnent de telles sommes? Circonstances aggravantes: quand une banque gagne beaucoup d’argent, c’est aussi notamment quand la concurrence est restreinte. On peut imaginer sans peine que c’est le cas en ce moment, ce qui veut dire que les banques « profitent » sur le dos des clients, qui, eux, souffrent. Il est aussi plus que probable que, si Wells Fargo a gagné tant d’argent, les autres grandes, Citicorp, Bank of America, JP Morgan Chase ne sont pas très loin. Enfin, Wellls Fargo a dit aussi avoir réalisé un tel bénéfice par ce que sa filiale Wachovia a fait mieux que prévu. Ce qui sous-entend que l’achat à prix cassé pour cause de crise se révèle un billet de loto gagnant. Il y a d’ailleurs d’autres indications qui vont dans le même sens: Citicorp a indiqué dans un memo interne qui a, quasiment à lui seul, amorcé le début de redressement boursier de ces dernières semaines, que le bimestre janvier-février a été très bénéficiaire. Et Barclays’ a enregistré un très fort profit à la suite de son rachat des actifs faillis de Lehman.
Bref, faut-il se réjouir de la meilleure santé que prévu du système financier américain, ou hurler au scandale? Les fonds publics ont-ils joué leur rôle, telle la cavalerie américaine sauvant les diligences de la Wells Fargo, et sauvé le monde, ou avons-nous été victimes d’une grande arnaque? Ou les deux?
Ce qui laisse présager de furieux affrontements quand les profits des uns annonceront la sortie de crise des autres qui seront encore en pleine souffrance. A côté de ce que cela va être, le débat actuel sur les rémunérations des patrons fera figure de simple répétition pour enfants.
En tout cas, vu la forme qu’a prise l’aide publique dans les grands pays (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France notamment), il est clair que, si cette hirondelle conduit effectivement à un printemps des marchés financier, économique et boursier, les Etats sauveurs vont faire des plus-values gigantesques quand ils revendront leurs participations. Ce qui profitera indirectement aux contribuables
Voilà une façon pour eux de réduire leurs déficits abyssaux auxquels nul n’aurait osé croire…
Démagogie, démagogie…
avril 10, 2009 on 4:05 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | 4 CommentsJusMurmurandi a eu trop souvent l’occasion ces temps-ci de dénoncer la démagogie à tout-va de l’opposition pour ne pas saluer la salve dont nous gratifie cette fois-ci la majorité.
Premier tir de cette salve: Heuliez, dont JusMurmurandi vous a déjà entretenu. Le Gouvernement avait subordonné l’entrée au capital d’Heuliez du Fonds d’Investissement Stratégique à la réalisation de 3 conditions. Le bouclage d’un tour de table de 45 millions, l’existence d’un plan stratégique crédible, et l’engagement de la famille actionnaire. 2 de ces 3 conditions ne sont pas remplies: le tour de table n’est pas bouclé, loin s’en faut, et la famille ne veut pas s’engager. Soit dit en passant, comment croire qu’Heuliez mérite de nouveaux investissements et de l’argent public quand l’actionnaire majoritaire s’en défie? Donc avec deux conditions sur trois défaillantes, il allait de soi que l’Etat ne pourrait mettre seul au pot. Eh bien non. Luc Chatel annonce, toute honte bue, que le FSI mettra en tout état de cause au moins dix millions d’euros. Tout et n’importe quoi pour éviter d’être accusé d’avoir laisser couler Heuliez, alors même que 10 millions ne règlent rien et que chacun le sait. Il ne s’agit ni de couler Heuliez ni de le sauver, mais de se repasser le mistigri entre le Gouvernement et la présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal. Le degré zéro du courage.
Deuxième étage de la fusée, le rejet de la loi Hadopi par le Parlement. Il y a des années que les internautes par millions pillent l’industrie du film et de la musique avec des téléchargements illégaux. Ce pillage n’est pas sans conséquence. L’industrie de la musique décline. Faute de moyens, les maisons de disques rééditent des artistes et des titres connus, et la création périclite.
Le Gouvernement a préparé un texte pour y remédier. Pas par des millions de procès, ce qui serait impossible à mener à bien, mais par un système graduel qui, après avertissements multiples, peut amener, faute de « remise en ordre », à interrompre l’accès Internet du »pirate ». Ce qui, vous l’admettrez, n’est pas une sanction bien terrible pour ce qui est qu’on le veuille ou non, un vol. Et montre que les pirates ne sévissent pas qu’au large de la Somalie.
Eh bien le parlement vient de rejeter cette loi. Les parlementaires, dont la majorité est UMP, ont préféré lâchement sacrifier l’industrie et la loi pour ne pas mécontenter le peuple.
En ce temps de Pâques, il y a un précédent où, là aussi, le pouvoir politique, par lâcheté, a cédé pour ne pas mécontenter le peuple. Il vaudrait mieux que, pour la deuxième lecture qui aura lieu bientôt, les députés de la majorité se ressaisissent s’ils ne veulent pas avoir, pour l’avenir, le (mauvais) rôle de Ponce Pilate
La toute-puissance des victimes
avril 9, 2009 on 6:13 | In Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermésC’est à la mode. Les victimes sont les nouveaux notables de notre société. Rien de tel que d’être une victime pour avoir tous les droits. Car être une victime donne droit à des compensations. Et il est terriblement politiquement incorrect de ne pas reconnaître ces droits aux victimes, même quand il y a des abus manifestes, même quand il n’y a absolument aucun lien entre le droit que s’arroge la victime et la cause de son état.
Quelques exemples: en France, le « truc » pour obtenir plus d’argent en cas de licenciement, c’est de séquestrer le patron. Comme ça l’air de marcher, les cas se multiplient, notamment chez Caterpillar. Nicolas Benoît, délégué CGT du comité d’entreprise de Caterpillar, le dit sans ambages: les salariés licenciés sont victimes d’un licenciement. Du coup, il demande 3 mois d’indemnités pour chaque année d’ancienneté. Ce qui fait, pour quelqu’un qui a 20 ans de maison, pas moins de 5 ans de salaire, sans impôts. Même s’il retrouve un emploi le lendemain. Victime, à ce compte là, ce ne serait pas si mal.
De même, Ségolène Royal indique que les salariés licenciés ont le droit de tout faire « pour forcer le barrage de l’injustice absolue ». Et le PS, Martine Aubry et Benoit Hamon en tête, d’approuver les propos de Ségolène Royal.
La définition que donne Wikipedia de « victime » est la suivante: Une victime est une personne qui subit personnellement un dommage. C’est une personne qui subit les mauvais traitements, les injustices d’autrui, ou qui subit les conséquences d’un accident, d’une catastrophe, d’un cataclysme. »
A partir de là, il faut savoir si une personne victime d’un licenciement est victime d’un accident ou d’un mauvais traitement, d’un injustice ou d’une catastrophe.
Vous me direz: quelle importance que ce débat linguistique et sémantique? C’est que, contre les conséquences catastrophes et les accidents, il y a des assurances. Comme la conséquence du licenciement est, au moins transitoirement, le chômage, ce n’est pas par hasard qu’on observe qu’il y a une assurance-chômage.
Mais, s’il y a des mauvais traitements et de l’injustice, alors il y a des dommages et intérêts, et, s’il y a vengeance, des circonstances atténuantes. C’est clairement sur ce terrain-là que se situent les socialistes.
Donc, s’il y a injustice et mauvais traitements, cela veut dire que les patrons et les entreprises sont coupables. Ce qui, évidemment arrange le PS, qui peut les désigner à la vindicte publique et reprendre, sous cette forme modernisée, sa vieille lune de lutte des classes.
Tant qu’à faire, ce sont tous les travailleurs qui sont désignées « victimes de la crise », ce qui permet de revendiquer en leur noms des avantages même quand ils n’ont subi aucun dommage. Car, comme d’habitude en France, ce sont les gens qui ont un emploi qui revendiquent, contribuant à s’attribuer plus d’acquis, au lieu de les voir attribuer à ceux qui n’en ont pas. Il faut dire que les syndicats sont des syndicats de travailleurs et non pas des syndicats de chômeurs. Un exemple: la Guadeloupe et la Martinique, où la principale revendication a été 200€ de plus pour tous les bas salaires. On sait bien que le coût du travail en hausse se traduit par un emploi en baisse. Qu’importe à M. Domota! Ce sera la faute aux békés et à l’Etat, dont les Guadeloupéens seront les victimes, victimes qu’il conviendra donc de dédommager encore plus…
Du point de vue de la victimologie, Nicolas Sarkozy et une vraie bénédiction pour la gauche. Il est tellement facile de se dire victime de Sarkozy, de son activisme, de sa politique, de la crise. Et de s’en servir pour s’attribuer une supériorité morale si chère à la gauche. Un exemple: Ségolène Royal à Dakar.
Elle, qui y est née, trouve que les Africains ont été victimes d’un discours du Président français. Et elle demande pardon aux Africains pour le discours présidentiel, et les assure qu’il ne représente ni la France ni les Français. En quelque sorte, la France et les Français sont victimes de Sarkozy. Évidemment on comprend le bénéfice politique, le succès facile de Ségolène, sous l’œil des caméras. Il est beaucoup plus populaire de « plaindre » les Africains que de les encourager à se prendre en main. Beaucoup plus facile de jouer sur la compassion larmoyante que de les traiter en adultes capables de se débarrasser des tares de le leurs sociétés, mal gouvernées, c’est le moins qu’on puisse dire, par trop de dirigeants autoritaires, corrompus et incompétents.
Il y a d’ailleurs chez Ségolène une constance à se dire attaquée, vilipendée, calomniée. Elle a dit qu’au temps de Jeanne d’Arc, elle eût été brûlée, qu’aucune femme politique n’avait été autant attaquée qu’elle. Autant de tentatives de s’ériger en victime pour en obtenir une position de supériorité morale à partir de laquelle tirer à boulets rouges sur ses contradicteurs, nécessairement vils et infâmes.
Vous n’y croyez toujours pas? Il vous suffirait de lire les commentaires de tout blog sur un thème comme celui-ci, et de constater la supériorité morale que s’arroge la prétendue victime (autoproclamée) de mon post. Pour y arriver, il me suffit de donner quelques exemples bien croustillants, comme la façon dont un Le Pen ou un Dieudonné multiplient sciemment les provocations de façon à être attaqués et condamnés, les élevant ainsi au rôle de martyre de la liberté d’opinion et de parole…
Sauf que, quand toute la France se sera persuadée d’être une victime, quand tous les patrons voyous, c’est à dire tous les patrons, auront été envoyés au bagne de l’Île du Diable, fers aux pieds et aux mains, quand Sarkozy aura été dépossédé de son bureau élyséen, quand nous pourrons tous nous prélasser dans notre supériorité morale, d’où viendra l’argent de nos indemnités?
Shocking – 2
avril 7, 2009 on 5:54 | In Coup de gueule, Elections présidentielles 2007, Europe, Incongruités, International | Commentaires fermésAprès Mister Obaaamaaa à Londres, Silvio Berlusconi se comporte en parfait goujat avec Angela Merkel.
S’il pouvait être pris pour un bouffon précédemment, il est d’une muflerie qui écorne l’image de « l’Italian Lover ».
A moins que ce ne soit encore un cas d’homme politique analogique dans un monde numérique ????
Obamaboul?
avril 6, 2009 on 6:42 | In France, Incongruités | 2 CommentsOn dirait que le PS devient maboul. A force de se vouloir anti-sarkozyste à fond, ils accumulent les déclarations les plus ahurissantes. Comme au passage, ils sont béats d’admiration devant Barack Obama, qui, d’une certaine façon a réussi là où Ségolène Royal et le PS ont échoué, quand une possibilité de donner raison à Obama contre Sarkozy se présente, ils ne se font pas prier.
Le problème, c’est que ce calcul exclusivement politique peut parfois se fracasser sur la réalité. C’est ce qui arrive quand Vincent Peillon, député européen PS, déclare que l’opposition de Sarkozy à l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne est « irresponsable ».
Déjà il faut se demander si l’avis du Président américain, concernant une Union Européenne que ses prédécesseurs ont toujours tenté d’affaiblir, est si amical que cela. Car l’entrée de la Turquie, si peu européenne par la tradition, par la culture, par le niveau de vie, par la géographie, par la religion, mais au contraire prégnante par son poids démographique, rendrait l’UE non seulement encore plus hétérogène, mais plus hétéroclite.
Est-ce bien indispensable au moment où la crise montre le différentiel massif entre la « vieille Europe », naguère brocardée par l’Administration américaine -de l’ère Bush, mais Administration quand même- et la jeune Europe, hier flambarde, voire goguenarde, mais qui aujourd’hui mendie les subsides du FMI tant la crise la frappe au cœur?
Mais Vincent Peillon va plus loin, et déclare: « Les négociations sont très longues et très complexes, mais dire ‘a priori, je ne veux pas’, c’est prendre une très lourde responsabilité historique à l’égard du siècle qui s’ouvre et des enjeux géostratégiques qui sont ceux de demain ». Bref, pour lui, négocier, ce n’est pas préjuger de l’issue. On pourra négocier 5 ans, voire 10 ou 20 ans, puis ensuite éconduire les Turcs auxquels ces années de négociation auront donné des espoirs légitimes. Ce qui d’ailleurs a été jusqu’ici la politique européenne, pour qui négocier aura été le moyen lâche de reporter le problème à plus tard.
Car il ne sert à rien de négocier si les objections sont telles qu’aucune négociation ne puisse les lever. Ainsi, pour ceux pour qui la géographie de l’Europe n’est pas compatible avec des frontières aux confins du Caucase ou avec l’Irak, à quoi rimerait de négocier? En attendant que la géographie change?
En d’autres termes, Vincent Peillon conseille de négocier même si, in fine, il est possible qu’il n’y ait rien eu à négocier du tout. Il est à noter que Vicnent Peillon n’est pas n’importe qui, ayant été le bras droit de Ségolène Royal. Ce qui peut éclairer François Bayrou, lui aussi anti-sarkozyste binaire, sur la valeur réelle des négociations d’entre-deux tours de présidentielle 2007 qu’il faillit entamer avec le PS.
C’est pourquoi l’Obamania du PS montre vite ses limites. Car une quelconque ouverture à Bayrou, ce n’est pas une ouverture à un adversaire, mais simplement une alliance d’opportunité. L’ouverture d’Obama, elle, inclut des Républicains, comme celle de Sarkozy inclut des socialistes.
S’il y a une chose que la crise actuelle nous apprend, c’est que les sensations de différences entre groupes sociaux sont exacerbées. C’est pourquoi Obama passe son temps à prêcher le « tous ensemble ». Et quand il faut condamner, il le fait sélectivement, et non en jetant l’anathème sur un groupe, et non sans s’inclure le cas échéant dans un quelconque mea culpa. Tout le contraire de ce que fait le PS, qui attise les ressentiments et condamne collectivement.
En fait, il arrive quand même que le PS condamne sélectivement et non pas collectivement. Ségolène Royal en sait quelquechose…
Après terroriser les terroristes, surtout ne pas casser les casseurs ?
avril 5, 2009 on 7:28 | In Coup de gueule, Elections présidentielles 2007, Europe, Incongruités, International, Non classé | 4 CommentsJusMurmurandi est en colère – une saine colère, on vous rassure.
Car tous ces temps derniers, on voit, on entend vraiment n’importe quoi sur ces sauvageons de tout crin qui se déchaînent, le tout sous les objectifs des caméras de télévision et les objectifs des photographes travaillant en toute sérénité.
Syndicalistes qui retiennent des dirigeants d’entreprise en otage (la CGT se prend elle pour Josef Fritzl ? Il est vrai qu’elle est soupçonnée depuis longtemps de violer….la loi), casseurs encagoulés qui s’en prennent aux banques à Londres, détruisent des biens en Corse pour manifester contre la justice, ou encore se déchaînent sans autre motif que celui de détruire à Strasbourg, par exemple.
Ministre de l’Intérieur de la première cohabitation mitterrandienne de 1986, Charles Pasqua déclara qu’il fallait terroriser les terroristes, remettant derechef en prison les barbares d’action directe, remis en liberté on ne sait pour quelle raison par le tandem Tonton Badinter en 1981 [RIP le Général Audran et Georges Besse, P-DG de Renault].
Mais il y eut un hic; ce hic s’appela Malik Oussekine, étudiant sous dialyse qui alla manifester et décéda sous les assauts de la police lors de manifestations estudiantines contre le projet du Ministre de l’éducation Alan Devaquet en 1986.
Si l’on peut légitimement se demander si sa place était au sein d’une manifestation alors que sa santé était notoirement déficiente, les conséquences de sa mort, les répliques de ce tremblement politique sont encore perceptibles aujourd’hui.
Car aujourd’hui encore, les gouvernements de droite sont terrorisés par la possibilité d’une « bavure ».
Que n’entend on déjà Martine Aubry dénoncer les fantasmatiques « volontés totalitaires » de Nicolas Sarkozy. Alors imaginez qu’un casseur se fasse casser la tête avant que d’avoir pu lui même…se casser !!
Car lorsqu’un incident arrive, nos démocraties n’en ont pas fini avec l’hypocrisie.
En Italie par exemple, à la suite du G8 de Gênes, un de ces excités se prépare à balancer un extincteur sur un véhicule des forces de l’ordre.
Un représentant des dites forces, du même âge que l’assaillant, et terrorisé fait feu pour se protéger, et tue l’extrémiste.
Aujourd’hui, pour célébrer la mémoire de Carlo Giuliani, l’attaquant à l’extincteur, une stèle a été érigée au sein du parlement italien. Un homme qui s’apprêtait à balancer un extincteur sur un véhicule de police !!!
Alors on comprend mieux que la police laisse séquestrer des dirigeants par des salariés excédés, laisse faire à Londres, en Corse ou encore dans une partie populaire de Strasbourg.
Car plusieurs dizaines de policiers blessés, millions d’Euro de dégâts ne sont rien par rapport au dommage collatéral que serait la mort d’un de ces « sauvageons » comme les appela un Ministre de l’Intérieur….socialiste, J-P Chevènement.
Sauf que l’on ne parle jamais des dégâts supportés par l’image de la France, risée internationale devant la mollesse du Droit dans l’hexagone; on en vient même à inventer un nom, bossnapping, en Angleterre pour parler de la séquestration de dirigeants d’entreprises.
Heureusement si la police ne peut rien ou peu, sur ordre, il nous reste bien heureusement le rempart solide, impartial, inattaquable de la Justice.
Solide, impartial, inattaquable ???
C’est certainement pour cela qu’Eva Joly, en attente de mandat électoral chez les Verts, et ancienne juge très en vue du pôle financier a récemment déclaré à la télévision toute sa compréhension pour les salariés preneurs d’otages lorsqu’elle était interrogée par un journaliste qui ne comprenait pas qu’il puisse y avoir plusieurs interprétations du code pénal.
Bref, pour JusMurmurandi, tout cela ressemble trop à pas assez de police et trop de justices.
Car vue par nos politiques, avec la complicité active des média, bras séculier du « direct » bon ou mauvais, légal ou illégal, la vraie mesure de la démocratie ne semble pas le degré d’ordre qui règne, le calme des citoyens apaisés, mais la possibilité pour les casseurs de s’exprimer tranquillement sans être réprimés.
Très en colère, on vous dit !