Passer de « gagnant sans travail ni risque » à « tous perdants »?

octobre 26, 2008 on 7:46 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

L’observation de la débâcle financière mondiale montre que, souvent, de très grosses pertes ont été subies par des institutions dont le tort a été de croire qu’elles pouvaient gagner de l’argent sans contrepartie, sans risque ni travai.

Ainsi des municipalités anglaises ont-elles prêté cinq milliards de livres à des banques islandaises, qui payaient des taux d’intérêts plus élevés que des emprunteurs traditionnels. Ces dépôts sont maintenant gelés, au grand dam des autorités britanniques qui crient au scandale. Que croyaient-elles, que les taux d’intérêts très élevés qu’elles encaissaient étaient dus à la proximité de l’Islande, pays du Grand Nord, avec la résidence du Père Noël? Eh bien, elles ont perdu, car c’est en Finlande que réside le Père Noël, et le risque qu’elles ont pris se révèle perdant…

Ainsi les adeptes de l’arbitrage (hedge en anglais), qui ont notamment joué à l’amusant jeu du « carry trade ». Le carry trade consiste à emprunter dans une devise dont les taux d’intérêts sont bas, soit, souvent, le yen japonais, pour reprêter le montant emprunté dans une devis dont les taux d’intérêts sont plus élevés, soit, souvent, le dollar. Et le hedge fund ou la banque qui joue à cela d’encaisser un sympathique différentiel de taux entre ses revenus en dollars et ses coûts en yen. Jusqu’à plus de 4% en base annuelle. Quand on pense que les sommes en cause atteignent selon les estimations deux à trois cent milliards de dollars, cela fait huit à douze milliards de dollars de profits de profits sans beaucoup se fatiguer. Sauf que, malheureusement, le yen vient de s’apprécier brutalement de quelques 20% contre le dollar, donc les emprunteurs perdent 20% en quelques semaines là où ils en gagnaient 4 en un an. Mal joué!

Ainsi les compagnies d’assurance qui « rehaussaient » la notation de crédits hypothécaires américains « subprime », (de mauvaise qualité). Une signature de l’assurance en bas d’un contrat, et le paquet de crédits subprime, assurés par un grand nom bien noté devient un bon risque. Ce risque est revendu à un acheteur qui fait confiance à la signature de l’assureur, lequel touche une bonne grosse commission pour cette opération. Sauf que, quand les propriétaires immobiliers n’ont pas pu payer des mensualités de crédit dopées par la hausse des taux d’intérêts, la réassurance lucrative s’est transformée en machine infernale. C’est comme cela qu’AIG, première compagnie d’assurance mondiale, et la plus rentable aussi, a explosé en vol.

Ainsi toute la chaîne des acteurs de la construction et de l’immobilier en Espagne, qui misaient sur la poursuite sans fin de la hausse des cours. Les banques accordaient des prêts hypothécaires jusqu’à 50 ans -et en taux flottant, s’il vous plaît!-, qui n’avaient quasiment aucune chance d’être remboursés en l’état. Mais la hausse de la valeur de l’immobilier permettait de revendre le bien ou de le refinancer, alors un éventuel problème, ce serait pour plus tard, alors que la commission, c’était pour tout de suite. Tant et si bien que le bâtiment et l’immobilier ont représenté la moitié de l’ensemble de la croissance du PNB espagnol pendant 10 ans. On imagine l’ampleur de la gueule de bois d’aujourd’hui .

Ainsi les spéculateurs qui ont joué la hausse continue des matières premières ont-ils pu gagner, sur papier, des montants énormes à mesure que le pétrole a flambé pour atteindre 147$ le baril. Imités en cela par ceux qui ont joué le prix du gaz, du minerai de fer, et autres ressources naturelles. Sauf qu’il est à espérer pour eux qu’ils ont soldé leur position avant que le pétrole n’entame sa vertigineuse chute de 50% de trois mois. Gare à ceux qui ont cru que les arbres montaient jusqu’au ciel.

On peut se demander aussi qui donc a gagné en étant la contrepartie de ces pertes abyssales. Car quand on gagne en bourse, c’est que quelqu’un perd. Et donc l’inverse semble logique. Mais toutes les pertes n’ont pas généré de gagnants. Quand l’immobilier baisse, il n’y a pas forcément de gagnant. Quand Lehman fait faillite, il n’y a pas forcément de gagnant.

JusMurmurandi trouve même que nous sommes dans une période où nous sommes tous perdants…

Faute!

octobre 24, 2008 on 2:07 | In C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Un rapport d’audit de la concession du stade de tennis de Roland-Garros épingle la gestion de la municipalité de Bertrand Delanoë, plus que jamais dure aux contribuables mais douce aux électeurs bobo.

Car s’il y a un repaire de bobos, c’est bien le tournoi de tennis de Roland-Garros qui se déroule dans un stade dont le terrain est à la ville de Paris.

Et c’est là que -surprise!-, le rapport de la Ville de Paris elle-même, comme cela BD ne pourra pas en attribuer l’origine ou les conclusions à une quelconque manoeuvre, révèle que la Ville se « contente » de percevoir 1,5 millions d’euros par an de la fédération française de tennis, alors que sa norme actuelle la mènerait à toucher 19 millions annuels compte tenu du chiffre d’affaires généré au profit de la fédération par le tournoi. Cette différence de 17,5 millions est un manque à gagner pur et simple, et sans contrepartie.

Et ce en faveur d’une fédération très riche, puisque le tournoi a dégagé des bénéfice de 48 millions en 2006, donc largement de quoi payer sa juste part.

Il est à noter que ce manquement n’est pas le seul, puisque la fédération n’assure plus la formation au tennis pour les jeunes de Boulogne comme cela est prévu dans la convention, ou qu’il lui est arrivé -par erreur sans doute- de ne pas solliciter l’accord de la Ville pour des travaux, et de la mettre ainsi devant le fait accompli.

A noter aussi que la FFT, non contente de payer cette aumone (124% du chiffre d’affaires au lieu de 15%), demande à la Ville de Paris de participer à hauteur de 20 milions d’euros à la construction d’un nouveau court couvert, à la place d’un stade public. Comme cela, la Ville de Paris investirait l’équivalent de près de 15 ans de revenus, ou, dit autrement, ne toucherait rien de Roland Garros pendant 15 ans. Plus généreux, tu meurs…

Quand on sait que le Président de la Fédération Française de Tennis, Christian Bîmes passera en correctionnelle pour prise illégale d’intérêts et abus de confiance, on voit quel usage a -peut-être, et sous réserve de condamnation par le Tribunal- été fait de l’argent des contribuables par le truchement des largesses du gentil Bertrand.

Quand on pense que celui-ci a fait toute sa campagne sur la lutte contre les mauvaises moeurs qu’il attribuait aux habitudes de l’équipe Chirac-Tibéri en matières de finances, il n’est pas besoin de le condamner pour cette nouvelle « faute » de gestion révélée.

Il suffit de montrer qu’il poursuit les pratiques qu’il condamnait. Au tennis, quand on fait « faute! » on perd le point.

Et que « rectifier » ce genre de « faute » de gestion permettrait de revenir sur l’augmentation de 12% de leurs impôts qu’il inflige aux Parisiens en pleine période de crise.
Bertrand Delanoë, le compréhensif

Paradoxes à droite et à gauche

octobre 24, 2008 on 11:32 | In Economie, Europe, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

L’Etat est de retour, tel Mac Arthur au Philippines, ou Schwarznegger le Terminator. Débâcle chez les libéraux ruinés et disgraciés, recours à l’Etat salué par tous, même chez les anglo-saxons, par les analystes financiers, les banquiers ou les professeurs d’économie, qui furent longtemps ses pires détracteurs avant d’en être réduits à mendier auprès de lui leur survie tel est le nouveau panorama économique mondial.
Voilà qui, avec les codes traditionnels de la politique divisée en « droite » et en « gauche », est manifestement de gauche.

Donc joie à gauche et pleurs à droite? Pas du tout. Parce que, quand c’est la droite bushiste, berlusconienne ou sarkozienne qui exécute ce retour de l’Etat, quel argument reste-t-il à gauche? Quand le plan français, donc de droite, est le même que les plans anglais ou espagnol, donc de gauche, ou allemand, donc coalisé droite et gauche, que peut dire la gauche qu’elle eût fait d’autre que ce que fait la droite?

D’autant que les sommes gigantesques que les Etats vont consacrer au sauvetage du système financier de leurs pays vont être autant de montants qui ne seront pas disponibles pour la distribution sociale qui fait les délices socialistes. Etre au pouvoir avec un Etat fort, mais surtout fort de ses dettes et de ses obligations et non pas de son rôle de providence, est-ce vraiment socialiste?

Mais la droite ne peut non plus se réjouir, car ce sont bel et bien les excès de ses mécanismes libéraux qui nous ont conduit au bord de l’abîme, et, un jour, il faudra bien en tenir compte et en payer le prix idéologique.

S’ajoute à ce paradoxe une autre situation toute aussi curieuse. Quand l’économie va bien, il est habituel de voir un gouvernement bénéficier d’une forte popularité. Quand elle va médiocrement, comme depuis un an, la cote de Sarkozy s’effrite logiquement, sanctionnant l’écart entre ses promesses et la réalité, et son impuissance. D’où une joie des socialistes français comme des conservateurs britanniques de ne pas avoir à gérer cette période, et une anticipation que la déprime économique allait leur servir toute prête la victoire aux prochaines élections.

Oui, mais voilà, de médiocre, la situation devient catastrophique, et Sarkozy en France, ou Brown en Grande-Bretagne sont ardents à la manœuvre, ce dont leur opinion publique les crédite immédiatement. Donc les mauvaises nouvelles profitent à l’opposition, mais les très mauvaises à la majorité. On en est presque à ce que les socialistes français doivent expliquer que la situation n’est pas si catastrophique que cela, pour tenter de convaincre qu’une autre politique française eût permis d’échapper à une crise mondiale. Difficile dialectique, autrement plus ardue que l’autisme russe ou chinois quand leurs dirigeants affirment que leurs pays ne seront pas touchés.

Voilà donc les oppositions contraintes de ne pas noircir le tableau tandis que les majorités le qualifient d’apocalyptique… Après que ces mêmes oppositions aient du cesser de s’opposer en voyant les majorités appliquer des idées qui, croyaient-elles, leur appartenaient. Voilà des Etats d’autant plus faible qu’ils ont épuisé leurs ressources à démontrer leurs force. Que de retournements imprévus.

Le plus curieux dans tout cela est le paradoxe suivant. Quand la France, à l’instar des autres pays, Etats-Unis compris, « garantit » le crédit interbancaire, ou les dépôts des épargnants, l’Etat n’a pas l’argent pour le faire. C’est un simple engagement, assis sur sa « réputation » dont tous souhaitent avec ferveur qu’il ne soit pas appelé à se concrétiser. Car il n’y a pas assez d’argent pour honorer ces engagements. C’est exactement ce qu’ont fait les AIG et autres Freddie Mac et Fanny Mae, et on sait où cela nous a mené. Etranges temps en vérité…

Google phone, j’écoute !

octobre 23, 2008 on 9:45 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Le monde de la téléphonie mobile est en train de changer.

Après l’arrivée des intelliphones qui permettent de répondre à son courrier en temps quasi réel, type Blackberry, on a vu arriver Apple avec l’Iphone en deux versions successives.

La Pomme qui était absente de ce marché jusqu’à il y a encore 15 mois a écoulé environ 10 millions de combinés.

Aujourd’hui, c’est un tout nouvel appareil qui arrive sur le marché, car c’est un système opérateur écrit par Google qui le fait fonctionner (par opposition au système propriétaire de l’Iphone, des appareils qui utilisent Windows Mobile – Microsoft- ou encore du Blackberry de la firme canadienne RIM).

C’est donc un terrain de plus que Google va tenter d’occuper, affrontant donc son archi concurrent de Redmond, Microsoft.

On raconte que la firme de Sergei Brin et Larry Page auraient plus d’un million de serveurs pour répondre aux questions que les internautes posent chanque jour au moteur de recherche.

Et chaque question posée est soigneusement enregistrée et gravée dans les disques de Google.

Avec le Google phone, est ce que l’on va consigner les conversations passées sur le téléphone, comme le navigateur de Google, Chrome, enregistre les pages visitées sur internet ?

Grâce au appareils photos des téléphones portables, on connait déjà les remarques qui « échappent » à Nicolas Sarkozy (NDLR « Casse toi, pauvre con » et autre apostrophes aux pêcheurs du Guilvinec), on connait aussi les détails de son compte bancaire qui a été « mis à contribution », avec Google Chrome et Phone, pourra-t-on savoir quels sites internet il visite et ce qu’il raconte au téléphone ?

A quand le Google Pillow, l’oreiller Google :-) ?
Google phone

L’insoutenable légèreté du soutien

octobre 22, 2008 on 6:39 | In France, Incongruités | Commentaires fermés

La campagne présidentielle américaine est pleine d’enseignements pour analystes et hommes politiques. Le tout est de choisir lesquels retenir.

Ainsi, les primaires américaines ont vu Hillary Clinton lourdement handicapée par son soutien -à l’époque- à une guerre d’Irak aujourd’hui très impopulaire. Ce qui montre le danger d’une position d’union nationale, une fois ce temps révolu.

C’est sans doute ce qui a poussé les députés socialistes à ne pas voter pour le renforcement de la présence française française en Afghanistan, trahissant ainsi leur propre doctrine sur le sujet, et notamment les positions de François Mitterrand et de Lionel Jospin.

C’est également ce qui a du les inspirer pour ne pas voter le RSA, réforme manifestement « de gauche » non seulement par les bénéficiaires -les « travailleurs pauvres »-, mais aussi par son financement par le biais d’un prélèvement sur le revenus du capital. Ils eussent du se réjouir de cette réforme, et en particulier de la douleur qu’elle provoquait à droite, peu encline à la soutenir compte tenu qu’elle prenait leur inclination politique à rebrousse poil. Ce d’autant plus qu’elle figurait au programme de leur propre candidate aux élections présidentielles.

C’est certainement aussi ce qui les a motivé à ne pas voter pour le plan de sauvetage des banques françaises, plan adoubé par leur collègue Dominique Strauss-Kahn, Directeur Général du Fonds Monétaire International, et voté à l’identique par les socialistes espagnols, allemands ou les travaillistes anglais. Car il ne faudrait pas voir dans leur refus de voter « pour » un désir de voir les banques françaises s’effondrer. D’où un flot d’explications subtiles pour justifier une abstention. Une attitude surprenamment jésuite de la part d’un parti activement laïc.

Mais tout a une fin, même cette politique de non soutien à tous crins. Car le Parti Socialiste a décidé, enfin, de voter la loi issue du Grenelle de l’Environnement.

Évidemment, on peut se réjouir de la fin de leur opposition systématique, même sur des sujets qui dépassent manifestement les clivages gauche-droite et mettent en jeu l’intérêt national.

Mais on peut aussi se demander quelle lisibilité cela donne aux électeurs. Car les raisons de ne pas voter le texte sur l’environnement ne manquaient pas, en tout cas pas plus que les autres. Que ce soit le financement ou le relatif manque d’envergure sur plusieurs sujets, il y avait matière à diverger, si les socialistes l’avaient voulu.

En fait, JusMurmurandi propose une autre lecture de ce vote, qui le mettrait en droite ligne de tous ces refus surprenants. Les socialistes, eux, sont de vrais écologistes, voici pourquoi.

La présence française en Afghanistan contribue à empêcher les retour au pouvoir des Talibans. Or ceux-ci, par leur opposition forcenée au modèle occidental, à l’éducation des femmes, et le blocus économique auquel leur régime serait indiscutablement soumis, représenteraient certainement un retour en arrière pour le pays. Ce qui serait bon pour la planète, n’est-ce pas?

Il en va de même pour le RSA, qui est conçu pour stimuler le retour à l’emploi. Plus d’emplois, cela veut dire plus de production de biens et de services, plus de richesse nationale, plus de pouvoir d’achat. Donc plus de consommation et plus de pollution. Mauvais pour la planète! Donc les socialistes ne pouvaient que voter contre!

De même, si le plan de sauvetage des banques n’avait pas été voté, celles-ci se fussent effondrées, et, avec elles, l’activité économique dans une proportion jamais vue dans l’ère moderne. Moins d’activité économique, c’est meilleur pour la planète! Donc les socialistes, là encore, ont fait le choix douloureux, mais combien estimable, d’apparaître comme une bande d’idiots englués dans des querelles médiocres de personnes rassemblés uniquement par leur désir de pouvoir et ne trouvant comme seul dénominateur commun l’opposition frénétique à la politique de Nicolas Sarkozy, alors qu’en fait ils sont des anges de pureté voués au salut de la planète comme Soeur Emmanuelle l’était à celui des plus pauvres.

Et c’est certainement ce souci forcené de l’environnement qui conduit les socialistes dans leurs débats internes, autrement si difficiles à interpréter. Car ils ont compris le coût écologique des ces grands rendez-vous électoraux que la France propose tous les 5 ans. Innombrables déplacements des politiques vers les électeurs et des électeurs vers les lieux des meetings. Tracts par centaines de millions aux prix de forêts entière d’arbres abattus qui ne demandaient qu’à absorber du CO². Et tout à l’avenant.

C’est pourquoi le Parti Socialiste, par pure politique, au sens le plus noble du terme, c’est-à-dire de l’intérêt général, a-t-il décidé -secrètement bien sûr, pour en garder tout l’effet- de ne plus jamais être en position de gagner une élection majeure, ce qui permettra d’économiser très fortement sur les prochaines élections, tant elles seront sans enjeu réel.

JusMurmurandi ne peu que saluer une aussi haute approche de la vie politique!

Dictionnaire de crise

octobre 20, 2008 on 3:10 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Avec la crise financière et économique s’ouvre un nouveau monde, dont a priori la seule chose que nous sachions est qu’il ne sera pas le même que celui qui vient de finir sans gloire à l’image de l’Islande s’enfonçant toute entière dans les flots glacés d’une insolvabilité sans précédent.

Ce nouveau monde a besoin d’un nouveau dictionnaire qui donne le sens soit des nouveaux mots, soit le nouveau sens des mots.

- Etat: anciennement, reflétait la condition d’une chose (en bon état, en mauvais état, état stable ou stationnaire, état solide ou état liquide, tiers état). Aujourd’hui, l’Etat, c’est tout simplement le dernier recours. Quand l’état des lieux inspire l’inquiétude, quand les banques sont en mauvais état, quand l’économie est en état de catastrophe artificielle, quand la confiance est en état critique… alors vient le temps de l’Etat…

- Confiance: anciennement, s’accordait, inspirait, ou se demandait. Aujourd’hui, elle disparait, revient, s’évapore, manque ou s’effondre. Bref, elle n’arrête pas de changer d’état, sans jamais passer par le stable.

- Croissance: anciennement, mesure du bonheur, qui ne pouvait être qualifiée que positivement (forte croissance), sauf si elle venait à manquer (déficit de croissance, hormone de croissance). Aujourd’hui, elle peut concerner tant des sujets positifs (le PNB) que négatifs (croissance des déficits). Elle peut même se retourner (croissance négative). Elle est à géométrie variable. Ce qui manque le plus: la croissance de la confiance, pour retrouver confiance en la croissance. Mais, vu l’état de la confiance et l’état de la croissance…

- Crise: anciennement, état temporaire d’une donnée particulière (crise de croissance, crise de confiance, crise de l’Etat, état de crise). Aujourd’hui, c’est un environnement général, auquel on s’adapte (management de crise, gestion de crise, budget de crise). Il va sans dire qu’un budget de crise de la part de l’Etat a pour but de ramener la confiance et la croissance.

- Delanoë: anciennement, Maire de Paris qui se vantait de faire toujours plus de fêtes sans augmenter les impôts. Aujourd’hui, Maire de Paris qui augmente les impôts de 9% et crée une taxe foncière départementale de 3% au moment où ses administrés doivent faire face à la crise. Comme eût dit La Fontaine: la cigale ayant fort dépensé les recettes du « boom » immobilier, se trouva fort dépourvue quand la crise fut venue…
Delanoë face à sa crise budgétaire

Le personnel médiatique et Jean-Marc Sylvestre : ne Mélenchon pas tout !

octobre 20, 2008 on 6:56 | In Coup de gueule, France, Incongruités | 2 Comments

JusMurmurandi a, une fois de plus, eu l’occasion de sourire tristement devant les propos de Jean-Luc Mélenchon, homme politique hexagonal qui résume à lui seul tout le sens de la glorieuse « exception culturelle française ». Dans le cadre d’une interview avec Mme Lepic où cette dernière lui demandait s’il fallait « punir » les coupables de la crise, le sémillant sénateur de l’Essonne eut cette réponse digne des grandes heures de Paul Quilès et des envolées épuratrices de 1981 : « On punit, vous comprenez l’expression, ça signifie qu’il faut savoir tourner la page et ne plus leur faire confiance. Ecoutez, ne faites pas confiance aux gens qui vous ont cassé les bras et les jambes pour venir vous les soigner. Donc cela veut dire qu’il y a tout un personnel médiatique, politique, économique qu’il faut pousser vers la sortie. »

 JusMurmurandi n’insistera pas sur le sens assez angoissant de l’expression « pousser vers la sortie » qui paraît suffisamment explicite et se dispense de commentaires. En revanche, ce qui semble plus truculent, c’est le sous-entendu de l’indétermination du « tout un personnel médiatique » : on entend dans ce « tout » quelque chose comme une profusion, comme un gang diffus, comme une profusion de malfaisants qu’il s’agirait d’éradiquer. Cela pullule, cela grouille, cela prolifère ! On n’ose imaginer le nombre de journalistes véreux – sous entendu : libéraux – qu’il conviendrait de sacrifier sur l’autel du démocrate Mélenchon.

 Piquée au vif par la mise en cause de sa profession, et certainement plus étonnée encore que vexée que l’on puisse voir dans le personnel journalistique une profusion de libéraux, Mme Lepic fait fort logiquement part de sa surprise au sénateur réjoui de son petit effet :

Lepic : « Y compris médiatique ?

Mélenchon : Bien sûr, vous voulez un nom ? »

 C’est là que JusMurmurandi fait part de sa véritable stupéfaction car, voir Mélenchon réclamer l’éviction de certaines personnes pour raisons idéologiques ne saurait plus vraiment surprendre grand monde ; c’est ailleurs que se joue le ridicule de la situation. Le jamais décevant sénateur de l’Essonne commence en effet sa dénonciation par la désignation de « tout un personnel médiatique » laissant augurer d’une myriade de libéraux à la tête du journalisme français, inculquant un credo libéral aux masses télévisuelles ; puis, fidèle aux pratiques ancestrales de son idéologie, Mélenchon propose une délation ; les coupables vont être dénoncés, les libéraux livrés à la vindicte des vraies gens ; réjoui, le téléspectateur se demande, goguenard, si les quelques minutes imparties à Mélenchon pour l’interview suffiront à dresser une liste de coupables qu’on imagine – et qu’on souhaite – longue. Le Cirque a besoin de sang et de condamnés. Mais, stupeur, au moment de la délation effective, ce n’est tout d’un coup plus « tout le personnel médiatique » mais un nom, un seul, un homme qui est proposé. Le personnel médiatique se réduirait-il à un seul nom ? Quel nom ? On veut savoir !

 « Votre collègue Jean-Marc Sylvestre qui nous fait le catéchisme libéral depuis bientôt 10 ans sur TF1, matin, midi et soir, en expliquant qu’il faut acheter des actions, qu’il faut faire des fonds par capitalisation. »

 Extraordinaire réduction à l’unité qu’opère à ce moment très précis Mélenchon : « tout le personnel médiatique » se trouve résumé par Jean-Marc Sylvestre ; la totalité de l’idéologie du corps médiatique – donc aussi de Libération, de Marianne, du service public, du Monde, du Nouvel observateur, de Canal +, de RTL, de l’Humanité, etc. – est résumée par « un nom », celui de Jean-Marc Sylvestre…

 Devant cette énième forfaiture, JusMurmurandi s’interroge : pourquoi Mélenchon, porté par son enthousiasme délateur à l’encontre de « tout le personnel médiatique » s’en est-il tenu à « un nom » et un seul ? Pourquoi réprimer de façon aussi inhumaine les saines pulsions de livrer à la vindicte populaire des hommes jugés a priori coupables alors que le show Mélenchon était sur ses rails ? JusMurmurandi suggère une hypothèse : peut-être parce que Mélenchon savait très bien, comme JusMurmurandi, que Jean-Marc Sylvestre était tout simplement le seul journaliste libéral des media français de grande écoute…  

Bertrand Delanoë est il un hors la loi ?

octobre 18, 2008 on 7:03 | In C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermés

Le dernier ouvrage du Maire de Paris avait fait couler beaucoup d’encre, consommer tout autant de salive entre autre de la part de ses concurrents du PS, et sourire encore autant JusMurmurandi.

En effet, Bertrand Delanoë s’y déclare « libéral ».

JusMurmurandi pouffe rien qu’en le rappelant.

Car qui a décidé d’augmenter les impôts locaux de 9% en 2009 et vraisemblablement aussi en 2010 si ce n’est Delanoë ?

Milton Friedman doit avoir les cheveux qui se dressent sur la tête à l’idée que l’on puisse se revendiquer libéral tout en augmentant à tel point les impôts d’un an sur l’autre.

Et les Parisiens qui ont voté sur lui doivent être bien heureux de voir le Maire leur « venir en aide » alors que le ralentissement économique qui se profile est sans précédent.

Mais JusMurmurandi en a déjà parlé, même s’il est toujours bon de rappeler les faits d’armes de ceux que l’on apprécie particulièrement.

Non ce qui est à l’origine de cet article ci, c’est le fait que la Mairie de Paris s’est déclarée incompétente pour mettre en place le service minimum pour l’accueil des enfants lors des jours de grève dans l’enseignement public.

Or cet accueil a fait l’objet d’une loi, votée au Parlement en début d’année 2008.

Ne pas appliquer une loi, pour quelque motif que ce soit, n’est ce pas se mettre…hors la loi ??

«Nous ne transigerons pas et nous ne mettrons pas les enfants en otage d’une loi mal ficelée» déclare l’adjoint chargé de la vie scolaire.

En bref, les lois qui nous conviennent, nous les appliquons, pour le reste, vous pouvez aller vous faire voir.  Et si les Parisiens faisaient de même avec l’augmentation d’impôts exigée par le Maire ?

Mais le fond de la question, c’est l’intérêt des Parisiens dans leur majorité.

Augmenter les impôts, est-ce montrer que Delanoë est à l’écoute de leurs préoccupations, alors que leur train de vie va baisser ?

Refuser de prendre en charge les enfants de ceux qui sont confrontés à la grève d’une minorité, est ce aller dans le sens des Parisiens ?

Assurément non.

Ce n’est que faire preuve de libéralité vis à vis du budget de la Mairie au détriment de ses habitants, vis à vis d’une minorité de grévistes au détriment des parents des enfants parisiens.

Prenons en bonne note.

Quand l’Etat dit: « Le Roi, c’est Moi! »

octobre 16, 2008 on 6:22 | In Economie, Europe, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Tous les enfants de France apprennent ce mot célèbre de Louis XIV: « L’Etat, c’est Moi! ». Cela illustre l’absolutisme du pouvoir qui finira tragiquement après 1789. Bien entendu, il ne saurait en être question dans nos société mondialisées, démocratiques, complexes, régies par des constitutions soucieuses de séparation des pouvoirs.

Vraiment? Ce n’est pas l’impression que donnent ces dernières semaines. Quand il a fallu trouver des solutions pour éviter que le monde ne bascule dans l’abîme d’un effondrement financier, tout ce qu’a essayé le « marché », c’est-à-dire les mécanismes d’auto-régulation, la concurrence, l’ajustement de l’offre et de la demande par le prix, a été inexistant. Tout ce qu’ont essayé les « institutions », telles les banques centrales, les injections de liquidité, les baisses de taux, n’ont eu aucun effet.

Non, ce qui a rappelé tout le monde à l’ordre, c’est l’intervention massive des Etats. Non pas une intervention au services des banques et des marchés, mais une intervention régalienne, des nationalisations brutales des banques en contrepartie de prises des risques dont plus personne ne voulait.

Ainsi AIG, premier assureur mondial, était-il contraint de donner 80% de son capital au Trésor américain en contrepartie d’un simple prêt, fût-il de 85 milliards de dollars. La majorité du capital en échange d’un prêt reflète une très grande inégalité entre les parties. Subitement les Seigneurs de Wall Street ne font plus le poids. Ils ne sont plus que les valets d’un système qu’ils ont perverti en jouant aux apprentis sorciers. Et le Roi, c’est bel et bien l’Etat, qui les rappelle à leur condition limitée.

Ainsi aux Etats-Unis, les 9 plus grande banques, alors même qu’elles ne sont pas au bord du gouffre, vont quand même recevoir des augmentations de capital de l’Etat en contrepartie de nationalisations partielles, et d’acceptation de multiples contraintes de comportement.

Ainsi en Grande-Bretagne aussi, les dernières grandes banques feront de même. Même Lloyds, historiquement très bien gérée, et qui fut chargée il y a à peine 3 semaines (Dieu! que cela semble déjà loin!) de sauver HBOS passe en si peu de temps du rang de chevalier blanc à celui de mendiant que l’Etat recueille sous son ombrelle de capitaux frais.

On attendrait ceci au pays de l’interventionnisme d’Etat professé et pratiqué depuis toujours, même par un Président censé être à droite, en France. Ou en Chine, où règne sans partage le Parti Communiste. Ou en Russie, où les tentatives d’opposition finissent dans des prisons sibériennes. Pas du tout, cette fin de partie musclée a lieu dans les deux pays où le capitalisme de marché est, ou plutôt était, un dogme quasi sacré. Les Etats-unis et la Grande-Bretagne nationalisant plus que ne le fit en un autre temps François Mitterrand…

Et le plus étonnant, c’est non seulement l’impuissance des institutions en ce temps de crise, c’est aussi que les décideurs se soient affranchis de la myriade de contraintes que le fonctionnement des Etats impose. Quand AIG a été nationalisée, personne n’a parlé de distortion de concurrence, ou d’autorisation de la Commission de Bruxelles, ou de visa de la bourse sur l’augmentation de capital. Quand les plans Paulson, Brown ou Sarkozy ont été annoncés, il allait de soi que les institutions suivraient, les parlements voteraient, les organismes entérineraient, que les critères restrictifs seraient levés. Bref, l’Etat, c’est eux!

Il est dans l’air du temps de parler de changement d’époque et de professer qu’un nouveau système, encore à définir, doit émerger des ruines de l’ancien. Une seule chose est sure. Comme la riche plaine de la Beauce est dominée par la double et haute silhouette des tours de la cathédrale de Chartres, le pouvoir de l’Etat dominera les champs de l’activité économique de l’ordre nouveau

Délit de fuite ou chronique d’une disparition annoncée ?

octobre 15, 2008 on 5:39 | In Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

JusMurmurandi voudrait rappeler à ceux de ses lecteurs qui l’auraient oublié qu’il y a une opposition politique en France.

Son principal parti, encore une fois pour ceux qui auraient des trous de mémoire, s’appelle le Parti Socialiste.

Car il est vrai que l’on n’en entend plus beaucoup parler ces derniers temps

La crise qu’il traverse ressemble en effet à une tempête dans un verre d’eau par rapport à la tempête du monde financier qui est en train de se traduire en ralentissement économique planétaire.

Et si l’on regarde ou écoute quelles ont été les prises de position de ses illustres dirigeants, elles sont palpitantes.

Didier Migaud, Président de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale (poste qu’il occupe par la bonne grâce du Président de la République, nota bene) est prompt à déclarer que les déficits ne seront pas tenus à cause de la mise en place du plan de garantie des banques. Comme si c’était le souci du moment.

Ségolène Royal souhaite « que la crise soit une chance pour que la finance soit au service de l’économie ». Encore des belles paroles. Recueillons-nous et célébrons tous ensemble la fraternité économico-financière.

Mais fondamentalement, lorsqu’il s’est agi de voter un plan d’urgence pour tenter d’endiguer la spirale de chute de la confiance illustrée par l’effondrement, le PS est aux abonnés absents.

Est-ce parce que ses différents membres ne sont pas d’accord, les uns trouvant que le plan ne va pas assez loin, d’autres trop loin, ou encore ceux qui sont des anti-sarkozystes par principe, quoi qu’il en soit alors que le monde occidental et par conséquent la France traversent une période d’une extraordinaire difficulté, le PS, tel une tortue, rentre dans sa coquille et se retire de la scène politique.

Alors que l’Europe se réunit autour de la présidence française pour présenter un front uni, à son échelle réduite, le PS en est incapable, choisissant une fois de plus de faire passer ses propres contraintes avant l’intérêt national.

On avait déjà connu cela lorsqu’au début du siècle dernier, lorsque la seule posture des socialistes français face à l’agresseur prussien aux portes du pays avait été de déclarer la grève nationale….Courage, intérêt supérieur de la Nation, quand tu nous tiens !

Avec quelques années d’écart, on pourrait presque célébrer le centenaire de leur couardise.

Aujourd’hui cela va jusqu’à ne pas savoir si l’on va changer les dates du congrès de Reims. Et de nouveau l’angoisse paralysante, entre ceux qui veulent maintenir la date même si ou parce que cela permettra de passer les divergences sous silence, et ceux qui veulent la changer pour tenter d’être sous les feux de la rampe…

Pendant ce temps, même François Bayrou a voté le plan de relance. C’est dire…

Délit de fuite, posture prémonitoire d’une disparition annoncée, ce n’est pas JusMurmurandi qui sera tenté de lancer un avis de recherche….

Exemplaire!

octobre 12, 2008 on 8:14 | In Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Malheureux lecteurs, JusMurmurandi ne vous a pas beaucoup épargnés ces derniers temps, n’hésitant pas à employer des termes crus pour qualifier la crise (tornade, super-ouragan) bien avant que ne soit commencée la phase la plus aigue.

C’est pourquoi il nous paraît juste de saluer une mesure exemplaire prise pour contribuer aider l’économie française à surmonter cette crise. Il s’agit de l’Unedic, qui reporte de 2 mois l’appel de cotisations chômage pour les entreprises de moins de 10 salariés, et de 1 mois pour les entreprises de moins de 50 salariés.

Ce qu’il y a de remarquable, c’est d’abord que l’Unedic n’attend pas que la situations soit catastrophique pour le faire. Trop souvent l’aide vient quand le malade est tellement atteint que la mort est quasi-certaine.

Ensuite, et c’est encore une innovation, cette aide concerne toutes les entreprises, et pas seulement les canards boiteux. C’est heureux, car trop souvent on dépense une énergie beaucoup plus importante à tenter d’empêcher un sinistre qu’à obtenir le même résultat en accélérant le développement d’une entreprise qui va bien.

Enfin, et c’est un signe des temps, l’Unedic, par la voix de son Président Geoffroy Roux de Bézieux, fait montre d’une logique aussi pragmatique que nouvelle: cette mesure est prise parce que les PME n’ont plus accès au marché du crédit, alors que l’Unedic si. L’Unedic va donc s’endetter d’un milliard et demie d’euros pour injecter cette somme dans les trésoreries, ou plus exactement pour le pas les ponctionner, compte tenu des restrictions de crédit bancaire qu’elles se voient imposer.

Il faut dire que le Président de Bézieux sait de quoi il parle: le découvert autorisé de son entreprise, soit huit millions d’euros, lui a été supprimé d’un jour à l’autre.

On voit donc une Unedic dont les finances ne vont pas si mal que cela aider les entreprises à ne pas aller trop mal. Pendant que les banques qui sont au plus mal font ce qu’il faut pour que les entreprises aillent aussi mal qu’elles.

Oui, vraiment, ce comportement est exemplaire!

Nettoyer les banques et lutter contre le terrorisme?

octobre 9, 2008 on 6:26 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

L’impérieux besoin de nettoyer les banques qui ont mis le système financier de la planète au bord du gouffre est une évidence. Mais il ne suffit pas de les nationaliser sous une forme ou une autre, il faut aussi

- veiller que les responsables soient mis hors d’état de nuire

- veiller que les banques reprennent une activité normale et réamorcent la pompe économique

- veiller que les folies du passé ne se reproduisent pas.

Vous me direz, quel rapport avec la lutte contre le terrorisme? Aucun, bien sûr. Sauf que…

Rappelez-vous le 11 septembre. Quand il est apparu clairement que c’étaient Al-Qaeda et Bin Laden qui en étaient les instigateurs, et qu’ils étaient hébergés par le régime Taliban de Kaboul, la guerre d’Afghanistan a été lancée, et rapidement gagnée.

Mais que faire après?

- d’abord les responsables (Osama Bin Laden et le mollah Omar) n’ont pas été mis hors d’état de nuire, non plus que l’état-major Taliban, si l’on en juge par leur capacité à continuer une guerilla meutrière, ceci 7 ans après le début des hostilités.

- ensuite l’Afghanistan n’a pas repris une existence normale. C’est toujours un pays en guerre, largement civile, et maintenu dans le statu quo par une coalition armée étrangère de grande ampleur. L’essentiel des ses revenus autres que l’aide internationale provient de la culture du pavot, qui sert à produite 85% de l’héroïne mondiale.

- enfin si jamais les armées coalisées venaient à quitter l’Afghanistan, les Taliban reviendraient au pouvoir, mollah Omar et Bin Laden en tête, triomphalement anoblis par leur succès contre les Etats-unis comme contre les Soviétiques en d’autres temps.

Pour ceux qui pensent que ma comparaison est trop artificielle, encore trois points de similitude:

- l’aptitude de notre modèle économique à se trouver périodiquement en crise profonde malgré les leçons apprises des crises précédentes n’est-elle pas comparable aux innombrables tentatives de contrôler l’Afghanistan, carrefour géostratégique important, malgré les cuisantes défaites qui soldent ces tentatives?

- l’émergence des Taliban a été assistée et financée par les USA, qui ont vu en eux la force capable de forcer les Soviétiques à leur première défaite militaire, puis à une humiliante retraite, sans voir que les capacités qu’ils développaient viendraient un jour les frapper à leur tour. La politique monétaire hyper-accomodante, l’émergence des nouveaux produits financiers et la dérégulation qui ont contourné les règles prudentielles édictées pour éviter une répétition de la crise de 1929 ont tous été les enfants de ceux-là même (Greenspan et la Fed, la SEC, l’administration Bush) qui n’ont pas vu le danger à long terme d’une politique destinée à assurer la prospérité à court terme.

- pendant que les pays de la coalition financent un lors programme militaire et humanitaire vers l’Afghanistan, les seigneurs tribaux se remplissent les poches. Pendant que les contribuables financent un lourd programme de sauvetage des banques, les seigneurs de Wall Street continuent de se remplir les poches

- enfin, ces 2 désastres, on a vraiment envie d’écrire ces deux m******s sont marquées par la présidence de celui qui devait être le Président de l’hyperpuissance américaine, mais restera comme le Président-catastrophe, George W. Bush.
George Walker Bush

L’Islande est-elle un iceberg?

octobre 5, 2008 on 7:41 | In Best of, Economie, Europe, Incongruités, International | Commentaires fermés

Un iceberg, ce morceau de glace géant qui flotte sur et dans la mer, a plusieurs caractéristiques.

D’abord, on n’en voit qu’un petit bout, environ 10%, le reste étant submergé. Ensuite, comme il est fait de glace, il fond graduellement à mesure que sa dérive le met en contact avec des eaux de moins en moins froides. Mais il peut aussi disparaître sous l’effet du réchauffement climatique. Enfin un iceberg présente des dangers évidents pour la circulation maritime

Sur ces 4 caractéristiques, l’Islande toute entière est bien un iceberg. Son système financier a pris des engagements qui ont tellement dérivé qu’une fois qu’on en voit la totalité, on voit tout le pays condamné à la disparition. Ceci, bien sûr, à cause de la fusion des marchés financiers. Et cela va causer quelques naufrages chez ses partenaires financiers…

Fondamentalement, les seules banques commerciales islandaises, c’est-à-dire sans compter les entreprises et particuliers, ont accumulé des dettes équivalentes à 6 fois le PNB du pays. Ce qui correspondrait pour les banques françaises à 10.000 milliards d’euros de dettes. Quand on sait que l’ordre de grandeur des fonds propres des 5 plus grandes banques françaises ressortent à 500 milliards d’euros, on voit bien qu’il leur serait totalement impossible de porter une telle dette.

C’est bien le problème islandais.

Tant que les marchés financiers étaient en bon ordre, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. L’Islande payait des taux d’intérêts plus élevés que partout ailleurs. Il suffisait donc d’emprunter là où l’argent n’était pas cher, au Japon par exemple, pour reprêter cet argent à un taux élevé à une banque islandaise, et une banque d’affaires pouvait encaisser un différentiel de taux d’intérêts substantiel.

Le problème, c’est que, comme toujours et partout, quand un emprunteur paye un taux élevé, c’est pour rémunérer un risque élevé. Et qu’il vaut mieux pour tout le monde que l’usage qu’il fait de cet argent emprunté soit très, très rentable pour pouvoir assumer les intérêts de la dette et son remboursement.

Or les banques islandaises se sont conduites avec cet argent comme des enfants dans un magasin de jouets, accumulant les projets les plus hétéroclites, sans lien ni avec leur géographie ni avec leurs compétences.

Et maintenant que les marchés de crédit interbancaires sont quasiment au point mort, on imagine à quel point il est devenu impossible pour les banques islandaises, très mal notées, pour cause de surendettement écrasant, de trouver le moindre prêteur pour renouveler au moins en partie une dette évidemment impossible à rembourser.

Vous me direz, pas de problème, l’Islande va faire ce qu’ont fait les Etats-Unis, à savoir nationaliser ses banques, ou l’Irlande, qui en a garanti les engagements sans limite.

Le problème, c’est que personne en voit comment cette garantie aurait la moindre valeur, puisque ceux-ci dépassent 6 fois le PNB annuel. Et que donc une bande de banquiers islandais auront réussi dans l’exercice irresponsable de leur métier, à ruiner totalement tous leurs concitoyens.

Bref, financièrement, l’Islande ne peut être un iceberg, et ce pour plusieurs raisons.

D’abord parce qu’un iceberg fond lentement, alors que l’Islande coule rapidement. Ensuite parce qu’un iceberg est fait de glace, c’est à dire d’eau douce, alors qu’il n’y a rien de doux aux dégâts que va faire le naufrage islandais.

Donc, l’islande, malgré son apparence qui la fait ressembler à un gros iceberg, n’en est pas un. Alors qu’est-ce? Qu’est ce qui est gros, plein de fric, situé en eaux arctiques froides, et qui fonce vers sa disparition rapide?

Vous avez raison, bien sûr.

L’Islande, c’est le Titanic.

iceberg

George W. Bush est-il Georges Marchais ?

septembre 27, 2008 on 5:11 | In Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Même si George W. Bush va demander à son épouse Laura de faire les valises, la fin de son mandat approchant, comme Georges Marchais l’avait fait publiquement en interpellant Liliane, la ressemblance n’est pas évidente.

Et pourtant, Bill Perkins, patron d’une entreprise d’investissements aux Etats Unis, SmallventuresUSA, est convaincu que la ressemblance existe.

Pour lui, le plan que George W. Bush est en train de mettre sur pied pour sauver ce qui peut encore l’être de l’univers bancaire américain indique que l’Amérique est en train d’emprunter la voie du communisme.

« Tant que tout va bien, nous sommes des capitalistes » dit il; « et lorsque les choses commencent à aller mal pour l’économie, nous nationalisons comme des communistes, plus que le Vénézuela par exemple » poursuit il.

« C’est une version du socialisme ou du communisme ».

Mais Bill Perkins n’en reste pas là.

Car c’est homme a du flair. Il a ainsi suivi l’évolution récente de l’action Goldman Sachs.

Il est convaincu que cette entreprise ne disparaîtra pas comme ce fut le cas par exemple de Lehman Brothers, vieille dame datant de 1850 qui a disparu en quelques heures.

Et il investit des fonds substantiels dans Goldman au fur et à mesure que l’action baisse et génère un profit de plus de un million de dollars lorsqu’il revend ses titres au moment où il remonte.

Et ce million, il le consacre aujourd’hui a dénigrer le plan de George W. Bush en achetant des pleines pages de publicité dans le New York Times, et en le donnant à des œuvres de charité.

Ce cri de déchirement qui juge donc l’économie américaine comme étant communiste devrait nous appeler à réfléchir.

Car si George W. Bush est communiste, que reste-t-il à Olivier Besancenot et son Nouveau Parti Anticapitaliste ?

Mic-mac européen

septembre 25, 2008 on 7:23 | In Coup de gueule, Europe, France, Incongruités | Commentaires fermés

Les récents référendums européens se sont terminés par des votes négatifs. Ceux de la France et des Pays-Bas ont ruiné les projets d’adoption du traité de constitution européenne, celui d’Irlande, du traité simplifié. Bref, les Européens ont mal à leur Europe. Franchement, il y a de quoi.

Au moment où l’Europe s’enfonce dans une crise économique d’origine financière et américaine, que fait l’Europe? Rien. Pas de plan de stimulation économique. Pas de relâchement des critères budgétaires. Pas de baisse des taux d’intérêts. Rien. Les abonnés absents, et l’électro-encéphalogramme plat.

En fait, pas si plat que cela, et JusMurmurandi serait tenté d’ajouter « malheureusement ». Car le Parlement européen a voté le « paquet Telecom » qui s’oppose notamment à la méthode retenue par la France pour combattre le télé chargement illégal sur Internet. A l’initiative de Daniel Cohn-Bendit, qui montre que le respect qu’il n’avait pas pour la loi en mai 1968 ne lui est toujours pas venu en mai 2008, le texte européen subordonne toute action contre les téléchargeurs illégaux à une décision judiciaire.

Alors que la solution française consistait à envoyer d’abord des lettre recommandées aux contrevenants pour leur indiquer qu’ils risquaient des ennuis, puis à leur faire couper l’accès par leurs fournisseurs d’accès Internet. Pas vraiment grave, comme sanction, mais facile d’application et rapide. Bref, bien adapté au problème.

Compte tenu que les montants en cause sont individuellement dérisoires, cette action judiciaire préconisée par Bruxelles serait (1) financièrement ruineuse pour une maison de disques ou une studio de cinéma, qui devrait faire des centaines de milliers de procès, et (2) jamais la police et justice ne donneraient suite à ces centaines de milliers de plaintes, faute de moyens. Enfin (3) le fait de poursuivre leurs clients potentiels n’aurait que peu de chances de rendre l’industrie du disque sympathique à ces mêmes clients, ce qui n’améliorerait pas leurs affaires, qui en auraient pourtant grand besoin L’Europe a donc décidé de cautionner l’inaction totale dans la plus parfaite illégalité.

L’idée de « passer l’éponge » sur le téléchargement est facile à comprendre. Ce sont des ados après tout, pas des terroristes chargés d’attentats-suicides ou des financiers qui hasardent des milliards d’euros qui ne leur appartiennent pas dans des cheminées et sont tout surpris de les voir partir en fumée.

Pour autant, l’industrie de la musique est bel et bien en train de mourir. Le nombre de titres publiés est en forte baisse, surtout si l’on déduit ceux qui sont des rééditions. Le film de Danny Boon, « bienvenue chez les ch’tis » n’a pas obtenu et n’obtiendra jamais la place de N°1 absolu au nombre d’entrées en cinéma en France compte tenu du nombre hallucinant de téléchargements illégaux (c’est vrai, pourquoi télécharger un navet quand on peut avoir tout aussi gratuitement un très bon film tout juste sorti?).

Mais surtout, pourquoi traiter ce problème au niveau européen? N’est-ce pas la garantie de n’avoir qu’une solution uniforme à des situations largement hétérogènes? Malte n’a pas d’industrie musicale ou cinématographique à défendre, contrairement à la Grande-Bretagne. Laquelle Grande-Bretagne a un système policier et judiciaire à l’opposé de celui de la France. De même que les textes selon lesquels des contrevenants seraient poursuivis dans les différents états européens sont tous différents vu qu’il n’y a pas d’harmonisation des lois. Donc la directive européenne conduira à des traitements différents pour des infractions identiques.

Bref, l’Europe et les Européens doivent affronter une crise financière et économique mondiale, avec des risques macro-économiques énormes, certains scénarios catastrophe dépassant en ampleur 1929 et la Grande Dépression. Pendant ce temps, l’Europe se préoccupe des micro-infractions des téléchargements illégaux….

JusMurmurandi se dit que cette préoccupation du micro plutôt que du macro est peut-être prémonitoire. Si l’inaction économique perdure et que le pire se réalise, il sera temps de faire du micro-crédit en Europe. D’abord que les institutions financières qui auraient, en d’autres temps, consenti des crédits plus importants auront toutes disparu dans la tourmente. Ensuite parce que le micro-crédit est très bien adapté aux pays très pauvres. Ce que nous serons devenus…

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