Massacre à la tronçonneuse
octobre 20, 2008 on 6:27 | In Coup de gueule, Economie, Elections législatives 2007, Elections présidentielles 2007, France, Insolite, International | 1 CommentVision assassine de la politique française par quelqu’un qui n’en fait plus – pour l’instant.
http://www.dailymotion.com/relevance/search/tapie/video/x73jzm_tapie-bayrou-et-le-ps_news
Coulissement d’andouillette à Washington
octobre 18, 2008 on 7:27 | In Economie, France, Insolite, International | 3 CommentsRassurez vous tout de suite, JusMurmurandi n’a pas l’intention de se substituer à nos feuilles de choux qui vont voir par le trou de la serrure ce qui se passe dans les alcôves.
Il y a en plus des officines spécialisées pour le faire, comme l’illustre la remontée à la surface du nom d’Yves Bertrand ces jours derniers.
Non, il s’agit d’une affaire qui concerne la politique française au plus haut point.
En avril 2007, Paul Wolfowitz, parachuté par George W. Bush à la tête de la banque mondiale, est remercié pour avoir accordé un traitement de faveur à une personne de la gent féminine qui lui avait fait…la faveur de son « traitement ».
Aujourd’hui, Dominique Strauss Kahn, Directeur Général du FMI, est sous le coup d’une enquête similaire quant à la relation qu’il a entretenue avec une ravissante hongroise, Piroska Nagy.
S’il reconnait qu’il a « eu un incident dans sa vie privée » en janvier dernier comme le cite le célèbre Wall Street Journal, il nie qu’il ait profité de la situation pour faire attribuer une augmentation de salaire ou des indemnités de licenciement plus favorables à Me. Nagy (qui a donc quitté le FMI en août dernier).
Le but de cet article au titre coquin, nous n’en disconvenons pas, n’est pas de savoir si M. Strauss Kahn est fidèle à Anne Sinclair, Me. Strauss Kahn à la ville. C’est leur affaire, et uniquement leur affaire. Quant au possible abus de fonction, laissons au FMI le soin de faire son enquête.
Demandons nous plutôt ce qui pourrait motiver M. Strauss Kahn pour abandonner son poste, qui est celui du fonctionnaire le mieux payé au monde, un demi million de Dollars sans impôt, avec les avantages en nature (!) qui l’accompagnent.
N’est-ce pas le fait que DSK sent que le moment est venu de faire son retour sur la scène politique française, le PS partant à la dérive, incapable de voter le RSA qui figurait au programme du candidat PS de l’élection présidentielle de 2007, de voter cette semaine le plan de sauvetage de l’économie en danger ?
Ou est-ce au contraire un membre du bureau directeur du PS qui veut saborder DSK avant qu’il ne rentre en France la queue entre les jambes, si la rumeur venait à se trouver fondée, avec une réputation définitivement ternie ?
Soupçonné d’abus de bien sociaux avec sa secrétaire dans le scandale de la MNEF, père officieux de la funeste loi sur les 35 heures, créateur interrompu d’un inapplicable impôt sur les Français résidant à l’étranger, la réputation de DSK ne sortirait pas grandie d’une affaire de mœurs/abus de pouvoir.
Mais qui restera-t-il au PS ????
La semaine du goût
octobre 17, 2008 on 7:28 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermésCette semaine, c’est la semaine du goût.
Une fois n’est pas coutume, JusMurmurandi a décidé de faire une revue de presse pour essayer de faire toucher du doigt ce qu’est le goût…
Premier exemple.
Matthias Guerrand Hermès, membre de la célèbre dynastie à la tête de l’entreprise éponyme d’articles de luxe, voyage tranquillement de Paris à New York sur un avion de la compagnie Air France. Suite à un mélange de médicaments et d’alcool, il s’en prend à des passagers; sommé de reprendre ses esprits, il agresse le commandant de bord, pour être finalement maîtrisé par l’équipage. Un remake de Jean-Luc Delarue, lors d’un voyage vers l’Afrique du Sud.
Débarqué à l’aéroport de New York, il est libéré sous caution, et encourt une peine maximale de 20 ans de prison.
Bon goût, mauvais goût, ou goût du risque ?
Deuxième exemple.
La France rencontre à titre amical la Tunisie dans un match de football au SDF (NDLR Stade de France).
Pendant que l’hymne national français est joué, certains spectateurs commencent à siffler. Scandale dans la tribune officielle ! Et menace que si cela doit se reproduire, on annulera purement et simplement la rencontre sans rembourser les places.
Peut être serait il plus simple d’arrêter la télédiffusion, pour stopper immédiatement la possibilité que ces esprits malins ont de faire passer leur mauvaise éducation sur les ondes, et de la communiquer à un large public ?
Peut être serait-il aussi de bon augure de penser à rétablir le service militaire? Cela ferait baisser le chômage, et le mitard est pour les insoumis et autres sauvageons une méthode aussi bonne qu’une autre pour faire entrer dans leurs petites têtes le respect que chaque citoyen doit au drapeau. Instruction civique, nous voici !
Siffler la Marseillaise, bon goût, mauvais goût, ou goût de la provocation ?
Troisième exemple.
Las ! On n’en finit pas d’en finir avec les banques qui annoncent des pertes. Mais dans le cas précis, c’est tellement agaçant, frustrant que même la Ministre de l’Economie et des Finances avoue son découragement.
Quelques « traders » ont réussi à faire perdre à l’Ecureuil, la Caisse d’Epargne, 600 millions d’Euro en prenant des positions trop risquées. 0,15 million de Kerviel en sorte.
Y aura-t-il des sanctions contre ces irresponsables qui gaspillent l’argent de leur entreprise en enfreignant les règles (si c’est confirmé, bien sûr) ? La hiérarchie sera t elle remerciée, ou choisira t on de prendre un Kerviel et de le monter en épingle permettant ainsi au patron de la Générale de garder son poste ?
Bon goût, mauvais goût, ou gout-te qui fait déborder le vase ?
Et pendant ce temps, les bonus versés à la City, berceau de la finance anglaise à Londres, étaient de 20 milliards d’Euro cette année. Ils ont plus que doublé en sept ans.
Leur montant revient à environ 320 Euro par citoyen britannique en moyenne (adulte et enfants compris).
Bon goût, mauvais goût, ou goût de cendre ?
Quatrième et dernier exemple.
Vélib’ célèbre un triste évènement. Sa quatrième victime depuis son lancement il y a plus d’un an.
C’est donc la quatrième fois qu’un cycliste est heurté mortellement par un poids lourd, cette fois un autocar.
Et la Mairie de Paris est toujours aussi décidée à ne rien faire. Pas même proposer des casques de sécurité aux locataires.
« Je ne veux pas qu’on prenne de décision sous le coup de l’émotion » déclare ainsi Annick Lepetit adjointe aux transports à la Mairie.
Combien faudra-t-il de victimes pour que la Mairie bouge ?
Bon goût, mauvais goût, ou dégoût ?
Quand l’Etat dit: « Le Roi, c’est Moi! »
octobre 16, 2008 on 6:22 | In Economie, Europe, France, Incongruités, International | Commentaires fermésTous les enfants de France apprennent ce mot célèbre de Louis XIV: « L’Etat, c’est Moi! ». Cela illustre l’absolutisme du pouvoir qui finira tragiquement après 1789. Bien entendu, il ne saurait en être question dans nos société mondialisées, démocratiques, complexes, régies par des constitutions soucieuses de séparation des pouvoirs.
Vraiment? Ce n’est pas l’impression que donnent ces dernières semaines. Quand il a fallu trouver des solutions pour éviter que le monde ne bascule dans l’abîme d’un effondrement financier, tout ce qu’a essayé le « marché », c’est-à-dire les mécanismes d’auto-régulation, la concurrence, l’ajustement de l’offre et de la demande par le prix, a été inexistant. Tout ce qu’ont essayé les « institutions », telles les banques centrales, les injections de liquidité, les baisses de taux, n’ont eu aucun effet.
Non, ce qui a rappelé tout le monde à l’ordre, c’est l’intervention massive des Etats. Non pas une intervention au services des banques et des marchés, mais une intervention régalienne, des nationalisations brutales des banques en contrepartie de prises des risques dont plus personne ne voulait.
Ainsi AIG, premier assureur mondial, était-il contraint de donner 80% de son capital au Trésor américain en contrepartie d’un simple prêt, fût-il de 85 milliards de dollars. La majorité du capital en échange d’un prêt reflète une très grande inégalité entre les parties. Subitement les Seigneurs de Wall Street ne font plus le poids. Ils ne sont plus que les valets d’un système qu’ils ont perverti en jouant aux apprentis sorciers. Et le Roi, c’est bel et bien l’Etat, qui les rappelle à leur condition limitée.
Ainsi aux Etats-Unis, les 9 plus grande banques, alors même qu’elles ne sont pas au bord du gouffre, vont quand même recevoir des augmentations de capital de l’Etat en contrepartie de nationalisations partielles, et d’acceptation de multiples contraintes de comportement.
Ainsi en Grande-Bretagne aussi, les dernières grandes banques feront de même. Même Lloyds, historiquement très bien gérée, et qui fut chargée il y a à peine 3 semaines (Dieu! que cela semble déjà loin!) de sauver HBOS passe en si peu de temps du rang de chevalier blanc à celui de mendiant que l’Etat recueille sous son ombrelle de capitaux frais.
On attendrait ceci au pays de l’interventionnisme d’Etat professé et pratiqué depuis toujours, même par un Président censé être à droite, en France. Ou en Chine, où règne sans partage le Parti Communiste. Ou en Russie, où les tentatives d’opposition finissent dans des prisons sibériennes. Pas du tout, cette fin de partie musclée a lieu dans les deux pays où le capitalisme de marché est, ou plutôt était, un dogme quasi sacré. Les Etats-unis et la Grande-Bretagne nationalisant plus que ne le fit en un autre temps François Mitterrand…
Et le plus étonnant, c’est non seulement l’impuissance des institutions en ce temps de crise, c’est aussi que les décideurs se soient affranchis de la myriade de contraintes que le fonctionnement des Etats impose. Quand AIG a été nationalisée, personne n’a parlé de distortion de concurrence, ou d’autorisation de la Commission de Bruxelles, ou de visa de la bourse sur l’augmentation de capital. Quand les plans Paulson, Brown ou Sarkozy ont été annoncés, il allait de soi que les institutions suivraient, les parlements voteraient, les organismes entérineraient, que les critères restrictifs seraient levés. Bref, l’Etat, c’est eux!
Il est dans l’air du temps de parler de changement d’époque et de professer qu’un nouveau système, encore à définir, doit émerger des ruines de l’ancien. Une seule chose est sure. Comme la riche plaine de la Beauce est dominée par la double et haute silhouette des tours de la cathédrale de Chartres, le pouvoir de l’Etat dominera les champs de l’activité économique de l’ordre nouveau
Délit de fuite ou chronique d’une disparition annoncée ?
octobre 15, 2008 on 5:39 | In Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésJusMurmurandi voudrait rappeler à ceux de ses lecteurs qui l’auraient oublié qu’il y a une opposition politique en France.
Son principal parti, encore une fois pour ceux qui auraient des trous de mémoire, s’appelle le Parti Socialiste.
Car il est vrai que l’on n’en entend plus beaucoup parler ces derniers temps
La crise qu’il traverse ressemble en effet à une tempête dans un verre d’eau par rapport à la tempête du monde financier qui est en train de se traduire en ralentissement économique planétaire.
Et si l’on regarde ou écoute quelles ont été les prises de position de ses illustres dirigeants, elles sont palpitantes.
Didier Migaud, Président de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale (poste qu’il occupe par la bonne grâce du Président de la République, nota bene) est prompt à déclarer que les déficits ne seront pas tenus à cause de la mise en place du plan de garantie des banques. Comme si c’était le souci du moment.
Ségolène Royal souhaite « que la crise soit une chance pour que la finance soit au service de l’économie ». Encore des belles paroles. Recueillons-nous et célébrons tous ensemble la fraternité économico-financière.
Mais fondamentalement, lorsqu’il s’est agi de voter un plan d’urgence pour tenter d’endiguer la spirale de chute de la confiance illustrée par l’effondrement, le PS est aux abonnés absents.
Est-ce parce que ses différents membres ne sont pas d’accord, les uns trouvant que le plan ne va pas assez loin, d’autres trop loin, ou encore ceux qui sont des anti-sarkozystes par principe, quoi qu’il en soit alors que le monde occidental et par conséquent la France traversent une période d’une extraordinaire difficulté, le PS, tel une tortue, rentre dans sa coquille et se retire de la scène politique.
Alors que l’Europe se réunit autour de la présidence française pour présenter un front uni, à son échelle réduite, le PS en est incapable, choisissant une fois de plus de faire passer ses propres contraintes avant l’intérêt national.
On avait déjà connu cela lorsqu’au début du siècle dernier, lorsque la seule posture des socialistes français face à l’agresseur prussien aux portes du pays avait été de déclarer la grève nationale….Courage, intérêt supérieur de la Nation, quand tu nous tiens !
Avec quelques années d’écart, on pourrait presque célébrer le centenaire de leur couardise.
Aujourd’hui cela va jusqu’à ne pas savoir si l’on va changer les dates du congrès de Reims. Et de nouveau l’angoisse paralysante, entre ceux qui veulent maintenir la date même si ou parce que cela permettra de passer les divergences sous silence, et ceux qui veulent la changer pour tenter d’être sous les feux de la rampe…
Pendant ce temps, même François Bayrou a voté le plan de relance. C’est dire…
Délit de fuite, posture prémonitoire d’une disparition annoncée, ce n’est pas JusMurmurandi qui sera tenté de lancer un avis de recherche….
L’enfer commence ici et maintenant
octobre 15, 2008 on 6:49 | In Best of, Economie, Europe, France, International | Commentaires fermésD’aucuns pourraient penser, et non sans bonnes raisons, que le succès, s’il s’avérait, du plan de sauvetage du système financier, sonnerait la fin de la crise.
De la crise financière, oui. Mais tout ce que nous y aurions gagné, c’est le droit d’entrer en crise économique. Certes, si le plan ne fonctionnait pas, la crise serait, à l’avis de JusMurmurandi, d’une exceptionnelle gravité, avec des baisses de PNB à deux chiffres. Mais même s’il fonctionne à merveille, tout ne sera pas rose.
Car, si les Français ont le sentiment d’être déjà en crise, ils vont vite s’apercevoir de la différence entre se plaindre d’une sensation et se plaindre d’une réalité. Dans les faits, la consommation n’a pas encore chuté, même pour des biens durables où le crédit est un recours fréquent. Le seul secteur déjà en crise est l’immobilier, où les transactions ont baissé de quelques 30% par rapport à l’année dernière. Et ce n’est qu’aujourd’hui qu’on voit les ventes automobiles baisser nettement en Europe :-8% au mois de septembre.
Beaucoup ont vu dans les 1000 suppression d’emplois de Renault Sandouville l’illustration de la crise, mais ce n’est pas le cas. C’est le prix que payent les collaborateurs quand le nouveau modèle ( la Renault Laguna) ne plaît pas. La crise, ce seront non pas, comme à Sandouville, des suppressions d’emplois « volontaires », c’est-à-dire largement indemnisées, mais des licenciements ordonnés par le Tribunal de Commerce, c’est-à-dire payés le moins cher possible, et ce même quand le produit « marche » commercialement.
Il suffit de penser à la dernière récession sévère, en 1993, pour se souvenir de journaux télévisés qui annonçaient, jour après jour, des pertes d’emplois par milliers, provoquant un très compréhensible traumatisme.
Nous n’y sommes pas. Pas encore. Mais nous y allons tout droit. Un premier exemple vient de nous être donné, avec la mise en sauvegarde du groupe Cauval Industries, premier groupe français de meubles (marques Dunlopillo, Simmons, Steiner, Simmons, Treca, Mondial Kit, Espalux, Dumeste entre autres), qui fournit notamment 30% des matelas du marché français et emploie quelques 5000 personnes.
Cauval plaide que ses difficultés ont dues aux problèmes de financement entraînées par la crise bancaire, et c’est très possible. Quand on sait que Cauval a grandi par acquisitions ces dernières années, et a donc un montant de dettes non négligeable, on voit bien que c’était un excellent candidat au rôle de victime de la « crampe du crédit » à laquelle nous serons tout soumis quoi qu’il arrive.
Quand, en plus, on comprend que le renouvellement d’un matelas est une dépense non vitale qu’il est facile de repousser de quelques mois, et qu’il est souvent financé par un crédit à la consommation, on se dit qu’entre des consommateurs frileux à dépenser pour cause de crise et des organismes de crédit réticents à prêter pour cause de manque de moyens, les perspectives commerciales de Cauval n’étaient pas des plus porteuses. Même chose pour les cuisines, dont les ventes sont pour partie liées à la construction de logements, aujourd’hui en panne.
Bref, pour ce qui est de notre avenir économique proche, JusMurmurandi ne voit que le choix entre 2 possibilités. La churchilienne: « le sang, la sueur et les larmes », et la dantesque « vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance ».
Sauf qu’après l’hiver, forcément, un jour, viendra le printemps. Ne perdons pas espoir.
La revanche du poovre Monsieur Brung et de la pooovre Europe
octobre 14, 2008 on 6:05 | In Coup de gueule, Economie, Europe, France, International | Commentaires fermésOh, non, ce ne sont pas les déshérités du monde qui sortiront gagnants de la crise actuelle. Les fonds engagés dans le soutien des banques viendront bien de quelque part, et il est clair que la part des pauvres n’en sortira pas grandie.
Non, il s’agit d’un autre genre de pauvres. D’abord, ce pauvre Monsieur Brun. Vous vous souvenez de Monsieur Brun? Celui qui, pour l’éternité, est dans l’ombre de César et d’Escartefigue dans une historique partie de cartes qui contient une des plus célèbres répliques du cinéma français: « tu me fends le coeur ». Et le pooovre Monsieur Brung (prononcer avé l’asseng, sans avoir peur d’en faire des tonnes) de jouer les comparses, un des petits Chose qu’on prend de haut, un peu étranger à toute cette « marseillaisitude ».
En anglais, « brun » se dit « brown ». Et les Britanniques ont aussi leur poor Mister Brown. Un Premier Ministre impopulaire, discrédité, ridiculisé, émasculé, menacé, et pas vraiment à sa place dans le fauteuil de Churchill, de Thatcher ou de son prédécesseur, ex-ami et meilleur ennemi Tony Blair.
Il y a un autre pooovre dans cette histoire, ou plutôt une, c’est notre pooovre Europe. Une Europe qui ne dit rien dans cette crise. Une crise venue des USA, et dont tout le monde attend que ce soit des USA aussi que vienne la solution. Surtout quand chaque pays européen veut sa propre solution au problème. Quand l’Allemagne de Merkel veut régler les problèmes au cas par cas, alors que la France veut un plan global et européen. Et que tout attendent, à un moment ou à un autre, que les européens copient le plan de l’américain Paulson.
Sauf que, de cette pooovre Europe rien ne vient, et que le plan Pauson se met à patiner, conduisant à la panique de vendredi dernier, qui prenait des allures de dernier vendredi.
Dans ce contexte, le plan de ce pooovre Mister Brown pour sauver les banques anglaises ne fit pas les gros titres. Ce d’autant que la situation britannique était particulièrement aventurée. Par la place importante de la finance dans l’économie, par son tropisme américain qui la fit s’engager plus que d’autres européens outre-Atlantique, par la bulle immobilière qui, comme aux Etats-unis, entraîne aujourd’hui une solide gueule de bois bancaire.
Garantir les crédits interbancaires, et investir dans les banques pour les recapitaliser, les nationaliser si besoin était. On attendait déjà l’ironie mordante à la Raimu qui ne pouvait manquer de saluer une si pooovre initiative d’un si pooovre européen.
Une semaine plus tard, l’Europe de l’Euro plus la Grande-Bretagne, c’est-à-dire l’Europe, réunie à Paris, parle d’une seule voix, et annonce un plan d’une ampleur sans précédent pour sortir de la crise. Cette pooovre Europe met sur la table près de 3 fois les capitaux du grand Oncle Sam, et réduit le flamboyant Hank Paulson au rôle de comparse. Lequel Paulson se hâte d’annoncer une modification de son plan pour ressembler à ceui des Européens.
Car le plan européen existe. C’est, à la virgule près, celui du pooovre Mister Brown. Et il suscite une réaction positive sans précédent des marchés financiers. +11% à Paris, Franfort et New-York, +14% à Tokyo. +14% à Tokyo!!! Comment dit-on « brun » en japonais? Il n’y a qu’à Londres que le triomphe est plus « modeste »: +8%.
Chapeau l’artiste! Mister Brown, si le succès se confirme et que votre plan est celui qui aura permis au monde de tourner le dos à l’abîme financier et économique vers lequel il se précipitait, votre triomphe sera le plus dur pour l’arrogance et l’orgueil des seigneurs de la finance. Pensez! Sauvés par la pooovre Europe et le pooovre Monsieur Brun…
RGPP, mon amour
octobre 13, 2008 on 9:04 | In Coup de gueule, Economie, Europe, France, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésOn ne sait plus qui croire.
Après une semaine où chaque jour qui passe les indices des bourses mondiales tombent, chutent, s’effondrent, on ne sait plus à quel saint se vouer.
Un vrai yoyo.
George Bush intervient-il dans le courant de la semaine qu’aussitôt après les indices américains perdent 8% dans la foulée.
Preuve que le politique ne peut pas faire grand-chose pour corriger les erreurs démesurées du monde économique – mais en revanche peut accentuer encore une situation désastreuse.
Bref, chaque jour on est pendu qui à la radio, la télévision ou encore l’internet pour savoir quelle est la tendance.
Tokyo ouvre-t-il en hausse comme indicateur de ce que sera le début de journée en Europe ?
New York ouvre-t-il en baisse, influençant ainsi la clôture du vieux continent ?
Bref, si l’on a perdu de la visibilité depuis le 11 septembre 2001, les dernières semaines ont encore troublé le jeu au point que l’on pourrait s’imaginer dans un épais brouillard où l’on ne sait pas si l’on avance, recule …
Un peu comme la météo.
Un jour il pleut, le lendemain il fait beau, et son contraire. Et on ne comprend jamais vraiment bien pourquoi ni comment.
Comme pour la finance, les indications données nous font penser que nos baromètres domestiques sont à la limite plus fiables, que nous devrions peut être nous tourner vers l’élevage de grenouilles pour voir si elles montent ou descendent de l’échelle et nous aider à prévoir le temps qu’il fera demain.
Car les grenouilles ne coûtent pas le prix des super calculateurs mis à la disposition de Météo France, pour le médiocre résultat précité.
A ceci près qu’aujourd’hui, il ne fait plus aussi bon être à Météo France…Sale temps pour la météo car dans le cadre des RGPP (Révision générale des politiques publiques), le gouvernement a décidé de réduire la voilure et de supprimer 1.500 postes dans les centres départementaux.
Ce qui a bien entendu suscité une grève qui n’aurait été suivie, aux dires de Météo France, que par 15% des salariés.
Car finalement, que l’on fasse des économies sur un service qui n’en est pas un, même le personnel semble avoir compris que cela n’attirera pas le chaland.
Que le soleil continuera de se lever le lendemain, quoi qu’il arrive. Un peu comme dans la finance…
Somme toute, si c’est cela la sanction de la RGPP lorsque l’on n’atteint pas ses objectifs, JusMurmurandi la soutient sans ambages.
Et pose juste une question. Une toute petite question.
Quand est ce qu’enfin on va faire la même chose dans la finance pour tous ces pontes surpayés et inutiles à qui les mêmes rémunérations indécentes continuent à être versées ?
Il n’y a pas de RGPP dans la finance ????
Quand sonne le clairon de la cavalerie…
octobre 13, 2008 on 3:20 | In Best of, Economie, France, International | Commentaires fermésQui n’a jamais vu de western, ces films décrivant la conquête, traitée sur le mode héroïque, de l’Ouest américain par les Blancs au détriment des Indiens?
La scène emblématique de ce genre cinématographique est l’arrivée, annoncée par une sonnerie de clairon, des héroïques régiments de cavalerie chargeant sabre au clair, juste à temps pour assurer la victoire des « bons », très menacés par les « méchants ».
Quel rapport avec l’actualité? Eh bien, c’est justement le clairon de la cavalerie en train de charger qu’ont voulu faire entendre nos dirigeants. D’abord pour rassurer le public comme autrefois les spectateurs de westerns.
Ensuite, parce que les mesures qui vont être mises en oeuvre représentent effectivement une charge de cavalerie, c’est-à-dire, en termes militaires, une manoeuvre audacieuse, mais pas dénuée de risques, pour faire basculer le sort d’une bataille. Et c’est bien de cela qu’il s’agit.
Mais cette charge de cavalerie doit affronter 2 risques. L’un est le scepticisme. Et si, malgré tout, et contrairement aux westerns, la charge de cavalerie ne suffisait pas à assurer une fin heureuse, ce qu’on appelle un « happy end »? On voit mal ce que les gouvernements pourraient faire de plus, vu qu’en matière de contre-offensive contre la panique des marchés, c’est non seulement la cavalerie qu’ils ont fait donner, mais aussi l’artillerie lourde
L’autre risque est que les gouvernements mettent en branle des sommes énormes dont ils ne disposent pas. Ni les Etats-Unis de 700 milliards de dollars du plan Paulson, ni les 480 milliards d’euros d’Angela Merkel, ni les 360 milliards du plan Sarkozy.
Et, comme ils ne les possèdent pas, ils ne peuvent le faire que parce que et tant qu’ils inspirent confiance. Que celle-ci s’évapore, et les plans du week-end prendront l’eau sous les coups des marchés comme les digues de la Nouvelle-Orléans sous les assauts de l’ouragan Katrina.
Il n’en reste pas moins que les gouvernements ne disposent pas des sommes mises en jeu. Et que, utiliser des sommes qu’on n’a pas, cela porte un nom en matière financière.
Cela s’appelle: de la cavalerie.
On voit bien que dans les deux cas de figure, succès ou échec, le sort dépendra de la cavalerie.
Le tout est de savoir laquelle.
Ne croyez pas ce qu’on vous dit, tout-va-bien !
octobre 10, 2008 on 8:38 | In Best of, Economie, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | 2 CommentsMais oui tout va bien. Passons en revue quelques professions pour s’en convaincre.
Pour commencer, la restauration.
Puissamment soutenue par Fortis, la restauration ! Au bord du gouffre, sa direction n’a pas hésité à s’engouffrer dans un trois étoiles monégasque pour faire un repas gargantuesque à 150.000 Euro pour cinquante personnes. Un vrai remake de la « Grande Bouffe », à n’en point douter.
L’hôtellerie ? Bien épaulée par AIG ! Dès que la décision du gouvernement a été prise de la soutenir avec des dizaines de milliards du contribuable américain, un groupe de cadres dirigeants s’en est allé se faire faire des papouilles dans un « spa » californien. Massages, thalassothérapies, rien ne fut assez beau pour les participants qui laissèrent derrière eux une petite facture de…400.000 dollars !
Tout-va-bien, pour les avocats. Imaginons le giga procès qui devait avoir lieu entre Citigroup et Wells Fargo pour ramasser la quatrième banque américaine. Non contente que W-F lui prenne Wachovia à son nez et sa barbe, Citigroup démarrait un procès en dommages et intérêts pour 50 milliards de dollars…A se demander pourquoi ne pas avoir mis un peu plus sur la table en premier lieu et ne pas enrichir cette profession qui a tellement mauvaise réputation aux Etats Unis.
Tout-va-bien pour les médecins qui verront un plus grand nombre de patients déprimés, en mal d’anxiolitiques,
Tout-va-bien pour les psychothérapeutes, qui accueilleront toujours davantage de personnes à la recherche d’un Graal plus éloigné, pour les conseillers/coach qui continueront à prodiguer la bonne parole, à « conseiller ».
Et pour finir, le pétrole continue de baisser et l’Euro aussi face au dollar, gage d’un redémarrage économique qui ne saurait se faire attendre….
Mais peut-être n’êtes vous pas restaurateur, hôtelier, médecin ou encore psychothérapeute ?
Vous voyez avec anxiété les mauvaises nouvelles déferler sans véritablement comprendre l’étendue du désastre, la durée nécessaire à se relever, mais parfaitement conscient qu’il faudra du temps, beaucoup de travail pour se relever, alors que finalement vous n’y êtes pas pour grand chose.
Alors pour vous, JusMurmurandi a décidé de mettre en ligne deux petites histoires, afin que, l’espace d’un instant, vous vous amusiez.
Merci de votre fidélité.
Conseil d’une amie banquière:
Messieurs, faites vous tatouer un Euro sur le sexe!
Ceci vous procurer quatre avantages qu’aucun autre produit financier ne peut vous offrir :
2) Vous prendrez plaisir à toucher votre argent.
3) Vous serez le seul à décidez où vous le placez.
4) Vous ne verrez pas d’inconvénient à ce que votre femme vous pompe vos économies.
Votre conseiller en placement.
Nettoyer les banques et lutter contre le terrorisme?
octobre 9, 2008 on 6:26 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésL’impérieux besoin de nettoyer les banques qui ont mis le système financier de la planète au bord du gouffre est une évidence. Mais il ne suffit pas de les nationaliser sous une forme ou une autre, il faut aussi
- veiller que les responsables soient mis hors d’état de nuire
- veiller que les banques reprennent une activité normale et réamorcent la pompe économique
- veiller que les folies du passé ne se reproduisent pas.
Vous me direz, quel rapport avec la lutte contre le terrorisme? Aucun, bien sûr. Sauf que…
Rappelez-vous le 11 septembre. Quand il est apparu clairement que c’étaient Al-Qaeda et Bin Laden qui en étaient les instigateurs, et qu’ils étaient hébergés par le régime Taliban de Kaboul, la guerre d’Afghanistan a été lancée, et rapidement gagnée.
Mais que faire après?
- d’abord les responsables (Osama Bin Laden et le mollah Omar) n’ont pas été mis hors d’état de nuire, non plus que l’état-major Taliban, si l’on en juge par leur capacité à continuer une guerilla meutrière, ceci 7 ans après le début des hostilités.
- ensuite l’Afghanistan n’a pas repris une existence normale. C’est toujours un pays en guerre, largement civile, et maintenu dans le statu quo par une coalition armée étrangère de grande ampleur. L’essentiel des ses revenus autres que l’aide internationale provient de la culture du pavot, qui sert à produite 85% de l’héroïne mondiale.
- enfin si jamais les armées coalisées venaient à quitter l’Afghanistan, les Taliban reviendraient au pouvoir, mollah Omar et Bin Laden en tête, triomphalement anoblis par leur succès contre les Etats-unis comme contre les Soviétiques en d’autres temps.
Pour ceux qui pensent que ma comparaison est trop artificielle, encore trois points de similitude:
- l’aptitude de notre modèle économique à se trouver périodiquement en crise profonde malgré les leçons apprises des crises précédentes n’est-elle pas comparable aux innombrables tentatives de contrôler l’Afghanistan, carrefour géostratégique important, malgré les cuisantes défaites qui soldent ces tentatives?
- l’émergence des Taliban a été assistée et financée par les USA, qui ont vu en eux la force capable de forcer les Soviétiques à leur première défaite militaire, puis à une humiliante retraite, sans voir que les capacités qu’ils développaient viendraient un jour les frapper à leur tour. La politique monétaire hyper-accomodante, l’émergence des nouveaux produits financiers et la dérégulation qui ont contourné les règles prudentielles édictées pour éviter une répétition de la crise de 1929 ont tous été les enfants de ceux-là même (Greenspan et la Fed, la SEC, l’administration Bush) qui n’ont pas vu le danger à long terme d’une politique destinée à assurer la prospérité à court terme.
- pendant que les pays de la coalition financent un lors programme militaire et humanitaire vers l’Afghanistan, les seigneurs tribaux se remplissent les poches. Pendant que les contribuables financent un lourd programme de sauvetage des banques, les seigneurs de Wall Street continuent de se remplir les poches
- enfin, ces 2 désastres, on a vraiment envie d’écrire ces deux m******s sont marquées par la présidence de celui qui devait être le Président de l’hyperpuissance américaine, mais restera comme le Président-catastrophe, George W. Bush.
Vous avez dit virus?
octobre 7, 2008 on 6:29 | In Best of, Economie, France, Insolite, International | Commentaires fermésL’occasion est trop belle et trop rare pour ne pas la saluer. 2 français viennent de se voir attribuer le prestigieux Prix Nobel, pour leurs travaux dans le domaine des virus.
JusMurmurandi tient à féliciter les récipiendaires, Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi, crédités de la découverte du virus du SIDA.
Un virus qui infecte, mais reste dormant un certain temps, avant de transformer une personne séropositive en malade
Un virus qui se répand, qui mute, et que, même si on peut en freiner l’évolution fatale avec des trithérapies, on ne sait pas éliminer.
Un virus qu’on pensait d’abord cantonné aux populations homosexuelles, caraïbes ou droguées. Mais qui en fait nous menace tous, et a déjà fait 25 à 30 million de morts, et encore au moins autant à venir, soit un total comparable à la plus meurtrière des guerres, la seconde guerre mondiale.
Vous me direz, quel rapport avec les marchés financiers dont JusMurmurandi vous dévoile les affres jour après jour, et ce au lendemain de la plus forte baisse de l’indice CAC40 depuis les 20 ans qu’il existe?
C’est simple. Le manque de confiance frappe les établissements financiers les uns après les autres, en se communiquant de l’un à l’autre. Il reste dormant pendant un moment, puis devient mortel en quelques heures quand la panique saisit les marchés. C’est un virus qu’on croyait cantonné à l’immobilier et aux Etats-Unis, alors qu’en fait il nous menace tous. Pour s’en convaincre, il suffit de voir la baisse de la bourse de Moscou hier, de près de 20%, alors qu’il n’y a aucun lien direct entre les subprimes et les banques russes. On sait en freiner l’évolution avec des nationalisations, mais, comme le montrent les cas Hypo-Real en Allemagne, ou Dexia en Belgique et en France, on ne sait pas l’éliminer. C’est un virus, qui, s’il continue de se développer provoquera tant de cas de ruine que les risques de guerre augmenteront de façon exponentielle, comme lors de la crise de 1929 qui a posé les bases de la seconde guerre mondiale.
Sauf que, là, il n’y a pas besoin de prix Nobel pour isoler et identifier le virus. Mais personne ne sera de trop pour l’éliminer d’abord, puis pour trouver un vaccin pour que le système financier mondial ne reparte plus dans d’aussi effrayants dérapages incontrôlés.
Le syndrome chinois
octobre 6, 2008 on 7:01 | In Best of, Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, France, Insolite, International | Commentaires fermésJusMurmurandi réfléchit à la meilleure manière d’illustrer, de modéliser les spasmes actuels de l’économie, soubresauts qui n’en finissent pas d’en finir, aujourd’hui encore le fameux CAC 40 signant sa plus forte baisse depuis sa création.
En fait, nous avons pensé à un sous-marin, navire qui est sous-divisé en compartiments censés être étanches.
Lorsque tout va bien, les marins peuvent se déplacer librement à l’intérieur de la coque.
Si une avarie survient, en particulier un problème d’étanchéité, les sas qui isolent un compartiment d’un autre sont fermés.
C’est ce qui se passe en ce moment avec les banques. Elles ne se font plus confiance et ne se prêtent par conséquent plus d’argent. Isolement et assèchement des liquidités.
Là où cela devient encore plus grave, c’est que certains compartiments sont en train d’exploser. Cela rappelle étrangement la faillite de certains établissements bancaires.
Pendant ce temps-là, la mer est très mauvaise, agitée; c’est l’environnement boursier, la confiance qui f..t le camp.
Et si de trop gros ou trop nombreux compartiments lâchent, ce sera tout le sous-marin qui coulera.
C’est le « meltdown » de l’économie mondiale; en termes nucléaires, on a aussi appelé cela le syndrome chinois, parce que l’on descendrait directement des Etats Unis en Chine par le trou crée par la fusion nucléaire.
Ce qui n’est jamais arrivé, bien sûr – pour l’instant.
Faut il se rassurer en rappelant que le nom du dernier sous-marin mis en service par la France se nomme…le Vigilant ?
L’Islande est-elle un iceberg?
octobre 5, 2008 on 7:41 | In Best of, Economie, Europe, Incongruités, International | Commentaires fermésUn iceberg, ce morceau de glace géant qui flotte sur et dans la mer, a plusieurs caractéristiques.
D’abord, on n’en voit qu’un petit bout, environ 10%, le reste étant submergé. Ensuite, comme il est fait de glace, il fond graduellement à mesure que sa dérive le met en contact avec des eaux de moins en moins froides. Mais il peut aussi disparaître sous l’effet du réchauffement climatique. Enfin un iceberg présente des dangers évidents pour la circulation maritime
Sur ces 4 caractéristiques, l’Islande toute entière est bien un iceberg. Son système financier a pris des engagements qui ont tellement dérivé qu’une fois qu’on en voit la totalité, on voit tout le pays condamné à la disparition. Ceci, bien sûr, à cause de la fusion des marchés financiers. Et cela va causer quelques naufrages chez ses partenaires financiers…
Fondamentalement, les seules banques commerciales islandaises, c’est-à-dire sans compter les entreprises et particuliers, ont accumulé des dettes équivalentes à 6 fois le PNB du pays. Ce qui correspondrait pour les banques françaises à 10.000 milliards d’euros de dettes. Quand on sait que l’ordre de grandeur des fonds propres des 5 plus grandes banques françaises ressortent à 500 milliards d’euros, on voit bien qu’il leur serait totalement impossible de porter une telle dette.
C’est bien le problème islandais.
Tant que les marchés financiers étaient en bon ordre, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. L’Islande payait des taux d’intérêts plus élevés que partout ailleurs. Il suffisait donc d’emprunter là où l’argent n’était pas cher, au Japon par exemple, pour reprêter cet argent à un taux élevé à une banque islandaise, et une banque d’affaires pouvait encaisser un différentiel de taux d’intérêts substantiel.
Le problème, c’est que, comme toujours et partout, quand un emprunteur paye un taux élevé, c’est pour rémunérer un risque élevé. Et qu’il vaut mieux pour tout le monde que l’usage qu’il fait de cet argent emprunté soit très, très rentable pour pouvoir assumer les intérêts de la dette et son remboursement.
Or les banques islandaises se sont conduites avec cet argent comme des enfants dans un magasin de jouets, accumulant les projets les plus hétéroclites, sans lien ni avec leur géographie ni avec leurs compétences.
Et maintenant que les marchés de crédit interbancaires sont quasiment au point mort, on imagine à quel point il est devenu impossible pour les banques islandaises, très mal notées, pour cause de surendettement écrasant, de trouver le moindre prêteur pour renouveler au moins en partie une dette évidemment impossible à rembourser.
Vous me direz, pas de problème, l’Islande va faire ce qu’ont fait les Etats-Unis, à savoir nationaliser ses banques, ou l’Irlande, qui en a garanti les engagements sans limite.
Le problème, c’est que personne en voit comment cette garantie aurait la moindre valeur, puisque ceux-ci dépassent 6 fois le PNB annuel. Et que donc une bande de banquiers islandais auront réussi dans l’exercice irresponsable de leur métier, à ruiner totalement tous leurs concitoyens.
Bref, financièrement, l’Islande ne peut être un iceberg, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord parce qu’un iceberg fond lentement, alors que l’Islande coule rapidement. Ensuite parce qu’un iceberg est fait de glace, c’est à dire d’eau douce, alors qu’il n’y a rien de doux aux dégâts que va faire le naufrage islandais.
Donc, l’islande, malgré son apparence qui la fait ressembler à un gros iceberg, n’en est pas un. Alors qu’est-ce? Qu’est ce qui est gros, plein de fric, situé en eaux arctiques froides, et qui fonce vers sa disparition rapide?
Vous avez raison, bien sûr.
L’Islande, c’est le Titanic.
Scènes de crise…
octobre 4, 2008 on 6:52 | In Economie, International | Commentaires fermésIl n’est pas toujours facile de réaliser quand un mouvement est indicatif d’une crise profonde, ou quand c’est simplement un phénomène isolé. Ainsi qui eût pu dire que la première manifestation étudiante de mars 1968 donnait naissance au spasme de mai?
Hier a vu 2 de ces phénomènes.
L’un est la déclaration de quasi-faillite de l’Etat de Californie. Cet Etat, qui, s’il était indépendant serait la 7e ou 8e puissance économique mondiale, n’arrive tout simplement plus à refinancer sa dette. Celle-ci est considérable, mais connue et sous contrôle. Donc rien à voir avec de quelconques mauvaises créances au centre de la crise actuelle. Le problème, c’est tout simplement que les banques et autres marchés de crédit ne prêtent plus. Même à l’Etat de Californie. Qui se tourne donc vers l’Etat fédéral pour un sauvetage. Un de plus, un de moins…
Et si l’Etat fédéral traitait la Californie comme une vulgaire banque, et la fédéralisait? Ce serait la fin des Etats-Unis et la naissance de la République américaine. Cela ferait aussi disparaître un échelon administratif, celui de l’Etat, ce qui est comparable à la suppression des départements ou des régions en France, dont on nous dit que cela nous ferait faire des économies.
Indiscutablement, la quasi-faillite de la Californie montre un approfondissement de la crise, et illustre que le phénomène destructeur, ce ne sont plus aujourd’hui les mauvaises créances, mais l’absence de crédit (le « credit crunch », ou « crampe du crédit »).
Autre phénomène. Le Trésor américain avait, en urgence, négocié la reprise de la banque Wachovia, 5e banque de dépôt américaine, par Citigroup. Il s’agissait de reprendre toutes ses activités de banque de détail et de dépôt, mais pas ses activités de marché, et la reprise s’accompagnait de 42 milliards de dollars de garanties fédérales contre des mauvaises surprises dans le portefeuille de mauvaise créances de Wachovia. Un coût évidemment gigantesque pour le Trésor, mais indispensable pour éviter la ruine d’un des plus grands établissements bancaires, avec la ruine de ses déposants, leur panique, et l’effet de dominos qui s’en serait suivi. Ouf! C’était moins une, mais, une fois encore, la catastrophe a été évitée. Jusqu’à la prochaine.
Sauf que hier aussi, on apprend que Wachovia s’est vendue à Wells Fargo, 4e banque américaine. Pour beaucoup plus cher que le prix symbolique offert par Citigroup, pour la totalité des activités de Wachovia et non seulement une partie, et sans un centime de garanties fédérales. Cela montre clairement que Wells-Fargo croit que le pire de la crise est passé. Cela montre aussi que les crises sont une période où on risque de tout perdre, mais aussi un moment de fantastiques opportunités si on est suffisamment brave pour agir dès que la conjoncture rebondit après avoir touché le fond.
Sauf que la vision qu’ont les organismes qui refusent de renouveler la dette à court terme de l’Etat de Californie n’est clairement pas la même que celle des dirigeants de Wells-Fargo qui acceptent le risque de racheter Wachovia pour tenter de forger un 4e géant de la banque US.
Et pour celui qui se sera trompé, l’automne qui s’approche sera celui des matins froids et humides…