Où va le fric (et nous avec)?

août 5, 2011 on 11:43 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, International, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

La crise de la dette s’étend dans le monde entier, parce que les États du monde entier sont surendettés. États-Unis, Japon, Grande-Bretagne, France, Italie, Espagne, notamment. Quasiment tous les grands pays à l’exception de la Chine et de l’Allemagne.

Il y a 3 moyens de « régler » cette dette.

D’abord, la méthode traditionnelle, comme celle que les banques attendent de leurs emprunteurs, à savoir qu’ils mettent de côté une partie de leurs revenus pour payer les intérêts et rembourser le capital. Pour donner une idée d’à quel point cette méthode est irréaliste, le déficit de l’État français (et il n’est pas le pire) atteint de l’ordre de 50% du budget. Il faudrait donc doubler tous les impôts , oui, j’ai bien écrit doubler tous les impôts pour ne serait-ce qu’équilibrer les comptes, sans parler de rembourser, pour un jour être débarrassés de ce poison. Sauf que même cela ne « marcherait pas » parce que, par exemple, une TVA à 39,2% ferait s’effondrer la consommation, et donc les rentrées fiscales. C’est un peu le cercle vicieux dans lequel sont enfermés (mais en moins « hard ») les Grecs.

Ensuite, on peut faire défaut, et ne pas rembourser, ou pas tout. Presque tous les pays d’Amérique centrale et latine l’ont fait, la Russie aussi. Alors, pourquoi pas nous? Le problème c’est que cela ruinerait les prêteurs, c’est-à-dire des centaines de millions d’épargnants qui comptent sur cet argent pour leur retraite. Mais cela ruinerait aussi les banques et la compagnies d’assurance dont les bilans sont pleins de ces dettes dites « souveraines », parce que théoriquement moins risquées que de la dette privée. Et si on ruine les banques et les compagnies d’assurance, l’économie mondiale s’effondre, comme elle a bien failli le faire en 2008, n’en déplaise à ceux qui pensent que les plans qui ont été mis en œuvre étaient (je schématise) des cadeaux à ces *!x***!!! de banquiers. Deuxième impasse.

Enfin, il y a une méthode qui a très bien marché dans le passé, c’est l’inflation. Une bonne poussée d’inflation, disons 7% annuels, pendant une dizaine d’années, et votre dette, en termes réels, est réduite de moitié. C’est ce qui « devrait » se passer, puisque c’est la seule solution possible. Elle est encore facilitée par la masse de liquidités créée par les banques centrales, et notamment la Federal Reserve, et à laquelle il faut attribuer la forte hausse des matières premières alors même que l’économie mondiale est au ralenti dans les deux continents les plus importants (Amérique du Nord et Europe).

Car les États, en enchaînant les déficits comme M. Strauss-Kahn les conquêtes féminines, ont purement et simplement distribué de l’argent créé à partir de rien, sans contre partie, ce qui est la base même de l’inflation. Celle-ci ne s’est pas manifestée parce que, pur hasard, les gigantesques montants des profits accumulés par les entreprises et de l’épargne privée de pays de « fourmis », tels la Chine, le Japon ou la France, ont absorbé ces liquidités orphelines et apatrides sous forme justement de cette dette d’État empoisonnée. Sans ces vases communicants, c’est la culbute!

Or la crise de confiance actuelle a fait chuter les marchés d’actions de 15% en un mois. Ceci grève les bilans des banques et donc l’activité économique au plus mauvais moment. Mais cela fait aussi qu’il va se poser une question aux épargnants: que faire de leur argent? Les actions, en chute? Les obligations de pays « douteux »? Le marché monétaire qui en dollars yen ou euros rapporte moins de 2% par an? Les matières premières qui sont déjà très, et peut-être trop chères?

Là aussi, c’est l’impasse. On voit bien que toutes les principales classes d’actifs où caser son épargne ne sont pas attrayantes. Mais il va pourtant falloir faire quelque chose de ces immenses masses d’argent.

Et de ce que vont en faire les épargnants, à travers les organismes financiers qui les gèrent pour eux, dépend rien moins que notre avenir financier à court et moyen terme.

Le tombeau de l’anonymat

juillet 26, 2011 on 9:29 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Europe, Incongruités, International | Commentaires fermés

Tous les grands crimes ne se ressemblent pas. Parmi les assassins tristement célèbres, certains ont agi dans le but d’éliminer une personne bien définie. Ainsi les assassins de Lincoln, de Kennedy ou de Rabin avaient-ils le sentiment que la mort de leur « cible » serait un « bien ».

Mais d’autres ont agi non pas pour faire « quelque chose » à leur victime, mais pour se faire « quelque chose » à eux-mêmes, la plupart du temps pour se rendre célèbres. Ainsi le massacreur norvégien ne connaissait-il pas une seule de ses victimes. Elles ne lui avaient rien fait. Mais il pensait que le retentissement de son action aurait des conséquences, et, d’abord, de le rendre célèbre.

C’est pourquoi il attendait sa première comparution au tribunal hier pour s’expliquer, « pour que les gens comprennent ». D’habitude, quand un accusé comparaît, s’il est coupable, cela facilite la compréhension de son geste. Et Dieu sait que notre monde a besoin de « comprendre » ce qui s’est passé dans la tête de ce grand blond.

Mais, pour lui, s’expliquer, c’est faire connaître ses idées au monde. C’est bénéficier d’une tribune d’autant plus retentissante que son crime est plus horrible. En d’autres termes, plus que je plonge le reste du monde dans l’horreur, plus il va écouter avec attention ce que je veux dire. La prime à l’effroyable en quelque sorte.

Mais les juges norvégiens ont déjoué son attente, en prononçant le huis-clos. Pas de tribune pour le monstre. Pas d’écho à ses idées. Rien. Le silence de l’anonymat, véritable tombe médiatique.

Bien joué! C’est peut-être la seule vraie prévention de ce genre d’actes. Que tous sachent que cela ne rapporte ni célébrité ni tribune. Que l’horreur n’est pas la porte d’entrée vers la gloire quand le monde ne vous offre pas celle-ci par d’autres moyens.

Par ailleurs, la police norvégienne envisage de poursuivre le coupable non seulement pour assassinat, mais pour crime contre l’Humanité. Avec une peine plus lourde, bien sûr. JusMurmurandi trouve l’idée judicieuse. Si massacrer des dizaines de jeunes juste pour se faire une tribune pour des idées qui, sans cela ne rencontrent aucun écho n’est pas un crime contre l’Humanité, alors je me demande de quelle Humanité il s’agit.

Décidément, ils me plaisent bien, ces Norvégiens!

PS: en accord avec ce qui précède, cet article ne contient pas un seul nom de criminel, mais seulement l’évocation de leurs crimes et de leurs victimes. Pas de publicité pour les salauds!

Le coeur lourd…

juillet 23, 2011 on 1:17 | In Coup de gueule, Europe, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Il y a des jours où bloguer est une joie, et il y a des jours où JusMurmurandi aurait envie de se cacher au fond d’un trou profond et de pleurer, mais où se taire est tout simplement impossible.

La Norvège a refusé par deux fois de faire partie de l’Union Européenne, mais aujourd’hui, ce sont tous les Européens qui se sentent un peu Norvégiens. Une bombe aveugle, comme celles de Paris, de Londres ou de Madrid. Un tireur, qui, lui, loin d’être aveugle, vise et tire tragiquement bien. Le carnage dépasse 90 morts, dont une immense majorité de jeunes. C’est toute la notion d’humanité qui fait naufrage.

Tout de suite, le monde cherche à « donner du sens » pour comprendre l’incompréhensible. Un nom fuse: « Al Qaeda ». Mais l’agresseur présumé est blond et norvégien… Ensuite, sur son blog, des penchants d’extrême-droite, disant par exemple, que les nazis qui refuseraient les chambres à gaz ne seraient pas infréquentables. Puis les titres des journaux, qui parlent d’un « chrétien fondamentaliste ». Son métier: « fermier bio ». Autant de caractéristiques qui n’expliquent rien. Autant d’explications qui n’excusent rien. Autant d’excuses, à supposer qu’il y en ait, qui n’atténueraient en rien la douleur et le deuil.

Alors, oui, vraiment, la seule chose que nous puissions dire aujourd’hui qui fasse du sens, ce n’est pas de vomir le monstre ou les monstres, c’est « Vi er alle av Norske! ». Nous sommes tous des Norvégiens! Ce sont eux qui sont frappés, mais nous sommes tous atteints.

JusMurmurandi s’incline respectueusement devant la douleur de tout un peuple…

Carnage à Oslo

Le tsunami de la dette

juillet 14, 2011 on 8:19 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, International, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Les pays qui ont souffert de la crise de 2008 se sont endettés pour s’en sortir. Tous. Le problème, c’est que ceux qui avaient déjà un budget fortement déficitaire se sont trouvés avec un abîme sous leurs pieds. Et ceux qui, en plus, ou plutôt, en moins, avaient déjà une dette publique importante, constituée d’années de déficits cumulés, se sont trouvés face à une montagne qu’ils ne pouvaient pas rembourser. Voilà pour la photo.

Mais, si on regarde la situation avec une vue dynamique, le film est pire. Parce que ces États ont bénéficié, jusqu’ici, de taux d’intérêts extraordinairement bas. Si tel n’avait pas été le cas, les déficits eussent été encore bien pire, et leur incapacité à rembourser de même.

Vous pensez que je suis en train de vous bassiner, pour la nième fois, de la crise grecque. Eh bien non. Le sort des Grecs est déjà scellé, ils sont bel et bien faillite, et ce sont les créanciers, lire les grands argentiers européens, qui fixent maintenant les efforts à faire de la part du pays exsangue. Pour vous donner une ordre de grandeur, la Grèce verra son économie se contracter de 4% en 2011 du fait de l’austérité requise pour passer d’un giga-déficit structurel à un déficit modeste. On est encore loin du moindre espoir de remboursement de quoi que ce soit.

Alors quel est ce pays menacé? L’Irlande? Non, son sort est aussi réglé que celui des Grecs. Non, je vous parle aujourd’hui de deux groupes de pays. L’Espagne et l’Italie d’une part, la France et les États-Unis de l’autre.

L’Espagne et l’Italie se débattent pour ne pas en arriver là où sont les Grecs. Ainsi Berlusconi, dont toute idée de vertu budgétaire s’accorde mal avec la fibre populo-électoraliste, vient de voter un plan d’austérité de 47 milliards d’euros pour « rassurer les marchés ». Et l’Espagne de même est à la diète.

Alors, pourquoi la France et les États-Unis? Justement par ce qu’ils ne font rien quand les autres font tout pour ne pas succomber. Les Etas-Unis ont un déficit abyssal, constitué grosso modo de phénoménales baisses d’impôts pour les riches votées par Bush et de hausses des dépenses votées par Obama, cumulées avec les effets et méfaits de la crise. Le problème, c’est que les Républicains tiennent le pouvoir législatif et les Démocrates le pouvoir exécutif, et qu’il faut un compromis pour arriver à faire quoi que ce soit. Et de compromis, pour le moment, il n’y a pas trace. Bien au contraire. Les Républicains refusent toute hausse d’impôts, si minime soit-elle, comme la suppression de la niche fiscale pour les avions d’affaires, et exigent que tout vienne d’une réduction des dépenses, notamment des programmes sociaux. Ce qui est exactement le contraire de ce que veulent les Démocrates. Et, comme on en est là, le pays va toucher bientôt le plafond de la dette nationale qui est autorisé par le législateur, et, là, ce sera le chaos si aucune solution n’est trouvée avant, quand l’État sera au point mort, sans services publics, ni fonctionnaires. Les agences de notation l’ont bien compris, qui ont menacé de retirer le fameux AAA, signe d’une solidité financière maximale à un pays si mal géré. Et il ne faudra pas s’en prendre aux agences si la terre tremble dans la planète finance ce jour là.

El la France? Elle avance gaillardement vers un séisme de même nature. Les efforts réels de l’équipe Sarkozy pour réduire les dépenses de l’État ne doivent pas être minimisés, tant ils lui coûtent électoralement, et tant ils sont contraires aux dépenses sans frein des décennies précédentes. Mais ce n’est pas, loin s’en faut, à la hauteur des enjeux. Nicolas Sarkozy le sait, qui avance sur la ligne de crête du « maximum possible », comme il l’a fait avec la réforme, très insuffisante, des retraites. C’est pourquoi il met les socialistes au pied du mur. Du mur de la dette bien sûr, en mettant sur la table la « règle d’or », et son inscription dans la Constitution, qui impose un retour à l’équilibre budgétaire. Pour cela, il faut à la droite au moins 40 voix de gauche. Laquelle gauche n’a aucune intention de voter une telle réforme. Surtout au moment où droite et gauche entament la périodes des cadeaux d’année électorale.

On verra à ce moment-là, qui se soucie sérieusement de ce problème terrifiant, et qui se satisfait de gagner les élections d’aujourd’hui. Qui veut éviter à son pays d’être la Grèce de demain, mais en bien pire, parce que l’Allemagne a les moyens de payer la faillite grecque, mais pas la faillite française, qui aura sans doute été entre temps précédée de l’Italie et/ou de l’Espagne, mais pas la faillite française. A ce moment là, il sera facile de blâmer tel ou tel. Les agences de notation, bien sûr. Les banques aussi. Les hommes politiques enfin. Mais ce serait comme blâmer les dirigeants qui ont concédé la capitulation de Munich face à Hitler? Que pouvaient-ils faire, face un peuple français qui ne voulait à aucune prix se battre?

Quant à inscrire dans la Constitution le principe qu’on ne peut dépenser de l’argent qu’on n’a pas, quelle cruelle et lamentable ironie qu’il n’y ait pas assez de députés et sénateurs courageux, alors même qu’ils se sont bousculés pour voter le « principe de précaution ». Comme si accumuler une telle dette et risquer une telle faillite était le signe de la moindre précaution…

C’est pourquoi, vers 2014-2015, JusMurmurandi changera son nom en « JusMurmurandis ». Cela fera plus Grec…

Journalistes responsables?

juillet 10, 2011 on 12:17 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Europe, France, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Oui, je sais, cette question, venant juste après un article intitulé « banquiers responsables? », a tout de la provocation.

Pourtant, la question mérite d’être posée quand intervient un évènement rarissime, sinon unique. Un patron de presse va fermer un journal, pourtant rentable, pour avoir « dépassé les bornes ».

Le tabloïd anglais « News of the World » paraîtra demain dimanche pour la dernière fois de son histoire. Son crime: avoir publié des informations obtenues par piratage des communications téléphoniques de centaines de gens célèbres.

Ceci n’est pas une première. JusMurmurandi se souvient du piratage de la ligne du prince Charles, disant à Camilla, bien avant leur mariage, ou même la mort de Lady Di, qu’il aimerait tant être ce petit objet intime qu’elle glissait une fois pas mois au plus profond d’elle-même…

Mais le comble a été atteint quand le piratage le touché le téléphone portable d’un enfant disparu, présumé victime d’un enlèvement. Non seulement l’équipe du journal a écouté les messages de plus en plus angoissés des parents, suppliant leur enfant de donner de ses nouvelles, mais elle en a même effacé pour faire de la place quand elle a été saturée. Ce qui lui a permis d’en écouter toujours plus, mais a aussi fait croire au monde que l’enfant était encore en vie à ce moment-là, puisque « quelqu’un » écoutait les messages et en effaçait certains.

En fait, il s’agissait bel et bien d’un meurtre.

Ceci pose crûment la question de jusqu’où les journalistes et les organes de presse qui les emploient peuvent aller trop loin, question qui se pose aussi au même moment concernant l’affaire DSK.

Quel « droit de savoir » a le public, et, par conséquent, quel droit d’enquêter et de publier a la presse? Vous noterez l’expression « droit de savoir », qui est justement celle que les journalistes utilisent à chaque fois qu’ils sont accusés d’en faire trop. Or il n’existe aucun « droit de savoir ». Ni dans la loi, ni dans la Constitution, dans aucun pays. C’est une pure invention médiatique.

Ce qui existe, c’est la liberté de la presse, mais qui est encadrée, notamment par les notions de vie privée et de diffamation.

Là, ce qui a tué le « News of the World », ce n’est pas la conscience morale de son propriétaire, le redoutable groupe Murdoch, c’est le sens bien compris de son intérêt. D’abord parce que des annonceurs avaient décidé de boycotter le journal, ce qui faisait des annonceurs résiduels des cibles potentielles d’un public écœuré (oubliant au passage, que c’est lui, le public, dont le goût pour le sensationnel à tout prix permet à de tels « journaux » d’exister et de prospérer).
Ensuite parce que les victimes d’écoutes ont commencé à se voir attribuer des indemnités significatives par les tribunaux, et que la fermeture du journal permettra aux avocats de Murdoch de montrer qu’il s’agissait tout au plus d’une action isolée d’un groupe de journaleux perdus, et non du résultat d’une politique agressive de tout le groupe de presse.
Enfin parce que le groupe Murdoch essaie de mettre la main sur le réseau de télévision par satellite Sky, laquelle opération, considérable, est suspendue à l’accord des pouvoirs publics britanniques. Pas question de mettre en danger des milliards de livres pour quelques gratte-papiers égarés, n’est-ce pas M. Murdoch?

Et JusMurmurandi de constater avec tristesse qu’il n’est ici, pour « régler » cette affaire, ni de morale, ni d’éthique, ni de loi, mais tout simplement de gros sous. Que disait Napoléon de la Grande-Bretagne? Que c’est une nation de boutiquiers….

Banquiers responsables?

juillet 8, 2011 on 3:19 | In Economie, France, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Oui, je sais, ça ressemble furieusement à une contradiction. Banques et banquiers sont bien présents pour encaisser profits et bonus extravagants quand tout va bien. Mais, que vienne le coup de tabac, et toute menace sur la pérennité des établissements financiers amène les pouvoirs publics de chaque État à prendre le « problème » (lire, les pertes colossales) à sa charge, et le faire payer, non aux banques qui l’ont causé, mais aux contribuables.

C’est exactement le scénario de 2008, sauf en France, où les banques n’ayant pas, sauf deux, sombré dans les plus scabreuses extravagances, n’ont pas eu recours à un « sauvetage d’État », mais bien à des prêts aujourd’hui remboursés et à des taux qui n’avaient rien d’un cadeau.

C’est encore le scénario de la Grèce, que les autres pays de l’Union Européenne vont refinancer. Pas parce que le pays le « mérite », mais parce que ne pas le faire couterait trop cher aux banques européennes qui se sont gorgées de dette grecque, plus rentable que de la dette de meilleure qualité, comme la dette allemande ou française.

Prendre les profits, et repasser les pertes à d’autres, ne voilà-t-il pas une recette parfaite. Faut-il s’étonner que les banquiers recommencent à appliquer une formule qui les sert si bien ainsi que leurs employeurs?

Sauf que, là, quelque chose va changer. La FDIC, organisme public américain qui assure les dépôts et déposants, jusqu’à un certain montant, contre la faillite des banques, vient de faire passer une nouvelle règle. Les dirigeants des banques pourront être tenus responsables, en cas de faillite, sur les salaires et autres rémunérations qu’ils auront touchés. En d’autre termes, s’ils sont jugés coupables de négligence, de défaut d’attention, de prudence ou de compétence, ils pourront être forcés de rembourser tout ce qu’ils auront touché pendant les années mises en cause.

Bien sûr, il ne faut pas attendre que cette seule règle fasse des miracles. D’abord parce que son initiatrice, Sheila Bair, nommée 2e femme la plus puissante du monde en 2008 au cours de la crise financière, quitte le poste auquel elle a été nommée par George Bush. Et ne sera donc pas là pour voir si la FDIC poursuit effectivement les banquiers trop avides de risques aux dépens des autres.

Mais, pour autant, c’est un pas dans la bonne direction. Un principe simple, équitable, et qui pourrait, si elle était importe chez nous, mettre un terme, en France, à la stupide polémique sur les super-rémunérations. Car personne ne conteste qu’une personne dont la performance a immensément contribué à la prospérité générale, via la société qu’il ou elle dirige, soit immensément rémunérée. Ce qui choque, c’est que les rémunérations soient énormes quand les performances sont médiocres, voire tragiques. Et là, le risque de devoir rembourser rendra à la fois les dirigeants moins prompts au risque, et leur rémunération plus justifiée parce que liée à la bonne fin économique de leur entreprise.

Le scandale de dirigeants riches parmi des contribuables pauvres aura pris fin. Merci, Mme Bair!

La calomnie est une venticelle…et devient un crescendo public

juillet 2, 2011 on 11:38 | In Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Tout le monde connait cette magnifique aria de Rossini dans son opéra « le Barbier de Séville » d’après Beaumarchais.
Utilisant son titre, JusMurmurandi revient sur le sujet qui a pris en moins de 24 heures dans les média la place de la libération des otages français, le nouveau développement du procès DSK.

Il aura suffi d’un seul article du New York Times pour créer un tonnerre…d’inepties.

Parce qu’en fait, ce qui s’est passé aujourd’hui était prévisible.

Il était attendu que les avocats de DSK tenteraient de chercher dans les hauts et les bas-fonds de la vie de la plaignante pour essayer de trouver quelque peccadille ou plus de nature à mettre en question sa crédibilité.

Ainsi, Me. Diallo n’aurait pas été (notez le conditionnel) totalement honnête dans sa demande d’asile. Et hop, pour le quotidien américain, elle redevient derechef guinéenne.
Deuxio, elle aurait reçu des virements de montants importants sur son compte de sources douteuses. Et hop, autant pour le secret bancaire.
Enfin, elle aurait communiqué avec un condamné avec pour objectif d’optimiser le rendement de « l’affaire ». Et autant pour le secret de l’instruction.

Entendons nous bien. JusMurmurandi n’entend pas prendre position vis-à-vis de ces « découvertes ».

Simplement de rappeler que ces faits sont totalement hors sujet.

Même si cela a ému le P.S. dont les primaires viennent de débuter à commencer par les Strauss Kahniens qui se sont répartis entre l’homme « normal » et la dame des 35 heures, cela ne change rien au sujet.

L’unique question est de savoir s’il y a eu rapport sexuel consenti ou non dans la suite du Sofitel (car rapport sexuel il y aurait bien eu) ? Bref de déterminer sans l’ombre d’un doute qui dit la vérité.

Mettre en cause la probité de la plaignante, c’était dans les cartes. Alors que les beaux parleurs se calment, et se renseignent, c’est monnaie courante aux Etats Unis.

Le juge Michael Obus n’a pas cédé à ce nouveau « coup de théâtre »…dans un verre d’eau durant l’audience qui vient de s’achever; il a simplement allégé la pénibilité de l’attente de DSK en enlevant l’assignation à résidence et l’obligation de caution. Mais il n’a pas rendu son passeport à DSK.

Par conséquent, respectant le calendrier initial, le prochain rendez-vous est toujours prévu le 18 juillet.
5 jours après la date de clôture des primaires socialistes.

Martine, Ségolène, François, Manuel et les autres peuvent souffler.

Le concert

juin 30, 2011 on 4:09 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

JusMurmurandi est fier que la France ait réussi à faire nommer Christine Lagarde à la tête du FMI.
C’est une performance remarquable à plus d’un titre.
Tout d’abord il convient de saluer sa performance en tant que ministre des finances.
Première femme à ce poste en France, elle fait partie de ceux qui ont occupé le poste le plus longtemps. C’est important à souligner car l’un des problèmes français, c’est sont instabilité fiscale chronique.
Elle a tenu la barre avec détermination pendant la crise financière et contribué à des innovations significatives : loi TEPA pour défiscaliser les heures supplémentaires, et donc détricoter le carcan des 35 heures chères à Martine Aubry, le Grand Emprunt, la RGPPP pour réduire l’endettement, la loi sur l’endettement des ménages pour protéger ces derniers à titre d’exemple.
Avec ces accomplissements, elle était une candidate logique, sans oublier le fait que sa carrière passée aux Etats Unis constituait un « tropisme » comme elle le disait elle même.

Sa nomination a par conséquent donné lieu à un concert, voire même deux.
Le premier est constitué de tous ceux qui ont salué avec chaleur et fierté son arrivée, se réjouissant de voir une femme (première dans le cas du FMI aussi) diriger le Fonds, malgré la sortie peu flatteuse de son prédécesseur.
Prédécesseur qu’elle s’est immédiatement engagée à rencontrer afin d’effectuer un passage de témoin efficace.

Et puis il y a le deuxième concert, celui de ceux qui sont bien mal à l’aise face à ce nouveau succès de Nicolas Sarkozy mais qui se sentent quasiment obligés de mettre leur grain de sel.

A commencer par Martine Aubry, dont la candidature hier a subi l’ombre portée de la nomination de Me. Lagarde.
Omnisciente et grande démocrate, elle s’est empressée de donner ses conseils. « Il faut réguler » déclare t elle ainsi.
On n’en attendait pas moins.

Ou encore Francois Hollande, dont on recherche vainement la mission ministérielle (ou autre) qui lui donnerait l’autorité pour se permettre de donner des conseils.

« Il faut qu’elle comprenne qu’elle n’est plus ministre de Nicolas Sarkozy » dit il, au motif que Christine Lagarde n’a pas la même orientation que son prédécesseur. Et ne doutant de rien, affirme « nous aurons à travailler ensemble après 2012″.

Plutôt que de pouffer devant telle sottise, JusMurmurandi tremble.

M. Hollande prévoirait il donc déjà qu’avec sa « bonne politique », ce serait le dossier de la France qui succèderait à celui de la Grèce sur le bureau du directeur du FMI ???

Les forts en thèmes (de campagne)

juin 30, 2011 on 2:59 | In Elections présidentielles 2012, Europe, France, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Voilà, la campagne présidentielle est lancée! Aujourd’hui le PS démarre ses primaires, qui touchent à leur terme chez les Verts. Borloo se donne du temps, alors que Bayrou, comme Marine le Pen, a déclaré ses intentions depuis longtemps, et personne ne doute que Nicolas Sarkozy sera candidat à sa propre succession.

Jusqu’il y a peut-être trois mois, les thèmes de campagne prévisibles étaient le chômage, le pouvoir d’achat la justice sociale, la sécurité. Bref, du classique de chez classique en France.

Et puis voilà des événements inattendus se sont produits, et tout est chamboulé. 4 séismes très différents, et tout est à refaire pour les auteurs de plateforme électorale.

Premier séisme, qui démarre à la fin de l’année dernière, qui déracine les autocrates tunisien et égyptien et en déstabilise de nombreux autres. Du coup, Michèle Alliot Marie, invitée récente du despote BenAli doit s’en aller, et la liste des obligés du leader tunisien va s’allonger dans de prochaines publications dans la presse? Et voilà la moralité en politique qui s’invite dans la campagne, en même temps que celui des immigrés et réfugiés.

Deuxième séisme, au sens propre, qui ravage une région du Japon et déclenche un tsunami meurtrier qui rend commun et sale le nom propre de Fukushima. Et voilà l’avenir -ou non- du nucléaire qui devient un thème majeur sur lequel les candidats devront dire leurs convictions et faire entendre leur différence.

Troisième séisme, qui sidère les Français et fracasse le favori des sondages, l’arrestation et l’inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour le viol d’une femme de chambre à New-York. Cette affaire, le rôle discuté de la presse, qui savait plus ou moins et n’a rien dit, la mise en examen de Georges Tron, les accusations non nominatives de Luc Ferry, et la liste n’est certainement pas plus close que celle des invités des dictateurs, et voici la vie privée, jusqu’ici taboue en France, et les mœurs au cœur de la campagne.

Quatrième séisme: malgré un plan d’aide de 110 milliards d’euros il y a quelques mois, la Grèce va faire faillite d’ici quinzaine si elle ne reçoit un nouveau plan d’aide, lequel ne lui sera accordé que contre un nième plan d’austérité, par rapport auquel les efforts français de maîtrise de son déficit font figure d’homéopathie comparée à une chimio lourde. Et voilà la problématique de la dette qui va sérieusement limiter les capacités de nos candidats à promettre tant et plus, ce qu’ils auraient sans cela tous fait sans la moindre vergogne.

Alors, quelle conclusion tirer de ce bouleversement des thèmes à venir? Qu’il y a encore 11 mois jusqu’à l’élection. Loin de prédire quel en sera le résultat, JusMurmurandi prédit que ces onze mois seront, selon toute probabilité, aussi pleins d’imprévus que les quelques mois qui viennent de s’écouler…

Qui l’eut cru ?

juin 21, 2011 on 10:49 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, France, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Commençons par un sujet léger, Airbus manque de chance en ce début de salon du Bourget 2011.
Après avoir retiré l’A400M du programme des présentations à cause d’un paramètre moteur qui donne des soucis, voici l’A 380 d’Airbus qui se fait accrocher un bout d’aile au roulage.

Heureusement, un 380 de Korean airlines est là pour prendre la relève au pied (à l’aile?) levé. Sinon, on n’aurait vu que des présentations statiques du constructeur européen. Qui l’aurait cru?

Le parti communiste fait partie de moins en moins du paysage politique français.
Pesant plus de 20% des voix après la guerre, même si de 1939 à 1941, le PCF suivit la voix de Moscou sur la voie du pacte germano soviétique, c’était un parti important. On ne peut repenser qu’avec émotion aux prestations télévisées de George Marchais dans les années 70.
Pour cette raison, il n’a que très rarement « manqué » une élection présidentielle.
Les temps ont bien changé.
Le Mur est tombé, le PCF ne peut plus compter sur Moscou pour se financer et l’électorat est tombé à près de 2%, avec « l’aide » incontestable du PS.
Aujourd’hui, c’est une nouvelle page de la descente qui se tourne avec le fait que le PC ne sera pas directement représenté en mai 2012.
Ce sera le front de gauche qui représentera les électeurs socialistes, avec le tonitruant Jean Luc Mélenchon,ex-socialiste, donc ancien membre d’un parti qui a dépecé le PC.
Marchais doit se retourner dans sa tombe.

Caca nerveux la semaine lorsque l’exécutif a décidé de ne pas renouveler le mandat d’Anne Lauvergeon, dite « atomic Anne ».
Un membre du PS a été jusqu’à dire que Sarkozy « recommence à se croire tout permis »(Jean-Marie le Guen).
Ces braves gens devraient prendre des cours de droit.
D’une part, elle n’a pas été virée comme certains l’ont dit puisque son mandat arrivé à échéance n’a simplement pas été renouvelé; de plus, Sarkozy a choisi la continuité en demandant au Directeur général de prendre la suite.
Mais bon tout n’est il pas utilisable et même exploitable lorsque l’on veut faire de l’antisarkozysme primaire.

Dans un registre plus croustillant, JusMurmurandi a suivi les péripéties d’un membre du Congrès américain qui envoyait des photos olé olé à des femmes.
Excuses plates dans un premier temps, avec assurance de non démission, et démission dans un second.
Nancy Pelosi a même demandé une enquête pour déterminer si les photos ont été envoyées avec son téléphone et son ordinateur de fonction….
Et pourtant, il n’y a pas mort d’homme, comme on dirait en France…

En Tunisie, le procès de Ben Ali commence…sans Ben Ali.
90 chefs d’accusation.
Clamant qu’il avait été obligé de partir par « ruse », Ben Ali affirme qu’il n’a rien fait de ce qui lui est reproché. S’il avait dit autre chose, qui l’eut cru?

Un rapport vient d’être publié sur Fukushima, disant que la centrale était très mal préparée en cas de catastrophe. Quelle surprise.
On se croirait en France avec tous les rapports qui se sont empilés sur l’impérative nécessité de remonter l’âge de la retraite jusqu’au printemps dernier.

Ben Laden mis hors d’état de nuire, les Américains seraient en train de préparer leur sortie d’Afghanistan et de négocier avec les Taliban.
Il y a encore six mois, qui aurait pu croire que les Américains allaient se mettre à table avec leurs…anciens alliés du temps de l’invasion soviétique ???

Gardons le meilleur pour la fin, rares ont été ceux qui ont apprécié l’humour corrézien de Jacques Chirac. Sa fille Claude se serait même rendue à l’Elysée pour s’expliquer avec Nicolas Sarkozy, bien mis à mal tant par le propos que le livre paternels.
Mais il en est un autre qui l’a bien mal pris.
Celui qui n’est ni Sarkozy, ni Juppé, ni bien sûr Hollande.
On écoute son ancienne âme damnée…

Braguettes des puissants de tous pays, unissez-vous!

juin 7, 2011 on 5:52 | In Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Non, DSK n’est pas seul. Mais il ne s’agit pas de sa comparution devant le tribunal de New-York, pour laquelle il a été, bien entendu, entouré de son armée d’avocats vedettes. Ni de son activité politique, puisque le PS continue de le consulter par téléphone, semble-t-il. Encore moins de sa famille, compte tenu du soutien appuyé qu’il reçoit de sa femme Anne Sinclair et de sa fille Camille.

Non, DSK n’est pas seul à avoir quelques soucis avec des accusations d’activité sexuelle illégale.

George Tron, d’abord, qui a du démissionner du gouvernement, et qui a vu son propre directeur de cabinet confirmer les accusations contre lui.

A New-York ensuite, où un homme d’affaires égyptien de 74 ans, ancien président de banque, est lui aussi accusé d’avoir tenté de violer une femme de chambre du luxueux hôtel Pierre. Inutile de dire que le cas DSK, arrivé juste avant lui, ne doit pas lui faciliter une issue simple de son embrouille.

Aux États-Unis toujours, John Edwards, ancien colistier de John Kerry et candidat à la vice-présidence, a été renvoyé devant le tribunal pour avoir dépensé des centaines de milliers de dollars de fonds de campagne pour dissimuler sa liaison avec une maîtresse pendant que son épouse mourait d’un cancer. John Edwards, qui risque des années de prison en cas de condamnation, nie avoir commis quoi que ce soit d’illégal.

En Suède enfin, des accusations contre le roi fleurissent, qui l’accusent d’avoir fréquenté des boîtes de strip-tease, eu une maîtresse, beaucoup apprécié les films porno et beaucoup fréquenté des « jeunes femmes ».

Sans compter, bien sûr, l’inénarrable Berlusconi et ses parties fines de « bunga-bunga », dont le procès reprend pour avoir, selon l’accusation, payé et consommé les services d’une prostituée mineure, la jeune Ruby.

Et si le roi de Suède, l’homme d’affaires égyptien et l’ex-ministre français étaient des victimes non seulement de leur hyper-activité côté braguette, mais aussi de « l’après Strauss-Kahn »

Faute d’avoir réformé le système financier mondial, celui-ci restera peut-être comme celui qui aura réformé les pratiques sexuelles des hommes politiques du monde. Pas tout à fait aussi grandiose, ni glorieux, peut-être. Mais, après tout, si l’on en croit sa réputation « d’homme qui aime les femmes », n’est-il pas au moins aussi « fine gâchette » que grand financier?

Super Menteurs!

juin 4, 2011 on 4:58 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Qui s’en souvient? François Mitterrand avait, pour être élu en 1981, promis une « autre politique », très à gauche, avec 39 heures de travail au lieu de 40, 5 semaines de congés payés au lieu de 4, nationalisations, impôt sur la fortune, etc…

Le résultat? 2 ans et trois dévaluations plus tard, la France, exsangue, prend le tournant de la rigueur. Mais une rigueur jamais avouée et encore moins assumée, toujours masquée par des artifices de vocabulaire qui ont pu donner à leurs auteurs l’illusion qu’ils faisaient illusion, mais qui n’ont pas trompé une seconde les Français, qui ont infligé à cette gauche qui faisait, sur les ruines de ses rêves, une politique de droite, une franche déculottée dès les législatives de 1986.

En 1995,Chirac est élu sur le thème de la « fracture sociale ». Dès deux ans plus tard, les Français, voyant bien que ce thème n’engageait pas du tout le Premier Ministre , Alain Juppé, ou la politique qu’il menait, votent pour les socialistes lors d’une dissolution calamiteuse pour le camp qui l’avait imaginée (Dominique de Villepin fut son architecte en chef). Auparavant, on avait eu un épisode de tragédie grecque entre les deux amis de trente ans, Chirac et Balladur, qui s’étaient juré une alliance éternelle, pour mieux se déchirer devant l’attrait d’accéder à la fonction suprême.

Mais aujourd’hui, on n’en est plus à ces petits jeux d’éloquence masquée. On a droit à des mensonges francs, froidement, les yeux dans les yeux. Les Français en avaient déjà eu des échantillons, comme celui de François Mitterrand jurant qu’il n’avait jamais reçu la francisque, alors qu’il avait été décoré par Pétain lui-même. Ou François Mitterrand encore, et Chirac, déjà, s’accusant mutuellement de mensonge sous les yeux des caméras pendant le grand débat pour les présidentielles de 1988. Chirac donna l’impression d’être estomaqué par l’aplomb de Mitterrand au sujet d’un iranien libéré par Paris malgré une vilaine affaire de terrorisme.

Car lundi, au tribunal de New York, il va y avoir deux versions qui vont se contredire frontalement. Celle de DSK, le « non-coupable », et de son accusatrice, la « victime ». Quelqu’un va mentir. Comme Georges Tron et ses accusatrices ne disent pas tous les trois la vérité. Ou bien c’est lui, ou ce sont elles. Et je pourrais multiplier les exemples.

Ce qui est nouveau, et qui fascine JusMurmurandi, c’est le rôle des média. La télévision, notamment, si longtemps instrument de vérité, que ses programmes d’actualités ont été appelés « informations », comme s’il ne pouvait s’agir que de vérités et non de possible désinformation. Les Français, comme les autres citoyens de démocraties modernes ont acquis le réflexe de « c’est vrai puisque c’est à la télévision ». Et maintenant, sur Internet aussi, alors que ce média est totalement incontrôlé et probablement incontrôlable.

Le résultat: Airbus qui explique que « son avion n’est pour rien » dans l’accident du Rio-Paris (228 morts). Lire: donc, si ce n’est pas l’avion, ce sont les pilotes, donc Air France. Pendant ce temps-là, Air France souligne que les procédures Airbus pour récupérer un a vion qui a décroché ont changé depuis le crash. Donc ce ne sont pas les pilotes, mais l’avion et ses procédures.

Pendant ce temps-là, le général serbe Ratko Mladic, accusé d’avoir été le « boucher de Srebrenica », déclare qu’il « n’a rien eu à voir avec ça », et « qu’il trouve ces charges odieuses ».

Et la FIFA, Fédération internationale de football, devenue une très grosse machine financière, où chacun accuse l’autre, qui l’accuse en retour, de corruption, tout en se déclarant d’une honnêteté, d’une loyauté et d’une transparence exemplaires.

Alors, en 2012, qui va gagner? Celui ou celle qui mentira le plus, le plus effrontément, le plus froidement? Ou celui ou celle qui, justement, mentira le moins?

Le concombre masqué

juin 2, 2011 on 5:10 | In Best of, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

14 morts, des centaines de personnes hospitalisées. Mais pourquoi ?? Qui se cache derrière E Coli ???

Des journalistes en mal de sensationnel ? Fukushima ? Oublié ! femme de chambre DSKressée? Introuvable ! Il faut DSKpitaliser sur ces nouveaux auditeurs qui sont rivés devant leur écran afin de maintenir l’audience. Comment ? On imagine une nouvelle DSKlamité même si aujourd’hui on n’est en fait pas sûr que ce soit les concombres espagnols. Les producteurs de ces derniers se disent spoliés, parce que plus personne ne veut acheter leurs produits et estiment leurs pertes à 200 millions d’Euro par semaine.

Al Quaeda ? l’organisation terroriste veut venger la mort de Ben Laden, DSKnardé par l’armée américaine alors qu’il n’était pas armé.

L’Iran ? alors que Me. Merkel se dirigeait vers l’Inde, son avion a déjà été empêché de survoler l’Iran, pour la punir de ses positions anti Téhéran. De là à imaginer qu’Ahmadinejad empoisonne quelques concombres destinés à l’Allemagne pour envoyer tout le monde au DSKbinet….

Les agriculteurs espagnols ? justement parce que l’économie ibérique se porte mal, ils DSKtapultent ce cauchemar en haut de l’affiche (nous n’irons pas jusqu’à suggérer qu’ils ont empoisonné leurs cucurbitacées…) pour obtenir des subventions de Bruxelles alors que la consommation de leurs produits est déjà en baisse. De plus, ils réussissent à détourner l’attention des journalistes DSKptivés par les « indignés » de Madrid.

Les défenseurs des radars sur les routes françaises ? afin de montrer que ce que les journalistes appellent déjà un DSKtaclysme sanitaire majeur à l’échelle de l’Europe ne représente qu’un « petit » week end sur les routes nationales.

Air France et Airbus ? afin que l’on ne parle plus du rapport du BEA sur l’accident du vol 447 Rio Paris, resté DSKbré trop longtemps, et des 75 corps qui ont été remontés à la surface (et non repêchés comme l’annonce si si délicatement la dépêche AFP) depuis la fin mai.

Les éleveurs de bovins ? ils veulent se venger de la DSKlomnie qu’ils ont subie lors de la vache folle, et se refaire une santé sur le dos des maraîchers espagnols.

Les descendants de Nungesser et Coli ? on ne leur aurait pas attribué le premier vol transatlantique, en couvrant Lindbergh de DSKlicots indus, alors que des témoignages tendent à soutenir aujourd’hui qu’ils ont en fait été les premiers à traverser l’océan dès le 9 mai 1927.

Mais voici qu’arrive Luc Ferry qui envoie les concombres à la casse, tandis que commence une nouvelle DSKcophonie. C’est la DSKricature de l’information.

« Page précédentePage suivante »