Baisers volés, Judas, Clearstream, Piquet, et les repentis…

décembre 17, 2009 on 9:49 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

Il y a des baisers amoureux, à la mode des photos de Doisneau ou de films d’Hollywood. Des baisers d’adieu dramatiques, comme celui qui précède le meurtre mafieux. Il y a aussi le baiser de la mort, comme celui de Judas, qui dénonce Christ aux Romains.

C’est ce dernier genre qui a été mis en œuvre par un informaticien de la filiale suisse du géant HSBC, quand il a transmis au fisc français une longue, très longue liste de titulaires étrangers de comptes en Suisse. Lequel fisc français va en faire l’usage que prescrit sa fonction, c’est-à-dire faire payer des impôts aux fraudeurs et autres évadés.

Mais aujourd’hui la Suisse se rebiffe et renonce, pour l’instant, à signer l’accord de co-opération fiscale avec Paris.

Il faut dire que la liste en question est indiscutablement volée. Comme ont été volées les informations des fichiers Clearstream qui ont donné lieu aux poursuites que l’on sait.

Ce qui pose une vraie question de droit. Est-il possible (ou normal, ou juste) de se servir du produit d’un délit ou d’un crime?

Deuxième question: est-il possible (ou normal, ou juste) de rémunérer un délateur d’une façon ou d’un autre?

Ainsi Alain Marland, français réfugié fiscal en Suisse a-t-il dénoncé à la justice américaine une turpitude (au regard de la loi américaine) du Crédit Lyonnais dans l’affaire de la reprise par François Pinault d’Executive Life. Au final cela aura coûté au contribuable français 600 millions d’euros plus les frais, somme dont Marland a le droit de recevoir 10% comme récompense.

Autre exemple de délation rémunérée, Nelson Piquet Junior, pilote de Formule 1 pour Renault, qui a dénoncé l’accident bidon monté pour faire gagner le Grand Prix de Singapour à son coéquipier Fernando Alonso. Tout le monde a été condamné, sauf le délateur, protégé par l’immunité négociée à l’avance.

Enfin la justice, notamment en Italie et aux États-unis, offre à ceux qu’on appelle les « repentis » une combinaison d’amnistie et de nouvelle vie

Éric Woerth, le dit clairement, en tant que Ministre du Budget, comment aurait-il pu ne pas utiliser cette liste?

Sur le fond, il n’y a personne pour défendre les comptes secrets en Suisse, sauf les Suisses, bien sûr. Mais il est clair que laisser un pays utiliser sans frein le produit des délits et des crimes, c’est le rendre complice, et c’est inacceptable.

En fait, il semble que la faute d’Éric Woerth, ce soit surtout d’avoir clamé partout qu’il détenait la fameuse liste pour faire peur aux fraudeurs et les amener à la fameuse cellule de dégrisement de Bercy.

Quand on se compromet avec des voleurs, même pour une juste cause, il faut le faire le plus discrètement possible…

Quant au délateur, qui se sent un rôle juste et moral, il aurait bien fait de se renseigner avant sur l’ingratitude de la société humaine. Non seulement il va tout droit à une condamnation pénale en Suisse, mais je doute fort qu’une entreprise veuille employer un informaticien qui se donne le droit de trahir et de voler son employeur, fût-ce pour une cause qu’il juge bonne. Après tout ignorait-il vraiment tout de la nature des fonds gérés par les banques suisses quand il a accepté le de travailler chez HSBC?

Ni M. X, ni Gabriel Aranda, ni Nelson Piquet Jr n’ont survécu, professionnellement parlant, à leur délation. Le baiser qu’ils ont donné, ils en ont été la première victime.

Un Grand Emprut pour une Grande Cause

décembre 16, 2009 on 10:01 | In C'est ça, Paris?, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Poil à gratter | 3 Comments

Le Grand Emprunt de Nicolas Sarkozy se voulait avoir des accents gaulliens, avec, en référence, les programmes Airbus, Ariane, ou les centrales nucléaires, où l’intervention de l’État a eu un rôle moteur dans ce qui sont devenu des succès planétaires.

Mais JusMurmurandi doute que l’Histoire soit assez bonne fille pour repasser les plats. Et ce pour plusieurs raisons.

D’abord parce que la France vit dans le cadre européen, lequel cadre interdit toute distorsion de concurrence. Or c’est justement ce que recherche le Grand Emprunt, de déplacer le curseur. De préférence vers l’avant…

Ensuite, parce que le premier poste, auquel seront affectés 11 milliards, est celui de la recherche. Un poste théoriquement déjà largement doté par la réforme précédente. Un poste dont l’inefficacité comparée à nos concurrents suscite un mélange d’hilarité et de consternation. On connaît la célèbre citation sur notre système qui emploie des chercheurs et non des trouveurs…, certains n’ayant ni publié ni breveté pendant des décennies…

Puis parce que le Grand Emprunt rassemble sous le parapluie commun des fonds publics des thèmes divers, automobile électrique, énergie verte, aussi bien que des segments de l’économie: recherche, ou PME innovantes. C’est la garantie de pouvoir « être présent » sur les fronts dont l’avenir semble devoir être fait, mais ce n’est pas la façon dont ces projets devraient être menés. Quel rapport entre l’énergie, où règne un tandem fortement régulé de clients écrasant, EDF et GDF, et l’automobile, où les acheteurs sont individuels? Quand aux PME, seront-elles éligibles seulement si elles sont dans des secteurs prioritaires?

Face à ce mélange d’intentions et d’incertitudes, JusMurmurandi voudrait faire une suggestion qui ralliera tous les suffrages. Un projet dans un secteur où les Français sont un des leaders mondiaux, et, qui plus est, dans le segment « vert » de ce secteur, ce qui ouvre de vastes perspectives à l’exportation. Un projet dont la rentabilité financière est garantie. Un projet qui va améliorer la qualité de vie de millions de Français.

Le secteur, ce sont les transports. Le segment, ce sont les transports en commun. Le projet, c’est l’automatisation complète de la conduite de RER. Quand on sait qu’ils ne conduisent que 2h50 par jour, et partent à la retraite à 50 ans, on imagine combien les conducteurs coûtent à la RATP et à la SNCF. Il en découle l’économie à attendre de ces nouveaux systèmes, dont la technologie existe déjà.

Quand au service pour les usagers, il n’y a qu’à leur demander ce qu’ils en pensent. A ceux de la ligne A, par exemple.

RER

1984 en 2009

décembre 15, 2009 on 5:07 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Nous avons déjà parle de 1984 de George Orwell et comment l’état décrit dans ce livre place des téléviseurs dans tous les foyers pour les espionner.

Avec Internet, c’est encore plus facile.

En 2009, les habitants des pays occidentaux, s’ils disposent de télévisions chez eux, n’ont même pas besoin d’être suivis, écoutés etc.

Ils vont a la confession « électronique » d’eux mêmes, racontant leur vie, montrant des photos de leurs familles, amis et tout autre détail sans la moindre pudeur, ou même réflexion quant à la destination éventuelle de ces informations quelques fois « sensibles ».

JusMurmurandi a récemment aborde le sujet de cette femme dont la couverture chômage a été purement et simplement annulée par sa compagnie privée au Canada, après qu’elle ait mis en ligne des photos de vacances avec des Chippendales pendant qu’elle était théoriquement en cure pour soigner sa « dépression ».

Bref, pas besoin d’épier, il suffit de lire tout ce que racontent les uns et les autres. Sur le site le plus fameux, Facebook, il y aurait déjà plus de trois cent millions d’abonnés enregistres.

Nombreux sont ceux qui s’y enregistrent non pour donner mais pour recevoir (organismes publics, police, cabinets de recrutement etc….)

Et la ou cela se corse, c’est que ces sites peuvent aussi être la cible de cyberattaques, comme n’importe quel site internet.

On a vu apparaitre des messages prétendument envoyés par un abonne a tous ses « amis » pour vanter de la lingerie ou autre produit ne faisant pas nécessairement partie de son quotidien, en particulier si certains des « amis » sont des relations professionnelles.

Et quelle est la seule solution dans ces cas quelque peu embarrassants?

Envoyer un courriel pour expliquer aux uns et aux autres que son compte a été détourné…Mais suivant le proverbe que crachez, il en reste toujours un peu, allez expliquer a tous vos « amis » que vous n’y êtes vraiment pour rien. Et les uns et les autres se retrouvent un peu honteux….

D’après un éditeur de logiciels anti virus, 21% des utilisateurs d’internet annoncent avoir été la cible de programmes malicieux sur des sites « sociaux »

Clairement pour JusMurmurandi, ces sites de liens sociaux représentent un danger dont les abonnes ignorent les conséquences.

La garantie des données n’est pas assurée, la pérennité financière de ces sites non plus, et tout ceci alors que les uns et les autres y racontent leur vie comme de jeunes enfants écrivent leur journal dans un cahier en papier, ignorant la diffusion incontrôlée et incontrôlable de l’internet.

JusMurmurandi parlait en début d’article de confession. On sait les dérives qu’ont pris les aveux a certains confesseurs sans foi ni loi.

Si vous êtes enregistre sur l’un de ces sites, et y déposez vos secrets, pensez y avant de tout raconter….

Taxi !

décembre 14, 2009 on 9:51 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Voilà bien une confrérie à défaut d’un autre terme qui fait souvent couler de l’encre.

Si les Parisiens envient les taxis de Londres pour leur espace intérieur, leur confort avec les cinq places disponibles et surtout leur très faible rayon de braquage (le tout étant défini par un cahier des charges très strict dont on imagine mal que le maire de Paris aurait le courage de vouloir en imposer un un jour aux taxis parisiens), c’est une toute autre affaire de taxi qui déchaîne les Britanniques en ce moment.

Car nos voisins et néanmoins amis ont décidé de faire une petite introspection et regarder de près comment les hommes politiques de l’époque ont pu lancer le pays dans un conflit aussi désastreux que celui qui se déroule aujourd’hui en Irak.

Car en dehors de la responsabilité de l’Etat français lors du deuxième conflit mondial, il est bien une décision pour laquelle JusMurmurandi soutient les deux mandats de Jacques Chirac, c’est celle de ne pas suivre George W. Bush dans sa vendetta teintée de « je vais prouver à papa que moi je peux le faire, moi » pour aller déloger Saddam Hussein de la tête de l’état irakien.

Rappelez vous, l’Onu et Mohamed el Baradei font une enquête approfondie pour voir si Saddam ne serait pas à la tête d’armes de destruction massive de nature à déclencher un conflit majeur 45 minutes après que le Saddam en donne l’ordre.

Si la perspective était terrifiante, il est parfaitement clair qu’elle était tout aussi infondée. Et que ce faisant, l’équilibre précaire qui existait dans la région a été profondément bousculé, tandis que les Américains lâchaient un allié historique, à la tête d’un état laïc, face à un Iran religieux ne rêvant que d’une chose, d’en découdre une bonne fois pour toutes avec Saddam, manoeuvre qui avait échoué lors du non moins sanglant conflit Iran Irak.

Et ceci nous allons le payer, nos enfants et peut être nos petits enfants aussi.

Il est donc rassurant d’une certaine mesure de se dire que tant à ce que cette décision désastreuse ait été prise, on veuille, enfin, près de 7 ans après, enquêter sur comment les dirigeants de l’époque (Bush et Blair) ont pu engager leurs pays dans une voie aussi impensable.

Car il faut se rappeler que la raison sensée justifier cet engagement, c’était les armes de destruction massive. Pas de chasser un dictateur sanglant; car pour cela il suffisait, comme il est toujours possible d’ailleurs, de « s’exercer » en Corée du Nord ou à Cuba.

Or, comme chacun sait depuis, d’armes de destruction massive on n’en trouva pas plus que l’Onu, c’est à dire pas plus que de beurre en broche. Aucune.

Mais d’où venait l’information sur ces prétendues 45 minutes nécessaire à la mise en route d’un conflit bactério chimique? Car c’est là que le bât blesse, c’est sur ce point central que l’on se rend compte à quel point les deux dirigeants ont pu raconter n’importe quoi pour justifier leur décision.

D’après les sites d’information britanniques qui suivent le procès, cette information, capitale rappelons le, aurait été entendue au cours des deux années précédant le conflit par un chauffeur de taxi à la frontière jordano irakienne.

Bref, on est en plein téléphone arabe….

Et dire qu’il y a encore quelques semaines, Tony Blair était encore un candidat jugé respectable pour prendre la tête de l’Union européenne.

Et le même Blair de dire aujourd’hui, au même procès, qu’il était nécessaire d’abattre Saddam Hussein. Et justifier les milliers de morts alliés, et les centaines de milliers de civils irakiens aussi peut être ???

Car s’il était un fou sanguinaire comme décrit par ses détracteurs, jamais au grand jamais il n’aura commis autant de crimes que Bush et Blair réunis.

Ouf, on l’a échappé belle, et pour sa part, JusMurmurandi préfère largement Van Machin à la tête de l’Europe.

Collision mortelle dans la Russie de Dimitri et Vladimir

décembre 13, 2009 on 2:53 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2007, Europe, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Notre justice n’est certainement pas exemplaire, Ségolène Royal n’avait elle pas, à mots couverts, critiqué sa lenteur?

Nombreux procès qui se terminent en quenouille, comme par exemple le procès intenté encore récemment à Air France pour la mort d’une de ses hôtesses tombée d’une rampe d’accès qui avait été retirée trop brutalement pas un des agents du sol. Ou encore dans le pénible dossier de l’accident de l’Airbus du mont Saint Odile (le fait qu’il s’agisse de deux faits aéronautiques est une coïncidence) où ni la compagnie aérienne, ni le constructeur n’ont été condamnés pour ce qui  s’est passé. Ce ne fut qu’une mort accidentelle, rien de plus, rien de moins. Ou encore dans le douloureux dossier AZF qui visiblement restera un hasard malheureux, même si cela s’est passé juste quelques jours après le 11 septembre 2001.

Gageons qu’il en sera de même dans le cas de l’incendie du tunnel sous la Manche il y a bientôt un an, pour lequel « tout le monde » se satisfait du fait que l’échauffement des freins d’un camion puissent ravager le tunnel à  tel point qu’il faut six mois pour le réparer…l’accident ayant eu lieu le 11 septembre 2008

Non, rassurez vous, JusMurmurandi ne fait pas partie de ceux qui croient à la théorie du complot pour autant. Mais il ne faut pas non plus nous prendre pour des crétins de façon trop visible.

S’il s’agissait de journalistes, par contre, gageons que la réaction serait tout autre. C’est un peu ce qui s’est passé avec Magomed Yevloyev, qui eut le mauvais goût de fonder le principal site internet d’opposition en Ingouchie, région limitrophe de la tristement célèbre Tchétchénie.

Arrêté en août 2008, il mourut « accidentellement » pendant son transfert dans une voiture de police. Le policier accompagnateur, qui porte le même patronyme que la victime, vient d’écoper de deux ans de prison seulement, malgré la mort d’homme.

Mais oui, comprenez vous, ce ne fut jamais qu’un accident: ainsi la thèse officielle retint pour justifier la faiblesse du verdict, qu’il y avait juste eu « collision entre la victime et le canon du pistolet » !!!

Quel beau jugement…..

Modération, taxation, piège à cons

décembre 12, 2009 on 7:58 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Pour qui nous prend-on? Les conseillers en communication qui mitonnent les actions des hommes politiques ou des dirigeants d’entreprise, ou en estiment les retombées à venir, pensent-ils que le public gobe n’importe quoi?

Voici deux exemples qui feraient rire s’ils ne faisaient pleurer. Tous deux concernent les « réformes » suite à la tornade financière, destinées à éviter que le même cataclysme ne puisse se reproduire.

Goldman Sachs, plus grande banque d’affaires du monde, et qui a profité de la crise pour accroitre encore sa part de marché, notamment grâce à la chute de son concurrent acharné Lehman Brothers, a fait scandale en révélant qu’ils avaient provisionné 19 milliards de dollars pour payer des bonus pour 2009. 19 milliards (oui, pas millions) pour une entreprise de 30.000 personnes, soit plus d’un-demi million de dollars par employé. Enfin, ce serait le cas si tout le monde touchait un bonus, ce qui est très très loin d’être le cas. En fait, comme cela concerne plutôt 1% du personnel, vous en imaginez le montant réel….

Un montant que JusMurmurandi ne peut que qualifier d’obscène, ou de pornographique, pour une banque qui n’a dû sa survie qu’à l’intervention massive à son profit de l’État américain qui a garanti et injecté des dizaines de milliards de dollars, aujourd’hui remboursés.

Alors Goldman, pour tenter de prévenir le vote d’une législation restrictive, et améliorer un peu son image, devenue catastrophique dans le public américain, fait savoir que les bonus 2009 ne seront pas payés en cash, mais uniquement en actions. Que ces actions devront être détenues par leurs bénéficiaires pendant 3 à 5 ans minimum. Et que si les activités ayant généré des bonus devaient, pendant ce temps faire des pertes, ces bonus seraient « récupérables ». 3 bonnes mesures, de nature à donner, justement, de la mesure, à des banquiers qui eussent effrayé par leur voracité, des simples orques ou requins blancs affamés.

Alors pourquoi JusMurmurandi éructe-t-il de colère au lieu d’approuver? C’est que cette décision, relayée par un grand tintamarre médiatique, en concerne que les dirigeants de la banque, à savoir 30 personnes. Autant dire presque personne. Et ce d’autant plus que, justement, ces dirigeants touchent déjà des salaires (hors bonus) compris entre 20 et 30 millions de dollars, et n’ont donc pas d’enjeu important à ce que leurs bonus soient comme ci plutôt que comme ça…

Autre exemple, cette-fois-ci politique. Gordon Brown, Premier Ministre de sa Très Gracieuse Majesté, met en œuvre un impôt exceptionnel, équivalent à 50% des bonus supérieurs à 27.000 euros par personne payés par les banques anglaises au titre de 2009. JusMurmurandi, à l’énoncé de cette mesure, hallucine, pris entre ahurissement et incrédulité: les Anglais prendraient-ils une excellente mesure, mais de nature à profondément chagriner la toute-puissante City et à en chasser des golden boys? Allons, n’aurions nous pas trop bu?

En tout cas, Nicolas Sarkozy le prend pour argent comptant, annonce que la France va faire de même, et presse Angela Merkel de se joindre à cette initiative. Laquelle chancelière allemande dit qu’elle trouve cette initiative « charmante » (!), mais qu’une loi allemande en rendrait la mise en œuvre très, très difficile.

Puis nous apprenons que cette mesure devrait rapporter 600 millions de livres aux finances britanniques, et nous comprenons que c’est du bidon. 600 millions de livres pour toute la City, à comparer avec 19 milliards pour la seule Goldman Sachs, il est clair que le compte n’y est pas. Mais alors pas du tout.

En fait, après enquête, il ressort que 3 facteurs vont limiter le coût de cette mesure. D’abord, elle ne s’applique qu’aux rémunération versées en Grande Bretagne. Or les bonus payés le sont la plupart du temps, grâce à des montages légaux, dans des paradis fiscaux. Ensuite, elle ne s’applique qu’aux rémunérations effectivement versées pour 2009. Il suffira donc de les différer d’un an pour les encaisser sans impôts en 2010. Enfin, la plupart des banques britanniques ont un exercice 2009 qui s’est terminé à fin mars 2009, et non en décembre comme en France. Cet exercice contient donc la période du désastre, et pas du redressement. Donc il y a peu de bonus qui soit dû. Allons, les vendeurs des Rolls, Bentley et autres Porsche qui pullulent à Londres peuvent respirer…

Inutile de dire que la décision de Sarkozy de faire comme son collègue britannique va avoir de toutes autres conséquences, et qu’il est juste de saluer, une fois de plus, le talent des britanniques en matière de défense de leurs intérêts. Perfide, l’Albion, qui nous aura une fois de plus empapaouté!

Qu’avait dit Merkel? Charmant?

Des agences notées zéro, des petits cochons, et l’éternel recommencement

décembre 11, 2009 on 7:16 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, Poil à gratter | 4 Comments

JusMurmurandi l’avait annoncé, et c’est arrivé, le monde sait maintenant que la Grèce est au bord de la faillite. C’était notoire, et c’est public. La faillite, en l’occurrence cela veut dire qu’elle ne trouvera pas forcément preneur pour la dette d’Etat. Sans possibilité d’emprunter comme elle veut, elle ne pourra ni exécuter son budget (payer ses fonctionnaires par exemple) ni rembourser sa dette existante (113% du p.i.b.!). Bref, la faillite…

Alors on peut toujours se dire qu’on va trouver des artifices pour « forcer » des acheteurs à avaler cette dette dont ils ne veulent pas vraiment pendant encore un temps, histoire de jouer un mauvais remake d’ »encore un instant, Monsieur le Bourreau ». Possible. Mais il y a un butoir. Pour emprunter auprès de la Banque Centrale Européenne (BCE), les banques grecques, comme les autres banques européennes, doivent déposer des actifs en gage. Et la grande majorité de ces actifs est aujourd’hui constituée de dette de l’État grec. Laquelle dette vient d’être dégradée à BBB+ par l’agence Fitch.

Or BBB+, cela veut dire qu’elle n’est plus notée A. L’échelle de notation des agences allant de AAA (la meilleure) à A (la moins bonne de la catégorie), pour tomber ensuite à BBB, puis BB, B, etc…, le tout avec des demi-crans marqués par de « + » et des « - ». Or la catégorie des B, à laquelle la dette grecque appartient maintenant, signifie qu’elle est « spéculative ». En d’autre termes, dette trop risquée pour pouvoir être gérée, achetée et revendue comme de la dette classique. C’est la voie vers les célèbres « junk bonds », ou obligations pourries, c’est-à-dire à très fort risque.

Le problème pour la Grèce, c’est que la BCE ne peut, de par sa charte, accepter comme garantie que des actifs de catégorie « A », sauf pendant une période d’exception d’un an. Donc, fin 2010, les banques grecques vont devoir retirer leurs actifs sous forme de dette grecque en gage à la BCE et les remplacer par de meilleurs actifs. Sauf qu’elles n’en ont pas, s’étant gavées de dette grecque et par obligation et par avidité (la dette grecque paie aujourd’hui 5,33% pour du 10 ans, là où la dette allemande, elle aussi en euros, paie 3%, soit à peine plus de la moitié. Donc à fin 2010 au plus tard, « il faut » que la note de la Grèce soit remontée à A-, ou alors c’est la catastrophe par infarctus de tout le système bancaire grec.

La Grèce n’est d’ailleurs pas le seul pays d’Europe dans ce cas, puisque les marchés financiers ont dénommé PIGS (cochons) les pays qui se sont goinfrés de dette jusqu’à l’indigestion. PIGS comme Portugal Ireland Greece Spain. L’italie n’étant pas loin de rejoindre ce groupe, et la France, pas encore tout près mais pas si loin que cela non plus. Et, évidemment, parce que les Grecs sont dans le mur, les marchés s’inquiètent pour les autres « cochons » et le Premier Ministre espagnol Zapatero a dû publiquement déclarer que « l’Espagne n’avait aucun problème pour se financer », ce qui veut, en fait, signale exactement l’inverse.

Mais ce n’est pas la situation grecque qui intéresse JusMurmurandi, pour qui cette messe-là est dite depuis un certain temps déjà. Non, ce qui nous interpelle, nous indigne, nous révolte même, c’est que tout le système ne repose que sur les notes décernées par les agences dont c’est le métier. Elles ont pour noms Standard & Poors, Moody’s, et Fitch. Et ce sont les mêmes qui ont notés « AAA » les célèbres sub-primes pendant toute la période de bulle de crédit, la transformant en bulle immobilière.
Avant de les dégrader aussi brutalement que possible au plus mauvais moment, ce qui a gravement accentué la baisse des valeurs et rendu toute stabilisation des marchés impossible.

Bref, ces agences, payées fort cher pour leur prétendue compétence en matière de notation, avaient gaiement participé à la gabegie au mépris de toute prudence. C’est comme si les gendarmes participaient au partage du butin après un cambriolage. On ne serait pas prêt de trouver les voleurs. Même Guignol n’avait pas pensé à cela.

Pendant la crise, il y a bien eu une vague d’indignation vengeresse contre ces agences de notation, et des déclarations pleine d’emphase pour annoncer que ce système ne pouvait être laissé en l’état, et serait réformé en profondeur. Déclarations dont rien n’est sorti, puisque c’est la dégradation d’une note par une agence qui actionne encore et toujours les seuils de crise.

Or, pour mesurer à quel point les agences notant la Grèce, conscientes de ce que tout retard et toute complaisance pouvaient donner à croire qu’elles n’avaient rien appris de la crise de 2008-2009, et rien changé en conséquence, ont agi avec promptitude: dans la semaine qui a suivi le commentaire de JusMurmurandi. Voilà bien la peine de les payer très cher et de leur confier les clefs de la BCE, si elles sont en retard sur un simple blog non spécialiste en finance….

Bref, l’un des pires mécanismes ayant conduit la crise précédente est toujours intact, indemne, et prêt à démontrer encore une fois l’adage militaire « même motif, même punition! »

Deux petits commentaires incidents pour les amateurs:

- pendant que les agences tardaient à agir sur la note grecque, il était facile de gagner de l’argent: il suffisait de vendre la dette à découvert. Il était inévitable qu’elle soit un jour dégradée, et donc baisse fortement de valeur. Voilà un short sans risque… grâce aux agences.

- en surfant pour me documenter sur ce sujet, je suis tombé sur le blog de Ségolène Royal, Désirs d’Avenirs, qui a publié, au milieu d’annonces pour des tickets de spectacles à -50%, un article sur le même sujet. Sauf que celui-ci confond la dégradation des notes des banques grecques, sans conséquence sauf d’augmenter un peu leur coût de refinancement, et celle de l’État grec, qui est l’objet de cet article. Visiblement la candidate et les auteurs du blog ont tout compris. Vivement qu’ils soient aux affaires. Comme les finances ne sont visiblement pas leur truc, il leur suffira de faire confiance aux agences de notation pour savoir ce qu’il faut faire…

Contradictions

décembre 10, 2009 on 9:18 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

Quelques faits:

- l’État français, promu au rang de Père Noël par Jacques Chirac a fait aux cafetiers-restaurateurs un cadeau annuel de 3 milliards d’euros en contrepartie promise par eux (1) de dizaines de milliers d’embauches, (2) de baisses de prix, et (3) d’améliorations des rémunérations de leurs employés. Les baisses de prix ont été symboliques. Les embauches, on n’en parle plus, crise oblige, et les rémunérations vont rester telles que, vu que les patrons ont déjà reçu la carotte et n’ont pas peur du bâton.

Mais ce qui est stupéfiant, c’est de constater que la majorité des Français, au lieu d’être furieux d’avoir été grugés et comme contribuables et comme consommateurs, donnent raison aux commerçants de s’en mettre plein les poches!

- Bercy détient une liste de 3000 noms de Français détenteurs de comptes en Suisse. On sait maintenant que cette liste à été volée à la la banque HSBC.

Et, curieusement, les Français, qui considèrent majoritairement que frauder le fisc n’est pas bien grave, sont néanmoins très majoritairement contre toute amnistie partielle qui ferait revenir ces capitaux en France moyennant une amende forfaitaire.

- les Français, dans leur majorité, considèrent que la politique de soutien de l’État pendant la crise, a été insuffisante.

Pourtant, quand il s’agit de lever le fameux Grand Emprunt pour accélérer sortie de crise et croissance, les Français sont contre…

- Peut-être le plus apparemment contradictoire est la popularité actuelle de l’ancien Président de la République, Jacques Chirac. Élu avec une réputation de « super-menteur », après avoir longtemps porté l’étiquette de traitre pour avoir successivement provoqué les défaites de Jacques Chaban-Delmas et de Valéry Giscard d’Estaing, il laisse fort peu de chose au crédit de ses 12 ans de mandats. Sa popularité a longtemps été très basse pendant sa présidence. Et il n’a du qu’à l’immunité judiciaire de tout Président de ne pas passer plusieurs fois en correctionnelle pour de multiples affaires d’emplois fictifs, de frais de bouche et autres marchés truqués qui valurent des condamnations à ses adjoints même les plus proches comme Alain Juppé.

Et maintenant, le voilà chéri des Français, alors même qu’il est en retraite dorée dans un appartement luxueux qui est mis à sa disposition par ses amis libanais Hariri. Lequel appartement, par exemple, n’a pas soulevé le moindre cri de « bling-bling »…

Non, vraiment, pour vouloir être Président(e) de ces Français-là, si prêts à contester, revendiquer et s’opposer, au mépris de toute logique, comment s’étonner de voir s’affronter des personnages aussi contradictoires que François Bayrou, élu de la droite conservatrice qu’il emmène sur les sentiers de l’opposition de gauche, que Ségolène Royal, socialiste tendance morale, autorité et justice à la Chinoise, et que Nicolas Sarkozy, qui fut élu malgré sa petite taille, son apparence peu flatteuse, son patronyme étranger, et la division de son propre parti…

Boycotter la Coupe du Monde de football?

décembre 7, 2009 on 6:23 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, International | 6 Comments

la FIFA a accordé la Coupe du Monde de football 2010 à l’Afrique du Sud de Nelson Mandela. Ce sera la première fois que le continent africain sera l’hôte de la Coupe du Monde. Le problème, c’est que celle-ci sera jouée d’ans l’Afrique du Sud de Jacob Zuma. Alors que la première donnait au monde une lumineuse leçon avec sa Commission de Vérité et de Pardon, la seconde donne au monde une affreuse leçon de sordide.

Un sondage vient de chiffrer ce qui n’était qu’un amoncèlement de faits divers: l’Afrique du Sud est la capitale mondiale du viol.

Un sondé sur 4 a reconnu avoir violé au moins une fois dans sa vie.

73% des sondés ont indiqué avoir commencé avant l’âge de 20 ans.

Près de la moitié des sondés a reconnu avoir violé à plusieurs reprises.

Ce qui n’est pas sans rapport avec le fait que l’Afrique du Sud est aussi la capitale mondiale de l’infection par le SIDA.

Ce qui est à rapprocher avec le fait que Jacob Zuma a été élu « malgré » une accusation de viol. Il a soutenu que le rapport était consenti. Quand on lui a demandé s’il portait un préservatif, il a répondu qu’il s’était protégé en prenant une douche après le rapport sexuel

Les billets pour la Coupe du Monde seront en vente très prochainement. Est-il possible de faire comme si tout cela n’existait pas?

Le sort des Tibétains a ému et mobilisé des millions de consciences. Le sort des femmes sud-africaines est-il de moins de valeur?

Sauf que, critiquer la Chine, c’est critiquer un pays devenu le champion du matérialisme et de la délocalisation, c’est-à-dire, avec un pied de nez à la géographie, du modèle occidental.

Alors que critiquer l’Afrique du Sud, pays à majorité noire, ce n’est pas politiquement correct, et expose ceux qui le feraient à une accusation immédiate de racisme, aggravé par le lourd souvenir de l’apartheid.

Le politiquement correct pèsera-t-il plus lourd sur les consciences que des millions de viols?Logo de la Coup du Monde 2010

Un referendum pour (ou contre) Copenhague!!!

décembre 6, 2009 on 7:25 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Le plus grand hold-up du siècle va-t-il s’accomplir tranquillement sous nos yeux? L’argent volé, qui plus est, ne sera pas celui d’une quelconque bijouterie, assurée par une compagnie d’assurance aux amples réserves pour couvrir ce genre de pertes. Non, ce sera le nôtre.

La date et le lieu du « casse » sont connus: Copenhague, du 9 au 18 décembre 2009. Oui, vous avez compris, le forum sur le changement climatique.

De qui s’agit-il? Que les nations du monde se mettent d’accord pour prendre des engagements chiffrés et contraignants de baisser leurs émissions de gaz à effet de serre pour éviter qu’un trop rapide réchauffement de la planète n’en vienne à menacer la survie même de l’espèce humaine.

Ce concept soulève une myriade de problèmes d’une infinie complexité, étant le premier accord planétaire de cet ordre. Que faire contre les nations qui ne s’y soumettraient pas? Comment traiter celles qui n’atteindraient pas leurs objectifs? Comment éviter que des entreprises ne ferment des sites dans des pays « bloqués » pour aller les délocaliser dans les pays ou, soit il n’y a pas d’engagement, soit il y a de la « place à polluer »?

On voit bien, tout ceci n’est pas simple, c’est le moins qu’on puisse dire.

Mais là où commence à se profiler le hold-up , c’est quand on examine le problème des pays pauvres qui (1) n’ont pas le premier sou pour réduire leurs émissions, et (2) exigent d’avoir le droit de continuer à progresser vers des niveaux qu’ont déjà largement dépassés les pays riches largement plus pollueurs, laquelle progression, qu’on souhaite rapide, fera monter les émissions au lieu de les faire baisser.

Comme un accord qui laisserait de côté une part importante du monde serait grotesque, en se contentant de déplacer la pollution chaque fois que ce serait possible, ce qui conduirait une partie « sale » de la planète à exporter sa saleté vers une partie « propre », il n’y a qu’une seule solution d’envisagée: que les pays riches payent pour les pays pauvres.

Et les chiffres mentionnés ne sont pas minces, ils sont à l’échelle de la planète, c’est-à-dire énormes. Ce sont autant de milliards qui vont quitter les pays riches, dont les habitants se sentent pour le moment pauvres, crise oblige, et dont les finances publiques sont objectivement exsangues. Inutile donc d’insister sur le fait que ce transfère commencera au plus mauvais moment.

Mais la question que pose JusMurmurandi est la suivante: puisqu’il semble que, pour la première, les pays riches « prennent en charge » les pays pauvres, d’où vient le mandat démocratique des dirigeants pour cette innovation aussi révolutionnaire que couteuse?

D’autant que la science qui lie activité humaine et réchauffement climatique ne fait pas l’unanimité des scientifiques, et que l’accepter, c’est nous mettre entre les mains d’experts pas plus compétents que ceux des marché financiers. Il n’est pas inutile de rappeler que Greepeace, qui se voudrait un expert donneur de leçons en la matière, a fait de la lutte contre le nucléaire son cheval de bataille pendant des décennies, ce qui a conduit à une plus grande utilisation de carburants fossiles (pétrole, gaz) en lieu et place des centrales nucléaires, avec l’impact que l’on sait que les gaz à effet de serre. Greenpeace est donc non une ONG vertueuse comme elle veut le faire croire, mais un pollueur par incompétence et dogmatisme.

Même Nicolas Sarkozy, probablement le plus actif des dirigeants des grands pays sur le sujet de l’écologie, et l’un des plus récemment élus, n’a pas indiqué à son programme vouloir financer le tiers monde par centaines de milliards d’euros pour éviter qu’il ne nous pollue.

Il est plus que douteux qu’une majorité démocratique des populations occidentales vote un tel programme, surtout quand on sait que l’argent des pays sous-développés finit souvent dans les poches peu honorables de ses dirigeants autocratiques.

Alors, où sont les voix qui devraient s’élever pour réclamer un referendum pour ce qui serait bel et bien un changement de gouvernance planétaire? il est à noter que les mêmes Verts et autres partis écologistes qui, aujourd’hui, exigent un passage en force à l’abri de toute expression de démocratie directe à Copenhague sont les plus prompts à demander des referendum à tout bout de champ, notamment en matière d’OGM, pourtant tout aussi « scientifiquement corrects » que le réchauffement climatique.

Alors, Messieurs les Verts, Daniel Cohn-Bendit, Noël Mamère et autres Cécile Duflot en tête, un référendum avant d’appliquer Copenhague? Chiche!

Les racistes ont le droit de le dire!

décembre 5, 2009 on 10:27 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Europe, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Que ce soit le judéo-christianisme, la morale ou la loi, l’homme occidental se voit encadré par une série de valeurs qui différencient ce qui est « bien » de ce qui est « mal ». Et la loi sanctionne ce qui est « mal » selon elle.

C’est ainsi que nos sociétés ont érigé des lois contre l’antisémitisme ou l’incitation à la haine raciale ou religieuse.

Mais la société actuelle va plus loin, s’élevant tel un concert de voix outragées dès lors que quiconque émet une opinion à rebrousse-poil de cette tendance.

Il y a donc un conflit ouvert, dur et irrémédiable entre liberté de pensée et de parole et politiquement correct.

Le débat actuel sur l’identité nationale en est l’exemple.

Ainsi le blog organisé par Eric Besson déborde-t-il parait-il de propos racistes et xénophobes, ce qui montre que le débat « dérape ».

Ce qui est scandaleux, ce ne sont pas les propos racistes, c’est leur censure. Il faut sans cesse réaffirmer qu’il n’y a pas, en France, de délit d’opinion. Chacun a le droit absolu de penser ce qu’il veut.

Quand à le dire, il y a des limites, à savoir qu’il ne faut pas recommander ou encourager d’actions contraires à la loi.

Ainsi il est parfaitement légal de dire et d’écrire « je n’aime pas les noirs, les arabes, les juifs et les coiffeurs! » Nulle loi républicaine ne nous oblige à aimer notre prochain, ni à dire ou écrire ce qui est contraire à notre goût ou notre dégoût.

Soit donc la personne qui a dit, clamé et écrit cette liste de gens qu’elle n’aime pas. Est-elle raciste? Manifestement. Est-ce légal? Oui, trois fois oui, mille fois oui!

Les tenants du politiquement correct, qui s’élèvent immédiatement contre tout discours raciste, qui en recherchent déjà la trace dans la pensée, voudraient la condamner au nom de la morale, et affirment que le penser aujourd’hui, c’est passer à l’acte demain, ou causer le passage à l’acte d’autres personnes.

Ce que font ces moralisateurs, c’est condamner pour délit d’opinion, et tenter d’imposer un totalitarisme intellectuel et moral.

Il est d’une importance vitale pour notre société de nous battre contre toute dérive dans ce sens. Un exemple? Le blog d’Eric Besson, justement, où les contributions racistes sont censurées et isolées des « autres », c’est-à-dire des « bonnes » contributions. La charte des modérateurs le dit d’ailleurs très clairement: ils écartent toute attaque ou insinuation à caractère racial ou xénophobe

Il est légal en France d’être raciste et xénophobe. Toute autre interprétation est liberticide, un affront aux trois mots gravés sur les frontons des édifice publics, et à ceux qui sont morts pour la défendre.

La Liberté n’est pas l’unanimité. C’est même à cette absence d’unanimité, à la vitalité du débat, qu’on la reconnaît.

L’Égalité et la Fraternité n’ont de sens que si nous sommes différents. Sinon, ce serait de l’Identité, non au sens de carte d’identité, mais au sens d’être identiques, de clones.

JusMurmurandi déteste les racistes. Mais déteste encore plus les totalitaires de la pensée.

Liberté, Egalité, Fraternité

Dérapages d’un homme habituellement intelligent, et de son adversaire…

décembre 4, 2009 on 7:36 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Poil à gratter | 2 Comments

Daniel Cohn-Bendit est un homme intelligent. On peut parfaitement ne pas être d’accord avec lui, et c’est le plus souvent le cas de JusMurmurandi, mais ses propos sont toujours intéressants, souvent originaux, et redoutablement bien argumentés et efficaces. Il suffit de voir le score d’Europe Ecologie, arrivé devant le MoDem à la troisième place des Européennes, et les scores médiocres des Verts pour mesurer l’impact de sa parole.

Mais là, D C-B vient de dire une bonne grosse bêtise. Il vient de dire: « On peut exclure à un moment historique les juifs. Maintenant, c’est les musulmans ». Et d’ajouter des références au fascisme et aux sombres heures de Vichy pour faire bonne mesure.

Le débat sur les minarets ou sur la burqa n’est pas un débat pour ou contre les musulmans. C’est un débat sur le ciment qui lie, ou devrait lier, toutes les composantes de la société française. Et sa façon de présenter la question est emblématique de la différence entre la droite et la gauche.

Parce que, si on adopte son principe, au nom de l’ouverture aux autres, à tous les autres, quelle que soit leur religion, donc y compris l’islam, au nom de notre société égalitaire et laïque, il faudrait accepter les autres dans toutes leurs dimensions.

Ce qui conduit tout droit à les accepter même s’ils ne parlent pas français. Même s’ils contraignent leurs femmes par des usages répressifs, notamment le port de la burqa. Même si, comme d’autres, ils ont plusieurs femmes. JusMurmurandi pourrait continuer ce catalogue des absurdités…

Bien entendu, tout ce ci n’est pas acceptable. Pas parce que tel ou telle personne est musulman(e). Mais ce n’est pas non plus au nom de sa religion que ce qui n’est pas acceptable le devient, et il ne faut pas avoir peur de le dire. La religion de quelqu’un ne doit avoir aucun impact sur ses droits et devoirs civils, c’est cela la laïcité à la française.

Donc, si contraindre sa femme est contraire à la loi, cela s’applique à tous, y compris aux musulmans. Et il ne doit y avoir ni honte, ni culpabilité ni pseudo-bons sentiments ou pseudo-morale qui empêche de le réprimer.

Parce que, contrairement à ce qu’affirme Daniel Cohn-Bendit, ce n’est pas parce qu’ils seraient musulmans que ceux qui auraient des pratiques de cet ordre devraient être sanctionnés. Ils seraient catholiques, juifs, protestants, bouddhistes ou athées qu’il en irait de même.

Alors que les poursuites des nazis contre les juifs ne visaient pas les pratiques, mais les personnes, et exclusivement parce qu’elles étaient juives. Ainsi les juifs ont eu moins de droits que les autres, jusqu’à n’avoir plus que le droit d’être exterminé.

Ici il ne s’agit pas de retirer aux musulmans quelque droit que ce soit. S’il y a demain une loi contre la burqa, cela l’interdira à toutes sans distinction de religion, comme l’est aussi l’interdiction des signes distinctifs à l’école, qui vise tout autant le turban des sikhs, la kippa des juifs que le voile des musulmanes.

Traiter cela de fascisme, c’est méconnaître le caractère tout particulièrement monstrueux des crimes nazis, et, quelque part, c’est le banaliser.

Par contraste, voici ce que déclare sur ce même sujet François Bayrou, qui fut l’adversaire ô combien acharné de Daniel Cohn-Bendit lors du débat télévisé que l’on sait pendant la campagne des Européennes: « qu’il ne faut pas que les signes de la religion soient démonstratifs et ostentatoires ». Et de se plaindre de la persécution de chrétiens dans des pays islamiques, revendiquant ainsi la réciprocité entre chrétiens en pays islamiques et musulmans chez nous. Ainsi donc les droits des uns chez nous se mesurent aux droits des nôtres chez eux??? Leurs minarets ici contre nos clochers là-bas??? C’est nouveau et ça vient de sortir! C’est aussi bête que démagogique et dangereux.

Comment s’étonner du piètre score et de l’isolement de François Bayrou?

Daniel Cohn-Bendit

François Bayrou

Dans l’indifférence….Lisbonne, Obama, le Grand Paris, l’antiterrorisme, le fromage, le PS tire un Dray…

décembre 2, 2009 on 7:40 | In C'est ça, Paris?, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Le 1er décembre dernier s’est déroulé dans l’indifférence d’un jour normal. Pourtant certains évènements auraient mérité d’être soulignés, qui vont avoir des conséquences…

Le Traité de Lisbonne est entré en vigueur, et a remplacé entre autres celui de Nice, si empreint de compromis lâches. Ce Traité a deux avantages. D’abord il sort l’Europe des 27 de l’immobilisme auquel la combinaison de son élargissement et de son immobilisme institutionnel la condamnaient. Donc on va pouvoir recommencer à agir au niveau européen. Excellent! Deuxième avantage, quand quelque chose ira mal en France, il sera facile de blâmer le Traité de Lisbonne et l’Union Européenne pour s’en dédouaner, comme toujours en France depuis des décennies. Mieux encore!

Barack Obama a décidé l’envoi de 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan, avec un plan de retrait pour 2012. Quelle que soit la sympathie et le respect qu’inspirent la rhétorique d’Obama et le look de sa femme, il y a des fois où la différence avec George W. Bush n’apparaît pas de façon claire, couleur de peau mise à part…

Le Parlement a voté la loi sur le Grand Paris. Ce qui veut dire le plus grand changement pour la Région Parisienne depuis les années 60, qui avait vu naître les villes nouvelles, le RER et les autoroutes urbaines. On a du mal à imaginer où en serait la région sans elles. Sans préjuger de ce qui se passera, une telle loi est l’illustration, s’il en fallait une, de la rupture Sarkozy. Rien, sauf des adaptations à la marge n’a été fait sous les présidences Pompidou, Giscard, Mitterrand (deux mandats) et Chirac (deux mandats), excusez du peu! Ce qui veut dire que plus de la moitié des franciliens n’a jamais vu de vrai changement de cet ordre…

Il est également symptomatique que ceci soit impulsé alors que ce n’est pas une promesse de campagne, et avec une date de réalisation qui ne cadre pas avec les échéances électorales. Il n’y aura rien de tangible d’ici 2012, sauf peut-être des débats, des soucis, conflits et autres avatars. Pas exactement un avantage de nature électoraliste…
Et l’opposition est restée muette, sauf des protestations pour dire qu’elle avait été active sur ce dossier, que, si elle ne l’avait pas été plus, c’était la faute de l’État-UMP, et contre la méthode « dictatoriale » employée. Bref, rien, ou si peu…

Autre rupture, la fusion de trois forces de police aux missions identiques, le RAID, le GIPN, la Brigade Anticommando. De trois troupes disparates (méthodes, matériels commandements) différents, faire une seule, plus efficace, plus efficiente. Mais aussi de trois fromages, en faire un seul. Oui, vraiment, on voit bien pourquoi Sarkozy est autrement plus mince et sportif que ses prédécesseurs qui les ont multipliés…

Le Gouvernement a tranché et attribué la vente de la division T&D d’Areva au consortium formé d’Alstom et Schneider, face à la concurrence de Toshiba et de General Electric. A noter que les syndicats ont tous souhaité l’attribution aux étrangers plutôt qu’aux Français. Sans doute n’ont-ils pas compris le sens du mot délocalisation… ou alors se disent-ils que l’intégration avec des sociétés françaises leur vaudra moins de fromage…

Pour les Régionales, Julien Dray a été débarqué par le PS de liste de l’Essonne. Jean-Paul Huchon y manifeste une logique de fer: ce n’est pas lui, mais les militants qui ont « tiré un Dray » (désolé, mais le jeu de mots à tiroirs était irrésistible. Ils l’ont même tiré comme un …lapin!). Moyennant quoi, s’il est innocenté (mais il l’est, innocent, jusqu’à la preuve du contraire, pauvre Jean-Paul Huchon), il (Dray) sera réintégré.. apparemment sans vote des militants… Les mots manquent pour dénoncer une telle lâcheté envers un camarade de lutte. Sauf quand on se souvient que Huchon, lui n’est pas innocent, non seulement dans ce calcul politique minable, mais aussi pénalement, ayant, lui, été condamné de façon définitive. D’où son besoin de montrer avec J. Dray son intransigeance avec les affaires d’intégrité… des autres. Il risque d’avoir bientôt un autre exercice périlleux à accomplir dans ce domaine, avec la probable mise en examen de Bertrand Delanoë (Dray, lui n’est pas mis en examen, donc « encore plus innocent », si tant est que cette monstruosité juridique ait un sens) dans une affaire de prise illégale d’intérêts.

Bon 2 décembre, anniversaire d’Austerlitz.

Vive l’ordinateur!

novembre 29, 2009 on 7:09 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Deux petites histoires qui font sourire, sauf si c’est à vous qu’elles arrivent!

Un homme achète un ordinateur Apple à son fils, lequel Mac tombe en panne pendant la période de garantie. Mais, au lieu de le réparer, Apple indique que la garantie ne peut s’appliquer parce que cet ordinateur est « contaminé par une substance toxique ». En l’occurrence, son utilisateur est fumeur, et il y a donc des traces de nicotine, et c’est un des produits qui compose la liste de substances toxiques aux États-Unis. Et Apple ne peut obliger un réparateur à travailler sur une machine « toxique ». Donc, au pays de l’Oncle Sam, fumer ou surfer, il faut choisir!

Juste à côté, au Canada, vit une femme. Cette employée d’IBM est en congé de longue maladie pour dépression grave, et indemnisée à ce titre par sa compagnie d’assurance. Sauf qu’un jour son indemnité n’arrive plus. Et quand elle contacte sa compagnie, elle s’entend répondre que la compagnie considère qu’elle n’est plus malade. Pour preuve les photos que la malade elle-même a mise en ligne sur sa page Facebook, la montrant en train de danser, à la plage ou en vacances. Elle soutient que ces activités sont de nature à l’aider à sortir de sa dépression, et la compagnie affirme que les photos de la page Facebook ne sont pas le seul critère sur lequel sa décision repose.

Mais, que suis-je en train de faire? Taper un texte quand j’ai oublié de mettre masque et gants? Et l’existence de JusMurmurandi n’est-elle pas la preuve que je ne consacre pas tout mon temps au travail? Au secours!!!!!

Dubai aïe aïe aïe

novembre 28, 2009 on 11:07 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | 3 Comments

Le sort des dubaïotes ne préoccupe pas outre mesure JusMurmurandi. Leur immobilier a perdu 50% de sa valeur en deux ans, mais c’était notoirement de la pure spéculation. Ils ont joué, ils ont perdu, c’est la règle.

Ou bien, est-ce la règle pour certains mais pas pour d’autres? Parce qu’on est bien obligé de voir que, dans le cas de Dubai, apparaissent tous les signes de la folie financière que personne ne veut voir se reproduire. Des prêts totalement inconséquents, reposant non sur une capacité de remboursement « à l’ancienne », mais sur des valeurs d’actifs présumées en hausse constante. Il faut dire que le petit émirat a tenté de faire mentir l’adage boursier suivant lequel « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel » en édifiant rien moins qu’un gratte-ciel censé friser le kilomètre de haut et des îles artificielles.

Oui mais voilà, cet immobilier prestigieux est aussi vide qu’une ville-champignon de sub-primes américains, avec les mêmes conséquences.

Non, vraiment, rien qui doive exciter la compassion de JusMurmurandi. Mais la colère, oui.

Parce qu’une fois de plus, les banques ont prêté avec un sens catastrophique de la priorité absolue de la commission immédiate sur le risque de perte future, et parce qu’une fois de plus les agences de notation, qui se font payer fort cher leur prétendue capacité à apprécier à leur juste valeur les risques, ont été prises totalement par surprise par l’avertissement que les grandes sociétés d’État de Dubai ne pouvaient plus faire face à leurs obligations. Compte tenu que ce minuscule territoire était devenu en 2008 le plus grand chantier du monde, ce qu’il faisait savoir à coup de publicité tapageuse, et que la dette atteignait un minimum de 80 milliards de dollars, on ne peut pas dire que ce coin du Moyen-Orient ait été un secret ni bien gardé ni difficile à percer.

Bref, c’est la crise financière à l’exact identique.

Vous me direz, mais non, parce qu’il n’y a pas d’argent public en jeu, en tout cas, pas d’argent occidental. Et qui, croyez-vous, a prêté les sommes pharaoniques requises pour construire les tours éponymes? Ce qui veut dire que les banques dont il a fallu à grand renfort d’argent des contribuables reconstituer un tant soit peu les fonds propres partis en fumée, vont subir une autre saignée. Ce qui va, par exemple, restreindre leur capacité à prêter à des entreprises et des particuliers « normaux ».

Et maintenant, après des bruits prétendument rassurants sur le peu de risque systémique que faisait courir cette faillite prestigieuse, que lit-on? Que la chute de Dubai pourrait avoir, finalement, des conséquences néfastes. Parce que les banques, ou plutôt les banquiers, -pourquoi absoudre les personnes de leur fautes en les noyant dans l’anonymat de sociétés justement anonymes?-, jamais avares de rigueur contre les « gentils » pour leur faire payer leurs compromissions avec les « méchants », craignent maintenant que le mauvais exemple qui vient de survenir ne bloque tout crédit aux pays émergents, sur lesquels reposent beaucoup d’espoirs de nous aider à sortir de la crise.

Vous voyez bien où JusMurmurandi veut en venir: les banquiers, qui se sont gobergés de profits factices, mais avec pour conséquences de vrais bonus, en prêtant n’importe quoi à n’importe qui à Dubai, disent maintenant qu’à leur grand regret, ils sont maintenant contraints, -question de rigueur, que voulez-vous?- de fermer le robinet du financement de la reprise.

Combien voulez-vous parier qu’un bon vieux plan de soutien des États à ces malheureux banquiers pourrait éviter ce regrettable tour de vis? Comme une poursuite de l’argent quasiment illimité et gratuit accordé par les banques centrales aux banques, et qui est la source essentielle de leur retour quasi-miraculeux la rentabilité? Lesquelles banques centrales venaient justement de faire savoir que les profits retrouvés des banques et le retour à un début de croissance allaient justement entraîner une graduel retour à des conditions de crédit plus « normales ».

Et juste au moment où elles signalent ce retour à la normale, Pouf!, Dubai part en fumée, ce qui était totalement prévisible depuis des mois sinon des annéesAvenue de Dubai.

Vous avez dit « bizarre »? Moi, je préfère dire: « aie! »

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