Les prodiges de Buffett contre les miracles de Madoff
décembre 28, 2008 on 7:43 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésUn vieil américain nommé Warren Buffett a la réputation d’être le meilleur investisseur de la planète. Le fait que la croissance de sa société, Berkshire Hathaway, ait fait de lui l’homme le plus riche du monde contribue à sa légende. Pourquoi donc qui que ce soit a-t-il pu avoir envie d’investir chez un Madoff au lieu d’acheter purement et simplement des actions Berkshire Hathaway et d’attendre les résultats de la gestion à la mode Buffett?
Le problème est justement dans le mot “attendre”. Madoff promettait des rendements, Buffett ne promet rien, si ce n’est de faire du mieux qu’il peut avec des méthodes tout sauf modernes. Voilà un homme qui dit n’avoir pas investi dans les hautes technologies pendant la bulle Internet, au motif qu’il ne se voyait pas investir dans des sociétés qui n’existaient pas encore, ce qui lui a valu, par exemple, de ne pas participer à la phénoménale hausse du titre Google. Le revoilà absent de la bulle financière qui vient d’exploser, disant qu’il ne pouvait quand même pas investir son argent dans des produits qu’il ne comprend pas. Il ne gagne pas d’argent non plus dans les ventes à découvert pour profiter des marchés baissiers, contrairement à un John Paulson, qui y est devenu phénoménalement riche.
Ce qui conduit à ce paradoxe: l’investisseur le plus riche du monde y est parvenu en évitant les hausses les plus spectaculaires, et en ne profitant pas des baisses. Donc, pendant ces mouvements brutaux, beaucoup d’autres peuvent dépasser ses performances. Et donc attirer articles de presse favorables, récompenses et rémunération, et, enfin, investisseurs. Sauf que ces maisons sont construites sur le sable, et non sur le roc, comme celle de Warren Buffett, dont la recette de base consiste à privilégier la qualité avant tout, à l’acheter pas cher si faire se peut, et à attendre les résultats sur le long terme sans s’impatienter.
Mais voilà, imaginons un gestionnaire de fortune. Il doit non seulement attirer des clients, mais encore les convaincre de rester. Ce qui est difficile, c’est le moins qu’on puisse dire si, comme WB, on se tient à l’écart du dernier truc à la mode qui fait gagner des fortunes aux petits copains. Car les clients ne peuvent pas seulement gagner de l’argent, ils veulent en gagner plus et plus vite que le voisin. Et sont sans pitié pour qui ne leur donne pas satisfaction.
Ainsi, pendant la vague des « junk bonds » de la fin des années 80, où les « obligations pourries » à très fort risque ont permis des rachats d’entreprises avec des effets de levier démesurés, les grands établissements financiers qui s’en sont abstenus ont fortement reculé au classement des résultats de la profession, et un certain nombre de leur grands patrons ont été virés pour avoir confondu prudence et conservatisme. Qui se souvient aujourd’hui de Drexel Burnham Lambert, qui s’était brutalement fait une place parmi les très grandes banques d’affaires mondiales, puis se retrouva très rapidement disgraciée et faillie pendant que son principal animateur, Michaël Milken passait par la case prison? Même danse 10 ans plus tard avec ceux qui ne lancent pas leurs établissements à fond dans les TMT (technologie, média, télécom) comme on disait à l’époque: les prudents, jugés peureux, ont valsé.
Ceci montre que la loi du marché est imparfaite. Le marché est impatient, le marché n’a pas le temps. Or il semble bien que le temps soit un critère déterminant dans la réussite de Buffett, qui n’est due à aucune percée fulgurante, mais bien plutôt à la hausse générale des marchés sur 30 ans, optimisée par un choix judicieux parmi les grandes sociétés susceptibles de durer et de performer mieux que leurs pairs.
Qu’en tirer comme conclusion? Que l’argent mondial se trouverait beaucoup mieux d’être géré à la mode Buffett qu’à la mode Lehman, voire Madoff? L’irruption d’une première vague de fonds souverains financés par les giga-recettes de l’envolée éphémère des prix du pétrole, puis d’une deuxième vague de fonds d’Etat destinés à servir d’amortisseur de crise, dont le SLI français, pourrait en théorie permettre cette vision à long terme. Laquelle manque singulièrement dans les conditions mises aux Big Three américains, qui, pour pouvoir conserver les milliards du Trésor américain, devront prouver dès mars 2009 qu’ils sont revenus à des conditions de rentabilité pérenne. 4 mois pour redresser des colosses à la dérive depuis des décennies comme GM ou Chrysler, c’est comme donner une minute pour que Royal et Aubry, qui se détestent depuis longtemps, se mettent à s’aimer sincèrement.
En fait, c’est une simple question de sémantique. Warren Buffet, sur longue période, a fait des prodiges. Les mêmes prodiges réalisés en instantané, tels que le marché les réclame, cela s’appelle des miracles, et là s’arrête le pouvoir de WB, mais commence celui des promesses des Madoff de ce monde (il y en a d’autres, qui vont subir le même sort, après l’avoir fait subir à ceux qui leur ont fait confiance).
Car que font ceux qui ne se satisfont pas de prodiges, mais veulent des miracles? Vous avez raison, ils rêvent. Et comment savoir, quand le rêve démarre, s’il se terminera comme un conte ou en cauchemar?
Même plus le droit de donner!
décembre 26, 2008 on 7:18 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | 3 Comments« Savez-vous ce que c’est que donner? Il faut que JusMurmurandi vous l’explique: donner est la plus jolie chose du monde » aurait pu écrire la Marquise de Sévigné. En ces temps où Noël se déroule sur fond de crise, donner devrait être plus que jamais à l’ordre du jour. Deux exemples montrent que ce n’est pas si simple.
Depuis son arrivée à l’Elysée Nicolas Sarkozy s’est refusé à gracier qui que ce soit ou à amnistier quoi que ce soit, y compris les contraventions. Il dit y voir un pouvoir monarchique qui ne doit pas avoir droit de cité en République, sauf raisons humanitaires ou exceptionnelles, et, même dans ces cas là, plutôt des grâces partielles que totales. On est aux antipodes de l’usage américain qui veut que le Président sortant accorde des grâces par wagons aux derniers jours de son mandat.
Juste avant Noël Sarkozy vient pourtant d’accorder une grâce à 27 détenus « méritants », soit qu’ils l’aient été avant leur incarcération soit depuis, retenus parmi une quarantaine de cas proposés par la Chancellerie.
Il se trouve que, parmi les cas retenus figure Jean-Charles Marchiani, ce proche de Charles Pasqua qui est passé de serviteur de la République parfois au péril de sa vie à préfet condamné pour trafic d’influence. En clair il a perçu des commissions pour des marchés d’Etat, ce pour quoi il a été condamné et incarcéré, et la remise de peine de 6 mois octroyée par le Président pourrait lui permettre de bénéficier de la liberté conditionnelle en attendant de passer en jugement dans le procès dit de l’Angolagate.
La gauche n’a pas de termes assez vifs et violents pour dénoncer cette mesure, parlant de « reconstitution de privilèges », de « dérive du bon plaisir », de « monarchie » etc…
JusMurmurandi voudrait simplement rappeler à cette gauche qui oublie d’où elle vient et ce qu’elle a fait une grâce accordée par Robert Badinter, alors Garde des Sceaux de François Mitterrand et conscience morale autoproclamée à une catégorie de détenus qui n’en comptait que 7. 7 détenus, voilà qui serait fort peu, si, parmi ces 7 ne figurait pas Christina von Opel, richissime cliente que n’avaient pu empêcher d’aller en prison les efforts de son avocat d’alors, un certain Robert Badinter.
Autre petite leçon d’histoire, la revue des grâces accordées par la gauche inclut MM. Bové, Harlem Désir, Maxime Gremetz. JusMurmurandi n’a pas le souvenir que messieurs Bové, Gremetz ou Désir aient rendu à la République des services aussi risqués que ceux de l’agent secret Marchiani qui est allé, entre autres, sortir les otages Kaufman, Carton, Auque et Normandin des griffes du Hezbollah libanais, mission autrement plus dangereuse que de faucher quelques épis de maïs. Inversement, les mêmes donneurs de leçon (Montebourg, Hamon, etc..) se sont bien gardés d’user des mêmes épithètes quand Nicolas Sarkozy a gracié la terroriste italienne d’extrême gauche Marina Petrella. Terroristes des Brigades Rouges que n’avait pas graciés François Mitterrand, qui n’en avait même pas eu besoin puisqu’il leur avait tout simplement accordé au mépris et des lois et des traités une impunité et immunité pour les crimes commis en Italie du temps des meurtrières « années de plomb ».
Bref, le droit de grâce est juste aux yeux de la gauche quand c’est elle qui est au pouvoir, ou quand la droite ne n’en sert que pour gracier des gens de gauche. Même plus le droit de gracier.
Autre droit de donner contesté, celui de Liliane Bettencourt de disposer de sa fortune, l’un des plus importantes de France, puisqu’elle contrôle l’Oréal, et « pèse » quelques 17 milliards d’euros. Or cette dame dont l’âge est trop élevé pour qu’il soit bien élevé de le mentionner a donné des sommes de l’ordre d’un milliard d’euros à un photographe mondain de ses amis, François-Marie Banier. Et c’est sa propre fille qui conteste ce comportement, trouvant probablement que donner un milliard relève du gâtisme ou de la dépendance.
Les conseils d’administration de l’Oréal, où siègent à la fois Mme Bettencourt, sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers, et son gendre Jean-Pierre Meyers ont toutes les chances d’être sportifs…
Bref, le droit de donner ne serait un droit un droit aux yeux de l’héritière Bettencourt qu’aussi longtemps que sa mère n’en use que très modérément, car si la somme d’un milliard peut paraître extravagante à beaucoup, on peut aussi se dire que ce « n’est que » 6% de sa fortune, dont il restera toujours un montant colossal pour sa fille.
Encore heureux que Liliane Bettencourt a fait ces donations au bienheureux photographe. C’est autant de moins qu’elle a donné à gérer à Bernie Madoff…
27 ans de malheur?
décembre 23, 2008 on 10:02 | In Coup de gueule, Economie, International | Commentaires fermésCasser du verre blanc, selon la sagesse populaire, entraîne 7 ans de malheur. Mais sur la scène économique mondiale, c’est beaucoup plus que du verre qui a été brisé, et nous allons en voir de toutes les couleurs.
Déjà, le premier suicide de banquier, en l’occurrence un français qui avait dirigé l’argent de ses clients vers le trou sans fond de Bernard Madoff, rappelle ceux, nombreux des années 30. On peut se demander ce que pense Madoff, qui a si longtemps cultivé son image de parangon de respectabilité, du suicide d’un homme qui avait eu le tort de lui faire confiance et d’induire d’autres à en faire de même.
Pendant ce temps-là, les chiffres de malheur s’accumulent, certes pas tous mauvais, mais certains si mauvais qu’ils révèlent une dégringolade qui ne peut qu’affoler. Le marché automobile qui plonge de 27%. A ce rythme-là, c’est une usine sur quatre qu’il faut fermer, avec tous les fournisseurs au même régime…
Les exportations japonaises qui dévissent du même pourcentage. 27% pour tout le pays! Ce qui veut dire beaucoup plus pour les plus touchés. Comme « tsunami » est un mot que la langue japonaise à légué au monde, au moins les Japonais ont-ils le mot juste pour dire leur malheur. A tel point que, en novembre,le Japon, habituel recordman des exportations, est devenu globalement importateur!
Mais le chiffre qui frappe le plus JusMurmurandi, c’est le nombre de milliers d’emplois qu’une faillite liquidée va causer en Grande-Bretagne. 27. 27.000 emplois d’un coup quand les 850 magasins Woolworth ne rouvriront plus leurs portes, autour de la fin de l’année. Sans compter, là aussi tout l’amont des fournisseurs, pour une enseigne venue des Etats-Unis et fondée il y a 99 ans.
Soit dit en passant, même si les racines du mal qui a abattu cette chaîne de supermarchés sont anciennes et indépendantes de la crise actuelle, imagine-t-on une seconde en France une entreprise de 27.000 employés liquidée sans autre forme de procès? Et pendant que la gauche est au pouvoir qui plus est? Impensable! Ce qui montre vraiment à quel point ceux qui disent que l’idéologie dominante est le libéralisme racontent n’importe quoi, car si la France était libérale, il n’y aurait ni plan de relance, ni FSI, ni intervention il y a quelques années pour sauver Alstom, ou récemment Dexia, ni cortège d’amortisseurs sociaux pour atténuer la pénibilité de la crise pour les plus vulnérables et les plus démunis….
Il y a pour autant quelques raison d’espérer et de ne pas rejoindre dans le suicide le banquier déshonoré. JusMurmurandi en voit deux. L’une, que l’injection rapide et massive de fonds et la forte baisse de taux d’intérêts fassent leur effet avant que la crise n’ait atteint son plein effet destructeur. L’autre, que la brutalité de cette crise reflète avant tout l’accélération permanente de l’évolution de notre monde, comme l’a si bien montré Alvin Toffler dans son livre « le choc du futur ». Et que, en conséquence, la sortie de crise soit toute aussi accélérée.
Sinon, JusMurmurandi craint qu’avec tout ce qui aura été brisé, nous n’en ayons pour 27 ans de malheur.
Vie publique, vie privée?
décembre 23, 2008 on 6:02 | In Coup de gueule, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésLes ennuis de Julien Dray sont sur la place publique. Pas ce qui va lui arriver, car personne n’en sait rien. Ce que la police lui reprocherait à savoir d’éventuels détournements de fonds au détriment de la FIDL (gros syndicat étudiant) et des Parrains de SOS Racisme est « du » à une fuite pour le moins imprécise, mais déjà assassine.
Ce qui intéresse JusMurmurandi dans cette affaire est la réaction du PS. Alors que l’UMP, par la voix de son porte-parole, Frédéric Lefevre, dénonce le déchaînement contre Dray, le PS s’est longuement -et significativement- tu. Quelques personnalités socialistes ont rappelé qu’il bénéficie de la présomption d’innocence, comme Jack Lang, mais celui-ci n’a « pas réussi à le joindre » pour lui témoigner quoi que ce soit de plus tangible et racontable.
Mais hier, ce silence chaque jour plus assourdissant a pris fin par la voix de Benoît Hamon, porte-parole du PS. Contrairement à son homologue UMP qui déplore les « moments difficiles » que traverse l’élu socialiste, là, rien de personnel. « C’est une enquête préliminaire, on ne sait rien, il n’est pas mis en examen », assène Benoît Hamon. Comme soutien, on fait mieux.
Evidemment, on ne peut que se poser la question « à qui profite le crime? ».
A savoir se demander qui a intrumentalisé la « fuite » contre Dray, sachant que la presse ne manquerait pas de le lyncher. Et de ressortir au passage que celui-ci avait déjà été visé par une enquête sur des achats de montres très coûteuses, dont une, la plus chère, réglée largement en liquide, affaire pour laquelle il n’avait pas été poursuivi.
Il est tentant de dire que le « crime » profite aux sarkozyens au moment où s’agite un milieu lycéen dont Dray est l’interlocuteur au PS, et ce depuis de nombreuses années. Il est tout aussi tentant de remarquer que Dray a été l’un des soutiens les plus vigoureux de Ségolène Royal au PS, où elle n’en avait pas tant que cela au sein de l’appareil, et que ses ennuis ne doivent pas attrister tant que cela Martine Aubry, surtout s’ils finissaient par éliminer l’un des piliers du système de son opposante interne.
Mais le plus piquant est la phrase de Hamon suivant laquelle « c’est un dossier privé ». Privé, alors qu’il s’agit -le cas échéant- d’argent d’organisations on ne peut plus liées à l’activité politique de Julien Dray? Alors, les billets d’avion payés en liquide par Jacques Chirac, c’est privé aussi. Privé l’usage de l’appartement pharaonique de l’éphémère ministre des finances, Hervé Gaymard.
Bref, les fonctions et leurs avantages, c’est public, mais les « petits arrangements » et leur cortège d’éventuels ennuis, c’est privé.
Tant qu’à faire, une petite leçon d’histoire pour M. Hamon qui en est licencié. Celle de Joseph Caillaux, emblématique ministre socialiste des finances, crédité -si l’on peut dire- d’avoir inventé pour les Français l’impôt sur le revenu pour financer la guerre de 14.
Une série d’articles du Figaro a attaqué Caillaux très violemment, puis promis de dévoiler une correspondance très privée, tant et si mal (on ne peut écrire tant et si bien) que Mme Caillaux, poussée à bout, finit par pistoléter à mort son rédacteur en chef, Léon Calmettes. Ce pour quoi elle fut, d’ailleurs, acquitée dans un verdict pour le moins surprenant.
Alors, cela aussi, c’était privé, M. Hamon ?
Les petits cochons, les canards et le père Noël
décembre 21, 2008 on 10:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermésJusmurmurandi a déjà souligné l’étonnante coïncidence entre la soudaine et imprévisible apparition de subventions américaines massives aux banques et la confession par les constructeurs automobiles de difficultés gravissimes. Comme si la possibilité de faire payer l’Oncle Sam avait eu un quelconque rapport avec le minutage de cette révélation. Comme si l’odeur de l’argent avait attisé les convoitises.
La mise en oeuvre du FSI français (Fonds stratégique d’investissements) nous donne un exemple du même tonneau. Le groupe Thomson serait en tête de liste pour bénéficier de son intervention. Sa situation est effectivement difficile, avec une trésorerie très tendue, et des activités déficitaires.
Le problème est que les difficultés de Thomson ne sont pas dues à la crise, elles datent de bien avant. Cette entreprise semble en permanence en train de repenser sa stratégie pour mieux en changer. Elle est sortie de toute une série d’activités, parmi lesquelles la fabrication de postes de télévision, dont elle fut le premier fabricant mondial, et qu’elle a cédée au chinois TCL, qui n’a pas l’air de s’en sortir très bien non plus d’ailleurs.
Aujourd’hui Thomson mélange les activités autour de la télédiffusion professionnelle, les « box » pour particuliers, et les revenus de très nombreux brevets. Un mélange corsé par 19 acquisitions en 3 ans, mais qui ne fait pas une mayonnaise homogène et goûteuse.
Bref, le FSI doit soutenir les entreprises, mais cela s’étend-il à celles qui sont en crise de leur propre fait? Car si les fabricants américains de voitures sont largement responsables, eux aussi, de leur déliquescence, au moins peuvent-ils faire valoir que la baisse de 40% du marché mettrait n’importe quel fabricant à genoux en quelques mois, y compris Toyota, qui annonce qu’il fera les premières pertes de son existence (en 67 ans…).
De ce point de vue là, JusMurmurandi ne voudrait pas être à la place de Gilles Michel, nouveau directeur général du FSI, qui va être le nouveau Père Noël, avec des euros plein sa hotte. Sauf que, de même que celui-ci n’exauce pas les voeux des enfants qui n’ont pas été sages, il ne devra pas non plus soutenir les entreprises qui n’auront d’autre mérite à faire valoir que leurs besoins.
Comme les deux petits cochons qui, ayant construit leurs demeures en paille et en bois pour se les voir souffler par le grand méchant loup, ont du demander asile au troisième cochon, qui avait bâti en « dur » sans autre mérite que celui de risquer de se faire manger. Et se transforment instantanément en cochons pleins d’une ardeur retrouvée qui se ruent sur l’auge pleine.
Car l’auge n’est pleine que du revenu de nos impôts futurs, et il ne faudrait donc pas se tromper d’espèce d’animal à nourrir. Car, si tout est bon dans le cochon, tel n’est pas le cas avec le canard, surtout quand il boîte.
Robert Mugabe: les salauds lui disent merci!
décembre 20, 2008 on 7:23 | In Coup de gueule, Incongruités, International | Commentaires fermésLe Zimbabwe n’en finit plus de s’enfoncer dans le néant. Chaque semaine JusMurmurandi trouve dans cette sombre actualité des raisons d’écrire un nouveau chapitre dans la sinistre chronique d’un pays où Ubu règne.
Ainsi Robert Mugabe vient-il de faire 2 déclarations qui laissent sans voix.. L’une, en parlant de l’épidémie de choléra qui touche des dizaines de milliers de zimbabwéens et en a déjà tué plus de mille, quand il en attribue l’origine à l’emploi délibéré de ce bacille comme d’une arme bactériologique par Gordon Brown, dans le seul but de l’abattre, lui, Robert Mugabe. Il déclare d’ailleurs immédiatement après qu’il n’y a plus de choléra au Zimbabwe, donc que les ennemis du pays ne peuvent plus utiliser ce prétexte pour le renverser. Plus de choléra au Zimbabwe, quand il n’y pas de médicaments pour malades et mourants, pas d’eau potable, pas de médecins ou d’infirmières qui travaillent encore dans un pays où l’inflation a atteint des centaines de millions de pourcents et où les revenus d’un travail sont sans valeur?
Autre déclaration, hier: « le Zimbabwe est à moi, je suis le Zimbabwe », pour expliquer sa volonté de maintien à tout prix (prix payé par les zimabawéens, bien sûr, pas par lui-même)
Ce qui choque, c’est le crédit qui est encore fait à Mugabe d’avoir mené le combat contre l’apartheid dans ce qui était encore la Rhodésie. Intrinsèquement, ce combat était exemplaire, voire héroïque. Ou plus exactement, l’eût été s’il avait conduit, comme tous l’espéraient sans doute, à un avenir meilleur. Des droits égaux pour tous et une meilleure redistribution d’une richesse monopolisée jusque là par les blancs. Le progrès par le mérite et non par la couleur de la peau.
Sauf que là, l’avenir n’a pas été meilleur. Les droits ont été donnés à tous sur papier, mais voter pour tout autre parti que le Zanu-PF de Mugabe pouvait entraîner toutes les punitions possibles, violentes y compris. Les blancs ne monopolisent plus les richesses puisqu’il n’y en a plus, ni de blancs ni de richesses. Pourtant le Zimbabwe était riche d’une agriculture prospère et d’un sous-sol aussi généreux que celui de son voisin sud-africain.
Aujourd’hui, trente pourcent de la population sont partis se réfugier en Afrique du Sud pour tenter de survivre, ce qui, au Zimbabwe, est devenu une lutte au quotidien au moins aussi dure que celle contre le régime blanc.
Mais le souvenir de l’apartheid est tellement fondateur de la mauvaise conscience des blancs et des droits des noirs qu’il semble pétrifier tous les acteurs régionaux, qui n’arrivent même pas à condamner dans leur ensemble le sinistre tyran. Cette incapacité à dépasser le passé pour se préoccuper du présent pendant que les gens meurent par dizaines de milliers est criminelle. Elle fait écho à la mort de centaines de milliers de sud-africains du SIDA avec un président, Thabo Mbeki, qui préférait douter de sa relation de cause à effet avec les relations sexuelles non protégées, et soigner par des remèdes africains à base de plantes, plutôt que d’adopter les conclusions et les méthodes des blancs. Afrique du Sud qui a le triste privilège du triple record du pourcentage de meurtres, de viol et de SIDA.
On ne peut qualifier ces positions idéologiques envers et contre la réalité, en fonction de la seule couleur de peu, que de racistes. Racistes à l’envers peut-être, mais racistes. Un racisme qui ne tue pas, mais qui laisse mourir, ce qui n’est pas si différent. Un racisme qui sert de malencontreuse « preuve » à ceux qui veulent démontrer que des noirs sont incapables de diriger leur pays vers autre chose que toujours plus de misère.
Il est plus que temps que l’Afrique australe se trouve des hommes politiques compétents pour autre chose qu’instrumentaliser le souvenir d’un combat vieux de 4 décennies. Qu’importe que certains d’entre eux soient, par exemple, à moitié blancs.
N’est-ce pas, M. Obama?
C’est Noël!
décembre 18, 2008 on 6:16 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésVoici venu le temps de Noël. Un temps où il est de tradition de parler de cadeaux, de voeux, de festin et de joie.
Vous voudrez bien excuser JusMurmurandi de ne pas participer à cette liesse de commande, car les nouvelles ne s’y prêtent vraiment pas. Si la Réserve Fédérale américaine a baissé ses taux à 0, fait sans précédent, pour tenter de stimuler l’activité économique, c’est que celle-ci est tombée à un niveau de grave faiblesse.
Un marché automobile en baisse de 40%. C’est la deuxième industrie manufacturière américaine.
Des mises en chantier de logements neufs en baisse de 80%. C’est la première industrie du pays.
Toutes les usines Chrysler sont à l’arrêt au moins jusqu’au 19 janvier. Ainsi que 20 usines General Motors. Sans compter Ford, les sous-traitants, etc…
Pour inquiétant que cela soit, le plus frappant n’est pas là. C’est que, bien que les taux d’intérêts soient nuls, il n’y a pas d’acheteurs, ceux qui le pourraient n’arrivant pas à obtenir de crédit de la part de banques qui ne peuvent ni ne savent plus prêter. Et ceux qui pourraient acheter sans crédit sont trop occupés à se désendetter ou à se constituer une épargne de précaution pour le faire.
Cela veut dire que la baisse de taux d’intérêts n’aura quasiment aucun effet, et cela s’appelle la trappe à liquidité. Et, si on suit la théorie keynesienne, elle peut devenir sans fond.
Autre exemple de l’atonie: l’Opep, dont les revenus du pétrole auront été divisés par plus de 3 en moins de 6 mois, annonce une réduction drastique de sa production: 2,2 millions de barils par jour, la plus forte jamais mise en oeuvre. Résultat: après quelques heures de hausse, le pétrole clôture sous les 40 dollars le baril, pour la première fois depuis 2004. Comment mieux toucher du doigt que nul ne croit à un rétablissement?
Bref, de nombreux signes pointent, en ce temps de Noël, vers une récession longue, dure, profonde.
Souvenons-nous que Jésus est né dans une étable, entre un boeuf et un âne, comme un SDF. Et qu’il a fallu attendre des années pour que, baptisé par Jean, il devienne le Christ et diffuse vers ceux qui croyaient en lui le message que le monde était sauvé.
Si la crise qui nous frappe adopte le même profil, avec des SDF et des années à attendre pour être sauvés, alors, oui, cela aura vraiment été Noël!
L’argent de poche
décembre 16, 2008 on 8:15 | In Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermésL’argent de poche est souvent le moyen par lequel les parents initient leurs enfants à la valeur et au bon emploi de l’argent, et au besoin qu’il y a de le mériter pour le gagner.
Le problème que pose l’argent de poche, quand il est lié aux résultats scolaires, est le suivant: si un élève travaille bien, il aura de bonnes notes, mais un peu plus tard, le temps que ses efforts aient été transformés en copies de contrôle corrigées et restituées. Disons, deux à trois semaines plus tard. Et si, entre temps, il s’est mis au repos, il aura ses bonnes notes quand en fait il ne travaillera pas. L’inverse peut aussi se produire: notre élève, après sa période de fumiste, se remet au travail, mais c’est justement à ce moment que les mauvaises notes dues à sa paresse passée arrivent.
Et l’élève ne voit pas la justice du système qui lui donne de bonnes notes quand il paresse, mais des mauvaises quand il se remet au travail.
C’est ce qui est en train de nous arriver. Nous avons vécu à crédit pendant trop longtemps. Acheté des maisons et des voitures à crédit, avec un crédit bancaire exagéré par rapport aux ressources des emprunteurs et aux fonds propres des banques.
Et c’est maintenant que nous recevons les mauvaises notes, et que notre argent de poche va diminuer.
Car, malgré l’impression que nous avons d’être plongés dans la crise depuis des mois, ce n’est « que » maintenant que les entreprises annoncent des grands plans de suppressions d’emploi. 50.000 emplois chez Citigroup ou Bank of America, 18.000 chez Sony, 14.000 chez Arcelor Mittal, 14.000 chez Rio Tinto, pour n’en citer que quelques uns. S’ajoutent à cela toutes les suppressions de postes d’intérimaires, les CDD non renouvelés, les chômages partiels dans des usines automobiles fermées pour plusieurs semaines, le temps d’espérer résorber des stocks pour lesquels il n’y a pas de clients.
Ces plans ne produiront leurs effets « que » dans quelques mois, après les délais de mise en oeuvre, qui peuvent être très longs notamment en Allemagne ou en France. C’est en 2009 que nous passerons donc du mal de tête donné par les mauvaises nouvelles au vrai mal de portefeuille. L’année prochaine nous montrera la différence entre avoir peur, et avoir mal.
Mais le délai entre « dérapage », inertie, mauvaises nouvelles, et punition varie suivant les activités. Dans certains cas, ce délai peut être long. Ainsi, cela fait des années que le Parti Socialiste ne travaille plus à un programme structuré et solide dont il voudrait convaincre les Français. Mais, pendant ce temps, il encaisse quand même le produit du travail passé sous forme de victoires aux élections régionales et municipales. Dans combien de temps va-t-il payer le prix de l’inertie de la période Hollande et des errements de la guerre sororicide entre Aubry et Royal?
C’est simple: ce sera en 2012.
Coup de Pied de l’âne
décembre 14, 2008 on 11:15 | In Coup de gueule, Insolite, International | 3 CommentsGeorge W. Bush se rendait en Irak aujourd’hui en visite d’adieu.
Visite qui n’a pas été appréciée par un des journalistes présents lors de la conférence de presse.
Mais une bonne vidéo vaut mieux qu’un long article….
Une information qui va cartonner
décembre 13, 2008 on 7:06 | In Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésEco emballages, vous connaissez ?
« Eco-Emballages est investie depuis 1992 d’une mission d’intérêt général : organiser, superviser et accompagner le tri des emballages ménagers en France. » C’est ce que l’on peut lire sur le site internet de Eco emballages, association à but non lucratif mise en place pour aider les collectivités locales dans leur effort de tri sélectif.
Et ça marche fort, Eco emballages, JusMurmurandi dirait même, ça cartonne.
A telle enseigne que l’association s’est trouvé à la tête d’une trésorerie généreuse.
Des sommes tellement importantes qu’il a fallu les placer.
Mais visiblement, les responsables de l’association n’ont pas regardé d’assez près sur où ils investissaient leurs fonds. Emballés par des taux de rendement élevés, ils n’ont pas vu que les placements partaient aux îles Caïman….
Jean-Louis Borloo le ministre de tutelle, parle pudiquement de « risque de perte lié à des placements non sécurisés dans des paradis fiscaux » dans sa déclaration de mardi dernier. Pour un montant de 55 à 60 millions d’Euro.
Bref, c’est le grand déballage. Car pendant que nombreuses collectivités territoriales perdent de l’argent pour collecter les conditionnements, l’association investit sans contrôle une trésorerie pléthorique issue de la collectivité dans des paradis fiscaux.
Une fois de plus, on ne pourra que répéter la phrase de Nicolas Sarkozy, « mais qu’est ce qu’ils sont allés f…. là bas ???? »
Septembre noir
décembre 11, 2008 on 7:50 | In Coup de gueule, France, Incongruités, International | Commentaires fermésJusMurmurandi ne va pas parler du massacre de Palestiniens par l’armée jordanienne en 1970 et du groupe d’action qui en suivit.
Mais reprendre un évènement majeur de notre vie quotidienne, un mystère visiblement insoluble dont personne ne parle, ou presque, dans la presse française tout du moins.
Il y a maintenant trois mois, un incendie aux conséquences dévastatrices sur le plan matériel s’est déroulé dans un ouvrage d’art majeur, le Tunnel sous la Manche.
Pour l’essentiel, la presse hexagonale se borne à reprendre une partie mineure du communiqué de presse publié aujourd’hui par Eurotunnel qui annonce la reprise entière de l’activité « normale » en février prochain.
Mais cette même presse, Jean-François Kahn compris, s’abstient de se pencher sur une autre partie du dit communiqué qui nous informe qu’en dépit du temps écoulé depuis qu’il a eu lieu, malgré le fait que 85 ingénieurs travaillent sans relâche à sa reconstruction, on n’a toujours pas trouvé les causes de l’incendie qui a ravagé l’un des tunnels.
Qu’il se soit propagé sur un camion au bout de 40 kilomètres du tunnel qui en compte 50, prétendument sur les freins d’un poids lourd, n’éveille pas l’inquiétude de nos si chers journalistes, alors que l’incendie a causé des dégâts de plus de 50 millions d’Euro.
Car pour qui a pris le tunnel en voiture, il ou elle saura que l’on ne monte quasiment jamais dans les wagons dès l’arrivée au point de départ du Shuttle. Que donc les freins des camions ont eu tout loisir de refroidir avant que de monter dans les wagons de transport.
Ce qui fait au contraire bouillir JusMurmurandi, ce sont les explications de Jacques Gounon, Président d’Eurotunnel, qui déclare: « Ce qui est certain c’est que dès lors que l’on a 14 millions de camions qui ont transité par le tunnel depuis son ouverture, un accident fait malheureusement partie des statistiques. »
Il y a juste une « petite » coïncidence qui n’a pas été abordée, comme pour d’autres accidents qui en restent là dès lors que c’est l’hexagone qui est touché.
Comme les rayonnement de Tchernobyl en 1986, mystérieusement arrêtés à la frontière, tandis que les Allemands reçoivent l’ordre d’arrêter de manger de la salade. Et que l’on vient rechercher…20ans plus tard le responsable de l’IPSN, le Professeur Pellerin.
Ou encore la catastrophe AZF de Toulouse en septembre 2001 où la thèse terroriste n’a pas été abordée.
Ce petit détail, c’est que cette catastrophe, à l’instar d’autres tragédies comme les tours du World Trade Center, est justement survenue en septembre.
Le 11 septembre 2008 pour être précis.
Marianne dit elle la Pravda (la vérité) ?
décembre 9, 2008 on 9:58 | In Coup de gueule, France | Commentaires fermésJFK a encore frappé. Et compare la France avec la Russie de Poutine quant au degré de liberté laissé à la presse.
Rappelons l’article de JusMurmurandi intitulé « Seppuku à Moscou » (http://www.jusmurmurandi.com/?p=984) expliquant que la simple rumeur annoncée par le journal Moskosvski Korrespondent que Poutine aurait une relation extra conjugale avec la gymnaste Alina Kabaeva avait signifié la « disparition » immédiate du journal. Pour cause de réflexion à un nouveau projet….
Voyons par conséquent si le même oukase viendra frapper Marianne dans les prochains jours:-) (on peut rêver, et ce ne serait pas JusMurmurandi qui écraserait la moindre larme…).
Parlez, Hamon! Ma tête est malade
décembre 8, 2008 on 6:37 | In Coup de gueule, Economie, France | 7 CommentsC’est ce qu’à dû lui dire Martine Aubry, tant l’ânerie proférée par Benoît Hamon, le nouveau porte-parole du Parti Socialiste, combine ineptie économique et démagogie.
En effet, sa proposition est de rétablir l’autorisation administrative de licenciements, et de refuser automatiquement tous les plans sociaux d’entreprises bénéficiaires.
Un jeu de mots facile permet de dire que, si Benoît Hamon s’intéresse tant aux licenciements, c’est qu’il est lui-même licencié… d’histoire! On peut y voir aussi l’influence de son camarade de courant, l’ex-inspecteur du travail Gérard Filoche, dont le haut-fait professionnel avait été de prouver que les cadres de Thomson (aujourd’hui Thales) travaillaient trop.
Mais ses connaissances en histoire devraient apprendre à M. Hamon que, si l’autorisation administrative de licenciement a été supprimée par le gouvernement Chirac en 1987, la gauche au pouvoir de 1988 à 1993, puis de 1997 à 2002 s’est bien gardée de la rétablir. Ce qui eût pourtant été dans les attributions directes de la Ministre du travail de l’époque, qui ne passait pas pour une tendre, comme l’a prouvé sa mise en oeuvre des 35 heures, une certaine Martine Aubry!
Quant à l’argumentation de cette proposition, c’est un galimatias reprenant tout ce qu’il peut y avoir de clichés démagogiques autour de ce thème, licenciements boursiers, casse de l’emploi, responsabilité morale et sociale…
Comme M. Hamon n’a jamais travaillé que comme fonctionnaire (mais non, ce n’est pas systématiquement un oxymore), JusMurmurandi voudrait donner à l’eurodéputé-porte-parole quelques notions de base d’économie.
Ce n’est pas de bénéfices que vit une entreprise, mais de liquidités, de trésorerie pour faire simple. Il y a d’innombrables exemples d’entreprises qui font faillite sans avoir cessé de faire des profits. Toute la crise financière actuelle qui a été à deux doigts d’emporter le système financier mondial est une crise de liquidités, pas de profitabilité.
Ensuite, une entreprise peut toujours ne pas procéder à des licenciements si ceux-ci lui sont refusé par les Hamon et autres Emmanuelli du PS, à supposer qu’ils arrivent au pouvoir. Si l’entreprise peut continuer à fonctionner avec moins de personnel, ses concurrentes le peuvent aussi. Ce qui veut dire que le refus hamonien la condamnera à la non-compétitivité. Moment auquel elle fera des pertes, qui, alors peut-être, rendront possibles un plan social, lequel sera, en raison des pertes de part de marché subies entre temps, beaucoup plus lourd.
Enfin, toujours en faisant appel aux notions d’histoire qui sont sans aucun doute dans les cours qu’a dû assimiler M. Hamon pour être licencié, JusMurmurandi voudrait lui rappeler que, si le travail a toujours été le propre de l’humain depuis la préhistoire, l’évolution est due au progrès technologique, comme le feu, la roue etc… Chacune de ces étapes a augmenté la productivité, ce qui, à court terme, entraîne les licenciements que réprouve le PS par la voix de son porte-parole.
Plus encore, le progrès depuis le 15e siècle n’est pas du uniquement à la technologie, mais aussi au capital. Ce capital qu’honnit encore aujourd’hui, et seule en Europe, la gauche de la gauche française, à laquelle s’honore d’appartenir Benoît Hamon. Ce capital si important que Karl Marx, économiste pas vraiment de droite, appela son livre fondamental « Das Kapital ». Ce capital dont Marx démontre que sa combinaison avec le travail produit la richesse. Ce capital qui ne s’accroit que d’une seule façon, M. Hamon, par l’accumulation du profit.
Il faut dire que M. Hamon a des circonstances atténuantes à son emportement contre les bénéfices d’entreprises. Ses parents lui ont donné le prénom que portait Saint Benoît, qui fonda l’ordre des bénédictins, dont la règle comprend l’humilité, la charité et la pauvreté.
Pour l’humilité, il en semble pas que M. Hamon, qui se voyait déjà premier secrétaire du PS à 41 ans, soit trop doué. En revanche, il pousserait la charité jusqu’à vouloir faire don de la pauvreté à tout les Français. Merci M. Hamon.
Les Intouchables
décembre 4, 2008 on 5:40 | In Best of, Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermésL’Inde a un système de castes, dont les intouchables composent la plus basse. Les toucher, c’est se salir si l’on appartient à une caste plus « élevée », en tout cas pour les adeptes de ce système.
La police a touché M .de Filippis, ex-directeur de Libération. Cela veut dire que, comme ils lui ont passé les menottes, soit ils n’ont pas eu peur de se salir les mains, soit ils ne savaient pas que de Filippis, apparemment comme tout journaliste, est un intouchable.
Car le contact du vil métal (de l’acier trempé tout de même) avec la noble peau, la mise en garde à vue qui s’en est suivie, soulèvent une tempête contre le Garde des Sceaux, le gouvernement et le Président de la République qui suggère une nouvelle affaire Dreyfus.
Les faits ne sont pas très compliqués. Visé par une plainte en diffamation concernant sa fonction de directeur de Libération, M. de Filippis reçoit une convocation devant un juge d’instruction. Convocation à laquelle il ne se rend pas. Moyennant quoi la juge, voulant que force reste à la loi, ordonne à la police d’arrêter M. de Filippis, d’où menottes et garde à vue.
Exemple de réaction de colère: Me Charrière-Bournazel, actuellement bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris, dénonce des méthodes dignes de la Grèce des colonels ou de la période franquiste en Espagne. Et d’énoncer que, comme la plainte pour délit de presse le visant ne peut entraîner de peine de privation de liberté, il est scandaleux et gravissime qu’un juge prive ainsi le journaliste de liberté pendant la période de garde à vue.
Ce qui veut dire, si l’on suit argumentation du bâtonnier, que, comme le délit de presse est par nature réservé aux journalistes, cette profession est dispensée de devoir déférer aux convocations d’un juge d’instruction. On se demande dès lors à quoi sert un juge d’instruction, puisque, sans M. de Filippis, la plainte contre lui ne put être instruite à charge et à décharge, mais seulement à charge. On imagine la sainte colère de Me Charrière-Bournazel et du microcosme parisien si tel avait été le cas. On eût sans doute comparé la procédure avec les procès de Guantanamo ou de Jeanne d’Arc.
Toute aussi intéressante est la relation des faits par la police. Qui narre que M. de Filippis n’a cessé de se montrer très énervé, méprisant, insultant, provocant. Qu’il a de nombreuses fois excipé de sa qualité de directeur de journal pour prétendre éviter le sort commun. Où est la vertueuse indignation des républicains, des journalistes, avocats et autres bâtonniers contre cette privilégiature, contre ce système de castes? Où est l’égalité devant la justice quand, selon que vous êtes privilégié ou non, on vous arrêtera ou on vous laissera tranquille?
Poursuivons le raisonnement encore un peu plus loin, et imaginons que Vittorio de Filippis ait été ou soit un ami de Nicolas Sarkozy, ou que le plaignant, Xavier Niel, qui n’est pas sans quelques privilèges lui aussi, en tant que fondateur de Free, soit de ses ennemis. Que n’aurait on entendu sur la justice au service du Président. Ce ne serait plus l’affaire Dreyfus, ce serait le Watergate, et les mêmes eussent exigé non la suspension immédiate de la juge mais le départ du Président….
Dernier point, à l’attention du bâtonnier Charrière-Bournazel. Le régime des colonels tuait ses opposants, Lambrakis en tête. Les forces armées franquistes ont laissé des dizaines de milliers de morts dans le sinistre sillage de leur prise de pouvoir, et toutes les fosses communes débordant de cadavres n’ont pas encore été investiguées 70 ans après. Même si l’on partage le point de vue le plus extrême sur le traitement qu’a subi M. de Filippis, celui-ci n’a été ni frappé, ni blessé; ni torturé, ni a fortiori tué. Gardons notre compassion pour les vraies victimes, notre colère pour les vrais crimes et criminels, et nos articles vengeurs pour les vraies causes.
Ou bien faut-il penser, comme JusMurmurandi que la France est un beau pays parce que, justement, de ces débats peuvent avoir lieu, y compris avec tous leurs excès, ce qui montre que, fort heureusement, il n’y a pas de cause plus grave à dénoncer sur le plan des libertés. Le fait même que personne ne songe à poursuivre le bâtonnier pour voir assimilé le rôle de tel ou tel à celui d’un participant à un régime dictatorial et meurtrier prouve que son accusation n’est pas fondée….
Broyer du noir la conscience tranquille
décembre 1, 2008 on 9:24 | In Coup de gueule, Incongruités, International | Commentaires fermésLundi premier décembre, 20ème journée mondiale du SIDA.
Journée « ordinaire », comme les 19 précédentes ?
Pas vraiment.
Parce qu’une étude publiée récemment par l’université de Harvard aux Etats Unis estime que certains malades auraient pu être sauvés.
Certains malades, ce ne sont pas des dizaines ou des centaines. 365.000 au cours de la dernière décennie.
Mais voilà, le chef de l’Etat de ce pays était en déni total, affirmant qu’il n’y a pas de lien entre le HIV et le SIDA.
Et refusait par conséquent de donner l’accès aux médecines modernes aux patients touchés.
Et alors même que les pays limitrophes, eux, permettaient aux séropositifs de pouvoir se soigner.
Les chercheurs qui ont établi ce chiffre qui horrifie et scandalise JusMurmurandi vont même jusqu’à dire que leur estimation est « conservatrice »…
Le dirigeant de ce pays a maintenant été « viré ».
Le jour même de sa prise de fonction, son successeur remplaça le Ministre de la Santé, qui affirmait que le seul remède efficace contre le SIDA sont…le jus de citron et les betteraves. Il a tout aussi rapidement permis la disponibilité des antirétrovirus, qui rendent une maladie mortelle à 100% en une maladie chronique « gérable ».
Et depuis son départ, ce chef d’Etat, Docteur de l’Université de Sussex, ne fait aucun commentaire sur ce qui pourrait s’appeler…un génocide.
Le monde occidental non plus d’ailleurs.
Après tout, quand un chef d’Etat noir envoie 365.000 de ses compatriotes à une mort certaine du fait de ses lubies, qui s’en soucie ?
N’est il pas plus simple de battre son éternelle coulpe sur l’apartheid, aux victimes incomparablement moins nombreuses, au seul motif que les couleurs de peau séparaient les deux partis opposés ?
JusMurmurandi a encore de « beaux » jours devant lui.