Ordonnances, vous avez dit ordonnances?

mars 15, 2013 on 9:16 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, Insolite, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

François Hollande a fait savoir qu’il veut recourir aux ordonnances, qui lui permettent de faire passer de nouvelles lois sans avoir besoin de les faire voter au Parlement. Le recours aux ordonnances, très rare sous la Ve République, qui est quand même après tout censé avoir un Parlement et en faire procéder nos lois, est une surprise, pour ne pas dire plus.

Car le moins qu’on puisse dire est que le tandem Hollande-Ayrault n’a eu aucune loi bloquée au Parlement. Certes, sur le projet de « mariage pour tous », la droite a déposé 5000 amendements, ce qui a fait hurler la gauche. Mais laquelle gauche venait d’oublier quand elle-même avait déposé plus de 100.000 amendements contre un projet de loi de la droite.

Sauf qu’un certain nombre de projets ont été retoqués par le Sénat, par une coalition d’opportunité entre la droite en la gauche de la gauche, notamment le Front de Gauche de Mélenchon, les Verts et les communistes.

JusMurmurandi comprend bien l’inconfort et le ridicule que Hollande et Ayrault doivent ressentir à voir leurs projets rejetés à répétition au Sénat par un parti de leurs alliés au Gouvernement (les Verts), et par les élus censément du même bord politique qu’eux (la gauche). Mais de là à gouverner par ordonnances, il y a un grand pas, compte tenu que, justement, l’opposition du Sénat ne compte pas puisqu’il suffit d’un second vote de l’Assemblée pour passer outre.

L’une des autres vertus des ordonnances, c’est de donner au Gouvernement de faire vite. Est-ce plus urgent aujourd’hui que quand il est arrivé en mai dernier? Seulement si l’on considère que les mesures prises depuis lors ont fait se dégrader la situation…

Mais les ordonnances de Hollande ne seraient-elles pas un moyen pour celui-ci de faire passer des textes que son Parlement refuserait de voter? Par exemple des textes de rigueur et d’austérité économiques, qu’il va bien falloir adopter, alors même que Moi Président jurait -mais c’était avant d’être élu- que les efforts de Sarkozy étaient de scandaleux cadeaux pour les riches aux frais des pauvres.

En fait, il est à craindre que les ordonnances de Hollande ne soient, comme si souvent chez lui, qu’un calcul politique destiné avant tout à éviter une confrontation ou une décision tranchée. Il a un problème insoluble avec la nécessaire réforme des retraites. Après avoir tonné que celle de Sarkozy et Fillon était scandaleusement dure, et non nécessaire, et après avoir rétabli la retraite à 60 ans pour certaines catégories de Français, il s’apprête à devoir faire plus dur encore. Ce qui sera du pain bénit -et moralement justifié- pour une droite qui lui rendrait la monnaie de sa pièce, et une couleuvre impossible à avaler pour une gauche de la gauche qui ne l’a certes pas élu pour faire plus dur que Sarkozy.

Alors que fait Hollande? Il se fait voter une loi autorisant des ordonnances. Comme ça, plus de débat au Parlement, plus de longue liste d’amendements, plus besoin d’explications, de contorsions pour expliquer que l’on fait ce que l’on a combattu…

Sur ce point, deux exemples montrent l’inconstance et l’opportunisme des socialistes:

- sur les ordonnances, Mitterrand dénonçait « le pouvoir personnel, le coup d’Etat permanent! ». Oui, mais c’étaient les ordonnances prises par de Gaulle, donc scélérates, alors que celles prises par la gauche sont justes, normales et morales.

- sur les ordonnances toujours, Hollande, alors patron du PS, dénonçait « une méthode détestable » qui revenait à « flouer le Parlement » et à « renoncer à la confrontation démocratique et au débat serein ». Jean-Marc Ayrault, DSK et Arnaud Montebourg faisaient assaut d’éloquence et d’emphase contre la méthode des ordonnances voulues par Villepin. Oui, mais c’étaient encore des ordonnances de droite. Combien de fois faudra-t-il vous dire que cela n’a rien à voir, mais alors rien du tout, avec l’excellentissime méthode qui consiste à prendre des ordonnances de gauche?

Sur le budget européen, cette fois-ci vous ne pourrez pas m’opposer que, quand c’est la gauche, ça change tout, donc qu’il n’y a pas opportunisme, mais vertu. Parce que c’est Harlem Désir, patron du PS et député européen, qui a fait savoir qu’il s’était opposé au vote du budget de l’Union Européenne. Budget négocié et salué comme un succès par… François Hollande…

Comment on faisait avant? Et si l’Euro avait été une erreur?

mars 6, 2013 on 7:30 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Il y a quelque chose de très particulier à la crise actuelle. Une espèce de sentiment que, maintenant, c’est fini, il faut payer pour les folies du passé, et qu’on va en avoir pour des décennies, si même on y arrive un jour. Car, à regarder les Grecs, il est clair qu’ils n’y arriveront jamais malgré la réduction de dettes qui leur a déjà été consentie. Ils sont dans une spirale où l’augmentation des impôts et la baisse des dépenses d’Etat fait baisser l’activité économique, ce qui empêche, malgré les efforts, toute réduction du déficit.

Pourtant, les folies budgétaires grecques ne datent pas d’hier, pas plus que les folies françaises, d’ailleurs. Alors comment on faisait avant pour s’en sortir, et pourquoi ça ne marche plus?

C’est simple, avant, il y avait la dévaluation. La dévaluation de la monnaie permettait de relancer les exportations et de diminuer les importations. Donc de combattre le déficit du commerce extérieur, et de stabiliser le cours de change. Et, si un pays « réussissait » sa dévaluation, la relance par les exportations, relance vertueuse, atténuait le déficit budgétaire.

En plus, la dévaluation appauvrissait d’office tous ceux qui  détenaient des actifs, et qui touchaient désormais des revenus en monnaie dévaluée. Une austérité immédiate, brutale, généralisée. Qui permettait de repousser les échéances, de gagner du temps, et de continuer les folies, à mesure que l’inflation initiée par la dévaluation en mangeait graduellement les bénéfices.

Mais maintenant il y a l’Euro. Et un Euro maintenu à un cours élevé par les performances et la rigueur allemande. Et donc les Grecs ne peuvent plus dévaluer, pas plus que les Français, les Italiens, les Espagnols ou les Portugais, tous grands amateurs de cet exercice avant la monnaie unique.

Et, du coup, les Allemands ne se retrouvent pas réévalués, comme ils l’ont eux été si souvent, ce qui les enrichissait mais mettait un frein à leur succès économique. D’où l’écart cru et cruel entre performances allemandes et non-performance française. Car, si nous sommes englués dans une sinistrose généralisée, il ne faut pas oublier qu’il suffit d’aller de l’autre côté du Rhin pour constater un climat radicalement différent, de quasi-plein emploi, de finances saines, et où les inquiétudes majeures viennent de… la France!

Alors, si tel est le cas, fallait-il faire l’Euro? Clairement, un Euro dans lequel la volonté politique a été d’inclure le plus grand nombre possible de pays, au seul motif qu’ils étaient membres de l’Union Européenne, et qu’une monnaie unique était une avancée vers davantage d’intégration européenne a été une erreur. Adopter un Euro monétaire sans instrument efficace de convergence économique en était une autre.

Le résultat est que les pays qui avaient un classe politique lâche, qui concédaient des avantages avant de tout reprendre sous la forme d’une dévaluation dont ils pouvaient attribuer la « faute » aux marché extérieurs n’ont plus cette ressource.

Et que, maintenant, il leur faut devenir « responsables ».

Coïncidence malheureuse pour la France et pour lui, c’est François Hollande qui est au pouvoir en ce moment, lui dont on se demande bien de quoi il a été « responsable » jusqu’ici, lui dont au contraire le louvoiement et l’évitement sont les deux mamelles.

N’en reste pas moins que, dans l’état actuel des choses, pour toute l’Europe du sud, l’Euro semble avoir été une colossale erreur.

Et, pour que JusMurmurandi, européen archi-convaincu, en arrive à cette conclusion, il faut vraiment que la situation soit sans espoir.

Sauf à imaginer bien sûr que la classe politique sud-européenne devienne subitement vertueuse, mais là on est dans le domaine du rêve, si on regarde les résultats des élections italiennes. Mario Monti a été accueilli en sauveur, et a mis en oeuvre un programme de réforme « à l’allemande ». Le résultat? Silvio Berlusconi fait chuter son gouvernement, et les électeurs lui donnent peu de voix. Beaucoup mois qu’à un nommé Beppe Grillo, homme de télévision, dont le seul programme est d’être contre tout.

Comment mieux dire que le courage ne paye pas quand les peuples ne veulent pas faire face à la réalité mais préfèrent croire au Père Noël?

Alors, évidemment, François Hollande est un Père Noël très crédible, parce qu’on sait que le Père Noël n’existe que dans la crédulité des enfants et ne distribue que des cadeaux payés par les autres…

It’s the economy, stupid !!

mars 2, 2013 on 4:37 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Elections municipales 2014, Europe, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

1991, les Etats Unis.

George H.W. Bush (George Bush père) a succédé à Ronald Reagan à la présidence des Etats Unis.

S’il a mené une guerre efficace et limitée contre Saddam Hussein qui a envahi le Koweit, et est sorti en grand vainqueur de l’opération « Tempête du désert » avec l’aide de Stormin Norman alias le Général Norman Schwarzkopf récemment décédé, les résultats économiques sont beaucoup moins brillants.

Lors de sa tentative de réélection contre un Bill Clinton fringant, il fut renvoyé dans ses pénates, notamment avec cette formule assassine par laquelle Bill Clinton le renvoyait à l’essentiel.

L’analyse de l’électeur américain, dont il faut rappeler qu’il est très auto centré (moins de 10% des Américains ont un passeport, pour se rendre au Canada ou au Mexique, et les exportations américaines ne sont pas du tout aussi importantes pour le pays qu’elles le sont pour les « petits » pays européens) a été qu’il est beau de porter le fer en dehors des frontières, de porter la bannière étoilée au secours de la Liberté pour remettre l’Irak derrière ses frontières, mais que les questions de croissance, d’emploi sont celles qui affectent son quotidien.

François Hollande ferait bien de méditer la défaite de George Bush. Car c’est exactement le même sort qui l’attend, avec une première salve en 2014 pour les élections municipales qui s’annoncent saignantes à l’aune des sondages qui envoient l’exécutif dans des profondeurs comparables à celles du plongeur en apnée Jacques Mayol. 30% de satisfaits de l’action présidentielle, 28% pour Ayrault dans des sondages publiés ce matin.

On comprend les sondés.

En dépit d’une fiscalité augmentée plus que la réalité, et de promesses -mais qui y croit encore?- de ne plus augmenter les impôts pendant tout le reste du quinquennat, Cahuzac, ministre du budget, annonce qu’il lui manque 6 milliards pour boucler 2014. Ce qui signifie que le tour de vis annoncé comme temporaire, est en train de devenir définitif et sera même amplifié.

Le chômage ? Annoncé en recul pour la fin 2013 par Hollande, il enregistre 1.000 personnes de plus chaque jour. Des chômeurs en fin de droits s’immolent devant Pôle Emploi ? Silence de l’exécutif. Que n’aurait on dit si cela s’était passé pendant le mandat précédent…

Alors pour « détendre » l’atmosphère on se permet des « bons » mots. Hollande annonce avec gourmandise à un petit garçon au salon de l’agriculture qui lui dit n’avoir jamais vu Nicolas Sarkozy « qu’il ne le verra plus ».

Ségolène Royal, promue on sait pour quelle raison subjective à la BPI, parle de celui qui lui a mis une fessée retentissante en 2007 en disant qu’il doit penser à changer les couches de sa fille Giulia.

Toute cette morgue, toute cette suffisance ne serviront pas de cache misère au désastre économique qui arrive. Il n’en est que renforcé par les piques envoyées à ceux qui sont les opposants au Président. La première journée de carence offerte au secteur public, alors que le privé doit avoir trois jours ne font que retourner le couteau dans la plaie déjà à vif.

Il ne servirait à rien de faire la litanie des promesses économiques non tenues, comme la hausse de la TVA, les Français comme les étrangers ont compris que nous allions dans le mur en klaxonnant.

Mais alors, quel scénario pour la suite ?

François Hollande est élu corrézien. Que fit le roi fainéant issu des mêmes bancs dans des circonstances pas dissimilaires ? Il renvoya le Parlement et laissa son opposition gérer, lui permettant d’être réélu…avec plus de 80% des voix en 2002.

On imagine bien que Hollande pourrait facilement caresser un tel projet.

Car dans tout ce sombre tableau, nous n’avons pas parlé d’une composante à vrai dire bien taiseuse, et on a du mal à le comprendre, JusMurmurandi pense à l’opposition.

Si un Copé, un Fillon refusaient Matignon, Hollande en serait réduit à faire…comme Benoît XVI. Démissionner.

Mais ce ne sont que des suppositions à cet instant.

JusMurmurandi se prend à rêver…

 

Le vrai visage de la fuite du travail en France

mars 2, 2013 on 6:06 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

La justice annule le 3e plan social de Fralib, filiale française du groupe mondial Unilever. Certes on ne peut reprocher à des juges d’appliquer des textes dont ils ne sont au demeurant pas les auteurs. Mais comment justifier que des salariés dont tous, sauf 67 ont déjà retrouvé un emploi soient réintégrés dans une entreprise qui ne produit plus, continuent d’être employés et de percevoir leur salaire quand l’activité a cessé? Et ce de manière rétroactive? Et pour la 3e fois? JusMurmurandi comprend bien la joie des salariés qui vont toucher double salaire, et une indemnité de licenciement alors qu’ils ne subissent, dans les faits, pas de préjudice. Mais comment ne pas voir que cela dégoûte les entreprises françaises et étrangères d’avoir des salariés en France, où chaque plan social est un vrai champ de mines, où le recours devant les tribunaux est systématique, et où tout employeur risque de devoir payer rétroactivement leurs salaires bonus, primes et charges à des employés qui ont quitté l’entreprise des années auparavant?

Comme si cela ne suffisait pas, le Sénat a voté un texte hallucinant: l’amnistie de tous les faits commis pendant les conflits sociaux. Obstruction au droit du travail, blocage d’usine, casse ou vol de matériel, tout est amnistié! En bloc, et avant même que la Justice se soit prononcée! Comment mieux faire savoir à tous que c’est autorisé? Qu’en cas de conflit, les grévistes peuvent faire ce qu’ils veulent, car ils auront l’Etat à leur côté dans leur lutte « légitime »? Cela concerne évidemment l’usine Citroën d’Aulnay, où les grévistes, emmenés par une CGT menée par un élu communiste, multiplient les exactions. Les socialistes, mal à l’aise devant ce texte d’initiative communiste, mais qui l’ont bel et bien voté, veulent qu’on leur fasse le crédit de l’avoir atténué en en réduisant le champ. Ils ne veulent pas qu’on les plaigne, en plus?

JusMurmurandi se demande ce qu’en pensent Arnaud Montebourg, qui est censé susciter des emplois pour ceux qui se mettent en scène comme des casseurs fanatiques, et Manuel Valls qui est censé faire respecter l’ordre et la loi.

Mais, quand on se demande pourquoi l’industrie fuit la France, alors qu’elle ne fuit pas l’Allemagne, il faut voir deux aspects. L’un, c’est le coût de la production, que les Allemands ont réduit quand nous l’avons augmenté, au point que notre pays moins cher il y a 12 ans est aujourd’hui plus cher. L’autre est que, franchement, il faut être fou pour être employeur en France quand on voit les tortures auxquelles cela vous soumet dans les deux exemples ci-dessus.

 

Depardieu Président?

février 26, 2013 on 11:47 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

François Hollande a eu la sagesse de ne pas faire beaucoup de promesses pendant sa campagne électorale, et moins encore depuis qu’il a été élu. Mais « pas beaucoup », cela se révèle avoir été en fait, encore beaucoup trop.

Il a imposé une hausse explosive des impôts en 2012 et plus encore en 2013 pour remettre la France dans les 3% de déficit qui étaient pour lui la condition de ne pas se voir imposer une austérité forcée par les marchés financiers. Il est d’ores et déjà acté que cette promesse ne sera pas, et de beaucoup, tenue, puisque le déficit sortira suivant les prévisions actuelles à 3.6%. Un dérapage de 20%, ce qui n’est pas rien. Tellement pas rien qu’il fait se poser la question de la sincérité et/ou de la compétence de ceux (Hollande, Ayrault, Moscovici, Cahuzac) qui déclaraient y croire mordicus il y a quelques semaines encore.

Maintenant, regardons l’avenir. Jérôme Cahuzac a indiqué que, compte tenu de recettes « exceptionnelles » dans l’année en cours, il lui faudrait 6 milliards de recettes nouvelles pour les remplacer. Donc de deux choses l’une, ou les recettes « exceptionnelles » deviennent « permanentes », ou il en faut de nouvelles. Ce qui serait violer la promesse de la même fine équipe que cette hausse d’impôts serait la dernière du quinquennat.

Mais en fait, les 6 milliards de Cahuzac ne sont pas, et de loin, les dernières hausses à venir. Parce que le point de départ de la nouvelle année budgétaire  ce ne sont pas les 3% promis, mais les 3,6% réels, qu’il va bien falloir ramener enfin l’année prochaine à 3%. Donc encore une couche d’impôts de plus à rajouter au supplément de 6 milliards…. et encore des promesses qui n’ont aucune chance d’être tenues. Et n’oublions pas qu’en 2017, les 3% doivent être devenus 0. Comment faire, sans recettes nouvelles dans une France sans croissance?

Ce d’autant que les « réductions de dépenses de l’Etat » qu’envisagent les socialistes, on le sait maintenant, ce sont des baisses de subventions et des réductions de niches fiscales. Dire que ce sont des baisses de dépenses alors qu’il s’agit de hausses de prélèvements est un exercice auxquels les Français ne comprendront rien. Raconter aux familles à qui on fiscalisera les allocations familiales ou à qui on supprimera la demi-part pour chaque enfant étudiant que ce sont des réductions de dépenses de l’Etat, c’est vraiment les prendre pour des ânes.

Et encore, ces promesses et prévisions socialistes n’intègrent-elles pas encore les conséquences de leurs décisions calamiteuses. Le marché immobilier est en panne, avec des baisses de transactions de -20% à plus de -30% selon les régions. Autant de recettes en moins pour les finances publiques, notamment les collectivités locales, qui n’ont cessé de dépenser de plus en plus. Les entreprises du numérique, un des secteurs où la France a de réels arguments à faire valoir sur le marché mondial étaient de celles qui investissaient plus chaque année, avec des hausses de l’ordre de 10%. Au dernier trimestre 2012, ces mêmes entreprises ont investi 39% de moins. Evidemment le Gouvernement niera tout lien avec la taxation massive, unique au monde, sur les plus-values d’actions de ces sociétés jeunes et innovantes. Comme il nie toute accélération des exils fiscaux, alors que le stock de biens immobiliers de grand luxe mis en vente a purement et simplement triplé en un an…

Et le chômage va, dans quelques jours, battre son record absolu vieux de 16 ans, avec l’impact qu’on imagine sur les comptes de l’assurance chômage, dont il faudra bien traiter le déficit, comme aussi celui des retraites, dont la réforme Sarkozy-Fillon ne suffit pas, alors que la gauche niait son utilité…

Bref, l’équipe Hollande conduit la France et les Français dans le mur. L’Italie nous a donné un curieux exemple hier d’un peuple que ses leaders ont eux aussi conduit par dogmatisme et lâcheté mis dans l’impasse. Ils ont donné 25% de leur voix à Beppe Grillo, un artiste qui leur promet une rupture avec le système politique et les politiciens  « classiques ».

Avec 25% des voix, un tel candidat, en France se retrouverait indiscutablement eu second tour de l’élection présidentielle, avec de bonnes chances de battre un adversaire sorti du sérail et marqué par les échecs répétés de son parti et ses amis.

Qui pourrait être un tel candidat? Le comédien français le plus connu, par exemple. Ah, tiens, c’est Gérard Depardieu…. A ce propos, il est où, Obélix avec sa force inépuisable, quand on a besoin de lui? Ah oui, c’est vrai, il est en Russie maintenant…

La France, République irréprochable, ou exemplaire?

février 20, 2013 on 7:22 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | 1 Comment

Décidément, plus ça change, et plus c’est la même chose. François Hollande avait promis, pendant sa campagne électorale, que , Lui Président, la France deviendrait une République exemplaire. En opposition , bien sûr, à la France, République irréprochable, promise par Sarkozy, et que le leader du PS n’avait pas vu se matérialiser.

Depuis, JusMurmurandi voit que toutes les nominations qui tombent, toutes sans exception,  sont celles des amis et des alliés, et, plus particulièrement, des camarades de promotion de Moi Président à l’ENA, dans la désormais célèbre promotion Voltaire.

Ainsi Jack Lang, 73 ans, ancien ministre PS, battu aux législatives accède-t-il à la présidence de l’Institut du Monde Arabe.

Ainsi Serge Blisko, qui n’a pu se représenter aux législatives pour cause d’accord électoral PS-Les Verts, devient-il le patron de la Miviludes, mission interministérielle de lutte contre les sectes.

Ainsi Olivier Schrameck, ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon, devient-il président du CSA, conseil supérieur de l’audiovisuel

Ainsi Jean-Pierre Jouyet, camarade de promotion de Moi Président devient-il directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations, et aussi président de la BPI, banque publique d’investissement

Ainsi Anne Lauvergeon, ancienne président d’Areva au bilan plus que contestable est-elle successivement attendue à la tête  de la BPI, d’EDF ou de France Telecom. Mais c’est chez EADS qu’elle atterrit finalement.

Dernière nomination en date, celle de Madame Ex, Ségolène Royal, elle aussi battue aux législatives, qui sera vice-présidente et porte-parole de la BPI.

Elle, qui n’a jamais ni travaillé dans le privé ou pour une entreprise même publique, ni été banquière, affirme avoir toute compétence et expérience pour ce poste, et que « je n’ai pas été nommée par le gouvernement ».

On la croit volontiers. Ce n’est pas le gouvernement qui lui a fait 4 enfants, et à qui elle doit sa nomination.

CGT, comme Chômage Garanti pour Tous

février 1, 2013 on 10:45 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Chômage, vous avez dit chômage? Goodyear exploite deux usines à Amiens, distantes de 200m. L’une, dite Amiens-Nord, l’autre, Amiens-Sud.

En 2007, l’entreprise veut réorganiser sa production, et passer de 5 équipes à 4. Dès ce moment la CGT de Nord a dit « non » à toutes les demandes et propositions de la direction, depuis des mesures partielles jusqu’à une reprise partielle par Titan, une entre prise américaine, comme si la crise et les impératifs de compétitivité n’existaient pas. Et elle a usé -et abusé- de l’arme juridique pour faire traîner jusqu’au blocage tout plan de la direction, qui a fini par de lasser, comme Titan, écoeurés.

Résultat aujourd’hui: la fermeture d’Amiens-nord est annoncée, avec plus de 1000 licenciements à la clef, plus la perte pour la France de ce volume d’affaires, c’est à dire les pertes de recettes, d’exportations, d’impôts et de cotisations sociales, de chiffre d’affaires pour les sous-traitants etc…

Pendant ce temps, le personnel de Sud a accepté un accord de réorganisation, et, après une chute initiale, a retrouvé son niveau d’emploi et en a même recréé 100 de plus.

Bien sûr, la comparaison n’est pas parfaite, parce que les pneus fabriqués à Sud n’étaient pas les mêmes. Mais les offres et exigences de Goodyear étaient les mêmes. Bien sûr il est difficile d’accepter toutes les demandes de tous les employeurs, qui veulent toujours des concessions, dont certains sans limites. Mais enfin, dans ce cas précis, le résultat est clair – désastreux-!

Alors JusMurmurandi se demande vraiment si le fait pour la CGT de donner tort à Goodyear et au gouvernement, dont ils vont évidemment dire que c’est la faute, vaut les emplois perdus.  Le fait qu’il y ait une superposition d’élus CGT et d’élus du PCF à Amiens-Nord n’est pas neutre. Car, si les salariés y perdent leur emploi,  le PCF y gagne des électeurs à montrer comment l’Etat-PS « ne fait rien pour les travailleurs ».

Si la CGT, qui adopte la même attitude à Aulnay,  a les moyens de ce comportement dans toutes les entreprises, le PCF y trouvera peut-être son compte, mais la France sera devenue un désert. Car comment ignorer que la fermeture d’Amiens-Nord fragilise, ne serait-ce que par la très mauvaise image qu’elle donne des difficultés de produire en France, les autres entreprises qui ont le choix, à commencer par Goodyear à Amiens-Sud?

JusMurmurandi en viendrait presque à plaindre le trio Hollande-Ayrault-Montebourg, qui va devoir endosser la responsabilité de ce désastre aussi prévisible qu’évitable. C’est dire si c’est triste….

Anne d’Arc?

janvier 28, 2013 on 9:50 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, Anne Lauvergeon est une exception dan le paysage économique et patronal français. D’abord parce que c’est une femme, catégorie très minoritaire. Ensuite parce que, parmi celles et ceux qui ont navigué à cheval sur les postes politiques et économiques au plus haut niveau, elle n’est pas énarque ayant fait Normale Sciences et l’Ecole des Mines.

Ayant été le dernier « sherpa » de François Mitterrand, elle est nommée en 1999 à la tête de la Cogema, qu’elle contribue à transformer en Areva, et gagne le surnom d’Atomic Anne pour sa fervente défense de l’énergie nucléaire.

Non renouvelée à la tête d’Areva sur décision de Nicolas Sarkozy malgré des réseaux de soutien, notamment les ingénieurs des Mines, qu’on dit les plus puissants de France, elle est depuis en attente d’un poste à la hauteur de ses compétences et capacités manifestement exceptionnelles.

Ainsi, son nom a été cité comme devant prendre la tête, successivement de rien moins que  d’EDF, de la Banque Publique d’Investissement, de France Télécom-Orange, et maintenant d’EADS. Soit les postes de dirigeants des plus belles entreprises françaises dans tous les domaines, avec le soutien semble-t-il de François Hollande. Ce qu’on peut comprendre quand on voit les points communs entre Atomic Anne et les deux femmes de « de caractère » qui ont partagé la vie hollandaise, Ségolène Royal et Valérie Trierweiler.

JusMurmurandi se pose une question simple. Le bilan de ses années à la tête d’Areva justifie-t-il cette candidature? Avec, entre autres « menus problèmes »,

- des dérapages de coûts et de délais vertigineux des chantiers des deux premiers réacteurs de nouvelle génération, l’EPR, censés être les joyaux du catalogue Areva, en France et en Finlande

- une acquisition de mines d’uranium, Uramin, qui s’est révélé valoir si peu qu’il a fallu passer après son départ une perte de plus d’un milliard d’euros pour la ramener à une plus juste valeur

- une lutte franco-française avec EDF pour la maîtrise de la filière nucléaire, lutte fratricide qui n’est pas pour rien dans la perte du contrat de 4 réacteurs à Abou Dhabi, contrat pour lequel la France était archi-favorite

Ceci ne signifie pas qu’Anne Lauvergeon soit une nullité parce qu’elle a commencé par la très haute fonction publique à caractère politique. Après tout, cette filière a donné d’aussi brillants dirigeants que Jean Peyrelevade, qui a sauvé le Crédit Lyonnais ou Louis Gallois, qui a fait d’EADS le N°1 mondial de l’aviation civile. JusMurmurandi choisit exprès deux exemples de patrons de gauche pour bien montrer que ceci n’a aucun caractère politique gauche/droite.

Ceci ne signifie pas non plus qu’Anne Lauvergeon soit une nullité parce qu’elle est une femme. Il suffit de se souvenir de Margaret Thatcher ou d’Angela Merkel pour voir que les femmes sont tout aussi légitimes que les hommes à occuper le postes les plus exigeants de la planète. JusMurmurandi choisit exprès deux exemples de dirigeants de droite pour bien montrer que, si la gauche peut compter des personnes de très grand talent, elle n’en a pas le monopole non plus.

Mais ce qui est proprement (ou salement, c’est comme on voudra) révoltant, c’est que voilà une personne dont le bilan à a tête d’Areva est loin d’être à la hauteur des postes auxquels il semble qu’elle soit appelée par des voix aussi mystérieuses que celles qui disaient à Jeanne d’Arc d’aller sauver la France.

Et  ceci n’a pas l’air de revêtir la moindre importance dans la désignation des plus grands dirigeants français. Beaucoup moins en tout cas que la puissance de mystérieux réseaux de soutien d’une oligarchie qui se perpétue sans aucune vergogne pour l’état dans lequel ils contribuent chaque jour un peu plus à mettre la France.

En attendant, si JusMurmurandi n’attend pas d’Anne Lauvergeon qu’elle sauve la France (nous avons déjà Arnaud Montebourg pour cela, donc notre avenir est assuré), nous ne conseillons pas non plus de la brûler sur un bûcher en place publique à Rouen. Il y aurait trop à craindre que les fumées soient radio-actives, et Rouen a déjà eu son nuage toxique…

Non, en fait, JusMurmurandi n’a rien contre Anne Lauvergeon. Mais tout contre un système qui veut à toute force promouvoir l’une des siennes à n’importe quel poste pourvu qu’il soit très important et permette la promotion d’autres de ses membres. Ce qui n’est pas exactement la définition de la méritocratie que JusMurmurandi appelle de ses voeux.

Et qu’on ne vienne pas nous dire qu’Anne Lauvergeon est une femme de grand mérite au motif qu’elle a fait de brillantes études. Jean-Yves Haberer aussi, qui a ruiné le Crédit Lyonnais. Le mérite, ce ne sont pas les études, c’est ce que les études permettent à certains d’accomplir. Ce qui n’est pas la même chose, même si en France une certaine caste feint de l’ignorer.

 

A la retraite à Vichy ?

janvier 22, 2013 on 7:39 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | 2 Comments

Il y a 50 ans aujourd’hui que les deux féroces ennemis d’hier signaient le traité d’amitié franco-allemande. L’anniversaire de cet évènement sera célébré avec flons-flons  et discours, comme ayant été la base de la création européenne.

En ce jour où, donc, nous voudrions tous nous réjouir, JusMurmurandi choisit de dire que, plus encore que le rapprochement franco-allemand, ce qui compte vraiment, c’est la paix. La paix entre la France et l’Allemagne depuis 67 ans. Une durée record, sans précédent depuis des siècles.

Sauf, que, par un clin d’oeil ironique, 67 ans, c’est aussi, en France comme en Allemagne, l’âge de la retraite. Et, par bien des côtés, le couple franco-allemand semble avoir atteint l’âge de la retraite, ou du divorce. Ce, pour une raison simple: ils n’ont plus envie de vivre la même chose.

Les Allemands sont conquérants, sur le plan économique s’entend, et enregistrent succès sur succès. Le chômage est à 5,5% de la population active, les comptes extérieurs et l’emploi sont à des niveaux record, et les comptes publics sont à l’équilibre.

Les Français sont tétanisés à l’idée du moindre effort, de la moindre réforme, et consacrent toute l’énergie à s’y opposer qu’ils ne consacrent plus au travail. Tous ne rêvent plus que d’être fonctionnaires, payés par les impôts des autres. Le chômage dépasse 10%, et les comptes publics et sociaux sont en grave déficit malgré des hausses d’impôts sans précédent. Sans compter une croissance en panne.

Seuls des aveugles et des idiots peuvent ne pas voir qu’un tel écart est totalement incompatible avec le long terme, et que le couple vit ses dernières années. En 2003, le chancelier Schröder, socialiste allemand, et le Président Chirac, censément de droite, se mirent d’accord pour un programme de réformes pour adapter leurs pays respectifs à la donne du siècle qui commençait. Schröder le mit en oeuvre, ce qui lui coûta de perdre les élections deux ans plus tard, mais fonda le redressement allemand. Chirac, comme le raconte Schröder, ne fit rien.

La France vient d’élire le Chirac de gauche, qui pense qu’augmenter les impôts règle les déficits tout en dispensant des réformes. Ce qui provoque, entre autres, un exode des entrepreneurs comme la France en a déjà connu deux fois, avec les résultats que l’on sait: à la révocation de l’Edit de Nantes, et à la Révolution.

Une chanson emblématique de la réconciliation allemande a été le célèbre « Göttingen », de Barbara, d’autant plus capable de dire que l’Allemagne était redevenue « fréquentable », que la chanteuse était juive. Bientôt, parce que c’est la seule chose qui ne peut nous être enlevée, nous ne serons plus que cela pour nos voisins allemands: un endroit de villégiature « fréquentable », où il viendront en cure thermale dans une ville symbolique de l’asservissement consenti des Français à la toute-puissance allemande.

Vichy!

Eckert contre Depardieu, ou comment les socialistes n’ont décidément rien appris de Karl Marx

janvier 6, 2013 on 11:03 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

La Russie, n’en déplaise à Gérard Depardieu, n’est pas une grande démocratie. Il suffit de consulter, entre mille, l’affaire Magnitsky pour en être convaincu. Le fait qu’il ait des amitiés douteuses dans l’ex U.R.S.S. ne fait pas de Depardieu un moins immense acteur, ni aussi une P.M.E. à lui tout seul. Et n’enlève rien à son droit d’aller en Belgique ou en Russie si bon lui semble d’exercer sa liberté. Droit, qui on le rappelle, est le premier des trois mots inscrits sur chaque bâtiment de l’Etat français, donc mot qui devrait être chéri par ceux qui sont payés pour le servir et prétendent le faire.

En face, Christian Eckert, rapporteur général (PS) de la Commission des Finances. C’est un poste important qui a été confié à ce professeur agrégé de mathématiques. Il s’est déjà signalé à l’attention de JusMurmurandi en voulant taxer les objets d’art et de collection à l’ISF, insensible aux ravages que cela causerait aux collections détenues en France, qui font partie de notre patrimoine artistique. La froideur et le détachement avec lesquels il en a parlé à l’époque de sa tentative infructueuse rappelait un certain « la République n’a pas besoin de savants » qui a précipité l’immense Lavoisier à la guillotine de la Révolution.

Cette fois-ci, non content de brocarder l’acteur émigré avec une violence jacobine, il livre sa pensée sur la fameuse taxe à 75%, dont il dit, pour expliquer qu’elle était importante alors même qu’elle n’allait presque rien rapporter, que « ce n’était pas une taxe tant qu’une amende ». C’est impressionnant de candeur de voir un homme parvenu  à ce niveau de responsabilités et de pouvoir raconter n’importe quoi sans en être conscient ni que son entourage ne le protège de ses propres inepties.

Pour M. Eckert, donc, élu de la République, et donc membre d’une Assemblée qui vote les lois, un petit cours de droit. Qu’est-ce qu’une amende, en droit français? « Une amende est une condamnation à payer une somme d’argent fixée par la loi ou le règlement à l’administration. Le paiement d’une amende s’effectue auprès du comptable du Trésor public. »

Le mot qui frappe, c’est le cas de le dire, c’est qu’une amende est une condamnation. Cette condamnation provient d’une contravention, d’une infraction ou d’un délit, voire d’un crime. Or, que dit Christian Eckert? Que gagner plus d’un million par an entraîne automatiquement amende, donc que c’est une infraction. Infraction à quoi? A quel article de quel code de droit? A aucun bien sûr, sauf aux désirs du député jacobin, qui les prend pour des articles de droit français.

M. Eckert s’arroge donc le droit, avec ses confrères socialistes de créer des condamnations et amendes pour des faits parfaitement légaux. C’est si monstrueux que la Russie chère à Gérard Depardieu en deviendrait, si on le prenait un tant soit peu au sérieux, par comparaison, exemplaire. Constatons simplement que M. Eckert, professeur de mathématiques, n’est très doué ni pour le français ni pour le droit, et laissons-le à ses vaticinations pleines d’aigreur et de rancoeur.

Car le blog de M. Eckert est éclairant. Sa pensée politique est aussi profonde que sa compréhension du droit. Que dit-il en somme? Que comme les pauvres sont pour lui les plus nombreux, se préoccuper des pauvres c’est se préoccuper du plus grand nombre, et donc intrinsèquement juste et noble.

Sauf que M. Eckert aurait du lire Marx. Et notamment Das Kapital. Evidemment c’est un auteur qui gène plus qu’un peu les socialistes  vu qu’ils ont soutenu pendant des décennies les idées politique qui s’en réclamaient, alors qu’elles n’ont produit que 50 millions de morts au lieu du bonheur promis à l’humanité. Mais ce n’est pas parce que le Parti Socialiste a hâte de faire oublier son passé politique marxiste qu’il faut oublier ce que disait Marx en termes économiques. Et notamment cette définition que personne ne conteste, à savoir que la valeur ajoutée, et donc la richesse, en économie, est la combinaison du capital et du travail.

Sauf que, si M. Eckert est un défenseur passionné des droits des pauvres, il se rend bien compte que la fuite du capital met à mal la création de valeur ajoutée. Et pour un Depardieu, un Bernard Arnault, un Yannick Noah, un Alain Afflelou, un Christian Clavier qui s’en vont, c’est autant de capital en moins, autant d’emplois en moins, autant de revenu fiscal en moins. Bref, autant de moins à redistribuer pour les chers pauvres de M. Eckert, qui en est tout simplement aussi contrarié que furieux. Depardieu emploie, à aujourd’hui, à lui seul, 80 personnes en France. Il a, dit-il payé 145 millions d’euros d’impôts cumulés. Comment faire croire que perdre cette vache à lait économique est une bonne nouvelle pour la France et son « redressement productif »? Et comment faire croire que frapper les gens d’amendes alors qu’ils n’ont rien fait d’autre que de déplaire par leur trop grande réussite ne les fait pas partir?

Même Christian Eckert devrait pouvoir comprendre ces faits simples. Et comprendre que, pour redistribuer aux pauvres et acheter ainsi son élection, il faut avoir encore quelques riches sous la main.

Chroniques du socialisme ordinaire

décembre 20, 2012 on 2:33 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Par où commencer ?

Par la condamnation en Justice d’Arnaud Montebourg, non pas pour avoir injurié ou diffamé tel ou tel dirigeant d’entreprise, mais pour s’en être pris à Jean-Noël Guérini, sulfureux responsable PS des Bouches-du-Rhône. Une deuxième condamnation en quelques mois, et il reste au Gouvernement, contrairement à la promesse formelle de François Hollande. Il faut dire que quand Moi Président était Premier Secrétaire du Parti Socialiste, il n’a rien fait pour mettre fin aux agissements de Guérini, alors il ne se sent peut-être pas très propre sur ce dossier, qui traite justement de ramassage d’ordures. On comprend qu’il n’ait pas envoyé de témoignage en faveur de Montebourg au tribunal comme il l’a fait en faveur de sa maîtresse, Valérie Trierweiler.

Par la demande que formule Jérôme Cahuzac, Ministre du Budget, que la banque suisse UBS certifie qu’il n’a jamais eu de compte chez eux. C’est évidemment une tentative de se dédouaner de l’accusation d’avoir eu un compte illégal en Suisse, dont il aurait ensuite transféré les fonds à Singapour. Accusation formulée par Mediapart, site notoirement à gauche, qui trouve peut-être que Cahuzac, qui prêche l’orthodoxie financière du haut de son puissant ministère, ne l’est pas assez à son goût. Comme entre Guérini et Montebourg, la droite n’a rien à voir à ces petites guerres entre amis de gauche. Et la demande de Cahuzac n’a aucune chance d’aboutir, car elle est contraire à la loi suisse sur le secret bancaire, ce que le Ministre du Budget sait bien entendu très bien.

Par la façon dont les socialistes vont réduire, comme promis, les dépenses de l’Etat. Voir ce pouvoir être si vertueux et frapper son propre électorat au coeur est quelque chose auquel JusMurmurandi n’a jamais cru. Mais maintenant, on sait comment ils vont faire, puisque, parmi les dépenses de l’Etat, le Gouvernement compte les aides aux entreprises et les niches fiscales. Donc, pour eux, supprimer des aides et des niches fiscales, c’est réduire les dépenses publiques. Bien entendu, toute personne qui dirait que c’est en f ait une hausse d’impôts et non pas une baisse de dépenses, serait un idiot, non?

Comme serait idiot de ne pas tenir le Gouvernement comptable du report de tout investissement sur le projet du Grand Paris. Pour mémoire, le dernier grand chantier d’aménagement de  la région parisienne date des années 50, exécuté dans les années 60, avec les villes nouvelles (Evry, Cergy etc…)  et le RER. Depuis, rien. La Région île de France, tenue par les socialistes, ne fait rien pour les transports en commun dont ils on la charge, alors même que Delanoë, maire de Paris, fait tout pour repousser les automobilistes de banlieue hors de ses murs et les forcer au transport collectif. Sarkozy juge la situation insupportable, et lance d’autorité le projet Grand Paris, aussi ambitieux que coûteux. Paniqués à l’idée de voir la droite faire ce qu’eux n’ont pas fait depuis des décennies, et qui sera politiquement payant, à savoir améliorer le transport quotidien de la dizaine de millions de banlieusards, la gauche se mobilise, et, cas unique du mandat sarkozyen, trouve un accord de compromis avec la droite sur le futur projet. Sauf que, dès que le nouveau Gouvernement arrive au pouvoir, le milliard d’euros d’investissements prévu pour le Grand Paris disparaît, remis à une date aussi imprécise que lointaine. Voilà comment l’Etat réduit ses dépenses!

Mais le plus stupéfiant, et aussi le plus logique aussi d’une certaine manière, est le retour de Bernard Tapie aux affaires. Vous vous souvenez que c’est sous Mitterrand qu’il a prospéré, puis est même devenu ministre. Prouvant une fois de plus que c’est sous la gauche théoriquement « morale » que fleurissent quelques affairistes de gros calibre. Eh bien, sitôt la gauche revenue au pouvoir, revoilà Tapie, qui va racheter rien moins que le Groupe de presse Hersant. Ce qui va lui donner le contrôle des quotidiens du sud-est de la France, et notamment de Marseille, ville pour la mairie de laquelle d’aucuns verraient bien Tapie postuler. Lui déclare qu’il ne reviendra jamais en politique.

Comme Cahuzac déclare qu’il n’a jamais eu de compte bancaire à l’étranger, et comme le Gouvernement déclare qu’il va baisser les dépenses de l’Etat, sans doute…

La Bible revisitée

décembre 18, 2012 on 1:38 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Une version de l’Ancien Testament revisitée, à ne pas manquer…

En 2012 après Jésus-Christ, Dieu visite Noé et lui dit :

Une fois encore, la terre est devenue invivable et surpeuplée.

Construis une arche et rassemble un couple de chaque être vivant ainsi que quelques bons humains. Dans six mois, j’envoie la pluie durant quarante jours et quarante nuits, et je détruis tout !!!

Six mois plus tard, Dieu retourne visiter Noé et ne voit qu’une ébauche de construction navale.

Mais, Noé, tu n’as pratiquement rien fait ! Demain il commence à pleuvoir!

Pardonne-moi, Tout Puissant, j’ai fait tout mon possible mais les temps ont changé:
J’ai essayé de bâtir l’arche mais il faut un permis de construire et l’inspecteur me fait des ennuis au sujet du système d’alarme anti-incendie.

Mes voisins ont créé une association parce que la construction de l’échafaudage dans ma cour viole le règlement de copropriété et
obstrue-leur vue. J’ai dû recourir à un conciliateur pour arriver à un accord.

L’Urbanisme m’a obligé à réaliser une étude de faisabilité et à déposer un mémoire sur les coûts des travaux nécessaires pour transporter l’arche
jusqu’à la mer. Pas moyen de leur faire comprendre que la mer allait  venir jusqu’à nous. Ils ont refusé de me croire.

La coupe du bois de construction navale s’est heurtée aux multiples Associations pour La Protection de l’Environnement sous le triple motif que je contribuais à la déforestation, que mon autorisation donnée par les Eaux et Forêts n’avait pas de valeur aux yeux du Ministère de l’environnement, et que cela détruisait l’habitat de plusieurs espèces animales. J’ai pourtant expliqué qu’il s’agissait, au contraire de préserver ces espèces, rien n’y a fait.

J’avais à peine commencé à rassembler les couples d’animaux que la SPA et WWF me sont tombés sur le dos pour acte de cruauté envers les
animaux parce que je les soustrayais contre leur gré à leur milieu naturel et que je les enfermais dans des pièces trop exiguës.

Ensuite, l’agence gouvernementale pour le Développement Durable a exigé une étude de l’impact sur l’environnement de ce fameux déluge.

Dans le même temps, je me débattais avec le Ministère du Travail qui me reprochait de violer la législation en utilisant des travailleurs bénévoles. Je les avais embauchés car les Syndicats m’avaient interdit d’employer mes propres fils, disant que je ne devais employer que des travailleurs hautement qualifiés et, dans tous les cas, syndiqués.

Enfin le Fisc a saisi tous mes avoirs, prétextant que je me préparais à fuir illégalement le pays tandis que les Douanes menaçaient de m’assigner devant les tribunaux pour « tentative de franchissement de frontière en possession d’espèces protégées ou reconnues comme dangereuses ».

Aussi, pardonne-moi, Tout Puissant, mais j’ai manqué de persévérance et  j’ai abandonné ce projet.

Aussitôt les nuages se sont dissipés, un arc-en-ciel est apparu et le  Soleil s’est mis à briller

Tu renonces à détruire le monde ? demanda Noé

Inutile, répondit Dieu, l’administration s’en charge.

Le Zayrault de conduite!

décembre 17, 2012 on 9:58 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Jean-Marc Ayrault était professeur d’allemand avant de devenir politicien professionnel. Enfin, professionnel est une question de point de vue, parce qu’en langue française cela désigne aussi bien l’occupation qu’une certaine qualité avec laquelle on fait son travail. Et que, dans l’épisode dont nous allons parler, de qualité de travail il n’y a guère.

Le professeur Ayrault est donc professionnellement à l’aise quand il s’agit de faire la leçon et de donner des leçons. Ce qui lui permet, ou ce par quoi il se permet de qualifier de « juste » son action, de « patriote » toute personne qui y consent, etc… C’est dans la droite ligne de la sémantique de gauche qui s’arroge le monopole de toutes les vertus, en « oubliant » tous les cas où elle ne l’est pas, comme ces temps-ci, où les inculpations de politiciens de gauche tombent avec la régularité de la pluie en décembre.

Toujours est-il que notre professeur attend des « riches » qu’ils soient d’accord pour voir leurs impôts attendre des sommets uniques au monde, au nom du fait que, bien sûr, il faut être « patriotes », et que payer tant, c’est « juste ».

Mais il y en a qui regimbent, et qui partent. La plus grande fortune française, Bernard Arnault, grand créateur de richesse et d’emplois en France est maintenant contribuable belge, pour notre plus grande perte. Et voici qu’Obélix, Gérard Depardieu, acteur français le plus connu, nous quitte à son tour pour la Belgique.

On peut dire beaucoup de chose de ce exil fiscal, on peut être d’accord ou pas. Mais pas ce que dit notre professeur Ayrault, qui trouve cela « minable ». Minable, c’est ce qui se dit dans une cour d’école primaire de quelqu’un qui n’est pas d’accord. Mais ce ne sont pas les professeurs qui ont cette logique simpliste d’insulter quiconque n’est pas d’accord avec eux, ce sont les enfants de 6-8 ans.

Deuxième faute, un Premier Ministre doit savoir que Depardieu est un tempérament éruptif, et que l’insulte n’a que peu de chance de le laisser zen. Ce qui ne manque pas d’arriver, et Depardieu dit ses 4 vérités à notre professeur Zayrault, sans langue de bois. A savoir qu’il à payé 145 millions d’euros d’impôts en 45 ans, et 85% de son revenu 2011. Autant qui démontre tout l’avantage fiscal que la France perd quand un Depardieu ou autre part à l’étranger, et à quel point la pression fiscale est excessive en France.

Le résultat? Une polémique fortement clivante, où Zayrault donne des gages de gauche, et où le reste des Français se conforte dans leur opinion que ces socialistes anti-riches sont en train de tuer les forces vives du pays.

Dans le même temps, les alliés politiques du PS refusent pour la nième fois de voter un texte, le Sénat, où leur concours est nécessaire à toute majorité de gauche a refusé de voter le crédit d’impôts. A se demander la différence entre des alliés comme ça et des adversaires.

Grâce à son outrance, Zayrault se retrouve ainsi trop à droite pour sa gauche et trop à gauche pour sa droite, mécontentant tout le monde. C’est dire, qu’il le mérite vraiment, son zayrault de conduite des affaires!

Peut-être faut il s’attendre à voir un jour les éminents services rendus par Hollande et Ayrault à l’économie…belge! Dans ces cas-là, le Roi des Belges peut élever une personne au rang de baron. Baron Zayrault, ça fait chic, non?

Chassez le naturel…

décembre 12, 2012 on 11:07 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Depuis quelques semaines, et le crédit d’impôts pour les entreprises, la presse bruisse d’un changement fondamental de la politique socialiste. Tournant le dos à une « politique de la demande », considérée depuis des décennies comme la seule possible pour un gouvernement qui se dit « de gauche », François Hollande et Jean-Marc Ayrault auraient viré leur cuti pour promouvoir une politique de l’offre, à l’allemande.

Grosso modo, cela veut dire qu’au lieu de distribuer du pouvoir d’achat via toujours plus de SMIC, de RSA et de redistribution par les systèmes sociaux (retraite à 60 ans, CMU, etc.), l’idée étant que ce serait la consommation qui serait la base de toute croissance saine, désormais ce serait la création de richesse, donc les entreprises, qui seraient l’indispensable pilier de la toute aussi indispensable croissance.

Ce crédit d’impôts, à l’efficacité duquel JusMurmurandi ne croît pas une seconde, vous verrez, augmenté de l’abandon en rase campagne de Montebourg et Florange, ont fait se déverser sur les têtes présidentielle et premier-ministérielle un tombereau de compliments venant des milieux économiques et de noms d’oiseaux venant de la gauche.

Le week-end dernier avaient lieu trois élections législatives partielles, où les turbulences (le mot est faible) de l’UMP laissaient prévoir une sanction exemplaire des électeurs à l’encontre d’un parti réduit au rôle de support pour ambitions présidentielles de deux lutteurs aussi autistes que jusqu’auboutistes. Eh bien non, bien au contraire. Les électeurs, peu nombreux comme toujours en pareil cas, ont durement sanctionné le PS, en choisissant de passer l’éponge sur la bagarre Copé-Fillon, trop occupés qu’ils étaient à faire savoir au Gouvernement à quel point ses résultats étaient lamentables.

Le résultat ne s’est pas fait attendre. A peine 48 heures plus tard, Jean-arc Ayrault annonce d’un coup un relèvement du niveau du RSA de 10% (sur 5 ans, c’est-à-dire une éternité pour ceux qui ont besoin de soux maintenant), et une allocation de 450€ par mois pour les jeunes en difficulté et en parcours d’insertion. Plus une extension de la CMU. Plus….

A noter que ces distributions « catégorielles » ont un vice caché, à savoir que, présentées comme des droits, elles ne sont ni plafonnées, ni gagées par quelques recettes que ce soit. Ce sont de simples chèques en blanc que Hollande et Ayrault tirent sur des recettes qui n’assurent de toute façon que 50%des dépenses.

Comme le contribuable de toute nature (particuliers et entreprises, épargnant, retraité et consommateur) a déjà été matraqué en 2012 et le sera plus encore en 2013, il n’est pas inutile de se demander qui va payer ces nouvelles dépenses.

Comme par ailleurs on n’a pas vu la première annonce en matière de réduction des dépenses de l’Etat pour arriver à la somme importante de 20 milliards d’euros promise par Moi Président et son Premier Ministre, il est simple de se dire que les impôts, une fois de plus, seront la recette (!) qu’appliquera le tandem.

C’est tellement plus facile de taxer toujours plus que de dépenser moins. Comme l’a dit Nathalie Kociuszko-Morizet, après avoir perdu Astérix (Christian Clavier) parti en Grande-Bretagne, nous avons maintenant aussi perdu Obélix (Gérard Depardieu), émigré en Belgique. …

Ceci pour dire que, sous une apparente conversion à la gestion rigoureuse et à la politique de l’offre, rien n’a en fait changé en Socialie. On dépense l’argent qu’on n’a pas, en le distribuant sans contrepartie à des consommateurs qui vont le dépenser en produits importés. Qu’importe qu’en Allemagne, ce soit exactement le contraire qui ait été fait, avec les excellents résultats que l’on connait. JusMurmurandi en vient à sa dire que, finalement, la crise a du bon quand les socialistes sont au pouvoir. Si l’économie était prospère, comme avec Jospin de 1997 à 2002, ils dépenseraient encore plus….

Le PS joue à l’UMP qui joue au PS…

décembre 3, 2012 on 6:20 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Il faut croire que JusMurmurandi se fait entendre jusqu’au sommet de l’Etat. La semaine dernière, nous mettions en avant à quel point la lutte fratricide pour la présidence de l’UMP ressemblait à s’y méprendre à ce que le PS avait mis en scène entre Martine Aubry et Ségolène Royal. On connait la suite: fort de cet étripage public, puis d’une lutte à mort pour les primaires, le PS gagne les élections. Donc, pour re-gagner à leur tour, l’UMP décide de reprendre à leur compte la méthode gagnante du PS, avec François Fillon et Jean-François Copé en vedettes.

Mais voilà qui est plus drôle: le PS à son tour ne veut pas risquer de se faire battre à son propre jeu. Ils constatent à quel point le psychodrame UMP vaut à la droite un temps et une audience considérables dans les media, et ils décident de monter leur propre show de télé-réalité. Ils le mettent en scène dans une vallée où se meurt une industrie vieille de plus de 100 ans, la sidérurgie lorraine.

Leur casting est excellent: la flamboyant ministre Montebourg, belle et grande gueule, qui combine son rôle dans ce drame industriel et humain avec un drame personnel, puisqu’il vient de se faire larguer par la belle et sulfureuse Audrey Pulvar pour cause de conflit entre amour et devoir. C’est beau comme du Corneille. En face,le rôle du méchant est tenu à la perfection par Lakshmi Mittal, qui ne manque pas de trahir toutes les promesses qu’il a faites et toutes les garanties qu’il a données quand cela lui permet d’augmenter sa colossale fortune personnelle. Car lui aussi pimente ce qui ne serait qu’une situation professionnelle par un côté personnel qui ravit les spectateurs, avec mariage de sa fille au château de Versailles privatisé pour l’occasion, et son fils à la direction financière de son propre groupe.

Montebourg, comme il convient pour le rôle du jeune premier en héros, propose de faire prévaloir la vertu populaire sur la crapulerie rapace venue d’ailleurs (Mittal est indien), qui n’a pu mettre la main sur le fleuron de l’acier européen qu’avec l’aide de François Pinault, autre milliardaire, mais français, meilleur ami du Chef de l’Etat de l’époque, et qui s’est porté garant de la parfaite honorabilité de son collègue en milliards. Pour cela, il veut nationaliser le site de Florange, pour le revendre à un autre sidérurgiste, prêt, lui à apporter de l’argent pour faire revivre la vieille usine. Mais mystère sur le nom de sauveur en forme de deus ex machina. Même la presse, qui publie tous les détails de chaque enquête policière et audience judiciaire croustillante, ne trouve pas qui est le Sauveur Mystère de Florange.

Sauf que le Gouvernement ne suit pas Montebourg, trahi par ses amis après avoir été rejeté par sa compagne. Ce n’est plus du Corneille, mais une tragédie grecque! Et, comme il convient à un jeune héros, celui-ci s’apprête à se suicider pour ne pas survivre à son échec et au déshonneur qui s’ensuit. Banzai!

Mais cela mettrait fin au feuilleton, donc les scénaristes on trouvé le moyen d’une sortie honorable pour tous. Le Gouvernement annonce un accord avec Mittal qui s’engage à investir 180 millions à Florange sur 5 ans. C’est ridicule pour plusieurs raisons. D’abord parce que Mittal ne tient pas ses promesses. Il avait, par exemple, promis d’investir 420 millions à Florange pour avoir de droit de fermer Gandrange. Lequel Gandrange avait été mis e avant comme site exemplaire du savoir-faire de Mittal pour avoir le droit d’acheter Arcelor, donc, Florange. Et de 420 millions bernique! En plus, 180 millions, c’est le montant dont Florange a de toute façon besoin pour être entretenu et en état de fonctionner. Donc de concessions de la part de Mittal, bernique! Et que 5 ans, c’est la durée d’un mandat, tant présidentiel que législatif, c’est donc la certitude qu’on a le temps de gouverner sans être contraint de constater que Mittal n’a pas tenu ses promesses.

Sauf que ceci sauve les apparences (et les apparences seulement) tant pour Mittal que pour le Gouvernement, mais pas pour Montebourg. Va-t-il falloir qu’il se suicide en direct? Non, car les scénaristes ont encore besoin de lui, et c’est là que ce feuilleton à l’antique se met à ressembler au spectacle de la chaîne concurrente, à savoir l’UMP.

Montebourg va démissionner, dégoûté d’avoir été lâché de toutes parts. Mais c’est le Chef de l’Etat lui-même, François Hollande, qui le supplie de n’en rien faire, lui jure sa confiance et la lui manifeste précipitamment et publiquement. Montebourg, flatté, requinqué que Hollande au moins tienne à lui, accepte de « rester à son poste de combat ».

Ce qui, évidemment ulcère Jean-Marc Ayrault, chef nominal dudit Montebourg, et qui a refusé la solution de la nationalisation et du Sauveur aux 400millions d’euros. Et, comme si cela ne suffisait pas, c’est Montebourg lui-même qui en fait l’annonce dans Libération, avec cette phrase aussi provocante qu’insultante: « Je lui ai dit que si rien n’était fait avant ce soir (samedi, ndlr) pour réparer les dégâts sur cette question de nationalisation, je ne resterai pas au gouvernement, et la dislocation va commencer. Il m’a demandé de n’en rien faire ».

On imagine à quel point Ayrault a du apprécier. Il pourra toujours en parler à Fillon, qui a tenu le même poste et avalé les mêmes couleuvres pendant 5 ans.

Et pendant qu’on parle de ce « beau drame », les audiences montent, celles de l’UMP en face baissent, et la fin de l’épisode nous assure qu’il y aura d’autres épisodes plus sensationnels les uns que les autres….

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