La carte et le menu

janvier 7, 2009 on 7:09 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

En ces temps de diète économique, chacun se souvient de la différence entre la carte, qui permet de choisir n’importe quel plat dans un restaurant tandis que le menu, généralement à prix fixe, offre un choix plus limité soit en nombre de plats soit quand à la sélection disponible.

Ce qui parait impensable serait qu’un restaurateur décide arbitrairement qu’une partie des clients seraient à la carte, tandis que d’autres n’auraient accès qu’à la partie congrue à savoir le menu.

Impensable?

Eh bien non, car c’est exactement ce que vient de pondre le Ministère du Travail au travers de sa réforme de la retraite en autorisant les salariés à travailler jusqu’à 70 ans.

Car les salariés sont les seuls à choisir s’ils restent ou non dans l’entreprise.

L’entreprise, elle, doit se plier à leurs désirs.

Et de manière compliquée en plus.

Trois mois avant leur 65ème anniversaire au plus tard, le responsable des ressources humaines doit écrire à tous les salariés concernés, chaque année jusqu’à leur 70ème anniversaire pour leur demander ce qu’ils souhaitent.

Mais si l’entreprise désire profiter de l’arrivée de la retraite d’un salarié pour s’en séparer à moindres frais parce qu’il serait, par exemple, devenu légitimement moins productif, eh bien non ! Ce choix n’appartient qu’aux salariés.

JusMurmurandi pense qu’avec des réformes de ce type, aussi défavorables à la compétitivité des entreprises, qui restreignent une fois de plus la liberté de décision de leurs chefs, de nature à saper l’attractivité de la France pour les entreprises étrangères, au profit de la production théorique de meilleurs chiffres pour le coût des retraites, il faut immédiatement se réjouir du départ de Xavier Bertrand du Ministère du Travail à l’UMP.

http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=301A69F69C1355CBD338ECE350E746F0.tpdjo14v_1?cidTexte=LEGITEXT000006072050&idArticle=LEGIARTI000019959701&dateTexte=20090107&categorieLien=id

Jamais le dimanche!

janvier 7, 2009 on 9:10 | In Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

L’ordre du jour de la prochaine session parlementaire vient de sortir, et un texte manque à l’appel, celui sur l’autorisation du travail du dimanche.

Pourtant, Nicolas Sarkozy l’avait qualifié de réforme essentielle, et il bénéficie d’un soutien largement majoritaire dans l’opinion publique.

Qui plus est, le texte auquel on en était arrivé en décembre, au moment où la crainte d’une révolte de suffisamment de députés UMP pour causer une défaite parlementaire, n’avais plus de réforme que le nom et l’ombre. Il se bornait en tout et pour tout à faire passer le nombre légal de dimanches travaillés de 5 à 8. Pas de quoi fouetter un chat, ni mériter un texte de loi, encore moins une bataille parlementaire.

C’est peut-être cela qui a amené Nicolas Sarkozy à baisser pavillon sans gloire, à savoir qu’il valait peut-être mieux ne plus rien faire du tout que de se battre pour faire accoucher aux forceps d’une réforme aussi dérisoire.

En fait, par-delà l’enjeu politicien sur l’éventuelle chiraquisation de Sarkozy, sur la rébellion de dizaines de députés de son propre parti, ou sur la guérilla que mènerait contre lui Jean-François Copé, c’est un autre point qui intéresse JusMurmurandi.

Le projet de loi était explicite sur le fait que le travail du dimanche ne pouvait avoir lieu que sur la base du strict volontariat de chacun. En d’autres termes, ceux qui le voulaient pouvaient travailler le dimanche à la place d’un jour de semaine, et gagner plus.

Mais les opposants ont considéré que les Français n’étaient pas aptes à décider pour eux-mêmes de prendre ou non cette décision. Que les employeurs allaient les contraindre, par la menace, à accepter de travailler à leur corps défendant.

Cette notion qu’ils faut protéger les Français contre eux-mêmes est partout dans le droit du travail (ou plutôt le droit du non-travail en l’occurrence). Ainsi en France est-il illégal de baisser les salaires, même quand les partenaires sociaux sont d’accord. Ce qui fait que des entreprises ferment faute de compétitivité quand un sacrifice partiel eût permis de sauver l’essentiel.

A titre d’exemple, Volkswagen en Allemagne a baissé les salaires horaires pour conserver en Allemagne la production de la Golf, qui eût sans cela soit été produit ailleurs (en Europe centrale en l’occurrence) tout en évitant qu’elle ne soit proposée trop cher au marché. Ne pas pouvoir en faire autant chez Renault conduit à ce que les petites voitures qui profitent du courant écologique, des aides d’Etat et de la modération financière d’acheteurs échaudés par la crise sont tous produites à l’étranger. La France et les Français y gagnent-ils? Volkswagen, société allemande alors à capitaux d’Etat n’est quand même pas un modèle d’ultra-libéralisme. Est-il un tel exemple d’horreur économique qu’il ne faille surtout pas l’imiter?

De même pour le travail du dimanche, tous les experts s’accordent à prédire une augmentation de l’emploi global dans la distribution en cas de généralisation de cette mesure. En ces temps de crise et de remontée du chômage, ce serait une fort bonne chose.

Mais l’intérêt général, la volonté du Président, et des sondages indiquant clairement la préférence des Français n’ont pas suffi. Les députés savent mieux que tout cela réuni.

Il est vrai qu’il est tellement plus facile d’accuser quelqu’un d’avoir fait quelque chose que de n’avoir rien fait.

Peut-être est-ce 1940 (et non pas 1944-1945) qui a sanctifié la notion de Résistance. Mais cela ne suffit pas à faire de toute résistance ni une morale ni une politique.

JusMurmurandi pense qu’il est temps de créer le délit d’inertie.

Mort au Combat

janvier 5, 2009 on 8:03 | In Coup de gueule, Economie, France | Commentaires fermés

Maud Fontenoy, vous connaissez ? La célèbre navigatrice française qui détient le record du monde du tour éponyme à l’envers est célèbre en France, comme à l’étranger.

Ce qui est moins connu en revanche, c’est que le bateau qui lui a permis de remporter cette bataille sportive est issue des chantiers navals français Gamelin.

Cette entreprise a souffert au point qu’elle a été mise en redressement judiciaire le 5 décembre dernier.

Malgré le fait que ce ne soit pas une TPE, ou toute petite entreprise, dont la mortalité « infantile » en particulier est très élevée. Car crée en 1980, elle compte 120 collaborateurs.(http://www.chantiers-gamelin.fr/index.php)

Mais son endettement était trop élevé, elle est en déconfiture.

Et son fondateur ne l’a pas supporté.

Joël Gamelin, père de trois enfants, a mis fin à ses jours à fin du mois dernier.

Tragique. Dramatique.

Et caractéristique de cette société française qui n’aime pas ses entreprises, la nouvelle ne se trouvant qu’en nombre limité sur internet à titre d’exemple.

Car en France, on n’aime surtout pas les petites et moyennes entreprises, alors que ce sont justement celles qui ont crée des emplois sur les dix dernières années, par opposition aux grandes et célèbres qui en ont, elles, détruit, comme l’explique l’OCDE.

Aujourd’hui, sa fille a ouvert une adresse sur un site de « réseau social » afin d’appeler à l’aide et permettre à l’entreprise de survivre.

JusMurmurandi adresse un message de réconfort à la famille Gamelin, et se joint au mouvement d’aide.

Si vous souhaitez participer, voici les coordonnées de Me. Gamelin, telles qu’elles sont présentées sur le site internet (http://fr-fr.facebook.com/group.php?gid=56065731969&ref=mf).

Melle FANNY GAMELIN
2, chemin du prieuré
Résidence Maintenon
17000 La Rochelle
fgamelin@hotmail.com

L’Année du Milliard

janvier 1, 2009 on 10:21 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Le magazine Time a l’habitude de choisir la « personne de l’année » pour en faire une couverture très suivie dans le monde entier. Et, en fonction des circonstances, de choisir de nommer non une personne, mais un évènement. Dans cette veine, JusMurmurandi a constaté que, plus que tout, 2008 resterait comme l’année du Milliard.

Rappelez-vous, il n’y pas si longtemps le Crédit Lyonnais lancé dans une folle aventure s’est réveillé avec une gueule de bois qui a coûté au contribuable français la bagatelle de 30 milliards de francs. Le scandale a été épouvantable, et l’opprobre qui a couvert cet établissement et la méthode très française de privatisation des profits et de nationalisation des pertes a durablement ébranlé le capitalisme étatique bien de chez nous.

Or 30 milliards de francs, c’est moins de 5 milliards d’euros. C’est-à-dire moins que ce que le seul Jérôme Kerviel a coûté à la Société Générale. Ce second « trou » fait lui aussi scandale, lui aussi planétaire, éclipsant au tableau de déshonneur tous les autres traders perdus, de Nick Leeson et la Barings, ou ceux de Mitsubishi ou de Metallgesellschaft.

Mais au moment où les esprits stupéfaits commencent à peine à s’habituer à l’idée d’une telle somme, et plus encore perdue par une seul homme, lui aussi perdu dans un système en perdition, les chiffres ne cessent de défiler tous plus grands que la semaine précédente. Et les épithètes manquent pour accompagner et rendre compte de ce défilé de sommes toujours plus énormes.

Alors que dire quand Madoff inscrit son nom en lettres de feu tout en haut du tableau des pertes individuelles, avec un astronomique 50 milliards, soit un décakerviel?

En septembre, Lehman Brothers fait faillite laissant derrière elle une ardoise de 146 milliards, sans compter les engagements par signature. Des sommes qui n’ont plus de sens, tant le montant n’a plus de rapport avec le tangible. Mais ce n’est, on n’ose à peine l’écrire, qu’un amuse-gueule. La tornade déclenchée par cette faillite manque emporter le système financier planétaire, et la situation n’est quelque peu stabilisée que grâce à un plan concocté par l’américain Henri Paulson. Plan annoncé à 250 milliards de dollars, puis 350, puis estimé à 500 milliards, pour sortir finalement au moment de son annonce officielle, à 700 milliards dollars. Somme bien entendu, comme toute les précédentes, sans précédent.

Quand on pense que la seule AIG, certes il y encore quelques mois premier assureur de la planète, a déjà « consommé » quelques 135 milliards de dollars d’aide de l’Etat américain pour éviter la faillite, et, avec elle, emporter tout le système, on commence à se dire que, finalement, par rapport à 135 milliards (et ce n’est pas la fin) pour un assureur, 700 milliards pour toutes banques, ce n’est pas tant que ça.

Le reste du monde n’est pas en reste. 240 milliards pour l’Union européenne, pourtant théoriquement corsetée de fer par les critères de Maastricht. 650 milliards pour la Chine, dont la dépendance aux exportations revient la hanter comme un vent mauvais après la brise d’été qui a culminé aux Jeux Olympiques. 140 Milliards pour soutenir le rouble dans une Russie dont l’arrogance, les réserves en devises, le taux de croissance et les fortunes des oligarques ne résistent pas à l’effondrement des prix des matières premières, à commencer par le pétrole.

Ainsi Roman Abramovitch, emblématique pour avoir dépensé sans compter pour son club de football de Chelsea, aurait-il vu sa fortune tomber de 22 milliards de dollars à 3 milliards. Comment ne pas le plaindre? Mais comment plaindre un milliardaire? A ceci près qu’Oleg Deripaska aurait perdu plus encore. Alors, avec « seulement » quelques milliards, comment les qualifier, ces perdants phénoménaux: de riches, de pauvres ? Tout repère a disparu, emporté par des sommes insensées.

Pendant ce temps-là, tous les plans annoncés semblent déjà trop faibles pour faire vraiment repartir la machine. Le monde attend de l’équipe Obama, au manettes dans trois semaines, un plan de relance de quelques 500 milliards de dollars. La France elle aussi attend une deuxième tranche du plan Sarkozy avant même que la première ait produit le moindre effet, car les délais de mise en œuvre sont encore à courir.

Rien ne pourrait mieux montrer cette escalade himalayenne que de constater que les pertes de BNP-Paribas en 2008 dues à la crise, soit quelques 4,2 milliards d’euros en fin d’année 2008 ne l’empêchent pas d’être considérée comme une des banques les mieux gérées au monde, alors qu’un montant supérieur mais de peu, perdu par Kerviel, a durablement marqué son concurrent la Société Générale comme un exemple de grand n’importe quoi. Si seulement le trou Kerviel avait éclaté (si l’on peut dire) quelques mois plus tard, eût-il vraiment marqué les esprits, et la Société Générale a-t-elle manqué de prudence, ou simplement joué de malchance dans le timing?

JusMurmurandi pourrait continuer à empiler sans fin ces sommes elles aussi sans fin ni sens. Mais nous sommes le 1e janvier, et donner mal à la tête un 1e janvier n’est vraiment pas une façon sympathique commencer l’année.

Alors, après avoir constaté que 2008 restera dans les annales comme l’année où le milliard, au lieu de vouloir dire « énormément, jamais vu » est devenu une unité de compte banale, voici un chiffre qui, lui ne bougera plus, et dont il faut espérer qu’il ne sera pas dépassé avant longtemps. En 2008, Wall Street a vu la capitalisation boursière des sociétés qui y sont cotées fondre de 7 trillions de dollars.

Trillions, le mot est lancé, impensable, incompréhensible. Visiblement le milliard ne suffit plus et le mot n’a pas passé le 31 décembre. 2008 restera définitivement comme l’Année du Milliard, et nous sommes bien en 2009.

Bonne année !!

Nous sommes tous des Madoff!

décembre 30, 2008 on 6:37 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | 6 Comments

Bernard Madoff est un escroc, c’est maintenant une affaire entendue, même si la procédure judiciaire est très loin de l’avoir mené à une condamnation. Mais, de son propre aveu, les rendements qu’il promettait et servait à ses investisseurs venaient des dépôts d’autres investisseurs. Et il en fallait encore d’autres pour servir le rendement de ceux-là, et ainsi de suite jusqu’à la culbute finale. Ce schéma, appelé « pyramide », est bien entendu illégal.

En France, la pyramide des âges (tiens, encore une pyramide) fait que le pays passe graduellement d’un stade où il y avait 3 actifs pour un retraité, dans les années 60, à celui, en 2020, où il y aura un retraité pour un actif. Ceci est du à l’allongement de la durée de vie, au rajeunissement de l’âge de départ à la retraite (aujourd’hui vers les 58ans), et à la chute de la natalité après le baby-boom.

Qui peut imaginer sérieusement que l’actif en question pourra non seulement subvenir à ses besoins mais aussi à ceux d’une autre personne? Justement, personne. En attendant, le système par répartition prend les cotisations versées par les « nouveaux cotisants » et les attribue aux « anciens ayant-droits ». Et la culbute du système aura lieu quand il n’y aura plus assez de nouveaux cotisants pour financer les droits existants.

Qu’on m’explique en quoi ce système diffère du système -pénalement condamnable- de Madoff?

Autre question. L’Etat français, qui avait des finances équilibrées par le tandem Giscard-Barre jusqu’en 1980, a creusé des déficits et une dette publique vertigineux depuis lors, droite et gauche confondues. Notamment, il a multiplié les systèmes de « droits » non limités en montants, tels notamment le RMI ou la CMU, dont le nombre d’allocataires n’est pas plafonné, alors qu’il n’y a comme ressource en face que le budget général de l’Etat.

Tant que les ressources croissent, le système donne l’apparence de tenir debout. On prend les impôts versés et on les redistribue vers les bénéficiaires. Mais si les nouvelles rentrées ne suffisent plus à éteindre les droits acquis, il y a une impasse budgétaire (qu’en termes doux ces choses-là sont dites) qui ressemble fort à ce qui est arrivé à Madoff et à ses déposants.

L’origine de ces pyramides d’Etat est simple. Quand on a créé le système de retraites, on en a fait bénéficier des gens qui n’avaient pas cotisé. Aujourd’hui encore, quand la classe politique déplore, avec une belle unanimité, les toutes petites retraites, notamment des artisans commerçants et paysans, ils « oublient » au passage que ceux-ci n’ont pas cotisé beaucoup.

A l’école, les jeunes français apprennent que, sous Henri IV, leur roi préféré, l’un des deux seuls qui ait baissé les impôts, le bon ministre Sully disait que « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». Ce sont deux activités productives. Aujourd’hui, si l’on parle de mamelles de la France, tous penseront allocation et pensions. Et voudront consommer du lait même s’il n’a pas été produit. Qu’importe si, à trop la traire, on tarit la vache.

La case faillite, ce n’est que pour les vulgaires Madoff. Quand son système explose, on dénonce la pyramide. Quand l’Etat français fait exactement la même chose, c’est un système par répartition unique au monde…

Les prodiges de Buffett contre les miracles de Madoff

décembre 28, 2008 on 7:43 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Un vieil américain nommé Warren Buffett a la réputation d’être le meilleur investisseur de la planète. Le fait que la croissance de sa société, Berkshire Hathaway, ait fait de lui l’homme le plus riche du monde contribue à sa légende. Pourquoi donc qui que ce soit a-t-il pu avoir envie d’investir chez un Madoff au lieu d’acheter purement et simplement des actions Berkshire Hathaway et d’attendre les résultats de la gestion à la mode Buffett?

Le problème est justement dans le mot “attendre”. Madoff promettait des rendements, Buffett ne promet rien, si ce n’est de faire du mieux qu’il peut avec des méthodes tout sauf modernes. Voilà un homme qui dit n’avoir pas investi dans les hautes technologies pendant la bulle Internet, au motif qu’il ne se voyait pas investir dans des sociétés qui n’existaient pas encore, ce qui lui a valu, par exemple, de ne pas participer à la phénoménale hausse du titre Google. Le revoilà absent de la bulle financière qui vient d’exploser, disant qu’il ne pouvait quand même pas investir son argent dans des produits qu’il ne comprend pas. Il ne gagne pas d’argent non plus dans les ventes à découvert pour profiter des marchés baissiers, contrairement à un John Paulson, qui y est devenu phénoménalement riche.

Ce qui conduit à ce paradoxe: l’investisseur le plus riche du monde y est parvenu en évitant les hausses les plus spectaculaires, et en ne profitant pas des baisses. Donc, pendant ces mouvements brutaux, beaucoup d’autres peuvent dépasser ses performances. Et donc attirer articles de presse favorables, récompenses et rémunération, et, enfin, investisseurs. Sauf que ces maisons sont construites sur le sable, et non sur le roc, comme celle de Warren Buffett, dont la recette de base consiste à privilégier la qualité avant tout, à l’acheter pas cher si faire se peut, et à attendre les résultats sur le long terme sans s’impatienter.

Mais voilà, imaginons un gestionnaire de fortune. Il doit non seulement attirer des clients, mais encore les convaincre de rester. Ce qui est difficile, c’est le moins qu’on puisse dire si, comme WB, on se tient à l’écart du dernier truc à la mode qui fait gagner des fortunes aux petits copains. Car les clients ne peuvent pas seulement gagner de l’argent, ils veulent en gagner plus et plus vite que le voisin. Et sont sans pitié pour qui ne leur donne pas satisfaction.

Ainsi, pendant la vague des « junk bonds » de la fin des années 80, où les « obligations pourries » à très fort risque ont permis des rachats d’entreprises avec des effets de levier démesurés, les grands établissements financiers qui s’en sont abstenus ont fortement reculé au classement des résultats de la profession, et un certain nombre de leur grands patrons ont été virés pour avoir confondu prudence et conservatisme. Qui se souvient aujourd’hui de Drexel Burnham Lambert, qui s’était brutalement fait une place parmi les très grandes banques d’affaires mondiales, puis se retrouva très rapidement disgraciée et faillie pendant que son principal animateur, Michaël Milken passait par la case prison? Même danse 10 ans plus tard avec ceux qui ne lancent pas leurs établissements à fond dans les TMT (technologie, média, télécom) comme on disait à l’époque: les prudents, jugés peureux, ont valsé.

Ceci montre que la loi du marché est imparfaite. Le marché est impatient, le marché n’a pas le temps. Or il semble bien que le temps soit un critère déterminant dans la réussite de Buffett, qui n’est due à aucune percée fulgurante, mais bien plutôt à la hausse générale des marchés sur 30 ans, optimisée par un choix judicieux parmi les grandes sociétés susceptibles de durer et de performer mieux que leurs pairs.

Qu’en tirer comme conclusion? Que l’argent mondial se trouverait beaucoup mieux d’être géré à la mode Buffett qu’à la mode Lehman, voire Madoff? L’irruption d’une première vague de fonds souverains financés par les giga-recettes de l’envolée éphémère des prix du pétrole, puis d’une deuxième vague de fonds d’Etat destinés à servir d’amortisseur de crise, dont le SLI français, pourrait en théorie permettre cette vision à long terme. Laquelle manque singulièrement dans les conditions mises aux Big Three américains, qui, pour pouvoir conserver les milliards du Trésor américain, devront prouver dès mars 2009 qu’ils sont revenus à des conditions de rentabilité pérenne. 4 mois pour redresser des colosses à la dérive depuis des décennies comme GM ou Chrysler, c’est comme donner une minute pour que Royal et Aubry, qui se détestent depuis longtemps, se mettent à s’aimer sincèrement.

En fait, c’est une simple question de sémantique. Warren Buffet, sur longue période, a fait des prodiges. Les mêmes prodiges réalisés en instantané, tels que le marché les réclame, cela s’appelle des miracles, et là s’arrête le pouvoir de WB, mais commence celui des promesses des Madoff de ce monde (il y en a d’autres, qui vont subir le même sort, après l’avoir fait subir à ceux qui leur ont fait confiance).

Car que font ceux qui ne se satisfont pas de prodiges, mais veulent des miracles? Vous avez raison, ils rêvent. Et comment savoir, quand le rêve démarre, s’il se terminera comme un conte ou en cauchemar?
Bernard Madoff
Warren Buffett

Même plus le droit de donner!

décembre 26, 2008 on 7:18 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | 3 Comments

« Savez-vous ce que c’est que donner? Il faut que JusMurmurandi vous l’explique: donner est la plus jolie chose du monde » aurait pu écrire la Marquise de Sévigné. En ces temps où Noël se déroule sur fond de crise, donner devrait être plus que jamais à l’ordre du jour. Deux exemples montrent que ce n’est pas si simple.

Depuis son arrivée à l’Elysée Nicolas Sarkozy s’est refusé à gracier qui que ce soit ou à amnistier quoi que ce soit, y compris les contraventions. Il dit y voir un pouvoir monarchique qui ne doit pas avoir droit de cité en République, sauf raisons humanitaires ou exceptionnelles, et, même dans ces cas là, plutôt des grâces partielles que totales. On est aux antipodes de l’usage américain qui veut que le Président sortant accorde des grâces par wagons aux derniers jours de son mandat.

Juste avant Noël Sarkozy vient pourtant d’accorder une grâce à 27 détenus « méritants », soit qu’ils l’aient été avant leur incarcération soit depuis, retenus parmi une quarantaine de cas proposés par la Chancellerie.

Il se trouve que, parmi les cas retenus figure Jean-Charles Marchiani, ce proche de Charles Pasqua qui est passé de serviteur de la République parfois au péril de sa vie à préfet condamné pour trafic d’influence. En clair il a perçu des commissions pour des marchés d’Etat, ce pour quoi il a été condamné et incarcéré, et la remise de peine de 6 mois octroyée par le Président pourrait lui permettre de bénéficier de la liberté conditionnelle en attendant de passer en jugement dans le procès dit de l’Angolagate.

La gauche n’a pas de termes assez vifs et violents pour dénoncer cette mesure, parlant de « reconstitution de privilèges », de « dérive du bon plaisir », de « monarchie » etc…

JusMurmurandi voudrait simplement rappeler à cette gauche qui oublie d’où elle vient et ce qu’elle a fait une grâce accordée par Robert Badinter, alors Garde des Sceaux de François Mitterrand et conscience morale autoproclamée à une catégorie de détenus qui n’en comptait que 7. 7 détenus, voilà qui serait fort peu, si, parmi ces 7 ne figurait pas Christina von Opel, richissime cliente que n’avaient pu empêcher d’aller en prison les efforts de son avocat d’alors, un certain Robert Badinter.

Autre petite leçon d’histoire, la revue des grâces accordées par la gauche inclut MM. Bové, Harlem Désir, Maxime Gremetz. JusMurmurandi n’a pas le souvenir que messieurs Bové, Gremetz ou Désir aient rendu à la République des services aussi risqués que ceux de l’agent secret Marchiani qui est allé, entre autres, sortir les otages Kaufman, Carton, Auque et Normandin des griffes du Hezbollah libanais, mission autrement plus dangereuse que de faucher quelques épis de maïs. Inversement, les mêmes donneurs de leçon (Montebourg, Hamon, etc..) se sont bien gardés d’user des mêmes épithètes quand Nicolas Sarkozy a gracié la terroriste italienne d’extrême gauche Marina Petrella. Terroristes des Brigades Rouges que n’avait pas graciés François Mitterrand, qui n’en avait même pas eu besoin puisqu’il leur avait tout simplement accordé au mépris et des lois et des traités une impunité et immunité pour les crimes commis en Italie du temps des meurtrières « années de plomb ».

Bref, le droit de grâce est juste aux yeux de la gauche quand c’est elle qui est au pouvoir, ou quand la droite ne n’en sert que pour gracier des gens de gauche. Même plus le droit de gracier.

Autre droit de donner contesté, celui de Liliane Bettencourt de disposer de sa fortune, l’un des plus importantes de France, puisqu’elle contrôle l’Oréal, et « pèse » quelques 17 milliards d’euros. Or cette dame dont l’âge est trop élevé pour qu’il soit bien élevé de le mentionner a donné des sommes de l’ordre d’un milliard d’euros à un photographe mondain de ses amis, François-Marie Banier. Et c’est sa propre fille qui conteste ce comportement, trouvant probablement que donner un milliard relève du gâtisme ou de la dépendance.

Les conseils d’administration de l’Oréal, où siègent à la fois Mme Bettencourt, sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers, et son gendre Jean-Pierre Meyers ont toutes les chances d’être sportifs…

Bref, le droit de donner ne serait un droit un droit aux yeux de l’héritière Bettencourt qu’aussi longtemps que sa mère n’en use que très modérément, car si la somme d’un milliard peut paraître extravagante à beaucoup, on peut aussi se dire que ce « n’est que » 6% de sa fortune, dont il restera toujours un montant colossal pour sa fille.

Encore heureux que Liliane Bettencourt a fait ces donations au bienheureux photographe. C’est autant de moins qu’elle a donné à gérer à Bernie Madoff…

Bernie Madoff est-il le Père Noël?

décembre 25, 2008 on 9:01 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Ou peut-être faut-il se demander, à l’inverse, si le Père Noël n’est pas Bernard Madoff, ce financier new-yorkais qui s’accuse d’avoir fait s’évaporer 50 milliards de dollars. Vous me direz, quel rapport entre un financier véreux qui a « pris l’argent » et une figure débonnaire et généreuse qui donne des cadeaux, à laquelle ne croient que les jeunes enfants, et encore?

C’est bien là toute la question: qui a cru en Bernie Madoff, et pourquoi? En tout cas, pas la Société Générale, qui, après une mission de renseignement sur place, a décidé de ne pas orienter ses clients ni de ne travailler avec lui. D’autres aussi, ont compris, dit et écrit que Madoff ne pouvait être, n’était qu’un bidon. Un analyste qui le suivait de près en tentant de répliquer ses rendements a écrit avec ténacité depuis 1999 que Madoff ne pouvait en aucun cas tirer de la stratégie qu’il appliquait ou disait appliquer les rendements qu’il tirait ou disait tirer.

Oui, mais voilà, les gens à qui s’adressaient ces avertissements n’y ont pas cru. Ils ont préféré croire le rassurant financier. Comme les enfants, qui mesurent le conduit de cheminée, le trouvent terriblement étroit, mais choisissent de croire quand même qu’un gros bonhomme plus tout jeune et tout de rouge vêtu s’y glisse pour déposer des cadeaux dans des souliers.

Pourquoi les enfants croient-ils au Père Noël? Parce qu’ils ont besoin de merveilleux dans leur vie? Pour un quelconque besoin d’origine freudienne? Ou, plus simplement, parce que la preuve de l’existence du Père Noël, ce sont les cadeaux, bien réels, qu’il livre? Pourquoi les investisseurs ont-ils cru Bernie Madoff malgré les signes qui ont alerté la Société Générale et d’autres? Parce que la preuve de la performance de sa gestion, c’était le rendement qu’elle a offert jusqu’à la culbute finale.

Ne pas croire au Père Noël conduit à conclure que quelqu’un d’autre fait les cadeaux très réels qu’on attribue à ce personnage qui ne l’est pas, et que ce quelqu’un d’autre se satisfait de rester dans l’ombre anonyme d’un Père Noël qui récolte la reconnaissance des heureux enfants. On peut comprendre que les enfants ne croient pas à ce concept du « donateur anonyme » et lui préfèrent le gentil bonhomme rouge.

Ne pas croire à Bernard Madoff conduisait à conclure que les très réels rendements qu’il servait depuis tant d’années provenaient d’ailleurs, et que cet ailleurs se « satisfaisait » de se laisser plumer pour lui permettre de récolter la reconnaissance des heureux investisseurs et épargnants. Ce qui, en termes polis, s’appelle un schéma pyramidal, à moins d’imaginer d’autres montages plus scabreux encore (délits d’initiés,recyclage et blanchiment d’argent illégal, trafics, détournements, etc..).

Sauf que, comme la légende du Père Noël dispose d’arguments très concrets pour la conforter, Bernard Madoff lui aussi n’était pas n’importe qui, avec ses entrées dans la très haute société new-yorkaise, juive notamment, et son titre d’ancien président du conseil d’administration du NASDAQ. Que pesait, en face, le fait que la société d’audit chargé de surveiller ses comptes n’ait eu que trois employés, ce qui, pour des observateurs neutres, représentait un signal d’alerte en lui-même majeur?

Il faut dire que Madoff a été malin, en susurrant à ses investisseurs, triés sur le volet et qui devaient faire des pieds et des mains pour être admis dans le club des gens « autorisés » à déposer entre les mains réputées géniales du gestionnaire d’actifs, que la clef de sa performance résidait dans le fait qu’il savait chaque jour quel volume d’actions était traité sur chaque titre à New York. Ce qui lui eût permis de savoir quels titres étaient surachetés ou survendus, et donc, quelles positions allaient devoir être tôt ou tard couvertes et dans quel sens, et comment profiter de cette information pour gagner de l’argent à coup sûr. Ce qui est bien sûr illégal.

Cette illégalité, difficile à découvrir, comme la plupart des délits d’initiés, permettait aux investisseurs de ne rien trouver de « magique » aux rendements que leur servait le financier de New-York, qui n’avait, du coup, pas besoin de s’affubler d’une quelconque postiche blanche. Cela faisait aussi, dans une certaine mesure, de ses investisseurs des complices, donc réduisait d’autant leurs velléités de se fâcher, le cas échéant, avec le bon tonton Bernie.

C’est pourquoi il est difficile de trop pleurer, en ce temps de Noël, sur les milliards évaporés et leurs malheureux ex-propriétaires. Alors, bien sûr, il y en a qui se révéleront avoir été honnêtement grugés et dépouillés de tout. Mais beaucoup sont des pauvres gens riches qui sont plus pauvres pour avoir voulu être plus riches sans être trop regardants sur le choix des moyens.

Car Noël, c’est le temps de la fête, des repas fastueux et des cadeaux. On peut imaginer que beaucoup qui ont appris l’évaporation de leur argent regrettent aujourd’hui
de ne pas l’avoir flambé en purs plaisirs. Comme le disait George Best, le si doué mais fantasque joueur de football britannique des années 60, qui disait: « j’ai dépensé une fortune en filles, en alcool et drogue. Le reste, je l’ai gaspillé ».

Maintenant les perdants vont vouloir savoir où sont passés les milliards disparus. Car, tous les investisseurs n’auront pas tout perdu. Ceux qui auront encaissé les rendements élevés servis par Madoff, puis judicieusement retiré leur agent avant l’effondrement s’en seront très, très bien tirés. Reste à savoir si c’était le fait du hasard, d’une heureuse inspiration, ou si Bernard Madoff n’aurait pas, là, fait bénéficier certains de petits tuyaux.

Bref, l’affaire Madoff n’a pas fini de livrer ses secrets. Comme le Père Noël.
Bernard Madoff

27 ans de malheur?

décembre 23, 2008 on 10:02 | In Coup de gueule, Economie, International | Commentaires fermés

Casser du verre blanc, selon la sagesse populaire, entraîne 7 ans de malheur. Mais sur la scène économique mondiale, c’est beaucoup plus que du verre qui a été brisé, et nous allons en voir de toutes les couleurs.

Déjà, le premier suicide de banquier, en l’occurrence un français qui avait dirigé l’argent de ses clients vers le trou sans fond de Bernard Madoff, rappelle ceux, nombreux des années 30. On peut se demander ce que pense Madoff, qui a si longtemps cultivé son image de parangon de respectabilité, du suicide d’un homme qui avait eu le tort de lui faire confiance et d’induire d’autres à en faire de même.

Pendant ce temps-là, les chiffres de malheur s’accumulent, certes pas tous mauvais, mais certains si mauvais qu’ils révèlent une dégringolade qui ne peut qu’affoler. Le marché automobile qui plonge de 27%. A ce rythme-là, c’est une usine sur quatre qu’il faut fermer, avec tous les fournisseurs au même régime…
Les exportations japonaises qui dévissent du même pourcentage. 27% pour tout le pays! Ce qui veut dire beaucoup plus pour les plus touchés. Comme « tsunami » est un mot que la langue japonaise à légué au monde, au moins les Japonais ont-ils le mot juste pour dire leur malheur. A tel point que, en novembre,le Japon, habituel recordman des exportations, est devenu globalement importateur!

Mais le chiffre qui frappe le plus JusMurmurandi, c’est le nombre de milliers d’emplois qu’une faillite liquidée va causer en Grande-Bretagne. 27. 27.000 emplois d’un coup quand les 850 magasins Woolworth ne rouvriront plus leurs portes, autour de la fin de l’année. Sans compter, là aussi tout l’amont des fournisseurs, pour une enseigne venue des Etats-Unis et fondée il y a 99 ans.
Soit dit en passant, même si les racines du mal qui a abattu cette chaîne de supermarchés sont anciennes et indépendantes de la crise actuelle, imagine-t-on une seconde en France une entreprise de 27.000 employés liquidée sans autre forme de procès? Et pendant que la gauche est au pouvoir qui plus est? Impensable! Ce qui montre vraiment à quel point ceux qui disent que l’idéologie dominante est le libéralisme racontent n’importe quoi, car si la France était libérale, il n’y aurait ni plan de relance, ni FSI, ni intervention il y a quelques années pour sauver Alstom, ou récemment Dexia, ni cortège d’amortisseurs sociaux pour atténuer la pénibilité de la crise pour les plus vulnérables et les plus démunis….

Il y a pour autant quelques raison d’espérer et de ne pas rejoindre dans le suicide le banquier déshonoré. JusMurmurandi en voit deux. L’une, que l’injection rapide et massive de fonds et la forte baisse de taux d’intérêts fassent leur effet avant que la crise n’ait atteint son plein effet destructeur. L’autre, que la brutalité de cette crise reflète avant tout l’accélération permanente de l’évolution de notre monde, comme l’a si bien montré Alvin Toffler dans son livre « le choc du futur ». Et que, en conséquence, la sortie de crise soit toute aussi accélérée.

Sinon, JusMurmurandi craint qu’avec tout ce qui aura été brisé, nous n’en ayons pour 27 ans de malheur.

Vladimir Poutine est il Pierre Mauroy ?

décembre 22, 2008 on 9:12 | In Best of, Economie, Insolite, International | Commentaires fermés

Nos emplettes sont nos emplois.

Il faut se rappeler de ce slogan du milieu des années 90, né afin de soutenir l’économie française, alors que la mondialisation était inexorablement en route.

Ou encore « la reconquête du marché intérieur », prônée par Pierre Mauroy au début des années 80, alors que la France s’enfonce dans le marasme, et sa balance commerciale en particulier.

Eh bien Vladimir Poutine vient de le mettre au goût du jour en Russie.

La bourse de Moscou n’a t elle pas perdu près de 70% depuis le début de l’année ? L’effondrement du pétrole ne va t il pas appauvrir l’économie russe ?

Qu’à cela ne tienne, il est temps de rappeler aux citoyens qu’il faut acheter des produits nationaux.

Et en particulier des voitures, issues d’une industrie lourde par excellence.

« Alors que nos usines sont obligées de réduire leur production, je crois qu’il est absolument inacceptable de dépenser son argent à acquérir des voitures importées » déclare l’ex Président désormais Premier Ministre (pour l’instant en tout cas).

Car l’industrie automobile russe n’est pas épargnée par le ralentissement économique occidental, la baisse des ventes entre août et novembre étant de 30% !

Il est vrai que les voitures russes sont pleines d’attraits

Voici par exemple la Gaz

ou une Avtovaz (anciennement, très anciennement Lada)

Bref, lorsque l’on connait la force de conviction d’un Poutine, incomparable à celle de Pierre Mauroy, peut être serait il bon, si l’on ne veut pas rouler en voiture nationale, de se rappeler au bon souvenir des transports en commun ?

Le sourire convaincant de Vladimir Poutine

Le sourire convaincant de Vladimir Poutine

Les petits cochons, les canards et le père Noël

décembre 21, 2008 on 10:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermés

Jusmurmurandi a déjà souligné l’étonnante coïncidence entre la soudaine et imprévisible apparition de subventions américaines massives aux banques et la confession par les constructeurs automobiles de difficultés gravissimes. Comme si la possibilité de faire payer l’Oncle Sam avait eu un quelconque rapport avec le minutage de cette révélation. Comme si l’odeur de l’argent avait attisé les convoitises.

La mise en oeuvre du FSI français (Fonds stratégique d’investissements) nous donne un exemple du même tonneau. Le groupe Thomson serait en tête de liste pour bénéficier de son intervention. Sa situation est effectivement difficile, avec une trésorerie très tendue, et des activités déficitaires.

Le problème est que les difficultés de Thomson ne sont pas dues à la crise, elles datent de bien avant. Cette entreprise semble en permanence en train de repenser sa stratégie pour mieux en changer. Elle est sortie de toute une série d’activités, parmi lesquelles la fabrication de postes de télévision, dont elle fut le premier fabricant mondial, et qu’elle a cédée au chinois TCL, qui n’a pas l’air de s’en sortir très bien non plus d’ailleurs.

Aujourd’hui Thomson mélange les activités autour de la télédiffusion professionnelle, les « box » pour particuliers, et les revenus de très nombreux brevets. Un mélange corsé par 19 acquisitions en 3 ans, mais qui ne fait pas une mayonnaise homogène et goûteuse.

Bref, le FSI doit soutenir les entreprises, mais cela s’étend-il à celles qui sont en crise de leur propre fait? Car si les fabricants américains de voitures sont largement responsables, eux aussi, de leur déliquescence, au moins peuvent-ils faire valoir que la baisse de 40% du marché mettrait n’importe quel fabricant à genoux en quelques mois, y compris Toyota, qui annonce qu’il fera les premières pertes de son existence (en 67 ans…).

De ce point de vue là, JusMurmurandi ne voudrait pas être à la place de Gilles Michel, nouveau directeur général du FSI, qui va être le nouveau Père Noël, avec des euros plein sa hotte. Sauf que, de même que celui-ci n’exauce pas les voeux des enfants qui n’ont pas été sages, il ne devra pas non plus soutenir les entreprises qui n’auront d’autre mérite à faire valoir que leurs besoins.

Comme les deux petits cochons qui, ayant construit leurs demeures en paille et en bois pour se les voir souffler par le grand méchant loup, ont du demander asile au troisième cochon, qui avait bâti en « dur » sans autre mérite que celui de risquer de se faire manger. Et se transforment instantanément en cochons pleins d’une ardeur retrouvée qui se ruent sur l’auge pleine.

Car l’auge n’est pleine que du revenu de nos impôts futurs, et il ne faudrait donc pas se tromper d’espèce d’animal à nourrir. Car, si tout est bon dans le cochon, tel n’est pas le cas avec le canard, surtout quand il boîte.

Faut il croire au Père Noël ?

décembre 21, 2008 on 7:34 | In Economie, France, Insolite, International | Commentaires fermés

JusMurmurandi a pour objectif de traiter toute l’information, quelle que soit sa nature.

Qu’elle soit grave ou légère, il n’y pas de sujet que nous souhaitions laisser de côté.

Quelle que soit leur importance, nos articles se veulent, à l’image de Jacqueline Maillan dans « Papy fait de la résistance », « solennels sans être pesants », lorsqu’elle parle du petit vin blanc…

En cette période de fin d’année, il nous semble donc d’actualité de reposer cette sempiternelle question de savoir si le Père Noël existe. Tenter de donner une réponse à ceux qui, comme JusMurmurandi, tentent de garder une fraïcheur d’enfant quand ils regardent le monde extérieur et ses vicissitudes.

Faut il par exemple imaginer, telle Martine Aubry, que Ségolène Royal, au Zénith en été est maintenant au crépuscule?

Que la perquisition chez Julien Dray est infondée et qu’il sera innocenté comme en 1999 lorsque l’on aurait trouvé sa trace chez un bijoutier de la place Vendôme pour l’achat d’une montre à plusieurs dizaines de milliers d’Euro?

Faut il rêver comme Nicolas Sarkozy que l’on peut continuer les réformes alors que l’endettement ne peut monter jusqu’au ciel et que les mauvais esprits parlent (déjà?) de chiraquisation alors que la réforme de l’enseignement est retirée de la circulation comme si de rien n’était ?

A l’inverse, les syndicalistes peuvent ils imaginer l’arrivée du grand soir dont rêve le facteur de Neuilly (sur Seine) alors qu’une fois de plus les élections prud’homales illustrent de façon brutale le désintérêt de la population active pour les syndicats avec une baisse de 7% de la participation ?

Faut il croire qu’en trois mois les dirigeants de General Motors et Chrysler vont arriver à retourner la situation et rendre les entreprises qu’ils dirigent profitables, alors que cela fait des années que les nuages s’amoncellent ?

Bref, faut il croire au Père Noël ?

Eh bien des gens très sérieux y croient, si cela peut vous aider à renforcer vos convictions dans ce sens.

Le commandement de la défense aérospatiale américaine, le NORAD, y croit. Et dur comme fer.

A telle enseigne qu’ils vont suivre ses déplacements à l’aide de ses radars et satellites, tandis qu’il se dirige du Pôle Nord au Pôle Sud.

Vous n’y croyez toujours pas ?

Alors connectez vous à http://www.noradsanta.org/fr/home.html.

Joyeux Noël !

C’est Noël!

décembre 18, 2008 on 6:16 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Voici venu le temps de Noël. Un temps où il est de tradition de parler de cadeaux, de voeux, de festin et de joie.

Vous voudrez bien excuser JusMurmurandi de ne pas participer à cette liesse de commande, car les nouvelles ne s’y prêtent vraiment pas. Si la Réserve Fédérale américaine a baissé ses taux à 0, fait sans précédent, pour tenter de stimuler l’activité économique, c’est que celle-ci est tombée à un niveau de grave faiblesse.

Un marché automobile en baisse de 40%. C’est la deuxième industrie manufacturière américaine.

Des mises en chantier de logements neufs en baisse de 80%. C’est la première industrie du pays.

Toutes les usines Chrysler sont à l’arrêt au moins jusqu’au 19 janvier. Ainsi que 20 usines General Motors. Sans compter Ford, les sous-traitants, etc…

Pour inquiétant que cela soit, le plus frappant n’est pas là. C’est que, bien que les taux d’intérêts soient nuls, il n’y a pas d’acheteurs, ceux qui le pourraient n’arrivant pas à obtenir de crédit de la part de banques qui ne peuvent ni ne savent plus prêter. Et ceux qui pourraient acheter sans crédit sont trop occupés à se désendetter ou à se constituer une épargne de précaution pour le faire.

Cela veut dire que la baisse de taux d’intérêts n’aura quasiment aucun effet, et cela s’appelle la trappe à liquidité. Et, si on suit la théorie keynesienne, elle peut devenir sans fond.

Autre exemple de l’atonie: l’Opep, dont les revenus du pétrole auront été divisés par plus de 3 en moins de 6 mois, annonce une réduction drastique de sa production: 2,2 millions de barils par jour, la plus forte jamais mise en oeuvre. Résultat: après quelques heures de hausse, le pétrole clôture sous les 40 dollars le baril, pour la première fois depuis 2004. Comment mieux toucher du doigt que nul ne croit à un rétablissement?

Bref, de nombreux signes pointent, en ce temps de Noël, vers une récession longue, dure, profonde.

Souvenons-nous que Jésus est né dans une étable, entre un boeuf et un âne, comme un SDF. Et qu’il a fallu attendre des années pour que, baptisé par Jean, il devienne le Christ et diffuse vers ceux qui croyaient en lui le message que le monde était sauvé.

Si la crise qui nous frappe adopte le même profil, avec des SDF et des années à attendre pour être sauvés, alors, oui, cela aura vraiment été Noël!

L’argent de poche

décembre 16, 2008 on 8:15 | In Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermés

L’argent de poche est souvent le moyen par lequel les parents initient leurs enfants à la valeur et au bon emploi de l’argent, et au besoin qu’il y a de le mériter pour le gagner.

Le problème que pose l’argent de poche, quand il est lié aux résultats scolaires, est le suivant: si un élève travaille bien, il aura de bonnes notes, mais un peu plus tard, le temps que ses efforts aient été transformés en copies de contrôle corrigées et restituées. Disons, deux à trois semaines plus tard. Et si, entre temps, il s’est mis au repos, il aura ses bonnes notes quand en fait il ne travaillera pas. L’inverse peut aussi se produire: notre élève, après sa période de fumiste, se remet au travail, mais c’est justement à ce moment que les mauvaises notes dues à sa paresse passée arrivent.

Et l’élève ne voit pas la justice du système qui lui donne de bonnes notes quand il paresse, mais des mauvaises quand il se remet au travail.

C’est ce qui est en train de nous arriver. Nous avons vécu à crédit pendant trop longtemps. Acheté des maisons et des voitures à crédit, avec un crédit bancaire exagéré par rapport aux ressources des emprunteurs et aux fonds propres des banques.

Et c’est maintenant que nous recevons les mauvaises notes, et que notre argent de poche va diminuer.

Car, malgré l’impression que nous avons d’être plongés dans la crise depuis des mois, ce n’est « que » maintenant que les entreprises annoncent des grands plans de suppressions d’emploi. 50.000 emplois chez Citigroup ou Bank of America, 18.000 chez Sony, 14.000 chez Arcelor Mittal, 14.000 chez Rio Tinto, pour n’en citer que quelques uns. S’ajoutent à cela toutes les suppressions de postes d’intérimaires, les CDD non renouvelés, les chômages partiels dans des usines automobiles fermées pour plusieurs semaines, le temps d’espérer résorber des stocks pour lesquels il n’y a pas de clients.

Ces plans ne produiront leurs effets « que » dans quelques mois, après les délais de mise en oeuvre, qui peuvent être très longs notamment en Allemagne ou en France. C’est en 2009 que nous passerons donc du mal de tête donné par les mauvaises nouvelles au vrai mal de portefeuille. L’année prochaine nous montrera la différence entre avoir peur, et avoir mal.

Mais le délai entre « dérapage », inertie, mauvaises nouvelles, et punition varie suivant les activités. Dans certains cas, ce délai peut être long. Ainsi, cela fait des années que le Parti Socialiste ne travaille plus à un programme structuré et solide dont il voudrait convaincre les Français. Mais, pendant ce temps, il encaisse quand même le produit du travail passé sous forme de victoires aux élections régionales et municipales. Dans combien de temps va-t-il payer le prix de l’inertie de la période Hollande et des errements de la guerre sororicide entre Aubry et Royal?

C’est simple: ce sera en 2012.

Une information qui va cartonner

décembre 13, 2008 on 7:06 | In Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Eco emballages, vous connaissez ?

« Eco-Emballages est investie depuis 1992 d’une mission d’intérêt général : organiser, superviser et accompagner le tri des emballages ménagers en France. » C’est ce que l’on peut lire sur le site internet de Eco emballages, association à but non lucratif mise en place pour aider les collectivités locales dans leur effort de tri sélectif.

Et ça marche fort, Eco emballages, JusMurmurandi dirait même, ça cartonne.

A telle enseigne que l’association s’est trouvé à la tête d’une trésorerie généreuse.

Des sommes tellement importantes qu’il a fallu les placer.

Mais visiblement, les responsables de l’association n’ont pas regardé d’assez près sur où ils investissaient leurs fonds. Emballés par des taux de rendement élevés, ils n’ont pas vu que les placements partaient aux îles Caïman….

Jean-Louis Borloo le ministre de tutelle, parle pudiquement de « risque de perte lié à des placements non sécurisés dans des paradis fiscaux » dans sa déclaration de mardi dernier. Pour un montant de 55 à 60 millions d’Euro.

Bref, c’est le grand déballage. Car pendant que nombreuses collectivités territoriales perdent de l’argent pour collecter les conditionnements, l’association investit sans contrôle une trésorerie pléthorique issue de la collectivité dans des paradis fiscaux.

Une fois de plus, on ne pourra que répéter la phrase de Nicolas Sarkozy, « mais qu’est ce qu’ils sont allés f…. là bas ???? »

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