Les jusqu’au-bushistes
décembre 12, 2008 on 8:30 | In Economie, France, International, La Cour des Mécomptes | 5 CommentsLa présidence de George W. Bush aura été marquée par la calamité jusqu’au bout. Ou plutôt jusqu’au Bush.
Alors qu’une négociation bi-partisane (républicains et démocrates) avaient permis de mettre au point un plan de « sauvetage » de deux des trois géants de l’automobile américaine, General Motors et Chrysler, en leur accordant un prêt fédéral de 14 milliards de dollars, ce plan, voté par la Chambre des représentants, a été rejeté par le Sénat.
Les Sénateurs républicains exigeaient un accord des syndicats pour une réduction des salaires payés par les fabricants américains au niveau, plus faible, payé par les entreprises japonaises installées aux USA (Toyota, Honda, Nissan). Celles-ci sont installés dans le sud, où les salaires sont plus bas, et leurs employés ne sont pas syndiqués, contrairement aux fabricants américains. D’où une double couche d’écart de salaire. Mais le plus important n’est pas là, mais dans les dépenses médicales. Car les « Big 3″ ont garanti par des contrats signés pendant les années de prospérité que leurs retraités bénéficieraient d’une couverture médicale. Et vu leur pyramide des ages, beaucoup plus ancienne que celles des firmes japonaises implantées beaucoup plus tard, cela créé une différence de coût très importante.
Mais même quand on rapporte cette différence à un montant par voiture produite (de l’ordre de 2000$, soit quelques 10% du prix moyen d’un véhicule), cela ne suffit pas à expliquer les pertes abyssales des fabricants américains quand les Japonais gagnent encore de l’argent.
Le problème, c’est tout simplement la désaffection des clients pour les produits de Detroit, qu’il faut alors brader pour parvenir à les écouler. Ce qui donne à l’argument républicain qui consiste à refuser le plan et blâmer les syndicats qui s’accrochent à leurs avantages acquis une odeur de cuisine politicienne. D’autant que, ce faisant, ils ne suivent pas les instructions du Président issu de leur propre parti, qui, lui, soutient le plan. Le coup de pied de l’âne pour un Président finissant.
Faut-il en déduire que les Républicains ont raison de laisser couler l’un au moins des géants américains, et que c’est le meilleur moyen de parvenir à une plus grande santé du secteur? JusMurmurandi se souvient que c’est exactement l’argument qui a conduit à ne pas sauver Lehman Brothers. Et à mettre 700 milliards de dollars sur la table pour en compenser les conséquences.
En attendant, la présidence Bush aura coïncidé avec la perte de nombreux symboles. Les tours jumelles, l’habeas corpus, la toute puissance américaine, Lehman, l’automobile. Voilà ce qui se passe quand on met l’idéologie avant le pragmatisme.
A ce propos, que dit le PS dans la crise actuelle? Ah oui, « à gauche toute ». Voilà qui ressemble plus furieusement à de l’idéologie qu’à du pragmatisme. JusMurmurandi voit déjà la similitude avec les jumelles du PS qui se sont tant battues qu’elle pourraient tomber. Mais les traiter de « tours » manquerait aux règles de la courtoisie…
Faut il croire aux miracles ?
décembre 10, 2008 on 9:46 | In Best of, Economie, France, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésMonseigneur Jacques Perrier, évêque de Lourdes, annonce que jamais auparavant un aussi grand nombre de pèlerins ne s’étaient rendus aux Sanctuaires de Lourdes. Ils étaient plus de neuf millions de personnes à faire le déplacement à l’occasion des 150 ans des apparitions à Bernadette Soubirous.
A lire ces chiffres, il est clair que nombreux sont ceux parmi nous qui croient aux miracles.
Cela signifie-t-il que le PS va se raccommoder autour de Martine Aubry et Ségolène Royal ?
Cela veut il dire que la crise ne sera que passagère et que le ralentissement que nous observons laissera la place à une reprise vigoureuse portée par des matières premières comme le pétrole dont le prix s’est effondré depuis l’été (cours à 40/45 Dollars comparé à 150 cet été) ?
Cela aurait il pour signification que les fonctionnaires de l’ANPE vont se mettre au travail pour faire face à l’afflux de nouveaux « adhérents », le double de la normale avec le ralentissement de l’économie, et non faire preuve de leur habituel égoïsme en déposant un préavis de grève pour début janvier ?
Non, tout ceci étant des questions valables, justifiées, ce qui semble indiquer à JusMurmurandi que l’on peut croire aux miracles, c’est que les banquiers seraient peut être en train de commencer à se rendre compte de l’immense chaos qu’ils ont crée et à vouloir se racheter une conduite.
Car nombre d’entre eux semblent prêts à remettre leur bonus 2008 en question.
A titre d’exemple, Morgan Stanley prépare un mode de règlement qui permettra de retenir une partie des bonus dus afin que leur versement soit étalé sur trois ans, et ceci concerne 7.000 personnes.
Cette annonce est arrivée simultanément à celle de Merril Lynch (NDLR vendue précipitamment à Bank of America) qui déclare que les bonus 2008 de l’équipe dirigeante passeront à la trappe.
On ignore si d’autres établissement financiers suivront. Mais déjà que deux d’entre eux réalisent d’une part du désordre crée et de la nécessité d’essayer de redresser leur image semble, pour JusMurmurandi en tout cas, véritablement miraculeux, tant l’ampleur du désastre est grande et la surdité des banquiers jusqu’à ce jour (voir notre article le Sida bancaire).
Car pour ce qui concerne l’unité du PS, et la réconciliation de Martine et Ségolène, JusMurmurandi ne se fait aucune illusion: même un miracle n’y suffirait pas…
Avez-vous de la monnaie?
décembre 10, 2008 on 7:12 | In Economie, Europe, France, International | Commentaires fermésCette année l’hiver qui arrive s’est emparé non seulement du temps qu’il fait, mais, semble-t-il de la planète entière, pétrifiée par la crise.
Quoi de plus normal que, dans ces conditions, l’Europe, au climat largement tempéré, souffre moins que l’Ukraine ou la Russie?
En Russie, par exemple, il y a encore 6 mois si arrogante, avec ses milliardaires insolents, sa poussée pour la reconquête de son rang de super-puissance, sa reconnaissance des provinces séparatistes de Géorgie et ses prédictions d’un pétrole à 250$ le baril en 2009. Aujourd’hui, le capital fuit le pays par dizaines de milliards de dollars, le rouble baisse, la banque centrale est contrainte de pousser les taux d’intérêts à 13% pour soutenir sa monnaie, ce qui évidemment aggrave d’autant la crise, et ses milliardaires endettés sont en faillite virtuelle, maintenus artificiellement par des banques sur ordre du Kremlin.
En Ukraine, parent pauvre de la Russie, la situation est encore pire, parce que la monnaie locale, la Hryvnia, a perdu 50% de sa valeur en quelques mois, et que le pays, sous perfusion du Fonds Monétaire International, a du prendre l’engagement de la laisser flotter, ce qui, en l’occurrence, veut dire la laisser couler. Les conséquences sont classiques: la fonte de la monnaie provoque le renchérissement en monnaie locale de tout ce qui est importé, donc une inflation, que la production locale, et donc les salaires, ne peuvent compenser, c’est la douloureuse austérité comme beaucoup de pays en ont connu dans les années 70 et 80, notamment en Amérique centrale et en Amérique latine.
Lequel continent ne faillit pas à sa réputation, puisque l’Argentine, et, dans une moindre mesure le Brésil, se retrouvent à nouveau dans la même situation: monnaie qui dérape, endettement étranger qui enfle, forte inflation et perte de confiance, avec, au bout de la route, la culbute pour le niveau de vie d’une population dont beaucoup sont encore sous le seuil de la pauvreté.
Car il y a un point commun à toutes ses situations: des ressources en monnaie locale et des emprunts en devises étrangères, ce qui, en termes polis, s’appelle un risque de change. Et qui ressemble furieusement à ce que nos collectivités locales ont contracté sous le nom d’ « emprunts toxiques ».
Mais ce point commun ne concerne pas les pays du continent européen, car il y a un aspect sur lequel personne ne s’attarde, et qui, pourtant, le mérite amplement. La monnaie. Si ces pays sont en difficulté non pas comme nous, mais deux fois, trois fois, cinq fois, dix fois plus que nous, c’est parce que nous bénéficions d’une monnaie qui ne dérape pas. Déjà quand le pétrole montait à 147$ le baril, suivi des autres matières premières et denrées alimentaires, la hausse de l’euro contre le dollar amortissait le choc.
Et aujourd’hui, après la pire tempête financière que le monde moderne ait connu, force est de reconnaître qu’il n’y a pas eu de tension sur l’euro. Pas la moindre. Alors que beaucoup d’experts jugeaient que cette monnaie artificielle rassemblant des pays aux économies diverses, parfois divergentes, exploserait à la première alerte, rien. Pendant ce temps-là, la livre sterling tombe à son plus bas niveau contre le dollar, et le yen monte au ciel. L’une renchérit la vie en Angleterre au plus mauvais moment pour ce pays importateur, tandis que l’autre pénalise les exportations d’un pays exportateur.
Ce triomphe silencieux de l’euro quand le monde des devises n’est, autour de ce pôle de stabilité, que tempête, fureur, ruine et larmes, valait bien, à notre avis, un hommage à tous ses géniteurs, et permet à JusMusmurandi de s’écrier, parodiant le Général, « l’Euro, l’Euro, l’Euro! »
Parlez, Hamon! Ma tête est malade
décembre 8, 2008 on 6:37 | In Coup de gueule, Economie, France | 7 CommentsC’est ce qu’à dû lui dire Martine Aubry, tant l’ânerie proférée par Benoît Hamon, le nouveau porte-parole du Parti Socialiste, combine ineptie économique et démagogie.
En effet, sa proposition est de rétablir l’autorisation administrative de licenciements, et de refuser automatiquement tous les plans sociaux d’entreprises bénéficiaires.
Un jeu de mots facile permet de dire que, si Benoît Hamon s’intéresse tant aux licenciements, c’est qu’il est lui-même licencié… d’histoire! On peut y voir aussi l’influence de son camarade de courant, l’ex-inspecteur du travail Gérard Filoche, dont le haut-fait professionnel avait été de prouver que les cadres de Thomson (aujourd’hui Thales) travaillaient trop.
Mais ses connaissances en histoire devraient apprendre à M. Hamon que, si l’autorisation administrative de licenciement a été supprimée par le gouvernement Chirac en 1987, la gauche au pouvoir de 1988 à 1993, puis de 1997 à 2002 s’est bien gardée de la rétablir. Ce qui eût pourtant été dans les attributions directes de la Ministre du travail de l’époque, qui ne passait pas pour une tendre, comme l’a prouvé sa mise en oeuvre des 35 heures, une certaine Martine Aubry!
Quant à l’argumentation de cette proposition, c’est un galimatias reprenant tout ce qu’il peut y avoir de clichés démagogiques autour de ce thème, licenciements boursiers, casse de l’emploi, responsabilité morale et sociale…
Comme M. Hamon n’a jamais travaillé que comme fonctionnaire (mais non, ce n’est pas systématiquement un oxymore), JusMurmurandi voudrait donner à l’eurodéputé-porte-parole quelques notions de base d’économie.
Ce n’est pas de bénéfices que vit une entreprise, mais de liquidités, de trésorerie pour faire simple. Il y a d’innombrables exemples d’entreprises qui font faillite sans avoir cessé de faire des profits. Toute la crise financière actuelle qui a été à deux doigts d’emporter le système financier mondial est une crise de liquidités, pas de profitabilité.
Ensuite, une entreprise peut toujours ne pas procéder à des licenciements si ceux-ci lui sont refusé par les Hamon et autres Emmanuelli du PS, à supposer qu’ils arrivent au pouvoir. Si l’entreprise peut continuer à fonctionner avec moins de personnel, ses concurrentes le peuvent aussi. Ce qui veut dire que le refus hamonien la condamnera à la non-compétitivité. Moment auquel elle fera des pertes, qui, alors peut-être, rendront possibles un plan social, lequel sera, en raison des pertes de part de marché subies entre temps, beaucoup plus lourd.
Enfin, toujours en faisant appel aux notions d’histoire qui sont sans aucun doute dans les cours qu’a dû assimiler M. Hamon pour être licencié, JusMurmurandi voudrait lui rappeler que, si le travail a toujours été le propre de l’humain depuis la préhistoire, l’évolution est due au progrès technologique, comme le feu, la roue etc… Chacune de ces étapes a augmenté la productivité, ce qui, à court terme, entraîne les licenciements que réprouve le PS par la voix de son porte-parole.
Plus encore, le progrès depuis le 15e siècle n’est pas du uniquement à la technologie, mais aussi au capital. Ce capital qu’honnit encore aujourd’hui, et seule en Europe, la gauche de la gauche française, à laquelle s’honore d’appartenir Benoît Hamon. Ce capital si important que Karl Marx, économiste pas vraiment de droite, appela son livre fondamental « Das Kapital ». Ce capital dont Marx démontre que sa combinaison avec le travail produit la richesse. Ce capital qui ne s’accroit que d’une seule façon, M. Hamon, par l’accumulation du profit.
Il faut dire que M. Hamon a des circonstances atténuantes à son emportement contre les bénéfices d’entreprises. Ses parents lui ont donné le prénom que portait Saint Benoît, qui fonda l’ordre des bénédictins, dont la règle comprend l’humilité, la charité et la pauvreté.
Pour l’humilité, il en semble pas que M. Hamon, qui se voyait déjà premier secrétaire du PS à 41 ans, soit trop doué. En revanche, il pousserait la charité jusqu’à vouloir faire don de la pauvreté à tout les Français. Merci M. Hamon.
Ségolène Royal est-elle General Motors?
décembre 8, 2008 on 8:49 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | 2 CommentsLes 3 producteurs américains d’automobiles, GM, Ford et Chrysler avaient demandé la semaine dernière aux élus américains une injection immédiate de 39 milliards de dollars pour éviter la faillite à court terme (quelques semaines).
Les politiciens américains, ne sachant si c’était du lard ou du cochon, n’ont osé ni les envoyer paître, c’est-à-dire faire leur vrai travail qui consiste à gérer leur boutique de façon rentable sans soutien du contribuable, ni les satisfaire, faute d’être convaincu de 3 facteurs: que cela soit indispensable, que cela serve à quelque chose d’autre que prolonger de quelques mois la vie d’entreprises condamnées, et que cela soit politiquement acceptable.
Ils vont donc proposer une aide de 15 milliards à deux d’entre eux, puisque Ford, moins menacé que ses deux concurrents, pourrait s’en passer dans l’immédiat.
Ce qui frappe tout d’abord, c’est que c’est beaucoup trop peu d’argent. General Motors à lui seul brûle 2 milliards de dollars de cash par mois dans les conditions actuelles de marché très déprimé. Lui accorder 10 milliards, c’est tout juste 5 mois de vie, si on alloue la totalité des fonds au fonctionnement quotidien, c’est-à-dire zéro à la réorganisation (réduction des coûts et des capacités, rationalisation des produits, développement de voitures plus sobres). Et 5 mois, pour un mastodonte comme GM, ce n’est rien, quand on sait que le développement d’un nouveau modèle, c’est au minimum 5 ans. 5 mois, ce n’est même pas le temps qu’il faut pour arriver à un accord de réduction de capacité avec le syndicat UAW, qui risque en cas de faillite de voir ses membres et ses retraités ne plus rien avoir faute d’avoir voulu conserver trop d’avantages acquis.
Car, que personne ne s’y trompe, la faillite de General Motors aurait des conséquences incalculables. Quel consommateur voudrait d’une voiture dont le fabricant ne sera plus là pour assurer l’après-vente, et dont la valeur de revente sera quasi-nulle? S’en déduit que, dans l’automobile, la faillite entraîne souvent la liquidation pure et simple, avec effet en cascade sur les employés, les sous-traitants, les concessionnaires, les retraités, et tous ceux que ces millions de consommateurs font vivre. Il est d’ailleurs possible que tout le bruit fait autour de la faillite possible entraîne dès à présent une désaffection pour cause d’inquiétude des clients potentiels, et que le bébé soit déjà irrémédiablement parti à la rivière avec l’eau du bain.
15 milliards de dollars, c’est donc un saupoudrage, un pourboire, un alibi pour que, quand la catastrophe arrive, tous puissent dire, tel Ponce Pilate, que le sang versé ne retombera pas sur leurs mains. C’est aussi la certitude que les mêmes politiciens vont voir revenir les mêmes fabricants avec les mêmes demandes, les mêmes menaces et les mêmes promesses dans quelques mois. Mais, là, Barack Obama aura pris ses fonctions, et ce sera à son équipe de gérer le problème. 5 mois, c’est donc le temps de lâchement acheter sa paix et de refiler le bébé à autrui.
Le saupoudrage et l’alibi, deux méthodes bien connues de la part de politiciens dont le courage ne constitue certes pas toujours la qualité première. Pourtant JusMurmurandi voudrait vous proposer un contre-exemple frappant, et, qui plus est, en France.
Martine Aubry devait composer l’équipe dirigeante du PS pour les 3 prochaines années. Et satisfaire les demandes de ses partisans, des fabiusiens, des strauss-kahniens, des partisans de Bertrand Delanoë ou de Benoit Hamon, qui avaient le mérite de l’avoir soutenue. Sans compter les partisans de Ségolène Royal, de façon à pouvoir rassembler ceux qui l’avaient combattue. Un exercice d’équilibrage dans la répartition d’une difficulté qui confinait à l’impossible.
Eh bien Martine Aubry a fait preuve de courage plutôt qu’oeuvre de saupoudrage. Ségolène Royal n’aura rien. Ce qui permettra d’éviter de la voir revenir dans quelques mois avec les mêmes demandes, les mêmes menaces, les mêmes promesses. Et, comme avec l’automobile américaine, la cote de Ségolène auprès des consommateurs politiques s’est d’ores et déjà effondrée en faveur de Martine Aubry ou Dominique Strauss-Kahn.
Ce qui oblige JusMurmurandi à poser la question: la faillite de Ségolène Royal, qui avait encore une part de marché de 47% en France en 2007, et de 50% au PS en novembre, le PS peut-il se la permettre?
La bulle qui engloutit le monde
décembre 6, 2008 on 7:34 | In Economie, Europe, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésSi JusMurmurandi pouvait prédire avec certitude la profondeur et la durée de la crise économique et financière qui frappe le monde entier, il y a longtemps que vous ne pourriez plus nous lire. D’abord parce que notre serveur se serait écroulé sous le volume de trafic. Ensuite parce que nous serions tous partis pour une île pour milliardaires après avoir gagné quelque menu argent grâce à cette prédiction…:-)
Ce n’est pas pour autant une raison de ne pas tenter d’analyser une situation qui montre autant de raisons de craindre que d’espérer. Quelles sont-elles?
Les raisons de craindre sont simples.
D’abord, le monde financier a commis les mêmes excès qui ont conduit à la crise de 1929. Si les modalités sont différentes, le résultat est le même: trop de crédit par rapport aux fonds propres des banques ont rendu celles-ci incapables de faire face au ralentissement cyclique de l’économie et aux défauts de remboursements de crédit qui l’accompagnent. Ensuite, les techniques modernes de levier, de produits dérivés, de titrisation, de rehaussement de crédit et autres engagements par signatures ont encore démultiplié ce montant de crédit octroyé et les risques associés, surtout quand les opérateurs étaient non plus des banques, mais aussi des hedge funds, dont l’existence même repose sur leur capacité à servir des rendements importants à leurs clients, et donc à prendre les risques qui vont de pair.
Si l’on restreint les risques que les banques et autre intervenants financiers pourront désormais prendre pour éviter le retour de pareilles folies, comme cela a été fait après la Dépression des années trente, le crédit sera ipso facto restreint lui aussi, et, avec lui, l’activité économique dont il est l’oxygène. D’où une longue et dure gueule de bois après une orgie de crédit.
Un signe plus inquiétant encore: les taux d’intérêt en dollars sont à 0 pour les emprunts à 3 mois, alors que l’inflation est à 2%, ce qui indique un rendement négatif. Or la logique veut qu’il y ait rendement négatif seulement quand il y a anticipation de baisse des prix. Cela s’appelle la déflation, et c’est le scénario noir qui a conduit au désastre des années trente, ou à l’asthénie japonaise des années 80, avec une quinzaine d’années sans croissance.
Mais, face à ces perspectives sombres, les raisons d’espérer ne sont pas nulles pour autant:
D’abord les dirigeants politiques du monde entier ont lu leurs classiques, dont Keynes. Ils savent qu’une dépression-déflation serait meurtrière, et ils injectent des masses sans précédent d’argent public pour re-dynamiser l’économie, alors que le président américain Hoover, pensant que l’orthodoxie financière permettrait à l’Amérique de s’en sortir, avait littéralement corseté une économie déjà exsangue, avec les résultats que l’on sait.
Ensuite, il y a des poches de croissance encore vigoureuse en Chine, en Inde et de façon générale dans les pays émergents. Ils vont servir à amortir une partie de la baisse de cycle économique. De même, il y a une épargne colossale dans le monde, tant au niveau des particuliers que des entreprises, ou de certains États. Il y a donc un problème de réorientation pour que cette épargne finance la reprise, ce qui est un problème qui n’est pas insoluble.
Va contribuer aussi à notre redémarrage la baisse du prix du pétrole et des matières premières, qui représente au moins 500 milliards de dollars annuels de coût en moins pour les pays développés. C’est un choc de croissance, à l’envers de celui subi les 3 dernières années, avec un hausse vertigineuse des cours. La forte baisse des taux d’intérêts va dans le même sens, réduisant les déficits des Etats endettés et réduisant l’appétence des individus à épargner au lieu de consommer.
La clef qui ouvre vers cette sortie de crise porte un nom: la confiance. Si les mesures gouvernementales sont suffisantes pour convaincre les particuliers d’ouvrir à nouveau les cordons de leurs bourses et de réduire leur taux d’épargne, et les entreprises d’embaucher puis d’investir pour satisfaire le demande renaissante, le pari sera gagné.
Mais, après, il faudra faire face aux gigantesques dettes accumulées par les États pour relancer, ainsi qu’aux masses d’argent ainsi injectées, qui auront un caractère fortement inflationniste. C’est-à-dire que, pour nous en sortir, et alors même que nombreux critiquent Alan Greenspan pour avoir « monnayé » (en clair, acheté) la prospérité au prix de liquidités nouvelles pour éviter tous les accidents qui ont jalonné sa présidence de la Réserve fédérale américaine, créant ainsi les conditions d’une suite de bulles financières, le monde est en train de créer une super-bulle, une hyper-bulle, une giga-bulle comme jamais même Greenspan n’eût osé en imaginer.
Et JusMurmurandi sait une chose ou deux en matières d’économie. Notamment que toute bulle finit par exploser, quoique, chaque fois, nous pensions avoir retenu les leçons du passé.
Et qu’en classe, l’élève qui « bulle » est celui qui ne travaille pas, et quand sa note est une bulle, cela veut dire que sa copie a été notée « zéro ».
GM, Ford, Chrysler: Dallas, ou la Star Ac’?
décembre 4, 2008 on 9:16 | In Best of, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésQui a oublié le feuilleton télévisé américain « Dallas » qui a inauguré les super-productions pour petit écran? Qui ne se souvient de Pamela, Sue Ellen, Bobby, et surtout de l’abominable JR?
Alors quelle est l’actualité de Dallas aujourd’hui? Est-ce la maison que la famille Bush vient d’acheter pour l’après-présidence? Pas du tout.
Dallas, c’est le feuilleton télévisuel que l’Amérique ne s’offre pas. Les 3 fabricants américains de voitures demandent au Congrès de leur accorder 39 milliards de dollars (après avoir demandé 25 milliars le mois dernier, l’inflation est galopante dans ce petit monde…). Il leur faut cet argent tout de suite, sinon c’est la faillite assurée, immédiate et irrémédiable. General Motors indique même que, faute de recevoir 4 milliards dès ce mois de décembre, le pire serait à craindre.
Comment se fait-il que l’audition des 3 dirigeants des groupes n’ait pas été reprise en direct par les grandes chaînes américaines? Car, pour ce qui est de la télé-réalité, en voilà qui n’aurait rien dû aux grand talent et aux petits arrangements d’Endemol et de TF1. N’oublions pas que, si, par exemple l’un des 3 venait à être mis en faillite, celle-ci pourrait avoir un effet bénéfique pour les deux autres, qui pourraient se partager le marché à deux et non à trois. Mais un effet maléfique aussi, car cette faillite pourrait entraîner celle de nombreux sous-traitants, qui eux-mêmes seraient dès lors dans l’incapacité de livrer les deux survivants.
Ce qui laisse donc dans ce jeu à trois, toutes les possibilités d’alliances, de trahisons, de renversements et de coups tordus, de ruine ou de fortune. Comme dans Dallas.
On voit que le suspense ne manque pas dans ce feuilleton plus vrai que nature. La composante personnelle est elle-même présente, avec les 3 PDG qui ont accepté de travailler pour un salaire annuel d’un dollar. Celui de Ford, anciennement patron de Boeing, et celui de Chrysler, auparavant patron de Home Depot, doivent vraiment se demander ce qu’ils sont venus faire dans cette galère. Beaucoup de travail, un fort risque d’échec, des conflits partout, tout cela pour un dollar?
Bien sûr, il y a une part de théâtre là-dedans. C’est comme par hasard quand ils sentent l’argent du plan Paulson et entendent les promesses électorales et post-électorales d’Obama que le chœur des vierges des « Big 3″, comme on les appelle, fait entendre sa mélopée de plaintes menaçantes.
Toujours est-il que JusMurmurandi ne résiste pas à vous faire partager sa vision de ce qu’aurait pu être l’audition des 3 PDG. Au lieu de les faire témoigner de façon statique derrière des micros, puisque les média américains n’ont pas voulu faire Dallas, avec ses coups fourrés, ils pouvaient faire la Star Ac’. Imaginez les 3 PDG, chantant et dansant l’un après l’autre.
Puis, au cours d’un prime haletant, on fait voter le public. Pour éliminer GM, votez « 1″, pour mettre Ford en faillite, votez « 2″, pour ne pas donner les crédits vitaux à Chrysler, votez « 3″.
Et le nom de l’éliminé est….
Essence, fromage régional et Révolution
novembre 29, 2008 on 12:14 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes | 2 CommentsEntre autres moyens de réduire le coût de fonctionnement d’un Etat français hypertrophié, Nicolas Sarkozy envisage la suppression de certaines collectivités territoriales. Cela pourrait être, suivant la recommandation de la commission Attali pour libérer la croissance, l’élimination pure et simple de l’échelon départemental, avec ses préfets et ses conseils généraux. Cela pourrait aussi, comme il l’a évoqué cette semaine, le regroupement de plusieurs collectivités pour en constituer de plus grandes, dotées de capacités elles aussi accrues, plus à même de répondre aux besoins locaux.
Face à ces perspectives, les socialistes sont vent debout, opposés à tout, même à en examiner l’opportunité éventuelle. Leur argument principal est que le Président chercherait à se débarrasser du niveau où l’opposition (lire: eux-mêmes) le gêne le plus.
Les évènements en cours en Guyane en donnent à JusMurmurandi une autre lecture. Lecture qui commence par rappeler la très forte augmentation d’impôts régionaux qui a immédiatement suivi le passage à gauche de toutes les régions sauf une aux élections de 2004. Augmentation qui n’a pu être justifiée « qu’à titre préventif », c’est tout dire.
Mais ce qu’a fait la région Guyane, présidée par Antoine Karam (socialiste) dépasse tout ce que ses collègues ont pu mettre en oeuvre; et on en voit aujourd’hui les conséquences. La région Guyane prélève une taxe de 70 centimes sur chaque litre de carburant. 70 centimes, quand le prix du carburant, déjà très fortement taxé par l’Etat atteint aujourd’hui aux alentours de 1€10 en métropole. Comment s’étonner donc que le litre de gas-oil coûte 1€70 en Guyane? Ce qui provoque la colère de la population, qui bloque toutes les voies de transport pour exiger une baisse immédiate de 50 centimes.
JusMurmurandi avance que l’opposition des socialistes à toute optimisation des communautés territoriales est avant tout celle d’élus locaux qui ont comme priorité de défendre leur fromage, notamment fiscal, fromage qui est, comme il se doit en France, composé d’un fort pourcentage de matière grasse.
A ces nantis, JusMurmurandi voudrait rappeler les années qui ont précédé la Révolution, où les fermiers généraux qui levaient l’impôt cristallisaient une bonne part de la détestation populaire. Sauf qu’en ce temps-là, c’était l’équivalent de la droite (l’aristocratie et le clergé) qui votait l’impôt payé par la gauche (le tiers-état). Aujourd’hui, c’est la gauche, dont l’électorat populaire ne paye par exemple pas d’impôt sur le revenu, puisque 50% des foyers français en sont exemptés, qui vote l’impôt que paye la droite.
Mais cette inversion ne doit pas cacher l’aversion de ceux qui payent l’impôt pour ceux qui le votent sans le payer. La leçon de la Révolution aurait-elle été oubliée?
L’argent de l’espoir, ou du désespoir?
novembre 26, 2008 on 9:20 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésMais d’où vient tout cet argent? Le plan Paulson de sauvetage des banques américaines? 700 milliards de dollars. Le plan Obama de relance de l’économie américaine: 800 milliards de dollars. Le plan chinois de relance: au moins 450 milliards de dollars. Le plan anglais: 2,5 points de baisse de TVA. Même l’Etat français, pourtant réputé « en faillite » sort 22 milliards d’euros, plus l’argent du sauvetage de Dexia, plus le fonds souverain de 20 milliards, plus le plan de relance qui sera annoncé incessamment…
Sans compter les garanties données au banques et au crédit interbancaire: des milliers de milliards de dollars. Rien que ce week-end, pour la seule Citigroup, l’Etat américain a accepté de garantir 306 milliards de dollars.
Sans compter l’aide industrielle qui se profile à l’horizon. Les 3 fabricants d’automobiles américains, à l’agonie, veulent de 25 à 50 milliards de dollars de plus que les 25 milliards de prêts consentis par l’Etat. L’Europe s’apprête de même à aider ses propres fabricants. Ainsi, Jaguar, pourtant tout récemment racheté à Ford par l’Indien Tata, n’hésite-t-il pas à demander au gouvernement britannique un prêt d’un milliard de livres. Déjà le public de contribuables rechigne à voir ses impôts soulager des banques dont les dirigeants et autres stars de la finance ont été payés des montants pharaoniques tout en les menant au bord du gouffre. S’il faut maintenant subventionner la production de voitures de grand luxe…
Alors, d’où vient le fric, le grisbi, la fraîche?
Justement, de fraîche il n’y a guère, vu que tous les Etats en question, sauf la Chine et l’Allemagne, avaient dès avant la crise des finances publiques largement déficitaires. Ainsi la Grande-Bretagne, pourtant dirigée par un Gordon Brown à la longue carrière de Chancelier de l’échiquier prudent, va-t-elle atteindre un déficit budgétaire de 10% du PNB, chiffre astronomique même en ces temps de folle surenchère de chiffres tellement énormes qu’ils en perdent toute signification.
De cette avalanche d’argent public « subitement » disponible, JusMurmurandi tire deux observations
L’une est que dès qu’apparaît la manne, dès que se respire la couleur de l’argent, dès qu’on entend le bruit des billets qu’on froisse, apparaissent les quémandeurs et lobbyistes avec toute la retenue, la grâce et l’élégance de cochons affamés se ruant vers leur auge pleine. Est-ce vraiment une coïncidence si General Motors se déclare au bord de l’anéantissement dès que l’argent public apparaît tel l’enfant Jésus?
L’autre est que, quand il le faut « vraiment », des masses d’argent « apparaissent » comme Jésus a multiplié les pains et les poissons, pour nourrir la multitude.
Mais, avant que ces 2 métaphores chrétiennes ne donnent à penser que la crise financière est avant tout le produit d’un amour immodéré de son prochain, il convient de se rappeler une chose: ce que font les gouvernements et les Etats pour injecter à la fois calme sur les marchés et fonds propres dans les banques, c’est avant tout emprunter par le biais d’un déficit budgétaire colossal, et garantir par leur (aujourd’hui excellente) signature les engagements et crédits « douteux » des banques et compagnies d’assurance pour rehausser la qualité de ces actifs.
C’est-à-dire exactement ce dont l’abus par le système financier a conduit là où nous sommes.
Il n’y a pas de petites économies !!
novembre 25, 2008 on 4:43 | In Best of, Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésProverbe bien connu, lorsque les temps sont durs, il faut faire des efforts.
Tous, sans exception. Et a fortiori lorsque l’on est au sommet, il faut montrer l’exemple.
Car réunir des têtes pensantes pour atténuer les effets de la crise, c’est bien.
Créer des plans de relance pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être [avec l'argent des contribuables], c’est louable.
Mais que dire alors d’une contribution personnelle, que les fonctionnaires mettent aussi la main à la poche pour contribuer de leurs propres deniers et subissent sur leurs revenus des effets de la crise comparables à leurs homologues du privé ?
Impensable, incroyable, inimaginable, démagogue ?
Et pourtant si, c’est possible !!
Les fonctionnaires vont recevoir cette année une partie variable de leur rémunération en baisse de moitié par rapport à 2007, et 19% de moins en 2009 qu’en 2008.
Personne n’est dans la rue. Tout le monde comprend, accepte, et se réjouit que même les fonctionnaires se serrent la ceinture.
Exemplaire non ? On imagine déjà la tête de Bernard Thibaut, en état de décomposition avancée, Chérèque faisant la gueule ou encore Besancenot prêt à dégainer (mais pas son Taser….), pour ne citer qu’eux.
Non, ce n’est pas possible. JusMurmurandi rêve, a bu, fumé la moquette, ou une combinaison des trois….
On vous avait bien prévenu qu’il ne faut pas croire tout ce que l’on lit sur Internet.
Et on n’est même pas le 1er avril !!!
Et pourtant c’est vrai; nous avions juste oublié de dire où cette exemplarité à lieu….
A Singapour.
Voici le communiqué de presse.
http://app.psd.gov.sg/data/Press%20Release%20-%20CIVIL%20SERVANTS%20ANNUAL%20PAY%20TO%20FALL.pdf
Les suicidaires
novembre 16, 2008 on 3:50 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésC’est la crise. Et pendant les crises, il y a des désespérés qui passent à l’acte. On se souvient que, pendant la Crise de 1929, des banquiers, atterrés (le mot n’est pas neutre) d’avoir tout perdu, ont sauté de leurs buildings pour mettre fin à leurs jours. Voit-on aujourd’hui de nouveau « pleuvoir » des banquiers? Pas à la connaissance de JusMurmurandi, et c’est heureux. Pourtant, on voit de nombreux comportements suicidaires. En voici quelques exemples:
Dans le genre, « faisons comme si la crise n’existait pas, et continuons comme par le passé »: les compagnies aériennes font face à une baisse de trafic alors que toutes étaient déjà en pertes profondes dues à un coût de kérosène exorbitant. Pour autant, les syndicats de pilotes, que ce soit chez Air France (prospère) ou chez Alitalia (en coma dépassé) luttent pour des avantages catégoriels comme s’il y a avait autre chose à distribuer que du sang, de la sueur et des larmes. Dans la même catégorie, la grève de la SNCF.
Dans le genre « sauvons notre peau sans nous demander si nous n’entraînons pas les autres dans une mort collective »: Henry « Hank » Paulson, Secrétaire américain au Trésor, a économisé quelques dizaines de milliards de dollars qu’aurait coûté le sauvetage de Lehman Brothers, mais coûté quelques centaines de milliards de plus aux Etats-Unis et dix fois plus dans le monde en raison de la panique que cette faillite a induite.
Dans le même registre, les traders qui continuent de prendre des risques, et le management qui les laisse faire, au sein de banques qui ont déjà perdu plus de fortunes qu’elles n’en avaient, comme Natixis (500 millions d’euros la semaine dernière), Dexia Slovaquie (93 millions sur des spéculations entre yen et rand sud-africain) ou les Caisses d’épargne (maison mère de Natixis, comme par hasard), avec 890 millions de pertes.
Ou encore, c’est très à la mode, les banques, qui, après avoir essuyé des pertes colossales dans l’immobilier américain, les produits dérivés ou les assurances, resserrent leurs conditions de crédit au PME et aux particuliers français pour « ne pas perdre d’argent dans la crise », imités en cela par les assureurs-crédit. Ce faisant, évidemment, ils étranglent l’économie française et l’enfoncent bien davantage qu’elle ne l’est, ce qui leur permettra a posteriori de montrer à quel point elles ont eu raison d’être si rigoureuses, vu ce qui sera arrivé entre temps. A ceci près qu’entre temps, ils auront éradiqué une partie de leur portefeuille clients et en supporteront donc les conséquences.
Dans le genre « la crise, c’est pour les autres mais pas pour nous », les banques qui provisionnent des bonus colossaux pour leurs employés au titre de 2008 alors même qu’elles auraient rejoint Lehman au cimetière des Seigneurs de la Finance si leur gouvernement ne les avait pas mises sous perfusion à coups de milliards d’argent des contribuables. Dans le même répertoire, celles qui se donnent de somptueux séminaires ou réceptions peu de jours après le début de ces perfusions. Ou les banquiers qui, après avoir perdu leur poste pour cause de pertes abyssales, estiment n’avoir pas échoué, ou mériter d’être repêchés, ou, mieux encore, gardent leur poste, tel l’inénarrable Bouton à la Société Générale, pas concerné par le pertes de l’affaire Kerviel.
Dans le genre « chez nous la crise, c’est permanent, donc on ne voit pas la différence avec avant, ni la promesse qu’après sera mieux, le parti socialiste français, dont le congrès de Reims s’achève sur le même fiasco que celui de Rennes il y a plus de 15 ans. Décidément le PS devrait se garder des villes de congrès dont le nom commence par « Re » et se termine par « s »…
Devant cette vague de comportements suicidaires, comment se réjouir? A moins d’être, comme chez Luky Luke, l’inénarrable croque mort, qui se réjouit à l’avance de ses nombreux futurs clients ?
Des pommes, des bananes, des noix !! L’important, c’est la norme.
novembre 13, 2008 on 5:52 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésPour ceux qui, comme JusMurmurandi, aiment les loufoqueries, vous aurez certainement reconnu le cri de guerre du Grand Babu, personnage essentiel des histoires de Pierre Dac et Francis Blanche, qui donnèrent lieu à un film mémorable intitulé « Signé Furax » à la fin des années 70.
Mais si vous ne connaissez pas ces contes et légendes, alors rassurez vous, Bruxelles veille sur vous.
Car saviez-vous que la Commission Européenne, dans son souci permanent et omniprésent de notre bien, être est allée jusqu’à déterminer l’angle que peuvent prendre bananes et autres concombres, définir le calibre la consistance des carottes que nous trouvons sur les marchés ou encore déclarer que les céleris ne doivent comporter aucune cavité…
Sinon, vous ne saviez donc probablement pas, tel Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, jusqu’à quel degré de perfectionnement Bruxelles se penchait pour notre « bien être » collectif.
Ce sont ainsi 26 fruits et légumes dont les taille, forme, et consistance etc. étaient définis avec (in)tolérance par la Commission. Et pour ceux qui n’entraient pas dans les caractéristiques édictées par Bruxelles, point de sursis, c’était la benne ! Tant pis pour le gâchis, l’important, c’est la norme !
Mais heureusement de telles incongruités (JusMurmurandi s’en voudrait de s’adonner à des actes d’incivilité voire malveillance en utilisant des termes moins avenants…) font désormais partie du passé, en partie à cause de l’augmentation du prix des fruits et légumes qu’elles généraient.
JusMurmurandi ne peut que…se courber, s’incliner devant un tel pragmatisme.
Car n’est il pas en contradiction, en particulier avec la morosité conjoncturelle, de mettre fruits et légumes au rebut au seul motif que leur taille, leur courbe, leur calibre ne correspondraient pas aux canons des fonctionnaires bruxellois ???
Voici revenue la liberté de disposer de légumes et fruits frais, quelle que soit leur apparence.
Concombres incurvés, carottes bombées, vous revoici !!!
On croit rêver.
Mais ce fut un combat terrible, car pas moins de 16 des 27 pays, dont la France, s’opposaient à ce que ces règles soient abolies….
Folie régulatrice, quand tu nous tiens.
Depuis hier, ces normes sont donc écartées, et ce sont plus de 100 pages de règles qui ont été déchirées et jetées aux orties.
Mais ne nous réjouissons pas trop vite, ne courons pas toutes affaires cessantes au marché le plus proche pour apercevoir ces fruits et légumes jusqu’alors honnis par une bureaucratie tentaculaire….
Leur résurrection n’entrera réellement dans les faits qu’à partir de juillet de l’année prochaine…..
Pour tout ce qui concerne la règlementation, et surtout sa suppression, il ne faut jamais confondre vitesse et précipitation….
Quand la Chine tremblera, le monde vacillera…
novembre 11, 2008 on 8:06 | In Best of, Economie, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésNombreux seront ceux qui se souviennent du livre célèbre d’Alain Peyrefitte, « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera… ».
JusMurmurandi s’en est inspiré pour répondre à une de ses questions, de ses angoisses pressantes.
Car le ralentissement économique qui se déroule sous nos yeux a bien entendu des conséquences planétaires, jusqu’en Chine.
Or si dans nos démocraties occidentales, les cycles économiques sont connus, expliqués et parfois même compris par l’homme de la rue, la chose est autrement complexe pour des Chinois qui ont connu une croissance économique à deux chiffres tout au long de ces dernières années.
Qui plus est lorsque l’on rajoute que ce développement est pour l’essentiel dû aux exportations de la Chine vers les pays occidentaux.
Alors si aujourd’hui les usines chinoises venaient à ralentir leurs cadences, voire fermer, comme suite « logique » de la crise bancaire devenue économique, vers qui pensez vous que serait tenté de se tourner le paysan chinois devenu ouvrier qui verrait son revenu diminuer ou disparaître ?
Vers le pouvoir politique pour qu’il demande des comptes aux « Guailo » (étrangers avec connotation négative en Chinois) qui les mettent dans le pétrin. Vous imaginez une déferlante de centaines de millions de Chinois qui fondent sur l’Europe ou la Russie pour demander des comptes ? Perspective terrifiante, et peut être pas totalement impensable…
C’est, peut être, pour cette raison que la Chine a annoncé hier un plan de relance de l’économie de 586 milliards de Dollars, destiné à compenser la baisse d’activité tout en servant à renforcer les infrastructures du pays.
Il n’est pas comparable aux plans occidentaux en ce que le financement ne provient pas des gouvernements mais des banques et entreprises nationales qui sont « encouragées » à se développer plus rapidement, à prêter davantage d’argent au travers d’une politique fiscale plus agressive. On croit rêver pour ce qui nous concerne lorsque l’on voit, au petit niveau français le médiateur du crédit René Ricol assailli de demandes d’aide face aux banques qui ferment les robinets en dépit du refinancement effectué avec l’argent des contribuables.
Bref, ceci est destiné à maintenir l’économie en croissance élevée, et par conséquent à juguler les effets du ralentissement. Si c’est rassurant sur le plan politique, cela signifie aussi que la Chine investit donc encore plus dans ses infrastructures etc. pour être encore plus concurrentielle face aux industries occidentales. Et peut être aussi consolider sa prééminence sur son grand rival aux infrastructures déficientes, l’Inde.
En somme, une bonne mauvaise nouvelle….
L’Occident n’a pas fini de trembler.
Aux armes, citoyens !
novembre 10, 2008 on 8:38 | In Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésRassurez vous, JusMurmurandi ne va pas vous demander de descendre dans la rue pour allez manifester contre la grève de la SNCF ou de la Poste.
Non c’est une histoire américaine que nous allons aborder avec cet article, qui concerne la vente d’armes ces derniers temps.
Comme chacun sait cette vente est totalement libre aux Etats Unis au motif que chaque citoyen doit avoir le droit de se défendre (Deuxième amendement de la Constitution américaine).
Ce qui aboutit à ce qu’il y ait des centaines de millions d’armes en libre circulation, sans recensement aucun.
Et également à ce que régulièrement des tragédies viennent entacher le quotidien de telle ou telle école, en dépit de toutes les tentatives de contenir le flot. On se souviendra par exemple du film de Michael Moore, « Bowling for Columbine », dans lequel Charlston Heston, Président de la toute puissante National Rifle association, ne répond plus aux questions du réalisateur lorsqu’il lui demande son avis sur les enfants qui périssent sous les balles d’autres adolescents qui dérapent.
Eh bien ces temps derniers, les ventes d’armes aux civils ont puissamment augmenté chez nos amis américains.
Quelles peuvent être les explications?
Qu’Obama voudra restreindre la liberté d’acquisition de ces engins de mort, inquiétude entretenue à loisir, on s’en doute, par les vendeurs, trop contents de saisir l’occasion d’augmenter leur chiffre d’affaires en répandant le doute ?
S’agit il de personnes inquiètes face à la crise, craignant une guerre civile face à une crise dont les conséquences se déroulent devant nous, tels ce chiffre de pertes abyssales, une fois de plus, annoncé aujourd’hui par l’assureur AIG, de 24,5 milliards de Dollars de pertes au troisième trimestre ?
Ou encore de certains malades mentaux qui ne supportent pas l’idée qu’un homme de couleur arrive à la Maison Blanche le 20 janvier prochain et réfléchissent déjà à comment attenter à sa vie ?
Toutes les hypothèses sont plausibles, sans être mutuellement exclusives.
Quoi qu’il en soit, le fait est inquiétant et mérite notre attention.
Il suffit d’un seul coup…
Quand le compte n’est pas bon à l’Assemblée nationale
novembre 10, 2008 on 8:17 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésLa Cour des Comptes s’est récemment intéressée à la gestion de nos chers parlementaires, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas perdu son temps.
Quelques perles retiendront certainement votre intérêt, Cher Lecteur, tout autant que nous avons retenu notre souffle en en lisant des extraits.
Et que rien n’a retenu les dépenses de nos chers, si chers élus.
Le budget pour commencer. Il a cru, sur les dix dernières années, à un rythme supérieur à celui des dépenses de l’Etat (47% contre 37%, dans les deux cas largement plus que l’inflation). Imaginez ensuite qu’ils se permettent de juger les budgets de l’Etat lorsqu’eux mêmes font pire ??!!
25% du budget total est consacré aux salaires tandis que les 24 fonctionnaires les mieux payés gagnent 213.000 Euro bruts par an.
Ces 25% se comparent à 15% chez nos voisins britanniques qui est une démocratie parlementaire (donc qui se passe de Président de la République etc.) ou encore les Allemands dont les salaires au Bundestag ne représentent que 12%. Bref, ils en plus pour leur argent que nous.
Et surtout comme d’habitude, dépassements budgétaires à gogo, comme les travaux de l’immeuble Chaban Delmas. Mais heureusement, » ces travaux génèreront beaucoup d’économies puisque nombreux députés n’auront plus à dormir à l’hôtel ».
Bref, tous les dépassements sont permis aussi longtemps qu’il y a des économies; à ceci près que la durée de retour sur investissement est une notion qui n’est pas importante pour les députés.
En conclusion, tout ce que l’on rejette, critique pour la gestion de l’Etat se retrouve à plus modeste échelle mais encore plus gaspilleur, au Palais Bourbon, là même où devraient être corrigées les déviances de nos gouvernants.
Français, dormez tranquille !