Nettoyer les banques et lutter contre le terrorisme?
octobre 9, 2008 on 6:26 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésL’impérieux besoin de nettoyer les banques qui ont mis le système financier de la planète au bord du gouffre est une évidence. Mais il ne suffit pas de les nationaliser sous une forme ou une autre, il faut aussi
- veiller que les responsables soient mis hors d’état de nuire
- veiller que les banques reprennent une activité normale et réamorcent la pompe économique
- veiller que les folies du passé ne se reproduisent pas.
Vous me direz, quel rapport avec la lutte contre le terrorisme? Aucun, bien sûr. Sauf que…
Rappelez-vous le 11 septembre. Quand il est apparu clairement que c’étaient Al-Qaeda et Bin Laden qui en étaient les instigateurs, et qu’ils étaient hébergés par le régime Taliban de Kaboul, la guerre d’Afghanistan a été lancée, et rapidement gagnée.
Mais que faire après?
- d’abord les responsables (Osama Bin Laden et le mollah Omar) n’ont pas été mis hors d’état de nuire, non plus que l’état-major Taliban, si l’on en juge par leur capacité à continuer une guerilla meutrière, ceci 7 ans après le début des hostilités.
- ensuite l’Afghanistan n’a pas repris une existence normale. C’est toujours un pays en guerre, largement civile, et maintenu dans le statu quo par une coalition armée étrangère de grande ampleur. L’essentiel des ses revenus autres que l’aide internationale provient de la culture du pavot, qui sert à produite 85% de l’héroïne mondiale.
- enfin si jamais les armées coalisées venaient à quitter l’Afghanistan, les Taliban reviendraient au pouvoir, mollah Omar et Bin Laden en tête, triomphalement anoblis par leur succès contre les Etats-unis comme contre les Soviétiques en d’autres temps.
Pour ceux qui pensent que ma comparaison est trop artificielle, encore trois points de similitude:
- l’aptitude de notre modèle économique à se trouver périodiquement en crise profonde malgré les leçons apprises des crises précédentes n’est-elle pas comparable aux innombrables tentatives de contrôler l’Afghanistan, carrefour géostratégique important, malgré les cuisantes défaites qui soldent ces tentatives?
- l’émergence des Taliban a été assistée et financée par les USA, qui ont vu en eux la force capable de forcer les Soviétiques à leur première défaite militaire, puis à une humiliante retraite, sans voir que les capacités qu’ils développaient viendraient un jour les frapper à leur tour. La politique monétaire hyper-accomodante, l’émergence des nouveaux produits financiers et la dérégulation qui ont contourné les règles prudentielles édictées pour éviter une répétition de la crise de 1929 ont tous été les enfants de ceux-là même (Greenspan et la Fed, la SEC, l’administration Bush) qui n’ont pas vu le danger à long terme d’une politique destinée à assurer la prospérité à court terme.
- pendant que les pays de la coalition financent un lors programme militaire et humanitaire vers l’Afghanistan, les seigneurs tribaux se remplissent les poches. Pendant que les contribuables financent un lourd programme de sauvetage des banques, les seigneurs de Wall Street continuent de se remplir les poches
- enfin, ces 2 désastres, on a vraiment envie d’écrire ces deux m******s sont marquées par la présidence de celui qui devait être le Président de l’hyperpuissance américaine, mais restera comme le Président-catastrophe, George W. Bush.
Alea jacta est !
octobre 8, 2008 on 7:11 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésAlors que l’économie mondiale est balayée par un véritable tsunami, les Français, auparavant préoccupés par leur pouvoir d’achat, s’attendent à une aide de l’Etat. Et ils ont raison.
Jogging de l’Etat obèse [voir notre article sur le sujet] ou autre RGPP [Révision Générale des Politiques Publiques], chacun s’attend à ce que l’Etat fasse des efforts afin de réduire l’endettement ou en tout cas de ne pas l’alourdir.
Tout le monde espère que de nouvelles taxes, de nouveaux impôts ne seront pas crées, alors que sont déjà sortis du cerveau fécond de nos politiques le financement du RSA ou encore la taxe poisson.
C’est le souhait de chacun que les prix n’augmentent pas, alors que les matières premières semblent vouloir baisser. Il faut au passage saluer la baisse du baril de pétrole, repassé temporairement au moins sous la barre des 90 Dollars alors qu’il dépassait allègrement les 145 durant la période estivale.
Nous voulons tous un Euro qui nous permette d’être concurrentiels à l’exportation sans pour autant nous pénaliser lors de nos importations. On saluera ici encore le fait que la monnaie européenne, qui a plafonné à 1.60 Dollar cet été, a franchi le seuil de 1.34 Dollar à la baisse cette semaine.
Nous prions tous que l’immobilier, les actions ou autres actifs en notre possession ne perdent pas trop de valeur, alors que nous avons travaillé dur pour mettre des économies de côté.
Bref, en ces jours de tourmente, nous invoquons les cieux, nous ne savons plus à quel saint nous vouer, alors que nous sentons le sol se dérober sous nos pieds.
Heureusement, il est une valeur sûre, sur laquelle les Parisiens voient une fois de plus qu’ils peuvent s’appuyer.
Car ce ne sont pas que de simples mots qu’a prononcé le sémillant maire de Paris; il passe aux actes pour tenir sa parole.
En des temps autrement meilleurs, il avait promis que les impôts locaux augmenteraient sensiblement en 2009.
Aujourd’hui il honore ses engagements. Le sort en est jeté.
Rien de tel pour aider à faire repartir l’économie que la première ville de France, la capitale, augmente massivement sa taxation locale. 9% sur un an, excusez du peu.
A l’heure où Bertrand Delanoë ne sait plus comment divertir les Parisiens avec toutes ses fêtes, nous savons désormais ce qui est sa première priorité entre revoir sa copie pour venir en aide à des Parisiens assaillis de mauvaises nouvelles et sa volonté de ne pas revoir un train de vie en complet décalage avec la réalité.
Beau programme pour le candidat à la tête du deuxième parti de France, tout étourdi qu’il est dans sa quête du pouvoir.
Si les Parisiens dansaient, ils vont à présent vite déchanter…
Où va l’argent?
octobre 8, 2008 on 5:58 | In Economie, France | Commentaires fermésC’est une question qui n’est pas sans intérêt. Ou sans intérêts, comme on voudra. Car la très forte hausse ces dernières années de tous les prix d’actifs (actions, immobilier, objets d’art, entre autres) a été financée par la gigantesque accumulation de capitaux issus des profits record des entreprises, et de l’épargne des particuliers. Ces 2 flux gigantesques ne se sont pas taris. En tout cas, pas encore.
La question se pose: que va faire cet argent? Ce qui revient à se demander: que faire de son argent aujourd’hui?
Acheter de l’or, valeur refuge ultime? Demandez donc à ceux qui en ont acheté pendant la dernière bulle spéculative, et qui ont du attendre plus de 20 ans pour le voir retrouver son niveau, et encore, sans compter l’inflation…
Acheter de l’immobilier, valeur sure entre toutes. Demandez à ceux qui en possèdent aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en Espagne qu’ils vous parlent de leurs pertes de 40%. Vous direz que cela ne peut pas arriver en France, où il n’y a pas eu de bulle spéculative comparable, et vous aurez raison. Mais si le marché du crédit s’assèche, ce qui est un risque éminemment concret, il n’y aura pas d’exception culturelle française à la baisse…
Acheter des actions? Sauf à spéculer qu’à un moment donné le marché aura touché un « plus bas », c’est un sport comparé auquel le saut à l’élastique fait figure d’amusement pour grand-mères. Car avec l’élastique, il y a toujours un rebond après la chute…
Acheter des obligations? En théorie c’est une bonne idée, car la baisse des taux, déjà initiée de manière aussi spectaculaire qu’inefficace aujourd’hui va faire mécaniquement monter les obligations. Sauf que, si les entreprises, banques ou autres, qui les ont émises font faillite dans la tourmente, les obligations vaudront zéro…
Bref, on le voit, avoir de l’argent aujourd’hui n’est pas une sinécure. Qu’en faire? Plus que jamais, les mots de La Fontaine s’appliquent: « son voisin [le financier], étant tout cousu d’or, chantait peu, dormait moins encore… »
Vous avez dit virus?
octobre 7, 2008 on 6:29 | In Best of, Economie, France, Insolite, International | Commentaires fermésL’occasion est trop belle et trop rare pour ne pas la saluer. 2 français viennent de se voir attribuer le prestigieux Prix Nobel, pour leurs travaux dans le domaine des virus.
JusMurmurandi tient à féliciter les récipiendaires, Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi, crédités de la découverte du virus du SIDA.
Un virus qui infecte, mais reste dormant un certain temps, avant de transformer une personne séropositive en malade
Un virus qui se répand, qui mute, et que, même si on peut en freiner l’évolution fatale avec des trithérapies, on ne sait pas éliminer.
Un virus qu’on pensait d’abord cantonné aux populations homosexuelles, caraïbes ou droguées. Mais qui en fait nous menace tous, et a déjà fait 25 à 30 million de morts, et encore au moins autant à venir, soit un total comparable à la plus meurtrière des guerres, la seconde guerre mondiale.
Vous me direz, quel rapport avec les marchés financiers dont JusMurmurandi vous dévoile les affres jour après jour, et ce au lendemain de la plus forte baisse de l’indice CAC40 depuis les 20 ans qu’il existe?
C’est simple. Le manque de confiance frappe les établissements financiers les uns après les autres, en se communiquant de l’un à l’autre. Il reste dormant pendant un moment, puis devient mortel en quelques heures quand la panique saisit les marchés. C’est un virus qu’on croyait cantonné à l’immobilier et aux Etats-Unis, alors qu’en fait il nous menace tous. Pour s’en convaincre, il suffit de voir la baisse de la bourse de Moscou hier, de près de 20%, alors qu’il n’y a aucun lien direct entre les subprimes et les banques russes. On sait en freiner l’évolution avec des nationalisations, mais, comme le montrent les cas Hypo-Real en Allemagne, ou Dexia en Belgique et en France, on ne sait pas l’éliminer. C’est un virus, qui, s’il continue de se développer provoquera tant de cas de ruine que les risques de guerre augmenteront de façon exponentielle, comme lors de la crise de 1929 qui a posé les bases de la seconde guerre mondiale.
Sauf que, là, il n’y a pas besoin de prix Nobel pour isoler et identifier le virus. Mais personne ne sera de trop pour l’éliminer d’abord, puis pour trouver un vaccin pour que le système financier mondial ne reparte plus dans d’aussi effrayants dérapages incontrôlés.
Le syndrome chinois
octobre 6, 2008 on 7:01 | In Best of, Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, France, Insolite, International | Commentaires fermésJusMurmurandi réfléchit à la meilleure manière d’illustrer, de modéliser les spasmes actuels de l’économie, soubresauts qui n’en finissent pas d’en finir, aujourd’hui encore le fameux CAC 40 signant sa plus forte baisse depuis sa création.
En fait, nous avons pensé à un sous-marin, navire qui est sous-divisé en compartiments censés être étanches.
Lorsque tout va bien, les marins peuvent se déplacer librement à l’intérieur de la coque.
Si une avarie survient, en particulier un problème d’étanchéité, les sas qui isolent un compartiment d’un autre sont fermés.
C’est ce qui se passe en ce moment avec les banques. Elles ne se font plus confiance et ne se prêtent par conséquent plus d’argent. Isolement et assèchement des liquidités.
Là où cela devient encore plus grave, c’est que certains compartiments sont en train d’exploser. Cela rappelle étrangement la faillite de certains établissements bancaires.
Pendant ce temps-là, la mer est très mauvaise, agitée; c’est l’environnement boursier, la confiance qui f..t le camp.
Et si de trop gros ou trop nombreux compartiments lâchent, ce sera tout le sous-marin qui coulera.
C’est le « meltdown » de l’économie mondiale; en termes nucléaires, on a aussi appelé cela le syndrome chinois, parce que l’on descendrait directement des Etats Unis en Chine par le trou crée par la fusion nucléaire.
Ce qui n’est jamais arrivé, bien sûr – pour l’instant.
Faut il se rassurer en rappelant que le nom du dernier sous-marin mis en service par la France se nomme…le Vigilant ?
L’Islande est-elle un iceberg?
octobre 5, 2008 on 7:41 | In Best of, Economie, Europe, Incongruités, International | Commentaires fermésUn iceberg, ce morceau de glace géant qui flotte sur et dans la mer, a plusieurs caractéristiques.
D’abord, on n’en voit qu’un petit bout, environ 10%, le reste étant submergé. Ensuite, comme il est fait de glace, il fond graduellement à mesure que sa dérive le met en contact avec des eaux de moins en moins froides. Mais il peut aussi disparaître sous l’effet du réchauffement climatique. Enfin un iceberg présente des dangers évidents pour la circulation maritime
Sur ces 4 caractéristiques, l’Islande toute entière est bien un iceberg. Son système financier a pris des engagements qui ont tellement dérivé qu’une fois qu’on en voit la totalité, on voit tout le pays condamné à la disparition. Ceci, bien sûr, à cause de la fusion des marchés financiers. Et cela va causer quelques naufrages chez ses partenaires financiers…
Fondamentalement, les seules banques commerciales islandaises, c’est-à-dire sans compter les entreprises et particuliers, ont accumulé des dettes équivalentes à 6 fois le PNB du pays. Ce qui correspondrait pour les banques françaises à 10.000 milliards d’euros de dettes. Quand on sait que l’ordre de grandeur des fonds propres des 5 plus grandes banques françaises ressortent à 500 milliards d’euros, on voit bien qu’il leur serait totalement impossible de porter une telle dette.
C’est bien le problème islandais.
Tant que les marchés financiers étaient en bon ordre, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. L’Islande payait des taux d’intérêts plus élevés que partout ailleurs. Il suffisait donc d’emprunter là où l’argent n’était pas cher, au Japon par exemple, pour reprêter cet argent à un taux élevé à une banque islandaise, et une banque d’affaires pouvait encaisser un différentiel de taux d’intérêts substantiel.
Le problème, c’est que, comme toujours et partout, quand un emprunteur paye un taux élevé, c’est pour rémunérer un risque élevé. Et qu’il vaut mieux pour tout le monde que l’usage qu’il fait de cet argent emprunté soit très, très rentable pour pouvoir assumer les intérêts de la dette et son remboursement.
Or les banques islandaises se sont conduites avec cet argent comme des enfants dans un magasin de jouets, accumulant les projets les plus hétéroclites, sans lien ni avec leur géographie ni avec leurs compétences.
Et maintenant que les marchés de crédit interbancaires sont quasiment au point mort, on imagine à quel point il est devenu impossible pour les banques islandaises, très mal notées, pour cause de surendettement écrasant, de trouver le moindre prêteur pour renouveler au moins en partie une dette évidemment impossible à rembourser.
Vous me direz, pas de problème, l’Islande va faire ce qu’ont fait les Etats-Unis, à savoir nationaliser ses banques, ou l’Irlande, qui en a garanti les engagements sans limite.
Le problème, c’est que personne en voit comment cette garantie aurait la moindre valeur, puisque ceux-ci dépassent 6 fois le PNB annuel. Et que donc une bande de banquiers islandais auront réussi dans l’exercice irresponsable de leur métier, à ruiner totalement tous leurs concitoyens.
Bref, financièrement, l’Islande ne peut être un iceberg, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord parce qu’un iceberg fond lentement, alors que l’Islande coule rapidement. Ensuite parce qu’un iceberg est fait de glace, c’est à dire d’eau douce, alors qu’il n’y a rien de doux aux dégâts que va faire le naufrage islandais.
Donc, l’islande, malgré son apparence qui la fait ressembler à un gros iceberg, n’en est pas un. Alors qu’est-ce? Qu’est ce qui est gros, plein de fric, situé en eaux arctiques froides, et qui fonce vers sa disparition rapide?
Vous avez raison, bien sûr.
L’Islande, c’est le Titanic.
Scènes de crise…
octobre 4, 2008 on 6:52 | In Economie, International | Commentaires fermésIl n’est pas toujours facile de réaliser quand un mouvement est indicatif d’une crise profonde, ou quand c’est simplement un phénomène isolé. Ainsi qui eût pu dire que la première manifestation étudiante de mars 1968 donnait naissance au spasme de mai?
Hier a vu 2 de ces phénomènes.
L’un est la déclaration de quasi-faillite de l’Etat de Californie. Cet Etat, qui, s’il était indépendant serait la 7e ou 8e puissance économique mondiale, n’arrive tout simplement plus à refinancer sa dette. Celle-ci est considérable, mais connue et sous contrôle. Donc rien à voir avec de quelconques mauvaises créances au centre de la crise actuelle. Le problème, c’est tout simplement que les banques et autres marchés de crédit ne prêtent plus. Même à l’Etat de Californie. Qui se tourne donc vers l’Etat fédéral pour un sauvetage. Un de plus, un de moins…
Et si l’Etat fédéral traitait la Californie comme une vulgaire banque, et la fédéralisait? Ce serait la fin des Etats-Unis et la naissance de la République américaine. Cela ferait aussi disparaître un échelon administratif, celui de l’Etat, ce qui est comparable à la suppression des départements ou des régions en France, dont on nous dit que cela nous ferait faire des économies.
Indiscutablement, la quasi-faillite de la Californie montre un approfondissement de la crise, et illustre que le phénomène destructeur, ce ne sont plus aujourd’hui les mauvaises créances, mais l’absence de crédit (le « credit crunch », ou « crampe du crédit »).
Autre phénomène. Le Trésor américain avait, en urgence, négocié la reprise de la banque Wachovia, 5e banque de dépôt américaine, par Citigroup. Il s’agissait de reprendre toutes ses activités de banque de détail et de dépôt, mais pas ses activités de marché, et la reprise s’accompagnait de 42 milliards de dollars de garanties fédérales contre des mauvaises surprises dans le portefeuille de mauvaise créances de Wachovia. Un coût évidemment gigantesque pour le Trésor, mais indispensable pour éviter la ruine d’un des plus grands établissements bancaires, avec la ruine de ses déposants, leur panique, et l’effet de dominos qui s’en serait suivi. Ouf! C’était moins une, mais, une fois encore, la catastrophe a été évitée. Jusqu’à la prochaine.
Sauf que hier aussi, on apprend que Wachovia s’est vendue à Wells Fargo, 4e banque américaine. Pour beaucoup plus cher que le prix symbolique offert par Citigroup, pour la totalité des activités de Wachovia et non seulement une partie, et sans un centime de garanties fédérales. Cela montre clairement que Wells-Fargo croit que le pire de la crise est passé. Cela montre aussi que les crises sont une période où on risque de tout perdre, mais aussi un moment de fantastiques opportunités si on est suffisamment brave pour agir dès que la conjoncture rebondit après avoir touché le fond.
Sauf que la vision qu’ont les organismes qui refusent de renouveler la dette à court terme de l’Etat de Californie n’est clairement pas la même que celle des dirigeants de Wells-Fargo qui acceptent le risque de racheter Wachovia pour tenter de forger un 4e géant de la banque US.
Et pour celui qui se sera trompé, l’automne qui s’approche sera celui des matins froids et humides…
Droitozy contre Sargauchy? Marx serait-il enfin mort?
octobre 2, 2008 on 5:32 | In Economie, France | Commentaires fermésLa France a élu Nicolas Sarkozy en mai 2007, avec un programme clairement à droite (travail, réduction des dépenses de l’Etat et de prélèvements obligatoires, sécurité) et l’appoint de nombreux électeurs précédemment Front National. A tel point qu’il était caricaturé en ultra-libéral ultra-sécuritaire, et que tel ou tel ont poussé l’outrance (n’est-ce pas M. Noah?) jusqu’à dire qu’ils quitteraient la France s’il venait à être élu.
16 mois après, ce schéma simpliste a volé en éclats.
Politiquement, cela a commencé avec l’ouverture, et la captation dans son orbite de nombreux talents socialistes, à commencer par Bernard Kouchner, puis le vote de la réforme des institutions grâce à la voix de Jack Lang.
Économiquement, après le vote rapide de la loi TEPA, dans le droit fil de son programme, ont commencé à fleurir des taxes diverses, qui, elles, n’y figuraient pas. Y compris pour financer des nouvelles prestations sociales qui eussent honoré la gauche. Le comble a été atteint avec l’instauration du RSA financé par un impôt sur le revenu du capital, qui suscita une vraie bronca dans les rangs de l’UMP.
Avec la crise se révèle le côté interventionniste du Président, déjà entrevu avec le sauvetage sur fonds publics d’Alstom. Maintenant c’est le sauvetage des banques, et le protection des dépôts des épargnants. Il vogue en eaux clairement keynesiennes, qui ne sont pas précisément de droite.
La novation atteint un nouveau point haut avec la décision pour l’Etat d’acheter 30.000 logements qui, pour cause de crise de l’immobilier, n’eussent pas été achevés ou pas construits du tout. Il fait coup triple. D’abord, il soutient et l’immobilier et la construction, secteur riche en emplois. Ensuite il alimente la demande de logements sociaux, qui reste forte en France. Enfin, il le fait en mettant à contribution les excédents du Livret A, dont c’est la vocation première, mais qui avait été dévoyée pour servir de fromage à de nombreux autres secteurs économiques.
La conclusion de tout ceci? Le Président Sarkozy est-il de droite comme le candidat Sarkozy? Est-il atteint par la même tentation centre-gauchiste de Giscard puis de Chirac? Est-il l’héritier de De Gaulle et Pompidou, créateurs d’un véritable capitalisme social?
En fait, avec Nicolas Sarkozy en France, comme avec Blair en Angleterre, Merkel en Allemagne ou Zapatero en Espagne, et maintenant avec Bush aux Etats-Unis, on voit bien que les distinctions de droite et de gauche n’ont plus de sens, puisque c’est un Président archi à droite qui nationalise à tour de bras aux uSA tandis qu’un premier ministre de gauche supprime l’impôt sur la fortune en Espagne ou remet les chômeurs en devoir travailler en Grande Bretagne. Quand à l’Allemagne, cette ancienne distinction droite-gauche y existe moins encore que partout ailleurs, puisqu’ils gouvernent ensemble, dans la fameuse Grande Coalition.
Alors, si la droite et la gauche n’ont plus de sens, ne serait-il pas temps d’enterrer leur père spirituel, Karl Marx, qui en donna la version la plus binaire et la plus extrême, avec la lutte des classes ?
D’ailleurs, un homme de gauche l’a compris, qui ne se définit plus comme « de gauche », car il perçoit bien que cela ne veut plus rien dire, mais comme anticapitaliste. C’est Olivier Besancenot. Cela expliquerait tout à la fois pourquoi celui-ci est perçu comme le meilleur opposant à Sarkozy, et pourquoi les socialistes n’ont plus à se mettre sous la dent que leurs combats internes pour se donner un chef.
George W. Bush est-il Georges Marchais ?
septembre 27, 2008 on 5:11 | In Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésMême si George W. Bush va demander à son épouse Laura de faire les valises, la fin de son mandat approchant, comme Georges Marchais l’avait fait publiquement en interpellant Liliane, la ressemblance n’est pas évidente.
Et pourtant, Bill Perkins, patron d’une entreprise d’investissements aux Etats Unis, SmallventuresUSA, est convaincu que la ressemblance existe.
Pour lui, le plan que George W. Bush est en train de mettre sur pied pour sauver ce qui peut encore l’être de l’univers bancaire américain indique que l’Amérique est en train d’emprunter la voie du communisme.
« Tant que tout va bien, nous sommes des capitalistes » dit il; « et lorsque les choses commencent à aller mal pour l’économie, nous nationalisons comme des communistes, plus que le Vénézuela par exemple » poursuit il.
« C’est une version du socialisme ou du communisme ».
Mais Bill Perkins n’en reste pas là.
Car c’est homme a du flair. Il a ainsi suivi l’évolution récente de l’action Goldman Sachs.
Il est convaincu que cette entreprise ne disparaîtra pas comme ce fut le cas par exemple de Lehman Brothers, vieille dame datant de 1850 qui a disparu en quelques heures.
Et il investit des fonds substantiels dans Goldman au fur et à mesure que l’action baisse et génère un profit de plus de un million de dollars lorsqu’il revend ses titres au moment où il remonte.
Et ce million, il le consacre aujourd’hui a dénigrer le plan de George W. Bush en achetant des pleines pages de publicité dans le New York Times, et en le donnant à des œuvres de charité.
Ce cri de déchirement qui juge donc l’économie américaine comme étant communiste devrait nous appeler à réfléchir.
Car si George W. Bush est communiste, que reste-t-il à Olivier Besancenot et son Nouveau Parti Anticapitaliste ?
Logiques de marché contre principe de prudence, au bout de la route la culbute!
septembre 24, 2008 on 6:13 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International | Commentaires fermésCette histoire est un peu technique, mais ô combien révélatrice de nombreuses dérives de notre planète où la finance joue un rôle si important.
Si des banques et autres institutions financières sont en grande difficulté, c’est avant tout parce que les autres banques ne leur font plus de crédit « au quotidien », comme avant.
Si elles ne le font plus, c’est parce qu’une incertitude pèse sur la réalité de leurs actifs, dépendant de la suite de l’évolution du marché immobilier aux Etats-unis. A-t-il fini de baisser, ou pas encore, va-t-il remonter, de combien, quand? Quel est le pourcentage de prêts immobiliers qui ne seront pas remboursés? Des réponses à ces questions dépend la « valeur » des portefeuilles de crédits hypothécaires détenus par les institutions financières.
Mais pas seulement. Parce qu’il existe aux Etats-Unis une règle comptable prudentielle appelée « mark to market », qui oblige toute entreprise à valoriser un actif, au maximum, au prix que le marché est prêt à payer pour cet actif. Cette règle, en apparence raisonnable, en tient pas compte d’un problème. C’est qu’en ce moment, personne ne veut acheter des portefeuilles d’emprunts immobiliers. Ce qui se comprend quand on pense à le crise aigue de ce marché.
Résultat, si ces portefeuilles de prêts sont invendables, c’est qu’ils ne valent pas cher du tout. Voire zéro. Donc la règle prudentielle oblige les banques à passer des provisions gigantesques, non pas en fonction de la valeur intrinsèque de ces prêts, qui dépend de leur taux de remboursement, mais en fonction de leur liquidité.
Avec pour conséquence que les banques passent des provisions qui déprécient « trop » les portefeuilles de crédits. Un exemple: Fanny Mae et Freddie Mac cumulent 91 milliards de fonds propres pour garantir 5000 milliards de crédits hypothécaires. Ce qui veut dire que, si 2% de ces prêts ne sont pas remboursés, les deux institutions sont lessivées. Raison pour laquelle l’Etat américain les a nationalisées, afin d’éviter les conséquences dramatiques de leur déconfiture, à savoir un effet de dominos catastrophique.
Comme l’Etat américain a l’intention d’injecter 200 milliards de dollars dans ces 2 établissements, cela veut dire que les pertes totales seront inférieures à 300 milliards, en totalisant cette injection de fonds publics et leurs fonds propres. Soit une estimation que la perte totale sera inférieure à 6% de la valeur du patrimoine, c’est-à-dire des portefeuilles de prêts hypothécaires.
Pas plus de 6%. Et ce, alors que Fanny et Freddie sont à 100% dans l’immobilier, ce qui est le pire cas de figure possible aujourd’hui. Mais alors, pourquoi les titres boursiers de Bear Sterns, de Lehman Brothers, de Merril Lynch, d’AIG se sont-ils effondrés non pas de 6% mais de 60% voire de 100%?
C’est là qu’intervient la stupide règle prudentielle: parce qu’il faut provisionner non pas en fonction de la valeur intrinsèque, au moins égale à 94%, mais en fonction de la vendabilité, ou liquidité, à qui il peut arriver en période de crise, comme c’est le cas maintenant, de tomber à zéro. Et quand on provisionne massivement, des pertes colossales apparaissent, les fonds propres fondent et la confiance disparaît. C’est le schéma de la crise actuelle.
Et c’est donc une règle de prudence qui risque d’entraîner une catastrophe. A noter que la règle FASB 157 qui définit précisément comment appliquer le « mark to market » est entrée en vigueur en novembre 2007, et qu’on en voit les effets en 2008. Cette FASB 157 est issue notamment du scandale Enron, où l’entreprise assignait des valeurs hyper-optimistes à la vendabilité des ses produits financiers « exotiques ».
Le législateur a donc voulu être prudent, pour éviter la répétition d’un scandale, et a en fait, joué à l’apprenti sorcier et déclenché une catastrophe bien pire. Bien joué!
En fait, il y a une bonne traduction française pour ce comportement. C’est le principe de précaution.
Benjamin Franklin et la globalisation
septembre 22, 2008 on 6:04 | In Economie, Incongruités, International | Commentaires fermésLe monde est un endroit compliqué. Déjà les mécanismes à l’oeuvre dans chaque pays deviennent de plus en plus complexes, et, en plus, il est à tout moment possible d’être victime de problèmes importés et dont la responsabilité est ailleurs.
Ainsi, le problème des subprimes est-il exclusivement américain. Si les banques américaines, profitant des taux d’intérêts très bas offerts par la Federal Reserve elle aussi américaine, n’avaient offert des prêts immobiliers à taux variables pour que des Américains à revenus fort modestes achètent leurs logements américains, rien de tout cela ne serait arrivé.
Mais les Européens, qui entrent de ce fait en récession, ont quelque raison de râler contre le fait que le ciel qui leur tombe sur la tête soit celui où flotte la bannière étoilée. De même, les Russes ou les Chinois, dont les bourses ont perdu plus de 50% de leur valeur depuis leur plus haut il y a tout juste quelques mois.
Les contribuables américains, qui vont devoir débourser mille milliards de dollars (700 milliards pour le plan annoncé jeudi par le Président Bush, plus 85 milliards pour l’assureur AIG, plus 200 milliards pour les nationalisations précédentes de Freddie Mac et Fanny Mae) ont quelques raisons de se dire qu’il n’y a pas de raison qu’ils soient les seuls à payer si leur fardeau sort l’économie mondial d’un trou d’air global qui menaçait de devenir un trou noir.
Problème qui n’a rien à voir: le lait chinois frelaté. Des quantités importantes de lait ont été mélangées en Chine avec de la mélamine. Résultat: des dizaines de milliers d’enfants chinois à l’hôpital, dont quelques-uns meurent. Ceci n’est pas sans rapport avec le fait que, en dépit de la légendaire croissance chinoise des 20 dernières années, l’espérance de vie n’y augmente que très peu (3 ans en en 25 ans, contre plus du double en Occident) Et le monde de se demander jusqu’où la mélamine chinoise a pu être exportée sous forme de produit alimentaire.
Plus curieux encore, la politique chinoise d’un enfant par famille en vigueur depuis Mao créé un déséquilibre démographique qui sera catastrophique en Chine, et dont les répercussions seront indiscutablement mondiales tant il affectera les capacités productives d’un pays qui est de plus en plus « l’usine du monde ».
Preuve que ces phénomènes n’ont pas encore été intégrés: ce week-end, les 2 dernières banques d’affaires américaines indépendantes, Morgan Stanley et Goldman Sachs, ont décidé de se transformer en sociétés holdings. Elles trouveront grâce à cette nouvelle structure les avantages des banques classiques, notamment en matière de refinancement et de liquidité auprès de la Federal Reserve, lequel manque de liquidité à fait couler en si peu de temps Bear Sterns, repris par JM Morgan, Merril Lynch, repris par Bank of America, et Lehman Brothers, en liquidation. Mais elles devront, pour ce faire, accepter beaucoup plus de contrôles des régulateurs, et des ratios prudentiels beaucoup plus conservateurs, à l’égal des banques traditionnelles. C’est d’une certaine façon la fin des seigneurs de Wall Stret, et, suivant le livre de Tom Wolfe, le »bûcher des vanités ».
Mais quel impact ceci aura-t-il si le métier de banque d’affaires, rendu plus stable mais aussi moins rentable par ce surcroit de régulation est repris par les hedge funds non surveillés, ou par des établissements situés hors des Etats-Unis. Ainsi le Quantum Fund du célèbre George Soros, connu pour avoir « brisé » la Banque d’Angleterre en 1992, est-il résident à Curaçao (Antilles néerlandaises) et aux îles Cayman. Des paradis fiscaux où aucun régulateur ne vient chercher querelle à un investisseur et employeur.
En fait, la limite de tous ces exercices de délocalisations globales est qu’en cas de crise grave, le bébé revient toujours à ceux qui ont le moyen de régler le problème, les grande puissances, leur capacité budgétaire, leur qualité de signature, et leur armée de contribuables.
Car, comme le dit si bien Benjamin Franklin: « rien dans ce monde, ne peut être tenu pour certain, si ce n’est la mort et les impôts »
Allo, mon oncle, Bobo!
septembre 19, 2008 on 6:21 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésOn peut pardonner aux financiers qui, cette semaine, ont régressé au stade d’enfants qui ont un bobo et appellent leur mère au secours, tant les marchés financiers ont vu souffler la super tornade Confiance avec une intensité qui a fait craindre l’imminence de l’implosion du système financier mondial.
Implosion qui aurait, par comparaison, sans nul doute réduit la crise de 1929 au stade simple tir de sommation.
Sauf que, dans les films américains sur la Conquête de l’Ouest, ce n’est pas la maman qui arrive pour souffler sur les plaies de son enfant, c’est la cavalerie qui arrive toujours très tard, mais jamais trop tard.
Là encore, jeudi, la cavalerie est arrivée. Et au lieu de maman, c’est l’Oncle Sam, le richissime Oncle d’Amérique, qui va nettoyer les ruines laissées par les folies de banquiers qui ont, une fois de plus, oublié que les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel.
Bien sûr, il reste à l’Oncle Sam à mettre ses intentions en actes, rapidement et efficacement, ce dont on ne peut préjuger.
Mais JusMurmurandi ne va pas nier le soulagement qu’apportent les quelques 1 000 000 000 0000 dollars que va apporter sous une forme ou une autre le contribuable américain.
Les boursiers sont du même avis, avec des hausses sans précédent en Europe. A titre d’exemple, le titre du Crédit Agricole a gagné 25% en une journée! Si les boursiers sont acheté, c’est qu’ils ont confiance. Et la confiance, c’est ce qui a si cruellement manqué dans la crise de ces derniers jours. Plus que l’argent, c’est le vrai carburant de notre société, que ce soit pour la politique d’un gouvernement ou la solvabilité d’une banque.
Néanmoins, JusMurmurandi ne peut que clouer à son pilori tous ces seigneurs de la finance qui ont, avec un sens très aigu de leurs intérêts faits de méga-profits et de giga-bonus, créé ce qu’on ne peut appeler qu’un vrai merdier, et qui, ayant tant et si fort joué que leur jouet se soit cassé, ont sans la moindre vergogne appelé la puissance publique à leur secours.
L’ironie cruelle de l’historie est réservée aux actifs de Lehman Brothers, en liquidation, à leurs actionnaires lessivés, à leurs employés licenciés, aux actionnaires évincés de AIG, à tout Merril Lynch qui s’est bradé en urgence. S’ils avaient tenu simplement 4 jours de plus, ils auraient, eux aussi, été sauvés par l’Oncle Sam.
Il est à craindre que, loin de se repentir de leurs fautes, ils ne se considèrent comme des victimes d’une injustice, puisque d’autres, aussi coupables qu’eux, s’en sortiront avec leur argent et leur emploi intacts, à défaut de leur réputation.
Heureusement, nous sommes aux États-unis, où il y a des avocats pour plaider toutes les causes, même les plus oiseuses, ils pourront se lancer dans d’interminables procédures pour faire valoir leurs droits à être sauvés comme tous les autres.
Car si, en France, nous avons inventés, sous la Révolution Française, les Droits de l’Homme, sous Simone Veil le droit à l’avortement et sous Chirac et Villepin (chacun fait ce qu’il peut) le droit opposable au logement, sous Bush les Etats-Unis ont inventé le droit d’être sauvé quelles que soient les folies qu’on a commises…
La loi de la liquidité
septembre 17, 2008 on 3:44 | In Economie, International | Commentaires fermésMaurice Greenberg est une légende vivante. En 40 ans de labeur, il a fait d’AIG le premier et le plus rentable assureur mondial. Présent dans 130 pays, gérant 1000 000 000 000 de dollars (mille milliards!).
Que disait Maurice Greenberg, dont le « bébé » a été sauvé moyennant une nationalisation à 80% hier soir par le Trésor américain? Qu’AIG n’a aucun problème, sauf un problème de liquidité. Pas de problème de rentabilité ou de solvabilité. Juste un petit problème de liquidité. A peine quelques dizaines de milliards de dollars de besoins à très court terme. Donnez-nous un peu de temps, plaidait Maurice Greenberg, et tout ira bien.
Dans le même temps, la Bourse de Moscou suspend ses cotations devant l’ampleur de pertes, et la perspective de pertes encore plus grandes à venir. L’indice principal a déjà perdu plus de 60% depuis son plus haut de mai 2008, il y a à peine 4 mois, et 18% dans la seule journée d’hier.
D’après les autorités, il n’y a aucun problème avec les entreprises russes cotées dont les cours s’effondrent. Pas de problème de solvabilité ou de rentabilité. Mais l’économie russe connaît juste un petit problème de liquidité. Depuis la guerre de Géorgie, des milliards de dollars de capitaux étrangers sont sortis de Russie, effrayés par les bruits de bottes et l’agressivité du Kremlin.
Depuis, et notamment aussi à cause des spasmes des marchés financiers internationaux, les banques russes ne se prêtent plus les unes aux autres, ne sachant plus à qui elles peuvent faire confiance. La banque centrale russe a bien tenter d’injecter des liquidités massives dans 3 banques « teneuses de marché », Sberbank, Vneshtorgbank et Gazprombank pour qu’à leur tour elles prêtent à des banques plus petites, mais visiblement cela ne marche pas et il a fallu suspendre les cotations boursières.
Quel point commun y a-t-il entre les vieux lutteur Maurice Greenberg, tenant ardent de l’économie de marché, et les autorités monétaires russes, qui règnent sur une économie dominée par le pouvoir politique? En apparence, rien. En fait, l’un comme les autres donnent l’impression d’avoir oublié ce vieux principe: en temps de crise, « cash is king », la liquidité fait la loi. Ils ont tellement vécu dans une économie où les produits financiers sophistiqués ont permis de s’affranchir de toutes les règles, qu’ils sont fort surpris quand la gravité les rappelle sur terre, et avec rudesse.
JusMurmurandi prend un pari: même si leur problème est le même, et leur déni quasi autiste de ce problème et de leur responsabilité aussi, le Trésor américain, après avoir sauvé AIG, ne sauvera pas les oligarques russes et maîtres du Kremlin.
Le paquebot Lehman Brothers et le super-ouragan Confiance
septembre 15, 2008 on 6:48 | In Best of, Economie, France, International | Commentaires fermésC’est la saison des tornades aux Etats-Unis. On connaît Gustav, qui a fait évacuer les habitants de la Nouvelle-Orléans, et Ike, qui a fait évacuer Houston. On dit qu’au-delà d’un certain seuil, une tornade devient un super-ouragan, une super-tornade, ou tornade comme il s’en produit une fois tous les 10, 50 ou 100 ans.
Quel rapport avec la finance américaine et la banque Lehman Brothers?
C’est que, ce matin, la banque d’affaires Lehman Brothers, 4e banque d’affaires des Etats-Unis, et dans le Top 10 mondial, vient de se déclarer en faillite. Ce n’est pas qu’elle soit en cessation de paiement, ou qu’elle n’ait plus de fonds propres, non. Simplement une banque n’est pas une entreprise comme les autres parce qu’elle a besoin, pour fonctionner au quotidien, de crédit de toutes les autres banques, qui doivent donc avoir confiance qu’elle sera en mesure d’honorer ses engagements.
Et justement, il y a des semaines que Lehman Brothers, malgré sa taille, malgré son histoire longue et prestigieuse, malgré son nom respecté, n’en bénéficiait plus, de cette confiance. La faute à la crise du marché immobilier américaine, qui a plombé les comptes. Et à ses managers qui l’y ont embarqué, croyant y faire de juteux profits. Et, alors que les concurrents, Merril Lynch ou Citigroup se précipitaient pour augmenter massivement leur capital, fût-ce à prix cassés ou en mendiant auprès des fonds souverains du Moyen Orient et d’Asie, Lehman a trop tardé, n’a pas assez fait, et s’est trouvé sans chaise quand la musique s’est arrêtée.
Le problème, pour ceux d’entre nous qui ne travaillent pas pour ou avec Lehman Brothers, c’est que ce genre de jeu de chaises musicales, ne s’arrête jamais. Comme dans les émissions de télé-réalité, chaque semaine il y a un éliminé quand il ne bénéficie pas de la confiance du public.
Et, en matière de confiance, la faillite de Lehman Brothers est un très mauvais coup. Parce que ses actionnaires ont d’ores et déjà tout perdu, ce qui se chiffre en milliards de dollars. Parce que les banques qui travaillaient avec Lehman vont voir celle-ci ne pas dénouer ses transactions. Ce qui se chiffre en dizaines de milliards de dollars. Parce que cette faillite montre les limites de la bonne volonté du Trésor américain, qui a sauvé Bear Sterns en garantissant ses pertes pour qu’il soit repris, qui a nationalisé Fanny Mae et Freddy Mac, mais qui a laissé couler Lehman. Et que maintenant, les acteurs du monde financier vont regarder de nouveau quelle confiance on peut accorder à telle ou telle banque ou compagnie d’assurance elle aussi embourbée (le mot est faible) dans les pertes abyssales du subprime.
C’est si vrai que, dès cette nuit, Merril Lynch, plus gros courtier en bourse au monde, s’est vendu, ou plus exactement, s’est soldé à Bank of America en une fusion montée en quelques heures. Parce qu’ils savaient que les prochains sur la liste de la méfiance, liste aussi honnie que celle du McCarthysme dans les années 50, liste qui monte comme les eaux de la Louisiane ou du Texas quand souffle un super-ouragan, c’était eux.
Super-tornade, l’image n’est pas gratuite. Parce que c’est ce qui souffle sur la finance mondiale. Alan Greenspan vient de le dire, il n’a jamais vu cela. C’est sans précédent dans les 50, voire les 100 dernières années. C’est-à-dire pire que la crise de 1929 qui a entraîné la Grande Dépression des années 30. Dont le monde est sorti au travers d’une guerre mondiale.
Quelle est la seule conduite qui permet de se sauver quand souffle la tempête? C’est la solidarité. Faire des efforts et des sacrifices individuels pour le bien de tous. C’est ce à quoi tous les acteurs de la finance mondiale, privés ou publics, étaient conviés le week-end dernier. Et tous, tels Brennus vainqueur de Rome, ont laissé Lehman à son triste sort en disant « vae victis », malheur au vaincu.
Ni confiance, ni solidarité, ni argent public pour Lehman Brothers. R.I.P. Lehman Brothers
Bien sûr, la catastrophe n’est pas certaine. Les moyens de régulation sont infiniment supérieurs à ceux de 1929, la compétence des banquiers, privés ou centraux aussi. Mais si la super-tornade Confiance continue de souffler, le coût de n’avoir pas sauvé Lehman ressemblera au prix d’un billet de traversée transatlantique en première classe. Sur un tout nouveau paquebot. Moderne, luxueux, rapide, insubmersible. Tout comme notre monde d’aujourd’hui.
Comment s’appelle ce paquebot exceptionnel? Le Titanic, bien sûr.
Alitalia, ô Temps, suspends ton (mon ?) vol ??
septembre 14, 2008 on 12:35 | In Best of, Economie, Europe, France, Insolite, International | Commentaires fermésL’Italie, pays catholique, va t elle bientôt enterrer sa compagnie aérienne nationale ?
Il semble que les discussions qui se déroulaient avec les repreneurs potentiels aient tourné court.
Les syndicats des personnels volants, en particulier les pilotes, ont eu de telles exigences que les conditions d’une reprise éventuelle ne pouvaient être réunies, tant les revendications étaient importantes face aux économies nécessaires pour permettre à Alitalia de continuer à voler.
Au premier semestre, la compagnie a ainsi perdu la bagatelle de trois millions d’Euro par jour….
Alors qu’Air France était au bord du gouffre dans les années 90, après, entre autre, la désastreuse gestion de Bernard Attali, [frère de], les salariés de la compagnie reprise d’une poigne de maître par Christian Blanc ont compris qu’il s’agissait de leur survie que d’y mettre du sien.
En ce qui concerne Alitalia, nous assistons à une énième répétition de la célèbre phrase du président africain Sékou Touré. [NDLR : nous étions au bord du gouffre, et depuis nous avons fait un pas en avant ].
Il faut aussi rappeler que des discussions étaient bien avancées au printemps avec l’alliance Air France KLM, discussions qui furent mises à mal par des déclarations intempestives de Silvio Berlusconi, revenu au pouvoir entre temps.
Car, selon lui, il fallait une solution entièrement italienne. Toutefois pour cela il fallait tenir. Et par conséquent le Président du Conseil italien n’hésita pas un instant à violer Bruxelles, en prenant une fois encore le bon argent du contribuable italien pour tenter de maintenir les avions en vol.
Gaspillage ultime, mais sacrifice inutile.
Il semble que nous soyons bel et bien à la fin de l’aventure.
Les vols ne sont plus assurés à partir de demain, le kérosène pour remplir les réservoirs des appareils étant épuisé.
Ce qui amène JusMurmurandi à poser la seule question qui nous taraude.
Benoît XVI pourra-t-il rentrer de Lourdes en Italie pour donner les derniers sacrements à Alitalia ?
Faudra-t-il un miracle afin qu’il puisse rentrer dans ses États pontificaux ?
Eh non, car si le souverain pontife part (partait ??) toujours de Rome avec Alitalia, il est de coutume que ce soit la compagnie aérienne du pays d’accueil qui le ramène à bon port.
Ouf ! Merci, Air France !