Supprimé!

janvier 8, 2009 on 7:45 | In France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

L’establishment judiciaro-politique est en ébullition. Une fois de plus, une réforme envisagée par Nicolas Sarkozy les prend, c’est le moins qu’on puisse dire, à rebrousse-poil. Il veut tout bonnement supprimer les juges d’instruction, une fonction qui remonte à plusieurs siècles, et qui est une des caractéristiques uniques de notre système judiciaire.

Le but de cet article n’est pas de disserter sur la vertu -ou non- de cette suppression et d’une enquête confiée au seul Parquet. Ce qui intéresse JusMurmurandi, c’est qu’elle est révélatrice de l’approche sarkozyenne en matières de réformes, dont un aspect au moins est, à notre connaissance, absolument unique dans l’histoire de la Ve République.

Il ne rajoute pas, il supprime. Soit directement, soit en fusionnant deux fonctions en une

Avant lui, Pompidou, Giscard, Mitterrand ont créé, ajouté, rajouté, empilé, accumulé. Lui, comme dans les films d’Audiard, il atomise, il disperse, il ventile.

Les exemples sont suffisamment nombreux et variés pour montrer qu’il s’agit bien d’une approche délibérée et non d’une quelconque coïncidence.

La fusion ANPE-ASSEDIC pour créer un guichet unique de l’emploi

La fusion entre la direction générale des impôts et la direction générale du trésor public

La fusion entre les renseignements généraux et la DST

La réforme de la carte judiciaire avec suppression de nombreux tribunaux

La réforme de la carte hospitalière avec suppression de nombreux services ou hôpitaux locaux

La réforme de la carte militaire, avec suppression de nombreux casernements et établissements militaires

Le rapprochement, valant très probablement fusion future, entre gendarmerie et police

La fusion annoncée entre régions et départements

La suppression du juge d’instruction

Alors, bien sûr, chacune de ces réformes suscite des levées de bouclier. D’abord parce que l’opposition socialiste est contre tout ce que fait le gouvernement. Ensuite parce que ceux qui vont ou craignent d’y perdre des emplois, du statut ou des avantages sont contre. Tous ceux qui pensent qu’il y a plus à gagner à être contre qu’à être pour sont contre. Tous ceux qui sont contre le changement quel qu’il soit sont contre. Tous ceux qui ont plus peur de l’échec d’une réforme qu’envie de faire avancer les choses sont contre. Bref, rien que de l’ordinaire en France.

Alors, bien sûr, nombreux sont ceux qui, après avoir dénoncé un dysfonctionnement et l’avoir mis au débit du gouvernement, mettent en avant un avantage du système supprimé pour mettre celle-ci au débit du gouvernement.

Alors, bien sûr, nombreux sont ceux qui, après avoir soutenu la proposition du candidat s’opposent à la réforme du Président.

Alors, bien sûr, nombreux sont ceux qui, après avoir monté en épingle un incident isolé pour critiquer tout un système, en choisissent un autre pour s’opposer au nouveau système proposé.

Il est clair de la liste qui précède que, quoi qu’il soit beaucoup trop tôt pour tirer un bilan de toutes ces suppressions, Nicolas Sarkozy doit être crédité d’un effort sans précédent pour remodeler l’appareil d’Etat français. Et que, contrairement à ses prédécesseurs, dont la méthode pour parer à un dysfonctionnement état d’ajouter une couche de mécanisme correcteur sans se soucier d’alourdir toujours plus la barque, Sarkozy essaie de simplifier et d’alléger sans se soucier des héritages du passé ou du statu quo.

Il semble même attiré plus par le changement que par la stabilité, comme s’il voulait imprimer à toute la France ce furieux désir de progression qui marque son combat politique. Alors que ses prédécesseurs, infiniment plus immobiles dans leur exercice du pouvoir, n’avaient pas eu à faire le même parcours personnel non plus.

Si JusMurmurandi était facétieux, nous pourrions ajouter à cette liste qu’il y un autre exemple de deux fonctions fusionnées en une par Nicolas Sarkozy: le Président de la République et le Premier Ministre.
Et les socialistes, qui ont maintenant à leur tête non pas une, mais deux femmes, semblent prendre le même chemin et la même inspiration, chacune des deux rêvant de dire à l’autre: « supprimée! »

La carte et le menu

janvier 7, 2009 on 7:09 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

En ces temps de diète économique, chacun se souvient de la différence entre la carte, qui permet de choisir n’importe quel plat dans un restaurant tandis que le menu, généralement à prix fixe, offre un choix plus limité soit en nombre de plats soit quand à la sélection disponible.

Ce qui parait impensable serait qu’un restaurateur décide arbitrairement qu’une partie des clients seraient à la carte, tandis que d’autres n’auraient accès qu’à la partie congrue à savoir le menu.

Impensable?

Eh bien non, car c’est exactement ce que vient de pondre le Ministère du Travail au travers de sa réforme de la retraite en autorisant les salariés à travailler jusqu’à 70 ans.

Car les salariés sont les seuls à choisir s’ils restent ou non dans l’entreprise.

L’entreprise, elle, doit se plier à leurs désirs.

Et de manière compliquée en plus.

Trois mois avant leur 65ème anniversaire au plus tard, le responsable des ressources humaines doit écrire à tous les salariés concernés, chaque année jusqu’à leur 70ème anniversaire pour leur demander ce qu’ils souhaitent.

Mais si l’entreprise désire profiter de l’arrivée de la retraite d’un salarié pour s’en séparer à moindres frais parce qu’il serait, par exemple, devenu légitimement moins productif, eh bien non ! Ce choix n’appartient qu’aux salariés.

JusMurmurandi pense qu’avec des réformes de ce type, aussi défavorables à la compétitivité des entreprises, qui restreignent une fois de plus la liberté de décision de leurs chefs, de nature à saper l’attractivité de la France pour les entreprises étrangères, au profit de la production théorique de meilleurs chiffres pour le coût des retraites, il faut immédiatement se réjouir du départ de Xavier Bertrand du Ministère du Travail à l’UMP.

http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=301A69F69C1355CBD338ECE350E746F0.tpdjo14v_1?cidTexte=LEGITEXT000006072050&idArticle=LEGIARTI000019959701&dateTexte=20090107&categorieLien=id

Jamais le dimanche!

janvier 7, 2009 on 9:10 | In Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

L’ordre du jour de la prochaine session parlementaire vient de sortir, et un texte manque à l’appel, celui sur l’autorisation du travail du dimanche.

Pourtant, Nicolas Sarkozy l’avait qualifié de réforme essentielle, et il bénéficie d’un soutien largement majoritaire dans l’opinion publique.

Qui plus est, le texte auquel on en était arrivé en décembre, au moment où la crainte d’une révolte de suffisamment de députés UMP pour causer une défaite parlementaire, n’avais plus de réforme que le nom et l’ombre. Il se bornait en tout et pour tout à faire passer le nombre légal de dimanches travaillés de 5 à 8. Pas de quoi fouetter un chat, ni mériter un texte de loi, encore moins une bataille parlementaire.

C’est peut-être cela qui a amené Nicolas Sarkozy à baisser pavillon sans gloire, à savoir qu’il valait peut-être mieux ne plus rien faire du tout que de se battre pour faire accoucher aux forceps d’une réforme aussi dérisoire.

En fait, par-delà l’enjeu politicien sur l’éventuelle chiraquisation de Sarkozy, sur la rébellion de dizaines de députés de son propre parti, ou sur la guérilla que mènerait contre lui Jean-François Copé, c’est un autre point qui intéresse JusMurmurandi.

Le projet de loi était explicite sur le fait que le travail du dimanche ne pouvait avoir lieu que sur la base du strict volontariat de chacun. En d’autres termes, ceux qui le voulaient pouvaient travailler le dimanche à la place d’un jour de semaine, et gagner plus.

Mais les opposants ont considéré que les Français n’étaient pas aptes à décider pour eux-mêmes de prendre ou non cette décision. Que les employeurs allaient les contraindre, par la menace, à accepter de travailler à leur corps défendant.

Cette notion qu’ils faut protéger les Français contre eux-mêmes est partout dans le droit du travail (ou plutôt le droit du non-travail en l’occurrence). Ainsi en France est-il illégal de baisser les salaires, même quand les partenaires sociaux sont d’accord. Ce qui fait que des entreprises ferment faute de compétitivité quand un sacrifice partiel eût permis de sauver l’essentiel.

A titre d’exemple, Volkswagen en Allemagne a baissé les salaires horaires pour conserver en Allemagne la production de la Golf, qui eût sans cela soit été produit ailleurs (en Europe centrale en l’occurrence) tout en évitant qu’elle ne soit proposée trop cher au marché. Ne pas pouvoir en faire autant chez Renault conduit à ce que les petites voitures qui profitent du courant écologique, des aides d’Etat et de la modération financière d’acheteurs échaudés par la crise sont tous produites à l’étranger. La France et les Français y gagnent-ils? Volkswagen, société allemande alors à capitaux d’Etat n’est quand même pas un modèle d’ultra-libéralisme. Est-il un tel exemple d’horreur économique qu’il ne faille surtout pas l’imiter?

De même pour le travail du dimanche, tous les experts s’accordent à prédire une augmentation de l’emploi global dans la distribution en cas de généralisation de cette mesure. En ces temps de crise et de remontée du chômage, ce serait une fort bonne chose.

Mais l’intérêt général, la volonté du Président, et des sondages indiquant clairement la préférence des Français n’ont pas suffi. Les députés savent mieux que tout cela réuni.

Il est vrai qu’il est tellement plus facile d’accuser quelqu’un d’avoir fait quelque chose que de n’avoir rien fait.

Peut-être est-ce 1940 (et non pas 1944-1945) qui a sanctifié la notion de Résistance. Mais cela ne suffit pas à faire de toute résistance ni une morale ni une politique.

JusMurmurandi pense qu’il est temps de créer le délit d’inertie.

Le Machin

janvier 6, 2009 on 9:32 | In Best of, Coup de gueule, Europe, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

C’est ainsi que Charles de Gaulle appelait l’ONU.

Et on le comprend. Car une fois encore, la preuve nous est donnée que l’ONU ne sert pas à grand chose.

Un conflit de plus, cette fois au Moyen Orient, qui se déclenche sans que l’organisation des nations unies n’intervienne pour l’empêcher, avant ou après.

Et on retrouve donc Nicolas Sarkozy enfilant son manteau gaulliste pour prendre une initiative individuelle car les initiatives collectives ne sont, elles, que jérémiades et imprécations.

Aller voir les chefs d’états, même si l’on n’a plus « que » le mandat de Président de la République française, c’est toujours mieux que de rester tranquillement à New York en distillant la bonne parole comme seule tentative de rétablir la paix. Tandis que l’on laisse les gesticulations d’un fou, Ahmadinejad, se dérouler dans la totale indifférence. Ou encore un autre chef d’Etat, Mugabe, assassiner son pays en toute quiétude. Sans parler du Congo etc. etc.

Bref, le Machin, de Gaulle l’avait bien compris des décennies avant, ne sert à rien.

JusMurmurandi pose alors une question.

Alors que le monde traverse un ralentissement économique sans précédent, que les gouvernements mettent la main à la poche, le plus souvent vide et/ou trouée sans parler de réduire le train de vie de leurs états respectifs à hauteur de leurs dépenses nouvelles, qu’est ce que l’on attend, Bon Dieu, pour les supprimer, tous ces « Machins » inutiles ????

Les infirmières sont-elles des sorcières, et les docteurs des loup-garous?

janvier 5, 2009 on 10:21 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

JusMurmurandi se souvient du grand courant de sympathie qui avait saisi l’opinion publique lors de la grande grève des infirmières, destinée à leur valoir une meilleure rémunération. Voilà une profession qui requiert de longues études, qui expose ses personnels à des heures de travail longues et à un risque permanent d’erreur aux graves conséquences, et qui est, globalement, mal payée.

Mais quand un enfant est mort à l’hôpital d’avoir reçu par erreur une perfusion à la place d’une autre pour soigner son angine, l’infirmière, pourtant très bien notée, a été immédiatement suspendue et mise en examen. Ce avant que l’enquête ne montre que la perfusion qu’elle a prise par erreur n’avait pas à se trouver là où elle était, avait été livrée et rangée là par erreur et ressemblait à s’y méprendre à celle qu’elle eût du administrer. Où donc était le moindre courant de sympathie pour cette infirmière-là?

Ce tragique décès a agi comme le premier souffle d’un vent mauvais. La deuxième rafale a été celle d’un homme décédé de problèmes cardio-vasculaires après avoir attendu des heures que des régulateurs lui trouvent un lit dans un service d’urgence en région parisienne. Le rapport du parquet indiquant que l’autopsie a montré que cet homme n’eût probablement pas survécu à son accident circulatoire même en étant admis immédiatement a été accueilli avec les sarcasmes réservés aux tentatives maladroites d’auto-disculpation.

Troisième rafale, une femme de 82 ans est décédée, qui avait été renvoyée dans sa maison de retraite la veille par un hôpital où elle avait été admise pour des symptômes de déshydratation et de difficultés respiratoires. Les causes de la mort ne sont pas connues, mais l’avocat de la famille indique qu’il va mettre en cause Roselyne Bachelot, Ministre de la Santé, car la vieille dame serait, aux dires de sa famille restée 8 heures sur un brancard sans qu’un médecin la voie. L’hôpital a une version très différente, affirme qu’infirmières et médecin ont vu et soigné la patiente qui, en outre, a été vue après son retour en maison de retraite par le médecin de celle-ci, lequel n’a rien signalé ou jugé bon de faire. Qu’importe! La famille, sûre qu’il y a eu faute, porte plainte, et les média de relayer abondamment cette « série noire »

Soyons clair, tout décès entraîne la douleur de la famille, et la demande de celle-ci de savoir si tout a été fait est tout-à-fait légitime. Ainsi que celle de tout faire pour qu’une erreur, voire une faute s’il y en a eu ne puisse être répétée au détriment d’un autre patient.

Il est clair aussi que la profession médicale a eu tendance à se réserver le bénéfice des enquêtes sur des « incidents » de ce genre, et à en exclure les non médecins, ce qui a permis dans certains cas, de nier abusivement toute faute. Les scandales du sang contaminé ou de l’hormone de croissance sont des exemples de ce refus de transparence et de responsabilité.

Mais là, où va-t-on? Si quelques heures sont trop longues pour admettre un patient aux urgences, quel est le délai admissible? 30 minutes? 60? Si le patient meurt en 45 minutes, est-ce la faute de l’hôpital?

Sans oublier que, derrière la peine des familles éprouvées se profilent des revendications financières ou politiques. Les médecins urgentistes réclament plus de postes et la revalorisation de leurs revenus. Les familles veulent des indemnités pour faute. L’opposition dénonce ces décès comme le résultat de la politique d’économie du gouvernement.

Que veulent les Français? Si le seul résultat acceptable de l’hôpital est « zéro mort », il va y avoir des conséquences. D’abord financières, car le coût du zéro-mort est extravagant. Redondance généralisée des moyens, multiplication des examens, assurance hors de prix, entre autres. Une recette dont les Etats-Unis donnent un avant-goût, ruineuse en termes de coût sans pour autant donner de meilleurs résultats sanitaires. Un bon exemple est celui d’une personne qui ferait un accident de santé sur la voie publique: aux Etats-Unis, tout médecin qui lui porterait secours, et qui ne disposerait pas, à l’évidence, de détails sur sa condition médicale, s’exposerait à des poursuites par la famille et leurs avocats requins payés à la commission en cas de problème. Alors que font-ils, ces médecins? Ils changent de trottoir, tout simplement.

Mais après tout, si tel est le choix éclairé des Français, pourquoi pas? Le problème est ce qu’on observe en gynécologie-obstétrique, et qu’une telle attitude généraliserait. Les grossesses ne sont jamais tout à fait sans risques. Les médecins, à force d’être attaqués en justice quand l’une d’entre elles ne va pas à un terme heureux, sont confrontés à un coût d’assurance qui peut dépasser 30% de leur chiffre d’affaires, ce qui est évidemment insupportable. Le résultat est simple: il n’y a quasiment plus de sage-femmes, et le nombre de médecins accoucheurs ne cessera de baisser vu que cette spécialité n’attire plus personne en raison de son rapport risque-rémunération désastreux. Et ceci n’a rien à voir avec une quelconque politique d’économies de santé, ces praticiens ressortant du secteur privé.

Si bien qu’en fait, à force de tenir les gynécos pour responsables de tout ce qui peut mal se passer, il n’y en aura plus du tout. JusMurmurandi doute que ce soit vraiment à l’avantage des femmes et des parents.

Alors peut-être faut-il raison garder, et ne pas brûler les infirmières et les médecins que nous avons tant aimés. Qu’il faille s’efforcer de minimiser les décès évitables, bien sûr. Mais, de même que notre société croyait que le progrès avait vaincu les crises économiques et que celles-ci ne pouvaient plus arriver, avant d’être durement démentie par l’actualité des derniers 12 mois, nous voudrions croire que la mort n’est plus que la fin après une vie toujours longue, très longue. Le fait est que tous les jours cet espoir est cruellement démenti. Soit parce que certains d’entre nous sont moins bien lotis dès la naissance, soit parce que d’autres rencontrent la fatalité, que ce soit sous la forme d’un accident de voiture ou d’un accident médical.

De même que nous n’interdisons pas toutes les voitures parce que certaines ont des accidents même mortels, n’interdisons pas nos médecins et nos infirmières même quand ils sont simplement des êtres humains, souvent merveilleux, pas toujours irréprochables.

Mort au Combat

janvier 5, 2009 on 8:03 | In Coup de gueule, Economie, France | Commentaires fermés

Maud Fontenoy, vous connaissez ? La célèbre navigatrice française qui détient le record du monde du tour éponyme à l’envers est célèbre en France, comme à l’étranger.

Ce qui est moins connu en revanche, c’est que le bateau qui lui a permis de remporter cette bataille sportive est issue des chantiers navals français Gamelin.

Cette entreprise a souffert au point qu’elle a été mise en redressement judiciaire le 5 décembre dernier.

Malgré le fait que ce ne soit pas une TPE, ou toute petite entreprise, dont la mortalité « infantile » en particulier est très élevée. Car crée en 1980, elle compte 120 collaborateurs.(http://www.chantiers-gamelin.fr/index.php)

Mais son endettement était trop élevé, elle est en déconfiture.

Et son fondateur ne l’a pas supporté.

Joël Gamelin, père de trois enfants, a mis fin à ses jours à fin du mois dernier.

Tragique. Dramatique.

Et caractéristique de cette société française qui n’aime pas ses entreprises, la nouvelle ne se trouvant qu’en nombre limité sur internet à titre d’exemple.

Car en France, on n’aime surtout pas les petites et moyennes entreprises, alors que ce sont justement celles qui ont crée des emplois sur les dix dernières années, par opposition aux grandes et célèbres qui en ont, elles, détruit, comme l’explique l’OCDE.

Aujourd’hui, sa fille a ouvert une adresse sur un site de « réseau social » afin d’appeler à l’aide et permettre à l’entreprise de survivre.

JusMurmurandi adresse un message de réconfort à la famille Gamelin, et se joint au mouvement d’aide.

Si vous souhaitez participer, voici les coordonnées de Me. Gamelin, telles qu’elles sont présentées sur le site internet (http://fr-fr.facebook.com/group.php?gid=56065731969&ref=mf).

Melle FANNY GAMELIN
2, chemin du prieuré
Résidence Maintenon
17000 La Rochelle
fgamelin@hotmail.com

A qui profite le crime?

janvier 4, 2009 on 4:34 | In Coup de gueule, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Israël frappe le Hamas qui frappe Israël. Rien de nouveau sous le soleil, sauf la date, 2009. L’Ukraine constate des baisses de livraison de gaz russe vers l’Europe, faute d’avoir signé un nouveau contrat d’approvisionnement et de transit. La Russie accuse l’Ukraine qui accuse la Russie. Rien de nouveau dans le froid, si ce n’est la date, 2009.

Rien non plus d’inattendu. Comme aucun nouveau contrat russo-ukrainien n’avait été approuvé par les parties, il était clair qu’on se dirigeait vers un nouvel épisode du bras de fer annuel entre les anciennes républiques soviétiques. Comme aucun modus vivendi n’avait été trouvée entre Israëliens et le Hamas, il était clair qu’on se dirigeait vers un nouvel épisode meurtrier entre les voisins ennemis.

Alors, bien sûr, on peut se demander pourquoi, dans les deux cas, cette situation de blocage annoncé.

Force est de constater que le pouvoir de Vladimir Poutine et de son acolyte Dimitri Medvedev est pour la première fois en grande difficulté face à la crise économique qui frappe la Russie. La baisse des prix des matières premières, à commencer par le pétrole et le gaz, réduit dramatiquement les rentrées de l’économie russe, qui en dépend très largement. Les ci-devant oligarques négocient un plan de sauvetage comme de très ordinaires banques ou fabricants d’automobiles américains. Les citoyens, en manque de confiance depuis l’aventure géorgienne, retrouvent les vieux réflexes de ceux qu’on a tondu plus souvent qu’à leur tour et sortent leur argent et de Russie et du rouble, qui s’enfonce. Dans ces conditions, trouver avec l’Ukraine un bouc émissaire qui détourne l’attention n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la révolution orange en Ukraine, qui avait suscité l’admiration d’une bonne partie du monde, n’a produit que des fruits amers. Une lutte permanente entre les 3 sempiternels personnages d’une comédie à l’ukrainienne, Yuschenko, Yanoukovitch et Timoshenko, se traduit par un immobilisme politique totalement inadapté aux difficultés du pays et au défi de la crise économique mondiale. Dans ces conditions, montrer l’Ukraine comme victime de la brutalité russe pou ressouder le soutien occidental n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la victoire du Hamas aux élections, puis l’éviction à la pointe du fusil du Fatah de la bande de Gazah n’ont produit que des fruits amers. Les mesures de rétorsion d’Israël et l’ostracisme de la communauté internationale qui refuse de discuter avec une organisation qui prône la disparition de l’Etat juif se traduisent par une misère et une désespérance croissantes dans ce territoire. Dans ces conditions, montrer à coups de tir de roquettes qu’on est la seule force qui combat activement Israël n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la coalition au pouvoir en Israël en Kadima et les travaillistes est menacée de perdre les prochaines élections en Israël, face au Likoud de Benjamin Netaniahu. La faillite de leur offensive précédente contre le Hamas n’y est pas pour rien, ni sans doute les soucis judiciaires de Ehud Olmert, le Premier Ministre. Montrer, et notamment pour Ehud Barak, ancien général de Tsahal, ancien Premier Ministre, et leader des travaillistes, sa détermination et sa capacité retrouvée à protéger Israël des attaques du Hamas n’est pas nécessairement un mauvais calcul, comme ne témoignent une remontée en flèche dans les sondages, même s’il est froid et cynique.

Il ressort que tant de calcul froid peut donner des frissons. Encore une confirmation que nous sommes bien en hiver, et pas que sur le plan météorologique. Et que toute similitude avec ceux qui tentent d’exploiter tel ou tel drame de l’actualité pour en tirer des avantages catégoriels n’est que, osons le dire sans peur du pléonasme, coïncidence fortuite.

Le permis? Même pas besoin!

janvier 2, 2009 on 6:39 | In France | 1 Comment

Plus de 1000 voitures ont été brûlées la nuit de la Saint Sylvestre, un « score » en forte hausse par rapport à l’an dernier. Un mauvais score pour le Président de la République qui, ne l’oublions pas, a bâti le socle de sa réputation en étant un excellent ministre de l’Intérieur. Lequel Président, apparemment pas content du tout, dit vouloir interdire aux incendiaires de passer le permis de conduire tant qu’ils n’auront pas pleinement remboursé les victimes ou le fonds d’indemnisation.

Voilà bien le genre de gesticulation qui déplaît à JusMurmurandi. Elle cumule, pour le « bénéfice » très éphémère d’avoir l’air actif sur un sujet, plusieurs failles.

D’abord elle n’est pas utile du tout. Si les forces de l’ordre interpellent un incendiaire, l’arsenal pénal est bien suffisant pour donner à un juge tous les moyens de sévir. Alors pourquoi alourdir encore la machine judiciaire?

Ensuite, elle n’est pas réaliste. Le problème des voitures brûlées n’est pas que les juges n’ont pas les moyens de condamner les incendiaires attrapés, c’est justement qu’on n’en attrape que très peu, ce qui s’explique par l’impossibilité de protéger chaque voiture garée ce soir là. Donc imaginer changer la donne en agissant sur le levier judiciaire alors que la difficulté est policière revient à appliquer un cautère sur une jambe de bois. A moins de se satisfaire de la réduction de la politique aux seuls effets d’annonce.

Enfin ses conséquences, à supposer que cette nouvelle mesure voit le jour, vont être simples. Qui peut croire qu’un jeune déjà incendiaire de voitures soit particulièrement découragé à l’idée de ne pas pouvoir passer son permis de conduire? Car la France est un pays où plusieurs centaines de milliers de conducteurs habituels n’ont pas le permis, ou ne l’ont plus.

Faute d’avoir déjà l’âge ou d’avoir encore des points, d’avoir l’argent ou la capacité, combien prennent le volant régulièrement? Les chiffres les plus alarmistes s’élèvent à plus de deux millions.

On voit bien que, même à supposer que chaque voiture incendiée à la Saint Sylvestre ait son incendiaire attitré, et même à supposer que tous soient arrêtés, et même à supposer que tous soient condamnés à une interdiction de passer le permis de conduire, cela ne ferait « que » mille personnes de plus par an à rouler sans permis. Par rapport à 2 millions, ce n’est rien.

Quant au principe qui consiste à interdire une activité aux incendiaires, alors, il va y avoir du chômage au PS, vu l’énergie qu’ils mettent à s’allumer les uns les autres

Crachez, il en reste toujours un peu !

janvier 2, 2009 on 6:23 | In France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

La strioscopie vous connaissez ?

C’est une étude de la dynamique des fluides gazeux, dont l’un des plus grands experts est un américain nommé Garry Settles.

Cette technique, fréquemment utilisée au sein des industries aéronautique et automobile pour mesurer l’aérodynamique, permet de mettre au grand jour un nombre insoupçonné de phénomènes invisibles « crées » par les mouvements aériens.

Bref, on peut se rendre compte de ce qui se passe vraiment lorsque quelqu’un brasse de l’air, alors que l’on présume justement qu’il ne fait rien.

Là où cela devient encore plus intéressant c’est que des travaux ont été conduits par le New England Journal of Medicine pour montrer ce qui se passe lorsque quelqu’un tousse.

Et les résultats sont frappants.

Les expectorations de la personne soumise au test atteignent une vitesse de huit mètres par seconde.

Impressionnant.

On comprend mieux pourquoi il est tellement conseillé de se protéger que l’on soit l’émetteur ou la cible de tels courants.

Un sujet qui fera certainement réfléchir Julien Dray à l’aune ses récents démêlés autour de SOS Racisme ou encore Benoit Hamon pour  ses déclarations sur les royalistes qui « ont le poison de la division dans le sang »…

L’Année du Milliard

janvier 1, 2009 on 10:21 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Le magazine Time a l’habitude de choisir la « personne de l’année » pour en faire une couverture très suivie dans le monde entier. Et, en fonction des circonstances, de choisir de nommer non une personne, mais un évènement. Dans cette veine, JusMurmurandi a constaté que, plus que tout, 2008 resterait comme l’année du Milliard.

Rappelez-vous, il n’y pas si longtemps le Crédit Lyonnais lancé dans une folle aventure s’est réveillé avec une gueule de bois qui a coûté au contribuable français la bagatelle de 30 milliards de francs. Le scandale a été épouvantable, et l’opprobre qui a couvert cet établissement et la méthode très française de privatisation des profits et de nationalisation des pertes a durablement ébranlé le capitalisme étatique bien de chez nous.

Or 30 milliards de francs, c’est moins de 5 milliards d’euros. C’est-à-dire moins que ce que le seul Jérôme Kerviel a coûté à la Société Générale. Ce second « trou » fait lui aussi scandale, lui aussi planétaire, éclipsant au tableau de déshonneur tous les autres traders perdus, de Nick Leeson et la Barings, ou ceux de Mitsubishi ou de Metallgesellschaft.

Mais au moment où les esprits stupéfaits commencent à peine à s’habituer à l’idée d’une telle somme, et plus encore perdue par une seul homme, lui aussi perdu dans un système en perdition, les chiffres ne cessent de défiler tous plus grands que la semaine précédente. Et les épithètes manquent pour accompagner et rendre compte de ce défilé de sommes toujours plus énormes.

Alors que dire quand Madoff inscrit son nom en lettres de feu tout en haut du tableau des pertes individuelles, avec un astronomique 50 milliards, soit un décakerviel?

En septembre, Lehman Brothers fait faillite laissant derrière elle une ardoise de 146 milliards, sans compter les engagements par signature. Des sommes qui n’ont plus de sens, tant le montant n’a plus de rapport avec le tangible. Mais ce n’est, on n’ose à peine l’écrire, qu’un amuse-gueule. La tornade déclenchée par cette faillite manque emporter le système financier planétaire, et la situation n’est quelque peu stabilisée que grâce à un plan concocté par l’américain Henri Paulson. Plan annoncé à 250 milliards de dollars, puis 350, puis estimé à 500 milliards, pour sortir finalement au moment de son annonce officielle, à 700 milliards dollars. Somme bien entendu, comme toute les précédentes, sans précédent.

Quand on pense que la seule AIG, certes il y encore quelques mois premier assureur de la planète, a déjà « consommé » quelques 135 milliards de dollars d’aide de l’Etat américain pour éviter la faillite, et, avec elle, emporter tout le système, on commence à se dire que, finalement, par rapport à 135 milliards (et ce n’est pas la fin) pour un assureur, 700 milliards pour toutes banques, ce n’est pas tant que ça.

Le reste du monde n’est pas en reste. 240 milliards pour l’Union européenne, pourtant théoriquement corsetée de fer par les critères de Maastricht. 650 milliards pour la Chine, dont la dépendance aux exportations revient la hanter comme un vent mauvais après la brise d’été qui a culminé aux Jeux Olympiques. 140 Milliards pour soutenir le rouble dans une Russie dont l’arrogance, les réserves en devises, le taux de croissance et les fortunes des oligarques ne résistent pas à l’effondrement des prix des matières premières, à commencer par le pétrole.

Ainsi Roman Abramovitch, emblématique pour avoir dépensé sans compter pour son club de football de Chelsea, aurait-il vu sa fortune tomber de 22 milliards de dollars à 3 milliards. Comment ne pas le plaindre? Mais comment plaindre un milliardaire? A ceci près qu’Oleg Deripaska aurait perdu plus encore. Alors, avec « seulement » quelques milliards, comment les qualifier, ces perdants phénoménaux: de riches, de pauvres ? Tout repère a disparu, emporté par des sommes insensées.

Pendant ce temps-là, tous les plans annoncés semblent déjà trop faibles pour faire vraiment repartir la machine. Le monde attend de l’équipe Obama, au manettes dans trois semaines, un plan de relance de quelques 500 milliards de dollars. La France elle aussi attend une deuxième tranche du plan Sarkozy avant même que la première ait produit le moindre effet, car les délais de mise en œuvre sont encore à courir.

Rien ne pourrait mieux montrer cette escalade himalayenne que de constater que les pertes de BNP-Paribas en 2008 dues à la crise, soit quelques 4,2 milliards d’euros en fin d’année 2008 ne l’empêchent pas d’être considérée comme une des banques les mieux gérées au monde, alors qu’un montant supérieur mais de peu, perdu par Kerviel, a durablement marqué son concurrent la Société Générale comme un exemple de grand n’importe quoi. Si seulement le trou Kerviel avait éclaté (si l’on peut dire) quelques mois plus tard, eût-il vraiment marqué les esprits, et la Société Générale a-t-elle manqué de prudence, ou simplement joué de malchance dans le timing?

JusMurmurandi pourrait continuer à empiler sans fin ces sommes elles aussi sans fin ni sens. Mais nous sommes le 1e janvier, et donner mal à la tête un 1e janvier n’est vraiment pas une façon sympathique commencer l’année.

Alors, après avoir constaté que 2008 restera dans les annales comme l’année où le milliard, au lieu de vouloir dire « énormément, jamais vu » est devenu une unité de compte banale, voici un chiffre qui, lui ne bougera plus, et dont il faut espérer qu’il ne sera pas dépassé avant longtemps. En 2008, Wall Street a vu la capitalisation boursière des sociétés qui y sont cotées fondre de 7 trillions de dollars.

Trillions, le mot est lancé, impensable, incompréhensible. Visiblement le milliard ne suffit plus et le mot n’a pas passé le 31 décembre. 2008 restera définitivement comme l’Année du Milliard, et nous sommes bien en 2009.

Bonne année !!

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