Quand sonne le clairon de la cavalerie…

octobre 13, 2008 on 3:20 | In Best of, Economie, France, International | Commentaires fermés

Qui n’a jamais vu de western, ces films décrivant la conquête, traitée sur le mode héroïque, de l’Ouest américain par les Blancs au détriment des Indiens?

La scène emblématique de ce genre cinématographique est l’arrivée, annoncée par une sonnerie de clairon, des héroïques régiments de cavalerie chargeant sabre au clair, juste à temps pour assurer la victoire des « bons », très menacés par les « méchants ».

Quel rapport avec l’actualité? Eh bien, c’est justement le clairon de la cavalerie en train de charger qu’ont voulu faire entendre nos dirigeants. D’abord pour rassurer le public comme autrefois les spectateurs de westerns.

Ensuite, parce que les mesures qui vont être mises en oeuvre représentent effectivement une charge de cavalerie, c’est-à-dire, en termes militaires, une manoeuvre audacieuse, mais pas dénuée de risques, pour faire basculer le sort d’une bataille. Et c’est bien de cela qu’il s’agit.

Mais cette charge de cavalerie doit affronter 2 risques. L’un est le scepticisme. Et si, malgré tout, et contrairement aux westerns, la charge de cavalerie ne suffisait pas à assurer une fin heureuse, ce qu’on appelle un « happy end »? On voit mal ce que les gouvernements pourraient faire de plus, vu qu’en matière de contre-offensive contre la panique des marchés, c’est non seulement la cavalerie qu’ils ont fait donner, mais aussi l’artillerie lourde

L’autre risque est que les gouvernements mettent en branle des sommes énormes dont ils ne disposent pas. Ni les Etats-Unis de 700 milliards de dollars du plan Paulson, ni les 480 milliards d’euros d’Angela Merkel, ni les 360 milliards du plan Sarkozy.

Et, comme ils ne les possèdent pas, ils ne peuvent le faire que parce que et tant qu’ils inspirent confiance. Que celle-ci s’évapore, et les plans du week-end prendront l’eau sous les coups des marchés comme les digues de la Nouvelle-Orléans sous les assauts de l’ouragan Katrina.

Il n’en reste pas moins que les gouvernements ne disposent pas des sommes mises en jeu. Et que, utiliser des sommes qu’on n’a pas, cela porte un nom en matière financière.

Cela s’appelle: de la cavalerie.

On voit bien que dans les deux cas de figure, succès ou échec, le sort dépendra de la cavalerie.

Le tout est de savoir laquelle.
Charge de cavalerie

Ne croyez pas ce qu’on vous dit, tout-va-bien !

octobre 10, 2008 on 8:38 | In Best of, Economie, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | 2 Comments

Mais oui tout va bien. Passons en revue quelques professions pour s’en convaincre.

Pour commencer, la restauration.

Puissamment soutenue par Fortis, la restauration ! Au bord du gouffre, sa direction n’a pas hésité à s’engouffrer dans un trois étoiles monégasque pour faire un repas gargantuesque à 150.000 Euro pour cinquante personnes. Un vrai remake de la « Grande Bouffe », à n’en point douter.

L’hôtellerie ? Bien épaulée par AIG ! Dès que la décision du gouvernement a été prise de la soutenir avec des dizaines de milliards du contribuable américain, un groupe de cadres dirigeants s’en est allé se faire faire des papouilles dans un « spa » californien. Massages, thalassothérapies, rien ne fut assez beau pour les participants qui laissèrent derrière eux une petite facture de…400.000 dollars !

Tout-va-bien, pour les avocats. Imaginons le giga procès qui devait avoir lieu entre Citigroup et Wells Fargo pour ramasser la quatrième banque américaine. Non contente que W-F lui prenne Wachovia à son nez et sa barbe, Citigroup démarrait un procès en dommages et intérêts pour 50 milliards de dollars…A se demander pourquoi ne pas avoir mis un peu plus sur la table en premier lieu et ne pas enrichir cette profession qui a tellement mauvaise réputation aux Etats Unis.

Tout-va-bien pour les médecins qui verront un plus grand nombre de patients déprimés, en mal d’anxiolitiques,

Tout-va-bien pour les psychothérapeutes, qui accueilleront toujours davantage de personnes à la recherche d’un Graal plus éloigné, pour les conseillers/coach qui continueront à prodiguer la bonne parole, à « conseiller ».

Et pour finir, le pétrole continue de baisser et l’Euro aussi face au dollar, gage d’un redémarrage économique qui ne saurait se faire attendre….

Mais peut-être n’êtes vous pas restaurateur, hôtelier, médecin ou encore psychothérapeute ?

Vous voyez avec anxiété les mauvaises nouvelles déferler sans véritablement comprendre l’étendue du désastre, la durée nécessaire à se relever, mais parfaitement conscient qu’il faudra du temps, beaucoup de travail pour se relever, alors que finalement vous n’y êtes pas pour grand chose.

Alors pour vous, JusMurmurandi a décidé de mettre en ligne deux petites histoires, afin que, l’espace d’un instant, vous vous amusiez.

Merci de votre fidélité.

Conseil d’une amie banquière:

Messieurs, faites vous tatouer un Euro sur le sexe!

Ceci vous procurer quatre avantages qu’aucun autre produit financier ne peut vous offrir :

1) Vous ferez croître facilement votre investissement…
2) Vous prendrez plaisir à toucher votre argent.
3) Vous serez le seul à décidez où vous le placez.
4) Vous ne verrez pas d’inconvénient à ce que votre femme vous pompe vos économies.

Votre conseiller en placement.

Et surtout le proverbe du moment d’Anne Roumanoff
« Mieux vaut avoir des bourses en action, que des actions en bourse ! »

Alea jacta est !

octobre 8, 2008 on 7:11 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Alors que l’économie mondiale est balayée par un véritable tsunami, les Français, auparavant préoccupés par leur pouvoir d’achat, s’attendent à une aide de l’Etat. Et ils ont raison.

Jogging de l’Etat obèse [voir notre article sur le sujet] ou autre RGPP [Révision Générale des Politiques Publiques], chacun s’attend à ce que l’Etat fasse des efforts afin de réduire l’endettement ou en tout cas de ne pas l’alourdir.

Tout le monde espère que de nouvelles taxes, de nouveaux impôts ne seront pas crées, alors que sont déjà sortis du cerveau fécond de nos politiques le financement du RSA ou encore la taxe poisson.

C’est le souhait de chacun que les prix n’augmentent pas, alors que les matières premières semblent vouloir baisser. Il faut au passage saluer la baisse du baril de pétrole, repassé temporairement au moins sous la barre des 90 Dollars alors qu’il dépassait allègrement les 145 durant la période estivale.

Nous voulons tous un Euro qui nous permette d’être concurrentiels à l’exportation sans pour autant nous pénaliser lors de nos importations. On saluera ici encore le fait que la monnaie européenne, qui a plafonné à 1.60 Dollar cet été, a franchi le seuil de 1.34 Dollar à la baisse cette semaine.

Nous prions tous que l’immobilier, les actions ou autres actifs en notre possession ne perdent pas trop de valeur, alors que nous avons travaillé dur pour mettre des économies de côté.

Bref, en ces jours de tourmente, nous invoquons les cieux, nous ne savons plus à quel saint nous vouer, alors que nous sentons le sol se dérober sous nos pieds.

Heureusement, il est une valeur sûre, sur laquelle les Parisiens voient une fois de plus qu’ils peuvent s’appuyer.

Car ce ne sont pas que de simples mots qu’a prononcé le sémillant maire de Paris; il passe aux actes pour tenir sa parole.

En des temps autrement meilleurs, il avait promis que les impôts locaux augmenteraient sensiblement en 2009.

Aujourd’hui il honore ses engagements. Le sort en est jeté.

Rien de tel pour aider à faire repartir l’économie que la première ville de France, la capitale, augmente massivement sa taxation locale. 9% sur un an, excusez du peu.

A l’heure où Bertrand Delanoë ne sait plus comment divertir les Parisiens avec toutes ses fêtes, nous savons désormais ce qui est sa première priorité entre revoir sa copie pour venir en aide à des Parisiens assaillis de mauvaises nouvelles et sa volonté de ne pas revoir un train de vie en complet décalage avec la réalité.

Beau programme pour le candidat à la tête du deuxième parti de France, tout étourdi qu’il est dans sa quête du pouvoir.

Si les Parisiens dansaient, ils vont à présent vite déchanter…

Vous avez dit virus?

octobre 7, 2008 on 6:29 | In Best of, Economie, France, Insolite, International | Commentaires fermés

L’occasion est trop belle et trop rare pour ne pas la saluer. 2 français viennent de se voir attribuer le prestigieux Prix Nobel, pour leurs travaux dans le domaine des virus.

JusMurmurandi tient à féliciter les récipiendaires, Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi, crédités de la découverte du virus du SIDA.

Un virus qui infecte, mais reste dormant un certain temps, avant de transformer une personne séropositive en malade

Un virus qui se répand, qui mute, et que, même si on peut en freiner l’évolution fatale avec des trithérapies, on ne sait pas éliminer.

Un virus qu’on pensait d’abord cantonné aux populations homosexuelles, caraïbes ou droguées. Mais qui en fait nous menace tous, et a déjà fait 25 à 30 million de morts, et encore au moins autant à venir, soit un total comparable à la plus meurtrière des guerres, la seconde guerre mondiale.

Vous me direz, quel rapport avec les marchés financiers dont JusMurmurandi vous dévoile les affres jour après jour, et ce au lendemain de la plus forte baisse de l’indice CAC40 depuis les 20 ans qu’il existe?

C’est simple. Le manque de confiance frappe les établissements financiers les uns après les autres, en se communiquant de l’un à l’autre. Il reste dormant pendant un moment, puis devient mortel en quelques heures quand la panique saisit les marchés. C’est un virus qu’on croyait cantonné à l’immobilier et aux Etats-Unis, alors qu’en fait il nous menace tous. Pour s’en convaincre, il suffit de voir la baisse de la bourse de Moscou hier, de près de 20%, alors qu’il n’y a aucun lien direct entre les subprimes et les banques russes. On sait en freiner l’évolution avec des nationalisations, mais, comme le montrent les cas Hypo-Real en Allemagne, ou Dexia en Belgique et en France, on ne sait pas l’éliminer. C’est un virus, qui, s’il continue de se développer provoquera tant de cas de ruine que les risques de guerre augmenteront de façon exponentielle, comme lors de la crise de 1929 qui a posé les bases de la seconde guerre mondiale.

Sauf que, là, il n’y a pas besoin de prix Nobel pour isoler et identifier le virus. Mais personne ne sera de trop pour l’éliminer d’abord, puis pour trouver un vaccin pour que le système financier mondial ne reparte plus dans d’aussi effrayants dérapages incontrôlés.

Le syndrome chinois

octobre 6, 2008 on 7:01 | In Best of, Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, France, Insolite, International | Commentaires fermés

JusMurmurandi réfléchit à la meilleure manière d’illustrer, de modéliser les spasmes actuels de l’économie, soubresauts qui n’en finissent pas d’en finir, aujourd’hui encore le fameux CAC 40 signant sa plus forte baisse depuis sa création.

En fait, nous avons pensé à un sous-marin, navire qui est sous-divisé en compartiments censés être étanches.

Lorsque tout va bien, les marins peuvent se déplacer librement à l’intérieur de la coque.

Si une avarie survient, en particulier un problème d’étanchéité, les sas qui isolent un compartiment d’un autre sont fermés.

C’est ce qui se passe en ce moment avec les banques. Elles ne se font plus confiance et ne se prêtent par conséquent plus d’argent. Isolement et assèchement des liquidités.

Là où cela devient encore plus grave, c’est que certains compartiments sont en train d’exploser. Cela rappelle étrangement la faillite de certains établissements bancaires.

Pendant ce temps-là, la mer est très mauvaise, agitée; c’est l’environnement boursier, la confiance qui f..t le camp.

Et si de trop gros ou trop nombreux compartiments lâchent, ce sera tout le sous-marin qui coulera.

C’est le « meltdown » de l’économie mondiale; en termes nucléaires, on a aussi appelé cela le syndrome chinois, parce que l’on descendrait directement des Etats Unis en Chine par le trou crée par la fusion nucléaire.

Ce qui n’est jamais arrivé, bien sûr – pour l’instant.

Faut il se rassurer en rappelant que le nom du dernier sous-marin mis en service par la France se nomme…le Vigilant ?

On n’y voit rien !

octobre 5, 2008 on 5:47 | In Best of, France | Commentaires fermés

JusMurmurandi est perplexe. Il a beau penser à la célèbre blague de l’Ivoirien de la Périchole d’Offenbach ou encore à celle d’Astérix qui dit qu’il ne faut pas parler sèchement à un Numide, JusMurmurandi n’y voit rien.

Illustrations.

Chaque année, le budget du Pentagone américain augmente.

Les dépenses s’élèvent désormais à plus de un milliard de dollars par jour (bientôt deux)!

Avec tout cela on met un an à retrouver l’avion de Steve Fossett qui s’est échoué début septembre 2007. Et encore, ce ne sont pas les satellites, avions espions ou autre drones, mais de simples promeneurs.

Avec tout cela Ben Laden court toujours, mort ou vivant on ne sait pas trop.

Avec tout cela aussi on ne trouve pas non plus le Mollah Omar et ses prêches anti américains (peut être que lui aussi sera retenu par Olivier Besancenot comme membre fondateur du NPA, aux côtés de Jean-Marc Rouillan ???).

Faut il donc envoyer des promeneurs à Tora Bora pour les retrouver ?

On n’y voit rien non plus chez les socialistes.

Le monde économique est balayé par la tempête confiance, des établissements financiers séculaires disparaissent en quelques heures, et la seule réponse des ténors que sont Ségolène c’est de se pavaner au Zénith ou Bertrand Delanoë de faire des fêtes à qui mieux mieux (Technoparade, Nuit Blanche….) avec l’argent du contribuable. N’est pas Néron qui veut (il jouait de la harpe tandis que Rome brûlait…).

On n’y voit rien non plus sous le tunnel sous la Manche, après un incendie qui a fait des ravages à cause des freins d’un camion qui seraient à l’origine de l’incendie…. Comme pour l’usine AZF près de Toulouse, où en septembre 2001 des produits chimiques auraient pris feu on ne sait trop comment.

Et ce n’est que sept ans après que va s’ouvrir le procès. Faudra-t-il donc attendre 2015 pour le procès de l’incendie du « Chunnel »??

On n’y voit rien, on vous dit.

Ah, si il y a bien un endroit où l’on voit tout. Peut être faudrait-t-il même aller y vivre, pour y voir plus clair.

Car sur Mars, planète distante de la Terre d’entre 56 et 400 millions de kilomètres, on voit même quand il y neige….

Ben Laden, le Mollah Omar, AZF, le tunnel sous la Manche, la mise sur les rails du PS, serait-ce sur Mars que se trouve la solution ???

L’Islande est-elle un iceberg?

octobre 5, 2008 on 7:41 | In Best of, Economie, Europe, Incongruités, International | Commentaires fermés

Un iceberg, ce morceau de glace géant qui flotte sur et dans la mer, a plusieurs caractéristiques.

D’abord, on n’en voit qu’un petit bout, environ 10%, le reste étant submergé. Ensuite, comme il est fait de glace, il fond graduellement à mesure que sa dérive le met en contact avec des eaux de moins en moins froides. Mais il peut aussi disparaître sous l’effet du réchauffement climatique. Enfin un iceberg présente des dangers évidents pour la circulation maritime

Sur ces 4 caractéristiques, l’Islande toute entière est bien un iceberg. Son système financier a pris des engagements qui ont tellement dérivé qu’une fois qu’on en voit la totalité, on voit tout le pays condamné à la disparition. Ceci, bien sûr, à cause de la fusion des marchés financiers. Et cela va causer quelques naufrages chez ses partenaires financiers…

Fondamentalement, les seules banques commerciales islandaises, c’est-à-dire sans compter les entreprises et particuliers, ont accumulé des dettes équivalentes à 6 fois le PNB du pays. Ce qui correspondrait pour les banques françaises à 10.000 milliards d’euros de dettes. Quand on sait que l’ordre de grandeur des fonds propres des 5 plus grandes banques françaises ressortent à 500 milliards d’euros, on voit bien qu’il leur serait totalement impossible de porter une telle dette.

C’est bien le problème islandais.

Tant que les marchés financiers étaient en bon ordre, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. L’Islande payait des taux d’intérêts plus élevés que partout ailleurs. Il suffisait donc d’emprunter là où l’argent n’était pas cher, au Japon par exemple, pour reprêter cet argent à un taux élevé à une banque islandaise, et une banque d’affaires pouvait encaisser un différentiel de taux d’intérêts substantiel.

Le problème, c’est que, comme toujours et partout, quand un emprunteur paye un taux élevé, c’est pour rémunérer un risque élevé. Et qu’il vaut mieux pour tout le monde que l’usage qu’il fait de cet argent emprunté soit très, très rentable pour pouvoir assumer les intérêts de la dette et son remboursement.

Or les banques islandaises se sont conduites avec cet argent comme des enfants dans un magasin de jouets, accumulant les projets les plus hétéroclites, sans lien ni avec leur géographie ni avec leurs compétences.

Et maintenant que les marchés de crédit interbancaires sont quasiment au point mort, on imagine à quel point il est devenu impossible pour les banques islandaises, très mal notées, pour cause de surendettement écrasant, de trouver le moindre prêteur pour renouveler au moins en partie une dette évidemment impossible à rembourser.

Vous me direz, pas de problème, l’Islande va faire ce qu’ont fait les Etats-Unis, à savoir nationaliser ses banques, ou l’Irlande, qui en a garanti les engagements sans limite.

Le problème, c’est que personne en voit comment cette garantie aurait la moindre valeur, puisque ceux-ci dépassent 6 fois le PNB annuel. Et que donc une bande de banquiers islandais auront réussi dans l’exercice irresponsable de leur métier, à ruiner totalement tous leurs concitoyens.

Bref, financièrement, l’Islande ne peut être un iceberg, et ce pour plusieurs raisons.

D’abord parce qu’un iceberg fond lentement, alors que l’Islande coule rapidement. Ensuite parce qu’un iceberg est fait de glace, c’est à dire d’eau douce, alors qu’il n’y a rien de doux aux dégâts que va faire le naufrage islandais.

Donc, l’islande, malgré son apparence qui la fait ressembler à un gros iceberg, n’en est pas un. Alors qu’est-ce? Qu’est ce qui est gros, plein de fric, situé en eaux arctiques froides, et qui fonce vers sa disparition rapide?

Vous avez raison, bien sûr.

L’Islande, c’est le Titanic.

iceberg

Retour au Goulp !!

octobre 1, 2008 on 7:43 | In Best of, Coup de gueule, France | Commentaires fermés

Le Goulp, cela vous rappelle-t-il quelque chose ?

En 1966 commence l’histoire des Shadoks à la télévision, avec l’acteur Claude Piéplu qui la raconte.

Les Shadoks veulent absolument trouver une autre planète que la leur, trop instable.

A cet effet, le professeur Shadoko tente de mettre au point une fusée pour aller sur la planète Gibi, mais il échoue.

Et le professeur Shadoko est jeté dans le Goulp, trou sans fond où l’on se débarrasse des déchets de la société, puisqu’il a échoué, car les Shadoks sont méchants, très méchants, contrairement aux Gibis qui portent des chapeaux pour se saluer.

C’est un peu ce qui risque d’arriver à Jean-Marc Rouillan, vétéran d’Action Directe, organisation terroriste qui a assassiné George Chahine, le Général Audran et le P-DG de Renault, George Besse.

Libéré après vingt et un ans de détention en décembre dernier, il donne une interview à un hebdomadaire dans laquelle il revendique clairement ses actions qu’il ne regrette pas, y compris les assassinats lâches de personnes sans défense.

Le régime de semi-liberté dont il jouit signifie qu’il n’a pas le droit de s’exprimer sur son action passée.

Il n’a donc pas respecté le devoir de silence qui lui est imposé et risque de retourner en prison.

A cela il faut ajouter qu’il compte rejoindre la LCR d’Olivier Besancenot puis son nouveau parti à venir, le Nouveau Parti Anticapitaliste. Belle recrue.

Car si Besancenot condamne les actions passées d’Action Directe, cela ne le gêne pas pour autant de le faire venir dans son parti.

Accepter dans son parti quelqu’un dont on condamne les actions criminelles.

Intéressant comme paradoxe….

C’est sûr que cela ressemble plus à du Shadok qu’à du Gibi

Récit de drames politiques ordinaires sous le ciel d’Afrique

septembre 21, 2008 on 6:52 | In Best of, Incongruités, International | Commentaires fermés

La vie politique de l’Afrique australe ne ressemble décidément à aucune autre. Déjà le Zimbabwe en donnait un flagrant exemple, avec le vieux Robert Mugabe qui a réussi à s’accrocher au pouvoir après avoir perdu et une élection législative et le premier tour d’une présidentielle dont le deuxième le vit seul en lice après le désistement de son rival effrayé par une campagne de massacres contre lui et les siens.

C’est Thabo Mbeki, président de la puissante Afrique du Sud voisine qui fut chargé de a médiation entre Mugabe et son adversaire Tsvangirai, lequel Mbeki fut considéré par beaucoup comme beaucoup trop conciliant avec Mugabe. Même si, la semaine dernière, les deux adversaires zimbabwéens signèrent un accord de partage du pouvoir, personne ne sait ce qui va se passer dans le pays vu l’ambiguité du texte, qui prévoit que les ministres fassent partie de deux instances, l’une présidée par Mugabe, qui reste Président, et l’autre par Tsvangirai, qui devient Premier Ministre. Ambiance…

Le plus curieux, c’est qu’alors qu’on attendait une sortie de la scène internationale ignominieuse de Mugabe, c’est Thabo Mbeki qui vient d’annoncer sa démission. Il faut dire qu’il n’avait pas trop le choix, son propre parti l’ayant exigé.

A première vue, rien d’étrange là-dedans pour un pays qui a longtemps été influencé par la culture et l’héritage institutionnel britannique. Après tous, Margaret Thatcher et Tony Blair, chacun la personnalité politique la plus marquante de leur temps, et la plus longtemps au pouvoir aussi, n’ont-ils pas été chassés par leurs partis respectifs?

Non, ce qui est curieux, c’est la façon dont cela se passe. Thatcher et Blair ont été poussés dehors pour faire de la place de peur que les élections à venir ne conduisent leur parti à la catastrophe. Mbeki est poussé dehors alors que l’ANC, son parti et celui de Nelson Mandela est absolument sûr de gagner. C’est Jacob Zuma, son charismatique leader qui sera le prochain président sud-africain.

Sauf que Zuma n’est pas n’importe quel candidat. Combien au monde osent se présenter après avoir échappé à une condamnation pour viol faute de preuves, sous le coup d’un procès pour corruption, et faisant l’objet d’accusations de harcèlement sexuel? Voilà plus qu’il n’en faut pour couler définitivement la carrière de n’importe quel homme politique en occident.

Sauf que, encore, le procès pour corruption a été reporté, pour cause de « motivation politique », c’est-à-dire attribué spécifiquement à Thabo Mbeki après que celui-ci eût perdu au congrès de Polakwane la lutte qu’il menait contre Zuma pour le contrôle de l’ANC. On se demande bien en quoi le fait que l’action judiciaire soit, le cas échéant, à l’instigation du Président, fait que Zuma est ou non innocent d’avoir touché des pots de vin. Du vin français, d’ailleurs, car il s’agirait de Thalès.

Mais pourquoi virer Mbeki dans tout cela? Parce que la justice sud-africaine, nominalement indépendante, a décidé de maintenir les poursuites contre Zuma, et que l’ANC pense que ceci ne cessera pas tant que Mbeki sera président. Ce qui montre ce que l’ANC pense de ladite indépendance.

Mbeki est également peu populaire pour avoir géré l’Afrique du Sud « à l’occidentale » (toutes proportions gardées), ce qui a engendré un spectaculaire redressement économique, l’émergence d’une puissante classe moyenne noire inconnue du temps de l’Apartheid, et déçu les nombreux pauvres du pays, qui auraient voulu toucher plus vite les fruits d’une prospérité qu’ils veulent généreuse pour eux même s’ils ne travaillent pas. Il ne faut pas s’en étonner quand on sait le poids des syndicats et du parti communiste dans la coalition au pouvoir en Afrique du Sud.

Là, la ressemblance avec l’Europe n’est pas avec la Grande-Bretagne, mais avec la France, où la gauche se fait éjecter à chaque fois que, la politique de distribution généreuse mais à crédit perpétuel ayant trouvé ses limites (celles de la faillite du pays), elle se met à gérer avec le sens du réel et du possible, puis se fait virer aux prochaines élections.

Sauf que, comme Zuma, Mbeki n’est pas non plus un homme politique commun. Notamment pour sa dénonciation des précautions et thérapies occidentales contre le SIDA, auxquelles il préfère un remède à base d’ail, de citron, de patates et d’huile d’olives. Sa déclaration, en 2003, qu’il ne connaissait personne qui soit mort du SIDA, ne manqua pas de scandaliser dans un pays où ce fléau fit cette année-là 370.000 morts.

Comme on le voit, cette affaire est typique de l’Afrique australe, et impossible sous nos climats, où les moeurs politiques sont autrement civilisées, et policées. Jamais on n’imaginerait un Premier Ministre UMP lançant une affaire de comptes à l’étranger contre un autre UMP futur candidat à la présidentielle. Jamais on n’imaginerait cet autre candidat ripostant par l’intermédiaire de la Justice pour que la procédure handicape la candidature rivale du Premier Ministre. Jamais on ne trouverait un grand parti de gauche, c’est-à-dire chargé de la tâche noble et exigente de la défense des plus démunis, qui perde le sens de l’intérêt national dans les luttes de marigot pour le contrôle du parti.

Non, vraiment, ces évènements ne peuvent se passer qu’en Afrique australe, dans ce territoire que Kipling chantait, où l’oiseau Kolokolo encourage le naïf éléphanteau à plonger son nez dans la rivière Limpopo où maraude le crocodile qui cherche son dîner.

Une publicité qui décoiffe – un peu de légèreté dans ce monde de crises.

septembre 20, 2008 on 6:56 | In Best of, France, Insolite, International | Commentaires fermés

Allez, détendons nous un petit peu.

La tempête qui souffle sur Wall Street est en train de retomber. Les Russes semblent vouloir se retirer de la Géorgie. Pas de nouvel ouragan annoncé dans le golfe du Mexique. Même la taxe pique-nique marque un temps d’arrêt, c’est dire.

Alors il ne reste à JusMurmurandi qu’à s’amuser un petit peu.

Avec une publicité qui « décoiffe ».

Qui ne craint pas les tempêtes, les ouragans ni même les tsunamis.

Elle est crée par Air New Zealand, et cible une partie bien précise de la population.

On connaissait l’homme sandwich. On aura désormais le crâne messager.

Air New Zealand propose en effet à 70 de ses passagers les plus fréquents de se faire tatouer la boule afin de faire passer des messages publicitaires lorsque ces personnes feront la queue. Et offre 1.000 Dollars néo zélandais aux personnes retenues.

Créatif, non ?

Dommage que Yul Brynner ou Kojak (Telly Savalas) ne soient plus de ce monde, ils auraiet été des candidats parfaits.

Qui reste t il en France qui puisse proposer ses services ?

Le divin chauve qui garda les buts de l’équipe de France de foot ball pendant la fameuse coupe du monde de 1998, Fabien Barthez ?

Trop tard, il est à la retraite.

Pierre Moscovici du PS, depuis qu’il s’est rasé la barbe, pourrait-il faire acte de candidature ?

Petit problème, personne n’en veut au PS ; on imagine donc mal comment Air New Zealand puisse se contenter des restes de la rue de Solférino…

Voyons voir au gouvernement: Brice Hortefeux ? Trop de cheveux.

Eric Woerth? Trop grand, personne n’arriverait à lire.

Quant aux Kouchner, Bertrand ou autres Darcos, leur tête est pour l’heure bien au chaud, couverte qu’elle est d’une pilosité généreusement développée.

Non en fait, JusMurmurandi suggère un candidat idoine.

Bientôt mis en disponibilité, il pourra se consacrer  tout entier à faire de la publicité pour la Nouvelle Zélande où ses états de service (!) passés ne seront pas un handicap.

Grâce à son nom, il pourra faire de son crâne un espace publicitaire multi-marques.

Et personne ne lui en voudra parmi les siens de partir aussi loin, tellement ils sont tous impatients de le voir partir.

A vous de jouer, François Hollande !! La France vous regarde…l’arrière-crâne.

Le desesperanto du parti socialiste

septembre 20, 2008 on 7:53 | In Best of, France, Insolite | Commentaires fermés

L’esperanto. Une langue universelle, facile à apprendre, qui faciliterait la communication entre tous les hommes. Quand on voit les difficultés de communication du Parti Socialiste, on se dit qu’il faudrait qu’ils inventent un esperanto socialiste.

D’ailleurs, vu que dans le mot esperanto figure clairement la racine du mot « espoir », et quand on voit le désespoir que suscite, tant dans les rangs du PS que plus largement dans le « peuple de gauche », les avatars d’un parti où les luttes de personnes tiennent compte de programme et d’actualité, JusMurmurandi se dit que ce dont les socialistes ont besoin, c’est d’éviter le desesperanto.

Bien sûr, il est facile d’ironiser sur les couacs de la majorité sarkozyenne, dont les membres ne parviennent pas toujours, (et toujours pas non plus d’ailleurs), à éviter de parler à tort et à travers (où sont donc ces villes de Tort et de Travers, où il semble que l’on parle si volontiers? Tout le monde y parle et en parle, et nul ne les connaît. Etrange, non?)

Mais comparée à la cacophonie socialiste, la majorité fait figure de philharmonie jouant une partition réglée comme du ….papier à musique!

Cette semaine, Hollande a apporté son soutien à Delanoë, qui se trouve être l’ennemi mortel de l’ex de Hollande, ex qu’il avait soutenue (Hollande, pas Delanoë, ou alors seulement du bout des lèvres, qu’il a de toute façon assez minces, ce qui en réduit encore la capacité de soutien) quand lui-même ne pouvait se présenter contre elle faute d’avoir été soutenu par les électeurs alors qu’il l’avait été par les militants. Etonnant, non? comme eût dit feu Pierre Desproges.

Dans le même temps, les barons régionaux ont décidé de soutenir Ségolène Royal à partir du moment où celle-ci ne fait plus de sa personne un préalable. En d’autres termes, ils soutiennent une motion suscitée par quelqu’un aussi longtemps que ce quelqu’un n’en est plus le leader. Vous avez dit bizarre?

Mais la lutte au sommet du PS ne se limite pas au duel Royal-Delanoë, puisqu’il faut compter aussi avec la motion de Martine Aubry. Laquelle Martine, Madone des 35 heures, a annoncé qu’elle en serait la première signataire. Comme si elle imaginait qu’une motion puisse exister que son propre auteur ne signerait pas. Etrange, n’est-il pas? Aubry sera soutenue par des éléments des courant Fabius et Strauss-Kahn. Quand on sait à quel point ses deux là n’ont rien de commun, sauf une ambition… peu commune, ce qui, en l’espèce, est exactement l’opposé d’une ambition commune, on se dit que Martine ferait bien de se rappeler l’histoire de la corde qui soutient le pendu.

JusMurmurandi se demande avec tout ça qui pourra bien être le prochain premier secrétaire d’un parti qui si fort se bagarre tout en espérant rassembler les Français. L’un des candidats déclarés, Pierre Moscovici, le seul à n’être sur aucune motion (curieux, alors que le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a du choix), se déclare inquiet et perplexe. JusMurmurandi se demande si ce sentiment ne fait pas de Moscovici le seul candidat du PS à avoir garder un semblant de contact avec la réalité.

Fort heureusement, une solution se profile à l’horizon pour le PS. La solution a deux têtes. Non, rassurez-vous, le PS ne se dirige pas (ou alors il se dirige sans le savoir, mais, en fait, on peut se demander si le PS se dirige tout court, vu l’anarchie qui y règne, à moins de dire que, dans l’état actuel des choses, il ne se dirige tout droit vers une nième défaite électorale) vers une solution à deux têtes. Ce sont les deux têtes des flèches de la cathédrale de Reims.

Car c’est à Reims que se tiendra le congrès socialiste. Bien sûr, il serait facile d’évoquer une nouvelle Saint Barthélémy (sauf que là, vu l’émiettement, les protestants risquent d’être tellement majoritaires que ce sont eux qui massacreront les orthodoxes, car on ne voit guère de catholiques à l’horizon) ou une future nuit des longs couteaux (en l’espèce, plutôt la nuit des seconds couteaux). Mais Reims n’est pas n’importe quelle ville. C’est celle, où, à la cathédrale justement, la France sacrait ses rois. Lesquels rois, oints du Seigneur, recevaient la France en partage, ainsi que le pouvoir de guérir les écrouelles.

Vu le marais, ou plutôt le sable mouvant dans lequel s’enfonce le PS, finalement, qu’ils se donnent un monarque pour être le vrai successeur de François 1er (Mitterrand, pas Hollande, car ce François-là a eu toute l’importance historique de François II, connu -tiens donc- avant tout pour avoir été l’époux éphémère de Marie Stuart, au destin -tiens donc- tragique) ne serait pas une si mauvaise idée.

Comment ça se dit, écrouelles, en esperanto?

Allo, mon oncle, Bobo!

septembre 19, 2008 on 6:21 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

On peut pardonner aux financiers qui, cette semaine, ont régressé au stade d’enfants qui ont un bobo et appellent leur mère au secours, tant les marchés financiers ont vu souffler la super tornade Confiance avec une intensité qui a fait craindre l’imminence de l’implosion du système financier mondial.

Implosion qui aurait, par comparaison, sans nul doute réduit la crise de 1929 au stade simple tir de sommation.

Sauf que, dans les films américains sur la Conquête de l’Ouest, ce n’est pas la maman qui arrive pour souffler sur les plaies de son enfant, c’est la cavalerie qui arrive toujours très tard, mais jamais trop tard.

Là encore, jeudi, la cavalerie est arrivée. Et au lieu de maman, c’est l’Oncle Sam, le richissime Oncle d’Amérique, qui va nettoyer les ruines laissées par les folies de banquiers qui ont, une fois de plus, oublié que les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel.

Bien sûr, il reste à l’Oncle Sam à mettre ses intentions en actes, rapidement et efficacement, ce dont on ne peut préjuger.

Mais JusMurmurandi ne va pas nier le soulagement qu’apportent les quelques 1 000 000 000 0000 dollars que va apporter sous une forme ou une autre le contribuable américain.

Les boursiers sont du même avis, avec des hausses sans précédent en Europe. A titre d’exemple, le titre du Crédit Agricole a gagné 25% en une journée! Si les boursiers sont acheté, c’est qu’ils ont confiance. Et la confiance, c’est ce qui a si cruellement manqué dans la crise de ces derniers jours. Plus que l’argent, c’est le vrai carburant de notre société, que ce soit pour la politique d’un gouvernement ou la solvabilité d’une banque.

Néanmoins, JusMurmurandi ne peut que clouer à son pilori tous ces seigneurs de la finance qui ont, avec un sens très aigu de leurs intérêts faits de méga-profits et de giga-bonus, créé ce qu’on ne peut appeler qu’un vrai merdier, et qui, ayant tant et si fort joué que leur jouet se soit cassé, ont sans la moindre vergogne appelé la puissance publique à leur secours.

L’ironie cruelle de l’historie est réservée aux actifs de Lehman Brothers, en liquidation, à leurs actionnaires lessivés, à leurs employés licenciés, aux actionnaires évincés de AIG, à tout Merril Lynch qui s’est bradé en urgence. S’ils avaient tenu simplement 4 jours de plus, ils auraient, eux aussi, été sauvés par l’Oncle Sam.

Il est à craindre que, loin de se repentir de leurs fautes, ils ne se considèrent comme des victimes d’une injustice, puisque d’autres, aussi coupables qu’eux, s’en sortiront avec leur argent et leur emploi intacts, à défaut de leur réputation.

Heureusement, nous sommes aux États-unis, où il y a des avocats pour plaider toutes les causes, même les plus oiseuses, ils pourront se lancer dans d’interminables procédures pour faire valoir leurs droits à être sauvés comme tous les autres.

Car si, en France, nous avons inventés, sous la Révolution Française, les Droits de l’Homme, sous Simone Veil le droit à l’avortement et sous Chirac et Villepin (chacun fait ce qu’il peut) le droit opposable au logement, sous Bush les Etats-Unis ont inventé le droit d’être sauvé quelles que soient les folies qu’on a commises…

Le paquebot Lehman Brothers et le super-ouragan Confiance

septembre 15, 2008 on 6:48 | In Best of, Economie, France, International | Commentaires fermés

C’est la saison des tornades aux Etats-Unis. On connaît Gustav, qui a fait évacuer les habitants de la Nouvelle-Orléans, et Ike, qui a fait évacuer Houston. On dit qu’au-delà d’un certain seuil, une tornade devient un super-ouragan, une super-tornade, ou tornade comme il s’en produit une fois tous les 10, 50 ou 100 ans.

Quel rapport avec la finance américaine et la banque Lehman Brothers?

C’est que, ce matin, la banque d’affaires Lehman Brothers, 4e banque d’affaires des Etats-Unis, et dans le Top 10 mondial, vient de se déclarer en faillite. Ce n’est pas qu’elle soit en cessation de paiement, ou qu’elle n’ait plus de fonds propres, non. Simplement une banque n’est pas une entreprise comme les autres parce qu’elle a besoin, pour fonctionner au quotidien, de crédit de toutes les autres banques, qui doivent donc avoir confiance qu’elle sera en mesure d’honorer ses engagements.

Et justement, il y a des semaines que Lehman Brothers, malgré sa taille, malgré son histoire longue et prestigieuse, malgré son nom respecté, n’en bénéficiait plus, de cette confiance. La faute à la crise du marché immobilier américaine, qui a plombé les comptes. Et à ses managers qui l’y ont embarqué, croyant y faire de juteux profits. Et, alors que les concurrents, Merril Lynch ou Citigroup se précipitaient pour augmenter massivement leur capital, fût-ce à prix cassés ou en mendiant auprès des fonds souverains du Moyen Orient et d’Asie, Lehman a trop tardé, n’a pas assez fait, et s’est trouvé sans chaise quand la musique s’est arrêtée.

Le problème, pour ceux d’entre nous qui ne travaillent pas pour ou avec Lehman Brothers, c’est que ce genre de jeu de chaises musicales, ne s’arrête jamais. Comme dans les émissions de télé-réalité, chaque semaine il y a un éliminé quand il ne bénéficie pas de la confiance du public.

Et, en matière de confiance, la faillite de Lehman Brothers est un très mauvais coup. Parce que ses actionnaires ont d’ores et déjà tout perdu, ce qui se chiffre en milliards de dollars. Parce que les banques qui travaillaient avec Lehman vont voir celle-ci ne pas dénouer ses transactions. Ce qui se chiffre en dizaines de milliards de dollars. Parce que cette faillite montre les limites de la bonne volonté du Trésor américain, qui a sauvé Bear Sterns en garantissant ses pertes pour qu’il soit repris, qui a nationalisé Fanny Mae et Freddy Mac, mais qui a laissé couler Lehman. Et que maintenant, les acteurs du monde financier vont regarder de nouveau quelle confiance on peut accorder à telle ou telle banque ou compagnie d’assurance elle aussi embourbée (le mot est faible) dans les pertes abyssales du subprime.

C’est si vrai que, dès cette nuit, Merril Lynch, plus gros courtier en bourse au monde, s’est vendu, ou plus exactement, s’est soldé à Bank of America en une fusion montée en quelques heures. Parce qu’ils savaient que les prochains sur la liste de la méfiance, liste aussi honnie que celle du McCarthysme dans les années 50, liste qui monte comme les eaux de la Louisiane ou du Texas quand souffle un super-ouragan, c’était eux.

Super-tornade, l’image n’est pas gratuite. Parce que c’est ce qui souffle sur la finance mondiale. Alan Greenspan vient de le dire, il n’a jamais vu cela. C’est sans précédent dans les 50, voire les 100 dernières années. C’est-à-dire pire que la crise de 1929 qui a entraîné la Grande Dépression des années 30. Dont le monde est sorti au travers d’une guerre mondiale.

Quelle est la seule conduite qui permet de se sauver quand souffle la tempête? C’est la solidarité. Faire des efforts et des sacrifices individuels pour le bien de tous. C’est ce à quoi tous les acteurs de la finance mondiale, privés ou publics, étaient conviés le week-end dernier. Et tous, tels Brennus vainqueur de Rome, ont laissé Lehman à son triste sort en disant « vae victis », malheur au vaincu.

Ni confiance, ni solidarité, ni argent public pour Lehman Brothers. R.I.P. Lehman Brothers

Bien sûr, la catastrophe n’est pas certaine. Les moyens de régulation sont infiniment supérieurs à ceux de 1929, la compétence des banquiers, privés ou centraux aussi. Mais si la super-tornade Confiance continue de souffler, le coût de n’avoir pas sauvé Lehman ressemblera au prix d’un billet de traversée transatlantique en première classe. Sur un tout nouveau paquebot. Moderne, luxueux, rapide, insubmersible. Tout comme notre monde d’aujourd’hui.

Comment s’appelle ce paquebot exceptionnel? Le Titanic, bien sûr.
Le siège de Lehman Brothers, à New York

Alitalia, ô Temps, suspends ton (mon ?) vol ??

septembre 14, 2008 on 12:35 | In Best of, Economie, Europe, France, Insolite, International | Commentaires fermés

L’Italie, pays catholique, va t elle bientôt enterrer sa compagnie aérienne nationale ?

Il semble que les discussions qui se déroulaient avec les repreneurs potentiels aient tourné court.

Les syndicats des personnels volants, en particulier les pilotes, ont eu de telles exigences que les conditions d’une reprise éventuelle ne pouvaient être réunies, tant les revendications étaient importantes face aux économies nécessaires pour permettre à Alitalia de continuer à voler.

Au premier semestre, la compagnie a ainsi perdu la bagatelle de trois millions d’Euro par jour….

Alors qu’Air France était au bord du gouffre dans les années 90, après, entre autre, la désastreuse gestion de Bernard Attali, [frère de], les salariés de la compagnie reprise d’une poigne de maître par Christian Blanc ont compris qu’il s’agissait de leur survie que d’y mettre du sien.

En ce qui concerne Alitalia, nous assistons à une énième répétition de la célèbre phrase du président africain Sékou Touré. [NDLR : nous étions au bord du gouffre, et depuis nous avons fait un pas en avant :-) ].

Il faut aussi rappeler que des discussions étaient bien avancées au printemps avec l’alliance Air France KLM, discussions qui furent mises à mal par des déclarations intempestives de Silvio Berlusconi, revenu au pouvoir entre temps.

Car, selon lui, il fallait une solution entièrement italienne. Toutefois pour cela il fallait tenir. Et par conséquent le Président du Conseil italien n’hésita pas un instant à violer Bruxelles, en prenant une fois encore le bon argent du contribuable italien pour tenter de maintenir les avions en vol.

Gaspillage ultime, mais sacrifice inutile.

Il semble que nous soyons bel et bien à la fin de l’aventure.

Les vols ne sont plus assurés à partir de demain, le kérosène pour remplir les réservoirs des appareils étant épuisé.

Ce qui amène JusMurmurandi à poser la seule question qui nous taraude.

Benoît XVI pourra-t-il rentrer de Lourdes en Italie pour donner les derniers sacrements à Alitalia ?

Faudra-t-il un miracle afin qu’il puisse rentrer dans ses États pontificaux ?

Eh non, car si le souverain pontife part (partait ??) toujours de Rome avec Alitalia, il est de coutume que ce soit la compagnie aérienne du pays d’accueil qui le ramène à bon port.

Ouf ! Merci, Air France !

La Françe malade du capitalisme à la française

septembre 14, 2008 on 6:29 | In Best of, Economie, France | Commentaires fermés

Les Français n’aiment pas leur capitalisme. Est-ce en raison de leurs racines catholiques, si présentes en ces temps de visite papale? Est-ce parce qu’enseignés pendant des décennies par un corps professoral très largement de gauche, voire marxiste? Est-ce parce que les milieux d’affaires se seraient disqualifiés dans l’opinion publique en flirtant avec le régime honni de Vichy?

Peu importe. Le fait est là, les Français n’aiment pas leur capitalisme. Il suffit pour cela de voir les connotation négatives des mots « profit », « concurrence », « gros salaires », voire, pire, « libéral », ou « stock options », pour voir le rejet de l’idéologie capitaliste par l’opinion.

Et, corollaire, la carrière professionnelle souhaitée par le plus de jeunes Français est tout naturellement, compte tenu de ce rejet, celle de fonctionnaire.

Jusqu’ici, les Français s’appuyaient sur un pays qui leur semblait proche pour refuser le modèle capitaliste. Ce fut tout le débat entre le capitalisme anglo-saxon, perçu comme « ultra-libéral », dur sans coeur,impitoyable pour les faibles, et capitalisme rhénan, où nos voisins allemands partageaient avec nous le goût « d’amortisseurs sociaux » généreux et de services publics étoffés pour que personne ne soit vraiment abandonné dans la misère au bord de la route. Quitte à financer cela par une pression fiscale nettement plus forte qu’en Grande-Bretagne ou au Etats-Unis.

Et le Français plébiscitent encore ce refus du capitalisme « dur », que ce soit contre la fermeture de services publics dans les toutes petites communes, contre toute tentative de rationalisation financière des systèmes de santé, contre toute réduction du nombre record de fonctionnaires.

Le problème,, c’est que le capitalisme rhénan n’est plus ce qu’il était. Deutsche Bahn, l’équivalent allemand de la SNCF, s’est lancé à corps perdu dans la concurrence pan-européenne, devenant, notamment grâce à des acquisitions, l’un des champions de la logistique et du transport express. Deutche Post aussi, qui est aujourd’hui un des concurrents qui compte sur de bonnes vieilles recettes capitalistes pour tailler des croupières, en France même, à notre « la Poste » nationale et nationalisée, arc-boutée sur une visions franco-française et figée, et dont les syndicats et la base refusent absolument toute idée d’ouverture du capital. Pendant que, de l’autre côté du Rhin, Deitsche Post vend 30% de son bras financier à son nouvel allié, la puissante Deutsche Bank, première banque privée allemande, pour mieux concurrencer le nouveau géant qui naîtra de la fusion entre Commerzbank et Dresdner Bank, respectivement N° 2 et 3.

Le même séisme est à l’oeuvre sur le plan social, où le plan « Harz IV » limite les allocations des chômeurs qui refusent des offres d’emploi, et où le gouvernement a rétabli les finances publiques, autrefois aussi déficitaires que les nôtres, par une seule augmentation massive de la T.V.A., impôt réputé ici « anti-social » parce que tout le monde le paye, peu ou prou.

Dans le même temps, le capitalisme « ultra-libéral » n’est plus, lui non plus, ce qu’il était. Lorsque des institutions financières américaines ou britanniques se sont trouvées prises dans la tourmente de la crise immobilière, les Etats n’ont pas rechigné à intervenir, et à nationaliser. Les Etats-unis vont ainsi injecter 200 milliards de dollars dans Fanny Mae et Freddie Mac, nationalisés le week-end dernier, tandis que la Grande Bretagne tente de revendre la banque Northern Rock, nationalisée dans l’urgence pour éviter une panique des épargnants.

Il est donc clair que ces deux modèles de capitalisme évoluent rapidement pour s’adapter en permanence à la donne économique. Et d’ailleurs leurs réformes sont souvent bi-partisanes, c’est à dire votées ensemble par leur droite et leur gauche politique, tant il y est clair que l’économie et la bonne gestion ne sont pas de droite ou de gauche.

Bref, on le voit, le capitalisme rhénan n’est plus ce cocon protecteur auquel aspirent les Français. Le capitalisme anglo-saxon n’est pas non plus cet enfer dénoncé par Viviane Forrester dans son livre « l’horreur économique », qui transforma des Français économiquement incultes en gens peureux et repliés sur eux-mêmes.

Mais pendant ce temps-là, me direz-vous, et la France? Et bien, justement, et la France?

Elle discute, avance de deux pas avant -toute effrayée de son audace- de reculer précipitamment d’un. Elit un Président qui se dit -enfin- de droite avant de voter quasiment un nouvel impôt ou taxe par mois. Ratiocine ses réformes comme si le mot seul allait précipiter sa fin. Créé avec le RSA une nouvelle allocation, sans doute intéressante, mais qui va se cumuler avec les précédentes, dont chacun sait qu’elle coûtent mais ne « marchent » pas. Va offrir une retraite minimum à de nouvelles catégories de Français impécunieux, agriculteurs et femmes d’agriculteurs notamment, sans prendre en compte que c’est le cas avant tout parce qu’ils n’ont pas cotisé, que les finances publiques sont exsangues et les Français déjà recordmen des impôts. Et que, pire encore, cela va une fois de plus démontrer que la source de l’argent en France n’est pas le travail mais l’allocation d’assistance. Sans compter ses projets d’intervention de l’Etat dès qu’une entreprise n’a pas d’autre recours. L’Etat, l’Etat, toujours l’Etat.

Cette France regarde avec ahurissement la gauche s’opposer à tout ce que propose la droite sur tous les plans parce que l’opposition politique lui parait plus payante que l’intelligence ou le courage. La voit se déchirer non sur des projets de société, auxquels ils ont renoncé depuis qu’ils ont vu leur modèle de générosité pour tous aux frais des autres voler en éclats, mais sur des querelles de personnes pour prendre la place de leader.

Comment s’étonner, après, que notre voisin allemand, autrefois si proche, connaisse aujourd’hui, et ce malgré le fardeau toujours très lourd d’une réunification vieille de moins de 20 ans, une situation budgétaire équilibrée et un commerce extérieur excédentaire au moment où les déficits français, tant extérieur que budgétaire vont atteindre de nouveaux sommets?

Il est généralement reconnu que le système de santé français, pour hors de prix et en déficit chronique qu’ils soit, est un des meilleurs du monde pour le soin donné aux patients. JusMurmurandi s’en réjouit vivement. Parce que, vu la situation, ce sont toute l’économie et la société françaises qui vont bientôt être admises aux urgences.

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